La Cithare (Gille)/L’Âge d’or

La Cithare, Texte établi par Georges Barral Voir et modifier les données sur WikidataLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 13-14).

L’ÂGE D’OR



Aube, sourire immense, ô jeunesse du monde !
Je te salue, ô paix solennelle et profonde ;
C’est la première aurore, et l’homme adolescent
Sur les monts couronnés de thym foule, en dansant
D’un pied léger, la terre heureuse et printanière.
Les lions et les ours sortent de leur tanière,
Attirés par les chants de l’aède divin.
Le voici qui descend à pas lents le ravin,
Le front ceint du laurier et la lyre agrafée
À sa ceinture d’or : reconnaissez Orphée.

Zeus lui parle et l’inspire, et la clarté des cieux
De mystiques rayons illumine ses yeux.
Le murmure touffu des forêts bruissantes
Se mêle au bruit léger des fontaines naissantes ;
L'azur religieux inonde l’archipel.
Sur la colline, où croît la bruyère, l’appel
Des ramiers langoureux traîne dans le feuillage ;
La mer sonore rampe et chante sur la plage,
Et les Muses en chœur avec leurs belles voix
Se répondent parmi les vallons et les bois ;
Le pâtre dort sous l’orme où la viorne grimpe,
Et le rire des dieux éclate sous l’Olympe.