La Cithare (Gille)/Anacréon

La Cithare, Texte établi par Georges Barral Voir et modifier les données sur WikidataLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 81-82).
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ANACRÉON


Beaux éphèbes, pleurez : Vous n’avez pas connu
Le chantre aimé du dieu capripède et cornu
Qui garde les troupeaux sous la vigne fertile,
Le cygne de Téos, celui qui pour Bathyle,
Dans sa coupe mêlant les roses et le vin,
Fit résonner la lyre ardente, étant divin,
Anacréon, l’amant du beau Smerdis le Thrace.
Les hivers sur son front ne laissaient point de trace.
Quand il menait le chœur sous les pampres tremblants,
Les vierges d’Ionie aimaient ses cheveux blancs ;

Et, délaissant la flûte aux tiges inégales,
La chanson des roseaux et celles des cigales,
Les enfants accourus, ravis en le voyant,
Le couronnaient de fleurs et de lierre ondoyant.
Alors Anacréon, bavard et toujours ivre
Un peu, leur conseillait de jouir et de vivre
Sans songer au tombeau, sans craintes ni soucis.
Eux, remplissaient sa coupe, et puis, l’ayant assis
Sous le myrte enivrant ou sous le noir mélèze
Pour qu’il pût converser et s’abreuver à l’aise,
Ils le priaient, en lui portant les vins nouveaux,
Oubliant Héraclès et ses divins travaux,
De chanter, près du saule où l’abeille se pose,
Dionysos, Éros, l’hyacinthe et la rose.