La Cithare, Texte établi par Georges Barral Voir et modifier les données sur WikidataLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 191).
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DAMÈTAS


 
Voyez, c’est tout mon bien cet enclos, où se vautre
Un bélier paresseux à la lourde toison ;
La laitue et le thym y croissent à foison,
Un pampre verdoyant l’orne d’un bout à l’autre.

Quelques rayons de miel, quelques boisseaux d’épeautre
Sont les humbles trésors qu’apporte la saison ;
J’ai su, désirant peu, borner mon horizon,
Et pourtant mon bonheur est comparable au vôtre.

Orgueilleux de ton or, marchand, pourquoi ris-tu ?
Je suis pauvre, il est vrai ; d’un sayon revêtu,
J’ai manœuvré la bêche et le hoyau. Mais sache

Qu’ayant quitté la ville et les soucis cuisants,
Dans cette métairie, accomplissant sa tâche,
Damètas a passé plus de quatre-vingts ans.