La Chasse-galerie (recueil)/La Bête à grand’queue


LA BÊTE À GRAND’QUEUE

I



C’EST absolument comme je te le dis, insista le p’tit Pierriche Desrosiers, j’ai vu moi-même la queue de la bête. Une queue poilue d’un rouge écarlate et coupée en sifflet pas loin du… trognon. Une queue de six pieds, mon vieux !

― Oui c’est ben bon de voir la queue de la bête, mais c’vlimeux de Fanfan Lazette est si blagueur qu’il me faudrait d’autres preuves que ça pour le croire sur parole.

― D’abord, continua Pierriche, tu avoueras ben qu’il a tout ce qu’il faut pour se faire poursuivre par la bête à grand’queue. Il est blagueur tu viens de le dire, il aime à prendre la goutte, tout le monde le sait, et ça court sur la huitième année qu’il fait des pâques de renard. S’il faut être sept ans sans faire ses pâques ordinaires pour courir le loup-garou, il suffit de faire des pâques de renard pendant la même période, pour se faire attaquer par la bête à grand’queue. Et il l’a rencontrée en face du manoir de Dautraye, dans les grands arbres qui bordent la route où le soleil ne pénètre jamais, même en plein midi. Juste à la même place où Louison Laroche s’était fait arracher un œil par le maudit animal, il y a environ une dizaine d’années.

Ainsi causaient Pierriche Desrosiers et Maxime Sanssouci, en prenant clandestinement un p’tit coup dans la maisonnette du vieil André Laliberté qui vendait un verre par ci et par là, à ses connaissances, sans trop s’occuper des lois de patentes ou des remontrances du curé.

― Et toi, André, que penses-tu de tout ça ? demanda Pierriche. Tu as dû en voir des bêtes à grand’queue dans ton jeune temps. Crois-tu que Fanfan Lazette en ait rencontré une, à Dautraye ?

― C’est ce qu’il prétend, mes enfants, et, comme le voici qui vient prendre sa nippe ordinaire, vous n’avez qu’à le faire jaser lui-même si vous voulez en savoir plus long.


II


Fanfan Lazette était un mauvais sujet qui faisait le désespoir de ses parents, qui se moquait des sermons du curé, qui semait le désordre dans la paroisse et qui ― conséquence fatale ― était la coqueluche de toutes les jolies filles des alentours.

Le père Lazette l’avait mis au collège de L’Assomption, d’où il s’était échappé pour aller à Montréal faire un métier quelconque. Et puis il avait passé deux saisons dans les chantiers et était revenu chez son père qui se faisait vieux, pour diriger les travaux de la ferme.

Fanfan était un rude gars au travail, il fallait lui donner cela, et il besognait comme quatre lorsqu’il s’y mettait ; mais il était journalier, comme on dit au pays, et il faisait assez souvent des neuvaines qui n’étaient pas toujours sous l’invocation de St-François-Xavier.

Comme il faisait tout à sa tête, il avait pris pour habitude de ne faire ses pâques qu’après la période de rigueur, et il mettait une espèce de fanfaronnade à ne s’approcher des sacrements qu’après que tous les fidèles s’étaient mis en règle avec les commandements de l’Église.

Bref, Fanfan était un luron que les commères du village traitaient de pendard, que les mamans qui avaient des filles à marier craignaient comme la peste et qui passait, selon les lieux où on s’occupait de sa personne, pour un bon diable ou pour un mauvais garnement.

Pierriche Desrosiers et Maxime Sanssouci se levèrent pour lui souhaiter la bienvenue et pour l’inviter à prendre un coup, qu’il s’empressa de ne pas refuser.

― Et maintenant, Fanfan, raconte-nous ton histoire de bête à grand’queue. Maxime veut faire l’incrédule et prétend que tu veux nous en faire accroire.

― Ouidà, oui ! Eh bien, tout ce que je peux vous dire, c’est que si c’eût été Maxime Sanssouci qui eut rencontré la bête au lieu de moi, je crois qu’il ne resterait plus personne pour raconter l’histoire, au jour d’aujourd’hui.

Et s’adressant à Maxime Sanssouci :

― Et toi, mon p’tit Maxime, tout ce que je te souhaite, c’est de ne jamais te trouver en pareille compagnie ; tu n’as pas les bras assez longs, les reins assez solides et le corps assez raide pour te tirer d’affaire dans une pareille rencontre. Écoute-moi bien et tu m’en diras des nouvelles ensuite :

Et puis :

― André, trois verres de Molson réduit.


III


— D’abord, je n’ai pas d’objection à reconnaître qu’il y a plus de sept ans que je fais des pâques de renard et même, en y réfléchissant bien, j’avouerai que j’ai même passé deux ans sans faire de pâques du tout, lorsque j’étais dans les chantiers. J’avais donc ce qu’il fallait pour rencontrer la bête, s’il faut en croire Baptiste Gallien, qui a étudié ces choses-là dans les gros livres qu’il a trouvés chez le notaire Latour.

Je me moquais bien de la chose auparavant ; mais, lorsque je vous aurai raconté ce qui vient de m’arriver à Dautraye, dans la nuit de samedi à dimanche, vous m’en direz des nouvelles. J’étais parti samedi matin avec vingt-cinq poches d’avoine pour aller les porter à Berthier chez Rémi Tranchemontagne et pour en rapporter quelques marchandises : un p’tit baril de melasse, un p’tit quart de cassonade, une meule de fromage, une dame-jeanne de jamaïque et quelques livres de thé pour nos provisions d’hiver. Le grand Sem à Gros-Louis Champagne m’accompagnait et nous faisions le voyage en grand’charette avec ma pouliche blonde ― la meilleure bête de la paroisse, sans me vanter ni la pouliche non plus. Nous étions à Berthier sur les 11 heures de la matinée et, après avoir réglé nos affaires chez Tranchemontagne, déchargé notre avoine, rechargé nos provisions, il ne nous restait plus qu’à prendre un p’tit coup en attendant la fraîche du soir pour reprendre la route de Lanoraie. Le grand Sem Champagne fréquente une petite Laviolette de la petite rivière de Berthier, et il partit à l’avance pour aller farauder sa prétendue jusqu’à l’heure du départ.

Je devais le prendre en passant, sur les huit heures du soir, et, pour tuer le temps, j’allai rencontrer des connaissances chez Jalbert, chez Gagnon et chez Guilmette, où nous payâmes chacun une tournée, sans cependant nous griser sérieusement ni les uns ni les autres. La journée avait été belle, mais sur le soir, le temps devint lourd et je m’aperçus que nous ne tarderions pas à avoir de l’orage. Je serais bien parti vers les six heures, mais j’avais donné rendez-vous au grand Sem à huit heures et je ne voulais pas déranger un garçon qui gossait sérieusement et pour le bon motif. J’attendis donc patiemment et je donnai une bonne portion à ma pouliche, car j’avais l’intention de retourner à Lanoraie sur un bon train. À huit heures précises, j’étais à la petite rivière, chez le père Laviolette, où il me fallut descendre prendre un coup et saluer la compagnie. Comme on ne part jamais sur une seule jambe, il fallut en prendre un deuxième pour rétablir l’équilibre, comme dit Baptiste Gallien, et après avoir dit le bonsoir à tout le monde, nous prîmes le chemin du roi. La pluie ne tombait pas encore, mais il était facile de voir qu’on aurait une tempête avant longtemps et je fouettai ma pouliche dans l’espoir d’arriver chez nous avant le grain.


IV


En entrant chez le père Laviolette, j’avais bien remarqué que Sem avait pris un coup de trop ; et c’est facile à voir chez lui, car vous savez qu’il a les yeux comme une morue gelée, lorsqu’il se met en fête, mais les deux derniers coups du départ le finirent complètement et il s’endormit comme une marmotte au mouvement de la charrette. Je lui plaçai la tête sur une botte de foin que j’avais au fond de la voiture et je partis grand train. Mais j’avais à peine fait une demi-lieue, que la tempête éclata avec une fureur terrible. Vous vous rappelez la tempête de samedi dernier. La pluie tombait à torrent, le vent sifflait dans les arbres et ce n’est que par la lueur des éclairs que j’entrevoyais parfois la route. Heureusement que ma pouliche avait l’instinct de me tenir dans le milieu du chemin, car il faisait noir comme dans un four. Le grand Sem dormait toujours, bien qu’il fût trempé comme une lavette. Je n’ai pas besoin de vous dire que j’étais dans le même état. Nous arrivâmes ainsi jusque chez Louis Trempe dont j’aperçus la maison jaune à la lueur d’un éclair qui m’aveugla, et qui fut suivi d’un coup de tonnerre qui fit trembler ma bête et la fit s’arrêter tout court. Sem lui-même s’éveilla de sa léthargie et poussa un gémissement suivi d’un cri de terreur :

― Regarde, Fanfan ! la bête à grand’queue !

Je me retournai pour apercevoir derrière la voiture, deux grands yeux qui brillaient comme des tisons et, tout en même temps, un éclair me fit voir un animal qui poussa un hurlement de bête-à-sept-têtes en se battant les flancs d’une queue rouge de six pieds de long. ― J’ai la queue chez moi et je vous la montrerai quand vous voudrez ! — Je ne suis guère peureux de ma nature, mais j’avoue que me voyant ainsi, à la noirceur, seul avec un homme saoul, au milieu d’une tempête terrible et en face d’une bête comme ça, je sentis un frisson me passer dans le dos et je lançai un grand coup de fouet à ma jument qui partit comme une flèche. Je vis que j’avais la double chance de me casser le cou dans une coulée ou en roulant en bas de la côte, ou bien de me trouver face à face avec cette fameuse bête à grand’queue dont on m’avait tant parlé, mais à laquelle je croyais à peine. C’est alors que toutes mes pâques de renard me revinrent à la mémoire et je promis bien de faire mes devoirs comme tout le monde, si le bon Dieu me tirait de là. Je savais bien que le seul moyen de venir à bout de la bête, si ça en venait à une prise de corps, c’était de lui couper la queue au ras du trognon, et je m’assurai que j’avais bien dans ma poche un bon couteau à ressort de chantier qui coupait comme un rasoir. Tout cela me passa par la tête dans un instant pendant que ma jument galopait comme une déchaînée et que le grand Sem Champagne, à moitié dégrisé par la peur, criait :

― Fouette, Fanfan ! la bête nous poursuit. J’lui vois les yeux dans la noirceur.

Et nous allions un train d’enfer. Nous passâmes le village des Blais et il fallut nous engager dans la route qui longe le manoir de Dautraye. La route est étroite, comme vous savez. D’un côté, une haie en hallier bordée d’un fossé assez profond sépare le parc du chemin, et de l’autre, une rangée de grands arbres longe la côte jusqu’au pont de Dautraye. Les éclairs pénétraient à peine à travers le feuillage des arbres et le moindre écart de la pouliche devait nous jeter dans le fossé du côté du manoir, ou briser la charrette en morceaux sur les troncs des grands arbres. Je dis à Sem :

― Tiens-toi bien mon Sem ! Il va nous arriver un accident.

Et vlan ! patatras ! un grand coup de tonnerre éclate et voilà la pouliche affolée qui se jette à droite dans le fossé, et la charrette qui se trouve sans dessus dessous. Il faisait une noirceur à ne pas se voir le bout du nez, mais en me relevant tant bien que mal, j’aperçus au-dessus de moi les deux yeux de la bête qui s’était arrêtée et qui me reluquait d’un air féroce. Je me tâtai pour voir si je n’avais rien de cassé. Je n’avais aucun mal et ma première idée fut de saisir l’animal par la queue et de me garer de sa gueule de possédé. Je me traînai en rampant, et tout en ouvrant mon couteau à ressort que je plaçai dans ma ceinture, et au moment où la bête s’élançait sur moi en poussant un rugissement infernal, je fis un bond de côté et l’attrapai par la queue que j’empoignai solidement de mes deux mains. Il fallait voir la lutte qui s’ensuivit. La bête, qui sentait bien que je la tenais par le bon bout, faisait des sauts terribles pour me faire lâcher prise, mais je me cramponnais comme un désespéré. Et cela dura pendant au moins un quart d’heure. Je volais à droite, à gauche, comme une casserole au bout de la queue d’un chien, mais je tenais bon. J’aurais bien voulu saisir mon couteau pour la couper, cette maudite queue, mais impossible d’y penser tant que la charogne se démènerait ainsi. À la fin, voyant qu’elle ne pouvait pas me faire lâcher prise, la voilà partie sur la route au triple galop, et moi par derrière, naturellement.



La bête à grand’queue


Je n’ai jamais voyagé aussi vite que cela de ma vie. Les cheveux m’en frisaient en dépit de la pluie qui tombait toujours à torrent. La bête poussait des beuglements pour m’effrayer davantage et, à la faveur d’un éclair, je m’aperçus que nous filions vers le pont de Dautraye. Je pensais bien à mon couteau, mais je n’osais pas me risquer d’une seule main, lorsqu’en arrivant au pont, la bête tourna vers la gauche et tenta d’escalader la palissade. La maudite voulait sauter à l’eau pour me noyer. Heureusement que son premier saut ne réussit pas, car, avec l’air-d’aller que j’avais acquis, j’aurais certainement fait le plongeon. Elle recula pour prendre un nouvel élan et c’est ce qui me donna ma chance. Je saisis mon couteau de la main droite et, au moment où elle sautait, je réunis tous mes efforts, je frappai juste et la queue me resta dans la main. J’étais délivré et j’entendis la charogne qui se débattait dans les eaux de la rivière Dautraye et qui finit par disparaître avec le courant. Je me rendis au moulin où je racontai mon affaire au meunier et nous examinâmes ensemble la queue que j’avais apportée. C’était une queue longue de cinq à six pieds, avec un bouquet de poil au bout, mais une queue rouge écarlate ; une vraie queue de possédée, quoi !

La tempête s’était apaisée et à l’aide d’un fanal, je partis à la recherche de ma voiture que je trouvai embourbée dans un fossé de la route, avec le grand Sem Champagne qui, complètement dégrisé, avait dégagé la pouliche et travaillait à ramasser mes marchandises que le choc avait éparpillées sur la route.

Sem fut l’homme le plus étonné du monde de me voir revenir sain et sauf, car il croyait bien que c’était le diable en personne qui m’avait emporté.

Après avoir emprunté un harnais au meunier pour remplacer le nôtre, qu’il avait fallu couper pour libérer la pouliche, nous reprîmes la route du village où nous arrivâmes sur l’heure de minuit.

― Voilà mon histoire et je vous invite chez moi un de ces jours pour voir la queue de la bête. Baptiste Lambert est en train de l’empailler pour la conserver.


V


Le récit qui précède donna lieu, quelques jours plus tard, à un démélé resté célèbre dans les annales criminelles de Lanoraie. Pour empêcher un vrai procès et les frais ruineux qui s’ensuivent, on eut recours à un arbitrage dont voici le procès-verbal :

« Ce septième jour de novembre 1856, à 3 heures de relevée, nous soussignés, Jean-Baptiste Gallien, instituteur diplômé et maître-chantre de la paroisse de Lanoraie, Onésime Bombenlert, bedeau de ladite paroisse, et Damase Briqueleur, épicier, ayant été choisis comme arbitres du plein gré des intéressés en cette cause, avons rendu la sentence d’arbitrage qui suit dans le différend survenu entre François-Xavier Trempe, surnommé Francis Jean-Jean et Joseph, surnommé Fanfan Lazette.

Le sus-nommé F. X. Trempe revendique des dommages-intérêts, au montant de cent francs, au dit Fanfan Lazette, en l’accusant d’avoir coupé la queue de son taureau rouge dans la nuit du samedi, 3 octobre dernier, et d’avoir ainsi causé la mort dudit taureau d’une manière cruelle, illégale et subreptice, sur le pont de la rivière Dautraye, près du manoir des seigneurs de Lanoraie.

Le dit Fanfan Lazette nie d’une manière énergique l’accusation dudit F. X. Trempe et la déclare malicieuse et irrévérencieuse, au plus haut degré. Il reconnaît avoir coupé la queue d’un animal connu dans nos campagnes sous le nom de bête-à-grand’queue dans des conditions fort dangereuses pour sa vie corporelle et pour le salut de son âme, mais cela à son corps défendant et parce que c’est le seul moyen reconnu de se débarrasser de la bête.

Et les deux intéressés produisent chacun un témoin pour soutenir leurs prétentions, tel que convenu dans les conditions d’arbitrage.

Le nommé Pierre Busseau engagé au service dudit F. X. Trempe, déclare que la queue produite par le susdit Fanfan Lazette lui paraît être la queue du défunt taureau de son maître, dont il a trouvé la carcasse échouée sur la grève, quelques jours auparavant dans un état avancé de décomposition. Le taureau est précisément disparu dans la nuit du 3 octobre, date où le dit Fanfan Lazette prétend avoir rencontré la bête-à-grand’queue. Et ce qui le confirme dans sa conviction, c’est la couleur de la susdite queue du susdit taureau qui quelques jours auparavant, s’était amusé à se gratter sur une barrière récemment peinte en vermillon.

Et se présente ensuite le nommé Sem Champagne, surnommé Sem-à-gros-Louis, qui désire confirmer de la manière la plus absolue les déclarations de Fanfan Lazette, car il était avec lui pendant la tempête du 3 octobre et il a aperçu et vu distinctement la bête à grand’queue telle que décrite dans la déposition dudit Lazette.

En vue de ces témoignages et dépositions et :

Considérant que l’existence de la bête à grand’queue a été de temps immémoriaux reconnue comme réelle, dans nos campagnes, et que le seul moyen de se protéger contre la susdite bête est de lui couper la queue comme paraît l’avoir fait si bravement Fanfan Lazette, un des intéressés en cette cause ;

Considérant, d’autre part, qu’un taureau rouge appartenant à F. X. Trempe est disparu à la même date et que la carcasse a été trouvée, échouée et sans queue, sur la grève du St-Laurent par le témoin Pierre Busseau, quelques jours plus tard ;

Considérant, qu’en face de témoignages aussi contradictoires il est fort difficile de faire plaisir à tout le monde, tout en restant dans les bornes d’une décision péremptoire ;

Décidons : —

1. Qu’à l’avenir le dit Fanfan Lazette soit forcé de faire ses pâques dans les conditions voulues par notre Sainte Mère l’Église, ce qui le protégera contre la rencontre des loups-garous, bêtes-à-grand’queue et feux follets quelconques, en allant à Berthier ou ailleurs.

2. Que le dit F. X. Trempe soit forcé de renfermer ses taureaux de manière à les empêcher de fréquenter les chemins publics et de s’attaquer aux passants dans les ténèbres, à des heures indues du jour et de la nuit.

3. Que les deux intéressés en cette cause, les susdits Fanfan Lazette et F. X. Trempe soient condamnés à prendre la queue coupée par Fanfan Lazette et à la mettre en loterie parmi les habitants de la paroisse afin que la somme réalisée nous soit remise à titre de compensation pour notre arbitrage, pour suivre la bonne tradition qui veut que dans les procès douteux, les juges et les avocats soient rémunérés, quel que soit le sort des plaideurs qui sont renvoyés dos-à-dos, chacun payant les frais.

En foi de quoi nous avons signé,


Jean-Baptisle Gallien,
Onésime Bombenlert,
Damase Briqueleur.


Pour copie conforme.