La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/Laisse 152
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CLII | |||
Quant veit Rollanz que morz est sis amis, | Quand Roland voit que son ami est mort, | ||
2025 | Gesir adenz, à la tere sun vis, | Quand il le voit là, gisant la face contre terre, | |
Mult dulcement à regreter le prist : | Très-doucement se prit à le regretter : | ||
« Sire cumpainz, tant mar fustes hardiz ! | « Mon compagnon, dit-il, quel malheur pour ta vaillance ! | ||
« Ensemble avum estet e anz e dis ; | « Bien des années, bien des jours, nous avons été ensemble. | ||
« Ne m’ fesis mal, ne jo ne l’ te forsfis. | « Jamais tu ne me fis de mal, jamais je ne t’en fis : | ||
2030 | « Quant tu es morz, dulurs est que jo vif. » | « Quand tu es mort, c’est douleur que je vive. » | |
A icest mot se pasmet li marchis | À ce mot, le marquis se pâme | ||
Sur sun cheval qu’om cleimet Veillantif ; | Sur son cheval, qui s’appelle Veillantif ; | ||
Afermez est à ses estreus d’or fin : | Mais il est retenu à ses étriers d’or fin : | ||
Quel part qu’il alt, ne poet mie chaïr. | Aoi. | Où qu’il aille, il ne peut tomber. |
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Vers 2024. — Mort est sun ami. O. Pour le cas sujet, il faut Morz est sis amis. Bartsch propose, d’après le manuscrit de Venise : Li quens Rollanz, quant mort vit son ami. (Chrestomathie française, 29, 45.)
Vers 2026. — Bartsch ajoute ici un vers emprunté à la version de Venise IV : Ne poet muer non plurt et non sospir. On peut, en effet, l’ajouter au texte critique, mais sous cette forme qui se trouve au vers 2380 :
Ne poet muer n’en plurt e ne sospirt.
Vers 2027. — Cumpaign. O. V. la note du vers 1051.
Vers 2030. — Lire p.-e. ies. O.
Vers 2032. — Son. Mu. Le manuscrit porte très-distinctement sun. ═ Ceval. O. V. la note du vers 1379.
Vers 2033. — Afermet. O. Pour le cas sujet, il faut afermez.
Vers 2034. — Chaïr. V. au Glossaire les autres formes de ce mot.
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