La Figure de proue/Égyptienne

Eugène Fasquelle (p. 18-19).

Égyptienne

Dans le luth, dans les coups de la darabouka,
Dans le chalumeau peint, criard et ineffable
Rythmant à contretemps tout le pays arabe,
Revit pour moi la mémoire de Wassila,

De sa face d’Égypte inspirée et foncée,
Qui véhémentement se détournait de nous,
Lorsque, le cœur battant, les paupières baissées,
Elle-même souffrait de son chant rauque et doux.

Contre son luth profond, la revoir comme morte
D’avoir trop sangloté ce monotone amour
Qui passait dans mon âme étrangère, plus sourd,
Plus triste et plus obscur que le vent dans les portes !…


J’avais sans le savoir un peu de passion
Pour ton profil à cheveux courts de Pharaon,
Ton sombre contralto, tes lèvres violettes…
Et maintenant, ton visage lointain, ton nom,
Ta voix, sont sur mon cœur comme des amulettes.