La Chasse (Gaston Phœbus)/Chapitre LXXXIV

, Joseph Lavallée
La Chasse (1854)
Texte établi par Léon Bertrand, Maison Lefaucheux (p. 275-276).

Chapitre quatre-vingt-quatrième.
Ci devise comment on puet prendre les lièvres à la croupie.


Aussi les puet-il prendre à la croupie[1] et c’est encore bonne chose ; quar celuy qui hara ses lévriers s’en ira s’il scet un buisson ou une forest entre nonne et vespres. Et doivent estre deux ou trois, chescun ses lévriers en sa main, et se doivent metre dedens le bois au couvert, einsi que une toise dedens, l’un loing de l’autre le giet d’une petite pierre ; et doivent atendre quant les lièvres vendront hors du bois pour venir viander aux blez. Et quant celuy à qui passera plus près verra le lièvre hors du bois et loing, il le doit monstrer à ses lévriers et lessier aler sans dire mot. Et s’ilz le prenent c’est bien ; et se non il doit reprendre ses lévriers et demourer einsi pour veoir si plus de lièvres vendront jusques à la nuyt ; et aussi doivent fère les autres qui sont à la chasse.

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  1. À la croupie. En s’accroupissant pour diminuer sa taille afin de se cacher plus facilement. On exprimerait aujourd’hui cette position en disant que l’on est à croupetons ; mais le terme de chasse actuellement en usage est affût. Il vient de ad fustem, auprès du bois, parce qu’on s’y cache derrière un arbre ou un buisson.