La Dynamite
La Dynamite[1]
Il est un produit merveilleux,
Expérimenté par la science,
Et qui, pour nous les miséreux,
Fera naître l’indépendance ;
Tant mieux s’il éclate parfois,
En faisant beaucoup de victimes
Chez nos ennemis les bourgeois :
Cela nous venge de leurs crimes.
Placez une marmite
Bourrée de dynamite ;
Quelle que soit la saison,
En faisant explosion,
La nouvelle ira vite ;
Car, pour inspirer la terreur,
Il n’y a rien d’meilleur
Qu’la dynamite !
On guillotine Ravachol :
Un copain qui avait d’l’envergure ;
Aujourd’hui, c’est un Espagnol
Qu’on fusille pour son allure.
Vallas sut montrer à son tour
Qu’il était un homme invincible ;
En plus, il promettait qu’un jour
La vengeance serait terrible.
Vive la dynamite !
Puisque l’on nous irrite,
À chaque exécution,
Nous mettrons en action
Notre arme favorite.
Car, pour semer la terreur,
Il n’y a rien d’meilleur
Qu’la dynamite !
Vous pouvez dresser l’échafaud,
La potence et la guillotine ;
Nous, nous avons ce qu’il nous faut
Pour vous faire sauter en sourdine.
Si vous croyez qu’ça finira,
Vous êtes loin de votre affaire ;
Pour un homme qu’on nous tuera,
Nous en foutrons cinq cents par terre !
Avec la dynamite,
Nous répondrons de suite :
Casernes et prisons,
Sans flûtes et sans violons,
Danseront au plus vite.
Car, pour semer la terreur,
Il n’y a rien d’meilleur
Qu’la dynamite !
- ↑ Note Ws : Chanson anarchiste, 1893 — Paroles et Musique Raphaël Martenot