La Civilité puérile/Notice
DES LIVRES DE CIVILITÉ
DEPUIS LE XVIe SIÈCLE
a Civilité puérile évoque de lointains souvenirs d’école. Il y a peu d’hommes de trente à quarante ans qui n’aient eu pour premier livre, comme syllabaire et comme rudiment, cette petite plaquette cartonnée, de quinze ou vingt pages, commençant par un alphabet, continuant par un tableau des voyelles et des consonnes (on lisait consonnantes dans les exemplaires un peu anciens) et terminée par des préceptes de savoir-vivre. Dès qu’on pouvait épeler, on y apprenait à ne pas se moucher sur sa manche. Le tout était imprimé en gros caractères, qui passaient insensiblement de la lettre capitale au Romain et dont l’œil diminuait en proportion des progrès présumés de l’élève. Les générations précédentes avaient eu entre les mains à peu près le même livre, imprimé en caractères bizarres, qui étaient censés représenter l’écriture cursive : peut-être était-ce l’écriture du temps d’Alain Chartier ou de Jeanne d’Arc ; il faut aujourd’hui, pour la déchiffrer, de forts paléographes, et elle devait constituer pour les enfants un supplice des plus raffinés.
« Je crois qu’il faut attribuer l’usage persistant de ce caractère, » dit M. Jérôme Pichon (Du caractère dit de Civilité, dans les Mélanges de littérature et d’histoire de la Société des Bibliophiles François, 1850), « à l’utilité qu’il présente pour familiariser les jeunes enfants avec les anciennes écritures et les mettre ensuite à même de lire dans ce que les maîtres d’école appellent les contrats. » C’est possible ; mais la mauvaise impression d’un livre laisse toujours dans l’esprit un préjugé fâcheux qui a beaucoup de peine à se dissiper, et cela dut aider considérablement au discrédit dans lequel finit par tomber la Civilité puérile. Il a fallu longtemps, près de deux siècles. Telle était l’autorité de ces petits manuels, qu’ils se perpétuaient d’âge en âge, sous leur atroce forme Gothique, sans qu’on osât y rien changer. On disait d’un homme qui commettait quelque balourdise : Il n’a pas lu la Civilité puérile ! La seule innovation que l'on tenta, vers 1820, et encore pas dans toutes les villes, ce fut de substituer aux caractères de Civilité, reconnus enfin illisibles, des caractères ordinaires ; le fond resta le même. Enfin on s’aperçut que les préceptes de savoir-vivre qu’ils contenaient étaient ou surannés ou absurdes, et on les proscrivit de l’enseignement scolaire. À peine aujourd’hui trouverait-on une Civilité puérile dans quelque école de village, tenue par les Frères des Écoles chrétiennes, qui la conservent encore par une sorte de fétichisme pour leur fondateur, J.-B. de La Salle, l’auteur le plus répandu des manuels de ce genre.
Le véritable auteur de la Civilité puérile, c’est Érasme. Cet esprit si caustique et si fin a été la mère Gigogne de ces ineptes petits livres qui, durant deux siècles, ont pullulé dans les écoles. Ils procèdent tous de lui, malgré leurs innombrables variétés, mais comme alfana venait d’equus dans l’épigramme du chevalier de Cailly, après avoir subi tant de métamorphoses en route, qu’il n’en restait pas une seule lettre. Une chose assez surprenante, c’est que personne, à notre connaissance du moins, ne se soit préoccupé de cette filiation, qui est cependant facile à établir. Cela tient à ce que J.-B. de La Salle, qui emprunta beaucoup à Érasme, sans doute par l’intermédiaire d’un autre prêtre, Mathurin Cordier, et de vieilles traductions ou imitations Françaises, n’indiqua jamais le nom de l’auteur primitif, quoiqu’il ne l’ignorât pas ; d’autre part, la Civilitas morum puerilium ne tient pas la première place dans l’œuvre du grand écrivain, et elle a toujours été un peu négligée. Ceux-mêmes qui se sont le plus scrupuleusement occupés de la vie et des travaux d’Érasme, comme Désiré Nisard dans ses Études sur la Renaissance, l’ont tout à fait passée sous silence ; d’autres se sont bornés à la citer, sans songer à la rapprocher des livres similaires infiniment plus connus et à déterminer les emprunts qui pouvaient lui avoir été faits. C’est un manque de curiosité dont il y a lieu d’être surpris ; essayons d’y suppléer de notre mieux.
Érasme composa ce traité vers la fin de sa carrière, en 1530, pour un jeune enfant qu’il affectionnait[1]. Son ton est paternel, avec une pointe de bonne humeur et d’enjouement que ses plagiaires ont lourdement émoussée. Ce qui dut séduire le clergé, qui de bonne heure adopta son livre, sans en nommer ni en remercier l’auteur, c’est qu’il s’y montre dévot, un peu bigot même ; aux génuflexions qu’il exige quand passe un Religieux, on a peine à reconnaître le satirique hardi du Repas maigre et de tant de bonnes plaisanteries sur les Franciscains. Mais ses deux principaux imitateurs, Mathurin Cordier et J.-B. de La Salle, ont tellement abusé de ces menus suffrages de dévotion, que, par comparaison, Érasme en semble sobre. Telle qu’elle est, sauf quelques prescriptions que les changements d’usages ont fait tomber en désuétude, sa. Civilité puérile pourrait encore servir aujourd’hui ; c’est l’œuvre d’un esprit délicat, et son seul tort est d’avoir été le point de départ des autres.
En revanche, Érasme avait-il eu des modèles ? C’est plus que douteux ; il paraît être le premier qui ait eu l’idée de recueillir avec ordre et méthode les préceptes de bienséance qui lui semblaient les plus convenables, et d’en faire un tout.
Évidemment, il n’inventait pas le savoir-vivre et bien avant lui on en avait posé les règles générales. Cette sorte de littérature pédagogique était cultivée depuis l’antiquité Grecque. Sans parler des préceptes de tempérance, de sobriété, de sociabilité que l’on peut trouver dans les poètes gnomiques, dans les Vers dorés de Solon et de Pythagore, dans Théognis, dans Phocylide, un ou deux chapitres du De officiis, de Cicéron, et le traité de l’Éducation de la jeunesse, de Plutarque, lui fournissaient une suite de maximes identiques à quelques-unes des siennes et que ses anciens éditeurs du xvie et du xviie siècle en ont rapprochées ; il en a puisé d’autres, touchant l’hygiène, dans les fameux distiques de l’École de Salerne, si répandus au Moyen Âge et à l’époque de la Renaissance, dont tant d’aphorismes sont passés en proverbes ; un manuel du même genre, Disticha de moribus, ad filium, composé à une époque incertaine, probablement sous les Antonins, par un stoïcien, Dyonisius Caton, mais qu’on ne manquait pas d’attribuer anciennement au vieux Caton le Censeur, était également entre les mains de tous les écoliers. Manuscrit aux xiiie et xive siècles, imprimé un grand nombre de fois à la fin du xve et au xvie (Érasme lui-même en a fait deux éditions, Strasbourg, 1519, et Bâle, 1520, in-4o), augmenté d’abondants commentaires par Philippe de Bergame, traduit en vers Grecs par Planude, le Caton paraît avoir joué longtemps le rôle que jouèrent plus tard la Civilité d’Erasme et ses innombrables contrefaçons. François Habert le mit en vers Français : Les Quatre livres de Caton, pour la doctrine de la jeunesse, par F. H. À Paris, de l’Imprimerie de Philippe Danfrie et Richard Breton, rue Saint-Jacques, à l’Escrevisse, 1559 ; et ces Distiques moraux, à cause de la similitude du sujet, ont été souvent imprimés à la suite de la Civile honesteté de Mathurin Cordier imitation lointaine de l’œuvre d’Érasme. Enfin, divers autres ouvrages, qui n’ont pas le même caractère de livres d’écoliers, traitaient aussi de la décence des manières et du bon ton ; tels sont, en Espagnol, El libro del infante, recueil de préceptes religieux et moraux composé au xive siècle par le prince don Juan Manuel ; en Latin, le traité De educatione liberorum et eorum claris moribus libri sex, de Maffeo Vegio (Milan, 1491, et Paris, 1511, in-4o) réuni dans une troisième édition (Bâle, 1541, in-8o) à d’autres opuscules sur le même sujet, qu’Érasme devait connaître ; enfin en Français, le Doctrinal du temps présent, du vieux poète Pierre Michault (Bruges, 1466, in-fol.), plus connu sous le titre de Doctrinal de court[2], curieux ouvrage dans lequel l’auteur, sous une forme satirique, reprend la plupart des usages de son temps.
Érasme n’en est pas moins le premier qui ait traité la matière d’une façon spéciale et complète ; aucun des auteurs que nous venons de citer n’avait envisagé la civilité ou, si l’on veut, la bienséance, comme pouvant faire l’objet d’une étude distincte ; ils en avaient formulé çà et là quelques préceptes qui se rattachaient naturellement à l’éducation, à la morale, à la mode ou à l’hygiène. Aussi Érasme croit-il devoir s’excuser, s’il traite à fond cette partie intime et négligée de la philosophie, en disant que les bonnes mœurs se reflètent dans la politesse des manières, que la rectitude appliquée aux gestes, aux actes usuels, aux façons d’être avec ses égaux ou ses supérieurs, manifeste aussi l’équilibre des facultés, la netteté du jugement et que, par conséquent, il n’est pas indigne d’un philosophe de s’occuper de ces détails en apparence indifférents. Il ne s’appuie sur aucune autorité antérieure et ne prend guère conseil que de son propre goût et du bon sens. On pourrait même aller plus loin et dire que, non content de ne presque rien devoir à ses devanciers, il a moins mis en maxime les règles du savoir-vivre de son temps que spirituellement critiqué ses contemporains, en prescrivant tout le contraire de ce qu’il voyait faire autour de lui. Il suffirait, pour s’en convaincre, de comparer l’un de ces colloques, celui qui est intitulé Diversoria (Auberges), avec les règles qu’il donne dans sa Civilité. On y voit que sa délicatesse était fort en avance sur les mœurs de son époque, grâce à une sensibilité toute particulière qu’on devait alors trouver excessive. Lui qui était souffreteux de sa nature, qui ne pouvait supporter une mauvaise odeur, la saleté d’un voisin mal vêtu, une haleine un peu forte, que la vue d’un crachat étalé par terre indisposait sérieusement, il consigne avec désespoir, dans ses notes de voyage, tous les déboires qu’il éprouve dès qu’il est obligé de vivre en dehors de chez lui. On lui parle dans la figure en lui envoyant au nez des bouffées d’ail, on crache partout, on fait sécher au poêle des vêtements mouillés et toute la salle en est empuantie ; il y en a qui nettoient leurs bottes à table, tout le monde trempe son pain dans le plat, mord à belles dents et recommence le manège jusqu’à épuisement de la sauce ; si un plat circule, chacun se jette sur le meilleur morceau, sans se soucier de son voisin ; les uns se grattent la tête, d’autres épongent leur front ruisselant de sueur ; la nappe est si sale, qu’on dirait une voile de navire fatiguée de longs voyages. Érasme en a mal au cœur et l’appétit coupé pour huit jours. Sans doute, ce qu’il retrace là ce sont des mœurs d’auberge, des mœurs de table d’hôte, comme on dirait maintenant ; raison de plus pour y chercher le niveau moyen de la politesse à son époque, et ce niveau ne paraît pas élevé. La Civilité puérile, quoique écrite beaucoup plus tard que ce dialogue, semble une critique calculée de ces grossiers usages dont Érasme avait eu à se plaindre toute sa vie ; il y formule ses desiderata[3], bien modestes après tout, et nombre de gens pensaient probablement comme lui, sans en rien dire, car à peine son petit livre eut-il paru qu’il se répandit rapidement dans toute l’Europe et jouit d’une vogue prodigieuse.
Deux ans ne s’étaient pas écoulés depuis l’apparition de l’ouvrage à Bàle en 1530, qu’il était déjà réimprimé à Londres avec une traduction Anglaise en regard (W. de Worde, 1532, in-16) ; la traduction est de Robert Whytington. Mais c’est en France que la Civilitas morum puerilium fut surtout goûtée ; elle y devint rapidement, dans son texte Latin, un livre familier aux élèves des collèges et, dans ses traductions ou imitations Françaises, un manuel d’écolier destiné aux tout petits enfants. À partir de 1537, les traductions se succédèrent pour ainsi dire sans interruption. La première est celle de Saliat : Déclamation contenant la manière de bien instruire les enfans dès leur commencement, avec un petit Traité de la civilité puérile et honneste, le tout translaté nouvellement de Latin en Françoys, par P. Saliat (Paris, Simon Colines, 1537). D’après Du Verdier, le même ouvrage fut réimprime l’année suivante sous le titre de : l’Entrée de la jeunesse au temple de l’Honneur. Brunet conjecture que la Déclamation, contenant la manière de bien instruire les enfans, était traduite du De liberis bene instituendis, de Sadolet, et la Civilité puérile, d’Érasme ; mais les deux ouvrages pouvaient être traduits d’Érasme, puisque celui-ci, peu de temps avant la Civilité, avait composé un traité De pueris ad virtutem et litteras liberaliter instituendis (1529), qui devait être plus répandu que l’ouvrage de Sadolet, car il est souvent cité dans les manuels pédagogiques du temps. Vint ensuite : La Civilité puérile, distribuée par petitz chapitres et sommaires, à laquelle avons adjousté la Discipline et Institution des enfans, traduitz par Jelian Louveau. En Anvers, chez Jehan Béliers, à l’enseigne du Faucon, l’an 1559. « Ce volume, dit Brunet, est imprimé en caractères cursifs imitant parfaitement l’écriture Française en usage au milieu du xvie siècle. C’est, à ce qu’il paraît, la réimpression de la Civilité puérile, traduite d’Érasme (Lyon, Jean de Tournes, 1569, in-16), que cite Du Verdier à l’art. Jehan Louveau. » Il existe très-peu d’exemplaires de ce petit livre ; celui que décrivait Brunet, et c’était le seul qu’il eût jamais vu, appartenait à M. L. de Laborde. Nous n’avons pu rencontrer ni la Civilité de Saliat, ni celle de Jehan Louveau ; mais ce dernier était un traducteur assez exact, comme on peut en juger par ses Facétieuses Nuits du seigneur Strapparole ; nous conjecturons qu’un certain nombre de Civilités parues postérieurement, anonymes ou sous différents noms, et qui se rapprochent le plus du texte d’Érasme, ont pu être imitées de la sienne. La même année, en 1559, deux célèbres imprimeurs Parisiens associés, Danfrie et Breton, éditèrent une Civile honesteté pour les enfans, avec la manière d’apprendre à bien lire, prononcer et escrire qu’avons mise au commencement (À Paris, de l’imprimerie de Philippe Danfrie et Richard Breton, rue Saint-Jacques, à l’Escrevisse, 1559), qui n’est autre que la Civilité puérile et honeste de Mathurin Cordier, si souvent réimprimée et dont une édition parut sous ce titre : Miroir de la Jeunesse pour la former à bonnes mœurs et civilité de vie. (Poitiers, 1559, in-16.) Mathurin Cordier s’est évidemment inspiré d’Érasme ; cela se voit, rien que dans la division de l’ouvrage et dans les titres des sept chapitres qui le composent : De la face ; Du corps et de sa contenance ; Des habits ou accoutremens ; De la table ; Des rencontres, recueils et contenances en partant ; Du jeu ; De la chambre. L’ordonnance est la même, les préceptes sont identiques, et cependant c’est plutôt un travestissement qu’une traduction d’Érasme. A peine y retrouve-t-on de temps en temps une phrase qui ait conservé l’empreinte du texte Latin, de ce style savoureux et pittoresque à l’aide duquel Érasme donne de l’intérêt à des détails infimes. En voici deux chapitres qui permettront de comparer ; on verra que Cordier mêle au hasard toutes sortes de préceptes qui, dans Érasme, ont un ordre logique, et que souvent, à des conseils très-judicieux, il substitue de véritables pauvretés.
DU CORPS ET DE SA CONTENANCE
L’enfant ne doyt point baisser la teste entre les deux espaules, car c’est signe de paresse : ne se renverser aussi, car c’est signe d’arrogance, mais se doyt tenir Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/28 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/29 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/30 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/31 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/32 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/33 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/34 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/35 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/36 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/37 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/38 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/39 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/40 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/41 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/42 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/43 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/44 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/45 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/46 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/47 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/48 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/49 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/50 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/51 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/52 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/53 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/54 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/55 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/56 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/57 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/58 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/59 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/60 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/61 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/62 Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/63
- ↑ Henri de Bourgogne, fils d’Adolphe, prince de Veere, et petit-fils d’Anne de Borsselen, marquise de Nassau. Cette dame avait été l’affectueuse protectrice d’Erasme, dans sa jeunesse : elle lui avait fait une pension de cent florins pour qu’il pût étudier la théologie à Paris et elle lui continua longtemps ses libéralités. Érasme écrivit pour son fils, Adolphe, prince de Veere, le traité intitulé : Oratio de virtute amplectenda, une de ses premières œuvres ; il dédia plus tard à l’un de ses petits-fils, Maximilien de Bourgogne, le dialogue : De recta Latini Grœcique sermonis pronuntiatione, auquel il fait illusion dans sa préface, et à l’autre le De Civilitate morum puerilium. Parmi ses lettres, on en rencontre un grand nombre adressées à Anne de Borsselen. — Veere, dans l’île de Walcheren, était au xvie siècle un des ports fortifiés les plus importants de la Zélande. Cette ville fut apportée en dot, avec la principauté qui en dépendait, par Anne de Borsselen à son mari, Philippe de Bourgogne, fils de l’un des nombreux bâtards du duc Philippe le Bon.
- ↑ Le Doctrinal de court, par lequel on peut être clerc sans aller à l’école (Genève, 1522. pet. in-4o Goth. avec fig). P. Michault feint décomposer un manuel du bon ton ; il recommande, par exemple, aux fils de bonne maison, la variance des habits et les invite à en changer le plus souvent possible. Il veut qu’ils aient chaque jour un vêtement de couleur différente. Aujourd’hui une robe longue, demain une robe courte, tantôt des souliers carrés, tantôt des souliers pointus. Il veut également qu’on ne porte ses habits qu’une seule fois, qu’on les reçoive le matin du tailleur et qu’on en fasse cadeau le soir. L’auteur de l’art. Costume dans le Dictionnaire Larousse, article bien fait du reste, a pris cela au pied de la lettre et s’est extasié sur les exigences du bon ton au xvie siècle. Michault se moquait des élégants de son époque et ses conseils sont tout ironiques ; il voulait en venir par la plaisanterie au même but qu’Érasme dans son chapitre Du Vêtement.
- ↑ Il les avait déjà formulés, en passant, dans divers autres de ses ouvrages. Un de ses colloques. Pietas puerilis, renferme quelques-unes des maximes qu’il a exposées plus complètement dans la Civilité puérile ; il y revient encore dans ses Monita pœdagogica.