La Cithare (Gille)/La Source
La Cithare, Texte établi par Georges Barral , Librairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger), (p. 75).
LA SOURCE
Dans ce bocage où l’aube a mis ses diamants,
Je dors. Par-dessus moi le soleil entre-croise
Des fils d’or, et les bois et le ciel de turquoise
Plongent dans mon miroir leurs mirages charmants.
Sous la mousse entends-tu mes frais bruissements ?
J’abreuve les lézards craintifs et apprivoise
Les merles pétulants qu’attire la framboise.
Ici, le blanc platane abrite les amants.
Regarde ce vieux hêtre et l’offrande qui l’orne :
Naucrate a suspendu cette coupe de corne,
À mon flot bienfaisant s’étant désaltéré.
Là-bas, sommeille Pan ; et parmi les fougères
Les Nymphes, au beau front de narcisses paré,
Mènent leur ronde folle et leurs danses légères.