La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/Laisse 88
LXXXVIII | |||
1110 | Quant Rollanz veit que la bataille serat, | Quand Roland voit qu’il y aura bataille, | |
Plus se fait fier que leun ne leupart ; | Il se fait plus fier que lion ou léopard. | ||
Franceis escriet, Oliver apelat : | Il interpelle les Français, puis Olivier : | ||
« Sire cumpainz, ami, ne l’ dire ja. | « Ne parlez plus ainsi, ami et compagnon ; | ||
« Li Emperere ki Franceis nus laisat, | « L’Empereur, qui nous laissa ses Français, | ||
1115 | « Itels .xx. milie en mist à une part, | « A mis à part ces vingt mille que voici. | |
« Sun escientre, n’en i out un cuard. | « Pas un lâche parmi eux : Charles le sait bien. | ||
« Pur sun seignur deit hom suffrir granz mals, | « Pour son seigneur on doit souffrir grand mal, | ||
« E endurer e forz freiz e granz chalz, | « Endurer le froid et le chaud, | ||
« Si’n deit hom perdre del sanc e de la char. | « Perdre de son sang et de sa chair. | ||
1120 | « Fier de ta lance e jo de Durendal, | « Frappe de ta lance, Olivier, et moi, de Durendal, | |
« Ma bone espée que li Reis me dunat. | « Ma bonne épée que me donna le Roi. | ||
« Se jo i moerc, dire poet ki l’ averat, | « Et si je meurs, qui l’aura pourra dire : | ||
« Que ele fut à nobile vassal. » | Aoi. | « C’était l’épée d’un brave ! » |
Vers 1110. — On peut effacer la.
Vers 1111. — Fiers. O. C’est ici le cas régime, et il faut fier. ═ Leon. O. V. la note du v. 30. ═ On pourrait écrire également leuparz.
Vers 1113. — Amis. O. V. notre note sur les vocatifs (au v. 15).
Vers 1114. — Nos. O. ═ Lire laissat. (Note du v. 265.)
Vers 1117. — Susfrir. O. Erreur du scribe.
Vers 1119. — Char. Lire carn. V. la note du v. 3436.
Vers 1120. — Ta n’est pas dans O. Mu. a suppléé la, et je pense qu’il a raison ; car Roland ne tutoie pas Olivier.
Vers 1122. — Avrat. Mu.
Vers 1123. — E purrunt dire que ele fut à noble vassal. O. La correction est de Mu.