Eugène Fasquelle (p. 26).

Orangers

Sous-bois d’orangers lourds des fruits de Février.
Un Orient de soleil tendre et d’herbe verte.
On voit au clair les rangs des sanguines briller.
Va-t-on pouvoir, la face haute et découverte,
Boire à longs traits le ciel méditerranéen ?
Ah ! terre heureuse ! Il me souvient ! Il me souvient !
À deux mains j’ai levé la sanguine cueillie ;
La goutte de sa chair sombre et rouge, jaillie
De la blessure de l’écorce, un sang sucré
Parmi le bleu du ciel, jusqu’à l’herbe a pleuré
Si fort !… Et j’ai senti, sous mes ongles arides,
Saigner entre mes doigts le cœur des Hespérides.