La Figure de proue/Bercement pour ma Sieste

Eugène Fasquelle (p. 42-43).

Bercement pour ma Sieste

L’été pousse sur nous, du fond de l’Orient,
        Son étincelante marée.
Que tes rideaux soient clos sur le dehors brillant,
Et que ta sieste soit comme une mort dorée.

L’ombre chaude est sur toi. Tes colliers sont éteint.
        Prends ta nuque dans tes mains vides ;
        Endors-toi dans tes ongles teints,
        Le front rose et les pieds livides.

Laisse soyeusement épouser ton contour
        Tes deux robes asiatiques,
Et panteler encore un souvenir d’amour
        Dans tes narines pathétiques.


Dors. Je veux qu’un sommeil tellement merveilleux
        Pénètre tes veines bleuâtres
Que tu sentes tomber lourdement sur tes yeux
        Les paupières de Cléopâtre…