La Cithare (Gille)/Le Printemps

La Cithare, Texte établi par Georges Barral Voir et modifier les données sur WikidataLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 89-90).
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LE PRINTEMPS


 
Le printemps a paré la forêt et les champs.
Dans l’air splendide et pur retentissent les chants ;
L’azur du ciel rayonne et de tièdes haleines
Effleurent doucement les vallons et les plaines.
Les troupeaux vigoureux errent parmi les prés.
Sur le thym odorant, sur les pavots pourprés
L’harmonieux grillon s’abreuve de rosée.
L’horizon s’illumine, et la mer apaisée,
Où se croise le vol léger des alcyons,
Sourit, pleine de fleurs et pleine de rayons.

Sur les monts verdoyants la flûte frémissante
Conduit les chœurs joyeux et la danse enivrante.
Déjà le chèvrefeuille au flexible rameau
S’enroule tendrement à l’entour de l’ormeau,
Et, parmi les vergers où bourdonne l’abeille,
Le narcisse fleurit et la rose s’éveille.

Descendez, descendez de l’Olympe neigeux,
Ô divins Immortels ! Nos rires et nos jeux
Vous invitent ; venez, et recevez l’hommage
De nos couronnes d’or que pare un vert feuillage.
Nous avons élevé vos autels ; par nos mains,
Pieusement tressés, les lis et les jasmins
Formeront tout autour de fragiles guirlandes.
Aux cyprès nous avons suspendu nos offrandes.
Et le sang des chevreaux a mouillé les gazons.
C’est le jeune Printemps : les brillantes Saisons
Rouvrent à nos regards leurs splendides demeures ;
Les Charites, nouant leurs mains aux mains des Heures,
Dansent dans le bosquet de lierre entremêlé.
Chantez, ô chœurs joyeux, la belle Sémélé.