La Femme affranchie/Troisième partie/Chapitre I


CHAPITRE PREMIER.




NATURE ET FONCTIONS DE LA FEMME.

I


Pour toute conscience de bonne foi, nous croyons avoir suffisamment, quoique sommairement établi, que le droit social est identique pour les deux sexes, parce qu’ils sont d’espèce identique. La question de droit, mise hors de discussion, nous pouvons maintenant rechercher quel usage la femme fera de son droit ; en d’autres termes, quelles fonctions elle est apte à remplir d’après l’ensemble de sa nature.

Marquons d’abord la différence profonde qui existe entre le droit et la fonction, puis définissons et divisons cette dernière.

Le Droit est la condition sine qua non du développement et des manifestations de l’être humain : il est absolu, général pour toute l’espèce, parce que les individus qui la composent, doivent légitimement pouvoir se développer et se manifester.

La Fonction est l’emploi des facultés de l’individu en vue d’un but utile à lui-même et aux autres : la fonction est donc une production d’utilité et, en dernière analyse, la manifestation des aptitudes prédominantes chez chacun de nous, soit naturellement, soit par suite de l’éducation et de l’habitude.

La société, ayant des besoins de toute espèce, a des fonctions de toute nature et de portée diverse : on pourrait classer ainsi ces fonctions :

1o Fonctions scientifiques et philosophiques ;

2o Fonctions industrielles ;

3o Fonctions artistiques ;

4o Fonctions d’éducation ;

5o Fonctions médicales ;

6o Fonctions de sûreté ;

7o Fonctions judiciaires ;

8o Fonctions d’échange et de circulation ;

9o Fonctions administratives et gouvernementales ;

10o Fonctions législatives ;

11o Fonctions de solidarité ou de bienfaisance sociale et d’institutions préventives.

Cette classification très imparfaite et insuffisante, si nous faisions un traité d’organisme social, étant tout ce qu’il faut par rapport à l’usage que nous devons en faire, nous nous y tiendrons ici.

Les hommes, et les femmes à leur suite, ont jugé convenable jusqu’ici de classer l’homme et la femme séparément ; de définir chaque type, et de déduire de cet idéal les fonctions propres à chaque sexe. Ni les uns ni les autres n’ont voulu voir que des faits nombreux démentent leur classification. Quoi ! s’écrient les classificateurs, niez-vous que les sexes ne différent ? Niez-vous que, s’ils diffèrent, ils n’aient des fonctions différentes ?


Si notre classification ne vous paraît pas bonne, critiquez-là, rien de mieux ; mais pour la remplacer par une meilleure.

Critiquer votre classification. Mesdames et Messieurs, ainsi ferai-je ; mais si les éléments me manquent pour en établir une meilleure, pouvez-vous, devez-vous même m’engager à vous en présenter une ?

Me croyez-vous un homme pour exiger de moi l’abus de l’à priori, et les procédés par grand écart et à coups de sabre ? Proudhon a raison, murmurent ces Messieurs : la femme est incapable d’abstraire, de généraliser, de se connaître…

Vraiment, Messieurs, vous pensez que c’est par incapacité que je ne veux pas vous présenter une classification des sexes, une théorie de la nature de la femme ? Expédions-nous donc pour prouver le contraire : au lieu d’une théorie, je vous en donnerai quatre,


Première esquisse. L’homme et la femme ne forment série que sous le rapport de la reproduction de l’espèce ; tous les autres caractères par lesquels on a tenté de les différencier, ne sont que des généralités contredites par une multitude de faits : or, comme une généralité n’est pas une loi, l’on ne peut rien en induire, rien en déduire d’absolu au point de vue de la fonction.

D’autre part, les espèces zoologiques ont leur plus grande différence radicale dans le système nerveux, surtout dans la plus ou moins grande masse et complexité de l’encéphale : or, l’anatomie admet, après expériences nombreuses, que, relativement à la masse totale du corps, le cerveau de la femme égale en volume celui de l’homme ; que la composition de tous deux est la même et, selon la Phrénologie, que les organes du cerveau sont les mêmes dans les deux sexes.

Enfin il est de principe en Biologie, que les organes se développent par l’exercice et s’atrophient par le repos continu : or, l’homme et la femme, n’exercent pas de la même manière leurs organes encéphaliques ; la gymnastique éducationnelle, les mœurs, les préjugés, les habitudes imposées, tendent à développer dans la tête masculine ce qu’on atrophie dans la tête féminine ; d’où il résulte que les différences constatées empiriquement ne sont nullement le résultat de la nature, mais celui des causes accidentelles qui les ont produites.

Conclusion : donc les deux sexes, élevés de même, se développeront de même et seront aptes aux mêmes fonctions, excepté en ce qui concerne la reproduction de l’espèce.

Voilà, Messieurs, une théorie de toute pièce, très soutenable au point de vue Anatomo-Biolique, et que je vous défie de prouver fausse : car j’aurais réponse à toutes vos objections.

II

Deuxième esquisse. Nous reconnaissons en principe que les sexes forment série sous le rapport physique, intellectuel, moral, conséquemment fonctionnel.

Nous croyons qu’ils doivent se subordonner l’un à l’autre en raison de leur excellence relative ; et nous prenons pour pierre de touche de leur valeur respective la destinée de l’espèce.

Si nous comparons les sexes entre eux, nous constatons d’une manière générale que l’homme n’est qu’une femme enlaidie sous tous les rapports ; nous constatons en second lieu qu’il est bien plus animal que la femme, puisque son système pileux est plus développé et qu’il respire de plus bas ; en sorte qu’il est très évidemment un intermédiaire entre la femme et les grandes espèces de singes.

La femme seule renferme et développe le germe humain ; elle est créatrice et conservatrice de la race.

Il n’est pas bien sûr que le concours de l’homme soit nécessaire pour l’œuvre de la reproduction ; c’est un moyen qu’a choisi la nature ; mais la science humaine parviendra, nous l’espérons, à délivrer la femme de cette sujétion insupportable.

L’analogie nous autorise à croire que la femme, seule dépositaire du germe humain, l’est également de tous les germes intellectuels et moraux : d’où il résulte qu’elle est l’inspiratrice de toute science, de toute découverte, de toute justice ; la mère de toute vertu. Nos inductions analogiques sont confirmées par les faits : la femme fait usage de son intelligence dans le concret ; elle est fine observatrice ; l’homme n’est propre qu’à construire des paradoxes et à se perdre dans l’abîme métaphysique : la science n’est sortie des limbes de l’à priori sans confirmation, que depuis l’avènement de la forme de l’esprit féminin dans ce domaine : aussi dirons-nous que les vrais savants sont des esprits féminisés.

Sous le rapport moral, l’homme et la femme diffèrent beaucoup : le premier est dur, brutal, sans délicatesse, dépourvu de sensibilité, de pudeur : ses rapports habituels avec l’autre sexe ont beaucoup de peine à le modifier ; la femme est naturellement douce, aimante, sensible, équitable, pudique ; c’est à elle que l’homme doit la justice et ses autres vertus, quand il en a : d’où il résulte que c’est vraiment à la femme seule qu’est dû le progrès social : voilà pourquoi chaque pas fait vers la civilisation est marqué par un pas de la femme vers la liberté.

Si nous considérons chacun des sexes dans leur rapport avec la destinée humaine, nous sommes obligés de nous avouer que, si la prédominance de l’homme a eu sa raison d’être dans la nécessité d’ébaucher cette destinée, la prééminence de la femme est assurée sous le règne futur du droit et de la paix.

Il a fallu lutter et combattre pour établir la justice et soumettre la nature à l’humanité ; ce devait être le rôle de l’homme qui représente la force musculaire, l’esprit de lutte ; mais comme on peut déjà prévoir dans un avenir prochain l’avènement de la paix, la substitution du travail pacifique et des négociations à la guerre, il est clair que la femme devra prendre la direction des affaires humaines auxquelles l’appelleront alors ses facultés mieux adaptées à la fin désormais poursuivie.

La femme a dû se développer socialement et se manifester socialement la dernière, par la même raison que l’espèce humaine est la dernière création de notre globe : l’être le plus parfait apparaît toujours après ceux qui ont servi à le préparer.

Comme il est démontré d’autre part que, dans l’échelle des organismes divers, l’organe qui se surajoute aux autres pour constituer un changement d’espèce, gouverne ceux que l’individu tient des espèces inférieures, de même la femme, complètement développée dans un corps social organisé pour la paix et le travail pacifique, sera l’organe nouveau qui gouvernera le corps social. Est-ce à dire que la femme doive opprimer l’homme ? Non certes ; elle méconnaîtrait les services rendus et faillirait à sa douce nature ; mais elle lui fera comprendre que sa gloire est d’obéir, de se subordonner à l’autre sexe, parce qu’il est moins parfait et que ses qualités ne sont plus nécessaires au bien général.

Vous riez, Messieurs, de cette seconde théorie ; vous la trouvez absurde… C’est vrai : car elle est la contre partie de la femme thétique de M. Proudhon. Passons donc au troisième exercice.

III

Troisième esquisse. Toute classification de l’espèce humaine est une pure création subjective, c’est à dire qui n’a de raison d’être que dans la forme donnée à la perception par l’intelligence ; la conception même de l’humanité avec l’énumération des caractères qui sont réputés la distinguer des autres espèces, est bouffie de subjectivité.

La vérité est que pas un être humain ne se ressemble ; qu’il y a autant d’hommes et de femmes différents que d’hommes et de femmes pour composer l’espèce.

Les classifications, en toutes choses, sont des erreurs de l’esprit, parce que la nature hait l’identité et ne se répète jamais ; il n’y a pas deux grains de sable, deux gouttes d’eau, deux feuilles qui se ressemblent ; et très probablement le soleil, depuis qu’il existe, n’a pas apparu deux fois identiquement le même à son lever. Et c’est malgré l’évidence de ces vérités, malgré la conviction où nous sommes des illusions des sens, de la débilité de notre intelligence qui ne peut rien connaître de la nature intime des êtres ; qui ne saisit que quelques lignes fugitives de leurs caractères personnels ; et c’est malgré toutes ces choses que nous osons établir des séries, leur attribuer des caractères que viennent contredire les faits, et violenter, torturer les seuls êtres qui existent, les individus, au nom de cette autre chose qui n’existe que dans notre cerveau malade : le genre, la classe !

Les fruits amers qu’a produits notre manie de classification devraient cependant nous en guérir. N’est-ce pas cette maladie qui, poussant les théocrates, les législateurs à diviser l’humanité en castes, en classes, a causé la plupart des malheurs de notre espèce ? N’est-ce pas grâce à ces exécrables divisions que nous avons un passé hideux dont les échos ne renvoient à notre oreille épouvantée que des sanglots, des cris de colère, de révolte, de malédiction, de vengeance, de sinistres bruits d’armes et de chaînes ?

N’est-ce pas grâce à elles encore que, sur les pages de notre histoire, toutes maculées de sang et de larmes, et qui exhalent une odeur de charnier, on ne lit que tyrannie, abrutissement, démoralisation ?

N’est-ce pas encore grâce à elles que le roi et le sujet, le maître et le serf, le blanc et le nègre, l’homme et la femme se démoralisent par l’oppression, l’injustice, la cruauté d’une part ; la ruse, la bassesse, la vengeance de l’autre ? .

Est-ce que le mal et le malheur ne sont pas partout, parce que l’inégalité, fille de classifications insensées, est partout ? Ah ! qui nous délivrera donc, de notre déraison !

Classons les animaux, les végétaux, les minéraux, si nous voulons ! nos erreurs n’ont aucune influence sur eux et ne peuvent les troubler ; mais respectons l’espèce humaine qui échapperait à toute classification, lors même que ce procédé serait raisonnable, parce que chaque être humain est mobile, progressif, et diffère bien plus de ses semblables, que l’animal le plus élevé ne diffère des siens.

Laissons donc chacun faire sa propre loi d’autonomie, se manifester selon sa nature, et veillons seulement à ce que le droit soit égal pour tous ; à ce que le fort n’opprime pas le faible ; à ce que toute fonction soit confiée à celui qui prouve être le plus apte à la remplir : voilà tout ce que nous pouvons, tout ce que nous devons faire, si nous tenons à nous montrer sages et justes.

L’harmonie existe dans la nature, parce que chaque être y suit paisiblement les lois qui régissent son individualité : il en sera de même dans l’humanité, lorsque la raison collective comprendra que l’ordre humain est préétabli dans le concours des facultés individuelles laissées libres dans leurs manifestations ; et que c’est retarder l’avènement de l’ordre, de la paix et du bonheur que d’établir un ordre factice, tout de fantaisie : c’est à dire un véritable désordre.

Gardons-nous donc de toute classification des facultés et des fonctions selon les sexes : outre qu’elle serait fausse, elle nous conduirait à la cruauté ; car nous opprimerions ceux et celles qui ne seraient ni assez souples pour s’y soumettre, ni assez hypocrites pour le paraître ; et nous le ferions sans profit pour la destinée humaine, mais, tout au contraire, à son détriment.

Voilà, Messieurs, une théorie nominaliste ; et je vous défie de la renverser par des raisons suffisantes : car j’aurais, comme pour la première, réponse à toutes vos objections. Arrivons à notre dernière théorie qui est la vôtre pour les majeures et les mineures ; mais est le contraire pour les conclusions.


IV


Tous les appareils d’un même organisme se modifient les uns les autres et, par ce fait, les fonctions se modifient mutuellement.

Or l’homme et la femme diffèrent l’un de l’autre par un appareil important.

Donc chacun des deux sexes doit différer l’un de l’autre, non seulement par l’appareil qui les distingue, mais par toutes les modifications qu’amène la présence de cet appareil.

Voilà, Messieurs, mon premier syllogisme : je sais que nous nous n’aurons pas maille à partir là dessus : c’est de la Biologie classique.

Recherchons anatomiquement les différences organiques que la sexualité fait subir à l’homme et à la femme. Système nerveux. Les nerfs, dit du sentiment, sont plus développés chez la femme que chez l’homme ; ceux du mouvement le sont moins ; le cervelet est plus développé dans la tête de l’homme que dans celle de la femme ; chez celle-ci le diamètre antéro-postérieur du cerveau remporte sur le bi-latéral qui est relativement plus grand dans le sexe masculin : on remarque aussi que les organes de l’observation, de la circonspection, de la ruse et de la philogéniture sont plus volumineux dans la tête de la femme que dans celle de l’homme, chez lequel prédominent les organes rationnels, ceux du combat et de la destruction.

Système locomoteur. L’homme est plus grand que la femme, a les os plus compacts, les muscles plus gros et mieux nourris, les tendons plus forts ; son thorax a une direction opposée à celui de la femme : dans celui de la femme, la plus grande largeur est entre les épaules, chez l’homme, elle est à la base ; le bassin est plus large, plus évasé dans le sexe féminin que chez l’autre.

Systèmes épidermique et cellulaire. L’homme a la peau plus pileuse que la femme ; ce qu’on nomme la graisse est moins abondant dans l’organisme masculin que dans le féminin ; généralement la peau de l’homme est plus rude et toutes ses formes sont moins arrondies ; la femme a les cheveux plus longs, plus soyeux.

Organes splanchniques. La masse cérébrale est relativement la même chez les deux sexes, ainsi que les organes du cerveau, sauf les prédominances que nous avons signalées ; le système respiratoire diffère un peu : la femme respire de plus haut que l’homme : chez celui-ci la circulation est plus active, plus énergique.

À ces différences physiques correspondent les différences intellectuelles et morales.

La femme ayant les nerfs du sentiment plus développés, est plus impressionnable et plus mobile que l’homme.

Étant plus faible et aussi volontaire, elle obtient par l’adresse et la ruse ce qu’elle ne peut obtenir par la force ; sa faiblesse lui donne de la timidité, de la circonspection, le besoin de se sentir protégée.

Les travaux qui exigent de la force lui répugnent.

Sa destination maternelle la rend ennemie de la destruction, de la guerre ; et son organisation plus délicate lui fait redouter et fuir la lutte. Cette même destination maternelle imprime un cachet particulier à son intelligence : elle aime le concret, et tend toujours à faire passer l’idée dans les faits, à l’incarner, à lui donner une forme arrêtée ; son raisonnement est l’intuition ou l’aperception rapide d’un rapport général, d’une vérité que l’homme ne dégage qu’avec beaucoup de peine, à l’aide des échasses logiques.

La femme est meilleure observatrice que l’homme, et pousse plus loin que lui l’induction ; elle est en conséquence plus pénétrante, et bien meilleur juge de la valeur morale et intellectuelle de ceux qui l’entourent.

Plus que l’homme, elle a le sentiment du beau, la délicatesse du cœur, l’amour du bien, le respect de la pudeur, la vénération pour tout ce qui est supérieur.

Plus prévoyante que lui, elle a plus d’ordre et d’économie, et surveille les détails administratifs avec une conscience qui va souvent jusqu’à la puérilité.

La femme est adroite, appliquée : elle excelle dans les travaux de goût, et possède de grandes tendances artistiques.

Plus douce, plus tendre, plus patiente que l’homme, elle aime tout ce qui est faible, protège tout ce qui souffre ; toute douleur, toute misère met une larme dans ses yeux, tire un soupir de sa poitrine.

Voilà bien la femme, telle que vous la dépeignez, Messieurs.

Puis vous ajoutez :

La vocation de la femme est donc l’amour, la maternité, le ménage, les occupations sédentaires.

Elle est trop faible pour les travaux qui exigent la force et pour ceux de la guerre.

Elle est trop impressionnable et trop sensible, trop bonne, trop douce pour être législateur, juge et juré.

Son goût pour les détails d’intérieur, la vie retirée et les graves fonctions de la maternité indiquent assez qu’elle n’est pas faite pour des emplois publics.

Elle est trop mobile pour cultiver utilement la science ; trop faible et trop occupée ailleurs, pour suivre des expériences soutenues.

Son genre de rationalité la rend impropre à l’élaboration des théories ; et elle aime trop le concret et les détails, pour s’intéresser sérieusement aux idées générales, ce qui l’éloigne de toutes les hautes fonctions professorales et de celles qui exigent des études sérieuses.

Sa place est donc au foyer pour améliorer l’homme, le soutenir, le soigner, lui procurer les joies de la paternité et remplir l’office d’une bonne ménagère.

Voilà vos conclusions : voici les miennes, en admettant, par hypothèse, ce que j’affirme avec vous de la femme.

V


1o La femme portant dans la Philosophie et la Science sa finesse d’observation, son amour du concret, corrigera la tendance exagérée de l’homme à l’abstraction, et démontrera la fausseté des théories construites sur l’à priori, sur quelques faits seulement. C’est alors que disparaîtra l’ontologie ; que l’on reconnaîtra qu’une hypothèse n’est qu’un point d’interrogation ; que la vérité est toujours de nature intelligible, quelqu’inconnue qu’elle puisse être ; on ne généralisera que des faits connus, l’on évitera soigneusement d’ériger de simples généralités en lois, et nous aurons ainsi une véritable philosophie, de vraies sciences humaines, parce qu’elles porteront l’empreinte des deux sexes.

2o La femme portant ses facultés propres dans l’industrie, y introduira de plus en plus l’art, la perfection dans les détails. Cultivée dans le sens de ses aptitudes, elle trouvera d’ingénieux moyens d’application des découvertes scientifiques.

3o Patiente, douce, bonne, plus morale que l’homme, elle est éducatrice née de l’enfance, moralisatrice de l’homme fait ; la plupart des fonctions éducationnelles lui reviennent de droit ; et elle a sa place marquée dans l’enseignement spécial.

4o Par sa vive intuition, sa finesse d’observation, la femme seule peut découvrir la thérapeutique des névroses ; son adresse la rendra précieuse dans toutes les opérations chirurgicales délicates. C’est à elle que doit incomber le soin de traiter les affections des femmes et des enfants, parce qu’elle seule est capable de les bien comprendre ; elle a sa place marquée dans les hôpitaux, non seulement pour la cure des maladies, mais pour l’exécution et la surveillance des détails d’administration et des soins à donner aux malades.

6° La présence de la femme dans les fonctions judiciaires, comme juré et arbitre, sera pour tous une garantie de véritable justice humaine, c’est à dire d’équité.

La femme seule par sa douceur, sa miséricorde, ses dispositions sympathiques et sa finesse d’observation, peut bien comprendre que, dans toute faute commise, la société a sa part de culpabilité : car elle doit s’organiser plus pour prévenir le mal que pour le punir. Ce point de vue, surtout féminin, transformera le système pénitentiaire et suscitera de nombreuses institutions. C’est alors seulement que tous comprendront que la peine infligée au coupable doit être un moyen de réparation et de régénération ; la société ne tuera plus comme quelqu’un de faible qui a peur : elle amendera l’assassin au lieu de l’imiter ; elle forcera le voleur à travailler pour restituer ce qu’il a pris ; elle ne se croira plus le droit, lorsqu’elle enferme un condamné, de lui ôter sa raison, de le pousser au désespoir, au suicide, par le régime cellulaire ; de le priver complètement du mariage, de l’accoupler avec plus corrompu que lui. Connaissant bien sa part dé culpabilité, la société réparera les torts de son incurie dans les pénitenciers : elle sera ferme, mais bonne et moralisatrice : elle fera là, l’éducation qu’elle aurait dû faire dehors, et préparera des maisons de travail pour les libérés, afin que le mépris et la peur dont les poursuivent des gens souvent pires qu’eux, ne les poussent pas à la récidive.

7° La femme, portant dans le ménage social son esprit d’ordre et d’économie, son amour des détails et son horreur des paperasses et des dépenses folles, réformera l’administration : elle simplifiera tout ; supprimera les sinécures, le cumul des emplois, et produira beaucoup avec peu, au lieu de produire, comme l’homme, peu avec beaucoup : la bourse des contribuables ne s’en plaindra pas.

8° Sous l’influence directe de la femme législateur, nous aurons un remaniement de toutes les lois : d’abord et avant tout, nous aurons des moyens préventifs, une éducation obligatoire ; puis le code de procédure sera simplifié ; du code civil refondu, disparaîtront toutes les lois concernant les enfants naturels et l’inégalité des sexes ; les lois sur les mœurs seront plus sévères, le code pénal plus rationnel et plus équitable. Par les réformes administratives nées de l’instinct économique de la femme, les impôts seront diminués ; son horreur du sang et de la guerre réduira de beaucoup l’affreux impôt du sang. Ayant voix délibérative, et sachant, par ses douleurs et son amour, ce que vaut un homme, ce ne sera qu’à bon escient qu’elle votera des levées de citoyens pour ces boucheries qu’on nomme des guerres : elle ne le fera que lorsque le territoire sera menacé, ou qu’il faudra protéger les nationalités opprimées ; dans tout autre cas, elle emploira le système de la conciliation.

9° La femme, qui est bien plus économe et bien meilleure analyste que l’homme, sérieusement instruite, aura bientôt reconnu que les nations, comme les individus, diffèrent d’aptitudes, et que le but de ces différences est l’union et la fraternité par l’échange des produits : elle détournera donc son pays de cultiver certaines branches d’industrie dans lesquelles d’autres peuples sont supérieurs et produisent à meilleur compte ; elle le guérira de la folle prétention de se suffire à lui-même, et le détournera de sacrifier l’intérêt de la masse des consommateurs à celui de quelques producteurs : ainsi peu à peu tomberont les barrières et les douanes qui séparent les divers organes de l’humanité ; il y aura des traités d’échange, et tout le monde y gagnera par le bon marché, et la suppression des dépenses faites pour soutenir une administration douanière, trop souvent vexatoire.

Les qualités et facultés de la femme en font non seulement une éducatrice, mais lui assurent la prépondérance dans toutes les fonctions qui relèvent de la solidarité sociale : elle seule sait consoler, encourager, moraliser doucement, soulager avec délicatesse ; elle a le génie de la charité ; c’est donc à elle que doivent revenir la surveillance et la direction des hôpitaux, des prisons de femme, l’administration des bureaux de secours, la surveillance des enfants abandonnés, etc. C’est à elle qu’on devra les institutions qui donneront du travail aux ouvriers sans ouvrage, et sauveront les libérés de la paresse et de la récidive. Voilà, Messieurs, sans sortir des données de votre théorie, la femme placée partout à côté de l’homme, excepté dans les rudes travaux dont les machines vous dispenseront vous-mêmes, et dans les institutions militaires qui disparaîtront un jour selon toute probabilité.

Jusqu’ici les institutions, les lois, les sciences, la philosophie portent surtout l’empreinte masculine : toutes ces choses ne sont humaines qu’à demi ; pour qu’elles le deviennent tout à fait, il faut que la femme s’y associe ostensiblement et légalement ; conséquemment qu’elle soit cultivée comme vous : la culture ne la rendra pas semblable à vous, ne le craignez pas : la rose et l’œillet croissant dans le même sol, sous le même ciel, sous le même soleil, avec les soins du même jardinier, restent rose et œillet : ils sont d’autant plus beaux que les éléments qu’ils transforment sont plus abondants, et qu’ils sont mieux cultivés : si l’homme et la femme diffèrent, l’éducation semblable ne fera que les différencier davantage, parce que chacun d’eux s’en servira pour développer ce qui lui est particulier.

Dans l’intérêt de toutes choses et de tous, il faut que la femme entre dans tous les emplois ; ait sa fonction dans toutes les fonctions : après l’intérêt général de l’humanité, vient celui de la famille : il ne peut passer avant.

Puisque la femme, à l’heure qu’il est, est, en général, mère et ménagère tout en remplissant une foule d’autres fonctions, elle ne le sera pas moins en se chargeant de quelques-unes de plus ; et d’ailleurs l’époque où l’on entre dans certaines fonctions importantes est celle où la femme a terminé sa tâche maternelle. Quelques femmes fonctionnaires publics n’empêcheront pas l’immense majorité de leurs compagnes de rester dans la vie privée, pas plus que quelques hommes dans le même cas, n’empêchent la masse des hommes d’y demeurer en général.


VI


Vous admettez enfin une classification, me dites vous. Messieurs ; et vous convenez, de plus, qu’il y a des fonctions masculines et des fonctions féminines.

— Vous vous méprenez, Messieurs : vous m’accusiez d’être incapable de vous donner une théorie complète, je vous ai donné l’ébauche de quatre ; ébauche qu’il me serait facile d’étendre et de parfaire. Mais je n’admets pas une seule de ces théories dans son ensemble.

— Vous êtes donc éclectique ?

— Que les Dieux m’en gardent : j’ai autant de répugnance pour l’éclectisme que pour le nombre trois et l’androgynie.

Je n’admets pas la théorie de l’identité des sexes, parce que je crois avec la Biologie qu’une différence organique essentielle modifie l’être tout entier ; qu’ainsi la femme doit différer de l’homme.

Je n’admets pas la théorie de la supériorité d’un sexe ni de l’autre, parce qu’elle est absurde : l’humanité est homme-femme ou femme-homme ; on ne sait ce que serait un sexe, s’il n’était pas incessamment modifié par ses rapports avec l’autre, et nous ne les connaissons qu’ainsi modifiés : ce qu’il y a de certain, c’est qu’ils sont ensemble la condition d’être de l’humanité ; qu’ils sont également nécessaires, également utiles l’un à l’autre et à la société.

Je n’admets pas ma troisième théorie parce qu’elle est d’un nominalisme outré ; s’il est bien vrai que tous les individus des deux sexes diffèrent de l’un à l’autre d’une manière bien autrement notable que ceux des autres espèces, il n’en est pas moins vrai qu’une classification, fondée sur un caractère anatomique constant, est légitime, et que le principe de classification est dans la nature des choses ; car si les choses nous apparaissent classées, c’est qu’elles le sont : les lois de l’esprit sont les mêmes que celles de la nature en ce qui touche la connaissance : il faut l’admettre, à moins d’être sceptique ou idéaliste, or je ne suis ni l’un ni l’autre ; je ne suis pas non plus réaliste dans l’acception philosophique du mot, car je ne crois pas que l’espèce soit quelque chose en dehors des individus en qui elle se manifeste : elle est en eux et par eux, ce qui revient à dire qu’il y a des individus identiques sous un ou plusieurs rapports, quoique différents sous tous les autres.

Enfin je n’admets pas la quatrième théorie, quoique son principe soit vrai, parce que les faits nombreux qui contredisent les caractères différenciels, ne me permettent pas de croire que ces caractères soient des lois établies par la sexualité.

En effet, il y des cerveaux d’hommes sur des têtes de femme et vice versa.

Des hommes mobiles, impressionnables ; des femmes fermes et insensibles.

Des femmes grandes, fortes, musclées, soulevant un homme comme une plume ; des hommes petits, frêles, d’une extrême délicatesse de constitution.

Des femmes qui ont une voix de stentor, des manières rudes ; des hommes qui ont la voix douce, des manières gracieuses.

Des femmes qui ont les cheveux courts, raides, sont barbues, ont la peau rude, les formes anguleuses ; des hommes qui ont les cheveux longs, soyeux, sont imberbes, gras, replets.

Des femmes qui ont une circulation énergique ; des hommes qui en ont une faible et lente.

Des femmes franches, étourdies, hardies ; des hommes rusés, dissimulés, timides.

Des femmes violentes, qui aiment la lutte, la guerre, la dispute ; qui éprouvent le besoin de tempêter à tout propos ; des hommes doux , patients ayant horreur de la lutte et très poltrons.

Des femmes qui aiment l’abstraction, généralisent et synthétisent beaucoup, qui n’ont d’intuition d’aucune sorte ; des hommes intuitifs, fins observateurs, bons analystes, incapables de généraliser…… J’en connais bon nombre.

Des femmes insensibles aux œuvres d’art, qui ne sentent pas le beau ; des hommes remplis d’enthousiasme pour l’un et l’autre.

Des femmes immorales, impudiques, sans respect pour rien ni personne ; des hommes moraux, chastes, vénérants.

Des femmes dissipatrices, désordonnées ; des hommes économes et parcimonieux jusqu’à l’avarice.

Des femmes profondément égoïstes, sèches, disposées à exploiter la faiblesse, la bonté, la sottise ou la misère d’autrui ; des hommes pleins de générosité, de mansuétude, prêts à se sacrifier.

Que résulte-t-il de ces faits indéniables ? C’est que la loi des différences sexuelles ne se manifeste pas par les caractères généraux qu’on a établis.

C’est que ces caractères peuvent fort bien n’être que le résultat de l’éducation, de la différence des préjugés, de celle des occupations, etc.

C’est que, de ces généralités pouvant être le fruit d’une différence de gymnastique et de milieu, l’on ne peut rien légitimement conclure quant aux fonctions de la femme : ne serait-il pas absurde, en effet, de prétendre qu’une femme organisée pour la philosophie et les sciences, ne peut, ne doit pas s’en occuper parce qu’elle est femme, tandis qu’un homme incapable, mais assez sot et assez vaniteux pour ignorer son incapacité, peut et doit s’en occuper parce qu’il est homme ?

Les fonctions appartiennent à ceux qui prouvent leur aptitude et non pas à une abstraction qu’on appelle sexe : car en définitive toute fonction est individuelle dans sa totalité ou dans ses éléments.


VII


Nous avons dit pourquoi nous repoussons les théories que nous avons esquissées ; disons pourquoi nous ne donnons ni ne voulons donner une classification des sexes.

Nous ne donnons pas une classification, parce que nous n’en avons ni ne pouvons en avoir une ; les éléments manquent pour l’établir. Une induction biologique nous permet d’affirmer qu’elle existe ; mais dans le milieu actuel, il est impossible d’en dégager la loi : le véritable cachet féminin ne sera connu qu’après un ou deux siècles d’éducation semblable et de droits égaux : alors point ne sera besoin de faire une classification, car la fonction ira naturellement au fonctionnaire sous un régime d’égalité où les éléments sociaux se classeront d’eux-mêmes.

Mes croyances et mes espérances en ce qui concerne cet avenir, je ne les dirai pas ; car je puis être dans l’erreur, puisque je n’ai pas de faits pour contrôler mes intuitions, et tout ce qui est purement utopie a toujours un côté dangereux. D’ailleurs, n’ai-je pas dit qu’eussé-je une classification, je ne la donnerais pas ? Pourquoi ? Parce qu’on en ferait, comme toujours, un détestable usage, si elle était adoptée.

Jusqu’ici ne s’est-on pas servi de classifications basées sar des caractères qu’on a reconnus purement transitoires plus tard, pour opprimer, déformer et calomnier ceux qu’on reléguait dans les rangs inférieurs ?

L’histoire est là pour nous donner ce salutaire enseignement. La ville pédaille, la gent taillable et corvéable à merci, n’était bonne qu’à battre l’eau des étangs et à se laisser tondre jusqu’au vif : où est-elle aujourd’hui ? elle invente, gouverne, légifère et transforme peu à peu notre globe, dévasté par l’espèce supérieure seule capable, en un séjour riant et paisible.

Sur toute classification de l’espèce humaine soit en castes, en classes, en sexes, reposent trois iniquités.

La première est de faire un crime à l’individu rejeté dans la série inférieure, de ne point ressembler au type de convention qu’on s’en est formé, tandis qu’on permet fort bien à l’être, dit supérieur, de ne pas ressembler à son type : c’est ainsi qu’un homme faible, lâche, inintelligent, un modiste, un brodeur, n’en sont pas moins des hommes, tandis qu’une virago, une femme ferme, courageuse, une grande souveraine, une philosophe ne sont pas des femmes, mais des hommes qu’on n’aime pas, et qu’on livre en pâture aux bêtes et aux femmelettes jalouses qui les déchirent.

La seconde iniquité est de se servir du type de convention pour déformer l’être classé dans la série inférieure, pour tuer ses énergies, empêcher son procès. Alors, pour arriver au but, on organise l’éducation, le milieu social, on invente des préjugés et l’on réussit en général si bien que l’opprimé, qui s’ignore, se croit réellement de pâture inférieure, se résigne à ses fers et va jusqu’à s’indigner de la révolte de ceux de sa série qui sont trop énergiques et personnels pour n’avoir pas réagi contre ce que l’imbécillité sociale prétendait faire d’eux.

La troisième iniquité est de se servir de l’état d’abaissement où l’on a réduit l’opprimé pour le calomnier et nier ses droits : on s’écrie : regardez : Voilà le serf ! Voilà l’esclave ! Voilà le nègre ! Voilà l’ouvrier ! Voilà la femme ! Quels droits voulez-vous reconnaître à ces natures inférieures et débiles ? Ils sont incapables de se connaître et de se régir : nous devons donc penser, vouloir et gouverner pour eux.

Eh ! non. Messieurs, ce ne sont pas là des hommes et des femmes ; ce sont les tristes produits de votre égoïsme, de votre affreux esprit de domination, de votre imbécillité…… S’il y avait des dieux infernaux, je vous y dévouerais sans pitié et de tout mon cœur ! Au lieu de calomnier vos semblables pour conserver vos privilèges, donnez leur l’instruction, la liberté ; alors seulement vous aurez le droit de vous prononcer sur leur nature : car on ne peut connaître la nature d’une créature humaine que lorsqu’elle se développe en toute liberté dans l’égalité.

J’ai justifié, je crois, ma répugnance à donner une classification des sexes, et par l’impossibilité d’en établir actuellement une raisonnable, et par la crainte bien légitime de l’usage qu’on en ferait.

Mais on m’objectera, non sans raison, qu’il faut une classification pour la pratique sociale.

J’y consens de tout mon cœur, puisque j’ai fait toutes mes réserves, et prouvé l’inanité des classifications actuelles.

Comme mon principe est que la fonction doit aller au fonctionnaire qui prouve sa capacité, je dis qu’à l’heure qu’il est, par la différence d’éducation, l’homme et la femme ont des fonctions distinctes ; et qu’il faut donner à cette dernière la place qu’en général elle mérite.

J’ajoute que c’est une violation du droit naturel de la femme que de la former en vue des fonctions qu’on lui destine : elle doit, sous tous les rapports, être dans le droit commun : pas plus qu’à l’homme, on ne peut légitimement lui dire : ton sexe ne peut faire cela, ne peut prétendre à cela : si elle le fait et y prétend, c’est que son sexe peut le faire et y prétendre : s’il ne le pouvait, il ne le ferait pas ; le premier droit est la liberté, le premier devoir la culture de ses aptitudes, le développement de sa raison, de sa puissance d’utilité : un Dieu dit-il le contraire, ce ne serait pas la conscience, mais ce Dieu qui aurait menti.

Que la femme donc prenne la place qui convient à son développement actuel, mais qu’elle se rappelle sans cesse que cette place n’est point fixe et qu’elle doit tendre à monter toujours, jusqu’au jour où sa nature spéciale se révélant par l’égalité d’éducation, d’instruction, de Droit et de Devoir, elle prendra partout sa place légitime à côté de l’homme et sur la même ligne que lui.

Qu’elle rie de toutes les folles utopies élaborées sur sa nature, ses fonctions déterminées pour l’éternité, et se rappelle qu’elle est, non pas ce que la nature, mais ce que l’esclavage, les préjugés, l’ignorance, l’ont faite : qu’elle se délivre de toutes ces chaînes et ne se laisse plus intimider et abrutir.

Ainsi Messieurs, toute ma pensée sur la nature et les fonctions de la femme peut se résumer dans les quelques propositions suivantes :

Je crois, parce qu’une induction physiologique m’y autorise que, sur le fonds général de l’humanité, commun aux deux sexes, la sexualité imprime un cachet.

En fait, j’ignore ; et vous n’en savez pas plus que moi, quels sont les véritables caractères ressortant de la distinction des sexes, et je crois qu’ils ne peuvent se révéler que par la liberté dans l’égalité, la parité d’instruction et d’éducation.

Dans la pratique sociale, les fonctions doivent appartenir à qui peut les remplir : donc la femme doit remplir les fonctions auxquelles elle se montre apte, et l’on doit s’organiser pour que cela ait lieu.

Quelles sont ces fonctions relatives à son degré de développement actuel ? Je vous le dirai plus loin, Messieurs.