La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/Table des Eaux-Fortes

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TABLE DES EAUX-FORTES


Frontispice.

Charles est revenu à Roncevaux ;
À cause des morts qu’il y trouve, commence à pleurer :
« Seigneurs, dit-il aux Français, allez le petit pas ;
« Car il me faut aller seul en avant,
« Pour mon neveu Roland, que je voudrais trouver… »

(Vers 2855-2859.)

Fac-simile. — Page c.

Halt sunt li pui e mult halt les arbres.
Quatre perruns i ad luisant de marbre.
Sur l’erbe verte li quens Rollanz se pasmet.
Uns Sarrazins tute veie l’esguardet,
Si se feinst mort, si gist entre les altres,
De l’ sanc luat sun cors e sun visage ;
Met sei en piez e de curre s’astet ;
Bels fut e forz e de grant vasselage ;
Par sun orgoill cumencet mortel rage,
Rollant saisit e sun cors e ses armes
E dist un mot « Vencut est li niés Carles.
« Iceste espée porterai en Arabe. »
En cel tireres li quens s’aperçut alques.

Ço sent Rollanz que s’espée li tolt,
Tient l’olifan que unkes perdre ne volt,
Si l’ fiert en l’ elme ki gemmet fut à or,
Fruisset l’acer e la teste e les os,
Amsdous les oilz de l’ chef li ad mis fors,

Jus à ses piez si l’ad tresturnet mort ;
Après li dit : « Culvert païen, cum fus unkes si os
« Que me saisis ne à dreit ne à tort ?
« Ne l’orrat hume ne t’en tienget por fol.
« Fenduz en est mis olifans el’ gros ;
« Ça juz en est li cristals e li ors. »

Ço sent Rollanz la veüe a perdue :
Met sei sur piez, quanqu’il poet s’esvertuet.

(V. le Texte critique et la Traduction, vers 2271-2297.)

Page 11.

... Sous un pin, près d’un églantier,
Est un fauteuil d’or massif.
C’est là qu’est assis le roi qui tient douce France.
Sa barbe est blanche, et son chef tout fleuri ;
Son corps est beau, et fière est sa contenance.
À celui qui le veut voir il n’est pas besoin de le montrer...
Les messagers païens descendent de leurs mules,
Et saluent Charles en tout bien, tout amour.

(Vers 114-121.)

Page 93.

. . . . . . . . . L’archevêque Turpin
Pique son cheval et monte sur une colline.
Puis s’adresse aux Français et leur fait ce sermon :
« Seigneurs barons, Charles nous a laissés ici :
« C’est notre roi : notre devoir est de mourir pour lui.
« Chrétienté est en péril, maintenez-la...
« Or, battez votre coulpe, et demandez à Dieu merci.
« Pour guérir vos âmes je vais vous absoudre.
« Si vous mourez, vous serez tous martyrs ;
« Dans le grand Paradis vos places sont toutes prêtes. »
Français descendent de cheval, s’agenouillent à terre,
Et l’Archevêque les bénit de par Dieu :
« Pour votre pénitence, vous frapperez les païens. »

(Vers 1124-1129 et 1132-1138.)

Page 109.

Au milieu du champ de bataille chevauche le comte Roland,
Sa Durendal au poing, qui bien tranche et bien taille,
Et fait grande tuerie des Sarrasins.
Ah ! si vous aviez vu Roland jeter un mort sur un autre mort,
Et le sang tout clair inonder le sol...
Tous les Français frappent, tous les Français massacrent.
Et les païens de mourir.....

(Vers 1338-1342 et 1347, 1348.)

Page 143.

Le comte Roland à grande peine, à grande angoisse
Et très-douloureusement sonne son olifant ;
De sa bouche jaillit le sang vermeil,
De son front la tempe est rompue ;
Mais de son cor le son alla si loin !

(Vers 1761-1765.)

Page 175.

Roland, portant le corps d’Olivier, est revenu vers l’Archevêque.
Il a déposé tous les autres Pairs, en rang, aux genoux de Turpin.
L’Archevêque ne peut se tenir d’en pleurer.
Il élève la main, il leur donne sa bénédiction :
« Que Dieu le glorieux ait toutes vos âmes ;
« Qu’en Paradis il les mette en saintes fleurs !
« Ma propre mort me rend trop angoisseux :
« Plus ne verrai le grand empereur. »

(Vers 2191-2198.)

Page 191.

Il est là gisant, le comte Roland.
Il a tendu à Dieu le gant de sa main droite :
Saint Gabriel l’a reçu.
Alors la tête de Roland s’est inclinée sur son bras,
Et il est allé mains jointes à sa fin.
Dieu lui envoie un de ses Anges chérubins
Et saint Michel du Péril.
L’âme du comte est emportée au Paradis.

(Vers 2375 et 2390-2396.)

Page 199.

... Le Roi s’aperçoit que le soir descend.
Alors il met pied à terre sur l’herbe verte, dans un pré,
S’y prosterne et supplie le Seigneur Dieu
De vouloir bien pour lui arrêter le soleil,
Dire à la nuit d’attendre, au jour de demeurer...
Pour Charlemagne Dieu fit un grand miracle ;
Car le soleil s’est arrêté, immobile, dans le ciel.

(Vers 2447-2451 et 2458, 2459.)

Page 231.

Le roi Charles revient de sa pâmoison :
Quatre de ses barons le tiennent par les mains.
Il regarde à terre, il y voit le corps de son neveu...
Roland a perdu toutes ses couleurs, mais il a encore l’air gaillard ;
Ses yeux sont retournés et pleins de ténèbres.
Et voici que Charles se met à le plaindre :
« Ami Roland, que Dieu mette ton âme en saintes fleurs ! »

(Vers 2892-2898.)

Page 287.

... L’Émir est d’une force terrible :
Il frappe Charlemagne sur le heaume d’acier brun,
Il le lui fend et casse sur la tête.....
Charles chancelle ; un peu plus il serait tombé ;
Mais qu’il meure ou qu’il soit vaincu, c’est ce que Dieu ne permet pas.
Saint Gabriel s’abat près de lui :
« Grand roi, lui dit-il, que fais-tu ? »
Quand Charlemagne entend la sainte voix de l’Ange,
Il n’a plus peur, il ne craint plus de mourir...

(Vers 3602-3604 et 3608-3613.)

Page 295.

Une belle damoiselle vient à Charles : c’est Aude.
Elle dit au Roi : « Où est Roland le capitaine,
« Qui m’a juré de me prendre pour femme ?... »
— « Sœur, chère amie, tu me demandes nouvelles d’un homme mort.
« Mais, va ! je saurai te remplacer Roland :
« Je ne puis mieux te dire : je te donnerai mon fils... »
— « Ce discours m’est étrange, répond belle Aude.
« Ne plaise à Dieu, ni à ses saints, ni à ses anges,
« Qu’après Roland je vive encore. »
Lors elle perd la couleur et tombe aux pieds de Charles.
Elle est morte. Dieu veuille avoir son âme !

(Vers 3708-3721.)

Page 315

... On fait alors avancer quatre destriers ;
Puis on lie les pieds et les mains du traître ;
Rapides et sauvages sont les chevaux.
Dieu ! quelle fin pour Ganelon !
Tous ses nerfs sont effroyablement tendus,
Tous ses membres s’arrachèrent de son corps :
Le sang clair ruisselle sur l’herbe verte.

(Vers 3964-3972.)