La Clarté froide (Verhaeren)
Œuvres de Émile Verhaeren, Mercure de France, , IX. Toute la Flandre, II. Les Villes à pignons. Les Plaines (p. 159-160).
CLARTÉ FROIDE
C’est un beau soir de mars, rugueux et froid.
L’après-midi, quelques fragiles anémones
Ont fleuri toutes à la fois.
Merles et grives
S’interpellent ou se poursuivent
Et s’écoutent siffler à pleine voix,
Ou bien encore grincent et se chamaillent
Parmi les mailles
Au ras du sol poussent les herbes
À petits brins, frêles et lisses.
La surface des eaux se plisse
Les villages, lavés par la neige et la pluie,
Au bord de la grand’route et des mares s’appuient
Et reluisent, de loin en loin, parmi les champs :