La Cithare (Gille)/Scène de Festin

La Cithare, Texte établi par Georges Barral Voir et modifier les données sur WikidataLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 85-86).
◄  Chanson
Le Matin  ►

SCÈNE DE FESTIN


 
Dans la salle, à l’écart, des vieillards respectables,
Drapés dans leur manteau, conversent. Sur les tables
Brillent les vins dorés et fument les gâteaux.
Tandis que des enfants, dans de riches plateaux,
Présentent des raisins, des figues et des pommes,
Sur un lit somptueux et bas de jeunes hommes
Devisent, accoudés à de moelleux coussins.
Une femme, admirant les roses de ses seins,

Sourit au clair miroir qui brille en sa main droite.
Elle s’orne de lierre, et sous sa robe étroite
On devine son corps flexible et gracieux.
L’un des convives s’est dressé, la flamme aux yeux :
Il va pour la saisir ; un autre roule à terre ;
Un troisième veut boire et lève la patère.
Tout s’estompe déjà des blancheurs du matin,
Cependant que, semant au milieu du festin
Sa couronne de fleurs qui glisse et se dénoue,
La joueuse de flûte enfle sa jeune joue.