La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition critique/Glossaire

Anonyme, édition de
Alfred Mame et Fils (p. 275-463).

GLOSSAIRE


ABRÉVIATIONS
EMPLOYÉES DANS LE GLOSSAIRE


Act. 
 Actif.
Adj. 
 Adjectif.
Adv. 
 Adverbe.
Art. 
 Article.
Barb. 
 Barbare.
Cond. 
 Conditionnel.
Conj. 
 Conjonction.
F. 
 Féminin.
Fut. 
 Futur.
Germ.. 
 Germanique.
Imparf. 
 Imparfait.
Impér. 
 Impératif.
Ind. 
 Indicatif.
Inf. 
 Infinitif.
Lat. 
 Latin.
Loc. 
 Locution.
M. 
 Masculin.
N. 
 Neutre.
P. (après 1re, 2e, 3e). 
 Personne.
P. 
 Pluriel.
Parf. simpl. 
 Parfait simple.
Parf. comp. 
 Parfait composé.
Part. pr., et pass. 
 Participe présent, et passé.
Prép. 
 Préposition.
Pr. ou prés. 
 Présent.
Pron. 
 Pronom.
R. 
 Régime.
R. s. 
 Régime singulier.
R. p. 
 Régime pluriel.
Réfl. 
 Réfléchi.
S. (employé seul) 
 Singulier.
S. s. 
 Sujet singulier.
S. p. 
 Sujet pluriel.
Subj. 
 Subjonctif.
Subst. 
 Substantif.
Voc. 
 Vocatif.
V. ou Voy. 
 Voyez.

*** Quand la partie du discours n’est pas spécifiée, il s’agit d’un substantif.

(?) Étymologie incertaine ou inconnue.

GLOSSAIRE


A


A. Préposition. (Du latin ad et, plus rarement, d’a, ab.) Ce mot présente, dans le texte d’Oxford, les significations suivantes : 1° A offre tout d’abord le sens étymologique et primordial de vers, dans la direction de ; en d’autres termes, il exprime « l’idée de tendance » : Angles de l’ ciel i descendent a lui, 2374. Le sens devient plus précis, et se rapproche de celui de sur dans l’expression : A la terre se culchet, 2013. Mist la main a l’espée, 443. Et, ailleurs, a va jusqu’à signifier dans : Quant cascuns ert a sun meillor repaire, 52. A Ais, 2556, etc. ═ 2° A indique, non-seulement une direction prise, mais un but atteint : Par mun saveir vinc-jo a guarisun, 3774. Cunduit a mendisted, 527. ═ 3° Un des sens les plus fréquents d’a est celui d’avec. C’est le seul pour lequel on puisse faire dériver a de la préposition latine ab : A l’une main si ad sun pis batud, 2368. L’olifant sunet a dulor e a peine, 1787. Funt les enguardes a XX milie chevalers, 548, etc. etc. De ce sens en dérive un autre : Espées a or, 1798, etc. ═ 4° A signifie encore pendant : Metez le siége a tute vostre vie, 212. A mun vivant, 791. ═ 5° Pour. Il s’emploie ainsi avec le verbe juger (le latin disait également condemnare ad : Si me jugat a mort e a dulur, 3772. ═ 6° Par : A mil Franceis funt ben cercer la vile, 3661. ═ 7° D’après, à cause de : Le recunut... a l’ fier visage e a l’ reguart, 1596-1598. ═ 8° Selon, suivant : Sire a vostre comant, 946. ═ 9° Comme, en qualité de : E cil de France le cleiment a guarant, 1161. ═ 10° A l’avantage de : A l’ Jhesu e a l’ mien, 339. ═ 11° A indique le moment et équivaut à lors de : Vos le siurez a la feste seint Michel, 37. A icest mot, 1481. A icest colp, cil de France s’escrient, 3365. — 12° Locutions diverses. A ben petit que il ne pert le sens, 305, etc. etc. ═ A s’emploie avec les verbes comme avec les substantifs : Cumencet a penser, 138. Mur ne citet n’i est remés a fraindre, 5. ═ A devant une voyelle devient souvent ad, qui est plus étymologique : ad Ais, 36, 52, etc. etc. ═ A combiné, contracté, fondu avec le (ad illum), donne al ; avec les (ad illos, ad illas), il donne as : A lduel qu’il ad, 3817. As Innocenz vos en serez seant, 1480. Voyez al (que nous écrivons à l’) et as.

A. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. (Habet.) La forme presque toujours employée dans notre poëme est ad ; mais on trouve aussi at et a. Cette dernière forme se rencontre aux vers 1244, 1785, 1957, 2297.

AATES. Adj. s. s. m. Rapide, excité. (Dérive, d’après M. Diez, du nordique at (?), excitation au combat, etc.) Li destrers est aates, 1651. — S. p. m. aates : Lur chevals sunt aates, 3876.

ABANDUNET. Verbe employé tantôt à l’actif, tantôt au réfléchi ; 3e p. s. de l’ind. prés. (Le mot bandun : Si se met en bandun, 1220, vient d’un vocable tel que bando, synonyme de bannus, derivé du germ. bann, band. Aller à bandun, à sun bandun, c’est « aller à sa volonté, à sa guise ». De là le verbe abanduner et s’abanduner qui a encore dans la Chanson de Roland un sens très-primitif.) ═ 1° Actif : ind. prés. 3e p. s. Le frein li abandunet, 1493. — Part. prés. (avec le sens du part. passé) : Seint Pareïs vos est abandunant, 1479. ═ 2° Réfléchi : ind. prés.3e p. s. De mort s’abandunet, 390. 3e p. p. A nus s’abandunent, 928. Cf. 3082.

ABAT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. (Abatit, de abattere, pour a-battuere.) Plus en abat que jo ne vos sai dire, 2339. Cf. 1204, 1534, 1579. — Parf. simpl., 3e p. s. : abatiet, 1317, et abatied, 98. — Parf. comp. 3e p. s. avec un r. s. m. Si l’a mort abatut, 1957. Cf. 3929. Avec un r. s. f. : ad la porte abatue, 3650. — Part. passé, r. s. m. : abatut, 1957, 2083, 3929. R. s. f. : abatue, 3650.

ABEZ. R. p. m. (Abbates.) Asez i ad evesques e abez, 2955.

ABISME. S. s. m. (Abyssimus.) Nom d’un Sarrazin, 1631. — R. s. m. : abisme : Ne laisserat qu’Abisme nen asaillet, 1659.

ACELIN. S. s. m. (Acelinus.) Nom d’un comte français : Naimes li dux e li quens Acelin, 2882. — R. s. m. : Acelin, 172.

ACERS. S. s. m. (Aciarius.) On trouve au cas sujet du s. les deux formes : acers (1362, 2302, 2313), et acer (1507, 1953). — Au cas régime du s., acer (997, 2089, 3431, 3926, etc.). Ce mot ne se trouve, comme assonance, que dans les couplets en ier. C’est donc aciers, acier, qu’il faut restituer.

ACHEVÉE (estre). Verbe passif, infinit. prés. (Achever est de la famille de chef, et vient directement d’un vocable barbare : adcapitare. Achevée vient d’adcapitata.) Ceste bataille... ne poet estre achevée, 3577, 3578.

ACHIMINEZ (sunt). Verbe pass. 3e p. s. de l’ind. prés. (Chemin venant de caminus, acheminer vient de ad-caminare.) Vers dulce France tuit sunt achiminez, 702. ═ Réfléchi, 3e p. s. du parf. comp., avec un s. s. m. : S’est achiminez : Entret en sa veie, si s’est achiminez, 365.

ACOEILLENT. Verbe actif, 3e p. p. de l’indic. présent (Accolligunt) : Quatre serjanz les acoeillent devant, 3967. Le sens est ici celui de saisissent. — Parfait simpl., 3e p. s. : Aquillit : Si’s aquillit e tempeste e oret, 689.

ACORDE. R. s. f. (Lat. barb. accordiam. Accorde est la forme féminine qui correspond à la forme masculine accord. Ce sont les deux substantifs verbaux d’acorder.) Se ceste acorde ne vulez otrier, 433.

ACORDER. Verbe actif, inf. prés. Réconcilier (Accordiare) : Guenelun fai acorder á l’ rei, 3895. Cf. 74. On dit aussi : s’acorder à quelqu’un : A Charlemagne se vuldrat acorder, 2621.

ACRAVENTET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. Renverser, mettre bas, détruire (Accrepentat, diminutif de accrepat) : E flurs e (perres) en acraventet jus, 1955. Deus le guarit que mort ne lacraventet, 3923.

ACUMINIEZ (sunt). Verbe passif, 3e p. p. de l’ind. prés. « Ont reçu la communion » (Accommunicati sunt) : Oent lur messes e sunt acuminiez, 3860.

ACUNTER. Verbe actif, inf. prés. Ce mot a deux sens : 1° Compter, supputer, et 2° Raconter (Accomputare) : Sul les escheles ne poet il acunter, 1034. Cf. 534. — Parf. comp. 3e p. s. : ad acuntet : Vint as Franceis, tut lur ad acuntet, 1038. — Part. pass., r. s. n. : acuntet, 1038.

ACURT. Verbe neutre, 3e p. s. de l’ind. prés. (Accurrit) : De sun paleis vers les altres acurt, 2563.

AD. Prép. Voy. à (du latin ad). Ad Ais, 36, 52, 2555, 3744, etc., etc. — Gemmet ad or, 1542, etc. En ce dernier cas le d est euphonique, et non pas étymologique. Au reste, lorsque, dans le cours de nos Notes, nous nous sommes, pour ad, servi du mot « euphonique », ce mot n’implique point l’étymologie.

AD. Verbe actif, 3e p. s. de l’ind. prés. (Habet) : N’i ad paien ki un sul mot respundet, 22, etc. Voy. Aveir. Il convient seulement d’observer que dans la loc. précédente : N’i ad paien, le subst. est toujours au cas régime : Cel n’en i ad ki de pitet ne pluret, 822. E terremoete ço i ad veirement, 1427. Ce dernier exemple est précieux, en ce qu’il nous montre ço comme le sujet véritable de ad. Ailleurs c’est il. Toujours un neutre, exprimé ou sous-entendu. = Ad, pour plus de force, se combine dans ce sens avec par : De cels d’Arabe si grant force i par ad, 3331.

ADEISET. Verbe actif, réfl. et n., 3e p. s. de l’ind. prés. Adeser signifie toucher, et vient (??) d’un diminutif d’adhœrere formé sur adhœsum : Pluie n’i chet, rusée n’i adeiset, 981. — Parf. simple, 3e p. p. s’adeserent : Dedenz cez cors mie ne s’adeserent, 3572. — Parf. comp, 3e p. s. ad adeset, 1997. 3e p. p. : unt adeset, 2159. — Subj. prés., 3e p. s. : adeist, 2436, 2437, 2438. — Part. pass., r. s. m. : adeset, 1997, 2159.

ADEMPLIR. Verbe act., inf. prés. Remplir (Adimplere) : Ademplir voeill vostre comandement, 309.

ADENZ. Locution adjective ou adverbiale. Étendu, couché sur le ventre (du côté du visage, ad dentes) : L’un gist sur l’altre e envers e adenz, 1624. Cf. 2025 et 2358.

ADESERENT (s’) 3572. V. Adeiset.

ADESET (ad et unt), 1997, 2159. V. Adeiset.

ADESTRANT. Part. prés., s. s. m. Se tenant à la droite de... (A-dextrans) : Espaneliz fors le vait adestrant, 2648.

ADOBEZ (sunt), 1143. V. Aduber.

ADORER, 2619. V. Aürer, qui est la forme ancienne et exacte.

ADUB. S. p. m. Armures, équipage militaire. (Du germ. dubban, frapper. On adubait, on armait un chevalier per alapam, en le frappant sur le cou.) C’est le substantif verbal d’aduber : Cuntre le soleil reluisent cil adub, 1808.

ADUBER. Verb. act., inf. prés. Armer. (Germ. dubban, frapper, et non adoptare. V. Adub.) Paien descendent pur lur cors aduber, 3139). S’aduber, 993. — Ind. prés., 3e p. s. : s’adubet, 2987. 3e p. p. : adubent, 1797. ═ Au réfl. : s’adubent, 994. ═ Et au passif : sunt adobez, 1143. — Impér., 2e p. p. : adubez vos, 1743 et 3134. — Part. pass. r. p. f. : adubées, 713. S. p. m. : adobez, 1143 V. le suiv.

ADUBEZ. Part. pass., employé substantivement, s. p. m. (On dit les adoubés pour les chevaliers.) De cels de France XX. milie adubez, 2777. Cf. 2470.

ADURÉE. Adj. s. s. f. Terrible (Addurata) : La bataille est adurée endementres, 1396. — R. s. f. : adurée, 1460, 3304.

AFAITAD. Verbe act., 3e p. s. du parf. simple. Saisit, mania (Affectavit, qui avait le sens de saisit, même en « bon » latin) : Si duist sa barbe, afaitad sun gernun, 215.

AFERMET (est). Verbe passif, 3e p. s. de l’ind. prés., avec un s. s. m. Il est attaché (Affirmatus est) : Afermet est à ses estreus d’or fin, 2033. — Part. pass., s. s. m. : afermet, 2033.

AFFLICTIUN. R. s. f. Esprit de pénitence, de componction (Afflictionem) : Ki par noz Deus voelt aveir guarisun, — Si’s prit e servet par grant afflictiun, 3271, 3272.

AFFRICAN. Adj. employé substantivement, r. s. m. Africain (Africanum) : D’Affrike i ad un affrican venut, 1550.

AFFRIKE. R. s. f. Afrique (Africam), 1550, 2924.

AFIANCER. Verbe act., inf. prés. Avoir ou obtenir la confiance (Affidantiare) : S’en volt ostages, e vos l’en enveiez... pur lui afiancer, 41. Ce mot se trouve en assonance dans un couplet en ier. Il faut donc restituer afiancier.

AFICHÉE. Part. passé employé adjectivement, s. s. f. Acharnée (Ad et un composé de figere, tel, suivant Diez, que figicare ; affigicata) : La bataille est afichée, 3393.

AFICHÉEMENT. Adv. Fermement (Affigicata-mente) : Puis si chevalchet mult afichéement, 3117.

AFICHET (s’est). Verbe réfl., 3e p. s. du parf., comp. avec un s. s. m. S’est entêté, obstiné. (Voy. le préc.) Puis que il l’ad dit, mult s’en est afichet, 2665. — Part. pass. s. s. f. : afichée, 3393. ═ Restituer afichier, afichiée, ce mot se trouvant, comme assonance, dans une laisse en ier.

AFILET (s’). Verbe réfl., 3e p. de l’ind. prés. Se répand, coule (Filum signifie fil, filet ; d’où : se affilare, couler comme un filet d’eau) : Sur l’erbe verte li cler sancs s’en afilet, 1614.

AFINET (estre). Verbe pass., inf. prés. Être terminé (Affinare, affinatum) : Seinz hume mort ne poet estre afinet, v. 3914. — Parf. comp., 1re p. p., avec un r. p. f. : Tantes batailles en avum afinées, 1465. — Part. pass. s. s. n. afinet, 3914. R. p. f. afinées, 1465.

AFUBLENT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. Revêtent (Affibulant) : Tert lui le vis od ses granz pels de martre. — Celes met jus, puis li afublent altres, 3941. ═ Ind. prés. passif, 3e p. s., avec un s. s. m. : afublez est d’un mantel sabelin, 462. — Part. pass., s. s. m. : afublez, 462.

AGIET (s’), 2545, pour se get, 3e p. s. du subj. prés. de geter.

AGIEZ. R. p. m. Espèce de flèches. (Etymologie douteuse. On peut ramener ce vocable à la famille des mots jet, jeter. Cf. cependant : algeir, algier.) Il lancent lor... e museraz e agiez, 2075.

AGREGET. Verbe neutre, 3e p. s. de l’ind. prés. Augmente (Aggregat avec le sens du passif) : Idunc agreget le doel e la pitet, 2206

AGUT. Adj. r. s. m. Aigu, pointu (Acutum) : Sur l’elme à or agut, 1954. Cf. 2365. — R. p. m. aguz : Brochet le bien des aguz esperuns, 1530.

AHAN. R. s. m. Douleur. (Origine inconnue ; peut-être un mot d’harmonie imitative.). Mult ad apris ki bien conuist ahan, 2524. Cf. 2474 et 3963. — R. p. m. ahans : Mult unt oüd e peines et ahans, 268. Cf. 864, 1761.

AHI ! Interjection : ahi ! culvert, malvais hom de put aire, 763.

AI. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. (Habeo), 18, 521, 863, etc. V. Aveir.

AIDER. Verbe act., inf. prés. (Adjuvare) : Prozdom i out pur sun seigneur aider, 26. Cf. 1676, 2169. — Fut. 2e p. p. aiderez, 945, et, dans une laisse en ei, aidereiz, 3557. — Impér., 2e p. s. aïe nos, 1906 ; 2e p. p. aidez, employé absolument, sans régime : E Franceis crient : Carlemagne, aidez, 2546 ; aidez nos, 630 (Cf. 364 et 1229), et aiez nos, 3641. — Subj. prés., 3e p. s. : aït, 1865 et 3358, et aiut, 781, 1964, 2044, 2e p. p. aidez (?), 623. — Subj. imparf. aidast : Sempres caïst se Deus ne li aidast, 3439. ═ Ce mot ne se trouvant, comme assonance, que dans les laisses en ier, c’est aidier, aidiez, qu’il faut lire.

AIE. Verbe actif, 1re p. s. du subj. prés. (Habeam), 2901. V. Aveir.

AÏE. R. s. f. Aide (Adjudam) Bosuign avum d’aïe, 1619. Cf. aïue.

AIES. Verbe act., 2e p. s. du subj. prés. d’aveir (Habeas), 1954, 1960. V. Aveir.

AIEZ. Verbe act., 2e p. p. de l’impér. d’aider (Adjuvetis), 1906, 3641. V. Aider.

AIEZ. Verbe act., 2e p. p. du subj. prés. d’aveir (Habeatis), 239, 1015. V. Aveir.

AIM. Verbe act., 1re p. s. de l’ind. prés. d’amer (Amo), 306, 635, 3406. V. Amer.

AIMET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. d’amer (Amat), 1092, 1636. V. Amer.

AIMENT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. d’amer (Amant), 325. V. Amer.

AINZ. Ainz que. Conj. Avant que (Antequam) : ainz que Rollanz se seit aperceüt, 2035. Cf. einz.

AÏR. R. s. m. Colère. (Substantif verbal d’aïrer, venant d’adirare.) Par tel aïr, 722.

AIRE. R. s. m. 763, 2252. Le sens et l’origine de ce mot ont été l’objet de longues discussions. On peut ramener à deux les principales opinions qui ont été émises à ce sujet. Les uns, avec MM. Raynouard et Littré, voient dans aire une forme du mot aer, signifiant « air, manière, façon ». Les autres, avec MM. Génin et Gachet, dérivent aire d’area : ce mot, suivant eux, aurait signifié place ; puis, plus particulièrement, nid ; et enfin, par extension, extraction, origine. Ce dernier sens paraîtrait spécieux, et MM. Gachet fait remarquer avec raison qu’il peut seul expliquer des expressions telles que la suivante : Si fu estrais de gentil aire. (Philippe Mouskes, vers 1877.) Quoi qu’il en soit, on trouve dans notre Chanson : Malvais hom de put aire, 763, et Chevaler de bon aire, 2252. Le mot est masculin, comme on le voit, et c’est une difficulté pour le faire dériver d’area.

AIS. R. s. Nom de ville (Aquas), 52, 3706, 3873, 3984, etc. V. Eis.

AIS. Prép. Voici, voilà (Ecce) : Ais li un angle ki od lui soelt parler, 2452. Cf. 3818 et 3403. Voy. As.

AIT. Ce mot, qui ne se rencontre que dans ces expressions : Brocher ad ait, 1184, 1381, 1802, et Puignent ad ait, 1844, appartient étymologiquement à la même famille qu’aates. Cf. Eit. 3350.

AIT. Verbe actif, 3e p. s. du subj. prés. d’aveir (Habeat), 82, 1047. 1442, 3981. V. Aveir.

AIT. Verbe actif, 3e p. s. du subj. prés. d’aider (Adjuvet), 1863, 3358. V. Aider.

AÏTANT. Adv. Ici, ici-même, et par extension, aujourd’hui (Ad-ibitantum ??) : Pramis nus est : fin prendrum aïtant, 1476. M. Bartsch. Chrestomathie, p. 594, écrit en deux mots : à itant.

AITRES. R. p. Aîtres. parvis (Atria) : En aitres de musters, 1750.

AÏUDE. R. s. f. Aide (Adjutam) fait sur le supin adjūtum, d’adjuvare : De Mahumet ja n’i averez aiude, 1336.

AÏUE. C’est le même substantif qu’aiude, avec la suppression du d. Il est employé interjectivement dans un vers de notre poëme (?) : Seinte Marie, aiue ! 2303.

AIUNS. Verbe act., 1re p. p. du subj. prés. d’aveir (Habeamus), 60. V. Aveir.

AÏUT. Verbe act., 3e p. s. du subj. prés. d’aider (Adjuvet), 781, 1964, 2044. V. Aider.

AJURNÉE R. s. f. Le moment où se lève le jour (Addiurnatam) : Entrequ’à l’ajurnée, 3731. Cf. 715.

AJURNEZ (est). Verbe pass. 3e p. s. de l’ind. prés. Se dit du jour qui se lève (Addiurnatus est) : Cum pes-(mes) jurz nus est hoi ajurnez, 2147. V. le précédent.

AJUSTÉE. R. s. f. Unches mais hom tel ne vit ajustée, 1461, 3322. Cf. 3394 (Ad-juxtatam). Ce mot est-il un substantif ou un participe se rapportant au mot bataille ? Il y a doute. V. le suivant.

AJUSTET (s’). Verbe actif et réfl. 3e p. de l’ind. prés. Se place à côté (Se ad-juxtat) : Devant Marsilie as altres si s’ajust(et), 919. — Parf. simple, 3e p. p. : ajusterent, 3562. — Part. prés. s. p. m. : ajustant, 1169, 3024. — Part. passé, r. p. m. : ajustez : Francs e païens as les vus ajustez, 1187. ═ Le substantif ajustée n’est sans doute qu’un participe employé substantivement, 1461, 3322, 3394.

AL (a l’). Art. au dat. s. m. (Ad illum), 27, 253, 733, 1545, 1551, 3817, etc. etc. V. à.

ALAST. Verbe neutre ; imparf. du subj. 3e p. s., 2230. V. Aler.

ALAT. Verbe neutre, parf. simpl., 3e p. s. d’aler, 1407, 2169. V. Aler.

ALBE. S. s. f. L’aube, le point du jour (Alba) : Tresvait la noit e apert la clere albe, 737. — R. s. f. albe : Par main en l’albe, 667. Cf. 2845.

ALDE. S. et r. s. f. Nom de la fiancée de Roland (Alda), 1720, 3708, 3717, 3723.

ALÉE (est). Verbe neutre, 3e p. s. parf. comp. avec un s. s. f. : Alde la bel(le) est à sa fin alée, 3723. V. Aler.

ALEIENT (s’), 990. V. Alient.

ALEINE. R. s. f. (D’un subst. verbal d’anhelare, par transposition de l’n et de l’l.) Cel corn ad lunge aleine, 1789.

ALEMAIGNE. R. s. f. (Alemaniam), 3038, 3977. V. le suivant.

ALEMAN. S. p. m. (Allemanni, germ. all-mann), 3960 ; et alemans, 3038. — R. p. m : alemans, 3701, 3795.

ALER. Verbe actif, inf. pr. (Adnare ??) 254, 353, 2661, 2773. — Ind. prés. 2e p. p. alez, 1783. — Parf. simpl., 3e p. s. alat, 1407, 2169. — Parf. comp., 3e p. s., avec un s. s. m. : est alez, 11, 165 ; s’en est alez, 501 ; est alet, 533, 1246, 2357, 2392. Avec un s. s. f. : est alée, 3723. 3e p. p., avec un s. p. m. : sunt alet, 3793 ; sunt alez, 3128. — Impér. 1re p. p. alum, 1868, et aluns, 1676 ; 2e p. p. : alez, 251, 272, 1165, 2182. — Subj. prés. 1re p. s. : alge, en alge, m’en alge, 1646, 288, 187. 2e p. s. : t’en alges, 2978 ; 3e p. s. alge, 1657, et alt, 2034, 2617, 3340. 2e p. p. algez, 2673. 3e p. p. s’en algent, 2061, 3476. Imparf., 3e p. s. alast, 2230. — Part. passé s. s. m. alez, 11, 165, et alet, 553, 1246, 2357, 2392. S. s. f. alée, 3723. S. p. m..alet, 3793, et alez, 3128.

ALEXANDRIN. Adj. r. s. m. D’Alexandrie (Alexandrinum), 408, 463. Cette épithète s’applique, dans les deux cas, au mot palie : Un palie alexandrin.

ALGALIFES. S. s. m. Calife. (D’origine arabe, al, le et khalifa, successeur du Prophète.) 453. — R. s. m. algalife, 193, et algalifes. 681.

ALGE. Verbe neutre 1re et 3e p. s. du subj. prés. d’aler. V. ce mot.

ALGEIR. R. s. m. Nom d’une sorte de javelot. (Origine très-douteuse, quoique M. Génin dise à ce sujet : « Algier est d’origine arabe, al gier. Gier est la traduction (?) du bas latin gessum, gœsum, une pique. » (Roland, p. 409.) De sun algier ad la hanste crollée, 442. Cf. agiez et surtout algier.

ALGENT. Verbe neutre, 3e p. p. du subj. prés. d’aler.

ALGES. Verbe neutre, 2e p. s. du subj. prés. d’aler.

ALGEZ. Verbe neutre, 2e p. p. du subj. prés. d’aler. Pour ces trois mots, voy. Aler.

ALGIER. R. s. m. : Un algier tint, 439. Le même qu’algeir, 439.

ALIENT (s’). Verbe réfléch., 3e p. p. de l’ind. prés. Se rallient (Se alligant) : Son dragun porte à qui sa gent s’alient, 1641. Cf. 990 : A icez moz li XII Per s’aleient. C’est le même mot, mais dans un couplet féminin en ei.

ALIXANDRE. Nom de ville. R. s. f. Alexandrie (Alexandriam) : Suz alixandre ad un port juste mer, 2626.

ALMACE. Nom de l’épée de Turpin. (?) R. s. f. : Il trait Almace, s’espée d’acer brun, 2089.

ALMACUR. R. s. m. Sansun li dux vait ferir l’almacur, 1275. Almacur : Uns almacur i ad de Moriane, 909. — R. p. m. : almacurs, 849. ═ Dans son Glossaire du Chevalier au Cygne, M. Gachet reproduit diverses opinions sur l’étymologie de ce mot, dont l’origine est évidemment arabe : Al-mansour, al-mansor, le Victorieux, le Protégé de Dieu.

ALMARIS. S. s. m. Nom d’un roi sarrazin (?) : Reis almaris de l’ regne de Belferne — Une bataille lur livrat... 812, 813.

ALNE. R. s. f. Aune, mesure. (Bas lat. alena, du goth. aleina, signifiant l’avant-bras. V. Diez, au mot alna.) Ne voide tere, ne alne (ne) plein pied, 2400.

ALOSEZ. S. s. m. Illustre. (Du radical laus, qui a donné los en roman (?) et sur lequel on a fait le verbe aloser.) De vasselage est il ben alosez, 898.

ALPHAÏEN. R. s. m. Nom d’un duc sarrazin (?) : Puis ad ocis le duc Alphaïen, 1511.

ALQUANT. S. p. m. Un certain nombre (Aliquanti) : Moerent paien e alquant en i pasment, 1348. — On trouve plus souvent au s. p. m. : alquanz, 983, 2471, 3746. — R. p. m. alquanz, 683, 2093. — R. p. f. alquantes, 2611.

ALQUES. Ce mot, sur lequel on a beaucoup discuté, n’a réellement qu’un sens dans la Chanson de Roland. Il est toujours adverbe, signifie « un peu », et vient d’aliquid, qui avait ce même sens dans la meilleure latinité : En cel tirer li Quens s’aperçut alques, 2283. Se jo vif alques, 3459. Neirs les chevels e alques brun le vis, 3821. Dist Oliver : Rollanz, veez en alques, 2283. Si’ n vois vedeir alques de sun semblant, 270. Ces deux derniers exemples ont été contestés, mais à tort, et l’on ne peut y voir un dérivé d’aliquos. Cf. 95, 206. ═ Quant à l’s final de ce mot, il n’est aucunement étymologique ; mais un certain nombre d’adverbes ont pris cette finale par analogie : Unkes, 2639, 3531, etc., ou unches, 629, 1638, 1647 ; sempres, 3721, 3729, etc. etc.

ALT. Verbe neutre, 3e p. s. du subj. prés. d’aler, 2034, 2617, 3340. V. Aler.

ALTAIGNE. Adj. R. s. f. Haute. (D’une forme telle que altanam.) Tresqu’en la mer cunquist la tere altaigne, 3. C’est, avec altisme, le seul mot de la famille d’altus qui n’ait pas pris l’h initial.

ALTER. R. s. Autel (Altare) : Lunc un alter belement l’enterrerent, 3732. Cf. 3685.

ALTISME. Adj. superlatif, r. s. Très-haut (Altissimum) : Puis sunt muntez sus el’ paleis altisme, 2708.

ALTRE. Adj. s. s. m. Autre (Alter) : 1383, 1760, 1867, 3017. (On ne trouve qu’une seule fois li altres, 208.) — S. s. f. : altre, 3240, 3254, 3284. — R. s. m. : altre, 221, 369, 1624, 3290. — R. s. f. : altre, 916, 1105. — S. p. m. : altre, 1398, 2850, 3039, 3782. — R. p. m. : altres, 108, 673, 823, 919, 936, 1553, 2275, 2564, 3189, 3855. ═ Comme dans notre langue moderne, l’un est opposé à l’altre : L’un gist sur l’altre, 1624. ═ Notons encore l’expression : Entre les altres, 2275. En résumé, ce mot s’emploie dans tous les sens où nous l’employons aujourd’hui. (V. Altr’er.)

ALTREMENT. Adv. Autrement (Altera-mente), 494, 1880,

ALTR’ER (l’). Loc. adv. L’autre jour. Littéralement : « L’autre hier » (Altero-heri) : Li altrer (sic) fut ocis le bon vassal Rollanz, 3185.

ALTRESI. Adv. Aussi (Alterum-sic). S’emploie tantôt absolument : E Tervagan e Mahum altresi, 3491, et plus souvent avec cum, pour exprimer une comparaison : altresi blanches cum neif sur gelée, 3319 ; altresi cum un urs, 1827. Cf. 2559.

ALTRETANT. Adverbe. Autant (Alterum-tantum) : Après icels en averat altretant, 3021. Cf. altretanz au vers 3198.

ALTRETANZ. Comme le précédent : Après icels en i ad altretanz, 3198. D’où l’on a été amené à croire qu’altretant peut (?) être considéré comme un adjectif, et s’est décliné.

ALTRETEL. Adj. R. s. neutre. La même chose (Alterum-tale) : Pur sue amor altretel funt li altre, 3123. — Jamais n’iert an altretel ne vos face, 653.

ALTROI. R. s. Autrui (Alteri plutôt qu’alteri-huic) : Ki hume traïst, sei ocit e altroi, 3959. V. le suivant.

ALTRUI. Comme le précédent, mais plus conforme à la phonétique de notre texte : Lui e altrui travaillent e cunfundent, 380. Cf. 1963.

ALUÉE (fust).Verbe passif, 3e p. s. de l’imparf. du subj. prés. d’aluer. Fût placée (Allocata fuisset) : L’anme del cors entre les lur (fust) aluée e mise, 2940, 2941.

ALUM. Verbe neutre, 1re p. p. de l’impér. d’aler, 1868. V. Aler.

ALUMER. Verbe act. inf. prés. (Alluminare) : Mirre e timoine i firent alumer, 2958.

ALUMS. Verbe neutre, 1re p. p. de l’impér. d’aler, 1676. V. Aler.

ALVERNE. R. s. f. Nom de pays ; Auvergne (Alverniam) : 3062, 3796.

ALVES. S. p. f. Les auves, les côtés de la selle, bien distincts des arçons (Alveas, alvas) : Les alves turnent, les seles chéent à tere, 3881. — R. p. f. : alves : Trenchet... de l’orée sele les dous alves d’argent, 1605.

AMAI. Verbe actif, 1re p. s. du parf. simpl. d’amer (Amavi), 1647. V. Amer.

AMAT. Verbe actif, 3e p. s. du parf. simpl. d’amer (Amavit), 2134, 3187. V. Amer.

AMBDUI Adj. s. p. m., souvent employé substantivement. Tous les deux (Ambo-duo). C’est le sujet de l’adjectif qui a ambsdous pour rég. p. En voici d’ailleurs toute la déclinaison : S. p. m. ambedui, 1094, 2763 ; ou ambdui, 259, 3883 ; ou amdui, 1381, 3567 ; ou andui, 3862. — R. p. m. ou f. ambesdous, 2015, 2552 ; ambsdous, 1711 ; ou amsdous, 2290, 2906 ; ou amdous, 2240 ; ou ansdous, 2011, 2879 ; ou andous, 1355.

AMBEDUI. Adj. s. p. m., pouvant être employé substantivement : ambedui unt merveillus vasselage, 1094. Cf. 2763. V. le précédent.

AMBES. Adj. r. p. f. Toutes les deux. (Ambas) : ambes ses mains, 419. Ad ambes mains, 2931.

AMBESDOUS. Adj. r. p. m. Tous les deux (Ambos-duos) : Prenent sei à braz ambesdous por loiter, 2552. — R. p. f. (Ambas-duas) : Ambesdous ses mains juintes, 2015.

AMBOIRES. S. s. m. Nom du païen qui porte l’étendard de Baligant (?) : L’enseigne portet amboires d’Oliferne, 3297.

AMBSDOUS. Adj. r. p. m. Tous les deux (Ambos-duos) : Ja avez vos ambsdous les braz sanglanz, 1711.

AMBURE. Ce dérivé d’ambo signifie « tous les deux ». Ambure ocit, ki que l’ blasme ne qui l’ lot, 1546. Ambure ocit seinz nul recoeverement, 1607. Ambure cravente en la place devant sei, 3549. L’origine immédiate est douteuse.

AMDOUS. Adj. r. p. f. Tous les deux, 2240. V. Ambesdous et Amsdous.

AMDUI. Adj. s. p. m. Tous les deux, 1381, 3567. V. Ambdui et Ambedui.

AMENDISE. S. s. f. Réparation (Un dérivé d’emenda, emenditia) : Einz demain noit en iert bele l’amendise, 518.

AMENER. Verbe act., inf. prés. (Adminare), 89, 3964. — Parf. comp., 3e p. s. : out amenet (les barons), 2783. — Impér., 2e p. p. : ameneiz (dans une laisse en ei), 508. — Subj. prés., 3e p. s. : amein(et), 2760. — Plus-que-parf. : oüsse amenet, avec un r. s. m., 691. ═ Au passif, fut., 2e p. p. : serez amenet, 435 (avec un s. s. m.). Part. pass. s. s. m. : amenet, 435 ; r. s. m. 691, et r. s. n. 2783.

AMER. Verbe act. int. prés. (Amare), 521, 1208, 1548, 2001. — Voici sa conjugaison : Ind. prés., 1re p. s. : aim, 306, 635, 3406. 3e p. s. : aimet, 1092, 1636 ou eimet, 1377 ; 3e p. p. : aiment, 325 et ament, 397. — Fut. 1re p. s. : amerai, 323 et 3598 ; 3e p. s. amerat, 494 et 1642. — On voit, quant à la phonétique, que le seul présent de l’indicatif aim, aimet et aiment change l’a latin en ai. C’est le cas de citer l’observation de M. N. de Wailly (Mémoire sur la langue de Joinville, p. 73), relativement à gaige et à gagier : « On substituait la diphthongue ai à l’a simple dans la pénultième accentuée de gaige, pour montrer que la prononciation devait y appuyer plus longtemps et plus fortement que sur la penultième non accentuée de gagier. » On peut dire hypothétiquement qu’il en était de même d’aim, par rapport à amer, amerat, etc.

AMETISTES. R. p. f. (Amethystos) Pierres i ad, ametistes e topazes 1661. Cf. matices.

AMI. R. s. m. (Amicum), 362, 2904. — Au vocatif singulier : amis, 1113, 1697, 2131, 2887, 2933, etc. — Au r. m. p. : amis, 2421, 2953.

AMIE. Voc. s. f. (Amica), 3713. — Au s. p. f. : amies : Pur sa beltet dames li sunt amies, 957.

AMIRACLE. R. s. m. : Vait le ferir en l’escut amiracle, 1660. Ce mot très-obscur est sans doute un dérivé d’émir (?). Émir vient du même mot en arabe.

AMIRAFLES. R. p. m. (Autre dérivé d’émir) : Marsilies mandet... les amirafles e les filz as cunturs, 850.

AMIRAILL. V. Amiralz.

AMIRALS. V. Amiralz.

AMIRALT. V. le suivant.

AMIRALZ. S. s. m. Émir. Sur l’arabe émir, on a créé un type latin tel qu’amiralius (?). Voici la déclinaison de ce vocable : Au s. s. m. : li amiralz (c’est la forme correcte), 967, 2602, 2647, 2731, 2813, 2825, 3140, 3232, 3311, 3391, 3580, 3602, etc. On trouve aussi li amirals, 3172, et, chose plus grave, li amiraill, 2605, 2747, 3214, 3508 et 3520, et li amiralt, 1664. — Au voc. s. m. : amirailz, 2790, 2831. — Au r. s. m. : l’amiraill, 2767, 2977, 3329, 3429, 3615.

AMISTEZ. R. p. f. (?) (Amicitates) : Fedeilz servises e mult granz amistez, 29. V. le suivant.

AMISTIET. R. s. f. (Amicitatem) : Par amistiet l’en baisat en la buche, 1487. — On trouve également au r. s. f. : amistiez : Par amistiez, bel sire, la vos duins, 622. — R. p. f. Amistez, 29. ═ Ce mot se trouvant en assonance dans une laisse en ier, la vraie forme est amistiet.

AMOR. R. s. (Amorem) : 3596, 3768, 3810. V. Amur et Amurs.

AMSDOUS. Adj. r. p. m. Tous les deux, 2290. — R. p. f., 2906. V. Ambesdous et Ansdous.

AMUNT. Adv. En haut (Ad montem) : Guardez amunt devers les porz d’Espaigne, 1103. V. aussi 1995, 2341. — Amunt était opposé à aval (Ad vallem) : Guardet aval e si guardet amunt, 2235.

AMUR. R. s. (Amorem), 86, 2009, 2139, 3460, 3770, 3801. Le cas sujet est amurs. V. ce mot, et amor, aux v. 3596, 3768, 3810. Amur est masculin (2009), ou féminin (3107). V. Amurs.

AMURAFLES. C’est le même mot qu’amirafles. (V. plus haut.) — Au r. s. m., on trouve amurafle, 1269, et amurafles : Uns amurafles i ad, 894. Mais, dans ce dernier cas, le scribe croyait sans doute avoir affaire à un sujet.

AMURE. R. s. f. Pointe de fer de la lance. (Étymologie inconnue.) De l’ brant d’acer l’amure li presentet, 3918. — De l’ bon espiet el’ cors li met l’amure, 1285. Cf. 1156, 2505.

AMURS. S. s. f. Amour (Amor) : La tue amurs me seit hoi en present, 3107. — R. s. Amur, 86, 2009, 2139, 3460, 3770, 3801, et amor, 3596, 3768, 3810, tantôt masculin, comme au v. 2009 ; tantôt féminin, comme au v. 3107.

AN. S. s. m. Année (Annus) : Jamais n’iert an altretel ne vos face, 653. La forme correcte serait anz au sujet, et an au régime. — R. p. m. : anz, 2, 524, 664, 2028.

ANCEISURS. R. p. m. Ancêtres. (Antecessores), 3177, 3826.

ANCIENE. R. s. f. (Antianam, adjectif fait sur ante ??) : Il est escrit en l’anciene geste, 3742.

ANDOUS. Adj. r. p. m. Tous les deux (Ambos-duos), 1355. V. Ambesdous.

ANDUI. Adj. s. p. m. Tous les deux (Ambo-duo), 3862. V. Ambedui,

ANGELE. R. s. m. Ange (Angelum) Enoit m’avint une avisiun d’angele, 836. On prononçait angle, très-évidemment ; car angele est à la fin du vers et rime avec hanste, France, pesance, etc. V. Angles.

ANGEVIN. Adj. r. s. m. (Andegavinum), 3819.

ANGLES. S. s. m. Ange (Angelus), 2528. — R. s. m. : angle, 2262, 2319, 2393, 2612, et angele, 836. — S. p. m. : angles, 2374. — R. p. m. : angles, 1089, 3718. Dans notre texte, écrire partout angele.

ANGOISET. Verbe neutre, 3e p. p. de l’ind. prés. Être dans l’angoisse, agoniser (Angustiat) : Se pasmet e angoiset, 2575. V. le suivant.

ANGOISSET. Verbe actif, 3e p. s. de l’ind. prés. Tourmenter, mettre dans l’angoisse (Angustiat) : Oliver sent que la mort mult l’angoisset, 2010. Et, au neutre, angoisset, 2575. 3e p. p. : Paien s’en fuient e Franceis les anguissent, 3634. — Part. prés. s. s. f. : La sue mort li vait mult angoisant, 2232. V. Angoiset. ═ La forme correcte pour la phonétique est anguisset.

ANGUISABLES. Adj. r. s. m. Plein d’angoisses (Angustiabilis) : Li quens Guenes en fut mult anguisables, 280. On trouve aussi au s. s. m. : anguissables, 3444. — R p. m. : anguisables, 3126. ═ Ce mot ne s’applique pas seulement aux personnes, mais aux choses : Cez valz parfunz, cez destreiz anguisables, 3126.

ANGUISSENT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. d’angoisser, 3634. V. Angoisset.

ANGUISSUS. Adj. s. s. m. Plein d’angoisses (Angustiosus) : Sur tuz les altres est Carles anguissus, 823. Cf. 2880. — R. s. m., anguissus, 2198.

ANJOU. R. s. m. (Andegavum), 106, 2883, 2945, 3938, etc. (V. sur ce mot, Quicherat. : De la Formation française des anciens noms de lieu, p. 44.)

ANME. S. s. f. Âme (Anima), 1848, 2940 (L’anme del cors). — R. s. f. : anme, 1202, 1510, 2396, 3981. — R. p. f. : anmes, 1133, 1855, 2196.

ANOEL. Adj. r. s. f. Annuelle (Annualem) : A Eis esteie à une feste anoel, 2860. Ce ms. porte à noel.)

ANPRÈS. Prép. : anprès ïço, 774. V. Après.

ANSDOUS. Adj. s. p. m. (par erreur), 2011, et r. p. f., 2879. Tous les deux. V. Ambesdous.

ANSEÏS. S. s. m. Nom d’un baron français, que l’on appelle : Anseïs li veillz, au v. 796. Cf. les v. 105, 1281, 2408. — R. s. m. 1556, 2188.

ANS-GUARDE. R. s. f. Avant-garde (Ante-wardiam) : E ki serat devant mei en l’ans-guarde, 748.

ANTELME. R. s. m. Nom d’un baron français (Antelmum ; mais l’origine est germ. V. Pott, 238) : Naimon li duc, Antelme de Maïence, 3008.

ANTIQUITET. R. s. f. (Antiquitatem) : Ço est l’ amiraill, le vieil d’antiquitet, 2615.

ANTONIE (seint). R. s. m. Nom de ville (Sanctum-Antonium) : Guiun de seint Antonie, 1581. On prononçait Antone ou Antoine, comme le prouvent les assonances.

ANUMBRÉES (ad). Verbe act. parf. comp., 3e p. s. avec un r. p. f. A énumérées (Adnumeratas habet), 1451. — Part. pass., r. p. f. : anumbrées, 1451.

ANUNCIET (ad). Verbe act. parf. simpl., 3e p. s. (Annuntiatum habet) : Par avisiun li ad anuntiet — D’une bataille, 2529, 2530.

ANZ. R. p. m. Années (Annos), 2, 524, 664, 2028. Cf. le s. s. m. an, au v. 653.

AOI. Ces trois lettres se lisent à la fin de la plupart des laisses du Roland. Leur sens n’est pas encore déterminé. (V. notre Introduction, pp. lviii-lx.)

AORT. Verbe actif, 3e p. s. du subj. prés. d’aürer (Adoret), 854. V. Aürer.

APAREÜT (est). Verbe neutre, parf. comp., 3e p. s. avec un s. s. m ou n. Est apparu (D’un participe de 2e formation en utus, d’apparere) : Mult grant damage li est apareüt, 2037.

APAREILLEZ (sunt). Verbe passif, 3e p. p. de l’ind. prés., avec un s. p. m. Sont préparés, disposés (Appariculati sunt), 1144. V. le suivant et appareillez, 2535.

APAREILLIEZ (est). Verbe passif, 3e p. s. de l’ind. prés., avec un s. s. m. ou n. Est préparé, disposé (Appariculatus est) : L’aveir Carlun est il apareilliez (?), 643. Avec un s. s. m. : est appareillez, 2535. 3e p. p., et avec un s. p. m. : Sunt apareillez, 1144. — Part. passé, s. s. m. : appareillez, 2535. S. p. m. : apareillez, 1144. V. le précédent et appareillez, 2535. ═ Ce mot se trouve comme assonance dans une laisse en ier. C’est donc la forme apareilliez qui est la plus correcte.

APELET. Verbe actif, 3e p. s. de l’ind. prés. Appelle (Appellat). 14, 642, 783, 1126, 1502. — Parf. simple, 3e p. s. : apelat, 63, 1020, 3007, et apelad, 1237. — Parf. comp., 3e p. s. avec un r. p. m. : ad apelez, 69. — Impér., 2e p. p. : apelez, 506. — Subj. prés., 3e p. s. : apelt, 2261. ═ Passif, 3e p. s. de l’ind. prés., avec un s. s. m. : est apelet, 3056. — Part. passé, s. s. m., apelet, 3056. R. p. m., apelez, 69.

APENT. — Verbe actif, 3e p. s. de l’ind. prés. Dépend (Appendit) : Sarraguce e l’onur qu’i apent, 2833.

APERCEIT (s’). Verbe réfl.. 3e p. s. de l’ind. prés. (Se ad-percipit) : Li Amiralz alques s’en aperceit, 3553. — Parf. simpl., 3e p. s. s’aperçut. 2283. — Le sens primitif de ce mot est : « Reprendre ses sens. » C’est celui que l’on trouve dans notre Roland, au parf. du subj., 3e p. s. : Ainz que Rollanz se seit aperceüt, 2035.

APERT. Verbe neutre, 3e p. s. Apparaît (Apparet) : Tresvait la noit e apert la clerc albe, 737. Cf. 3675.

APOLIN. R. s. m. (Apollinem), 2580, 3268. V. le suivant.

APOLLIN. R. s. m. (Apollinem), 8, 417.

APORT. Verbe actif, 1re pers. s. de l’ind. prés. (Ad-porto), 3e p. s., aportet, 3496.

APOSTLE. R. s. m. (Apostolum) : Recleimet Deu e l’apostle de Rome, 2998. — R. p. m., Apostle, 2255.

APPAREILLEZ (est). Verbe passif, 3e p. s., avec un s. s. m. (Appariculatus est), 2535. La forme correcte est apareilliez.

APRÈS. Ce mot (ad et pressus) est tantôt employé avec un régime, tantôt absolument. Dans le premier cas, il est préposition : Après Rollanz que jo vive remaigne, 3719. Cf. 230, 725, 3021. ═ Dans le second cas, il est adverbe : après, i vint, 627. Sun cumpaignun, après, le vait sivant, 1160. Cf. 1296, 1687, 1964, 3221, 3362. ═ On trouve une fois : aprof, qui nous semble une erreur grossière du scribe : Aprof, li ad sa bronie desclose, 1577.

APRESENTET. Verbe actif, 3e p. s. de l’ind. prés. (Ad-prœsentat) : Receif la lei que Deus nus apresentet, 3597.

APRESTER. Verbe actif, inf. prés. (Ad-prœstare) : Tut sun navilie i ad fait aprester, 2627. Cf. 2624.

APRIS (ad). Verbe actif, parf. simple, 3e p. s. (Habet apprehensum) : Mult ad apris ki bien conuist ahan, 2524

APROECIEZ (sunt). Verbe au sens actif, 3e p. p. du parf. comp., avec un s. p. m. (Appropiati sunt) : En cest païs nus sunt tant aproeciez, 2801. Peut-être faut-il lire : Nus unt.

APROF, 1577. V. Après.

APROISMET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. (Ad-proximat) : Li Empereres aproismet sun repaire, 661. ═ Verbe neutre, 3e p. p. de l’ind. prés. aproisment : Cum il aproisment en la citet amunt, 2692. ═ Verbe réfl., 3e p. du s. du parf. comp. : Envers le Rei s’est Guenes aproismet, 468. Ce dernier mot doit s’écrire aproismiet ; car il ne se trouve comme assonance que dans les laisses en ier.

APUIER (s’). Verbe act., inf. prés. (Appodiare) : Vait s’apuier suz le pin, 500.

AQUILLIT. Verbe act., 3e p. s. du parf. simple (Accollegit) : Si’s aquillit e tempeste e ored, 689. Cf. acoeillent, au v. 3967.

AQUITER. Verbe act., inf. prés. (Ad-quitare). Il a le sens de « sauvegarder, délivrer » : Se de mun cors voeill aquiter la vie, 492. — 1re p. s. du fut. De tute Espaigne aquiterai les pans, 8.

AQUISEZ. Part. pass., r. p. m. (Ad-quietatos) : Franceis se teisent, as les vus aquisez, 263. Ce mot est dans une laisse en ier : le scribe aurait dû écrire aquisiez.

ARABE. Arabie, r. s. f. (Arabiam), 185, 652, 2282, 2810, 3473, 3943...

ARABIZ. R. p. m. (? Arabitos), 3518. V. Arrabit.

ARAISUNET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. (Ad-rationat) : Mult fièrement Carle en araisunet, 3536.

ARBRE. R. s. m. (Arborem), 3953 — S. p. m., arbres, 2271. — R. p m., arbres, 2267.

ARC. R. s. m. (Arcum), 767.

ARCBALESTE. R. s. m., et non arbaleste, comme l’imprime Müller (Arc-ballistam), 2265. Ce dernier éditeur a, d’ailleurs, excellemment rectifié le vers précédemment cité. Au lieu de D’un arbaleste ne poet traire un quarrel, il faut lire, d’après Venise IV et Paris : Plus qu’arcbaleste ne poet traire un quarrel.

ARCEVESQUES. S. s. m. (Archi-episcopus), 1414. — Et, par erreur, au s. s. m. : arcevesque, 799, 1137, 1390, 1562, 1642, 1673, 1682, 1876, 2068, 2082, etc. — R. s. m. Arcevesque, 170, etc.

ARÇUNS. R. p. m. (Arciones), 1229, 1534.

ARDANT. Adj., r. s. m. (Ardentem.) Les III enfanz tut en un fou ardant, 3106. V. le suivant.

ARDEIR. Verbe act., inf. prés. (Ardere.) Il le fait pendre o ardeir ou ocire, 3670. ═ Verbe neutre, 3e p. p. de l’ind. prés. : ardent cez hanstes, 2537. Carbuncles ki ardent, 1662. V. Ardant.

ARDENE. R. s. f. (Arduennam.) Devers Ardene, 728 et 2558.

ARESTER. Verbe neutre, inf. prés. (Ad-restare.) Que le soleil facet pur lui arester, 2449. — Part. prés. s. s. m. : Pur qu’alez arestant, 1783. — Part. passé, avec un s. s. f. : El’ cheval est l’espée aresteüe, 1332.

ARGENT. R. s. (Argentum), 32, 75.

ARGOILLES. R. ═ M. P. Raimond propose (??) de traduire Argoilles par « les Arbailles ». Les « Arbailles » sont une partie du pays de Soule qui borne à l’est le pays de Cize. L’oidme (eschele) est d’argoilles, 3259. V. le suivant.

ARGOILLIE. R. Cels d’Occiant e d’Argoillie e de Bascle, 3473.

ARGONE. R. s. f. (? Arduennam), 3083, et 3534.

ARGUENT (s’). Verbe réfl., 3e p. p. de l’ind. prés. (Se arguunt.) Ce mot a le sens de s’excitent, et, par extension, s’empressent : De bataille s’arguent e hasteient, 992.

ARMES. R. p. f. (Arma), 897, 1095, 2280, 3002, 3785, 3857. ═ Au v. 2985, on trouve le cri : As armes !

ARMEZ. Part. passé employé substantivement, r. p. m. : .Iiii. c. milie armez, 682.

ARPENT. R. s. (Arpentum, de aripennis.) Einz que om alast un sul arpent de camp, 2230.

ARRABIT. S. p. m. (Arabiti), 3481. — Le r. p. m. est : Arrabiz, 1513, 3011, 3081, 3511, et Arabiz, 3518.

ARREMENT. S. s. Encre (Atramentum) : Plus sunt neirs que nen est arrement, 1933.

ARTIMAL. R. s. (L’étymologie est douteuse. Ce mot est évidemment composé. Il y entre le mot latin ars. Il est probable que la fin d’artimal ne vient pas de malus, mala, mais d’un type tel que magus ou magia. Car on trouve artimage dans Flore et Blancheflor, 459, etc.) Par artimal l’i cunduist Jupiter, 1392.

ARUNDE. S. s. f. Hirondelle (Hirundo) : Plus est isnels qu’esprever ne arunde, 1492.

ARZ. R. p. f. (Artes.) Barbarins est e mult de males arz, 886. Malœ artes, dans la meilleure latinité, signifie « les vices ». (V. Salluste et Tacite.)

AS. R. p. m. et f. (Ad illos et ad illas.) On trouvera des exemples du m. aux v. 112, 229, 713, 2070, 2076, etc., et du f. aux v. 111, 143, 668, 3566, etc. etc. Voyez à.

AS. Voici, voilà. (Ecce.) Gouverne tantôt le cas sujet, tantôt le cas régime. Voici des exemples du cas sujet : Atant as vos Guenes e Blanchandrins, 413. Par tel amur as les vus desevered, 2009. Cf. 889. Et voici des exemples du cas régime : As les vus aquisez, 263. Francs e païens as les vus ajustez, 1187. Cf. 1989, 3495, etc. — Avec un r. s. f., As li alde venue, 3708. V. ais.

ASEMBLET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. (Ad-simulat.) U l’emperere noz dous cars en asemblet, 3790. Ce texte d’Oxford porte à tort : asemblent.) — Parf. comp. 3e p. s., avec un r. s. f. Out asemblée : Od sa grant ost que il out asemblée, 1450. — Condit. 3e p. s. : asemblereit, 599. ═ Passif, 3e p. p. avec un s. p. m., Sunt asemblez : E Sarrazins ki tant sunt asembles, 1030, 1068, 3744. ═ Réfléchi, 3e p. p. de l’ind. prés. : s’asemblent. Tels IIII cenz s’en asemble(nt) à helmes, 2120 — Parf. comp., 3e p. s. : Asemblet s’est as Sarrazin messag[es], 367. — Part. passé, s. p. m. : Asemblez, 1030, 1068, 3744. R. s. m. : asemblet, 367. R. s. f. : asemblée, 1450.

ASERIE. Part. passé employé adjectivement, s. s. f. (D’un verbe formé sur serum, ad-serire, ad-serita.) La noit est aserie, 717, 3658, 3991.

ASEZ. Adv. (Ad-satis, assatis.) Il est employé dans le sens de multum, « beaucoup : » De vasselage fut asez chevaler, 25, 75, 644, 1219, 1795, 2155, 2345, etc. ═ Asez que : Or ad li Quens asez que faire, 2123.

ASIET (s’). Verbe réfl. 3e p. s. de l’ind. prés. (Se assidet), 2654. — Parf. comp., 3e p. s. : s’est asis, 452. ═ Verbe act. parf. comp. 3e p. p., avec un r. s. f. : A la citet que paien unt asise, 3997. — Part. passé, r. s. m. : asis, 452. R. s. f. : asise, 3997.

ASMASTES. Verbe act., 2e p. du parf. simple. (Du verbe aesmer ? ad-æstimastis.) Que li Franceis asmastes à ferir, 454.

ASOLDRAI. Verbe act., 1re p. s. du futur (Absolvere-habeo), dans le sens de « donner l’absolution » : Asoldrai vos pur voz anmes guarir, 1133. — 3e p. s. du parf. comp., avec un r. p. m. : ad asols, 340, 2205. 3e p. p. du même temps, avec un r. p. m. : unt asols, 2957. — Part. pass., s. p. m. : asols, 1140, 3859, etc. R. p. m. : asols, 340, 2205, 2957.

ASOÜRET (s’). Verbe réfl., 3e p. s. de l’ind. prés. (Se adsecurat.) Li quens Rollanz mie ne s’asoüret, 1321.

ASSAILLET. Verbe act., 3e p. s. du subj. prés. (Ad-saliat, assaliat), 1659.

ASTENIR (s’). Verbe neut., inf. prés. (Abstinere.) Carles se pasmet, ne s’en pout astenir, 2891.

ASTET (s’). Verbe réfl., 3e p. s. de l’ind. prés. (D’un verbe formé sur le mot germ. hast), 2277. V. Hastet.

ASTRAMARIZ. Nom de païen, r. s. m. (?) E Berenger il fiert estramariz, 1304. Voy. Estramariz, 941.

ASTRIMONIES. Nom de peuple païen (?) E la sedme (eschele) est de Leus et d’Astrimonies, 3258. (? Strimon, Strimonia, Strimonii.)

AT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. (Habet), 545, 620, 1994, 2175, 2361, 3182, 3292, etc. La forme adoptée neuf fois sur dix est ad.

ATALENTE[N]T. Verbe neutre, 3e p. p. de l’ind. prés. (D’un type comme ad-talentant. V. Ducange, talentum, 2.) Agréent : Guarnemenz unt ki ben lor atalente[n]t, 3001.

ATANT. Adv. (Ad-tantum.) Le sens est : « Maintenant, alors, en ce moment ». Atant as vos Guenes e Blanchandrins, 413.

ATENDENT, 715, 1403. V. le suivant.

ATENT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. (Attendit.) Il est partout employé dans le sens actuel, 665, 1422, 2837, 3741. — 3e p. p. de l’ind. prés. : atendent, 715, 1403.

ATRAIRE. Verbe act., inf. prés. Attirer (Adtrahere) : Pur lei tenir e pur humes atraire, 2256.

ATUIN. Nom propre d’homme (pour Otun), r. s. m., 2187. V. Otes.

ATUT. Prép. qui, étymologiquement, doit s’écrire a tut. (Ab toto.) Ce mot, qui signifie avec, est devenu, aux deux siècles suivants, d’un usage universel : Par uns e uns les ad pris le barun, — A l’arcevesque en est venuz atut, 2191.

AÜN, AÜNADE. Le texte d’Oxford porte au v. 2815 : Jo te cumant de tutes mes oz l’aünade. Ce vers, faisant partie d’un couplet en u, a été heureusement reconstruit par M. Müller : Jo te cumant, tutes me os aün. Suivant cette excellente hypothèse, aün viendrait de l’impér. aduna. Quant à aünade, ce mot, de physionomie méridionale, dériverait du part. passé. féminin adunata, employé substantivement.

AÜRER. Verbe act., inf. prés. (Adorare), 430. Au v. 124, on lit aüber pour aürer. ═ Cf. adorer, au v. 2619.

AUSTORIE. Nom propre d’homme, r. s. m. (?), 1582.

AVAL. Employé adverbialement, ce mot (ad-vallem), est opposé à amunt. (Ad-montem). Guardet aval e si guardet amunt, 2235.

AVALAT. Verbe neutre, 3e p. s. du parf. simple (Ad-vallavit). Le sens est « descendit » : D’enz de (la) saie, uns veltres avalat, 730. — 3e p. s. du parf. comp. : est avalet. Cum il enz pout, del’pui est avalet, 1037. — Part. passé, s. s. m. : avalet, 1037.

AVANT. Adv., toujours employé absolument et sans régime. (Ab-ante.) Guenes, venez avant, 319 et 610, 860, 2231, 3964. ═ En avant, dans le sens de « désormais » : Endormiz est, ne pout mais en avant, 2520.

AVEIR. Verbe act., inf. prés. (Habere), 565, 753, 2748, 3009. — Ind. prés., 1re p. s. : ai, 18, 521, 863, etc. ; ei, 2305. 3e p. s. : ad (c’est, à beaucoup près, la forme la plus employée), 22, 822, 3331, etc. at, 545, 620, 1994, 2175, 2361, 3182, 3292, etc. a, 1244, 1785, 1957, 2297, etc. 1re p. p. : avum, 77, 1087, 1212, 1464, 1465, 1619 ; avom, 3472 ; avons, 1923, 2132 ; 2e p. p. avez, 307 ; 3e p. p. : unt, 99, 161, 842, 998, 1180, 1584, 1683, 3222 — Imparf. 1re p. s. : aveie, 2406, 2410 ; 3e p. s. aveit, 231, 1504, 2599 ; 1re p. p. : avium, 1504 ; 2e p. p. : aviez, 2002. — Parf. simple, 1re p. s. : oi, 2046, et 1366 (?) ; 3e p. s. : out, 26, 62, 78, 115, 142, 609, 1538 ; 1re p. p. : oümes, 2178 ; 3e p. p. : oürent, 1411. — Parf. comp. avec un r. p., 1re p. s. : ai oüt. Si’n ai oüt e peines e ahans, 864 ; 3e p. s. : ad oüt, 845. 3e p. p. : unt oüt, 267, — Fut. 1re p. s. : averai, 2352 ; 3e p. s. : averat, 87, 132, 924, 929, 2116, 3021 ; 1re p. p. : averum, 972, 1167, 1460, 2114, 3304, 3513 ; averuns, 2140 ; 2e p. p. : averez, 150, 872, 1130, et, à la fin du vers, dans les couplets assonancés en ei, avereiz, 88, 568, 3459 ; 3e p.p. : averunt, 948, 1076, 1081. — Cond., 3e p. s. : avereit, 1742, 2866 ; 1re p. p. : averiumes, 391. — Subj. prés. 1re p. s. : aie, 2901 ; 2e p. s. : aies, 1954, 1960 ; 3e p. s. : ait, 82, 1047, 1442, 3981 ; 1re p. p. : aiuns, 60 ; 2e p. p. : aiez, 239, 1045. — Imparf. du subj., 1re p. s. : oüsse, 691 ; 3e p. s. : oüst, 899, 3164 ; 1re p. p. : oüssum, 1102 et oüsum, 1771, 1729 ; 3e p. p. : oüssent, 688. — Part. passé, r. n. : oüd, 267, 845 ; oüt, 864. ═ Sur l’emploi de par avec aveir, voyez par, etc

AVEIR. Verbe act. inf. prés., employé substantivement, s. et r. s. (Habere.) L’aveir c’est « l’argent » : S. s. : Eles valent mielz que tut l’aveir de Rume, 639. R. s. : En or e en aveir, 3758. V. aussi 127, 182, 643, 651, 3410, 3756.

AVENANZ. Adj. S. p. f. (Advenientes.) Portet ses armes, mult li sunt avenanz, 1154. V. Avint.

AVENDRAT. Verbe neutre, futur, 3e p. s. (Advenire habet), 335. — Parf. comp., 3e p. s. n. est avenut : As quatre (es)turs lor est avenut ben, 1686. — Part. passé, s. s. n. : avenut, 1686.

AVERS. Nom de peuple païen (Avaros ?), r. p. m., 3242.

AVERSE. Adj. s. s. f. (Adversa), 2922. — Voc. s. f. : averse, 3295. — R. s. f. : averse, 2630. Ce mot uni au mot gent (la gent averse), désigne toujours les Sarrazins.

AVERSER. S. p. m. (Adversarii.) Ce mot a toujours le sens de « Diables », 2543. Au même cas sujet du pluriel, on trouve par erreur aversers, 1510. La vraie forme serait aversier : car ce mot se trouve comme assonance dans un couplet en ier.

AVINT. Verbe neutre, parf. simple, 3e p. s. (Advenit.) Enoit m’avint une avisiun d’angele, 836. A dous Franceis belement en avint, 3500.

AVISIUN. S. s. f. (Advisio, advisionem), 836. — R. s. f. : avisiun, 2529, et avisium, 725.

AVOEC. Prép. Avec. (? Ab hoc) : Avoec iço plus de cinquante cares, 186. Et absolument : Encalcent Franc e l’Emperere avoec, 3625.

AVOEZ. S. s. m. (Advocatus.) Là vos siurat, ço dit mis avoez, 136.

AVRILL. R. s. m. (Aprilem.) Blanc(he) ad la barbe cume flur en avrill, 3503.

AZUR. R. s. (Lazurium, persan lâzur.) Tut li trenchat le vermeill e l’azur, 1557.

B

BABILONIE. Nom de ville, r. s. (Babyloniam) : En Babilonie Baligant ad mandet, 2614.

BACHELER. S. p. m. (Baccalarii, à l’origine « ceux qui possédaient ou cultivaient les baccalariæ ».) E escremissent cil bacheler leger, 113. — R. p. m. : bachelers, 3020, 3197. (Le « bachelier » paraît être, dans notre Roland, celui qui n’a pas reçu encore l’ordre de la Chevalerie.)

BAILLASTES. Verbe actif, parfait simple, 2e p. p. (Bajulastis.) E li Paiens de ferir mult le hastet ; — Carles li dist : « Culvert, mar le baillastes, » 3445, 3446. Le sens est celui-ci : « Vous le frappâtes, vous en fûtes le maître. »

BAILLIE. R. s. f. (Bajuliam.) « Avoir en baillie », c’est « avoir en sa possession. » Tel est le sens où nous trouvons toujours ce mot dans notre Chanson de Roland : Cil Mahumet ki nus ad en baillie, 2712. Cf. 94, 488, 1917, 2599.

BAILLISENT. Verbe act., subj. prés., 3e p. p. (Dérive d’un verbe tel que : bajulire, ballire.) Baillir signifie « avoir en sa baillie » dans l’exemple suivant : Il nen est dreiz que Païens te baillisent, 2349. Le sens s’est sensiblement étendu dans les vers suivants : Dist l’Algalife : Mal nos avez baillit, 453, et Baliganz sire, mal estes or baillit, 3497. En ce cas baillir a le sens de « mettre, placer », et, par extension, « traiter. » — Parf. comp. 2e p. p. avec un r. p. m. : avez baillit, 453. ═ Au passif, ind. prés. 2e p. p. avec un s. s. m : estes baillit, 3497. — Part. passé, s. s. m. : baillit, 3497. R. n., baillit, 453.

BAINS. R. p. m. (Balnea), 154. On trouve au même cas bainz, 3984.

BAISAT. Verbe actif, 3e p. s. du parf. simple (Basiavit), 1487. — Parf. comp. 3e p. s. avec un r. s. m. : Ad baiset, 601. ═ Au réfl. Parf. simple, 3e p. p. : se baiserent, 626. — Part. pass., r. n. : baiset, 601.

BAISSET. Verbe act. 3e p. s. de l’ind. prés. (Bassat, de bassus.) Baisset sun chef, si cumencet à penser, 138. — 3e p. p. : bassent, 3273.

BAIVER ou BAVIER. S. s. m. Nom de peuple (Bajuvari), 3960. — Au r. p. m. : Baivers ou Baviers, 3700.

BAIVERE. Nom de pays. R. s. f. (Bajuvariam), 3028. Cf. Baiver[e], peut-être Bavière, 2327.

BALAGUET. R. s. Nom de ville, 63. On trouve au vers 894 la forme Balaguez, et au vers 200 Balasgued. (C’est Balaguer : Ballegarium, Valaguaria.)

BALBUIN. R. s., nom d’homme, mis par err. au lieu d’Abirun (?), 1215.

BALDEWIN. S. s. m. Nom d’homme (Baldewinus ; orig. germ. balz, hardi, et wini, ami ?), 314.

BALDISE. R. s. f. (?) Nom de ville : E la quartz est de Baldise la lunge, 3255

BALDUR. S. s. f. (Haut. allem. balz, hardi), 2902. — R. s. f., 3682. Le sens du mot est « fierté, honneur » : Cum decarrat ma force e ma baldur, 2902. Repairez sunt à joie e à baldur, 3682.

BALEINE. R. s. f. (Balœnam.) Ki guaresis Jonas tut veirement — De la baleine ki en sun cors l’aveit, 3101, 3102.

BALIDE. Nom de ville que nous croyons imaginaire. R. s. f. E la disme (eschele) est de Balide la fort, 3230.

BALIENT. Verbe neutre (?), 3e p. p. de l’ind. prés. (L’assonance exigerait baleient.) Josqu’à la tere si chevel li balient, 976. L’étymologie serait celtique (Balaen, balai).

BALIGANT. S. s. m. Nom d’homme (? la Chronique de Turpin l’appelle Beligandus), 2614, 2654, 2802, 2827, 3155, 3180, 3295. — Au voc. s. m. on trouve les deux formes baligant, 3513, et Baliganz, 3497.

BALZ. Adj. r. s. m. (Haut allem., balz, hardi.) Li Empereres se fait e balz et liez, 96.

BANCS. R. p. m. (Haut allem. banc.) Puis, fait porter IIII. bancs en la place, 3853.

BANDUN. R. s. m. (V. l’étymologie au mot abandunet.) Trestute Espaigne iert hoi en lur bandun, 2704. Ist de la prese, si se met en bandun, 1220.

BANIE. Part. passé, r. s. f. (Bannum est la Proclamation, la Convocation faite par le seigneur. Une ost banie, c’est l’armée à laquelle le seigneur a droit, et qu’il rassemble par son ban ; bannitam.) Od sa grant ost banie, 1630. Cf. 211.

BAPTISEZ. Verbe actif, impér., 2e p. p. (Baptizate) : baptisez-la, 381. V. Baptizent.

BAPTISTERIE. R. s. (Baptisterium.) Meinent paien ent(r)esqu’á l’baptisterie, 2668.

BAPTIZENT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. (Baptizant), 3985. — Impér., 2e p. p. : baptisez, 381. ═ Verbe passif, 3e p. p. de l’ind. prés., avec un s. p. m. : baptizet sunt asez plus de c. milie, 3670. — Part. pass., s. p. m. : baptizet, 3670.

BARANT. Erreur du scribe, pour brant, au vers 3791. V. Brant.

BARBAMUSCHE. R. s. m. (?) Nom de cheval : Siet el’ceval qu’il cleimet Barbamusche, 1491.

BARBARINS. Adj. s. s. m. (Barbarinus.) Barbarins est e mult de males arz, 886, et 1236 : barbarins est d’un estrange païs. Cette appellation correspond-elle aux « États barbaresques » ? Je le pense.

BARBE. R. s. f. (Barbam.) Par la barbe ki à l’piz me ventelet, 48. Cf. 1719, 3173, 4001.

BARBET. Adj. r. s. m. (Barbatum), 65. — R. s. f. : barbée, 3317. — R. p. m. : barbez, 3260.

BARGE. R. s. f. (Barca), 2467. ═ M. Brachet affirme que le mot barca se trouve dans Isidore de Séville ; mais « la forme barque, ajoute-t-il, prouve que ce mot n’est point venu directement du latin en français. Dans notre langue, le latin barca aurait donné barche. » M. Brachet, dans ce passage de son Dictionnaire étymologique, ne parait pas connaître la forme barge, qui se trouve trois fois dans Roland, 2467, 2625 et 2729. Ces deux derniers vers nous offrent barge au r. p. f.

BARNAGE. S. s. (Barnaticum.) Dist l’Arcevesque : « Ben ait nostre barnage, » 1349. Il a, dans ce vers, le sens « de baronnage, assemblée des barons ». ═ Barnage signifie aussi « le courage, la fierté d’un baron » : Repairet s’en à joie e à barnage, 3944, et aussi 535 (De tel barnage l’ad Deus enluminet), et 1983. Ces trois derniers exemples nous offrent ce mot au cas régime.

BARNET. R. s. m. (Baronatum, barnatum.) Meilz voelt murir que guerpir sun barnet, 536. Ce mot signifie non-seulement « le groupe, l’ensemble des barons », 1061 ; mais aussi « les qualités, les vertus du baron » : Fust chrestiens, asez oüst barnet, 899.

BARUN, BARON. S. s. m. C’est le cas régime de ber, bers. (Voir ce mot.) On le trouve une fois par erreur au s. s., 2190 (barun). — R. s. m. : barun, 275, 779 et baron, 467, 744, 1536, 3746. — S. p. m. : baron, 2415. — Voc. p. m. : baron, 3366, 3557 ; baruns, 70, 1127 ; barons, 1472, 1854, 3768. — R. p. m. : baruns, 166 et barons, 1696, 3062.

BASANT. S. s. m. Nom propre d’homme (dans la Prise de Pampelune, ce même personnage est appelé Basin ou Baxin), 330.

BASBRUN. R. s. m. Nom propre d’homme. C’est le nom d’un roturier, d’un « veier » du roi, 3952. Il est aisé de voir de quels éléments se compose ce sobriquet.

BASCLE. R. s. Nom de pays. (?) : Cels d’Occiant, e d’Argoillie e de Bascle, 3474. On a voulu voir dans ce mot un souvenir des Basques. Rien ne justifie solidement cette hypothèse.

BASILIES. S. s. m. Nom propre d’homme (Basilius), 208. — R. s. m. : Basilie, 2346.

BASSENT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. Bassent lur chefs, 3273. V. Baisset.

BASTUN. R. s. m. (Étymologie inconnue), 247, 765, 861, 1361. — R. p. m. : bastuns, 1825 et 2588.

BASTUNCEL. R. s. m., diminutif du précédent. Plus qu’en ne poet un bastuncel jeter, 2868.

BATAILLE. S. s. f. (Batalia.) A toujours, dans Roland, le sens actuel, 734 et 3587. — R. s. f. bataille 18, 592, 658, 3004, 3091, 3147. — R. p. f. : batailles, 3336.

BATENT. Verbe actif, et quelquefois neutre, 3e p. p. de l’ind. prés. (Batuunt :) Les renges (d’or) li batent josqu’as mains, 1158. — A granz bastuns le batent e defruisent, 2588. Cf. 3739. Le premier de ces trois exemples nous offre le verbe au neutre. — Parf. simple, 3e p. s. avec un r. s. : ad batut, 2368. — Part. passé, r. s. : batut, 2368 et batud, 1552, et r. s. f. : batue, 1331. ═ On remarquera les expressions « battre sa poitrine », 2368, et « or battu », 1552, qui, l’une et l’autre, nous sont restées.

BAVIÈRE. R. s. f. (?) (Bajuvariam), 3977. V. Baivere.

BAVIER. S. p. m. (Bajuvari), 3793. V. Baivere et Baiver.

BEL, BELE. Voy. Bels.

BELEMENT. Adv. (Bella-mente), 862, 3159, 3500, 3732.

BELNE. R. s. f. Nom de ville. Beaune (Belnam), 1892.

BELFERNE. R. s. Nom de pays, de royaume païen (?). Je le crois imaginaire. Reis Almaris de l’ regne de Belferne, 812.

BELS. Adj. s. s. m. (Bellus), 157, 313, 285, 1002, 2278. — S. s. neutre : bel : Pur ço que plus bel seit, 1004. — Voc. s. m. : bels, 2207 et 2402 ; bel, 622. — S. p. m. : bel, 1395. — R. p. m. : bels, 2243. — S. s. f. : bele, 445, 2316, 2344, 2635. — Voc. s. f. : bele, 2916. — R. s. f. : BELE, 59, 1695, 3303, 3708. — S. p. f. : beles, 3291. — R. p. f. : beles, 2250 et 3006.

BELTET. R. s. f. (Bellilatem), 357.

BEN. Adv. (Bene), 36, 61, 143, 161, 216, 254, 616, 625, 632, 679, 776, 789, 807, 1009, 1028, 1092, 1203, 1233, 1286, 1339, 1535, 1654, 1670, 1683, 1754, 1810, 1819, 1876, 1892, 2144, 2145, 2650, 3001, 3040, 3115, 3651, 3657, 3739, 3764, 3784, 3837, 3900... ═ Ce même mot est substantif r. s. aux vers 39 et 3231 : N’ad deservit que altre ben i ait, 3740. V. Bien. C’est cette dernière forme qui est correcte ; car le mot ne se trouve comme assonance que dans les couplets en ier.

BENEÏÇUN. R. s. f. (Benedictionem), 2194, 2245. On disait faire sa beneïçun, pour « donner sa bénédiction ».

BENEÏSSENT. Verbe actif, 3e p. p. de l’ind. prés. (Benedicunt), 3667. — 3e p. s. du parf. simple : beneïst, 1137, 3066. — 3e p. s. du subj. pr. : beneïsse, 1931, et beneïst, 2017 (?).

BER, BERS. S. s. m. (Je pense que bers pourrait se rapporter à barus, et ber à baro. Le cas est discutable, et la seconde étymologie est la meilleure.) Ber se trouve au cas sujet, vers 531, 648, 1967, 2085, 2149, 2354, 2444, 2497, 2737, 3157, 3899 ; bers, vers 125, 1155, 1541, 2378, 2408, 2778, 2867, et barun, par erreur, 2190. — Voc. s. m. : ber, aux vers 350, 2221, et bers, 3344. — R. s. m. : barun, 275, 779, et baron, 467, 744, 1536, 3746. — S. p. m. : baron, 2415. — Voc. p. m. : baron, 3366, 3557 ; baruns, 70, 1127 ; barons, 1472, 1854, 3768. — R. p. m. : baruns, 166 et barons, 1696, 3862.

BERENGERS. S. s. m. Nom de baron français (Berengarius, orig. germ. Pott le rapporte à bär, ours, et ger, lance), 795, 2405, et, par erreur, Berenger, au vers 1304. — R. s. m. : Berenger, 1581 et 2087. Ce mot doit s’écrire Berengiers, Berengier : il ne se trouve, en effet, comme assonance que dans les laisses en ier.

BESANÇUN. R. s. (Vesuntionem), 1429.

BESANZ. R. p. m. Monnaie (Bysanthos), 132.

BESGUN. R. s. m. Nom pr. d’homme, le même que Begues au s. s., et Begun au r. s., 1818.

BESTE. S. s. f. (Bestia), 1555 et 2436.

BEVON. R. s. m. Nom pr. d’homme. C’est le cas oblique de Beuves ou Bueves (orig. germ. voy. Pott, 82), 1891.

BIEN. Adv. (Bene), 34, 108, 133, 316, 638, 644, 760, 781, 1272, 1478, 1530, 1653, 1752, 2128, 2487, 2524, 2685, 2973, 3475, 3502, 3828, 3877. ═ Bien est substantif aux vers 2140 et 3681 : Si l’saluèrent par amur e par bien, 121. ═ Ce mot n’étant employé comme assonance que dans les laisses en ier, c’est bien qui est la forme correcte, et non pas ben.

BIÈRES. R. p. f. Cercueils (All. bara ?), 1748.

BIRE. R. s. f. Nom de terre (?) : Par force iras en la tere de Bire, 3995.

BISE. Adj. r. s. f. Brune (?) : Rollanz ferit en une perre bise, 2338. — S. p. f. : bises, 815.

BITERNE. R. s. Nom de ville ou de pays, très-probablement imaginaire, et qu’on a voulu, bien à tort. assimiler à Viterbe : Pent à sun col un escut de Biterne, 2991. L’assonance n’est pas observée dans ce vers qui appartient à un couplet féminin en un, et nous avons proposé de remplacer Biterne par Girunde, (d’après le plus ancien manuscrit de Venise).

BLAIVE. R. s. f. Nom de ville en France. Blaye (Blaviam) : Entresqu’à Blaive ad cunduit sun nevold, 3689. Cf. 3938.

BLANC. V. Blancs.

BLANCANDRINS. S. s. m. Nom de Sarrazin (?), 24, 367, 370, 377, 392, 402, 414 et Blanchandrins, 413. — R. s. m. : Blancandrin, par erreur, 68 et Blancandrins, 23.

BLANCS. Adj. s. m. (De l’all. blanch), 551, 1771, 3162. — R. s. m. : blancs. 272, 1299, 1329, 2499, 3369. — R. s. n., blanc : Ne n’unt de blanc ne mais que sul les denz, 1934. — S. s. f. : blanche, 1843, 2316. — R. s. f. : blanche, 117, 1655, 3173, 4001. Une seule fois on trouve blance, 3712. — R. p. m. : blancs, 110, 999, 1800, 3692, 3864. — R p. f. : blanches, 89, 2250, 3319.

BLARCHER. Verbe neutre, inf. prés. (Pour blancheier. Même étymologie que le précédent.) Par ceste barbe que veez blancheier, 261.

BLASME. R. s. m. Ce mot a partout le sens actuel. « Avoir blâme » signifie « être blâmé », 1082, 1346, 1718. V. le suivant.

BLASMER. Verbe act., inf. prés. Sens actuel (Blasphemare), 681, 1174. — Subj. prés., 3e p. s., blasme (pour blasmet) : Ki que l’ blasme ne qui l’ lot, 1546. — Au passif. Subj. prés., 3e p. p., avec un s. p. m. : seient blasmet, 1063. — Part. pass., s. p. m. : blasmet, 1063.

BLECET (est). Verbe passif (?? Moy. allem. bletzen), 3e p. s. de l’ind. prés., avec un s. s. m. : est blecet, 1848. — Fut., 3e p. s., avec un s. s. f., iert blecée : La gent de France iert blecée, 590. — Part. pass. s. s. m. : blecet, 1848. S. s. f. : blecée, 590. Le sens est un peu plus large qu’aujourd’hui.

BLESMIE (iert). Verbe passif, fut., 3e p. s., avec un s. s. f., 590 : iert blesmie. (Etymologie scandinave, mais assez douteuse. Blâmi, bleu.)

BLET. S. s. (Bladum), 980.

BLIALT. R. s. m. (Étymologie incertaine. M. E. Gachet propose bloi sans aucun fondement.) Le blialt est, dans notre Roland, le vêtement qui se porte en guerre sous la tunique de mailles, et en paix sous le manteau de fourrures. En ce dernier cas, il est de soie : E est remés en sun blialt de palie, 282. — Pour le blialt de guerre, voy. le vers 2172.

BLOI. Adj., r. s. m. Le sens est discuté : je pense que bloi signifie « bleu » (All. blao ?) : Sur un perrun de marbre bloi se culchet, 12. — R. s. f., bloie : El’cors li met tute l’enseigne bloie, 1578. — R. p. m. : blois, 999, 1800.

BLOS. R. p. m. Nom de peuple barbare (?), 3224.

BLUND. Adj., r. s. m. (?), 1904, et blunt, 2702.

BOIS. R. s. m. (Boscum), 3293.

BOISSUN. R. s. m. (D’un diminutif de boscus, boscionem.) Que mort l’abat sur un boissun petit, 3357.

BONS. Adj., s. s. m. (Bonus), 1262, 1277, 3785, et bon, par erreur, 2067. S. s. f. : bone, 925. — Voc. s. f. : bone, 2304. — R. s. m. : bon, 1153, 1567, 2252. — R. s. f : bone, 984, 1544. — S. p. m. : bon, 1080, 1097, 1499, et par erreur : bons, 3336. — S. p. f. : bones, 949. — R. p. m. : bons, 939, 1694, 3064. — R. p. f. : bones, 640.

BONTET. R. s. f. (Bonitatem), 533 et 2507.

BORGOIGNE. R. s. f. (Burgundiam), 3077.

BORGUIGNUNS. R. p. m. (Burgundiones), 3701.

BOSUIGN. R. s. Bis ??, et bas lat. sonium, d’un radical germ. syn. (nordiq.), sunja (gothiq.), qui a donné soin, essoines, etc. V. Diez, Lex etym. (P. 387 de la dern. édition.) Kar de ferir oi jo si grant bosuign, 1306. Cf. 1619.

BOÜD (unt). Verbe act. 3e p. p. du parf. comp. (D’un participe de bibere, 2e formation.) Li miez guariz en unt boüd itant, 2473.

BRACE. R. s. f. (Forme féminine de brachium.) Sanglant en ad e l’osberc e la brace, 1343. Cf. 1721, 3939.

BRAIRE. Verbe neutre, inf. prés. (Bas lat. bragire), 3487. — Ind. prés. 3e p. p. : braient, 3526.

BRAMIDONIE. Nom de la femme de Marsile (?). S. s. f., 2822, 3636, 3680. — R. s. f., 3990.

BRAMIMUNDE. S. s. f. Nom qui, dans la première partie de notre poëme, est donné au même personnage que le précédent, 634, 2576, 2714, 2743.

BRANCHES. R. p. f. (Bas lat. brancas, de l’anc. gael. brac ??), 72 et 80.

BRANDIR. Verbe act. inf. prés. (V. Brant), 1203, 1249. — Ind. prés., 3e p. s., brandit : Brandit sun colp, 3929. — Parf. simpl., 3e p. s. : brandist, 1519. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. f. : at brandie, 722. — Part. pass., r. s. f. : brandie, 722.

BRANLÉE (ad). Verbe act. 3e p.s.du parf. comp., avec un r. s. f. (Littré, sans fondement scientifique, rattache branler à brandir.) De sun espiet la hanste en ad branlée, 3327. ═ Le même mot apparaît dans un couplet fém. en i, sous cette autre forme amenée par l’assonance : branlie : Quant l’oit Guenes, l’espée en ad branlie, 499. ═ Part. pass., r. s. f. : branlée, 3327, et branlie, 499 (d’une autre conjugaison).

BRANLIE. V. le précédent.

BRANT. R. s. m. Epée (Anc. haut allem. : brant, tison), 1067, 3434, 3918.

BRAZ. R. s. (Brachium), 597, 727, 2391. — R. p. : braz, 1711, 2829.

BREF. R. s. m. (Breve). Le sens est celui de « lettre », 341, 487. — R. p. m. : brefs, 2613. Au vers suivant, brefs a le sens exact de « chartes ». Il est escrit es chartres e es brefs, 1684. Ce mot ne se trouvant en assonance que dans les laisses en ier, il faut lire brief.

BRETAIGNE. R. s. f. (Britanniam), 2322. (Il est ici question de la Petite Bretagne.)

BRETUN. S. p. m. (Britanni), 3961. —R. p. m. : Bretuns, 3052, 3702. Même remarque que pour le mot précédent.

BRICUN. R s. m. (Haut allem. : brecho ? suivant Diez. Briga, suivant Ducange.) Já marcrerez bricun, 220.

BRIGAL. Nom propre de ville ou de pays (??) : Malprimis de Brigal, 1261.

BRIGANT. Le même que le précédent, par erreur du scribe : Malprimis de Brigant, 889.

BRISET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. (Haut all. : bristan), 1200, 1359, 1233. On trouve brise sans le t étymologique, au v. 2340. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. n. : ad briset, 1205. — Part. passé, r. s. n : briset, 1205. R. p. f. : brisées, 3386.

BROCHET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. (Broccus, suivant Diez ; mot auquel Plaute et Varron donnent le sens de « dent pointue ».) Sun cheval brochet, 1197 ; broche, 1125. Et, au neutre : Li arcevesque brochet par tant grant vasselage, 1658. — 3e p. p. au neutre : brochent, 1381 et 1184. (Brochent ad ait.)

BROHUN. R. s. m. (Ours ?) En doux chaeines si teneit un brohun, 2557.

BRONIE. S. s. f. (Brunia, en basse latinité ; du germ. brunnja, cuirasse), 1495. — R. s. f. : bronie, 1372, 1543, 3122, 3362, et brunie, 384, 2988. — S. p. f. : bronies, 1453, 3307. — R. p. f. : bronies, 3079.

BRUILL. R. s. m. Petit bois (du kymrique brog avec le suffixe il. V. Diez, Lex etym., dern. édition, p. 88), 714.

BRUISE. R. s. f. Nom de ville ou de pays (Est-ce Brousse, Prusa ?), 3245.

BRUNIE. R. s. f. (V. Bronie), 384, 2988. Au s. s. f : bronie, 1495, et au r. s. f : bronie, 1372, 1543, 3122, 3362. — S. p. f. : bronies, 1453, 3307, et r. p. f. : bronies, 3079.

BRUNISANT. R. p. m. Par erreur, au lieu de brunisanz, 1621. V. le précédent.

BRUNS. Adj., s. s. m. (Haut allem. brun), 1953. — R. s. m : brun, 2089, 2815, 3603, 3821, 3926. — S. p. m : brun, 1043.

BRUNS. R. p. m. Nom propre de peuple païen, 3225. V. ? le précédent.

BRUUR. R. s. f. Bruit. (même racine que bruire. Or, Littré et Diez tendent à admettre le latin rugire, « avec un b pour renforcer le mot. » Cf. le kymrique broth), 1021.

BUC. R. s. m. (Bas lat. buca, busca ? mais l’origine est germ.) Desur le buc la teste perdre en deit, 3290.

BUCHE. R. s. f. Bouche (Buccam), 1487, 1603, 1753 : Met à sa buche une clere buisine, 3523. — R. p. f. : buches, 633.

BUCLE. S. s. f. Boucle de l’écu, (Buccula), 3150. — R. s. f. : bucle. 1263, 1283. — R. p. f. : bucles, 2538, 3570, 3584.

BUELE. R. s. f. Les boyaux (Botellam) : Defors sun cors veit gesir la buele, 2247.

BUCLER. Adj. r. s. m. (Buccularium.) Tanz (colps) ad pris sur son escut bucler, 526. — R. p. m. : buclers. Cez escuz buclers, 1968. Ce mot est correct sous cette forme, et ne se trouve, comme assonance, que dans les couplets en er.

BUGRE. S. p. m. (Bulgari.) E Hungre e Bugre e tante gent averse, 2922.

BUILLIT. Verbe neutr., 3e p. s. du parf. simple. (Bullivit.) Desuz le frunt buillit la cervele, 2248.

BUISINE. R. s. f. Trompette (Buccinam), 3523. — R. p. f. : buisine, 1629, 3138, 3263.

BUNDIST. Verbe neutr. parf. simpl., 3e p. s. Retentit (?? Bombitavit) : Sur tuz les altres bundist li olifant, 3119.

BURC. R. s. (Burg, germ.) Gesir porrum el’burc de Seint-Denise, 973.

BURDELE. R. s. f. Nom de ville. (Burdigalam), 1289. — Au v. 3584, Burdeles.

BURGEIS. S. p. m. (Burgenses), 2691.

BUTENTROT. R. s. Nom de ville (Butothrum, en Épire ; aujourd’hui Butrinto ??), 3220.

BUTET. Verbe act. 3e p. s. de l’ind. prés. Place, met, etc. (Haut allem. bozen), 641. 3e p. p : butent, 2590. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. p. m., ad butet : En ses granz plaies les pans li ad butet, 2173.

C

ÇA. Adv. de lieu. (Nous ne pouvons admettre l’étymologie ecce-hàc. Comme pour cest, etc., nous proposons hic-hàc.) Ça est toujours uni à un autre adverbe : Ça devant, 1784. Ça jus, 2296.

CAABLES. R. p. m. Machines de guerre, « échafauds » pour le siége des villes (Cadafalos. V. Ducange au mot cadaphalus) : Od vos caables avez fruiset ses murs, 237. V. le suivant.

CADABLES. R. p. m. (V. le précédent.) Od ses cadables les turs en abatied, 98.

CADEIR. Verbe neutre, inf. prés. (Cadere.) La seule conjugaison de ce verbe nous montre jusqu’à quel point l’orthographe était chose inconnue dans les textes romans du moyen âge. L’inf. prés. se rencontre, dans le Roland, sous trois formes : 1° cadeir, 578, 3551, 2° caeir, 3453, et 3° chaïr (en assonance comme les précédents), 2034. — L’ind. prés., 3e p. s. (cadit), est tantôt chet, 981, 1267, 1356, 2220, 2536, 2825, 3720 ; tantôt chiet, 1509, 2082, 2553, 3925, Cette dernière forme est la bonne ; car ce mot ne se trouve en assonance que dans les couplets en ier. À la 3e p. du même temps (cadunt), on trouve cheent, 1981, 3574, 3881 et chiedent, 1426. — Parf. simple, 3e p. s : caït, 333. — Parf. comp., 3e p. s., avec un s. s. m : est caeit, 2269 ; est caüt, 3608 ; et est chaeit, 2231. — Subj. prés. 3e p. s. (cadat) : cheded, 769, ou cheet, 1064. — Imparf., 3e p. s. : caïst, 764. — Part. passé, s. s. m : caeit, 2269 ; caüt, 3608 ; chaeit, 2231. S. s. f. : chaiete, pour chaeite, 1986.

CADELET. Verbe act. 3e p. s. de l’ind. prés. Conduire (comme le provençal capdellar, d’un type tel que capitellare ? : Oliver ki les altres cadelet, 936. Cf. 2927.

CAEIGNABLES. Adj., r. s. m. Enchaînés ou susceptibles de l’être (Catenabiles) : Urs e leuns e veltres caeignables, 183.

CAEIGNUN. R. s. m. Chaîne, carcan (Catenionem) : E si li metent el’col un caeignun, 1826.

CAEINES. R. p. f. Chaînes (Catenas), 3735. V. Chaeines.

CAEIR. Verbe neutr., inf. prés. Tomber (Cadere), 3453. V. Cadeir.

CAEIT (est). Verbe neut., 3e p. s. du parf. comp. de cadeir, 2269. V. Cadeir.

CAÏST. Verbe neutr., 3e p. s. de l’imparf. du subj. de cadeir, 764. V. Cadeir.

CAÏT. Verbe neutr., 3e p. du parf. simpl. de cadeir, 333. V. Cadeir.

CAITIFS. R. s. m. (Captivum.) Ce mot a tantôt le sens actuel, tantôt et plus souvent le sens de l’italien cattivo, « misérable. » Si se cleimet caitifs, 3817. — Voc. m. pl. (ou exclamatif) : Caitifs, que devendrum, 2698. — Au s. s. f : caitive, 3673*. — Au r. s. f : caitive, 2596, 3978*. — Exclamatif, s. f. : caitive, 2722. (Nous avons marqué d’une * les deux cas où caitive a le sens actuel.)

CAITIVE. V. le précédent.

CALABRE. R. s. f. (Calabriam), 371.

CALAN. R. s. m. Navire (Chelandium), 2647. — R. s. m : caland, 2467. — R. p. m : calanz, 2728. ═ V. notre note du v. 2468.

CALAND. R. s. m., 2467.

CALCEZ (unt). Verbe actif, 3e p. p. du parf. comp. de calcer (Calceare), avec un r. p. m : Lur esperuns unt en lor piez calcez, 3863. La forme correcte, d’après les assonances, est calciez. (V. Chalcer.)

CALENGES. Verbe act. ind. prés., 2e p. s. de calenger. Faire tort, dévaster, etc. (Calumnias, par extension) : A mult grant tort mun païs me calenges, 3592. — Imp. 2e p. p., calengez : Si calengez e vos morz e vos vies, 1926. Ici, le sens est celui de « venger ». V. Chalengement, etc.

CALIFERNE. R. s. Nom de pays, très probablement fantaisiste : Cil d’Affrike e cil de Califerne, 2924.

CALT. Verbe unipersonnel, 3e p. s. de l’ind. prés. (Calet.) De ço qui calt, 1405. Le sens est : « Qui se soucie de cela ? » Cf. chalt au v. 227, et chelt, au v. 2411.

CALUNIE. R. s. f. Injustice, tort (Calumniam), 3787. C’est une erreur manifeste de scribe, comme le prouve l’assonance. Il faut dire calenge.

CALUNJANT. Part. prés., s. s. m. Insultant, défiant (Calumnians). Il s’agit, au v. 3376, de Malprime : Ki vait... tanz barons calunjant.

CALZ. S. s. s. Granz est li calz..., 3633. Le sens est très-douteux. Bien que nous ayons traduit par la « chaleur », avec tous les autres traducteurs, il se pourrait que calz fût synonyme d’enchalz qui se trouve deux vers plus loin et a le sens de « poursuite ». Dans le premier cas, l’étymologie est calidus ; dans le second, un substantif verbal de calceare.

CAMBRE. R. s. f. (Cameram.) Le sens actuel (cambre voltice) se trouve aux v. 2593, 2709 et 3992. Mais au v. 2332, ce même mot a le sens de « domaine particulier » : E Engleterre que il teneit sa cambre V. Chambre, 2826, 2910.

CAMEILZ. S. p. m. Chameaux (Cameli), 645. — R. p. m : cameilz. 129 et 847. Une seule fois on trouve camelz, 31.

CAMELZ. R. p. m., 31. V. le précéd.

CAMP. R. s. m. (Campum). Il signifie très-souvent le « champ de bataille » : L’onur del’camp ert nostre, 922. Cf. 1269, 1273, 1562, 1626. ═ Ce même mot a un sens plus vaste aux vers 1838, 2239, 2439, 3968, ainsi qu’au s. p. m : camp, 1468. Cf. Champ, r. s. m., aux v. 865, 1338, 1782, 1869, 2434, 2779, 3512.

CAMPEL. R. s. f. (Campalem.) Ço ert s’enseigne en bataille campel. 3147.

CAMPIUNS. S. s. m. (Campio), 2244.

CANABEUS. S. s. m. Nom de païen, 3499 et 3312.

CANCELET. Verbe neutre, 3e p. s. de l’ind. prés. Chancelle (Cancellat) : Carles cancelet por poi qu’il n’est caüt, 3608. — Part. prés. s. s. m. : cancelant, 2227.

CANÇUN. S. s. f. (Cantio, cantionem.) Que malvaise cançun de nus chantet ne seit, 1014. (Il y a probablement erreur du scribe, et il faut lire : malvais chant.) Cf. Chançun, s. s. f., au v. 1466.

CANELIUS. S. p. m. (Étymologie très-incertaine. De ce peuple païen qui, dans plusieurs autres chansons et textes poétiques, apparaît toujours à côté des Achopars, M. Génin a voulu, fort sérieusement, faire une troupe de « porte-cierges ». En effet, dit-il, canelius ═ candelius. Il va sans dire que cette opinion ne supporte pas l’examen. Quant à M. F. Michel, il voit là les gens du « pays où croît la cannelle ».) 3269. — R. p. m. : canelius, 3238.

CANONIE (ou CANONJE). S. p. m. Chanoines (Canonici), 3637, — R. p. m. : canonies, ou canonjes, 2956.

CANTÉE (estre). Verbe passif, inf. prés. (Essere cantata.) Male chançun n’en deit estre cantée, 1466. Cf. Chantat, au v. 1563, et Chant, au v. 1474.

CANUZ. Adj., s. s. m. Blanc (Canutus), 538. — R. s. m. : canut, 2048, et canud, 503. — R. s. f. : canue, 2307 et 3654. — S. p. m. : canuz, 3954.

CAPADOCE. R. s. f. (Cappadociam), 1571.

CAPE. R. s. f. Manteau (Cappam) : N’at tel vassal suz la cape del ciel, 545. Cf. Chapele, au v. 2917.

CAPELE. R. s. f. (Capellam) : Ad Ais, à ma capele, 52. Cf. 3744. Cf. Chapele, au v. 2917.

CAPELERS. S. s. m. C’est, suivant nous, le capuchon de mailles du haubert (Capellarius ?), 3435.

CAPLER. Verbe neutre, inf. prés. Frapper (étymologie très-obscure. — ? Capulare), 1681, 3910. — Ind. prés., 3e p. p. : caplent, 1347, 3475. — Subj. prés. 3e p.s., capleit (?) : N’i ad celoi que n’i fierge o n’i capleit, 3462. (Dans un couplet masculin en ei.)

CAPLES. S. s. m. Coup d’épée, combat (Subst. verbal du précédent), 1109, 3380. Dur sunt li colps e li caples est grefs, 1678.

CAPUEL. R. s. m. Nom de païen (?), 1571.

CAR. S. s. f. Chair (Caro) : Ma car fust enfuie, 2942. — R. s. f., car : Pur nul hume de car, 2141, et carn, 3606. Cf. Char, r. s. f., 1119 et 3436 ; charn, r. s. f., 1265, et chars, r. p. f., 1613.)

CAR. Conj. (Quare.) Presque partout, il a un sens d’affirmation explétive, qu’il n’a pas conservé : Sire, car nos menez, 358. L’olifant car sunez, 1059. Dist Baligant : Car chevalchez, barun, 2686. Cf. 2005, 2428, 3751, 3768, 3902. ═ Aux vers 1806 et 1840, on retrouve à peu près le sens actuel. Cf. quar et surtout kar, qui est la forme la plus fréquente.

CARBUNCLE. S. p. m. Escarboucles (Carbunculi), 1326. — R. p. m. : carbuncles, 1662, 2633, 2643. Cf. Escarbuncle, r. s. au v. 1488 et 2589.

CARCASONIE. R. s. f. Nom de ville (Carcasoniam ? On trouve Carcassonam dans Grégoire de Tours, au lieu de Carcasonem, qui est dans César), 385.

CARE. R. p. f. Charge d’une charrette ; onus carri, comme dit Ducange au mot carra. Charretée (Carras), 131 et 186. Cf. Carres, r. p. f., au v. 33.

CARETTES. R. p. f. (D’un diminutif de carra, carrettas), 2972.

CARGEZ. Part. passé, s. p. m. (Carricati), 445. — R. p. m., cargez, 32 et 185. D’après les assonances, la forme correcte est cargiez.

CARIER. Verbe act. inf. prés. Charroyer (je le dériverais de carredare, et non, avec M. Littré, de carricare) : Cinquante carres qu’on ferat carier, 33. Cf. 131.

CARLEMAGNES. S. s. m. (Carolus-Magnus), 3451. Karlemagne, 2807. On trouve au v. 3329 : Carles li Magnes. — Au r. s. m. Carlemagnes, par erreur, 70, Carlemagne, 81, 522, 1422, 1973, 2380, 3720. Karlemagne, 2458. Cf. Charlemagne, r. s. m., aux v. 354 et 2621.

CARLES. S. s. m. (Carolus), 1, 16, 52, 905, 1100, 1207, 1703, 1949, 2117, 2145, 2271, 2362, 2476, 2505, 3066, 3171, 3329, 3359, 3443, 3515, 3608, 3675. Carlles, 578. Carle, 488. Karles, 1714, 1757, 1788, 2525, 3234. — Voc. s. m., Carles, 3994. — R. s. m. : Carles, par erreur, 655. Carle, 731, 765, 1179, 1350, 2681, 3536, 3669, 3851. Carlles, 566, et Carlun, 28, 218, 643, 1172, 1234, 1907, 3179, 3277, 3862, ou Carlon, 1859. Karlun, 2017, 3328, et Karlon, 1727. Cf. Charles, au s. s. m., 156, 158, 370, 1175, 2103. — Au voc. s. m. : Charle, 2454. — Au r. s. m. : Charle, 94 ; Charles (par err.), 1241 et 3287, et Charlun, 418, 1829, 2242, 3314.

CARN. R. s. f. Chair (Carnem), 3606. V. Car et Charn.

CARNEL. Adject. r. s. m. (Carnalem), 2153.

CARNEL. Subst. r. s. n. Charnier (Carnale), 2949. V. le suivant. Il est possible que carnel soit ici, par erreur, pour carner.

CARNER. R. s. n. Charnier (Carnarium), 2954.

CARRES. R. p. f. (Carras), 33. V. Care.

CARTRES. R. p. f. Chartes (Chartulas), 1684. Cf. Chartre, r. s. f., 2097.

CASCUNS. Adj. ou pron. s. s. m. (Quisque unus), 51, 2559, 3631. — R. s. m. : cascun, 2502. Cf. Chascuns, s. s. m., 203 et 1013, et r. s. m. : chascuns, 390.

CASTEL. R. s. Château fort (Castellum), 4, 23, 3783. — R. p. : castels, 235, 704. Cf. chastels, r. p., au v. 2611.

CASTIER. Verbe actif, inf. prés. Réprimander (Castigare), 1739.

CATAIGNES. S. s. m. Capitaine, chef de guerre (Capitaneus), 1850, 2912, et au v. 3709, catanie, forme antique et excellente, qu’il faut prononcer cataine. — R. s. m. : cataigne, 1846, et, par erreur, cataignie, 2320. — R. p. m. : cataignes, 3085.

CAÜT (est). Verbe neutre, parf. comp. 3e p. s. de cadeir : Por poi qu’il n’est caüt, 3608. V. Cadeir.

CE. Pron. dém. neutre, 984, 1006. (V. Ço, qui est la vraie forme, et qui dérive, non de ecce hoc, mais de hic, adverbe de lieu, et hoc.)

CEINENT. Verb. act. 3e p. s. de l’ind. prés. Ceignent (Cingunt), 3886. — 3e p. s. du parf. simpl. : ceinst, 2321.

CEL. R. s. m. Ciel (Cælum), 1553, 3031. V. Cels, ciel. La vraie forme est ciel, puisque ce mot ne se trouve, comme assonance, que dans les couplels en ier.

CEL. Adj. ou pron. démonstratif. S. s. n. ? (Hic-illud.) Cel corn ad lunge aleine, 1789. — S. s. m. : cil. (Hic-ille), 644, 887, 1526, 1723, 1792, 1821, 2711, 2835. — R. s. m. : cel (Hic-illum), 1618. — S. s. f. : cele (Hic-illa), 958, et r. s. f. : cele (Hic-illam), 1019, 1342, 2630, 3028. ═ La déclinaison de ce pronom, ou plutôt de cet adjectif démonstratif, est établie ainsi qu’il suit : s. s. m. : cil ; r. s. m. : cel ; s. p. m. : cil ; r. p. m. : cels. Et au féminin, cele, au s., celes au p. V. Cil, Cels, Cele, Celes.

CELE. Adj. ou pron. démonst., s. s. f., 958 et r. s. f., 1019, 1342, 1630, 3028. V. Cel.

CELER. Verbe act. inf. prés. Cacher (Celare) : Ne s’i voelt celer mie, 3522. — Passif, inf. prés., avec un s. s. f. : estre celée, 1458.

CELESTE. Adj. r. s. m., employé substantivement. Dieu (Cælestem) : Hoi le cumant à l’ glorius celeste, 2253

CELES. Adj. ou pron. démonstratif, r. p. f. (Hic-illas), 3941. V. Cel.

CELOI. Adj. ou pronom démonstratif. (Pour l’étym., voy. Celui.) Celoi est à tort employé au s. s. m. : Celoi levat le rei Marsiliun, 1520. — R. s. m. : N’i ad celoi n’i plurt e se dement, 1836. Cf. 411, 3462, 3805 ; celui, 427.

CELS. S. s. m. Ciel (Cælus, archaïque, et qui était demeuré dans la latinité populaire), 1432. — R. p. m. : cels, 2397. Ces formes ne sont pas correctes, et c’est ciels qu’il faut lire. Ce mot, en effet, ne se trouve comme assonance que dans les couplets en ier.

CELS. Adj. ou pron. démonstratif, r. p. m. (Hic-illos), 167, 213, 857, 1403, 1683, 2132, 3032, 3220, 3228, 3948. L’étymologie est bien indiquée dans ce vers : Cels de Baivère e icels d’Alemaigne, 3977.

CELUI. Adj. ou pron. démonst., r. s. m. 427. (Nous ne saurions admettre avec M. Littré que celui dérive de ecce-illius. Ecce-illi serait plus admissible dans l’hypothèse de M. Littré, et hic-illi dans la nôtre.) — Celoi r. s. m., 411, 1836, 3462, 3805.

CENGLES. R. p. f. Sangles (Cingulas), 3573 et 3880.

CENT. Nom de nombre (Centum). Devant un autre nombre, il est indéclinable : Cent milie sunt, 3085. Cf. 1440, 3402... ═ Employé après un autre nombre, il s’écrit cenz : Tels IIII. cenz i troevet entur lui, 2090. Set cenz, 31. ═ Cf., au v. 1417, l’expression : a miller et à cent.

CERCER. Verbe act. inf. prés. Fouiller, voir partout (Circare) : A mil Franceis funt ben cercer la vile, 3661 — Ind. prés., 3e p. s, cercet : Cercet les vals e si cercet les munz, 2185.

CERFS. S. s. m. (Cervus), 1874. — R. s. m. : cerf, 2968, 3738. De cerf le dextre guant, 3845. ═ Entre dans la composition de Passe-cerf, nom de cheval, 1380.

CERTEINE. Adj. r. s. f. (Cerretanam.) La tere certeine, 856. Nous avons discuté ailleurs la question de savoir s’il s’agit ici de la Cerdagne. V. nos Notes, p. 103.

CERTES. Adv. (Certe), 255. Nous avons déjà signalé, au mot alques, l’addition de l’s. Cf. primes, etc.

CERVEL. S. s. n. ou m. Cerveau (Cerebellum) : Par les oreilles fors se ist le cervel., 2260. Par erreur, le texte porte la cervel. — R. s., cervel, 1764, 1786, 3928.

CERVELLE. S. s. f. (Forme féminine du mot précédent : cerebella), 1356, 2248. — R. s. f. : cervelle : 3617.

CES. Pr. ou adj. démonstratif, r. p. m. (Pr cels.) De ces de France oent suner les graisles, 2116. V. Cels.

CES. Pr. ou adj. démonstratif, r. p. m. (Pr cez.) En sum ces maz e en cez haltes vernes, 2632. V. Cez.

CESSER. Verbe neutre, inf. prés. (Cessare.) Gent paienor ne voelent cesser unkes, 2639.

CEST. Adj. ou pron. démonst. (Hic-iste, suivant nous, et non pas ecce-iste. Les Provençaux ont choisi l’adverbe de lieu hàc pour faire leur aquel et leur aquest ; les Français, l’adverbe hic pour leur cest et leur cel, abrégé d’icest et d’icel.) La Déclinaison de cet adj. est établie ainsi qu’il suit : S. s. m. : cist ; r. s. m. : cest ; s. et r. s. f. : ceste ; s. p. m. : cist (et cez ?? au v. 2540) ; r. p. m. : cez ; s. et r. p. f. : cez. (V. ces différents mots.) C’est par erreur que cest est, dans notre texte, employé une fois (v. 3717) au cas sujet. Partout ailleurs il est régime, 11, 83, 134, 226, 2142, 2372, 2583. — R. s. f. : ceste, 35, 47, 242, 433, 654. 2428, 3587.

CESTE. Adj. ou pron. démonstr., r. s. f., (Hic-ista), 35, 47, etc. V. Cest.

CEVAL. R. s. m. (Caballum), 1374, 1379, 1539, 1554, 1567, 1591, 1606, 2032, 2138, 2841, et cheval, 1545, 1988, 2072, 2127, 2522, 3369. — S. p. m. : cheval, 3966, et chevals, 2484, 3876. — R. p. m. : cevals, 3002, 3047, 3349, et chevals, 1095, 2705, 2765, 2811, 2985, 3064, 3857.

CEVALCHET. Verbe neutre, ind. prés. 3e p. s. (Caballicat), 1812. Carles cevalchet e les vals et les munz, 3695 ; 3e p. p. : cevalcent, 3195. —  Impér., 2e p. s. : cevalche, 1619 ; 1re p. p. : cevalchum, 3078. V. Chevalcher.

CEVALERS. S. p. m. Par erreur, au lieu de cevaler (Caballarii), 110. V. Chevalers ;

CEZ. Pron. ou adj. démonstratif, s. p. m. (Hic-isti), 2540 (?) ; s. p. f. (Hic-istæ), 1538 (?) ; r. p. m. (Hic-istos), 1612 ; r. p. f. (Hic-istas), 145, 204, 710, 1043, 1169, 1612, 3024.

CHAEINES. r. p. f. (Catenas), 2557. Cf. Caeines, r. p. f., au v. 3735.

CHAEIT. Part. pass. s. s. m. Tombé. (Voy Cadeir) : Si est chaeit avant, 2231. — S. s. f. : chaiete (pour chaeite), 1986.

CHAÏR. Verbe neutre, inf. prés. Tomber (V. Cadeir) : Quel part qu’il alt, ne poet mie chaïr, 2034.

CHALCER. Verbe act. inf. prés. (Calceare) : El’destre poign si li faites chalcer, 2678. — Parf. comp., 3e p. p., avec un r. p. m. : unt chalcez, 3863. — Part. pass., r. p. m. : chalcez, 3863. La forme correcte est, d’après les assonances, chalcier, calciez.

CHALD. Adj. r. s. m. Chaud (Calidum) : Nus les feruns vermeilles de chald sanc, 950. V. (?) Calz, et plus loin Chalz.

CHALENGEMENT. R. s. (V. Calenges, calunjant, etc.) E tutes teres met en chalengement, 394. Le sens est celui de tort, ruine, et la racine calumnia(Calumniamentum).

CHALT. Verbe uniperson., 3e p. s. de l’ind. prés. (Calet.) Ne li chalt, 227. Le sens est : « Il ne s’en soucie point. » Calt, 1405. Chelt, 2411.

CHALZ. Subst. r. p. m. (Calidos.) E endurer e granz chalz e granz freiz, 1011. Cf. 1118. V. Calz ?

CHAMBRE. R. s. f. (Cameram.) Chambre a le sens actuel, 2826, ou celui de domaine, terre, bien : Cum jo serai à Loün en ma chambre, 2910. Cf. Cambre, dans le premier sens, aux v. 2593, 2709 et 3992 ; dans le second, au vers 2332.

CHAMP. R. s. m. (Campum.) Il est toujours employé dans le sens de « champ de bataille », 865, 1338, 1782, 1869, 2434, 2779, 3512. — Camp, 922, 1260, 1273, 1562, 1626, et, dans un sens plus large, 1838, 2230, 2439, 3968. — S. p. m. : camp, 1468.

CHANÇUN. S. s. f. (Cantio.) Male chançun n’en deit estre cantée, 1466. Dans ce même vers, il y a pour le même mot le c et le ch (chançun, cantée), et de tels exemples sont nombreux dans notre texte. — Cançun, s. s. f., 1014.

CHANTAT. Verbe act. parf. simpl. 3e p. s. (Cantavit), 1563. — Subj. prés. 3e p. s. : chant, 1474. — Inf. passif, avec un s. s. f. : estre cantée, 1466. — Part. pass. s. s. f. : cantée, 1466.

CHAPELE. R. s. f. (Capellam.) Cum jo serei à Eis, en ma chapele, 2917. — Capele, r. s. f., 52 et 3744.

CHARLEMAGNE. R. s. m. (Carolum-Magnum), 354, 2621. Carlemagne, 81, 522, 1422, 1973, 2380, 3720.

CHARLES. S. s. m. (Carolus), 156, 158, 370, 1195, 2103. — Voc. s. m. : Charle, 2454. — R. s. m. : Charle, 94 ; Charles (par erreur), 1241 et 3837, et Charlun, 418, 1829, 2242, 3214. Cf. Carles, au s. s. m. ; Carles, au voc., s. m. : Carle, Carles, Carlle, Karles et surtout Carlun, Karlun, au r. s. m. V. Carles.

CHARN. R. s. f. Chair (Carnem) : L’osberc li rumpt entresque à la charn, 1265. Char, 1119 et 3436. ═ Voici toute la déclinaison : S. s. f. : Car, 2942. — R. s. f. : car, 2141, et carn, 3606 ; charn, 1265, et char, 1119, 3436. — R. p. f., chars : Entresque as chars vives, 1613. V. Car.

CHARTRE. R. s. f. Charte (Chartulam) : Cil fist la chartre e l’muster de Loün, 2097. — R. p. f. : cartres, 1684.

CHASCUNS. Adj. ou pron. s. s. m. (Quisque-unus), 203, 1013. Cascuns, 51, 2559, 2631. — R. s. m. : chascun, 390, et cascun, 2502. V. Cascuns.

CHASTELS. R. p. Châteaux (Castella, ou plutôt bas lat. castellos), 2611, et castels, 235, 704. — Au r. s., on trouve castel, 4, 23, 3783.

CHEDED. Verbe neut., subj. prés. 3e p. s. (Cadat), 769. V. Cadeir et Cheet.

CHEENT. Verbe neut., ind. prés., 3e p. p. (Cadunt), 1981, 3574, 3881. V. Cadeir.

CHEET. Verbe neut. subj. prés., 3e p. s. (Cadat), 1064. V. Cadeir et Cheded.

CHEF. R. s. Tête. (Caput), 117, 214, 799, 2078, 2170. On trouve par erreur chés., au v. 2809. ═ Chef est employé, au sens figuré, comme dans notre expression : « À la tête de l’armée » : Si chevalcez el’premer chef devant, 3018. ═ Au v. 2528, chef a le sens de notre diminutif chevet : Li angles est tute noit à sun chef. — R. p. : chefs, 44, 491, 2094, 3865, et, par erreur, chef, 209. ═ La forme correcte, d’après les assonances, est chief.

CHELT. Verbe unipers., 3e p. s. de l’ind. prés. (Calet.) De ço qui chelt ? 2411. Calt, 1405 ; chalt, 227. Il y a ici trois formes pour le même mot.

CHEMIN. R. s. m. (Caminum.) Pleine sa hanste l’abat mort el’chemin, 1250. — R. p. m. : chemins, 405, 2426.

CHEN. S. p. m. Chiens (Canes), 1751, 2591, 3527. — R. p. m. : chens, 30, et chiens, 1874. Ce mot est employé comme assonance dans les couplets en ier. La forme correcte est donc chien, chiens.

CHER. R. s. m. (Carum.) Aveir cher, 753. — R. s. f. : chere, 3031. — Voc. s. m. : cher, 2441 et 2688, ou chers, 1693 ; voc. s. f. : cher(e), 3713. — R. p. m. : chers, 100, 547, 2178, et, par erreur, cher, 1517. ═ La forme correcte, d’après les assonances, est chier.

CHER. Adv. (Care.) Sempres murrai, mais cher me sui vendut, 2053. Cf. 1590, 1690. Ces divers exemples font très-nettement voir qu’il s’agit ici d’un adverbe, et non d’un adjectif.

CHÈRE. R. s. f. Tête (Caram) : Pluret des oilz, tute sa chere embrunchet, 3645.

CHEREMENT. Adv. (Cara-mente.) La mort Rollant lur quid cherement vendre, 3012.

CHERNUBLES. S. s. m. Nom de païen (?), 975 et 1310. — R. s. m. : Chernuble, 1325.

CHERS. Adj. r. p. m. (Caros), 100, 547, 2178. V. Cher.

CHERUBIN. R. s. m. (Cherubim, mot hébr., pluriel de cherub, et passé dans le latin dès les premières traductions de la Bible.) Deus tramist sun angle cherubin, 2393.

CHÉS. V. Chef.

CHET. Verbe neutr., 3e p. s. de l’ind. prés. Tombe (Cadit), 981, 1267, 1356, 2220, 2536, 2825, 3720. V. Cadeir. ═ La vraie forme est chiet ; car ce mot ne se trouve, comme assonance, que dans les couplets en ier.

CHEVAGE. R. s. C’est l’impôt, le tribut, l’ancienne capitatio (Capitaticum, cavaticum) : Ad oes seint Pere en cunquist le chevage, 373.

CHEVAL. S. s. m. (Caballus), 890. — R. s. m. : cheval., 1545. (La forme ceval. se trouve six vers plus haut), 1988, 2072, 2127, 2522, 3369. Ceval, 1374, 1379, 1539, 1554, 1567, 1591, 1606, 2032, 2138, 2841. — S. p. m. : cheval, 3966, et chevals, 2484, 3876. — R. p. m. : chevals, 1095, 2705, 2765, 2811, 2985, 3064, 3857, et cevals, 3002, 3047, 3349. (V. Ceval.)

CHEVALCHER. Verbe neutre, inf. prés. (Caballicare), 480. — 3e p. s. de l’ind. prés. : chevalchet, 366, 706, 1189, 1351, 1630, 1631, 1834, 3214, 3234, et cevalchet, 3695. — 3e p. p. : chevalchent, 1183, 1920, 2851, et cevalcent, 3195. — Parf. simpl. 3e p. s. : chevalchat, 2842, 3697 ; 3e p. p. : chevalcherent, 402, 2689, 2812. — Fut., 2e p. p. : chevalcereiz (dans un couplet masculin en ei), 3281. — Impér. 2e p. s. : chevalche, 2454, et cevalche, 1619 ; 1re p. p. : cevalchum, 3178 ; 2e p. p. : chevalchez, 1175 ; chevalcez, 3018, et chevalciez, 2806. — Subj. prés. 3e p. s. : chevalzt, 2109. ═ D’après les assonances, la forme correcte est chevalchier, etc. V. Cevalchet.

CHEVALERIE. R. s. f. Courage chevaleresque, acte digne d’un chevalier (Caballariam), 594, 960, 3074.

CHEVALERS. S. s. m. (Caballarius), 3818, et, par erreur, chevaler, 25, 1673, 1877, 2067, 3352. — Voc. s. m. : chevaler, 2252. — R. s. m. : chevaler, 752. — S. p. m. : chevaler, 99, 359, 2415, 2478, 2861, 3883, et, par erreur, chevalers, 1688, et cevalers, 110. — Voc. p. m. : chevaler, 1518. — R. p. m. : chevalers, 548, 802, 3052, 3148. ═ Ce mot se trouve surtout, comme assonanee, dans les laisses en ier ; mais on le rencontre aussi dans celles en er (v. 359 et 2859).

CHEVALERUS. Adj. s. s. m. Chevaleresque (d’un type barbare en osus, formé sur caballarius) : Ses filz Malprimes mult est chevalerus, 3176.

CHEVELEÜRE. R. s. f. (Capillaturam), 1327.

CHEVEL. S. p. m. (Capilli.) C’est par erreur que le scribe, au v. 976, a écrit chevoel, au lieu de chevel. — R. p. m. : chevels, 2347, 2596, 2931, 3605, 3821.

CHEVOEL. V. le précédent.

CHI. Pron. relatif, s. s. m. Celui qui (Qui), 596 et 838. V. Ki.

CHIEDENT. Verbe neutr. ind. prés., 3e p. p. Tombent (Cadunt), 1426. V. Cadeir.

CHIENS. R. p. m. (Canes), 1874, et chens, 30. Cf. chens, au cas sujet du pluriel, 1751, 2591, 3527.

CHIET. Verbe act., ind. prés., 3e p. s. Tombe (Cadit) : 1509, 2082, 2553, 3925. V. Cadeir.

CHOSES. R. p. f. (Causas.) De plusurs choses à remembrer li prist, 2377.

CHRESTIENS. Adj. s. S. s. m. (Christianus), 155, 899, et chrestien, 102. — S. s. f. : chrestiene, 3987. — R. s. f. : chrestiene, 85. — S. p. m. : chrestien, 3672 et 3998 ; chrestiens, 1015. — R. p. m. : chrestiens, 38, 2350. Ce mot, comme le suivant, est partout écrit par le XP.

CHRESTIENTET. R. s. f. Ce mot a toujours le sens de « foi chrétienne ». (Christianitatem.) On dit en parlant d’un païen : Deus ! quel baron, s’oüst chrestientet, 3164. Cf. 431, 686, 1129, 2620, 3598, 3980.

CI. Adverbe de lieu. Ici. (Ecce hic, d’après Diez ?). Je n’ose proposer l’adverbe de lieu hic, deux fois répété. Cf. le provençal aqui. V. Ici et cel, cil, cest, cist, cez, 145, 421, 677, 1669, 2060, 2372, 4002...

CICLATUNS. R. p. m. C’est ici le nom d’une étoffe de soie. Les plus beaux ciclatons venaient de l’Espagne musulmane. V. Fr. Michel, Recherches sur les étoffes de soie, d’or et d’argent, I, 220. (En arabe, siklatoun ; mais ce mot lui-même était d’origine greco-latine : cyclatio, dérivé de cyclas), 846.

CIEL. R. s. m. (Cælum. On trouve le nominatif s. m. cælus, à la décadence), 545, 708, 1156, 1441, 1553. 2532, 2666. V. Cel. ═ La forme correcte est ciel, qui se trouve, comme assonance, dans les laisses en ier.

CIL. Pron. ou adj. démonstratif. (Hic ille.) Sa déclinaison est la suivante : s. s. m. : cil. ; r. s. m. : cel ; s. et r. s. f. : cele ; s. p. m. : cil. ; r. p. m. : cels ; s. et r. p. f. : celes. Les exemples du s. s. m. sont aux vers 644, 887, 1526, 1723, 1792, 1821, 2711, 2835. — S. p. m. : cil, 92, 110, 113, 942, 1031, 1032, 1033, 1514, 1608, 1745, 1808, 1810, 1811, 1832, 2754, 2923, 3048, 3306, 3365, 3854, 3875, 3982... (V. Icil, Cel, etc.)

CINC. Nom de nombre, indéclinable. (Quinque.) Cinc cenz livres, 516.

CINQUANTE. Nom de nombre. (Quinquaginta.) Cinquante carres, 33. Cf. 1919, 3656.

CIRE. R. s. f. (Ceram.) Freint le seel, getet en ad la cire, 486.

CIS. V. le suivant.

CIST. Pron. ou adj. démonstratif. (Hic iste). Sa déclinaison est la suivante : S. s. m. : cist ; r. s. m. : cest ; s. et r. s. f. : ceste ; s. p. m. : cist ; r. p. m. : cez ; s. et r. p. f. : cez. — Les exemples du s. s. m. sont aux v. 743, 1212, 1280, 1547, 2183, 3168. — S. p. m. : cist, 108, 1499, 1688, 3072. Au lieu de cist, on trouve une fois cis au s. p. m., 3082. V. Cest, Cez, etc.

CITET. S. s. f. (Civitas), 5, 917. — R. s. f. : citet, 71, 654, 1484, 3652, 3884. — R. p. f. : citez, 258.

CLAMER. Verbe act. inf. prés. Proclamer, publier, dire à haute voix, etc. (Clamare), 350. — Ind. prés. 1re p. s. : cleim, 2748. 3e p. s. : cleimet, 1491, 1528, 2239, 2364, 3817. 3e p. p. : cleiment, 1161, 1608. — Impér., 2e p. p. : clamez, 1132. — Subj. prés., 3e p. s. : cleimt, 1522, 3800, 2e p. p. : clamez. ═ On remarquera l’expression : clamez sa culpe, qui signifie : « Dire à haute voix son mea culpa, » 2239. ═ Il faut appliquer au verbe clamer et aux formes cleimet, etc., les observations que nous avons faites plus haut sur amer et aimet. V. Amer.

CLARBONE. R. s. f. Nom d’un pays païen, purement imaginaire (il y entre sans doute les mots clara et bona.), 3259.

CLARIENS. S. s. m. Nom de païen (Clarianus, venant de Clarus), 2790. — R. s. m. : clarien, 2670.

CLARIFAN. R. s. m. Nom de païen (Mot forgé ? sur clarus), 2670.

CLARIN. R. s. m. Nom de païen (Clarinum), 63.

CLARTET. S. s. f. (Claritas), 2454. — R. s. f. : clartet, 1432, 2644, 2990. À ce dernier vers il faut claretet pour la mesure. (Ki pur soleill sa claretet n’en muet.) — R. p. f., clartez : Joiuse... ki cascun jur muet XXX clartez, 2502.

CLAVERS. Nom de peuple païen (?? sont-ce les Esclavons ? En ce cas l’étym. serait Slavarios), 3245.

CLEFS. R. p. f. (Claves), 654, 2752.

CLEIM. Verbe act., 1re p. s. de l’ind. prés. de clamer (Clamo), 2748. V. Clamer.

CLEIMENT. Verb. act., 3e p. s. de l’ind. prés. de clamer (Clamant), 1161, 1608. V. Clamer.

CLEIMET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. de clamer (Clamat), 1491, 1528, 2239, 2364, 3817. V. Clamer.

CLEIMT. Verbe act., 3e p. s. du subj. prés. de clamer (Clamet), 1522, 8800). (V. Clamer.)

CLERC. S. p. m. Membres de la cléricature païenne ou chrétienne (Clerici), 3637.

CLERS. Adj. s. s. m. Clair (Clarus), 1002, 1980, 2646, 3165, 3345, 3912, 3925. Au s. s. m., on trouve aussi, par erreur, cler, 157, 1614, 1763, 3972. — S. s. f. : clere, 445, 737, 2316, 2512, 3659. — R. s. m. : cler, 162, 895, 1159, 3160, 3194, 3453. — R. s. f. : clere, 59, 2523. — S. p. f. : cleres, 3309. — R. p. m. : clers, 2150, 3274, 3865. — R. p. f. : cleres, 3566.

CLER. Adverbe. Clairement (Clare), 619, 627, 1974, 1992, 3138, 3524.

CLIMBORINS. S. s. m. Nom de païen (?), 1485. C’est le même que le suivant.

CLIMORINS. S. s. m., 627.

CLINÉE (ad). Verbe actif, parf. comp., 3e p. s. avec un r. s. f. (Clinatam habet.) Desur les espalles ad la teste clinée, 3727. Dans le vers suivant, le même mot paraît employé au sens neutre. Il est question d’Olivier et de Roland qui se saluent pour la dernière fois : A icel mot l’un à l’altre ad clinet, 2008. (Chacun d’eux a incliné la tête devant l’autre...)

CLOU. S. p. m. (Clavi.) Cheent li clou, 3574.

ÇO. Pron. démonstratif neutre. Cela, ce (selon Diez, ecce hoc ; d’après nous, hic-hoc), 73, 77, 136, 603, 1640, etc. V. Iço et Ce.

COER. S. s. Cœur (Cor), 2019. — R. s. : coer, 1107, 1278, 1438, 1447, 1566, et quer, 2356. — R. p. : coers, 3628, et quers, 2965.

COIFE. R. s. f. C’est le nom du capuchon de mailles (Coife vient, suivant Diez, d’un mot haut-allemand : kuppa, kuppha, mitre, qui passa dans la basse latinité sous la forme cofea, cuphia) : Trenchet la coife entresque à la char, 3436.

COILLIT. Verbe act., parf. simpl., 3e p. s. (Collegit.) « Cueillir en haür », c’est « se prendre de haine » : Rollanz me coillit en haür, 3771.

COL. Pour colp. Voy. ce dernier mot.

COL. R. s. Cou (Collum), 281, 601, 1205, 1344, 1576, 1826, 2991. — R. p., cols : Escus as col, 713.

COLOR. R. s. f. (Colorem), 3763. V. Culor et Culur.

COLPS. S. s. m. Coup (Colaphus, colpus), 1109, 3438 ; et, par erreur, colp, 866. — R. s. m., colp : Brandist sun colp, 1509. Cf. 1666, 3929, et col, 1948. — S. p. m. : colps, 1395. — R. p. m. : colps, 554, 2090, 2463, 3401, et cols, 541. ═ On remarquera l’expression : A colps pleners, 2463, 3401...

COMANDEMENT. R. s. Ordre (Commendamentum), 309.

COMANDET. Verbe act. ind. prés., 3e p. s. (Commendat), 298. V. Cumant.

COMANDET (ad). Verbe act., parf. comp., 3e p. s. (Commendatum habet), 2453, 2952. V. Cumant.

COMANDET. Part. passé, employé substantivement, s. s. m. (Commendatus.) C’est celui qui s’est recommandé, qui a fait l’acte appelé commendatio, le vassal : Jointes ses mains, iert vostre comandet, 696. V. Cumant.

COMANT. Subst. verbal de comander. (V. ce mot.) S. s. m. : Ben seit vostre comant, 616. — R. s. m. : comant, 946 et 1775.

COMANT. Verbe act. ind. prés., 1re p. s. (Commendo), 318. V. Cumant.

COMMIBLES. Nom d’une ville d’Espagne, qui appartenait aux païens (?), 198.

COMPAIGN. Voc. s. m. Compagnon, 1456. V. Cumpainz, etc.

CONFUSIUN. S. s. f. (Confusio.) De vos seit hoi male confusiun, 3276. V. Cunfundre.

CONOISANCE. R. s. f. Science (Cognoscentiam) : Chrestiene est par veire conoisance, 3987. V. Cunoisance.

CONOISENT. Verbe act., 3e p. p de l’ind. prés. (Cognoscunt), 3901. V. Conuistre.

CONQUIST. Verbe act., 3e p. s. du parf. simpl. (Conquisivit), 2047. V. Cunquere.

CONSEILL. R. s. Avis (Consilium), 3510. V. Cunseill.

CONSENTE. Verb. act. subj. prés., 3e p. s. (Consentiat.) Deus tut mal le consente ! 1589. V. Cunsent.

CONSOÜT (sui). Verbe neutre (?), parf. comp., 1re p. s. (Consecutus sum.) Dès l’ure que nez fui — Tresqu’à cest jur que ci sui consoüt, 2372.

CONTE. R. s. m. Comte (Comitem), 2320. V. Quens et Cunte.

CONTR(A)IRE. R. s. Haine ou malheur, calamité (Contrarium) : Jo t’en muverai un si grant contraire, 290 (?).

CONTREDITE. Part. pass., r. s. f. Maudite. (Contradictam.) Les païens sont appelés « la contredite gent », 1932. V. Cuntredire.

CONTRÉE. R. s. f. Sens actuel (Contratam), 1455. V. Cuntrée.

CONUISTRE. Verbe act. inf. prés. (Cognoscere), 530. — Ind. prés., 1re p. s. : conuis, 3409 ; 3e p. p. conoissent, 3901. — Parf. simple, 3e p. s. : conuist, 2524 et 3566, et conut, 2875.

COPIEZ. R. p. m. En parlant d’un cheval, on dit, dans Gui de Bourgogne (2327) et dans Roland, que « Piez ad copiez », 1652. (Étymologie et sens douteux. Gui de Bourgogne dit coupés. Faut-il entendre couplés ?? ou coupés, dans le sens de « bien taillés, fins » ??)

CORDRES. R. s. f. Nom de ville en Espagne (Cordubam ??), Cordoue ? 71, 97. (V. notre note du v. 71.)

CORN. S. s. Cor (Cornu), 1789. — R. s. : corn, 1051, 1765, 1768. — R. p. : corns, 1796 et 2132, et cors, 1629.

CORNANT. Part. prés. de corner, s. s. m., 1075 et 1780.

CORNERS. Infinitif pris substantivement. S.s.m. : Li corners, 1742. — R. s. : Jo à l’corner..., 2108. V. le suivant.

CORNEZ. Verbe neutre, ind. prés., 2e p. p. (D’un verbe formé sur cornu.) Se vus cornez, n’ert mie hardement, 1710. 3e p. p. : cornent, 2111. — Parf. simple, 3e p. s. : cornat, 2102. — Fut., 1re p. s. : cornerai, 1702.- Part. prés. s. s. m. : cornant, 1075 et 1780.

CORONE. R. s. f. Sens actuel (Coronam), 3236, 3538. — Dans le sens de tonsure, au r. p. f. : corones, 3639. V. Curune, corune.

CORONET. S. s. m. Celui qui est tonsuré (Coronatus), 1563. — R. p. m., coronez : Proveires coronez, 2956. V. Corone.

CORS. R. p. Trompettes, clairons (Cornua), 1629. V. Corn.

CORS. S. s. Corps (Corpus), 3900. — R. s. : cors, 118, 492, 597, 901, 1533, 1543, 2551. — R. p. : cors, 2967.

CORSABLIS. S. s. m. Nom de païen (? fait d’après Cursabilis), 885. — R. s. m., au v. 1235, on trouve la forme corsablix.

CORT. R. s. f. Cour du Roi (Curtem), 351. V. Curt

CORUNE. R. s. f. (Coronam), 2684. V. Curune.

COSTENTINNOBLE. R. s. f. (Constantinopolim), 2329.

COSTED, COSTET. R. s. m. Côté (Costatum, de costa) : costed, 346, et costet, 1066, 1315, 1667, 3143. — R. p. m. : costez, 284, 1612, 1654, 1969, 3158.

COSTEÏR. Verbe act., inf. prés. Mettre à part, ou mettre à côté de... (d’un verbe en ire formé sur costatum) : Li Emperere fait Rollant costeïr, 2962.

COUS. R. p. m. Cuisiniers, queux (Quoquos de quoquus), 1817.

CRAVENT. Verbe neutre, 3e p. p. du subj. prés. (Crèvent, crepent, de crepare.) Nen ad recet dunt li mur ne cravent, 1430.

CRAVENTE. Verbe actif, 3e p. s. de l’ind. prés. Renverser (Crepentat) : Ambure cravente en la place devant sei, 3549.

CREINT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. (Tremit), 2740. V. Crent.

CREIRE. Verbe employé tantôt comme actif et tantôt comme neutre (Creire Deu, creire en Deu), inf. prés. Croire (Credere), 987, 3980. — Ind. prés., 1re p. s. : crei, 575, 1006, 3406, 3458. 3e p. s. : creit, 577, 1634, 2753, 3666. — Fut., 2e p. p. : crerez, 196. — Impér., 2e p. s. : crei, 3599, et 2e p. p. : creez, 692. — Imparf. du subj., 2e p. p. : creïsez, 1728. ═ Rem. l’expression : Se ne l’assaill, dunc ne faz jo que creire, 987, où creire paraît être employé passivement.

CREISTRE. Verbe neutre, inf. prés. Croître (Crescere) : Blet n’i poet pas creistre, 980.

CRENT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. Craint. (Tremit), 549, 3580, et creint, 2740. — Fut., 2e p. p. : crendrez, 791. — Cond., 1re p. s., crendreie : Jo me crendreie que vos vos meslisez, 257.

CRI. S. s. m. (c’est le substantif verbal de crier), 2064.

CRIENT. Verbe actif ou neutre, 3e p. p. de l’ind. prés. (Quiritant.) Li chrestien te recleiment e crient, 3999. — Parf. comp., 3e p. s. avec un r. s. f., ad criée : li Amiraz Preciuse ad criée, 3564. — Impér., 2e p. p., criez : Adubez vos, si criez vostre enseigne, 1793. — Subj. prés., 3e p. s. : criet, 1618. — Part. passé, r. s. f. : criée, 3564.

CRIGNELS. R. p. m. Cheveux (diminutif de crines) : Trait ses crignels, 2906.

CRIGNETE. R. s. f. Crinière de cheval (diminutif féminin de crinis), 1655.

CRIMINEL. R. s. f. (Criminalem.) Venger te poez de la gent criminel, 2456.

CRISTALS. S. s. m. Ce mot désigne les pierres fines, ou plutôt les verroteries qui ornaient le pommeau de l’épée, la boucle de l’écu et le cercle du heaume (Crystallus), 2296. — R. s. m., cristal : Tute li freint la bucle de cristal, 1263. D’or est li helz, e de cristal li punz, 1364. Cf. 3150.

CROCE. S. s. f. Tous les traducteurs ont rendu ce mot par « croix ». Cependant on trouve, au v. 2504, la forme cruiz, qui est régulière. Croce vient plutôt de crocea, et a sans doute le sens de « crosse » : En l’Arcevesque est ben la croce salve (v. 1670), signifierait donc : Voilà un archevêque qui sait bien garder sa crosse.

CROLLÉE (ad). Verbe actif, parf. comp., 3e p. s. avec un r. s. f. : A brandi... (Corotulatam habet, d’après Diez et Bartsch) : De sun algeir ad la hanste crollée, 442. — Part. pass., r. s. f. : crollée, 442.

CRUISIEDES (ad). Verbe act., parf. comp., 3e p. s. avec un r. p. f. (Cruceatas habet.) Cruisiedes ad ses blanches (mains) les beles, 2250. Cruisiedes est un des très-rares participes du Roland, qui ont conservé la forme primitive et étymologique.

CRUISIR. Verbe neutre, inf. prés. Grincer (Cruscire. Suivant Gachet, goth. kriustan, craquer) : Ces escuz sur ces helmes cruisir, 3485. — Ind. prés., 3e p. s., cruist : Cruist li acers, 2302, 2313, 2340. — 3e p. p. : cruissent, 2540.

CRUIZ. R. s. f. Croix (Crucem) : Nostre Sire fut en la cruiz naffret, 2504.

CRUPE. R. s. f. Croupe (Scandinave kryppa, allem. kropf, suivant Littré) : Curte la quisse e la crupe bien large, 1653.

CRUTE. R. s. f. Grotte (Cryptam) : Ad Apolin en curent en une crute, 2580.

CUARD. S. s. m. Peureux (de cauda, queue ; l’animal qui a peur porte la queue basse : c’est un cuard) : Pur tut l’or Deu ne volt estre cuard, 888. — R. s. m. cuard, 1116, 1647. — S. p. m. : cuart, 3337.

CUARDET (se). Verbe pronominal, 3e p. s. de l’ind. prés. Est ou devient lâche (voy. le précédent) : Mal seit de l’ coer ki el’ piz se cuardet, 1107.

CUARDIE. R. s. f. Lâcheté (voy. Cuard), 1647, 2351, 2602.

CUARDISE. R. s. f. Lâcheté (voy. Cuard), 3043, 3521.

CUART. Adj. s. p. m. Lâches (voy. Cuard), 3337.

CUE. R. s. f. Queue (Caudam), 1655.

CUIGNÉES. R. s. f. Cognées (Cuneatas), 3663.

CUISSE. R. s. f. (Coxam), 1653.

CULCHET. Verbe actif ou réfléchi, 3e p. s. de l’ind. prés. (Collocat.) 1° Au réfléchi : se culchet, 12, 2013, et se culcet, 2449. — Parf. comp., 3e p. s. avec un s. s. m. : s’est culchet, 2358 ; s’est culcet, 2496, et s’est culcez, 3992. ═ 2° À l’actif. Parf. comp., 3e p. s. avec un r. s. m., at culched : Sur l’erbe verte puis l’at suef culched, 2175, et ad culchet : Sur un escut lad as altres culchet, 2204. — Subj. prés., 3e p. s. : culzt, 2682. ═ 3° Au passif. Ind. prés., 3e p. s., avec un s. s. m., est culchet : Li soleilz est culchet, 2481. ═ Part. pass., s. s. m. : culchet, 2481. R. s. m. culched, 2175 ; culchet, 2204, 2358 ; culcet, 2496, et, par erreur, culcez, 3992.

CULOR. R. s. f. (Colorem), 3720. V. Culur et Color.

CULPE. R. s. f. (Culpam), 3720. « Clamer sa culpe, » c’est « réciter son mea culpa » : Cleimet sa culpe, 2239 et 2364. Cf. 1173, 2014. — Deus ! meie culpe (c’est-à-dire : mea culpa), 2369. — R. p. f. : culpes, 1132.

CULUMBE. R. s. f. Colonne (Columnam), 2586.

CULUR. R. s. f. Couleur (Colorem), 441, 2299, 2895 ; color, 3763 ; culor, 3720. — Au r. p. f., culurs a (vers 2594) le sens de « peintures murales » : Fait sei porter en sa cambre voltice ; — Plusurs culurs i ad peinz e escrites, 2593, 2594. V. Culor et Color.

CULVERT. Adj. s. m. Misérable (l’étymologie de Diez, collibertus, est la moins mauvaise de toutes : elle nous paraît encore bien douteuse), 1394. — Voc. s. m. : culvert, 763, 1207, 2292 et 3446.

CULZT. Verbe act., 3e p. s. du subj. prés. de culcher (Collocet), 2682. (V. Culchet.)

CUM. Conjonction. Ce mot, suivant nous, ne vient pas toujours de quomodo, ainsi que l’affirment Littré et Brachet. Il vient tantôt de quomodo : Issi seit cum vos pleist, et tantôt de quum : Cum je serai à Loün en ma chambre, etc. En ce dernier cas, l’étymologie quomodo nous paraît impossible. ═ D’où il suit que cum a deux sens : 1° « Quand, lorsque, dès que », et 2° « De la façon que, ainsi que ». ═ Il convient d’ajouter que cum se distingue fort nettement de cume dans le texte de la Bodléienne. Cume (qui a seulement le sens de quomodo), ne s’emploie qu’avec des substantifs et adjectifs (cume fols... Neirs cume peis) ; tandis que cum s’emploie presque toujours avec un verbe : Faites la guere cum vos l’avez enprise, etc. (V. notre note du v. 20.) ═ 1° Cum, dans le sens de quomodo. On le trouve employé avec un verbe aux vers suivants : Que il me cheded cum fist à Guenelun, 769. Si cum li cerfs s’en vait devant les chiens, 1874. Si cum il poet, 2203. Cf. 76, 210, 606, 1802. Une seule fois, on le trouve avec un substantif : Altresi cum un urs, 1827. ═ 2° Cum, dans le sens du latin quum : Cum il le vit, 1643. Cum je serai à Eis en ma chapele, 2917. Cum il aproisment en la citet, 2692. Cf. 2910. ═ 3° Cum enfin est employé dans le sens exclamatif, et, en ce cas, dérive de quomodo : E ! Sarraguce, cum ies oi desguarnie, 2598. V. Cun.

CUMANT. Verbe neut. et quelquefois actif, 1re p. s. de l’ind. prés. (Commendo), 273, 2253, 2673, 2815, 3015, et comant, 318. 3e p. s. : cumandet, 1138, 2432, 2527, 2970, 3057, 3952, et comandet, 298. 3e p. p. : cumandent, 3694. — Parf. simpl. 3e p. s. : cumandat, 1817. — Parf. comp., 3e p. s. : ad comandet, 2453 (sans complément), et 2952 (avec un r. n.). — Impér. 2e p. p. : cumandez, 2949, 3842. — Part. passé, s. s. m. : comandet, 696, et r. n. : comandet, 2453 et 2952 ═ Ce verbe a plusieurs sens : 1° Il a gardé le sens latin de « confier, recommander » (vers 2253, 2815, 2527, 3694, 1817, et 696). ═ 2° Il signifie encore « commander, ordonner » (vers 273, 2673, 318, 1138, 298, 2453, 2952, 2949, 3842). ═ 3° Enfin il faut signaler une acception particulière aux vers 3015, 2432, 2970, 3057. Li reis cumandet un soen veier, 3952. Ce dernier sens est celui de « requérir par ordre ». V. Comand et Comandement.

CUMBATANT. V. le suivant.

CUMBATRE. Verbe qui, partout, est employé au réfléchi, sauf en un seul cas (v. 2603 : S’il ne cumbat à cele gent hardie). L’étymologie est battuere avec cum. V. Batre. Inf. prés. : Me cumbatre, 566. — Ind. prés., 3e p. s. : se cumbat, 733, 1847, 2099, 3288. — Parf. simpl. 3e p. s. : s’i cumbatit, 2778. — 3e p. p. : se cumb[a]tirent, 1777. — Parf. comp. 3e p. s., avec un s. s. m. : s’est cumbatuz, 2041. — Fut., 1re p. s. : me cumbatrai, 3844 ; 3e p. s. : cumbatrat sei, 614. — Cond. 3e p. s. : se cumbatreit, 3804. — Part. prés. (?) : cumbatant. En cumbatant, 1769. Asez est mielz que moerium cumbatant, 1475. (C’est un véritable gérondif.) — Cumbatanz est encore employé comme un véritable substantif (s. p. m.) au v. 3188 : De cels de France XX. milie cumbatanz, et, comme un adjectif signifiant « brave » (s. s. m. et f. : cumbatant) : E vertuus e vassal cumbatant, 1594. Li Emperere est ber e cumbatant, 2737. Unc ne vi gent ki si fust cumbatant, 3516. — Part. pass., r. s. m : cumbatuz, 2041.

CUME. Conjonction. (Quomodo. V. Cum.) Cume s’emploie toujours avec des substantifs et adjectifs : Cume mi saive hume, 20. Cume celui qui ben faire le set, 427. Issi est neirs cume peiz, 1635. Si cume tel felon, 1819. Cume vassal i fiert, 1870. Cf. 1888, 1967, 3153, 3234, 3319, 3710, 3973. Nous ne trouvons qu’un exemple de cume avec un verbe : Cume fist a tei le bastun devant Carle, 765. Et c’est une erreur évidente.

CUMENCER. Verbe actif, inf. prés. Commencer (Cum-initiare), 2413. — Ind. prés. 2e p. s. : Malvais sermun cumences, 3600. 3e p. s. : cumencet, 138, 179, 602, 1648, 2217, 2279, 2315, 3704. 3e p. p. : cumencent, 3910. — Parf. simpl., 3e p. s. : cumençat, 302. — On dit cumencer à. Ex. : Cumencet à plurer, 2217.

CUMENT. Conjonction. Comment, de quelque manière que... (Quomodo-inde ?) : Deus set asez cument la fins en ert, 3872. — Cument qu’il seit, ne s’i voelt celer mie, 3522. Dans le premier vers cité, cument a le sens actuel (Cf. 1700) ; dans le second, il doit se traduire par : « De quelque façon que... »

CUMPAIGNE. S. s. f. Compagnie, troupe (Compania), 3034. — R. s. f. : cumpaigne, 827, 912, 1087, 1849. — S. p. f. : cumpaignes, 1757. — R. p. f. : cumpaignes, 3324.

CUMPAIGNIE. S. s. f. (voy. le précédent ; mais ici l’étymologie est companita), 1735. — R. s. f. : cumpaignie, 587, et cumpagnie, 1632.

CUMPAGNUN. V. le suivant.

CUMPAINZ. S. s. m. (Companis, companio), 324, 546, 793, 941, 1368, 2404, et cumpaignun, 1160. — Voc. s. m. : cumpainz, 1059, 1503, 1983 ; cumpaign, 1051, 1456, 1672, 1973, 2027, et cumpain, 2000. — R. s. m. : cumpaignun, 1020. — S. p. m. : cumpaignuns, 2178. — R. p. m. : cumpainz, 3194, et cumpaignuns 858.

CUMPERÉE (averunt). Verbe act., fut. antérieur, 3e p. p., avec un r. s. f. Auront payée (Cumparatum habere-habent), 449. — Subj prés. 3e p. s., cumpert : Ki que l’cumpert, 1592. — Part. pass., r. s. f. : cumperée, 449.

CUMPERT. Verbe act., 3e p. s. du subj. prés. de cumperer. (Comparet, paye.) V. le précédent.

CUMUNE. Adj. s. f. Générale (Communis) : La bataille est merveilluse et cumune, 1320.

CUMUNEL. Adj. s. p. m. Agissant en commun (Communales) : Tenent t’enchalz, tuit en sunt cumunel, 2446.

CUMUNEMENT. Adverbe. Tous ensemble (Communi-mente), 1416, 1838, 3416.

CUN. Conjonction. (Quomodo.) Tut issi cun il sunt, 2435 ; et, au sens exclamatif : E ! France dulce, cun hoi remendras guaste, 1985. V. Cum.

CUNDUIRE. Verbe actif, inf. prés. (Conducere), 945. — Ind. prés., 3e p. s. : cunduit, 3370, 3957. — Parf. simpl., 3e p. s. : cunduist, 1315, et cundoïst, 1392. — 3e p. p. : cunduistrent, 685. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. m. : ad cunduit, 3689, et, avec un r. p. m. : ad cunduiz, 542, et ad cunduit, 527. — Fut., 1re p. s. : Jo cunduirai, 892. ═ Passif. Subj. prés., 1re p. p., avec un s. p. m. : seiuns cunduiz, 46. — Part. passé, r. s. m. : cunduit, 3689. S. p. m. : cunduiz, 46. R. p. m. : cunduiz, 542. Au neutre s. : cunduit, 527.

CUNFÈS. Part. pass., s. p. m. Confessés (Confessi) : Ben sunt cunfès e asols et seignez, 3859.

CUNFORT. R. s. m. Réconfort, encouragement (substantif verbal de conforter, confortiare) : Quant Paien virent que Franceis i out poi, — Entrels en unt e orgoil e cunfort, 1940, 1941.

CUNFUNDRE. Verbe act. inf. prés. (Cunfundere), 17, 389, 1499, 2583, 3640. — Ind. prés, 3e p. p. : cunfundent, 380. — Subj. prés., 3e p. s. : cunfunde, 788. (Deus me cunfunde.) ═ Au passif, ind. prés., 2e p. s., avec un s. s. m. : ies cunfunduz, 3955. — Part. passé, s. s. m. : cunfunduz, 3955, et s. s. f. : cunfundue, 1986.

CUNGET. R. s. m. Ce mot est employé dans le sens de « prendre congé, donner congé » (Commeatum) : E ! gentilz hom, car me dunez cunget, 2177. — Prennent cu(n)get, 2764. — V. la forme cungied, au v. 337.

CUNGIED. R. s. m. Sire, dunez mei le cungied, 337. C’est la forme correcte ; car elle se trouve, comme assonance, dans une laisse en ier.

CUNOISANCES. R. p. f. Signes qui, peints sur l’écu, servaient à reconnaître les chevaliers dans la mêlée (Cognoscentias) : Escuz unt genz de multes cunoisances, 3090. V. Conoisance, qui, au r. s., signifie « science », 3987.

CUNQUERE. Verbe act., inf. prés. Conquérir (Conquirere), 2920. — Ind. prés., 3e p. p. : cunquerent, 3032. — Parf. simpl., 1re p. s. : cunquis, 198, 2322, 2323, 2324, 2325, 2327, 2331. — 3e p. s. : cunquist, 3 et 371. — Parf. comp., 1re p. s., avec un r. p. m. et f., ai cunquis : Cunquis l’en ai païs e teres tantes, 2333. 2e p. p., avec un r. p. m. : avez cunquis, 1859. — Fut., 1re p. s. : cunquerrai, 988. 3e p. s. : cunquerat, 401. — Fut. ant., 1re p. s., avec un r. p. f., averai cunquises : Mult larges teres de vus averai cunquises, 2352. — Part. prés., s. s. m. : cunquerant, 553, 2363. — Part. passé, r. p. m. : cunquis (?), 1859. R. p. f. : cunquises, 2352. R. s. n. : cunquis, 2333.

CUNQUERANTMENT. Adv. En conquérant, à la façon d’un conquérant. (Conquirenti-mente), 2867.

CUNREER. Verbe act., inf. prés. Préparer, disposer, armer (d’un type germanique, raidjan, mettre en ordre (?). V. Diez, Lex. étymol., et le Glossaire du Chevalier au Cygne, p. 589) : De guarnemenz se prent à cunreer, 243. — Parf. comp., 3e p. p., avec un r. p. m. : XII. serjanz les unt ben cunreez, 161. — Part. pass., r. p. m., cunreez, 161.

CUNREID. R. s. m. Équipement, bagage (v. l’étymologie du mot précédent, et Ducange, au mot Conredium, qui a été fait sans doute sur le vocable roman) : D’altre cunreid ne lur poent plus faire, 2493.

CUNSEILL. S. s. 1° Avis, sentiment (Consilium) : Cunseill d’orguill n’est dreiz que à plus munt, 228. — R. s. : cunseill, 3454 ; conseill, 3510. On trouve l’expression « prendre conseil » dans le sens de « se décider » : Si pren cunseill que vers mei te repentes, 3590. ═ 2° Conseil, assemblée. Se dit en particulier du conseil du Roi. S. s., cunseill : Dès ore cumencet le cunseill que mal prist, 179. R. s. : cunseill, 62, 78, 166, 169, 3761. Rem. la locution « tenir conseil » : Ore en tendrum cunseill, 3761.

CUNSEILLER. Verbe act. inf. prés. (V. le précédent. Il faut supposer le type consiliare.) E pur prozdomes tenir e cunseiller, 2212. — Parf. comp., 3e p. p., unt cunseillet : Si hume li loent, si li unt cunseillet, 2668. — Impér., 2e p. p. : cunseilez, 20. Rem. que ce mot se trouve, comme assonance, dans une laisse en ier.

CUNSENT. Verbe act. impér., 2e p. s. (De consentire.) Le sens est celui d’accorder, donner : Par ta mercit, se tei plaist, me cunsent — Que mun nevold pois(se) venger Rollant, 3108, 3109. — Subj. prés. 3e p. s., cunsente : Deus tut mal te cunsente, 1589. Cf. 3013.

CUNTE. R. s. m. (Comitem.) C’est le cas régime de Quens (Comes). Quens se trouve aux v. 194, 625, etc. — Cunte, aux v. 635, 1526, 2161, etc. — S. p. m. : cunte, 378, 577. — R. p. m. : cuntes, 14, 207.

CUNTE. R. s. m. (Compotum, computum. C’est le subst. verbal de computare.) L. milie chevalers unt par cunte, 3078.

CUNTENANCE. R. s. f. Mine, figure, maintien (Continentiam), 118, 830. — R. p. f., cuntenances : Quant Carles veit si beles cuntenances, 3006. Cf. 3086.

CUNTENANT. R. s. m. Même sens que le précédent ; étymologie analogue. Cler le visage et de bon cuntenant, 3115.

CUNTENCE. Sun ceval brochet ki ort de l’cuntence, 1591, pour : Sun ceval brochet ki de l’curre cuntence. Dans cette dernière hypothèse, cuntence serait un subj. prés., 3e p. s. d’un verbe fait sur contendere, et ayant le sens de : « S’efforcer de faire un effort... »

CUNTENÇUN. R. s. f. Effort (Contentionem) : Puis, si chevalchent par mult grant cuntençun, 855.

CUNTENEMENT. R. s. (V. les précédents.) E à l’reguart e à l’cuntenement, 1508. Les trois formes cuntenance, cuntenant et cuntenement nous montrent avec quelle facilité nos pères ajoutaient au même radical latin plusieurs flexions différentes. Les Italiens ne procèdent pas avec plus de liberté.

CUNTER. Verbe act., inf. prés. Raconter, dire (Computare) : Por la raison cunter, 68.

CUNTES. V. Cunte.

CUNTESSES. R. p. f. (Comitissas), 3729.

CUNTIENENT (se). Verbe réfléchi, 3e p. p. de l’ind. prés. Se tiennent (Se continent) : Pur Pinabel se cuntienent plus quei, 3797.

CUNTRALIEZ. Verbe réfl. impér. 2e p. p. (d’un verbe créé sur contrarium) : Pur Deu vos pri, ne vos cuntraliez, 1741. V. le suivant.

CUNTRARIER. Verbe neutre, inf. prés. Le même que le précédent, et employé dans le même sens. À quatre vers d’ntervalle on trouve cuntraliez et cuntrarier, l’r et l’l étant aisément pris l’un pour l’autre : Li Arcevesques les ot cuntrarier, 1737. Dans les deux cas, ce mot signifie : « Se disputer. »

CUNTRARIUS. Adj. s. s. m. Hostile (d’un adjectif en osus, fait sur contrarius) : Envers Franceis est mult cuntrarius, 1212.

CUNTRE. Prép. (Contra.) Cuntre a plusieurs sens dans la Chanson de Roland : 1° Tout près de, en touchant, etc. : Cuntre sun piz puis si l’ad enbracet, 2174. Cf. 3487. ═ 2° Vers, du côté de... : Cuntre le ciel ambesdous ses mains juintes, 2015. Cf. 708, 1533, 1808. ═ 3° À la rencontre de... : Vient curant cuntre lui, 2822. ═ 4° Au moment de... : Cuntre midi tenebres i ad granz, 1431. ═ 5° De la longueur de... : Cuntre dous deiz l’ad de l’furrer getée, 444. — 6° En échange, en comparaison de... : Cuntre un de noz en truverat morz quinze, 1930. Il est presque inutile d’ajouter que les sens 3, 4 et 5 dérivent tout naturellement du 2°.

CUNTREDIRE. Verbe neut., inf. prés. S’opposer à, démentir, dire le contraire (Contradicere), 195. — Subj. prés., 3e p. s., cuntredie : S’or i ad cel qui Carle cuntredie, 3669. — Part. pass., r. s. f., contredite : La contredite gent, 1932 (dans le sens de : la gent maudite, les païens).

CUNTRÉE. S. s. f. Pays (Contrata, de contra) : Grant est la plaigne et large la cuntrée, 3305. — R. s. f. : cuntrée, 448, 709 ; contrée, 1455.

CUNTREMUNT. Adverbe. En haut, en amont (Contra montem) : Ambes ses mains en levat cuntremunt, 419.

CUNTRESTER (se). Verbe réfl. inf. prés. Résister (Contra-stare) : Pur ço ne s’poet nule gent cuntrester, 2511.

CUNTREVAILLET. Verbe neutr., subj. prés, 3e p. s. Cuntrevaleir a le sens de « valoir » (Contra-valeat) : Jamais n’iert hum ki tun cors cuntrevaillet, 1984.

CUNTREVAL. Adverbe. En bas, en aval (Contra vallem) : Li altre en vunt cuntreval flotant, 2472. Cf. 1264, 1267.

CUNTURS. R. p. m. Comtes. (Comitores.) Dans la hiérarchie féodale, les cunturs viennent après les Vicomtes et avant les Vavasseurs. Cela est vrai surtout de la Catalogne et du midi de la France. V. Ducange, au mot Comitores, et Raynouard, au mot Comtor, II, 453. À Barcelone, l’amende pour un Vicomte valait deux fois celle d’un Cuntur, et celle d’un Cuntur deux fois celle d’un Vavasseur. Je ne crois pas qu’il faille faire la même distinction dans les textes du Nord, et l’on y trouve cunturs dans le sens de « comtes ». Les fils as cunturs, 850.

CUNVERTISSET. Verbe neut., subj. prés., 3e p. s. Cunvertir signifie : se convertir (de convertere) : Ço voelt li Reis par amur cunvertisset, 3674.

CURAGES. S. s. m. Intention (Coraticus, coraticum) : Mais jo ne sai quels en est sis curages, 191. Cf. 375. ═ Dans le sens de cœur : S. s. m. : curages, 56. — R. s. m. : curage, 650.

CURANZ. Adj. verb., s. s. m. (Currens.) Ce mot a plusieurs sens. Le plus souvent il signifie « rapide », et est l’épithète constante des mots cheval ou destrer : Li destrers est e curanz e aates, 1651. Cf. 1153, 1302, etc. ═ Il se dit également des eaux courantes : Les ewes curant, 1831. Cf. 2221, 2466. Dans ces deux cas, il est véritablement adjectif. ═ Mais il a également conservé son sens strict de participe présent ou plutôt de gérondif. (Desuz un pin i est alet curant, 2357. Curant i vint Margariz de Sibilie, 955. Cf. 2822.) ═ Au s. s. m., on trouve : curanz, 1651. — S. s. f. : curant, 2466. — R. s. m. : curant, 1153, 1302. — R. s. f. : curant, 2225, 3112. — S. p. m. : curant, 3966. — S. p. f. : curant, 1831. — R. p. m. : curanz, 1142, 3002, 3047, 3349, 3869. — R. p. f. : curant, 2729.

CURE. R. s. f. Soin, souci, besoin (Curam) : N’ai cure de manace, 293. — N’ai cure de parler, 1170. — N’unt cure de lur vies, 2604. — De vos n’en ai mais cure, 2305. L’expression « avoir cure » signifie donc soit « avoir souci de... », soit « avoir besoin de... »

CURENT. Verbe neutr., ind. prés., 3e p. p. (Currunt), 2580 V. Curre.

CURIUS. Adj. s. p. m. Soucieux (Curiosi) : Li Franceis dolenz e curius, 1813. Cf. 1835.

CURONE. R. s. f. (Coronam) : 930, 1490, V. Corone, Corune, Curune.

CURRE. Verbe neut., inf. prés. Courir (Currere), 1197, 1281, 1555, 1591, 2277, 3350. — Ind. prés., 3e p. s. : curt, 890, 1539 ; 3e p. p. : curent, 2580. — Parf. comp., 3e p. s., avec un s. s. m., est curut : Rollant reguardet ; puis, si li est curut, 2086. — Part. prés. : curant, etc. V. ce mot. — Part. pass., s. s. m. : curut, 2086.

CURREIES. R. p. f. Courroies (Corrigias), 3738.

CURS. R. m. Course (Cursus, cursum) : Descent à pied, aled i est pleins curs, 2878 (?).

CURT. R. s. f. La cour du roi (Curtem), 231, 446, 775. — Cort, 351.

CURT. Verbe neutr. ind. prés., 3e p. s. de curre (Currit), 390, 1539. V. Curre.

CURTE. Adj. r. s. f. Courte (Curtam), 1653. — S. p. f. : curtes, 3080.

CURTEIS. Adj. s. s. m. Courtois (Curtensis, de curtis) : E Oliver li proz e li curteis, 576. — R. s. m. : curteis, 3755. — S. p. m. : curteis, 3796.

CURTEISEMENT. Adv. Courtoisement (Curtensi-mente), 1164, 3823.

CURUCIEZ (vos.) Verbe réfl., 2e p. p. de l’ind. prés. (Corruptiare, de corruptus ???) : Si li ad dit : A tort vos curuciez, 469.

CURUÇUS. Adj. s. p. m. Irrités, en colère (v. le précédent) : Païen s’en fuient curuçus e irez, 2164.

CURUNE. R. s. f. Couronne (Coronam), 2583. — R. p. f. : curunes, 388. Cf. les formes corone, 3236, 3538, 3639 ; corune, 2684 ; curone, 930, 1490.

CURUT (est). Verbe neutre, parf. comp. de curre, 3e p. s., avec un s. s. m., 2086. V. Curre.

CUSIN. R. s. m. Cousin (Consobrinum ; cosinum, qui, comme le dit M. Brachet, « se trouve au viie s. dans le vocabulaire de Saint-Gall »), 173.

CUSTUME. S. s. f. Coutume, habitude (Consuetudo) : Sa custume est qu’il parolet à leisir, 141.

CUVENT. Verbe neutr., 3e p. s. de l’ind. prés. Il convient de... (Convenit) : Dient Franceis : Il nus i cuvent guarde, 192.

CUVERT. Part. pass., s. s. m. Couvert (Coopertus) : Afublez est d’un mantel sabelin — Ki fut cuvert d’un palie alexandrin, 462, 463. — S. p. m. : cuvert, 1468, et cuverz, 1084 et 2973.

D

DAMAGE. R. s. Dommage, perte (Damnaticum, de damnum) : Mult grant damage i out de chrestiens, 1885. Cf. 1102, 1340, 1717, 2853, 2983.

DAME. R. s. f. (Dominam), 1960. — Voc. s. f. : dame, 2724. — S. p. f. : dames, 957. — R. p. f. : dames, 3983.

DAMNES-DEUS. S. s. m. « Le Seigneur Dieu » (Dominus Deus), 1898, 3358, 3625, 3657, et Damne-deu (?), 2004. — R. s. m. : Damne-Deu, 358, 1062, 1089, 2449, 3247, 3906. — Voc. pl. m. : Damne-Deu, 3492. V. Deus.

DAMISELE. S. ou r. s. f. Damoiselle (Dominicella) : As li Alde venue, une bele damisele, 3708.

DAM. R. s. m. Seigneur (Dominum) : Fors sul Tierri, le frere dam Geifrei, 3806. V. Danz.

DANEIS. Adj. s. s. m. (Danensis.) Li quens Oger li daneis, li puinneres, 3033.

DANEMARCHE. R. s. m. Le Danemark (des deux mots combinés : Dania, et marcha, d’origine germanique, qui signifie pays-frontière) : Oger de Danemarche. 3937.

DANIEL. R. s. m. (Nom hébraïque ; de Dan, juge, et El, Dieu), 2386, 3104.

DANZ. S. s. m. Seigneur (Dominus) : danz Oliver trait ad sa bone espée, 1367. Cf. 3546. — R. s. m. : dam, 3806. (V. ce dernier mot.)

DAPAMORT. S. s. m. Nom d’un roi païen (?), 3216. — R. s. m., 3205.

DARERE. Adv. Derrière (De-retro) : Il est darere, od cele gent barbée, 3317.

DARZ. R. p. m. Dards (haut allem. tart ; angl.-sax., dar dh), 2075, 2155.

DATLIUN. R. s. m. Il tint la tere Datliun, 1215. C’est une monstrueuse erreur du scribe, pour d’Abirun.

DE. Préposition. (Du latin de.) Rien n’est plus varié, rien n’est plus difficile à préciser que les différents sens de cette préposition en français et, spécialement, dans le texte de la Bodléienne. Nous allons du moins indiquer les principaux : 1° De a, par excellence, le sens séparatif : De s’espée ne volt mie guerpir, 465. ═ 2° Il signifie par extension « du haut de » : L’abat mort des arçuns, 1229. ═ 3° Il indique l’origine, et, en particulier, l’origine topographique : Un almacur i ad de Moriane, 909. Cf. 23. ═ 4° Il exprime l’idée de réception : De mei tendrat ses marches, 190. Et c’est toujours un développement fort naturel du sens primitif, de l’idée de séparation. ═ 5° Aussi de s’emploie-t-il partout pour remplacer les flexions du génitif latin : Deus ! quel doel de baron, 1536, etc. — 6° Plus spécialement, il désigne la matière : A curreies de cerf, 3738. ═ 7° Moins fréquemment que à, mais encore assez souvent, il s’emploie pour « avec ». Roland dit à son épée : Mult larges teres de vus averai cunquises, 2352. Et on lit ailleurs : Ki de sun cors feïst tantes proecces, 1564, et Si nus plurrunt de doel e de pitet, 1749. Cf. 875. ═ 8° On sait que le de latin avait le sens fort net de : « Quant à ». On retrouve cette signification dans notre texte : De l’rei païen, sire, par veir creez, 692. Un sens analogue, mais plus étendu et plus vague, est celui de « au sujet de, en ce qui concerne », etc. Cf. le v. 140. ═ 9° De a encore, dans notre vieux poëme, le sens de « contre, sur » : Kar de vos sul ai ben venget les noz, 1951. Que malvaise cançun de nus chantet ne seit, 1014. Cf. 623, 630. ═ 10° De la part de... : Salvez seiez de Mahum e d’Apollin, 416, 417. — 11° Pour... : Ja mar crerez bricun.. se de vostre prod non, 221. — 12° Par... : De mort serat finet, 902. Cf. 206, 235. — 13° En. : Voelt il del’tut errer, 167. — 14° À... : De mort s’abandunet, 390 (mais c’est sans doute une erreur du scribe). — 15° Un sens très-important à noter est celui de « que » après un comparatif : Mielz de lui, 750. Plus fel de lui n’out en sa cumpagnie, 1632. Meillor vassal n’out en la curt de lui, 775. — 16° De s’emploie enfin pour remplacer toutes les flexions latines du régime indirect en latin : Qu’il ait mercit de mei, 82, etc. etc. ═ Dans les quinze ou seize significations que nous venons de parcourir, de est employé avec des substantifs ou des pronoms. On pouvait néanmoins se passer et l’on se passait en effet de cette préposition pour exprimer le génitif latin : Seiez es lius Oliver e Rollant, 3016, etc. etc. ═ Il est inutile d’ajouter que de s’emploie de même avec les verbes : Tendent de l’espleiter, 2165, etc. etc. (V. Del.)

DE. Employé pour te par une erreur du scribe : Deus tut mal de tramette, 1565.

DECARRAT. Verbe neutre, futur simpl., 3e p. s. Tombera, (Decadere-habet), 2902. V. le suivant.

DECHÉENT. Verbe neut., ind. prés., 3e p. p. Tombent (Decadunt) : Dient Franceis : Mult dechéent li nostre, 1585. — Fut., 3e p. s. : decarrat, 2902.

DECLIN. R. s. m. Ruine (subst. verbal de declinare) : La meie honor est turnet à declin, 2890.

DECLINER. Verbe neutr., inf. prés. S’abaisser, tomber (dans le sens de : Le jour tombe. — Declinare) : Quant veit li Reis le vespres decliner, 2447. ═ Verbe actif, ind. prés., 3e p. s., declinet : Ci falt la geste que Turoldus declinet, 4002. Nous avons énuméré, dans notre Introduction (p. lxvi), les différents sens de ce mot qui a donné lieu à tant de discussions scientifiques.

DEDAVANT. V. Dedevant.

DEDENZ. Adverbe (De-de-intus) : Fors s’en eissirent li Sarrazins dedenz, 1776.

DEDESUZ. Prép. En dessous de... (De-de-subtus) : Dedesuz lui, 2081. — Lur chevals laisent dedesuz un olive, 2705. — Dedesuz Ais, 3873. V. Desuz.

DEDEVANT. Prép. (De-de-ab-ante.) Dedevant lui, 2300. Cf. 2465 et 2180. On trouve dedevant, au v. 3266. V. Devant.

DEFALT. Verbe neutre, ind. prés., 3e p. s. Manque (De-fallit), 1735, 2107.

DEFENDRE. Verbe act., inf. prés. (Defendere) : Vassals est bons por ses armes defendre, 3785. — Ind. prés., 1re p. s. : defend, 2438. 3e p. p., au réfléchi, defendent : Fièrent li un, li altre se defendent, 1398. — Impér., 2e p. s. : defend, 3100. — Subj. prés., 3e p. s. : defendet, 2749. ═ Au passif. Ind. prés., 3e p. s., avec un sujet s. s. f. : est defendue. En parlant de la porte de Saragosse, il est dit qu’elle n’est mais defendue, 3651. — Part. pass., s. s. f. : defendue, 3651.

DEFENIR. Verbe act., inf. prés. Terminer (De et finire) : Granz batailles juster e defenir, 2889.

DEFENSION. R. s. f. Résistance, défense (Defensionem) : Hom ki ço set que ja n’averat prisun, — En tel bataille fait grant defension, 1886, 1887. C’est notre expression : « Faire une belle défense. »

DEFINEMENT. S. s. Fin (Definimentum) : Dient plusor : Ço est li definement, — La fin de l’secte, 1434, 1435.

DEFORS. Adv. En dehors de (Deforis) : Defors sun cors veit gesir la bucle, 2247.

DEFRUISENT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. Battent, brisent, renversent. (De-frictiant. Frictiare serait, d’après M. Brachet, un diminutif régulier de fricare. Littré préfère frustrare (?) : mettre en morceaux) : A granz bastuns le batent e defruisent, 2588.

DEFULENT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. Foulent aux pieds (Defullant) : E porc e chen le mordent e defulent, 2591.

DEGETUNS. Verbe act., subj. prés., 3e p. p. Rejetions (De-jectemus) : Ki ço vos lodet que cest plait degetuns, 226.

DEGREZ. R. p. m. Les degrés d’un escalier (De-gradus), 2821, 2840.

DEGUASTÉE (ad). Verbe act., 3e p. s. du parf. comp. avec un r. s. f. A ravagé (Devastatam habet) : Mort m’ad mes homes, ma tere deguastée, 2756.

DEHET. R. s. Douleur, déplaisir (étymologie très-incertaine. Suivant Diez et Burguy, ce serait le nordique heit, promesse, désir ?? Voy. ait) : Dehet ait ki s’en fuit, 1047. Dehet ait li plus lenz, 1938.

DEI. Verbe act., ind. prés., 1re p. s. Je dois (Debeo), 338, 753, 800, 1866, 3409, 3596. 3e p. s. : deit, 36, 242, 1010, 3289. 1re p. p. : devum, 429, 1128, 1179, 2562 ; devom, 3359, et devuns, 1009, 2178, 3400. 2e p. p. : devez, 135, 681. 3e p. p. : deivent, 1346, 1718, 3854. — Parf. simpl, 3e p. s. : dut, 333. — Cond., 3e p. s. : devereit, 389, 1149. — Subj. prés., 3e p. s. : deie, 757. — Subj. imparf., 3e p. s. (Debuisset) : doüst, 355 et 3828. 2e p. p. (Debuissetis) : doüssez, 455, et doüsez, 353.

DEIGNASTES. Verbe act., 3e p. p. du parf. simpl. (Dignastis) : Vostre olifan suner vos ne l’deignastes, 1101. Cf. 1716.

DEINTET. R. s. f. Biens, domaiue, terre (Dominitatem), 45. Lire deintiet, à cause de l’assonance.

DEIT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. (Debet), 36, 242, 1010, 3289. V. Dei.

DEIVENT. Verbe act., 3e p. de l’ind. prés. (Debent), 1346, 1718, 3854. V. Dei.

DEIZ. R. p. m. Doigts (Digitos) : E Guenes l’ad pris par la main destre as deiz, 509. Cf. 444.

DEJUSTE. Prépos. Auprès de.... (De-juxta) : Dejuste Carcasonie, 385 ; dejuste lui, 831.

DEL. Pour de l’, de le (De illo), 264, 597, 803, 922, 1526, etc. etc. — Au f. (De illa) : De l’altre part, 931, etc. V. De.

DELEZ. Prépos. À côté de (De, combiné avec latus) : Desuz un pin, delez un eglenter, 114 ; delez els, 2942.

DELGÉE. Adj., s. s. f. Fine (Delicata) : L’erbe de l’camp ki est verte e delgée, 3389.

DEMAIN. Adv. (De-mane.) Einz demain noit, 517. ═ Ce vocable a aussi le sens substantif de notre mot « lendemain » : Carles se dort tresqu’a l’demain à l’cler jur, 2569.

DEMANDER. Verbe act., inf. prés. (De-mandare.) Munjoie demander, 1181. — Ind. prés., 1re p. s., demant : Le colp vos en demant, 3200. Cf. 3846. 2e p. s. : demandes, 3713. 3e p. s. : demandet, 833, 1999, 2330, 3611, 3980. 3e p. p. : demandent, 3091, 3857. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. f. : ad demandée, 1368. — Fut., 2e p. p. : demandereiz, 3558 (dans une laisse en ei), 3e p.p. : demanderunt, 2912, 2918. — Subj. prés., 3e p. s. : demant, 1482. (Cf. la forme demandet au v. 119.) — Part. pass., r. s. f. : demandée, 1368.

DEMANEIS. Adv. Sur-le-champ, sans retard (fait sur de-manu ?? suivant Diez) : De lur espées i fièrent demaneis, 3419.

DEMANT. Verbe act. ind. prés., 1re p. s. (3200, 3846), et subj. prés. 3e p. s. (1482) de demander. (V. ce mot.) — C’est à tort que M. E. Gachet, dans son Glossaire du Chevalier au Cygne, regarde uniquement demant comme un subjonctif, et cela dans le texte même de notre Chanson.

DEMEINET. Verbe act. 3e p. p. de l’ind. prés. (De-minant) : Demeinent grand dolor, 2695. — Parf. simpl., 3e p. s., avec un r. s. m. ou n., ad demened : Ad sun cors demened, 525. — Impér., 2e p. p. : Ceste dolor ne demenez tant fort, 2946. — Subj. prés., 3e p. s., demeint : N’i ad icel ne demeint irance, 1845. ═ On voit, par les exemples précédents, que demener dolor ou ire était une expression consacrée par l’usage. Nous l’avons perdue.

DEMENTET (se). Verbe pronom., 3e p. s. de l’ind. prés. Se désole, se lamente (Se dementat), 1795 ; se demente, 1404, et, par erreur, se demet, 3010. 3e p. p. : se dementent, 1587, 3890. — Impér., 2e p. p. : Ne vos dementez, 3824. — Subj. prés., 3e p. s. : se dement, 1835.

DEMENIE (demeine). Adj. r. s. Ce mot dérive de domanius, demanius, pour dominicus. (V. Ducange, à ces différents mots.) Il est très-intéressant de suivre les diverses significations de ce vocable. Dominicus, demanius a d’abord désigné ce qui appartenait en propre au dominus ou seigneur. Puis, par une extension facile à saisir, il a eu le même sens que le latin proprius. C’est ce que Ducange a fait admirablement ressortir (éd. Didot, II, p. 916), et c’est ainsi que nous avons traduit demenie dans notre texte. Sun cors demenie mult fierement asalt, 729.

DEMI. R. s. m. et f. (Dimidium, dimidiam.) Demi mun host, 785 ; demi pied, 1218 ; demi Espaigne, 432.

DEMISE. Part. pass., s. s. f. Fondue (?) (Dimissa ?) : Issi est neirs cume peis ki est demise, 1635.

DEMURET. Verbe neut., inf. prés. (Demorari), 2451. — Ind. prés., 3e p. p. : demurent, 162, 1841, 3081. — Parf. simpl., 3e p. s. : ad demuret, 2622. 3e p. p. : unt demuret, 1806. — Part. prés., s. p. m. : demurant, 3519. ═ Ce verbe est également employé comme réfléchi : Inf. prés. : Li Amiralz ne se voelt demuret, 3140. — Ind. prés., 3e p. s. : Morz est li quens que plus ne se demuret, 2021. ═ Le sens est tantôt celui de l’original latin « se mettre en retard » (v. 3140, 1841, 3081, 2622, 1806 et 3519) ; tantôt celui de « rester » (V. 2451, 162).

DEMUSTRAI. Verb. act., parf. simpl., 1re p. s. (Demonstravi), 514. 3e p. s. : demustrat, 2531.

DENEMARCHE. R. s., 749, 1650, 3856. V. Danamarche.

DENER. R. s. (Denarium), 1262, 1666, 1962, 3338. — R. p. : deners, 1148, 1880. Ce mot est presque toujours employé comme négation explétive : Tute lor leis un dener ne lur valt, 3338. — Ne valt IIII. deners, 1880. Ce mot ne se trouvant comme assonance que dans les laisses en ier, il faut lire denier.

DENISE. R. s. m. (Dionysium.) El’ burc de Seint-Denise, 973. E des chevels munseignor seint Denise, 2347. On voit par là quelle était la prononciation de ce mot qui sert d’assonance en deux couplets féminins.

DENT. S. s. f. (Dens), 2346. — R. s. f. : dent, 1603. — R. p. f. : denz, 1934. V. Adenz.

DEOL. R. s. Deuil (Subst. verbal de dolere), 929. V. Doel, qui est la forme correcte.

DEPARTED. Verbe neut., subj. prés., 3e p. s. (De et partiri ; mais partiri, cessant d’être déponent, est devenu actif). En parlant d’une bataille, on dit : Doel i averat, enceis qu’ele departed, 3480. Le sens est ici : « Avant qu’elle soit finie. » ═ Le même verbe est réfléchi. Subj. prés., 1re p. p. : Colp en averas einz que nos departum, 1900. ═ Et au passif, subj. prés., 3e p. s., avec un s. s. f., seit departie : L’anme de mei me seit oi departie, 2940. — Part. pass. s. s. f. departie, 2940.

DEPARTIE. S. s. f. Séparation (Departita) : Einz le vespere, ert mult gref la departie, 1736.

DEPIÈCENT. Verbe act., ind. prés., 3e p. p. Mettent en pièces (Depetiant), 3880. — Imparf. de l’ind., 3e p. s., depeçout : Entre mes puinz me depeçout ma hanste, 837. (Ces imparfaits en out sont très-rares dans notre texte.)

DERERE. Prép. (De-retro.) Derere sei, 574. ═ Derere est en outre employé adverbialement, sans régime, aux vers 1832 et 1945 : Sunent cil graisle e derere e devant, etc.

DERUMPRE. Verbe act., inf. prés. Briser, rompre (De-rumpere), 1500. — Ind. prés., 3e p. s. : derumpt, 1227, 1532. — Parf. simpl., 3e p. s. : derumpit, 1284, 3466. — Subj. prés., 3e p. s. : deru[m]pet, 19. — Part. prés. : s. p. m. (dans le sens du part. pass.), derumpant : Trestuit si nerf mult li sunt estendant, — E tuit li membre de sun cors derumpant, 3970. (V. Desrumpt.)

DES. Pour « de les » (De illis), 24, etc. etc. V. De.

DÈS. Prép. (De-ipso.) 1° Dès ore, 179, 3704, 3747. — Dès les Apostles, 2233. Cf. 2371, 2372. ═ 2° Dans les cas précédents, il s’agit du temps ; dans le suivant, de l’espace : Dès Cheriant entresqu’en Val Marchis, 3208. ═ 3° Dès s’emploie avec que : Dèsque à Deu juise, 1733.

DESAFFRET. Verbe act., ind. prés., 3e p. s. Enlever le safre, la broderie d’or (Safra se rapporte à safran, et safran vient de l’arabe za’faran. En italien, zafferano) : De sun osberc les dous pans li desaffret, 3426.

DESARMER. Verbe act. et réfl., inf. prés. (Dis et armare) : Se desarmer, 2498. — Ind. prés., 3e p. p. : desarment, 3942 ; se desarment, 2850.

DESCENDRE. Verbe neut., inf. prés. (Descendere), 3912. — Ind. prés., 3e p. s. : descend, 2448, et descent, 2013, 2356. 3e p. p. : descendent, 406, 1136, 1797, 2071, 2374, 2999, 3139, 3945. — Parf. simpl., 3e p. p. : descendirent, 120. — Parf. comp., 3e p. s., avec un s. s. m. : est descenduz, 2819, et descendut, 2479. — Fut., 3e p. s. : descendrat, 810. 3e p. p. : descendrunt, 1746. — Part. pass., s. s. m. : descenduz, 2819 ; descendut, 2479.

DESCHEVALCET (ad). Verb. act., 3e p. s. du parf. comp., avec un r. p. m. A désarçonné (Dis-cavallicatum habet) : VII Arrabis i ad deschevalcet, 1513. ═ Lire deschevalciet, à cause de l’assonance.

DESCLOT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. Ouvrir en brisant (Dis-claudit) : L’osberc li desclot, 1199. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. m. : ad desclos, 1946, et avec un r. s. f. : ad desclose, 1577. — Part. pass., r. s. m. : desclos, 1946, et r. s. f. : desclose, 1577.

DESCULURET. Parf. pass., s. s. m. Décoloré (Dis-coloratus) : Teint fut e pers, desculuret e pale, 1979. — Au v. 2218, on rencontre, dans le même cas, desculurer, qui est une erreur évidente, au lieu de desculurez.

DESCUMFIST. Verbe act. parf. simple, 3e p. s. Mit en pièces (Dis-confecit) : L’osberc li descumfist, 1247. Cf. 1305. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. f., ad descunfite : Après li ad la bronie descunfite, 3362. — Part. pass., r. s. f. : descunfite, 3362.

DESCUNFISUN. R. s. f. (V. le précédent : dis-confectionem.) Mort l’abat seinz altre descunfisun, 1894.

DESERT. R. s. (Desertum.) La disme (eschele) est d’Oceiant la desert, 3246. Mu. a eu raison de corriger ainsi qu’il suit : le desert. ═ R. p., deserz : Si purpernez les deserz e les tertres, 805. V. le suivant.

DESERTE. Adj., s. s. f. (Deserta), 664, 938, 1696. Dans ces deux derniers vers, deserte a le sens de « veuve, privée » : France... de tels barons remeint deserte, 1696. — R. s. f. : deserte, 2489. Cf. desert qui peut être, au v. 3246, considéré comme un adjectif.

DESERTET. Adj. s. s. m. ? (Desertatus.) Tere de France, mult estes dulz pais, — Oi desertet, 1861, 1862.

DESERVIT (ad). Verbe act., 3e p. s. du parf. comp. A mérité (Deservitum habet) : N’ad deservit que altre ben i ait, 3740.

DESEVERET. Verbe act., ind. prés., 3e p. s. Sépare (De-separat) : Tute l’eschine li deseveret de l’dos, 1201. deseiveret, 3467. — Parf. simpl., 3e p. p. : desevererent, 3571. ═ Passif. Fut., 1re p. p. avec un s. p. m. : Ermes deseverez, 1977. — Subj. prés., 3e p. p., avec un s. p. m. : seient deseverez, 3913. — Part. pass., s. ou r. p. m. : Par tel amur as les vus desevered, 2009. Cf. 1977 et 3913.

DESFAIRE. Verbe act. inf. prés. (Disfacere), 934, et desfere, 49. — Impér., 1re p. p. : desfaimes, 450.

DESFI. Verbe act., ind. prés., 1re p. s. Je défie (Dis-fido) : Desfi les en, sire, vostre veiant, 326. — Parf. simpl., 1re p. s., desfiai : Jo desfiai Rollant, 3775. — Plus-que-parf., 2e p. p., avec un r. s. m. : aviez desfiet, 2002. — Part. pass. r. s. m. : desfiet, 2002.

DESGUARNIE. Part. pass., s. s. f. (Dis et un mot d’origine germanique, warnôn ?) E ! Sarraguce, cum ies oi desguarnie, 2598.

DESHERBERGENT. Verbe neut. ind. prés., 3e p. p. Quittent leur campement (Dis-herbergant. Ce dernier mot est d’origine germanique, her’berga) : Franc desherbergent, funt lur sumers trosser, 701.

DESHONOR. R. s. m. (Honor et dis.) Sur un sumer l’unt mis à deshonor, 1828. Rem. la loc. : « Mettre à déshonneur. »

DESIRET. Verb. act., 3e p. s. de l’ind. prés. Sens actuel (Desiderat) : A ferir le desiret, 1643.

DESIST. Verb. act., 3e p. s. de l’imp., du subj. (Dixisset), 1760. V. Dire.

DESLAÇAT. Verbe act., 3e p. s. du parf. simpl. (Dis-laqueavit), 2170.

DESMAILET. Verbe act., 3e. p. s. de l’ind. prés. Rompt les mailles... (Dis-metalliat. Maille vient de metallea), 1270. — Parf. comp., 3e p. p., avec un r. s. m. : unt desmailet, 2079, 2158. — Part. pass., s. s. m. : desmailet, 2051. R. s. m. : desmailet, 2079, 2158. R. p. f. : desmaillées, 3387. ═ Ce mot se trouve à la fois comme assonance dans les laisses en ier et dans celles en er.

DESMEMBRER. Verbe act., inf. prés. Tailler en pièces (Dis-membrare) : Ki lui veïst Sarrazins desmembrer. 1970.

DESMENT (se). Verbe pronomin., 3e p. s. du subj. prés. Se désole, s’afflige (Dis-mentet), 2516. V. Dement.

DESMENTIR. Verbe act. inf. prés. Démentir (Dis-mentiri), 3834. — |Ind. prés., 1re p. s., desment : Deus me cunfunde, se la geste en desment, 788. — Subj. prés., 1re p. s. : desmente, 3791.

DESMESURÉEMENT. Adv. (Dismensurata-mente), 1425.

DESORDENET (avez). Verbe act., 2e p. p. du parf. comp. Avez découronné, renversé (Dis-ordinatum habetis) : Tantes batailles avez faites pur mei, — Regnes cunquis e desordenet reis, 3408. — Part. pass. r. n. : desordenet, 3408.

DESOTREI. Verb. act., 1re p. s.de l’ind. prés. Je refuse (Dis-auctoro) : Guenes respunt : Jo ne l’desotrei mie, 518.

DESPERSUNENT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. Défigurent, maltraitent (Dis-personant) : Ad Apolin en curent en une crute, — Tencent à lui, laidement le despersunent, 2580, 2581.

DESRENGET. Verbe act., ind. prés., 3e p. s. Parcourir, faire le tour (Dis latin et hring, cercle, en haut allem.) : Gualter desrenget les destreiz e les tertres, 809.

DESRUMPT. Verbe act., ind. prés., 3e p. s. Brise, rompt (Dis-rumpit) : De sun osberc li desrumpt la ventaille, 2449. V. Derumpre.

DESTOLT (se). Verbe réfl., 3e p. s., ind. prés. Se retire, s’enfuit (Distollit) : Bataille i ert, se il ne s’en destolt, 3235.

DESTORNÉE (ert). Verbe pass., 3e p. s. du fut., avec un s. s. f. Sera évitée, détournée (Dis-tornata) : Ceste balaille nen ert mais destornée, 3577. — Part. pass. s. s. f. destornée, 3577.

DESTRE. Adj. r. s. m. Droit (Dexterum), 331, 484, 1903, 2373, et r. s. f., 340, 2575. ═ Ce mot est, comme en latin, employé substantivement. Voy. le v. 1018 : Guardet suz destre.

DESTREIT (sui). Verbe pass., ind. prés., 1re p. s. (Sum districtus) : A mort sui destreit, 2743. V. les deux suivants.

DESTREIZ. R. p. Le sens simple est celui de détroit, ou plutôt de passage étroit (Ditrieta) : Gualter desrenget les destreiz e les tertres, 809. Cf. 3126. Mais au figuré, on trouve, comme r. s., destreit dans le sens de détresse (Districtum) : Morz est li gluz ki en destreit vus teneit, 3456 ; Jo quis sa mort e sun destreit, 3759. Cf. 3417 et 3420. — Au r. p., destreiz : Pur sun seignor deit hom suffrir destreiz, 1010.

DESTREIZ. Adj. ou part. pass. r. p. m. Étroits (Districtos ou districta) : Veez les porz e les destreiz passages, 741.

DESTRERS. S. s. m. Cheval de guerre (Dextrarius, de dextra, parce qu’on menait le cheval de la main droite), 1651. — R. s. m. : destrer, 345, 479, 756, 792, 2081, 2167. — R. p. m. : destrers, 379, 1142, 1801 3964... ═ Il faut lire destrier, destriers : ce mot ne se trouve en assonance que dans des laisses en ier.

DESTRUITE (serat). Verbe pass., 3e p. s. du fut., avec un s. s. f. (Destructa) : Par Guenelun sera destruite France, 835. — Part. pass., s. s. f. : destruite, 835.

DESTURBER. Verbe à l’inf. prés., employé substantivement. Le sens latin est celui de « détruire » ; mais en français, c’est plutôt celui de « troubler, empêcher » (Disturbare) : Aler i volt, mais il ad desturber, 2548. Ultre s’en vait qu’il n’i ad desturber, 1318. Ce mot n’étant employé comme assonance que dans les couplets en ier, lire desturbier.

DESTURNET (fust). Verb. pass., 3e p. de l’imparf. du subj., avec un s. s. m. (Dis-tornarus fuisset.) Ferir l’en volt, se n’en fust desturnet, 440. — Part. pass. s. s. m. : desturnet, 440.

DESUR. Prép. Sur, au-dessus (Desuper) : Oliver est montez desur un pui haltur, 1017. Cf. 272, 1542, 1569, 2391. ═ Au v. 927, on lit, pour les besoins de l’assonance en une laisse féminine : Asez orrez laquele irat desure, 927. V. Sur.

DESUZ. Prép. Sous, au-dessous (Desubtus) : Desuz un pin, 114. Desuz une sapide, 993. Cf. 209, 1283, 2043. V. Suz et Dedesuz.

DESVET (est). Verbe pass., 3e p. s. de l’ind. prés., avec s. s. m. Est affolé, devient fou (étymologie incertaine) : Si grant doel ad por poiqu’il n’est desvet, 2789. — Part. pass., s. s. m. desvet, 2789.

DETOERST. Verbe act., 3e p. s. du parf. simpl. Tordit, tourmenta (Detorsit) : Si duist sa barbe e detoerst sun gernum, 772.

DETRAIRE. Verbe act., inf. prés. Tirer (De-trahere) : Sa barbe blanche cumencet à detraire, 2930.

DETRENCHER. Verbe act., inf. prés. Couper en morceaux (étymologie douteuse) : Granz sunt les colps as helmes detrencher, 3889. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. m. : ad detrenchet, 2172. — Part. pass., r. s. m. : detrenchet, 2172, et r. p. m. : detrenchez, 1747. ═ Lire detrenchiez, en raison de l’assonance.

DETRÈS. Prép. Derrière (De-trans. — Trans a parfois le même sens en latin : Trans caput jacere, dans Virgile, signifie : jeter derrière sa tête) : Sa rere-guarde averat detrès sei mise, 584.

DEUS. S. s. Dieu (Deus), 154, 288, 698, 788, 1088, 1589, 1689, 2238, 2393, 2439, 2455, 2526, 3013, 3358, 3638, 3721, 3872, 3898, 3981... — Voc. s. (Deus) : Deus, 2337, 2582, et (?) Deu, 3277. — R. s. (Deum) : Deu, 7, 82, 123, 137, 676, 888, 1045, 1634, 1837, 2389, 2998, 3718, 3980. — S. p. m. (Dii) : Deu, 2600, 3514. — Voc. p. m. (Dii) : Deu, 1907, 3492. — R. p. m. (Deos) : Deus, 2618, 2696. ═ Deus est fréquemment employé comme exclamation : Deus ! quels seisante humes i ad en sa cumpaigne, 1849. Quant l’ot Rollant, Deus ! si grant doel en out, 1196. Cf. 716, 840, 1982, 2369, 3891, 4000. V. Damnes-Deus.

DEVANT. Est tantôt employé comme préposition, avec un complément, et tantôt adverbialement, sans régime. (De-ab-ante.) Comme préposition, on le trouve aux v. 4 (devant lui), 671 (devant sun tref), 748. (devant mei), 891, 1525, 1781, 1874. ═ Sans complément, on le rencontre aux v. 1631 (devant, chevalchet un Sarrazin), 3018 (Si chevalcez el’premer chef devant), 1832, 3347, 3967. ═ Noter la loc. ça devant : Tere major mult est loinz ça devant, 1784. V. Dedevant.

DEVENIR. Verbe neutr., inf. prés. (Devenire) : Là vuldrat-il chrestiens devenir, 155. — Parf. comp., 3e p. s., avec un s. s. m. : est devenuz, 2407. — Fut., 3e p. s. : devendrat, 223 ; 2e p. p. : devendrum, 2698. — Impér., 2e p. s., deven : deven mes hom, 3593. — Subj. prés., 3e p. s. : devient, 102. — Part. pass. s. s. m. : devenuz, 2407.

DEVEREIT (ou devreit). Verbe act., cond., 3e p. s., de deveir (Debere habebat), 389, 1149. V. Dei.

DEVERS. Prép. Du côté de (De-versus) : Devers Ardene vit venir uns leuparz, 728. Cf. 1549, 2356, 3030, 3968.

DEVEZ Verbe act., 2e p. p. de l’ind. prés. de deveir (Debetis), 135, 681. V. Dei.

DEVIENT. Verbe neut., 3e p. s. du subj. prés. de devenir (Deveniat), 102. V. Devenir.

DEVUM, DEVOM, DEVONS. Verbe act., 1re p. p. de l’ind. prés. de deveir (Debemus). On trouve devom, au v. 3359 ; devum, aux v. 429, 1128, 1179, 2562 ; devuns, 1009, 2178, 3400. V. Dei.

DI. Verbe act., 1re p. s. de l’ind. prés. de dire (Dico), 591, 1257, 1959. V. Dire.

DIABLES. S. s. m. (Diabolus.) Vos estes vifs diables, 746. Uns diables, 1663. — S. p. m. (par erreur) : diables, 983. — R. p. m. : diables, 3647.

DIE. Verbe act., 1re p. s. du subj. prés. de dire (Dicam), 459. V. Dire.

DIENT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. de dire (Dicunt), 61, 192, etc. V. Dire.

DIET. Verbe act. 3e p. s. du subj. prés. de dire (Dicat), 424, 531, 2362. V. Dire.

DIGUN. R. s. m. Dijon (Divionem), 1892.

DIRE. Verbe act., inf. prés. (Dicere), 582, 1113, 2339. — Ind. prés., 1re p. s. : di, 591, 1257, 1959 ; 3e p. s. : dit (qu’il ne faut pas confondre avec dist, 3e p. s. du parfait, l’s étant en général la caractéristique des parfaits), 136, 153, 314, 787, 1206, 1252, 1644, 1685, 2095 ; 2e p. s. : dites, 2487 ; 3e p. p. : dient, 61, 192, 1434, 1436, 2146, 3746, etc. — Imparf., 3e p. p. : diseient, 2560. — Parf. simpl., 1re p. s. : dis, 1708 ; 3e p. s. : dist, 27, 79, 2090, etc. — Parf. comp., 3e p. s. : ad dit, avec un r. s. m. ou f. : 445, 619, 1126, 3325 ; 2e p. p. : avez dit, 143. — Fut., 1re p. s. : dirai, 2913, et dirrai, 2919 ; 3e p. s. : dirat, 447 ; 2e p. p. : direz, 81 — Impér., 2e p. p. : dites, 1106. — Subj. prés., 3e p. p. : diet, 424, 531 2362. — Imparf. du subj., 3e p. s. : desist, 1760. — Part. prés. s. s. m. : disant, 445, 1190. — Part. passé r. s. : dit, 619, etc. ═ Au passif, nous trouvons le subj. prés. avec le participe au neutre : Ne placet Deu... que ço seit dit de nul hume vivant, 1074, 1075.

DIS. R. p. m. Jours (Dies), dans la locution tuz dis, 1254. Et ailleurs : Ensemble avum estet e anz e dis, 2028.

DIS. Nom de nombre (Decem), 41, 69, 3656.

DISANT. Part. prés., s. s. m. de dire (Dicens), 1190, V. Dire.

DISCIPLINE. R. s. f. Disciplina était devenu synonyme de flagellatio, et avait pris le sens général de « châtiment, douleur » (Disciplinam) : De Sarrazins verrat tel discipline ; — Cuntre un des noz en truverat morz (quinze), 1929, 1930.

DISEIENT. Verbe act., 3e p. p. de l’imparf. de l’ind. de dire (Dicebant), 2560. V. Dire.

DISME. Adj. s. s. f. Dixième (Decima.) : La disme eschele, 3084. Cf. 3230, 3246, 3260.

DIST. Verbe act., 3e p. s. du parf. simpl. de dire (Dixit), 27, etc. V. Dire.

DIT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. de dire (Dicit), 136, etc. V. Dire.

DIT. Part. s. n. de dire, employé le verbe aveir pour former certains temps de dire (Dictum), 445, etc. : Ad dit, avez dit, etc. — S. s. n. dit : Seit dit, 1075. V. Dire.

DITES. Verbe act., 2e p. p. de l’ind. prés. de dire (Dicitis), 2487. V. Dire.

DITES. Verbe act., 2e p. p. l’impér. de dire (Dicite), 1106. V. Dire.

DOEL. S. s. Deuil (subst. verbal de duleir) : Or est grant doel, 2082. Cf. 2206, 2608. — R. s. : doel, 304, 834, 904, 971, 1196, 1219, 1446, 1538, 2513, 3646, et dol, 2936. Cf. les v. 1501 (Deus ! quel doel de prodome), et 1536. — R. p., doels : Ço dist li Reis : Seignurs, vengez voz doels, 3627. V. Deol et Dol.

DOINST. Verbe act., 3e p. s. du subj. prés. de duner (Donet), 1505. V. Duner.

DOL. R. s. Douleur : Si grant dol ai, 2936. V. Doel et Deol.

DOLENT. S. s. m. Triste, affligé (Dolens), 2835 et 951. — R. s. m. : dolent, 2023. — R. s. f. : dolente, 1104. — S. p. m. : dolent, 1608, et dolenz,1813. ═ Au v. 2823, le mot dolente est employé dans le sens de notre exclamation : « Misérable ! » Il s’agit de Bramidonie qui s’écrie : « dolente ! si mare fui ! »

DOLOR. R. s. f. (Dolorem), 2695, 2946. V. Dulur.

DOLUR. R. s. f., 489. V. Dulur.

DOLUSET (se). Verbe réfl., 3e p. s. de l’ind. prés. Se lamente (d’un mot formé sur dolere) : Pluret e criet, mult forment se doluset, 2577. ═ Duluset est employé activement au v. 2022. Voy. ce mot.

DORT (se). Le verbe dormir est partout pronominal dans notre texte. Ind. prés., 3e p. s. (Se dormit.) Se dort, 718, 2494, 2525, 2569 ; 3e p. p. : se dorment, 2521.

DOS. R. s. (Dorsum), 1201, 1545, 1606, 1945. — R. p. : dos. 2445, 3222.

DOUS. R. p. m. Nom de nombre. (Duos.) Dous deiz, 444. Les dous oilz, 1217. Cf. 2874, 3280, 3500, 3790 (?). — R. p. f. (Duas) : dous, 637, 1205, 1294 et 2249. ═ Dans tous les exemples qui précèdent, dous est employé avec un substantif ; dans les suivants, le substantif est sous-entendu, et dous est seul : Après les dous establisent la terce, 3027. Ne mès que dous nen i ad remés vifs, 1309. Cf. 1387. ═ Dous s’emploie également avec de : Dous de voz cuntes, 207. V. Dui, qui est le cas sujet, aux v. 2706, 2765, 2976...

DOÜSEZ, DOÜSSEZ. Verbe neut. 2e p. p. de l’imparf. du subj. de deveir. (Debuissetis.) Doüssez, 353, doüssez, 455. V. Dei.

DOÜST. Verbe neut., 3e p. s. de l’imparf. du subj. de deveir, avec le sens du conditionnel. (Debuisset), 355, 3828. V. Dei.

DRAGUN. R. s. m. (Draconem), 1631, 3550, et dragon, 3266, 3330. — S. p. m. : dragun, 2543. ═ Le Dragon était l’étendard des Païens, 1631, 3330, 3550 : Li Amiralz... dedavant sei fait porter son dragon, 3266.

DRECET. Verbe act. (2829 et 2884) et le plus souvent réfléchi. (195, 218, etc.) Se dresse. (Se directiat, se drictiat.) Ind. prés., 3e p. s. : se drecet, 195, 218, 2234, 2481. 3e p. p. : se drecent, 1139, 3884. Drecent : Prenent le Rei, si l’ drecent suz un pin, 2884. — Impér., 2e p. p., drecez : Si m’ drecez en seant, 2829.

DREIZ. Subst. s. s. m. Droit, et, par extension, procès, jugement, v. 3751, etc. (Directus, lequel est opposé à tortus : Vos avum dreit, mais cist glutun unt tort, 1212), 228, 2349, 2561, 3974 et 3849. Dans les quatre premiers exemples, remarquez la locution : Il n’est dreiz : Cunseill d’orguill n’est dreiz que à plus munt. Il n’en est dreiz que Païens te baillisent, etc. — R. s. m. : dreit, 511, 1015, 1212, 2747, 3290, 3556, 3751. ═ A dreit, loc. adv. : Ne a dreit né à tort, 2293.

DREIZ. Adj. Voc. s. m. (Directe.) Dreiz Emperere, 766. — R. p. f. : dreites, 1043. ═ L’adjectif dreiz entre dans la composition d’endreit (in directo), 2123, etc. V. Endreit.

DRODMUND. R. s. m. Nom d’une embarcation dont nous avons parlé dans les notes des vers 2624 et 2468 (par erreur, au lieu de 2467). L’étymol. greco-latine, dromon, dromones, n’explique ni le d intérieur, ni le d final du vocable roman. Je préfèrerais, avec Littré, l’origine scandinave drômundr ou le haut allemand dragmunt. L’origine est douteuse. = R. p. m. : drodmunz, 1521, 2624, 2730.

DROÜN. R. s. m. Nom d’homme (Drogonem ; mais l’origine est germanique. Anc. haut allem. drogo, que Pott rapporte à dürr, maigre ?), 2048.

DRUD. S. s. m. Ami. (D’après Diez et Diefenbach, goth. druds, haut all. drûd, drût, etc., signifiant ami. confident, favori. V. le Glossaire du Chevalier au Cygne, p. 695) Por ço est drud à l’ felun rei Marsilie, 1640. Pur vasselage suleie estre tun drut, 2049. — R. s. m., drut : S’in apelat Gemalfin un sun drut, 2814.

DRUE. Adj. r. s. f. Épaisse, serrée, en bon état. (Origine très-incertaine. Diez propose une étymologie celtique, drud, druz, dru, signifiant gras, fort, etc.) Tut abat mort el’ pred sur l’erbe drue, 1334.

DUBLEINES. Adj. r. p. f. Doubles (d’un type fait sur duplus, comme duplanus) : Osbercs vestuz e lur brunies dubleines, 3088.

DUBLES. Adj. s. p. m. Doubles (Dupli, plutôt que duplices) : Trenchent les quirs e ces fuz ki sunt dubles, 3583. ═ Au v. 1284, le mot dubles (r. p.) est employé substantivement : De sun osberc li derumpit les dubles. Je pense que mailes est sous-entendu.

DUBLEZ. Part. pass., s. p. m. Doublés. (Duplati, et non duplicati.) En parlant de hauberts, le poëte dit : Tuit li plusur en sunt dublez en treis, 995.

DUC. S. s. m. (Dux.) Naimes li duc l’oït, 1707. (Erreur du scribe, au lieu de dux.) Dux, 105, 243, 673, 1275, 2417, 3937. — R. s. m. : duc, 170, 3008, 3534. — S. p. m. : duc, 378. — R. p. m. : dux, 14, 849, 2650. V. Dux.

DUI. Nom de nombre. (Duo.) Dui est toujours le cas sujet ; dous le cas régime. Dui, comme s. p. m., se trouve aux v. 2706, 2765, 2976. Le scribe, par erreur, l’a employé une fois au cas régime. (V. 2828.) — R. p. m. : dous, 207, 444, 1217, 1309, 2874, 3027, 3280, 3500, 3790, etc. — R. p. f. : dous, 637, 1205, 1294, 2249. V. Dous.

DUINS. Verbe act., 1re p. s. de l’ind. prés. de duner (Dono), 622, 914. V. Duner.

DUIST. Verbe act., 3e p. s. du parf. simple de duire. (Duxit.) Dans les deux vers où ce mot est employé, il a le même sens : Si duist sa barbe, 215 et 772.

DULCE. Adj. r. s. f. Douce (Dulcem), 16, 109, 702, 1695. — R. p. f. : dulces, 2640. V. Dulz.

DULCEMENT. Adverbe. Doucement (Dulci-mente), 1163, 1999, 2176.

DULORS. S. s. f. (?) (Dolor), 1437, et dulur, 2030. — R. s. f. : dulor, 1622, 1679, 1787, 1977, 2101, 2335, 2428, 3711 ; dulur, 716, 2234, 2547, 2901, 2907, 2914, 3772 ; dolur, 489 ; dolor, 2946, 2695.

DULURUS. Adj. s. ou r. s. m. (Dolorosus.) Ais vos le caple e dulurus e pesmes, 3403. ═ Duluruse est employé comme exclamation au vers 2722 : Que devendrai, duluruse, caitive.

DULUSET. Verbe actif, 3e p. s. de l’ind. prés. Pleurer, regretter : Rollanz li ber le pluret, si l’ duluset, 2022. — Se doluset, est employé comme verbe réfléchi, au vers 2577. (V. ce mot.)

DULZ. Adj. s. s. m. Doux (Dulcis) : Tere de France, mult estes dulz païs, 1861. — R. s. f. : dulce, 16, 109, 702, 1695. — R. p. f. : dulces, 2640.

DUN. Adv. de lieu. D’où (De-unde) : Icele tere dun il esteit, 979. V. Dunt.

DUN. R. s. Don (Donum) : E tute Espaigne tendrat par vostre dun, 224. — R. p. : Duns, 845.

DUNC. Adv. Alors (Tunc), 240, 493, 597, 820, 1181, 2223, 2321, 2828... et dunt, 2166.

DUNER. Verbe act., inf. prés. (Donare), 127, et dunner, 651. — Ind. prés., 1re p. s. : duins, 622 et 914. 3e p. s. : dunet, 289. 3e p. p. : dunent, 379 et 2644. — Parfait simple, 3e p. s. : dunat, 1121, 1527, 1663, 2780. 3e p. p. : dunerent (entre-dunerent), 3568. — Parf. comp., 3e p. s. avec un r. s. m. : ad dunet, 873 et, avec un r. s. f. : ad dunée, 3733. — Fut., 1re p. s. : durrai, 75, 3207, 3398, et durai, 3399. 3e p. s. : durat, 472, 473. 2e p. p. : durrez, 30. — Condit., 3e p. s. : dureit, 1707. 1re p. p. : durriums, 1805. — Impér., 2e p. p. : dunez, 268, 767, 866, 2177, 2677. — Subj. prés., 3e p. s. Quatre ou cinq formes différentes : dunne, 18 ; dunget, 2016 ; duinst, 1898 ; doinst, 1505, et dunt, 859 ; duinset, 2938. — Imparf., 3e p. s. : dunast, 2320. — Part. pass. s. s. : dunet, 2508 ; r. s. m., dunet, 873 ; r. s. f., dunée, 3733. Au passif, parf., 3e p. s., avec un s. s. m. ou n. : fut dunet, 2508.

DUNT (pr dunc). Adv., 2166. V. Dunc.

DUNT. (De-unde.) Le sens le plus ancien (l’idée d’origine) est bien marqué dans ce vers : El’ regne dunt tu fus..., 1961. Cf. Dun, 979. ═ Mais dunt a surtout servi, par une extension fort naturelle, à remplacer les pronoms de qui, duquel, desquels, et c’est en ce sens que nous le rencontrons le plus fréquemment. Ex., au r. s. m. : Le blanc osberc dunt la maile est menue, 1329. (Cf. 604, 1430, 1506.) — R. s. f. : Costentinnoble dunt il out la fiance, 2329. — R. p. m. : Voet par ostages... dunt vus averez u dis u quinze u vint, 148. ═ Dunt a encore un sens plus étendu : il signifie, par exemple « avec lequel, avec lesquels » : Tant i averat de besanz esmerez, — Dunt bien purez voz soldeiers luer, 132, 133. V. Dun.

DUR. Adj. s. p. m. (Duri), 1678. — R. p. m. : durs, 3249, 3380. — S. s. f. : dure, 3393.

DURAI. Verbe act., 1re p. s. du fut. de duner (Donare habeo), 3399. V. Duner.

DURAT. Verbe act., 3e p. s. du fut. de duner (Donare habet), 472, 473. V. Duner.

DUREIT. Verbe act., cond., 3e p. s. de duner (Donare habebat), 1707. V. Duner.

DUREMENT. Adv. (Dura-mente.) Le sens n’est pas celui de notre langue actuelle. Durement signifie : « beaucoup, fortement » : N’i ad celoi ki durement ne plurt, 1814. Durement, en halt, si recleimet sa culpe, 2014.

DURENDAL. R. s. f. Nom de l’épée de Roland (étymologie incertaine. V. la note du v. 926), 926, 988, 1870. — Voc. s. f. : Durendal, 2316.

DURENT. Verbe neutr., 3e p. p. de l’ind. prés. de durer (Durant), 1802. V. Duret.

DURERAT. Verbe neutr., 3e p. s. du fut. de durer (Durare habet), 291. V. Duret.

DURESTANT. R. s. m. Nom de lieu que je crois imaginaire, et qu’on retrouve dans plusieurs autres Chansons de geste. (Origine incertaine. Il ne peut pas évidemment être ici question de Durestat, sur le Rhin. Faut-il admettre durum stagnum ? Il s’agit évidemment, d’après le contexte, d’une localité au sud de l’Espagne, près de l’Afrique.) Des porz d’Espaigne entresqu’à Durestant, 870.

DURET. Verbe neut., ind. prés., 3e p. s. (Durat.) Tant cum hanste li duret, 1322.

DURRAI. Verbe act., 1re p. s. du fut. de duner (Donare habeo), 15, 3207, 2750, 3398.

DURREZ. Verbe act. 2e p. p. du fut. de duner (Donare habetis), 1805.

DURRIUMS. Verbe act., 1re p. p. du cond. de duner (Donare habebamus), 1805.

DURS. Adj. r. p. m. (Duros), 3249, 3380. V. Dur.

DUT. Verbe act., parf. simpl., 3e p. s. de deveir (Debuit), 333. V. Dei.

DUTANCE. R. s. f. Crainte (Dubitantiam) : Nen ad poür, ne de murir dutance, 3613. Cf. 828.

DUTET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. Redoute (Dubitat) : Li Amiralz il ne l’crent ne le dutet, 3580. — Parf. comp., 3e p. p., avec un r. p. m. : unt dutez, 3580. — Part. pass., r. p. m. : dutez, 3580.

DUX. S. s. m. (Dux), 105, 243, 673, 1275, 2417, 3937 et, par erreur, duc, 1767. — R. s. m. : duc, 170, 3008, 3534. — S. p. m. : duc, 378. — R. p. m. : dux, 14, 849, 2650. V. Duc.

DUZE. Nom de nombre, indéclinable (Duodecim), 262.

E

E. Conj. copulative (Et), 8, 938, et mille fois, passim. Notre texte offre toujours e, jamais et. ═ Remarquer un emploi spécial de la conjonction e dans le vers suivant : S’en volt ostages, e vos l’en enveiez, 40.

E ! Interjection : E ! reis amis, que vos ici nen estes, 1697. E ! France dulce, 1985. E ! gentilz hom, 2176. E ! Durendal, 2344.

EDAGE. R. s. m. Âge (Ætaticum) : Ki durerat à trestut sun edage, 291.

EDET. R. s. m. Âge, vie (Ætatem) : N’i ad Franceis n’i perdet sun edet, 3170.

EGLENTER. R. s. m. Églantier (D’un mot en entarius, formé sur aculeus, d’après Diez et Littré) : Desuz un pin, delez un eglenter, 114. ═ Ce mot entre comme assonance dans un couplet en ier : c’est donc eglentier que le scribe eût dû écrire.

EI. Verbe act., 1re p. s. de l’ind. prés. d’aveir (Habeo), 2305. V. Aveir.

EIMET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. d’amer (Amat), 1377. V. Amer.

EINZ. (Ante). 1° Conjonction (avec que). Le sens primitif du latin antequam a été gardé dans les exemples suivants, qui sont nombreux : Einz que il oüssent. IIII. liues siglet, 688. Einz que il moergent, 1690. Einz quil fust mort, 1804. Einz que nos departum, 1900. Einz que jo vienge, 2939. Cf. 83, 84, 3043. ═ 2° Adverbe. Le sens de ante, considéré comme adverbe et signifiant auparavant, se retrouve au v. 3394. Unc einz ne puis ne fut si fort ajustée, 3394. Einz i ferrai de Durendal asez, 1065. Einz vos averunt li meillor cumperée, 449. C’est de ce dernier sens qu’einz devait partir, pour prendre un jour la signification de mais. ═ Cf. le v. 2037, qui offre un sens spécial : Cum il einz pout de l’pui est avalet.

EIS. R. Aix-la-Chapelle (Aquas), 2860. V. Ais.

EISSIRENT (s’en.) Verbe pronomin. parf. simpl. 3e p.p. (Seinde exierunt), 1776. — Parf. comp., 3e p. p., avec un s. p. m. : se sunt eissut, 2810. — Part. pass. r. p. m. : eissut, 2810.

EIT. Brochent ad eit, 3350, 3541. V. Ait.

EL’. En le (In illo), 151, 159, 601, 973, 1528, 2097, 2820, 3018.

EL. Adj. neut. Autre (Aliud) : Si vunt ferir, que fereient-il el, 1185, 2961. Pur el n’estes venud, 3397.

ELE. Pron. pers. S. s. fém. (Illa.) Ele fut, 1123. Dist-ele, 635. Cf. 3724, etc. — Au s. p., eles : Eles valent mielz, 639. (V. Els.) On trouve, au v. 2465, el au lieu d’ele : L’ewe de Sebre el lur est dedevant, 2465. (?)

ELME. R. s. m. Heaume (Du germ. helm.), 1326, 1542, 1602, 1995, 2170, 2500, 3603, 3926, et helme, 629, 2789, 3504. — S. p. m. : elme, 3306, et helmes, 1809, 2540. — R. p. m. : elmes, 996, 1022 ; helmes, 1798, 2120, 3005, 3079, 3274, 3586, 3865, etc., et healmes, 683, 712. ═ En ce qui conceme l’aspiration de helmes, le v. 1798 paraît décisif : D’osbercs e de helmes e d’espées à or. Mais cet autre vers : Trèsqu’à l’ nasel tut le elme li fent (1602), montrerait que l’aspiration était arbitraire et abandonnée à la fantaisie du versificateur.

ELS. Pron. pers., r. p. m. Eux (Illos) : Pur els esbaneier, 111. Od els, 175, 991. Li quels d’els, 735 et 1385. Tresqu’ à els, 1739, etc. V. Ele, Eles.

EMBRUNCHET. Verbe neut., 3e p. s. de l’ind. prés., 2019. V. Enbrunchet.

EMPEINT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. Donner un coup contre, jeter, lancer, et aussi « saisir » (Impingit.) En parlant du cor de Roland, le poëte dit : Empeint le ben, par grant vertut le sunet, 1754. Cf. empeint,1203. — Parf. simpl., 3e p. s., empeinst : empeinst le ben, tut le fer li mist ultre, 1286. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. p. f. : Tutes ses oz ad empeintes en mer, 2629. — Part. pass. r. p. f. : empeintes, 2629.

EMPERERE. S. s. m. Empereur (Imperator), 1, 180, 531, 640, etc. etc. ; empereres, 16, 661, 3333, 3705, etc. etc., et, par erreur, empereür, 1444, et empereor, 1942. — Voc. s. m. : emperere, 308, etc. — R. s. m. : empereür, 414 ; empereor, 954, 3677, et, par erreur, emperere, 3823. V. notre note du v. 1.

EMPIRE. R. s. (Imperium.) Carles, semun les oz de tun empire, 3994.

EMPLEIT. Verbe act., 3e p. s. du subj. prés. Mettre dans, introduire dans, et, par extension, employer (Implicet) : Or guart chascuns que granz colps l’empleit (pour i empleit), 1013. N’en i ad cel sa lance n’i empleit, 3418.

EN. Adv. (Inde.) Son premier sens, et le plus étymologique, est celui d’un adverbe de lieu (De là, en partant de là) : Alez en est, 11. N’en algent, 2061. S’en fuit, 2807. Le cheval brochet ; li sancs en ist tuz clers, 3165. Cf. 1910. ═ Mais le sens primitif s’est bientôt développé et, dans le v. 34 (Bien en purrat luer ses soldeiers), en n’a plus rien de l’adverbe de lieu, et veut dire « avec cela ». Cf. 33. ═ Un pas de plus, et en va signifier « à cause de cela » : Si’n ai out e paines e ahans, 864. Ki qu’en pluret u ki’n riet, 3364. Cf. 63. ═ Enfin, le mot en arrive à l’état de véritable « particule relative » et remplace « de lui, d’elle, d’eux » : Tient Halteclere, sanglent en est l’acer, 1507. Turpin va chercher un peu d’eau sur le champ de bataille de Roncevaux : Aler i volt, si’n durrat à Rollant, 2226. Cf. 608, etc. etc. Peu de mots ont eu plus de fortune dans notre langue. ═ Comme on l’a vu dans quelques-uns les précédents exemples, en perd sa voyelle initiale, lorsqu’il suit immédiatement un mot terminé par une voyelle : Ki’n riet, 3364. Si’n durrat, 2226, etc.

EN. Prép. (In). En exprime, comme in en latin, tantôt l’idée de repos, tantôt celle de mouvement. À côté de : En piez se drece, 195, et de : Jusqu’en la mer, 3, etc., il faut citer : En repos, 600. En la cruiz, 2504. cf. 2, 6, 2218, etc. ═ En sert, lié avec un verbe, à exprimer le gérondif latin : en riant, 619. En gisant, 2523, etc. ═ Avec l’adjectif mi, de medius, il forme une locution : « en mi » qui équivaut à notre « parmi », et s’est longtemps conservée dans notre langue : en mi le dos, 1945, 3222. ═ Il se combine encore avec avant pour composer la locution adverbiale « en avant » : Endormiz est, ne pout mais en avant, 2520. ═ Rem. enfin la locution « En guise de » : Païen chevalchent en guise de produme, 3264. V. aussi les mots suivants : Enaimet, Enaprès, etc.

ENAIMET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. Aime (In-amat), 7. — Parf. simpl., 3e p. s. : enamat, 3261, 3638.

ENAPRÈS. Adv. Après cela, ensuite (In, combiné avec pressus et ad) : E enaprès si’n enbrunket sun vis, 3505.

ENBAT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. Enfonce (In-battuit) : Sun bon espiet enz el’cors li enbat, 1266.

ENBRAÇAT. Verbe act., 3e p. s. du parf. simpl. Serra dans ses bras (In-brachiavit) : De sun destrer le col en enbraçat, 3440. — Parf. comp., 3e p., avec un r. s. m., ad embracet : Cuntre sun piz estreit l’ad enbracet, 2202. Cf. 2174. — Part. pass., r. s. m. : enbracet, 2174, 2202. Il faut, d’ailleurs, lire enbraciet ; car ce mot ne se trouve en assonance que dans les laisses en ier.

ENBRUNC. Adj. r. s Penché, incliné. (Étymologie très-difficile. Diez propose un mot fait sur in et pronus ?? V. la longue dissertation de Gachet, dans son Glossaire du Chevalier au Cygne. L’auteur donne toutes les opinions de ses devanciers, et ne conclut pas.) Li Emperere en tint sun chef enbrunc, 214, 771. — S. p. m. : Lor helmes clers i suzclinent enbrunc, 3274 (?). V. le suivant.

ENBRUNCHET. Verbe act., 3e p. de l’ind. prés. Abaisser, tenir bas (Impronicat ??) : Pluret des oilz, tute sa chere enbrunchet, 3645. — Enbrunket : E enaprès si’n embrunket sun vis, 3505. Au v. 2019, le même verbe est employé au neutre : Falt li le coer, le helme li embrunchet.

ENCAEINENT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. Enchaînent (In-catenant) : Si l’encaeinent altresi cum un urs, 1827. — Part. pass., r. p. m. : Urs e leuns e veltres enchaignez, 128.

ENCACERENT. verbe act., 3e p. p. du parf. simpl. de enchalcer (Incalcearunt), 1627. V. Enchalcent.

ENCALCER. Verbe act., inf. prés. Poursuivre (Incalceare), 2166. V. Enchalcent.

ENCANTEÜR. R. s. m. Enchanteur (In-cantatorem) : L’encanteür ki jà fut en enfer, 1391.

ENCEIS. Ce mot (voy. Einz) est employé dans notre texte : 1° Comme adv. dans le sens d’auparavant : Enceis ne l’vit, si l’recunut veirement, 1596. 2° Comme préposition, avec un régime (?) : Ne fut si fort enceis ne puis cel tens, 3382. 3° Comme conjonction avec que, dans le sens d’antequam : Doel i averat enceis qu’ele departet, 3480. Enceis qu’en seient. VII. C. espées traites, 811.

ENCENSEZ (unt). Verbe act., 3e p. p. du parf. comp., avec un r. p. m. (Incensatos habent) : Gaillardement tuz les unt encensez, 2959.

ENCERCER. Mauvaise lecture du v. 2180, au lieu de entercer. V. ce mot.

ENCHAIGNEZ. Part. pass., r. p. m. (Incatenatos). 128. V. Encaeinent.

ENCHALCENT. Verbe act., 3e p. p de l’ind. prés. Poursuivent (In-calceant) : Vers Saraguce les enchalcent, 2462. — Parf. simpl., 3e p. p. encacerent, 1627. — Parf. comp. 3e p. s., avec un r. s. m. : ad enchalcet, 2796 ; ad enchacet, 2785, et avec un r. p. m. (par erreur) ad encalcer, 2166. — Part. pass., r. s. m. : enchalcet, 2796 et enchacet, 2785. Il faut lire enchalciet ; ce mot, en effet, se trouve en assonance dans une laisse en ier.

ENCHALZ. S. s. m. Poursuite des ennemis (de in et calceos) : Li enchalz duret d’ici qu’en Sarraguce, 3635. R. s. m., enchalz : Tenent l’enchalz, 2446.

ENCLIN. Adj. r. s. Incliné, baissé (Inclinem, incline) : Li Empereres en tint sun chef enclin, 139. — R. s. m., enclin : Li Amiralz en ad le helme enclin, 3504. Le chef enclin, 2391.

ENCLINET. Verbe neut., 3e p. s. de l’ind. prés. S’incline (Inclinat) : Li reis paiens parfundement l’enclinet (l’ est pour li ?)... — Parf. simp., 3e p. p., enclinèrent : Li messager ambedui l’enclinèrent, 2763.

ENCOI. Adv. Aujourd’hui. (Hinc, hunc ou hanc, combiné avec hodie.) Ce mot nous apparaît sous trois ou quatre formes dans le texte de notre Chanson : Encoi, 1167, 2981. Enquoi, 1194, 1223. Enqui, 2808. Encui, 2142.

ENCONTRE. Prép. En comparaison de (In-contra) : Beste nen est nule ki encontre lui alge, 1657. V. Encuntre.

ENCRERRUNT. Verbe neutr., fut., 3e p. p. Augmenteront (Increscere-habent) : Puis encrerrunt mes peines e mes suffraites, 2925. (Le manuscrit porte entrerrunt.)

ENCRISMÉ. Part. pass., r. s. m. Criminel, scélérat (d’un composé de crimen, incriminatum) : Suz cel nen at plus encrismé felun, 1216.

ENCUI. Adv. Aujourd’hui, 2142. V. Encoi.

ENCUMBRET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. Accabler, combler dans un mauvais sens (Incumulare) : Oez, Seignurs, quel pecchet nus encumbret, 15. Cf. 3646.

ENCUNTRE. Prép. (In-contra.) Ce mot a plusieurs sens dans notre vieux texte. 1° Le plus étymologique est celui de « contre » : Encuntre mei revelerunt li Seisne, 2921. Cf. 2749. ═ 2° Ce même mot signifie encore « le long de... » : Encuntre : tere se pasment li plusur, 2422. Cf. 926, 1981. ═ 3° Encuntre a aussi le sens de « en comparaison de... » : Encuntre mei fait asez à preiser, 1516. Cf. 376, et encontre, 1657. ═ Encuntre, enfin, est employé comme adverbe : E Gueneluns respundit li encuntre, 1759,

ENCUNTRENT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. Rencontrent (In avec un verbe en are formé sur contra) : Vunt les ferir là o il les encuntrent, 3542. — Parf. simpl., 3e p. p., en composition dans s’entr’encuntrèrent, 3568. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. m. : Enmi sa veie ad encuntret Rollant, 1595. Cf. at encuntret, 1994. — Part. pass., r. s. m. : encuntret, 1595 et 1994.

ENDEMENTRES. Adv. Pendant ce temps. (Raynouard fait dériver mentre du latin interim. Lex. Rom., IV, 2067. Cf. Diez, 272. Rien n’est plus douteux.) La bataille est adurée endementres, 1396. Le plus souvent, dans les langues romanes (prov., cat., ital.), mentre est une conjonction, et a le sens de tandis que. Cf. le mot Endementiers, dans le Glossaire de D. Carpentier, etc.

ENDORMIZ (est). Verbe pass., ind. prés., 3e p. s., avec un s. s. m. (Indormitus-est) : Endormiz est, ne pout mais en avant, 2520.

ENDREIT. Adv. et prép. (In directo.) 1° Comme adverbe, endreit signifie « de ce côté-là » : Iloec endreit remeint li os tut nut, 3602. ═ 2° Comme préposition, il veut lire « du côté de... » : Or ad li quens endreit sei asez que faire, 2123.

ENDURER. Verbe act., inf. prés. Supporter (In-durare) : Endurer e granz chalz e granz freiz, 1011.

ENEMI. S. s. m. (Inimicus.) Li reis Marsilies est mult mis Enemis, 144. — R. s. m. : enemi, 461.

ENFANT. R. s. m. (Infantem.) Par tels paroles vus resemblez enfant, 1772. — R. p. m., enfanz : Les III. enfanz tut en un fou ardant, 3106. Au v. 3197, enfanz semble employé dans le sens spécial qu’il reçoit si souvent dans nos Chansons de geste : ce mot signifie « le bachelier qui n’a pas encore été adoubé chevalier », et les enfances d’un héros sont le temps qui précède sa réception dans l’ordre de la Chevalerie : Ensemble od els XV milie de Francs, — De bachelers que Carles cleimet enfanz, 3196, 3197. Néanmoins, ce grand nombre de jeunes gens, d’aspirants à la chevalerie, est de nature à nous inspirer quelque doute sur le véritable sens de ce passage.

ENFER. R. s. m. (Infernum), 1391.

ENFRUNS. R. p. m. Nom de peuple païen. (Enfruns signifiait « ennemi, adversaire, courageux, glouton. » V. Ducange, au mot infrunitus.) Turcs e Enfruns, Arabiz e Jaians, 3518.

ENFUERUNT. Verbe act., 3e p. p. du fut. Enfouiront, enterreront (Infodere-habent), 1750. — Imparf. du subj. passif, 3e p. s., avec un s. s. f. : fust enfuie, 2942 — Part. pass., s. s. f. : enfuie, 2942.

ENFUIR (s’). Verbe pronomin. (Indefugere.) On pourrait être tenté d’écrire en un seul mot : Desuz ces vals s’en-fuit, 2043. Cf. 686, 1047, 1875 et 2460. Mais d’autres exemples nous prouvent jusqu’à l’évidence qu’il y avait là deux mots bien distincts : fuir s’en voel, 1600 ; fuit s’en est Marsilies, 1913. V. Fuir.

ENGLETERE. R. s. f. (Anglorum-terram), 372, 2332...

ENGELERS. S. s. m. Nom d’un des douze Pairs (Ingelerius, nom d’origine germanique), 1289, et Engeler, 1503, 2407. — R. s. m. : Engeler, 1494. ═ Il faut, d’ailleurs, lire partout Engelier, Engeliers : car ce mot figure uniquement, comme assonance, dans les laisses en ier.

ENGIGNENT. 3e p. p. du subj. prés. Trompent (d’un verbe formé sur ingenium) : Ne s’poet garder que alques ne l’engignent, 95.

ENGRÈS. Adj., s. p. m. Violents, emportés, hardis (Ingrati ??) : En la bataille sunt felon e engrès, 3251. V. les exemples prov. et franç. cités par Raynouard, III, 128.

ENGUARDES. S. p. f. Avant-garde, ou plutôt « soldats envoyés en éclaireurs. » On dit encore aujourd’hui qu’une armée se garde. (De in et de wardia, qui lui-même est dérivé de l’allem. warten, veiller sur.) De Païens li surdent les enguardes, 2975. Cf. 3130. A Baligant repairent ses enguardes, 3130. — R. p. f. : enguardes, 548, 561. Dans ce dernier cas, le sens d’avant-garde est nettement accentué.

ENHAITET. 3e p. s. du subj. prés. Bénisse, rende heureux (v. Dehet) : Bel Sire, chers cumpainz, pur Deu que vos enhaitet, 1693.

ENHELDIE. Part. pass., s. s. f. Le helz, c’est la garde de l’épée. De là, enheldi. (Origine germanique. D’après Diez c’est l’anc. haut allem. helza, garde d’épée.) Veez m’espée ki d’or est enheldie, 966. — R. p. f., enheldées : Ceinent espées enheldées d’or, 3866. Pour cette dernière forme, il faut supposer un verbe en are.

ENLUMINET (ad). Verbe act., 3e p. s. du parf. comp. d’enluminer. A éclairé (Illuminatum habet) : De tel barnage l’ad Deus enluminet, 535.

ENMEINET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. Emmène (Inde-minat) : Ses meillors humes enmeinet ensembl’ od sei, 502.

ENMI. Prép. Au milieu de. (In medio.) S’écrit en un ou deux mots, avec le sens de notre « parmi » : Emmi ma veie, 986, 1595. Enmi un guaret, 1385. V. Mi.

ENNUIEZ. S. p. m. Tristes, fatigués. (Etymologie incertaine. Il est difficile d’admettre l’in-odio de M. Brachet, Dict. étym., pp. 206, 207.) Noz chevalz sunt e las e ennuiez, 2484.

ENOIT. Adv. Cette nuit (? In-nocte) : Enoit m’avint une avisiun d’angele, 836.

ENPEINT. Verbe act., ind. prés. 3e p. s. Frappe (Impingit), 1203. V. Empeint.

ENPENET. Part. pass., s. s. m. Garni de plumes (Impennatus) : Un algier tint ki d’or fut enpenet, 439. — R. p. m., enpennez : Museraz enpennez, 2156.

ENPORTET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. (Inde-portat.) L’anme de lui enportet Sathanas, 1268. 3e p. p. : enportent, 1510. — Fut., 3e p. s., enporterat : Se trois Rollant, n’enporterat la teste, 935.

ENPRÈS. Adv. et prép. (In-presso.) 1° Comme adverbe, il signifie « ensuite » : Enprès li dient : « Sire, car nos menez », 357. 2° Comme préposition, il est synonyme d’après : Enprès sun colp ne quid que un dener vaillet, 1666.

ENPRISE (avez). Verbe act., 2e p. p. du parf. comp., avec un r. s. f. Avez entreprise (d’in et prehensam) : Faites la guer[e] cum vos l’avez emprise, 210.

ENQUI. Adv. Aujourd’hui, 2808. (V. Encoi.)

ENQUIS (ad). Verbe act., 3e p. s. du parf. comp., avec un r. s. f. A recherché (Habet-inquisitum) : En quis ad mult la lei de salvetet, 126.

ENQUOI. Adv. Aujourd’hui, 1194, 1901, 1228. (V. Encoi.)

ENRENGER. Verbe act., inf. prés. Disposer en rangs (du haut allem. hring, cercle) : Dedevant vos juster e enrenger, 2181. Lire enrengier.

ENSANGLENTET. Part. pass., r. s. m. (In-sanguilentatum). Tut en verrez le brant ensanglentet, 1067.

ENSEIGNE. R. s. f. (Insigne, ou plutôt la forme fém. insignis.) Le sens primitif, en roman, est celui de « gonfanon, étendard » : Li quens Rollanz ad l’enseigne fermée, 707, 3297, 3330. ═ Puis, est venu par extension, le sens de « cri de guerre », parce que ce cri était le nom même du gonfanon (Munjoie, etc.) : L’enseigne Carle n’i devum ublier, 1179, 1793, 1921, 2510 ; enseingne, 1578. — S. p. f. ; enseignes, dans le sens de « gonfanons », 3308.

ENSEIGNER. Verbe act., inf. prés. Indiquer, signaler (In-signare) : S’est ki l’demandet, ne l’estoet enseigner, 119.

ENSEMBLE. (Devant une voyelle, ensembl.) Adv. (Insimul.) Ki que l’cumpert, venuz en sunt ensemble, 1592. Plus de cent milie s’en adubent ensemble, 3000. ═ Ensemble s’emploie surtout avec od, ot (avec) : Ensembl’ot mei, 3286. Ensembl’od lui, 104, 1410, 1805. Ensemble od els, 175.

ENSEMENT. Adv. Pareillement (Ipsa-mente) : Blanche ad la barbe ensement cum flur, 3173. Cil sunt seiet ensement cume porc, 3223.

ENSURQUETUT. Adv. Surtout (In-super-quod-totum) : Ensurquetut si ai-jo vostre soer, 312.

ENTENDENT. Verbe act., 3e p. p. (Intendunt), 1788, 2113, 3782. — Parf. simpl., 3e p. s. : entendit, 1243. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. m. : ad entendut, 2054 (et avec un neutre, 2098) ; 2e p. p., avec un neutre : avez entendut, 232. ═ Au passif. Subj. prés., 3e p. s., avec un s. s. m. : seit entendut, 234. — Part. pass., s. s. m. : entendut, 234. R. s. m. : entendut, 2054. R. s. n. : entendut, 232, 2098. ═ Le sens actuel d’entendre est le plus fréquent dans notre poëme : c’est celui du latin audire. Mais au v. 2098 (Ki tant ne set ne l’ad prod entendut), il est employé au figuré. Enfin le sens primitif du latin intendere (être attentif, et, par extension, soumis) est conservé au v. 3782 : Un en i ad à qui li altre entendent.

ENTERCER. Verbe act., inf. prés. Réclamer, rechercher, reconnaître. (Intertiare.) Le sens primitif du mot intertiare est, d’après Ducange, celui de sequestrare, in manum tertiam ponere. Puis, par extension : Repetere rem in sequestrum positam. Puis, enfin, repetere, réclamer, revendiquer, rechercher : Jo’es voell aler quere e entercer, 2180. — La vraie forme est entercier ; car ce mot se trouve en assonance dans les laisses en ier.

ENTERRERENT. Verbe act., 3e p. p. du parf. simpl. (In-terrârunt.) Lunc un alter belement l’enterrerent, 3732.

ENTRE. Prép. (Inter.) 1° Au milieu de, entre : Entre les helz, 621. Entre lur piez, 2587. ═ 2° Parmi : Entre les altres, 2275. ═ 3e Sens spécial : Entre Rembalt e Hamon de Galice, — Les guierunt..., 3073. — Entre Naimon e Jozeran le cunte, — La noefme eschele unt faite de prozdomes, 3075, 3076 (c’est-à-dire : Rembalt et Haimon, Naimes et Jozeran se partagent le commandement de tel ou tel corps d’armée). ═ Entre s’eslisent, v. 802, est pour : Entre els s’eslisent. ═ Entre quà Scaz., v. 956, est une erreur du scribe, pour entresqu’à, (V. ce mot.)

ENTREDUNENT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. (Inter-donant.) Sur ces escuz mult granz colps s’entredunent, 3582. — 3e p. p. du parf. comp., s’entredunerent : Granz colps s’entredunerent, 3568.

ENTRÉE (est). Verbe neutr., parf. comp., 3e p. s., avec un s. s. f. (Est intrata.) El’cors vos est entrée mortel rage, 747. V. Entret.

ENTRENCUNTRERENT (s’). Verbe réfl., 3e p. p. du parf. simple. (Inter-in-contraverunt.) En mi le camp andui s’entrencuntrerent, 3567.

ENTRERENT. Verbe neutr., 3e p. p. du parf. simple (Intraverunt), 2709. V. Entret.

ENTRESQUE. Prép. Jusqu’à (In-trans-quod) : Des porz d’Espaigne entresqua Durestant, 870. Entresqua la charn, 1265. Cf. 1613 (entresque) et 956 (entrequa).

ENTRET. Verbe neut., 3e p. s. de l’ind. prés. (Intrat), 365, 660. — Parf. simpl., 3e p. p. : entrerent, 2709. — Parf. comp., 3e p. s., avec un s. s. f. : est entrée, 747. — Part. pass. s. s. f. : entrée, 747.

ENTREVEIENT. Verb. act., 3e p. p. de l’ind. prés. (Inter et vident.) Ben s’entreveient enmi la pleine tere, 3294.

ENTUR. Prép. À l’entour de (In, avec le subst. verbal de tornare) : Entur lui, 410, 2090.

ENVAÏR. Verbe act., ind. prés. (Invadere.) Le sens est celui de « marcher sur » : Tut par seit fel ki ne’s vait envaïr, 2062. De tutes parz les revunt envaïr. 2065.

ENVEIER. Verb. act., inf. prés. Envoyer (In-viare), 252. — Ind. prés. 3e p. s. : enveiet, 421, 483. — Parf. simpl, 3e p. s. : enveiat, 202. — Parf. comp., 3e p. s. avec un r. s. m. : ad enveiet, 2526. — Fut. 1re p. s. : enveierai, 43. 1re p. p. : enveieruns, 244. 2e p. p. : enveiereiz, 573 (en assonance dans une laisse masculine en ei). — Impér., 1re p. p. : enveiu[n]s, 42. 2e p. p. : enveiez, 40. — Subj. prés., 1re p. s. : envei, 493. 3e p. s. : enveiet, 2727. — Part. pass., r. s. m. : enveiet, 2526.

ENVEISET (s’).Verbe pronomin. 3e p. s., ind. prés. Se divertit, s’amuse (?). (Génin propose inotiare, qui n’est pas justifié par le provençal envesar.) Greignor fais portet par giu, quant il s’enveiset, 977.

ENVERS. Adj., s. s. m. Sur le dos, opposé à adenz. (Inversus) : L’un gist sur l’altre e envers e adenz, 1624. Sur l’erbe verte si est caeit envers, 2269.

ENVERS. Adv. (In et versus) : 1° Vers : Envers le cel, 723. Cf. 2376. ═ 2° Du côté de : Envers lui..., 368. Envers le rei, 468. ═ 3° À l’égard de : Envers Franceis est mult cuntrarius, 1222. ═ 4° À : Après parlat ses filz envers Marsilie, 495.

ENVERS. Erreur du scribe. Ki tint Valeri e envers sur le Rosne, 1583. Müller a restitué le vrai texte : Ki tint Valence e l’unur sur le Rosne.

ENVIRUN. 1° Préposition. Autour de... (In, et un mot de la famille de viria) : Envirun lui plus de vint milie humes, 13. ═ 2° Adverbe : Des Canelius chevalchent envirun, 3269.

ENVOLUPET. S. s. Enveloppé (étymologie très-incertaine) : Un faldestoet out suz l’umbre d’un pin ; — Envolupet fut d’un palie alexandrin, 407, 408.

ENZ. Prép. (?) ou adv. Dedans. (Intus.) 1° Comme préposition, enz ne s’emploie pas seul, mais avec en ou de : Enz en lur mains, 93. Enz en la fosse des leons o fut enz, 3105. D’enz de la sale, 730. Enz el’cors, 1266. ═ 2° Adverbe : Les dis messages ad fait enz hosteler, 160. Saillent enz, 2469. A icest mot Franceis se fièrent enz, 1939.

EQUITAIGNE, r. s. f. (Aquitaniam), 2325.

ER. Adv. Hier (Heri), 383. Ier, 2701, 2772, 2791. Her, 2745 (her seir). ═ Locution proverbiale : Li altr’er, 3185. V. Her et Ier.

ERBE. R. s. f. (Herbam), 671, 1334, 1614, 2175. Herbe, 1569, 2523. — R. p. f. : herbes, 2871.

ERENT. Verbe estre, 3e p. p. du fut. (Erunt), 3048, 3514.

ERMES. Verbe estre, 1re p. p. du fut. (Erimus), 1977.

ERMINES. R. p. m. Arméniens (Armenios), 3227.

ERET. Verbe estre, 3e p. s. de l’imparfait (Erat), 719.

ERRER. Verbe neut., inf. prés. (Errare.) 1° Marcher : Ki errer voelt à mei venir s’en alt, 3340. ═ 2° Agir (dans le sens actuel de notre mot errements) : Par cels de France voelt-il de l’tut errer, 167. ═ 3° Au fig., errer, être coupable. Parf. comp., 3e p. s. : Guenes... tant ad erret, nen est dreiz que plus vivet, 497.

ERT. Verbe estre, imparf. de l’ind., 3e p. s. (Erat), 726, 880, 1214, 1650, 2550...

ERT. Verbe estre, fut., 3e p. s. (Erit), 51, 190, 314, 354, 376, 543, 742, 761, 906, 915, 922, 938, 968, 969, 1710, 2088, 2530, 2801... V. Iert.

ES. En les. (In illis.) Masc. et fém. 1° Masc. : Seiez es lius Oliver et Rollant, 3016. Graisles es flancs, 3158. Cf. 209, 626, etc. — 2° Fém. : Il est escrit es cartres e es brefs, 1684, etc.

ESBALDISSENT (s’). Verbe pronominal, 3e p. p. de l’ind. prés. Se mettent en joie (v. Balz.) : A icest mot si s’esbaldissent Franc, 1481.

ESBANEIER. Verbe act., inf. prés. Amuser, divertir. (Étym. incertaine. Diez propose la même origine que pour bande et bannière.) As tables juent pur els esbaneier, 111.

ESCABABI. R. s. m. Nom d’un chef païen (?) : Escababi i ad le chef trenchet, 1512.

ESCALGUAITE. R. s. f. Sentinelle, guet, grand’garde (Germ., schaar, troupe, et wahtan, guetter) : Icele noit n’unt unkes escalguaite, 2495.

ESCANGE. R. s. Échange (d’ex-cambium, si fréquent dans les chartes) : Deus ! se jo l’pert, ja n’en avrai escange, 840. Cf. Eschange, 3714, 3095.

ESCANTELET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. Escanteler, c’est « abattre le cantel de l’écu ». Or le cantel, comme le dit Gachet, « ce sont les parties ou quartiers dont l’écu se compose. » Le latin cantellus a donné lieu à excantellare. Et il ne nous paraît pas douteux que cantellus ne soit lui-même un diminutif de canthus, qui signifie « le cercle de fer, la bande entourant la roue ». L’écu primitif était entouré et garni de bandes de fer qui en déterminaient les quartiers. C’est ce que Gachet n’a pas vu. (Ex-cantellat.) L’escut de l’col li freint e escantelet, 1292.

ESCAPET. Verbe neut., 3e p. s. de l’ind. prés. Échappe (Ex-cappat ; du lat. cappa, manteau, suivant Diez et Littré ?) : [S]’uns en escapet, morz ies, 3955.

ESCARBUNCLE. R. s. m. Escarboucle (Carbunculus), 1488, 2589. Cf. la forme carbuncle, 1326, 1662, 2633, 2643. — Escarboucle est aujourd’hui féminin ; mais, d’après le v. 1326 (L’elme li freint u li carbuncle luisent), on peut affirmer qu’il fut d’abord masculin. ═ Aux vers 2633 et 2643, on constate une croyance étrange du moyen-âge : nos pères croyaient que l’escarboucle luisait dans les ténèbres, au point de remplacer aisément toute autre lumière. V. Littré, au mot Escarboucle.

ESCARBUNET. Verbe neut., 3e p. s. de l’ind. prés. Sortir, jaillir du charbon (Ex-carbonare, de carbo) : Des helmes clers li fous en escarbunet, 3586.

ESCHANGE. R. s. (Excambium.) Rem. les expr. « duner eschange » : Jo t’en durai mult esforcet eschange, 3714 ; et « prendre eschange » : De Munjoie iloec out pris eschange, 3095. Cf. Escange, 840.

ESCHEC, ESCHECH. R. s. m. Butin. (Haut allem. : schâh, schach, butin. On a pu proposer un subst. verbal d’excadere, « ce qui tombe en partage », comme dans eschecte, succession. Mais cette origine n’explique point le c final d’eschec.) Mult grant eschech (ou eschec) en unt si chevaler, 99, 2478. Encoi averum un eschec bel e gent, 1167.

ESCHECS. R. p. Jeu d’échecs. (Du pers. schah., roi. Gachet défend sans succès l’origine germanique, schach, butin.) As tables juent... e as eschecs, 111, 112.

ESCHELE. S. s. f. Bataillon, corps d’armée (Germ. schaar, troupe ?), 3084. — R. s. f. : eschele, 3045, 3068. — S. p. f. : escheles, 3026, 3291. — R. p. f. : escheles, 1034, 1451, et eschieles, 3024. Cette dernière forme nous paraît la vraie, à cause des vers 3026-3034, où nous sommes tentés de voir une laisse féminine en ier.

ESCHEWID. R. s. Svelte, allongé. (Anc. haut allem. scafjan, ordonner, façonner, suivant Diez. — Eschievi, achevé, suivant Roquefort ??.) Heingre out le cors e graisle e eschewid, 3820. Ce vers semble donner raison à l’étymologie de Diez.

ESCHIEZ. R. p. m. Esquifs (haut allem. skif) : Eschiez e barges e galies e nefs, 3625. Eschiez e barges e galées curanz, 2729.

ESCHINE. R. s. f. La colonne vertébrale, l’épine dorsale (haut allem. skina, épine) : Tute l’eschine li deseveret del’ dos, 1201. Cf. 1333, 1654. — R. p. f. : eschines, 1612, 3222. Le mot s’emploie fort naturellement pour le cheval comme pour l’homme. V. 1654.

ESCHIPRE. R. s. m. Marinier (Schippulam, du haut allem. skif) : N’i ad eschipre qui s’cleimt se par loi nun, 1522.

ESCHIVERUNT. Verbe act. fut., 3e p. p. Éviteront (haut allem. skiuhan, allem. scheuen, avoir peur) : Ja pur murir n’eschiverunt bataille, 1096.

ESCICLES. V. Esclices.

ESCIENT. R. s. Se trouve uniquement dans cette locution : Men escient, 524, ou Par le mien escient, 1936. (Vient du mot sciens, qui s’employait dans le même sens en latin.)

ESCIENTRE. R. s. Même origine, même sens que le précédent dans une locution toute semblable : Men escientre, 539, 552. Par le men escientre, 1791. Cf. 756, 2073.

ESCLACES. S. p. (Génin regarde esclaces comme le même mot qu’esclices, avec la signification de « jets de sang ». Bartsch traduit par « gouttes ». L’étymologie et le sens sont très-douteux.) Encuntre tere en chéent les esclaces, 1981. (V. Diez, Lex Étym.) Cf. Esclices.

ESCLAIRET. Verbe neutre, 3e p. s. de l’ind. prés. (Ex et un verbe en are formé sur clarus) : Par main en l’albe, si cum li jurz esclairet, 667. Tut li païs en reluist e esclairet, 2637. ═ Actif. Subj. prés., 1re p. s., esclair : Que jo n’esclair ceste meie grant ire, 322.

ESCLARGIEZ. Verbe act. impér., 2e p. p. Rendez plus clair (Ex-clarificate) : Esclargiez le dreit, 3890. Et, dans le sens « d’éclairer par la joie » : Esclargiez vos talenz e vos coers, 3628. ═ Au passif, 3e p. s. de l’ind. prés., avec un s. s. f. : Esclargiez est la sue grant ire (lisez esclargiée), 3989. Cf. le vers 1807 : Esclargiez est li vespres e li jurz. — Part. pass., s. s. m. : esclargiez, 1807. S. s. f. : esclargié[e], 3989.

ESCLAVOZ. R. p. m. Nom de peuple païen (d’un mot formé sur Sclavus, qui lui-même dérive du haut allem. Sclave) : E la quarte est de Bruns e d’Esclavoz, 3225.

ESCLICES. S. p. m. Morceaux, éclats de bois (du haut allem. kliozan, fendre) : Envers le cel en volent les esclices, 723. Le manuscrit porte Escicles.

ESCLICET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. pr. Brise, fend, met en morceaux (même étym. que le précédent) : La hanste briset e esclicet josqu’as poins, 1359.

ESCOCE. R. s. f. (Scotiam), 2331.

ESCORDUSEMENT. Adv. Du fond du cœur (il faudrait supposer ex-cordosa-mente) : Recleimet Deu mult escordusement, 3099.

ESCREMISSENT. Verbe neut., ind. prés., 3e p. p. S’escriment, jouent (Skirm, haut allemand) : E escremissent cil bacheler leger, 113.

ESCREMIZ. S. s. m. Nom de païen (?), 931. — R. s. m. : escremiz, 1291.

ESCRIER. Verbe neut. ou act. (Ex-quiritare ?.) 1o À l’actif. a. Appeler quelqu’un à grands cris : Après, escriet Rollant qu’il li aïut, 1964. Franceis escriet, Oliver apelat, 1112. Cf. 1921. b. Jeter tel ou tel cri : Grant est la noise de Munjoie escrier, 2151. ═ 2o Au neutre : Ses chevaliers en a fait escrier, 3148. Cf. 1180. ═ 3o Au réfléchi : S’escrier, 891, 900, 933, 2843, 2985. ═ 4o Au passif : Munjoie est escriée, 1328. ═ Voici toute la conjugaison de ce verbe : Inf. prés. : escrier, 2151, 3148. — Ind. prés., 3e p. s. : escriet, 1112, 1499, 1964 : s’escriet, 891, 933, 2985. 3e p. p. : escrient, 2921. — Parf. comp., 3e p. s. : s’en est escriet, 900. 3e p. p. : unt escriet, 1180. — Part. prés., s. s. m. : s’escriant, 2841. ═ Ind. prés. du passif, 3e p. s., avec un s. s. f. : est escriée, 1378. Part. pass., s. s. f. : escriée, 1378. R. n. escriet, 900 et 1180.

ESCRIT. Verbe passif, ind. prés., 3e p. s. : Il est escrit… (Illud scriptum est…) : Il est escrit en la geste Francor — Que vassals ad li nostre empereür, 1443, 1444. Cf. 1684 : Il est escrit es cartres… plus de .iiii. milliers, 3742. — Part. passé, s. s. n. : escrit, 1443, 1684, 3742. R. s. f. : escrite, 487. R. p. f. : escrites, 2594.

ESCULTER. Verbe actif, inf. prés. Écouter (Auscultare, que le peuple prononçait ascultare), 455. — Ind. prés., 3e p. p. : escultent, 1767. — Parf. simpl., 3e p. s. : escultat, 2105. — Parf. comp., 3e p. s. : ad escultet : Messe e matines ad li Reis escultet, 164. Cf. 670. — Part. pass., r. s. n. : escultet, 164, 670.

ESCULUREZ (fut). Verbe passif, 3e p. s. du parf. Fut décoloré, devint pâle (Ex-coloratus fuit) : Marsilies fut esculurez de l’ire, 485. — Part. pass., s. s. m. : esculurez, 485.

ESCUMBATUES (ai). Verbe actif, parf. comp., 1re p. s., avec un r. p. f. J’ai conquis (Ex-cum avec le part. de battuere) : Tantes teres larges [ai] escumbatues ! 2307. — Part. pass., r. p. f. : escumbatues, 2307.

ESCUZ. S. s. m. (Scutum, et bas lat. scutus), 1262 ; escut, 1495, 3355. — R. s. m. : escut, 526, 1199, 1276, 1556, 2991, 3149. — S. p. m. : escuz, 1453, 3307. — R. p. m. : escuz, 713, 913, 2210, 3867.

ESDEMETRE. Verbe act., réfl. et neutr., inf. prés. À l’actif, le sens est celui de « lâcher, abandonner ». D’où sans doute le réfl. s’esdemetre, et le neutre esdemetre, qui signifie « se lancer, prendre son élan ». (Ex-de-mittere.) Sun bon ceval i ad fait esdemetre, 1567.

ESFORCET. Part. pass. employé adjectivement, au r. s., dans le sens de « plus considérable » (Ex-fortiatum) : Jo t’en durai mult esforcet eschange, 3714.

ESFORZ. R. s. (Subst. verbal d’ex-fortiare.) 1° Se dit, en particulier, d’une forte armée dans le sens où nous disons encore aujourd’hui : « Les forces de l’ennemi. » N’asemblereit jamais Carles si grant esforz, 599. Païen unt grant esforz, 1049. Cf. 3218. ═ 2° La locution adverbiale : ad esforz, signifie « avec élan, avec emportement, rapidement » : Sun cheval brochet, laiset curre a esforz, 1197. Sun ceval brochet, si li curt ad esforz, 1539.

ESFRÉED (fut). Verbe pass. parf., 3e p. s., avec un s. s. m. Fut épouvanté (Ex-frigidatus fuit) : Li reis Marsilies en fut mult esfréed, 438. V. le suivant.

ESFRÉEDEMENT. Adverbe. Avec effroi (Ex-frigidata-mente) : A l’ Amiraill en vunt esfréedement, 2767. Mü. a rectifié ce vers avec raison, et imprimé : A l’ Amiraill en vunt (tut) esfréed.

ESGUARDET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. Regarde (Ex, latin, et warten, germ., veiller sur ; ex-wardiat) : Uns Sarrazins tute veie l’esguardet, 2274, 3e p. p. : esguardent, 285, 3882.

ESGUARET (est). Verbe pass., 3e p. s. de l’ind. prés., avec un s. s. m. Est égaré, fou (du germ., waran : prendre garde, même racine que le mot précédent) : E(n) lui meïsme en est mult esguaret, 1036. — Part. pass., s. s. m. : esguaret, 1036.

ESGRUIGNET. V. le suivant.

ESGRUNIE. Verbe neut., 3e p. s. de l’ind. prés., 2303 : Cruist li acers, ne briset ne n’esgrunie. Mais il faut remarquer que le couplet où se trouve ce vers est en an, ain féminin, et que, par conséquent, il faudrait restituer, d’après le manuscrit de Venise : Cruist li acers, ne briset, ne n’esgraniet. Or l’étymologie de ce dernier mot n’est pas difficile. Il y aurait là un composé d’ex et de granum. Mais ce verbe n’est-il pas lui-même imaginé par l’assonance ? Dans le couplet précédent (qui est en u féminin), le même vocable a reçu une autre forme : Cruist li acers, ne freint ne n’esgrugniet, 2302. Et, d’un autre côté, F. Michel cite de nombreux exemples d’esgrunie. (Glossaire du Roland, p. 184.)

ESLAIS. R. s. m. Faire sun eslais, c’était, pour le jeune bachelier qui venait d’être armé chevalier, faire faire à son cheval un temps de galop sous les yeux de tous ceux qui avaient assisté à son adoubement. Dans le Roland, cette locution est employée d’une façon plus générale. Laschet la resne, mult suvent l’esperonet, — Fait sun eslais veant cent milie humes, 2996, 2997. Fait sun eslais, si tressalt un fosset, 3166. Ce mot eslais est le substantif verbal de eslaisser (ex-laxare).

ESLEGER. Verbe act. et neut. Payer. (Ex-levare [??]. Levare a le même sens que pacare, lequel nous a donné payer.) Mais as espées l’estuverat esleger, 1151. ═ Au passif. Subj. prés., 3e p. s. : Que as espées ne seit einz eslegiet, 759. — Part. s. n. : eslegiet, 759. ═ Ce mot se trouve en assonance dans une laisse en ier. La forme correcte est donc eslegier.

ESLISENT. Verbe act.. 3e p. p. de l’ind. prés. (Fait sur ou d’après eligunt.) Entre s’eslisent, 802. ═ Imp., 2e p. p. : eslisez, 275, 877.

ESMAER, ESMAIER. Verbe act. inf. prés. Mettre en émoi, étonner. (De ex, latin, et de magan, haut allem., qui signifie être en puissance de... Telle est l’opinion de Littré, Gachet, etc. Elle nous paraît hypothétique, et il nous est difficile de ne pas voir dans esmaer un dérivé plus ou moins direct d’ex-movere.) Deus, dist li Reis, tant me pois esmaer, 2412. Pur orgoillus veintre e esmaier, 2211. — Impér., 2e p. p., esmaiez : Ne vos esmaiez, 920. Cf. 27.

ESMEREZ. Part. pass. employé adjectivement, r. p. m. Affinés ; d’or affiné, épure (Ex-meratos, de merus) : Tant i averat de besanz esmerez, 132.

ESMUT. Verbe act., parf. simpl., 3e p. s. Mit en mouvement (Ex-movit, du verbe esmuveir) : L’Amiralz ki trestuz les esmut, 2813.

ESPAENT (s’). Verbe réfl. Subj. prés. 3e p. s. S’épouvante (Se expaventet : diminutif de expaveat) : Hume ne l’ veit ki mult ne s’espa(e)nt, 1433. Ne poet muer qu’il ne s’en espaent, 1599.

ESPAIGNE. S. s. f. (Hispania), 907. — R. s. f. : Espaigne, 2, 59, 2120, 3709.

ESPALLE. R. s. f.. Épaule (Spatulatam), 647. — R. p. f. : espalles, 1344, 3160, 3727.

ESPANELIZ. S. s. m. Nom de païen, 2648. Le mot Hispanus entre peut-être dans la composition de ce mot, qui n’a d’ailleurs rien de traditionnel ni d’historique. C’est à tort que Génin y voit ; « Espagnol choisi ».

ESPANDRE. Verbe act., inf. prés. Répandre. (Ex-pandere) : Trenchet la teste pur la cervele espandre, 3617. — Ind. prés., 3e p. s. : espant (dans le sens passif de « est répandu ») : Sur l’erbe verte en espant li clerc sanc, 3972. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s., ad espandut : De l’chef li ad le cervel espandut, 3928. — Part. pass. r. s. : espandut, 3928.

ESPANS. S. s. m. Espagnol (Hispanus) : Ço ad juret li Sarrazins Espans, 612... — R. p. m., Espans : Dunc apelat dui Sarrazins Espans, 2828.

ESPARIGNET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. Épargne, fait grâce. (Étym. incertaine. Il est difficile de croire qu’un composé de parcere n’entre pas avec ex dans un mot français dont le sens est si exactement le même.) Turpins i fiert, ki nient ne l’esparignet, 1665. — Parf. simpl., 2e p. s. esparignas, 3103. 3e p. s. : esparignat, 2091. — Parf. comp., 3e p. s. avec un r. p. m. : ad esparniez, 1689. — Impér., 2e p. p. : esparignez, 1883. — Part. pass., r. p. m. : esparniez, 1689. ═ Ce mot, entrant comme assonance dans une laisse en ier, la forme correcte est esparigniez, etc.

ESPÉE. S. s. f. (spata), 2340, etc. — R. s. f. : espée, 465, 1527, etc. — R. p. f. : espées, 684, 3561, etc.

ESPÉRANCE. R. s. f. (Sperantiam), 1411.

ESPERONET. Verb. act., 3e p. s. de l’ind. prés. Éperonne (Du haut allem. sporon), 2996.

ESPERUNS. R. p. m., 345, 1225, 1530. Esporuns, 3430. (Cette dernière forme est la plus étymologique. V. le mot précédent.)

ESPERVÉS (?). Nom de païen, pour Esperveris, s. s. m., 1388. Mü a dû essayer une restitution de tout ce vers, qui avait été complétement défiguré par notre scribe.

ESPÈS. Adjectif, r. s. neutre. Épais. (Spissum.) Il est employé dans cette locution : « Au plus épais de : » El’ plus espès se s’rumpent, 3529.

ESPIET. R. s. m. Ce mot, dans notre texte, est presque partout synonyme de lance (à spiculum je préfèrerais spicetum), 867, 1266, 1682, 2497, 3356. — S. p. m. : espiet, 1043 ; espiez, 1811 ; espiez, 3308. — R. p. m. : espiez, 541, 554, 998, 1384, 1799, 2074, 2080, 2156, 3080.

ESPIEZ (ad). Verbe actif, parf. comp., 3e p. s. Épier, et, par extension, trahir (haut all. spehen) : Guenelun nos ad tuz espiez, 1147.

ESPINE. R. s. f. (Spinam.) Altresi blanche cume flur en espine, 3521.

ESPLEIT. R. s. (Subst. verbal d’espleiter.) Ad espleit est une locution adverbiale qui veut dire « en toute liberté, vivement, rapidement, avec force » : Puint le ceval, laisset curre ad espleit, 3547. Trestut seit fel ki n’i fierget a espleit, 3559. V. le suivant.

ESPLEITER. Verbe act., inf. prés. Travailler, agir. (Le sens primitif d’explicare, est « dérouler ». Explicare volumen, c’est dérouler un rouleau, c’est achever de le lire : d’où le mot explicit. De là aussi le sens général de « terminer » donné à explicare et à son diminutif explicitare, qui nous a donné espleiter, avec le sens très-vague « d’achever, travailler, agir ».) Par quele gent quiet-il espleiter tant, 395. Envers Espaigne tendent de l’espleiter, 2165. — Ind. prés., 3e p. s. : Mult ben espleite qui Damnes Deus aiuet, 3657. ═ Ce mot se trouvant comme assonance dans un couplet en ier, la forme correcte est espleitier, etc.

ESPRENDRE. Verbe neutre, inf. prés. Il est employé dans le sens de s’esprendre, s’embraser (Ex-prehendere) : Salt en li fous que l’erbe en fait esprendre, 3917.

ESPREVER. S. s. m. Épervier (haut allem. sparvari) : Plus est isnels qu’esprever ne arunde, 1492.

ESPROVET. Part. pass., s. s. m. Éprouvé (Ex-probatus) : De vasselage est suvent esprovet, 3163.

ESQUASSENT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. Mettent en pièces (Exquassant) : Tuz lur escuz i fruissent e esquassent, 3879.

ESQUIER. S. s. m. Écuyer (Scutarius), 2437.

ESRAGES (t’). Verbe réfl., ind. prés., 2e p. s. Tu te mets en rage (Ex-rabias) : Tut fol, pur quei t’esrages, 286

ESSAIET. Part.. pass., s, s. m. Éprouvé. expérimenté, brave (Exagiatus, d’exagium, pesage) : Li Arcevesque (est) prozdom e essaiet, 2068.

ESSAMPLE. S. s. f. Exemple (d’une forme féminine d’exemplum) : Malvaise essample, 1016. — R. p. f. : essamples dans le sens de « traits historiques » (comme nous disons aujourd’hui : La morale en exemples). Il s’agit de Bramimunde qui se fait instruire dans la foi chrétienne : Tant ad oït e sermuns e essamples, 3979.

ESSOIGN. R. s. f. Souci. Aveir essoign de, c’est « se soucier de » : (L’étym. est germanique. Dans les chartes mérovingiennes et les lois barbares, sunnia signifie « les excuses que doivent fournir les non-comparants devant le placitum ou le mallum ». D’où notre mot français essoigne, qui a le même sens, et dont essoign est la forme masculine. Après avoir signifié « excuses juridiques », ce mot en vint sans doute à signifier le souci où l’on était de produire ces excuses, l’embarras où l’on se trouvait trop souvent pour les fournir bonnes et valables, etc. Tel est du moins le sentiment de Gachet, et il explique assez bien le sens d’essoign, qui, dans notre vieux texte, signifie, d’une façon très-générale « souci, besoin ».) De voz manaces, culvert, jo n’ai essoign, 1233.

EST. Verbe estre, 3e p. s. de l’ind. prés., 5, 6, 886, 940, 3056, 3716, etc. etc. ═ Est s’emploie avec par, qui donne plus de force à l’adjectif suivant : Par est sages. V. Par.

ESTABLER. Verbe actif., inf. prés. Mettre à l’étable (Stabulare) : Les dis mulez fait Char(l)es establer, 158.

ESTABLISENT. Verbe actif, 3e p. p. de l’ind. prés. d’establir (Stabilire) : Après les dous establisent la terce, 3027. Establissent, 3217. Etablissent, 3237. — Parf. simpl., 3e p. s. : establist, 3036. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. f. : ad establie, 3068. — Part. pass., r. s. f. : establie, 3068.

ESTACHE. R. s. f. Pieu, poteau (de allemand stecken, lier) : A une estache l’unt atachet cil serf, 3737.

ESTAGE. R. s. Résidence, demeure (Staticum) : Il me siurat ad Ais, à mun estage, 188.

ESTAL. R. s. (D’un dérivé de stare, et non pas, comme on l’a dit, d’une origine directement germanique.) Nus remeindrum en estal en la place, 1108. Pur vostre amur ici prendrai estal, 2139. ═ Remeindre en estal, c’est « rester debout » ; prendre estal, c’est « prendre position, s’arrêter ». Cf. plus loin, au mot estant, l’expression remeindre en estant.

ESTAMARIN. R. s. m. Nom de païen (?), 64. V. Estramaris.

ESTANDART. R. s. m. (D’un dérivé d’extendere.) Ce mot ne s’applique, dans notre texte, qu’à un drapeau païen : Li Amiralz... dedevant sei fait porter... l’estandart Tervagan e Mahum, 3265, 3267. Cf. 3330.

ESTANT. La locution en estant (de stare) signifie, au sens propre, « debout. » En parlant des chevaux épuisés de l’armée de Charles, il est dit : N’i ad cheval ki puisset estre en estant ; — Ki herbe voelt, il la prent en gisant, 2522, 2523. Lorsque Baligant s’assied, Tuit li altre sunt remés en estant, 2655. Remeindre en estant signifie également « demeurer dans la même position », ou, plutôt, « s’arrêter » : Li soleilz est remés en estant, 2459. V. Estal et Ester.

ESTED. R. s. Saison d’été (Æstatem) : Ço est en mai, à l’premer jur d’ested, 2628. Estet, 3162.

ESTED (ad). 3e p. s. du parf., comp. d’estre (Habet statum), 2.Voy. Estre et Estet.

ESTEILES. S. p. f. Étoiles (Stellæ) : Les esteiles flambient, 3659.

ESTEIT. 3e p. s. de l’imparf. de l’ind. d’estre (Stabat), 979, 2318... V. Estre.

ESTENDANT. Part. prés. d’estendre, au s. p. m. (Extendentes.) Le sens est celui du part. passé. En parlant du supplice de Ganelon : Trestuit si nerf mult li sunt estendant, 3970.

ESTER. Verbe neutre, inf. prés. (Stare.) 1° Sens d’ester. a. « Se tenir ou rester debout » : Si grant doel out que mais ne pout ester, 2219. Il n’i pout mès ester, 2784. ═ b. La locution « laisser ester » est l’équivalent de notre mot : « laisser tranquille » : Laisez ester voz Francs, 265, ou « abandonner, planter là » : Païen s’enfuient, puis si l’ laisent ester, 2162. Cf. 2154, 3902 et laissez ço ester, au vers 2741. ═ 2° Conjugaison d’ester. Ind. prés. 3e p. p., estunt : Les rues u li burgeis estunt, 2691. — Parf. simple, 3e p. s., estut : Sur l’erbe verte estut devant son tref, 671. S’estut : Li Emperere s’estut, si l’escultat, 2105. Cf. 3762. — Au fut. 2e p. p. esterez (v. 1134) signifie uniquement serez et se rapporte au verbe estre. — Impér. 2e p. p., estez : El’camp estez que ne seium vencuz, 1046. — Part. prés. estant, 2459, 2522, 2655. ═ Part. passé : ested, 2, et estet, 134, etc. etc. V. Estre.

ESTERMINALS. R. p. Nom d’une pierre précieuse. (Étymologie inconnue.) Ametistes e topazes, — Esterminals e carbuncles, 1661, 1662. Il y a là peut-être une erreur du scribe.

ESTES. Verbe estre, 2e p. p. de l’ind. prés. (Estis), 356, 445, 746, 1130, 1697, 2138, etc. etc.

ESTET. R. s. Saison d’été (Æstatem) : Tant par ert blancs cume flur en estet, 3162. Ested, 2628.

ESTET. Part. passé d’estre comme dans « Avum estet », etc. etc. (Habemus statum, etc.), 134, 2028, etc. V. Estre.

ESTEZ. Impér. 2e p. p. d’ester (Stetis), 1046. V. Ester.

ESTOERSTRENT (s’). Verbe neut. et réfl., 3e p. p. du parf. simpl. S’échappèrent (Estoerstrent est le parf. d’estordre, qui vient d’extorquere) : Poi s’en estoerstrent, 3632. — Fut. 3e p. s., estoerrat : De quel (bataille) que seit Rollant n’estoerrat mie, 593. Il faut lire estoertrat.

ESTOET. Verbe unipersonnel, 3e p, s. de l’ind. prés. Il faut, il convient, il est nécessaire. (Origine incertaine. Diez rattache estuveir à stare (??), et c’est encore l’opinion la moins déraisonnable.) S’est ki l’demandet, ne l’estoet enseigner, 119. Aler m’estoet, 310. Mort vos estoet suffrir, 1257. Kar mei meïsme estoet avant aler, 2858. Ço nus estoet, 3630. — Fut. 3e p. s., estuverat : As espées l’estuverat esleger, 1151. Or est le jur que l’s estuverat murir, 1242. ═ Au vers 313, estoet n’a pas le même sens et vient évidemment de stare : Si’n ai un filz, ja plus bels n’en estoet. Je pense qu’ici estoet est pour esteit, estout ou estut, dont on a modifié l’assonance à cause de la laisse en oe.

ESTONAT. Verbe neutre, 3e p. s. du parf. simple. (Ex-tonavit.) Granz fu li colps, li Dux en estonat, 3438. En estonat est ici pour « en fut étonné », et « étonné » a le sens de « frappé comme par un coup de foudre ».

ESTOR. R. s. m. Bataille (haut allem. sturm, d’après Diez) : Oliver chevalchet par l’estor, 1351. V. Estur.

ESTORGANT. R. s. m. Nom de païen (suivant Michel et Génin, Estorgant signifierait « natif ou citoyen d’Astorga, Estorges » ?), 1297. Cf. Esturgus, 1358, et surtout Esturganz, 940.

ESTRAIT. Part. passé, s. s. m. Né, sorti de... (Extractus) : Estrait estes de mult grant parented, 356.

ESTRAMARIZ. S. s. m. Nom de païen (faut-il y voir, plus ou moins directement, extra-mare ?), 941. — V. au r. s. m. Estamarin, 64. Le manuscrit, au v. 1304, porte Astramariz.

ESTRANGE. Adj. s. s. m., 3717. — R. s. m. : estrange, 1236, 2864. — R. s. f. : estrange, 448, 839, 1086. — S. p. m. : estrange, 2911. (D’extraneus.) Dans presque tous ces exemples, estrange a le sens d’étranger : Barbarins est d’un estra[n]ge pais, 1236. De plusurs regnes vendrunt li hume estrange, 2911, etc. Mais déjà ce mot a revêtu dans le Roland sa signification moderne : Alde respunt : Cest mot mei est estrange, 3717.

ESTRE. 1° Conjugaison. Inf. prés. : Estre, 61, 332, 334, 868, 2929, 3914, etc. — Ind. prés. 1re p. s. : Sui, 295, 297, 801, 2053 ; soi, 1478. 2e p. s. : ies, 297, 648, 2045, 2286, 2598, 3899, 3900, 3955 (on ne trouve jamais es). 3e p. s. : est, 56, 886, 940, 3056, 3716, etc. 2e p. p. : estes, 356, 445, 746, 1130, 1697, 2138. 3e p. p. : sunt, 91, 690, 2072, dont il faut rapprocher estunt, 2691. — Imparf. de l’ind. 3e p. s. : ert, 726, 880, 1214, 1650, 2550 (on ne trouve jamais iert). Eret, 719, et, à côté de ce premier type, esteit, 979, 2318, et estoet (?), 313. — Parf. simple, 1re p. s. : fui, 2371, 2413 ; 2e p. s. : fus, 1561, 1961. 3e p. s. : fut, 24, 208, 611, 1983, 2501, 2772 ; 1re p. p. : fumes, 2146. 2e p. p. : fustes, 2027. 3e p. p. : furent, 108. — Parf. comp. 3e p. s. : ad estet, 2 ; 1re p. p. : avum estet, 2028. 2e p. p. : avez estet, 134, etc. (V. Aveir.) — Futur, 3e p. s. : ert, 51, 190, 314, 354, 376, 543, 742, 761, 906, 915, 922, 938, 968, 969, 1710, 2088, 2530, 2801... et iert (l’i se rencontre au futur et non à l’imparfait), 517, 544, 575, 653, 696, 1873, 1984, 2676, 3025, 3673. Il faut partout lire iert ; car ce mot ne se trouve en assonance que dans les laisses en ier. 1re p. p. : ermes, 1977 (le manuscrit porte eimes). 2e p. p. (appartenant à un autre type) : esterez, 1134. 3e p. p. : erent, 3048, 3514 ; ierent, 3286. Il existe encore un 2e ou 3e futur : 1re p. s. : serai, 86, 1076, 2910, 2917 ; 3e p. s. : serat, 52, 625, 1110, 2126, 3849. 2e p. p. : serez, 39, 434, 436, 1480. — Condit. 3e p. s. : fust, 899, 1102, 1728, 1730, 3154 ; sereit, 1705, 3804. — Subj. prés. 3e p. p. : seient, 811. — Imparf. du subj. 3e p. s. : fust, 2137, etc. — Part. passé : ested, 2 ; estet, 134, etc. etc.

Étymologie. On a déjà observé que notre conjugaison d’estre se rapporte à trois types latins : 1° esse, essere, d’où viennent estre (essere) ; sui et soi (sum) ; ies (es) ; est (est) ; estes (estis) et sunt (sunt) ; ert, à l’imparf. (erat) ; le futur ert, iert, ermes, et erent (erit, erimus, erunt), et l’autre futur serai (essere habeo, etc.) ; le cond. sereit (essere-habebat, etc.), et enfin le subj. seient (sint ?). ═ 2° L’ancien verbe fuere, fuo, d’où viennent fui, fus, fut, fumes, furent (fui, fuisti, fuimus, fuistis, fuerunt) ; le cond. fust (fuisset), et le même mot à l’imparf. du subjonctif. ═ 3° Le verbe stare, qui nous a donné l’imparfait esteit (stabat), le part. estet (status), et le fut. esterez (stare habetis.)...
Sens. Estre est employé par notre vieux poëte dans tous les sens de notre langue actuelle. Rem. seulement qu’il s’emploie déjà d’une façon absolue pour signifier « exister » : Si grand doel ai que jo ne vuldreie estre, 2929. ═ On sait comment il se combine avec les participes passés pour composer les temps et les modes du passif français, et parfois des parfaits actifs, comme dans cet exemple : Cher me sui vendut, 2053. ═ Pour rendre l’idée du superlatif, on emploie volontiers estre avec par : Par est sages, etc. (V. Par.) ═ Le parf. fut s’emploie, comme aujourd’hui, dans le sens d’alla : Li Emperere fut ier as porz passer, 2772.

ESTRÉE. R. s. f. Route (Stratam), 3326.

ESTREIT. Adj. employé adverbialement. Étroitement serré (Strictum) : Encuntre sun piz estreit l’ad enbracet, 2202, et estreiz : Si chevalchent estreiz, 1001.

ESTREU. R. s. m. Étrier (De l’all. strippe, courroie), 348, 2820, 3113. — R. p. m. : estreus, 2033.

ESTROET (unt). Verbe act., parf. comp., 3e p. p. Ont troué (Ex-traugatum, de traugus ?) : L’escut Rollant unt fruit e estroet, 2157.

ESTULTIE. S. s. f. (Stultitia.) Mielz valt mesure que ne fait estultie, 1725. — R. s. f. : estultie, 1639, 2606, 3328. Dans ces trois derniers vers, estultie a moins le sens de folie que celui de « courage téméraire » : Vasselage ad e mult grant estultie, 2606...

ESTUNT. Verbe neutre, 3e p. p. de l’ind. prés. d’ester, 2691. V. Ester.

ESTURGANZ. S. s. m. Nom de païen, 940. — R. s. m. : Estorgant, 1297. V. ce dernier mot.

ESTRUSSÉE (ad). Verbe act. parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. f. En parlant de la lance de Charles, on lit que Ganelon : Par tel aïr l’at estrussée e brandie, 722. M. Müller a substitué trussée, qui viendrait de tortiatam. Je préfère le comp. ex-tortiatam, formé sur extortum d’extorquere, qui signifie « arracher des mains ».

ESTURGUS. R. s. m. Nom de païen. 1358. V. Estorgant.

ESTURS. S. s. m. Bataille, mêlée (haut allem., sturm) : A icest colp est li esturs vencut, 3930. — R. s. m. : estur, 2122, 2413, et estor, 1351. — R. p. m. : esturs, 1686, 2862.

ESTUT. Verbe neutre, 3e p. s. du parf. simple d’ester, 671. — Cf. s’estut, 2105, 3762. V. Ester.

ESTUVERAT. Verbe unipers., fut., 3e p. s. Il conviendra, il faudra (d’estuveir), 1151, 1242. V. Estoet.

ESVEILLET (s’). Verbe réfl., ind. prés., 3e p. s. S’éveille (Se ex-vigilat), 724. — Parf. simpl., 3e p. s. : s’esveillat, 736. — Parf. comp., 3e p. s.. avec un s. s. m. : s’est esveillet, 2554. ═ Au passif. Ind. prés., 3e p. s., avec un s. s. m. : Est esveillez, 2844.

ESVERTUET (s’).Verb. pronomin. 3e p. s. S’excite, s’évertue (comp. d’ex et de virtus) : Rollanz... Met sei sur piez, quanqu’il poet s’esvertuet, 2298.

ET. Conj. A mille et a cent, 1417. C’est la seule fois que, dans notre manuscrit, on trouve et, et non pas e.

ETABLISSENT. Verb. act., ind. prés., 3e p. p., 3237. V. Establisent.

ETHIOPE. R. s. f. Éthiopie (Æthiopiam) : Ki tint Ethiope, une tere maldite, 1915, 1916.

EUDROPIN. R. s. m. Nom de païen (dim. d’Eutropius), 64.

EUGIEZ. R. p. m. Nom de peuple païen (?), 3243.

EVES. R. p. f. Eaux (Aquas), 3667. V. Ewes.

EVESQUE. S. p. m. (Episcopi), 3667. — R. p. m. : evesques, 2955 et 3976.

EWE. S. s. f. Eau (Aqua), 2465. — R. s. f. : ewe, 2225. — R. p. f. : ewes, 1778, 2640. et eves, 3667.

EWE. R. s. f. Jument (Equam), 3868.

EXILL. R. s. (Exilium.) Le sens de ce mot est plus général qu’en latin. C’est celui de « désastre » : Ki tei ad mort France ad mis en exill, 2935. Cf. 1862.

F

FACE. Verbe act. subj. prés., 1re p. s. de faire (Faciam), 295, 298, 653 et 1982. V. Faire.

FACET. Verbe act. subj. prés., 3e p. s. de faire (Faciat), 750, 1856, 2351, 2450, 3681, 3898. V. Faire.

FAILLIR. Verbe neutre, inf. prés. Faire défaut, manquer (Fallere), 800, 1866, 3359. — Ind. prés. 3e p. s. : falt, 2230, 3344, 4002. — Parf. simpl., 3e p. p. : faillirent, 2601, 2718. — Fut., 3e p. s. : faldrat, 1048 ; faudrad, 2454. 3e p. p. : faldrunt, 397, 3417. — Subj. prés., 3e p. p. : faillent, 3133. — Part. pass., au s. p. m. : faillid, 3815.

FAIRE. (Facere.) 1° Conjugaison. Inf. prés. : faire, 278. — Ind. prés., 1re p. s. : faz, 678, 987, 3059. 2e p. s. fais, 2582, 3611. 3e p. s. fait, 96, 159, 610, 1516, 1629, 1725, 1816, 2593, 3266. 2e p. p. : faites, 1360. 3e p. p. : funt, 378, 516, 978, 1174, 3964. — Parf. simpl., 1re p. s. : fis, 2388. 2e p. s. : fesis, 2029. 3e p. s. : fist, 89, 154, 178, 213, 765, 769, 1209, 1779, 2097. 1re p. p. : fesime[s], 418. 2e p. p. : feïstes, 1708, 1723. 3e p. p. : firent, 92, 2155. — Parf. comp., 1re p. s., avec un r. p. f. : ai faites. 3e p.s. : ad fait, au neutre, 160, 2423, 3749 ; avec un r. s. m. ou n. : ad fait, 3843 ; avec un r. s. f. : ad faite, 911, 1820, 2506, 3748, 3919 ; avec un r. p. f. : ad faites, 3060. 2e p. p., avec un r. s. : avez fait, 876 ; avec un r. p. f. : avez faites, 3336. 3e p. p., avec un r. s. f. : unt faite, 3045. — Fut., 1re p. s. : ferai, 787. 3e p. s. : ferat, 33, 57, 1060, 1105, 2602. 1re p. p. : ferum, 882, 2441 et feruns, 950, 1256. 2e p. p. : ferez, 131, 255. 3e p. p. : ferunt, 3072. — Cond., 1re p. s. : fereie, 1053, 3956. 3e p. s. : fereit, 240. 3e p. p. : fereient, 1185, 2812. Autre cond. (de fecisset), 3e p.s. : fesist, 1637. — Impér., 2e p. s. : fai, 3895. 2e p. p. : faites, 210, 679. — Subj. prés., 1re p. s. : face, 295, 298, 653, 1982. 3e p. s. : facet, 750, 1856, 2351, 2450, 3681, 3898. — Imparf. du subj., 3e p. s. : feïst (feciset), 1564. — Plus-que-parf., 1re p. p., avec un r. s. f. : oüsum faite, 1729. — Part. pass., s. s. n. : fait, 625, et r. s. : fait, 115, 876, etc. S. s. f. : faite, 3904. R. s. f. : faite, 911, etc. R. p. f. : faites, 865, etc. ═ Au passif. Fut. 3e p. s., avec un s. s. n. : serat fait, 625, ou, avec un s. s. f. : ert faite, 3904. — Subj. prés., 3e p. s. au neutre : seit fait, 3982 (le manuscrit, par erreur, porte faite).

Sens divers. Il n’est peut-être pas, dans toute notre langue, de mot plus élastique, et il en est bien peu qui aient reçu plus de sens difficiles à préciser. Nous ne noterons ici que les plus importants : a. Fait, devant un infinitif, a le sens de jubet, en latin : Si fait suner ses cors, 1629. Li reis fait prendre le cunte Guenelun, 1816, etc. ═ b. Fait peut, en certains cas, remplacer un autre verbe, dont on évite ainsi la répétition : Plus curt à pied que ne fait un cheval, 890. Mielz valt mesure que ne fait estultie, 1725. Cf. 516, 978. ═ c. Les deux locutions précédentes sont heureusement restées dans notre langue. Il n’en est pas de même de la suivante : « faire que : ». Jo fereie que fols, 1053. Naimes ad fait que proz, 2423, etc. etc., laquelle signifie : « Je ferais ce que fait un fou, je serais bien fou, » etc. Cf. Dunc ne faz-jo que creire, 987. ═ d. Faire à preiser, c’est « faire un acte digne d’être prisé » : fait asez a preiser, 1516. (Cf. le v. 1174 : Ne funt mie a blasmer.) Très-commune au moyen âge, cette expression a, depuis longtemps, disparu de notre langue. ═ e. Se faire a le sens « d’être, de devenir » : Li Empereres se fait e balz et liez, 96.

FAIS. R. s. m. Fardeau (du latin fascis), 977.

FAIT, FAITE, FAITES, etc. Part. pass. de faire, 625, 115, 876, etc. V. Faire.

FAITEMENT. Adv. De telle manière (Facta-mente) : Cum faitement purrai Rollant ocire, 581. Cum faitement li manderum nuveles, 1699. Dans ces deux exemples, on voit que faitement est à peu près explétif.

FAITURE. R. s. f. Forme, tournure, et, par extension, visage, figure, tout au moins dans le texte de notre poëme (Facturam) : Si li trenchat les oilz e la faiture, 1328.

FALCUNS. S. s. m. Faucon (Falco, falconem), 1529.

FALDESTOED. R. s. n. Fauteuil, trône (Faldestolium), 609. — R. s. : faldestoed, 115, 452, 2653 ; faldestod, 2804, et faldestoet, 407.

FALDRAT. Verbe n. fut., 3e p. s. de faillir (Fallere-habet), 1048. V. Faillir.

FALDRUN. R. s. m. Nom de païen (?) : Faldrun de Pui i ad par mi trenchet, 1871.

FALDRUNT. Verbe neutre, 3e p. p. du fut. de faillir, 397, 3417. V. Faillir.

FALS. Adj., r. s. Faux, mauvais (Falsum) : Sur mei avez turnet FALS jugement, 307. — R. s. f., fai.se : De false lei, que Deus n’enamat unkes, 3638.

FALS. Verbe act. et n., ind. prés., 1re p. s. Je déclare faux, je démens. (Falso.) Pinabel dit, en parlant de Thierry : Jo si li fai.s, od lui m’en cumbatrai, 3844, (V. Ducange, au mot Falsare.)

FALSARON. S. s. m. Nom de païen (c’est, en quelque sorte, un péjoratif de falsus), 879. — R. s. m. : Falsaron, 1213.

FALSERIE. S. s. f. Mensonge, sorcellerie (Falsaria) : N’i remeindrat ne sorz ne falserie, 3665.

FALT. Verbe n., ind. prés., 3e p. s. de faillir, 2230, 3344, 4002. ═ Rem. l’expr. : Falt li le coer, 2230. V. Faillir.

FALVE. R. s. f. Fauve. (Allem. falb.) En parlant d’un cheval, on dit qu’il a la teste tute falve, 1656.

FAUDRAD. Verbe neut., fut. 3e p. de s. de faillir, 2454 Rem. la diphthongaison au. V. Faillir.

FAZ. Verbe act. ind. prés., lre p. s. (Facio), 678, 987, 3059. V. Faire.

FEDEILZ. Subst. R. p. m. Les « fidèles » (Fideles) : Je l’siurai od mil de mes fedeilz, 84.

FEDEILZ. Adj., r. p. m. (Fideles.) [fe]deilz servises et mult granz amistez, 29.

FEDELTET. R. s. f. Féauté, dans le sens exact du droit féodal (Fidelitatem). Deven mes hom, en fedeltet voeill rendre, 3593.

FEID. R. s. f. Foi, bonne foi, foi du serment (Fidem), 86, 507, 2897, 3460, 3770. Feit, 403, et feiz, 3801. — R. p. f. : feiz, 3416.

FEINDRE. Verbe n. et act., inf. prés. (Fingere.) Cil l’at traït ki vos en roevet feindre, 1792. — Parf. simpl., 3e p. s., feinst : Si se feinst morz, 2275.

FEÏST. Verbe actif, 3e p. s. de l’imparf. du subj. de faire (Fecisset), 1564. V. Faire.

FEÏSTES. Verbe act. 2e p. p. du parf. simple de faire. (Fecistis), 1723. V. Faire.

FEIZ. R. s. f. Foi (Fidem), 3801. — R. p. f. (?) : feiz, 3416.

FEIZ. R. s. f. Fois (Vicem) : Guenes respunt : Ne vus à ceste feiz, 567. Que Guenelun cleimt quite ceste feiz, 3407. Cf. 3457.

FEL, FELS. Adj. et subst. Felon. (Du bas latin felo, felonis, qui se trouve, comme le dit Littré, dans un Capitulaire de Charles le Chauve.) S. m. : fels, 213, 674, 3735, 3829, et fel, 1024, 1924, 2062, 3559, 3757, 3973. — R. s. m. : fel, 1632 (?), et felun, 910, 1640, et felon, 1819. — S. p. m. : felun, 942, 3251, 3337, 3914. — Voc., p. m. : feluns, 1191. — R. p. m. : feluns, 69, 1908, 2060. ═ Felun s’emploie substantivement : Ço dist li Reis : « Vos estes mi felun, » 3814. Cf. 1908.

FELONIE. R. s. f. (v. le précédent), 2600, 3834. — R. p. f. : felonies, 1633.

FEMME. R. s. f. Épouse (Feminam), 637. — R. p. f. : femmes, 1402.

FENDRE. Verbe neut., inf. prés. (Findere.) Fendre a le sens « d’être brisé, fendu », comme findi, en latin : Par mi quiet fendre, 1588. — Même sens à l’ind. prés., 3e p. s., fent : Pur poi d’ire ne fent, 304. Se li cels nen i fent, 1432. ═ Indépendamment de ce sens neutre, fent est employé à l’actif : Tut le elme li fent, 1602. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. m. : ad fendut, 3604, 3927. ═ Au passif. Ind. prés., 3e p. s., avec un s. s. m. : est fenduz, 2295. — Part. pass., s. s. m. : fenduz, 2295. R. s. m. : fendut, 3604, 3927.

FENIR. Verbe act., inf. prés. Achever (Finire) : Ses baruns mandet pur sun cunseill fenir, 169. Trois vers plus haut, on trouve finer dans le même sens. (V. ce mot.) — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. f., out fenie : Li Empereres out sa raisun fenie, 193.

FER. S. s. (Ferrum), 3249, et fers, 1362. — R. s. : fer, 1286, 1559, 3154, 3735. ═ Aux vers 1362, 3249 et 3735, le mot « fer » est pris dans un sens général ; aux vers 1286, 1559 et 3154, il désigne en particulier le « fer de la lance ».

FERAI. Verbe act. fut., 1re p. s. de faire (Facere habeo), 787. V. Faire.

FERANT. Verbe act., part. prés. de ferir, s. s. m., 3371. V. Ferir.

FERAT. Verbe act. fut., 3e p. s. de faire (Facere habet), 33, 57, 1060, 1105, 2692. V. Faire.

FEREIE. Verbe act. cond., 1re p. s. de faire (Facere habebam), 1053, 3956. V. Faire.

FEREIENT. Verbe act. cond., 3e p. p. de faire (Facere habebant), 1185, 2813. V. Faire.

FEREIT. Verbe act. cond., 3e p. s. de faire (Facere habebat), 240. V. Faire.

FERENT. Verbe act. ind. prés., 3e p. p. de ferir (Feriunt), 1611. V. Ferir.

FEREZ. Verbe act. ind. prés., 3e p. p. de ferir (Feritis), 3539. V. Ferir.

FEREZ. Verbe act. impér., 2e p. p. de ferir (Ferite), 1211, 1518, 1833, 3366. V. Ferir.

FEREZ. Verbe act. fut., 2e p. p. de faire (Facere-habetis), 131, 255. V. Faire.

FERIR. Verbe act., inf. prés. Frapper (Ferire), 440, 1092, 1138, 1556. — Ind. prés., 3e p. s. : fiert, 1261, 1412, 1609, 1665, 2090, 2664, 3615. 2e p. p. : ferez, 3539. 3e p. p. : fierent, 1347, 1398, 1939 (?), 2070, 3385 ; ferent, 1611. — Parf. simpl., 3e p. s. : ferit, 2338. — Parf. comp., 1re p. s., avec un r. s. m. : ai ferut, 2006. 3e p. s., avec un r. s. m. : ad ferut, 1568. 3e p. p. n. : unt ferut, 1438. — Fut., 1re p. s. : ferrai, 1055, 1065. 3e p. s. : ferrat, 3051. 2e p. p. : ferrez, 1463. 3e p. p. : ferrunt, 1080, 1839, 3082, 3199. — Impér., 1re p. s. : fier, 1120. 2e p. p. : ferez, 1211, 1518, 1883, 3366. — Subj. prés., 3e p. s. : fierget, 3559. — Part. prés., s. s. m. : ferant, 3371. — Part. pass., s. s. m. : ferut, 1952, 2052, 3924. R. s. m. : ferut, 1568, 2006, 2084. R. s. n. : ferut, 1438. R. p. m. : ferut, 2093. ═ Au passif. ind. prés., 1re p. s. : sui ferut, 2052. 3e p. s. : est ferut, 1952 et 3924.

FERMÉE (ad). Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. f. Fermer, signifie « assujettir, fixer, attacher » (Firmare) : Li quens Rollanz ad l’enseigne fermée, 707. 3e p. s., avec un r. p. m., ad fermez : Esperuns d’or ad en ses piez fermez, 345. 3e p. p., avec un r. p. m., unt fermez : Lur helmes clers unt fermez en lor chefs, 3865. — Part. pass., s. p. m., fermez : Cil gunfanun fermez, 1033. S. p. f., fermées : Cez enseignes fermées, 3308. R. p. m., fermez : Alquanz healmes fermez, 683. Cf. 3865

FERRAI. Verb. act. fut., 1re p. s. de ferir (Ferire habeo), 1055, 1065. V. Ferir.

FERRAT. Verbe actif, fut., 3e p. s. de ferir (Ferire habet), 3051. V. Ferir.

FERRÉE. Part. passé employé adjectivement, r. s. f. (Ferratam.) Entre dans la composition de Val-ferrée, 1370.

FERREZ. Verbe actif, fut., 2e p. p. de ferir. (Ferire habetis), 1463. V. Ferir.

FERRUNT. Verbe actif, fut., 3e p. p. de Ferir (Ferire habent), 1080, 1839, 3082, 3199. V. Ferir.

FERS. S. s. (Ferrum), 1362. V. Fer.

FERUM. Verbe actif, fut., 1re p. p. de faire (Facere habemus), 882, 2241. V. Faire.

FERUNS. Id., 950, 1256. V. Faire.

FERUNT. Verbe actif, fut., 3e p. p. de faire (Facere habent), 3072.

FERUT (ai, ad, unt). Verbe actif, 1re, 2e et 3e p. du parf. composé de ferir. V. Ferir.

FERUT. Part. pass., s. s. m., 1952, 2052, 3924. R. s. m., 1568, 2006, 2084. R. s. n. : ferut, 1438. R. p. m., par err. : ferut, 2093. V. Ferir.

FESIMES. Verbe actif, 1re p. p. du parf. simple de faire (Fecimus), 418. V. Faire.

FESIS. Verbe actif, 2e p. s. du parf. simple de faire (Fecisti), 2029. V. Faire.

FESIST. Verbe actif, 3e p. s. de l’imparf. du subj. de faire, avec le sens du conditionnel (Fecisset), 1637. V. Faire.

FESTE. S. s. f. (Festa), 3745. — R. s. f. : feste, 53, 2860.

FEU. R. s. Fief. (Feodum, feudum.) Le mot se présente sous trois formes au r. s. : 1° feu, 866 et 2680 ; 2° fiu, 432, et 3° fiet, 472. — Et nous trouvons, au r. p., quatre formes diverses : 1° feus, 3399 ; 2° fieus, 315 ; 3° fius, 820, et 4° fiez, 76.

FIANCE. R. s. f. (Fidentiam.) Le mot fiance a, dans notre vieux texte, deux sens différents : 1° Promesse, engagement sur la foi jurée : Fiance prist de Guenelun li cunte, 1486, et, quelques vers plus loin : Cil ot fiance de l’cunte Guenelon, 1526. Costentinnoble dunt il out la fiance, 2329. ═ 2° Confiance : En tels vassals deit hom aveir fiance, 3009. ═ On remarquera les locutions : « Prendre fiance de quelqu’un, » c’est-à-dire, recevoir sa promesse, son serment ; « avoir fiance, » dans le sens d’« avoir la promesse de quelqu’un », et enfin « donner fiance », dans le sens de « promettre, garantir » : Se trois Rollant, de mort li duins fiance, 914.

FIEBLE. S. s. m. Faible (Flebilis) : Il est si fieble qu’il ne poet en avant, 2228.

FIEBLEMENT. Adv. (Flebili-mente.) Trait l’olifan, fieblement le sunat, 2104.

FIER, FIÈRE. V. Fiers.

FIER. Verbe actif, impér., 2e p. s. de ferir (Frappe, feri), 1120. V. Ferir.

FIÈREMENT. Adv. (Fera mente), 219, 729, 1162, 1920, 2984.

FIERENT. Verbe actif, ind. prés., 3e p. p. de ferir (Feriunt), 1347, 1398, 1939, 2070, 3385. V. Ferir.

FIERGET. Verbe actif, subj. prés., 3e p. s. de ferir (Feriat), 3559. V. Ferir.

FIERS. Adj., s. s. m. Fier, avec un sens plus énergique que de nos jours ; hardi, terrible. Se dit des choses autant que des personnes (Ferus), 105, 797, 1879, 2550, 3175, 3654. — R. s. m. : fier, 28, 118 (?), 895, 2802, et, par erreur, fiers, 897, 1111, 2125. — R. s. f. : fière, 1231. — S. p. m. : fiers, 1888, 2604, 3133. — S. p. f. : fières, 3383. — R. p. f. : fières, 3086.

FIERT. Verbe act., ind. prés., 3e p. s. de ferir (Ferit), 1261, 1412, 1609, 1665, 2090, 2664, 3615.

FIERTET. R. s. f. (Feritatem), 1183, 2152.

FIET. R. s. Fief, 472. V. Feu.

FIET (se). Verbe réfl., 3e p. s. (Se fidet) : E Oliver en qui il tant se fiet, 586.

FIEUS. R. p. Fiefs, 315.

FIEZ. R. p. Fiefs, 76. V. Feu.

FILLASTRE. S. s. m. Beau-fils, sans idée nettement péjorative (Filiaster) : Guenes respunt : Rollanz, cist miens fillastre, 743.

FILLE. R. s. f. (Filiam), 2744.

FILZ. S. s. m. (Filius), 504, 1551, 1571, 1905. — Voc. s. m. : filz, 3201. — R. s. m. : filz, 149, 313, 362, 1634, 2744, 3375, 3498. — S. p. m. : filz, 2671. — R. p. m. : filz, 42 et 2420 ; fiz, 3411.

FIN. S. s. f. (Finis), 1435. — R. s. f. : fin, 1476, 2392, 3723. V. Fins.

FIN. Adj., s. s. Pur, affiné ; se dit de l’or. (Je préfère l’étym. goth. fyn, à finitus que condamne la théorie de l’accent tonique.) Fin or, 1540. — R. s., fin : Or fin, 652, 1245.

FINER. Verbe actif et neutre, inf. prés. (Fenir, vient de finire ; finer vient d’un type en are.) 1° À l’actif. Inf. prés., finer : Ses baruns mandet pur sun cunseill finer, 166. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. : Li reis Marsilie out sun cunseill finet, 62. Li reis Marsilie out finet sun cunseill, 78. Avec un r. s. f. : Ço dit li Reis que sa guere out finée, 705. ═ 2° Au neutre. Futur, 1re p. s. (Je ne mettrai pas fin...) : Ne finerai en trestut mun vivant, 2662. — Cond., 3e p. s. : finereit (Mourrait) : Cunquerrantment si finereit li bers, 2867. ═ 3° Au passif. Fut., 3e p. s., avec un s. s. m., Serat finet : Se truis Rollant, de mort serat finet, 902. 2e p. p., avec un s. s. m., serez finet : Par jugement serez iloec finet, 436. Part. pass., s. s. m. : finet, 436 et 902. R. s. : finet 62, 78. R. s. f. : Finée, 705.

FINS. S. s. f. (Finus), 3395, 3872, et fin, 1435. — R. s. f. : fin, 1476, 2392, 3723. Ce mot revêt deux sens dans le texte de la Bodléienne : 1° Fin, en général : Josqu’à la (mort) n’en ert fins otriée, 3395. Deus set asez cument la fins en ert, 3872. La fin de l’secle, 1435. — 2° Mort : Alde est à sa fin alée, 3723. Cf. 2392. ═ Rem. la locution « prendre fin », pour « mourir » : Fin prendrum aïtant, 1476.

FINS (?) Nen est fins que t’en alges, 2978. Müller (p. 207) approuve la correction de Génin : Nen est dreiz...

FIRENT. Verbe act., parf. simpl., 3e p. p. de faire (Fecerunt), 92. V. Faire.

FIRIE. Pour fuie (?). Foie (de la famille du latin ficatum ?) : Trenchet li le coer, le firie (?) e le pulmun, 1278.

FIS. Verbe act., 1re p. s. du parf. simpl. de faire (Feci), 2388. V. Faire.

FIST. Verbe act., 3e p. s. du même parf. (Fecit), 89, 154, 178, 213, 765, 769, 1209, 1779, 2097. V. Faire.

FIU. R. s. Fief (Feodum), 432. — R. p. : fius, 820. V. Feu.

FIZ. R. p. m. Fils (Filios), 3411. V. Filz.

FIZ. Adj., s. s. m. Sûr, assuré (Fidus) : De cez paroles... en quel mesure en purrai estre fiz, 146. — S. p. m., fiz : Bataille averez, vos en estes tuz fiz, 1130. On disait donc : Estre fiz de quelque chose.

FLAMBES. S. s. f. (par erreur). Flamme (Flammula), 2535. — R. s. f. Entre dans la composition d’orieflambe, 3093.

FLAMBIENT. Verbe neutre, 3e p. p. de l’ind. prés. (Flammulant donnerait « flambent » ; il faut supposer (?) flammulitant.) Clere est la lune e les esteiles flambient, 3659.

FLAMBIUS. Adj. r. p. Flamboyants (Flammitosos ?) : Tanz blancs osbercs, tanz elmes flambius, 1022.

FLAMENGS. R. p. m. Flamands (Flaminghos), 3069.

FLANCS. R. p. m. (Flaccos ?.) Graisles es flancs, 3158. Les dous costez li deseiveret des flancs, 3467.

FLANDRES. R. s. f. (Flandriam.) Jo l’en cunquis Baiver et tute Flandres, 2327.

FLOREDÉE. R. s. Nom d’un royaume païen (?) : Ço est Canabeus, li reis de Floredée, 3312.

FLORS. R. p. f. (Flores), 2871, 2898. V. Flur.

FLOTANT. Verbe neutr., part. prés., s. p. m. (Fluctuantes.) Li altre en vunt (en)cuntreval flotant, 2472.

FLUR. S. s. f. (Flos, floris.) Tant par ert blancs cume flur en estet, 3162. Cf. 3173 et 3503. — R. s. f. : flur, 2431. Cf. 1354. — R. p. f. : flurs, 1276, 1856, et flors, 2871, 2898. ═ Rem. les expressions un escut à flurs, 1276, et En seintes flurs, 1856. Cette dernière désigne le Paradis.

FLURIT. R. s. m. Nom d’un roi païen (bas lat. : Floritus ?), 3211.

FLURIZ. Adj., s. s. m. Fleuri signifie : l° couvert de fleurs, « peint à fleurs. » 2° blanc, et, par extension, vieux (Floritus) : Jà estes (vus) veilz e fluriz e blancs, 1771. — S. s. f., flurie : La targe ki est flurie, 3361. — R. s., flurit : Blanche ad la barbe e tut flurit le chef, 117. — R. s. f., flurie : Carles li velz à la barbe flurie, 970. Cf. 2353. — R. p. : fluriz, 3087.

FOL. V. Fols.

FOLAGE. R. s. Folie, chose insensée (Follaticum) : Respunt Rollanz : Orguill oi e folage, 292.

FOLIE. S. s. f. (Follia ?.) Kar vasselage par sens nen est folie, 1724. — R. s. f., folie : Guenes ad dit folie, 496. Cf. 2714.

FOLS. S. s. m. Fou, insensé, (Follus) : 1053, 3010, 3171, 3234, et. fol, 1207. — Voc. s. m. : fol, 286. — R. s. m. : fol, 2294. — R. p. m. : fols, 229. Dans ce dernier vers, fols est employé substantivement : Laissum les fols, as sages nus tenuns.

FORCE. S. s. f. (bas lat., fortia), 2902. — R. s. f. : force, 1575, 1627, 3683, 3995. ═ Dans ces derniers vers, remarquer l’expression « par force, par vive force », qui signifie « vigoureusement ». Par force iras en la tere de Bire, 3995.

FORCHEÜRE. R. s. f. L’enfourchure, la « partie du corps qui est entre les cuisses » (Furcaturam) : La forcheüre ad asez grant li ber, 3157. furcheüre, 1330.

FORFIST. Verbe act., 3e p. s. du part. simpl. de forsfaire (Forisfecit), 3758. V. Forsfis.

FORMENT. Adv. Fortement, beaucoup (Forti-mente) : Forment le pleint à la lei de sa tere, 2251. E d’Oliver li peiset mult forment, 2514.

FORS. 1° Adv. Au dehors (Foras, foris) : Fors s’en eissirent li Sarrazins, 1776. Amsdous les oilz de l’chef li ad mis fors, 2290. Cf. 1202, 2260 et 3122. ═ 2° Prép. Excepté : Mur ne citet n’i est remés a fraindre, — fors Saraguce, 5, 6. Fors sul Tierri, 3806. Cf. 23 et 3032.

FORSFIS. Verbe act., 1e p. s. du parf. simpl. de forsfaire (Forisfacere, forisfeci). Ce mot a plusieurs sens, qui sont souvent fort difficiles à démêler. 1° Faire tort : Ne m’fesis mal ne jo ne l’ te forsfis, 2029. 3e p. s., forsfist : Rollanz me forsfist en or e en aveir, 3758. — Imparf. du subj., 3e p. s., forsfesist : Queque Rollant à Guenelun forsfesist, 3827. ═ 2° Au réfléchi, se forsfaire, c’est « se rendre coupable de ». Parf. comp., 3e p. s., s’est forsfait : La traïsun jurat et si s’en est forsfait, 608. ═ 3° Au passif. Fut. 3e p. s. : Ço dist Turpin : Icist nos ert forsfait, 1393. Le sens est ici plus difficile à préciser. Il s’agit d’un païen, Siglorel, qui vient d’être tué par l’Archevêque. Forsfait nous semble avoir ici le sens de forsmis (?), et c’est ainsi que l’ont compris tous les traducteurs.

FORZ. Adj, s. s. m. (Fortis), 1312, 1879, 2278, 3177, 3839, 3885, et fort, 1547. — S. s. f. : forz, 1713, et fort, 3489. — R. s. m. : fort, 1948, 2122. — R. s. f. : fort, 1460, 2946 (?). — R. p. m. : forz, 1799, 2862, 3080, 3864. — R. p. n. (?) : forz. 1118. ═ Rem., au v. 2631, la locution : a fort, pour forment : Siglent a fort e nagent. ═ On peut hésiter pour le v. 2946 : Ceste dolor ne demenez tant fort, et il se pourrait que fort fût ici un adverbe.

FOSSE. R. s. f. (Fossam), 3105. En parlant de Daniel : Enz en la fosse des leons, 3105.

FOSSET. R. s. m. Fossé (Fossatum), 2590, 3166.

FOUS. S. s. m. Feu (Focus), 2535, 3586, 3912, 3917. — R. s. m. : fou, 3106.

FRAINDRE. Verbe. act., inf. prés. Renverser (Frangere) : Mur ne citet n’i est remés à fraindre, 5. Freindre, 2210, 2314. — Ind. prés., 3e p. s. : freint, 486, 1199, 1263, 1562, 3361. Parf.simpl., 3e p. s. : freinst, 1247, 1276. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. m. : ad frait, 3604, 3927, avec un r. s. f. : ad fraite, 663, 1323 ; avec un r. p. f. : ad fraites, 2757. 3e p. p., avec un r. p. f. : unt fraites, 3570. — Fut., 3e p. s. : freindrat, 2342. — Part. passé, s. s. f. : fraite, 1352, 2050. — R. s. s. m. : frait, 3604, 3927. R. s. f. : fraite, 663, 1323. R. p. f. : fraites, 2757.

FRAISNE. R. s. m. Frêne (Fraxinum), 2537.

FRAISNINE. Adj., r. s. f. En frêne (Fraxininam) : Entre ses poinz teneit sa hanste fraisnine, 720.

FRAIT, FRAITE, FRAITES. Part. pass. de fraindre. (Fractus, fractam, fractas.) V. Fraindre.

FRANC. Adj. Voc. p. m. Libres (Franci) : Franc chevaler vaillant, 2657. — R. s. f., franche : Jo l’en cunquis Normendie la franche, 2324. En ma maisun ad une caitive franche, 3979.

FRANC. S. p. m. Les Franks (Franci ; orig. germ.), 701, 709, 1072, 1481, 1627, 3046, 3561, et Francs, 50, 377, 841, 1888, 2932. — R. p. m. : Francs, 177, 265, 804... — Francor vient directement de Francorum : En la geste Francor, 1443. Geste Francor XXX. escheles i numbrent, 3262.

FRANCE. S. s. f. (Francia), 835, 1090, 1734, etc. — R. s. f., 16, 109, 1695, 3976, etc., etc. Sur le sens de ce mot, voy. la note du v. 116.

FRANCEIS. S. p. m. (Francenses), 192, 816, 3794, et r. p. m., 49, etc., etc. — R. s. f. : Franceise, 396 et 2515. — R. p. f. : Franceises, 3089...

FRANCOR, 1443, 3262. V. Franc.

FREIN. R. s. (Frenum), 1493. — S. p. : frein, 91. — R. p. : freins, 2485.

FREINDRAT. Verbe act., 3e p. s. du fut. de fraindre (Frangere habet), 2342. V. Fraindre.

FREINDRE. Verbe act., inf. prés. (Frangere), 2210, 2314. V. Fraindre.

FREINST. Verbe act., 3e p. s. du parf. simpl. de fraindre, 1247, 1276. V. Fraindre.

FREINT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. de fraindre (Frangit), 486, 1199, 1263, 1562, 3361.

FREIZ. R. p. Froids (Frigida) : Pur sun seignur... deit hom... endurer granz freiz, 1010, 1011.

FREMIR. Verbe neutre. Faire du bruit, retentir (Fremere) : Ces blancs osbercs ki dunc oïst fremir, 3484.

FREMUR. R. s. f. Bruit (Fremorem) : Vers le paleis oïrent grant fremur, 2693.

FRERE. S. s. m. (Frater), 1214, 3429, 3499, 3819. — R. s. m. : frere, 490, 3311, 3806. — R. p. m. : freres, 2420.

FRESCHE. Adj., r. s. f. Fraîche (haut allem., frise ; anglo-saxon, frese) : Liverent lur prez, asez i ad fresche herbe, 2492.

FRISE. R. s. f. Nom de pays (Fresiam, Frisiam), 3069.

FRISUNS. R. p. m. (Fresiones), 3700.

FRONT. R. s. m. (Frontem), 1217. V. Frunt.

FRUISSET. Verbe tantôt actif (2289, 3664, 3879, 2340, 237, 2340, 3387), tantôt neutre (1317, 3433, 2539). Le v. 3482 est douteux. (Frictiat.) Ind. prés., 3e p. s. : fruisset, 1317, 2289, 2340 ; fruissed, 3433. 3e p. p. s. : fruissent, 3482, 3662, 3879. — Parf. comp., 2e p. p. avec un r. p. m. : avez fruiset, 237. — Part. pass., r. n. : fruiset, 237. R. p. m. : fruisez, 3387.

FRUNT. R. s. m. (Frontem), 3919, et front, 1217.

FUI. Verbe estre, parf. simpl., 1re p. s. (Fui), 2371, 2413. V. Estre.

FUILDRES. S. p. f. Foudres (Fulgura), 1426.

FUIR. 1° Verbe neutr. Inf. prés. (Fugere), 1255. — Ind. prés., 3e p. p. : fuient, 686. — Subj. prés., 3e p. s. : fuiet, 2309, 2738. — Part. prés., s. s. m. : fuiant, 2784, et s. p. m. : fuiant, 1473. ═ 2e Verbe réfl. Inf. prés., s’en fuir : fuir s’en voel, 1600. — Ind. prés., 3e p. s. : s’en fuit, 1047, 2043, 2807. 3e p. p. : s’en fuient, 686, 1875, 2162, 2460, 3625. — Parf. comp., 3e p. s. : fuit s’en est, 1913. — Fut., 3e p. s. : s’en fuirat, 2607. — Impér., 1re p. p. : nos en fuiums, 1910. V. Enfuir.

FULS. R. p. Foules (subst. verbal de fouler, fullare) : A millers et à fuls, 1439.

FUNT. Verbe act., ind. prés. de faire, 3e p. p. (Faciunt), 378, 516, 978, 1174, 3964. V. Faire.

FUNZ. R. s. m. Fond. (Fundum.) Le manuscrit porte, par erreur, les funz, 2471.

FUNZ. R. p. f. Fonts baptismaux (Fontes) : Le Patriarche ocist devant les funz, 1525.

FURBIT. S. p. m. Fourbis, en parlant d’une arme (haut allem., furban) : Fruissent cez lances e cil espiez furbit, 3482. — R. p. f., furbies : Ferez, seignurs, des espées furbies, 1925.

FURCELES. R. p. f. Les deux « furceles », ce sont les deux clavicules (d’un diminutif de furca, furcellas) : Si l’fiert el’ piz, entre les dous furceles, 1294. Desur sun piz, entre les dous furceles, 2249.

FURCHEÜRE. R. s. f. L’enfourchure, la « partie du corps qui est entre les cuisses » (Furcaturam) : E tut le cors tresqu’en la furcheüre, 1330. Forcheüre 3157.

FURENT. Verbe estre, parf. simpl., 3e p. p. (Fuerunt), 108. V. Estre.

FURRER. R. s. m. Fourreau (Fodrarium), 444.

FUS. Verbe être, parf. simpl., 2e p. s. (Fuisti), 1561, 1961. V. Estre.

FUST. R. s. m. Bois (du lat. fustis), 1559, 3953. — R. p. m. : fuz, 1825, 3568, 3739. ═ Fust a trois sens : 1° Bois en général : Si’s pent tuz à l’arbre de mal fust, 3953. ═ 2° Bâton : Très ben le batent à fuz et à jamelz, 3739. Cf. 1825. ═ 3° Le bois de la lance : El’ cors li met e le fer e le fust, 1559.

FUST. Verbe estre, cond. et imparf. du subj. 3e p. s. (Fuisset), 691, 899, 1102, 1728, 1730, 2137, 3154. V. Estre.

FUSTES. Verbe estre, parf. simple, 2e p. p. (Fuistis), 2027. V. Estre.

FUT. Verbe estre, parf. simpl., 3e p. s. (Fuit), 24, 208, 611, 1983, 2501, 2772. V. Estre.

FUZ. R. p. m. de fust, bois (Fustes), 1825, 3568, 3739. V. Fust.

G

GAB. R. s. Subst. verbal de gaber. (Vient, d’après Diez, du nordique gabb, raillerie.) Païen ne l’tindrent mie en gab, 2113.

GABANT. Part. prés., s. s. m. (V. le précédent.) Devant ses pers vait il ore gabant, 1781.

GABRIEL. S. s. m. (nom d’origine hébraïque ; gibor, fort ; gebourah, force, et El, Dieu ; force de Dieu), 2390, 2395, 3610, 3993. — R. s. m. : Gabriel, 2262, 2526.

GAIGNUN. R. s. m. Nom du cheval de Marsile. (Un gaignun, c’est un dogue, un chien ; et ce mot gaignun vient sans doute de gaign.) Siet el’ cheval qu’il apelet Gaignun, 1890.

GAILLARD. R. s. m. ou n. Plein de force, vigoureux. (Diez suppose une racine celtique, le kymrique gall, fort.) Cors ad gaillard, 2895 et 3763, et gaillart : Gent a le cors, gaillart e ben seant, 3115. — R. p., gaillarz : Cors unt gaillarz, 3086.

GAILLARDEMENT. Adv. (V. le précédent.) N’implique pas seulement l’idée de vigueur, mais celle d’une certaine ardeur dans l’action : gaillardement tuz les unt encensez, 2959.

GALAFES. S. s. m. Nom d’un émir sarrasin : Si li tramist li amiralt Galafes, 1664.

GALAZIN. Adj., r. s. m. Se dit des étoffes de Galaza, Glaza. C’est ainsi que Marco Polo appelle Aias, Agasso ou Lajazo. (F. Michel, Étoffes de soie, d’or et d’argent, I, 329.) Ben sunt cuvert d’un palie Galazin, 2973.

GALÉES. R. p. f. Vaisseaux (étym. inconnue) : Eschiez e barges e galées curranz, 2729. V. Galies.

GALICE. R. s. f. (Gallœciam), 1637, 3073. Il ne faut point prendre à la lettre « l’or de Galice ». C’est une cheville.

GALIES. R. p. f. Vaisseaux, 2625. V. Galées. (Chacune de ces deux formes se trouve au milieu d’un vers, et non pas en assonance.)

GALNE. R. s. f. Nom de ville en Espagne (?) : Venuz en est à la citet de Galne, 662. La consonnance exigerait Gelne ou Gailne.

GALOPS. R. s. par erreur ; doit être r. p. : Le galops et les salz, 731. Il faut lire les galops. Ce mot, qui vient du haut allem. ga-hlaupan, n’est employé qu’au pluriel dans nos textes du moyen âge.

GAMBES. R. p. f. Jambes (Gambas), 1652.

GARÇUN. S. s. m. Valet d’armée. Origine douteuse. Gachet propose le gaél. gwas, serviteur (??). En tout cas, l’on trouve guarcio, guarcionis, dans nos textes de bas latin, et garçun n’est ni un « diminutif de gars », comme l’écrit M. Brachet, ni un « augmentatif à la manière italienne », suivant l’expression de Gachet. Ne n’i adeist esquier ne garçun, 2437.

GARMALIE. R. s. f. Nom d’une ville (?) : L’algalife... ki tint Kartagene, Alferne, Garmalie, 1915.

GASCUIGNE. R. s. f. (Wasconiam), 172. V. Guascuignz.

GASCUINZ. S. s. m. (Il y a dans Guascuinz plus que le latin wasco), 2407. V. Guascuinz.

GEBUIN. R. s. m. Nom d’homme (Gebuinum, qui sort peut-être de Gebawin. V. Pott, p. 497), 2970. Cf. Gibuins, s. s. au v. 3022.

GEFREID. S. s. m. Geoffroi d’Anjou (nom d’origine germanique, Gotfried, que Pott rattache à frid, paix), 106 et 2951. Gefrei, 2883, 2945. Geifreid, 3545. Geifrei, 3938. — R. s. m. : Gefrei, 3535 et 3819. Geifreit, 3806.

GELÉE. R. s. f. (Gelatam.) Altresi blanches cume neif sur gelées, 3319.

GEMALFIN. R. s. m. Nom d’un païen (?), 2814, 3495.

GEMET. R. s. Orné de pierres précieuses (Gemmatum) : Si l’fiert amunt sur l’elme à or gemet, 1995. V. Gemmet.

GEMME. S. p. f. Pierres précieuses ou verroteries, comme il y en avait sur le cercle du heaume (Gemmæ) : L’elme le freint, o les gemme (sic) reflambent, 3616.

GEMMET. Part. passé, s. s. m. Garni de pierres précieuses, et, dans un sens plus général, orné (Gemmatus), 1542. — S. s. f. : gemmée, 1373, et par erreur, gemmet, 1544. — R. s. : gemet, 1995. — S. p. m. : gemmez, 1031. — R. p. f., gemmées : As perres d’or gemmées, 1452 et 3306.

GENOILL. R. s. m. (Genuculum), 2664. — R. p. m. : genuilz, 2192.

GENT. S. s. f. Peuple, nation, race (Gens), 1641, 2639, 3231. — Voc. s. f. : gent, 3295. — R. s. f. : gent, 393, 614, 945. ═ Gent est un nom collectif, et le verbe qui le suit prend volontiers le pluriel : A qui sa gent s’alient, 1641. Gent païenor ne voelent cesser, 2639.

GENT. Adj., r. s. Beau, gracieux, bien fait, (Genitum, bien né), 118, 284, 895, 1597. — S. s. f. : gente, 1274. — R. s. f. : gente, 594, 1720, 3763. — R. p. m. : genz, 998, 1712. — R. p. f. : gentes, 3002.

GENTEME[N]T. Adv. (V. le précédent.) Li quens Rollanz genteme[n]t se cumbat, 2099.

GENTILZ. Adj., s. s. m. Noble (Gentilis), 176, 2321, 2363, et gentill, 1853. — Voc. s. m. : gentilz, 2045, 2177. — R. s. m. : gentil, 2599. — S. p. m. : gentilz, par erreur, 377. — R. p. m. : gentilz, 150, 646. — R. p. f. : gentilz, 821.

GENUILZ. R. p., 2192. V. Genoill.

GENZ. R. p. m. Escuz unt genz, 998. Cf. 1712. V. Gent.

GERART. S. s. m. Girard de Roussillon, l’un des douze Pairs (Girardus ; allem., Gerhardt, « fort comme une lance »), 797, 2409. — R. s. m. : Gerart, 1896, 2189.

GERERS. S. s. m. Nom d’un des douze Pairs (sur le même rad. germ. que Gerins), 107, 794, 1380, 2404. — R. s. m. : Gerer, 2186, et, par erreur, Gerers, 1586. ═ Ce mot se trouvant uniquement comme assonance dans les laisses en ier, la forme correcte est Geriers, Gerier.

GERINS. S. s. m. Nom d’un des douze Pairs (anc. haut allem. Werin ; en bas latin, Warinus), 2404, et, par erreur, Gerin, 107, 174. — R. s. m. : Gerin, 2186.

GERNUN. R. s. m. Moustache (Granones, de grani qui se trouve dans Isidore de Séville), 215, 249. — R. p. m. : Gernuns, 1823. Cf. ? 3812.

GERUN. S. s. m. (Morz est Rollanz), n’en ert veüd gerun, 3812. Mot et sens douteux. « Peut-être, dit Müller, faut-il lire gernun. » V. ce mot.

GESIR. Verbe neutr. Inf. prés. Être étendu, être couché (Jacere) : Gesir porrum el’burc de Seint-Denise, 973. Tant bons vassals veez gesir par tere, 1694. Cf. 2025 et 2876. — Ind. prés., 3e p. s. : gist, 1624, 2367. 3e p. p. : gisent, 3693. — Parf. simple, 3e p. s. : jut, 2758, et se jut 2375. 3e p. p. : jurent, 3653. — Fut., 3e p. p. : jerreiz (le manuscrit porte à tort jerreiez), 1721. — Part. prés. avec en, servant de gér. : En gisant, 2523.

GESTE. S. s. f. (Gesta.) Geste a deux sens dans notre texte : 1° Chronique, histoire. La Geste désigne la source à laquelle l’auteur de Roland prétend avoir puisé les faits de son poëme : Ço dit la geste, 1685, 2095. Ci falt la geste, 4002. Il est escrit en l’anciene geste, 3742. Cette Chronique, qu’aurait suivie le poëte, est appelée ailleurs Geste Francor : Geste Francor XXX escheles i numbrent, 3262. ═ 2° Famille. Deus me cunfunde, se la geste en desment, 788. Il est aisé de voir par quelle extension naturelle on est arrivé du second sens au premier. Gesta, c’est d’abord la chronique, légendaire ou cyclique, destinée à célébrer telle ou telle famille ; puis, c’est cette famille elle-même.

GETER. Verbe act., inf. prés. (Jactare), 1341, 1971, et jeter, 2868. — Ind. prés., 3e p. s. : getet, 281, 464, 1202. 3e p. p. : getent, 1809, 2652, et jetent, 3530. — Parf. simpl., 3e p. p. : getat, 2995. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. f. : ad getet, 486, et 3e p. p., avec un r. p. f. : unt getées, 3318. — Impér. 2e p. p. : jetez, 3787. ═ Au passif. Fut., 2e p. p., avec un s. s. m. : serez getet, 481. — Part. pass., s. s. m. : getet, 481. R. s. n. : getet, 486, et r. p. f. : getées, 3318.

GIBUINS. S. s. m. Nom d’homme, 3022. Cf. Gebuin, r. s. m., au v. 2970.

GIELS. R. p. (De gelu.) Veit les tuneires e les venz e les giels, 2533.

GIESER[S]. R. p. Flèches (de gœsa, gysara) : E wigres e darz e museras e agiez e gieser[s], 2075.

GILIE. S. s. m. Nom d’homme (Ægidius), 2096.

GIRUNDE. R. s. f. (Garundam, Girundam.) Passet Girunde à mult granz nefs qu’i sunt, 3688.

GISANT (en). Part. prés. gérondif, 2523. V. Gesir.

GISENT. Verbe neutr. Ind. prés., 3e p. p. de gesir (Jacent), 3693. V. Gesir.

GIST. Verbe neutre. Ind. prés., 3e p. s. (Jacet), 1624, 2367.

GIU. R. s. m. Jeu (Jocum) : Greignor fais portet par giu, quant il s’enveiset, 977.

GLATISSENT. Verbe neutr. Ind. prés., 3e p. p. Glapissent (germ., glat ; suivant Diez, il n’y faut voir qu’une onomatopée), 3527.

GLORIUS. Adj. s. s. m. (Gloriosus), 2196. — R. s. m. : glorius, 124 et 2253. — R. p. m. : glorius, 2899. ═ Dans les trois premiers exemples, c’est une épithète ajoutée au nom de notre Dieu, qui est « le Dieu de gloire ». Au v. 2899, glorius est pris substantivement, et désigne les saints, « ceux qui jouissent de la gloire dans le ciel. »

GLUZ. S. s. m. Misérable, méchant (Gluto, glutonem), 3456. — R. s. m. : glutun, 1230, 1337. — S. p. m. : glutun, 1212. — Voc., p. m. : glutun, 3275. — R. p. m. : glutun, 2213. ═ Partout, dans notre texte, gluz et glutun sont employés substantivement.

GODSELMES. S. s. m. Nom d’homme (orig. germ. ?), 3065.

GRAANT. Verbe act., 3e p. s. du subj. prés. (De credentare ; credentet.) N’en i ad celoi ne l’graant, 3805.

GRACIET (ad). Verbe act., 3e p. s. du part. comp., avec un r. s. m. A remercié, a rendu grâces (de gratiare) : Ad Deu graciet, 2480. ═ Au passif, impér. ou subj., 3e p. s., avec un s. s. m. : Graciet en seit Deus, 698. — Part. passé, s. s. m. : Graciet, 698, et r. s. m. : graciet, 2488.

GRAIGNE. Adj. (comparatif de granz) s. s. (Grandior.) Respunt Rollanz : Mis talenz en est graigne, 1088. — R. s. m. : greignor, 977, 1135, et greignur, 2564. — R. p. m. : greignurs, 719, et r. p. f. : greignurs, 710. V. Granz.

GRAISLE. R. s. m. Clairon, cor, trompette (de gracilis), 3194, et gresle, 1319. — Au s. p. m., nous constatons trois formes : 1° graisle, 1832 ; 2° graisles, 1453 ; 3° grailles, 1004. — Au r. p. m., quatre formes différentes : 1° graisles, 2116, 2150, 3136 ; 2° greisles, 3138 et 3301 ; 3° grailles, 700 ; 4° grasles, 2110.

GRAISLES. Adj., s. m. Maigre, élancé, grêle (Gracilis) : Graisles es flancs e larges les costez, 3158. — R. s., graisle : Le cors out graisle, 3820.

GRAMIMUND. R. s. m. Nom du cheval de Valdabrun (?), 1528.

GRAND, GRANDES. V. Granz.

GRANDONIES. S. s. m. Nom d’un païen (?), 1593, et grandonie, 1570.

GRANZ. Adj., s. s. m. (Grandis), 3177, 3438, 3822, 3780. — S. s. f. : grant, 242, 335, 734, 1005, 1620, 1705, 2519, 3305, 3745. — R. s. m. : grant, 99, 2497 ; m. ou n., 1669, 2101. — R. s. f. : grant, 301, 651, 356, 666, 1575, 1584, 1630, 1639, 2090, 2234, 2417, et grand, 2985. — S. p. f. : granz, 3181, 3346, et grandes, 3656. — R. p. m. : granz, 845, 1799, 2426. M. ou n. : granz, 1011, 2370. — R. p. f. : granz, 29, 1431, 1633, 1756, 3688, 3861, et grandes, 281. ═ Au comparatif, s. s. : graigne, 1088. — R. s. m. : greignor, 977, 1135, et greignur, 2564. — R. p. m. : greignurs, 719, et r. p. f. : greignurs, 710. ═ On remarquera déjà la forme grandes, qui est presque un commencement de décadence.

GRASLES. R. p. m. Cors, clairons (Graciles), 2110. V. Graisle.

GRED (de). Loc. adverbiale. Volontiers, de bon gré (De grato) : Faites le vos de gred, 2000.

GREFS. Adj. s. s. m. Rude, grave, terrible (Gravis) : Li repaire ert grefs, 2801. Cf. 1678, et gref, 1687. — S. s. f. : gref, 1736. — R. s. f. : gref, 2531. ═ Ce mot se trouvant comme assonance dans les couplets en ier, la forme correcte est griefs, grief.

GREIGNOR. Comparatif de grant, r. s. m., 977, 1135, et greignur, 2564. — R. p. m. : greignurs, 719. — R. p. f. : greignurs, 710.

GREISLES. R. p. m. Cors, clairons (Graciles), 3138, 3301. V. Graisle.

GRESILZ. R. p. m. (De grès, d’après Diez.) Pluies et gresilz desmesuréement, 1425.

GRESLE. R. s. m. Clairon, cor, 1319. V. Graisle.

GRIFUNS. R. p. m. (Griphones, de griphos.) Grifuns i ad plus de trente millers, 2544.

GROS. Adj. s. s. f. (Grossa.) La hanste fut grosse cume uns tinel, 3153. — R. s. : Gros ad le piz, 3159. — R. p. : gros, 3221, 3229. ═ Au v. 2295, gros est employé substantivement, au neutre : Fenduz en est mis olifans el’ gros.

GROSSAILLE. R. s. m. Nom de païen (? de grossus) : Siet el’cheval qu’il tolit à Grossaille, 1649.

GUAIRES. Adv. Beaucoup (d’après le germ. weiger, beaucoup) : Li quens Rollanz ne li est guaires loign, 1897. E or sai ben n’avons guaires à vivere, 1923. Cf. Gueres, 3822.

GUAITENT. Verbe act. Ind. prés., 3e p. p. (Haut allem. wahtan, qui a le même sens.) La noit la guaitent entresqu’à l’ajurnée, 3731. Il s’agit des comtesses qui veillent auprès du corps de la belle Aude.

GUALES. R. s. Le pays de Galles (le pays des Gaels ; Wales) : Jo l’en cunquis Escoce, guales, Islande, 2331.

GUALT. R. s. m. Forêt (de l’allemand wald, forêt) : Devers un gualt uns granz leons li vint, 2549.

GUALTERS. S. s. m. Nom d’homme (de walder, habitant de la forêt), 800, 1297, et, par erreur, Gualter, 807, 819, 2067. — R. s. m. : Gualter, 803, 2039. ═ Ce mot ne se trouvant en assonance que dans les couplets en ier, la vraie forme est Gualtiers, Gualtier.

GUANT. S. s. m. Gant (Wantus), 764. — R. s. m. : guant, 247, 2373, 3189, 3845. — R. p. m. : guanz, 2830. ═ Le gant est un des attributs des ambassadeurs, v. 247. ═ Pour rendre l’hommage, on tend le gant de la main droite, v. 2373. ═ Quand Pinabel défie Thierry : Met li el’poign de cerf le destre guant, 3845. ═ Guant, enfin, sert de négation explétive : Trestuz les altres ne pris jo mie un guant, 3189. V. Schweighæuser, De la Négation dans les langues romanes, 71, 72.

GUARANT. S. s. m. Garant et garantie (haut allem. werén) : Se Mahumet me voelt estre guarant, 868. Carles mi sire nus est guarant tuz dis, 1254. Cf. 1478. On trouve aussi guarent : Dient Franceis : Ben fiert nostre guarent, 1609. Cf. 2518. — R. s., guarant : Jo i puis aler, mais n’i averai guarant, 329. Li XII. Per n’averunt de mort guarant, 948. (Dans ces deux exemples, guarant est au neutre ?) E cil de France le cleiment à guarant, 1161. Ferez baron, nus i avons guarant, 3472. Cf. guarent, 1418. — S. p. m. : guarant, 1470. ═ Rem. l’expression : Aveir guarant.

GUARANTIR. Verbe act. Inf. prés. Défendre, soutenir (voyez le précédent) : Jo ne vos puis tenser ne guarantir, 1864. Cf. 3494. Mun jugement voel sempres guarantir, 3836. — Impér., 2e p. p. :guarantisez, 3277.

GUARANTISUN. R. s. f. Préservation, garantie (voyez Guarant) : De mort n’averat guarantisun pur hume, 924.

GUARDE. S. s. f. (Subst. verbal de guarder, haut allem. warten.) Il nus i cuvent guarde, 192.

GUARDER. (Haut allem. warten.) 1° Conjugaison. Inf. prés. : guarder, 1192, 2527, 3849, et, au réfléchi, se guarder, 9, 95. — Ind. prés, 3e p. s. : guardet, 487, 1018, 1230, 2235, et guarde, 2847. — Parf. simpl. 3e p. s. : guardat, 2532 ; 3e p. p. : guard[er]ent, 1829. — Impér., 2e p. s. : guarde, 1819 ; 2e p. p. : guardez, 316, 650, 1103, 2061, 2434. — Subj. prés., 3e p. s. : guart, 1013, et 3e p. p. : guardent, 2713. ═ 2° Sens du verbe guarder. a. Le sens le plus fréquent, à l’actif, est celui de « défendre » : Traït vos ad ki à guarder vos out, 1192. Cf. 2713, et « veiller sur » : Fait cels guarder tresque li drei en serat, 3849. Cf. 316, 1819, 1829, 2847, 2434. ═ b. Guarder a encore le même sens que notre mot « regarder », et cette signification paraît dériver de la précédente : Guardet aval e si guardet amunt, 2235. Cf. 487, 1018, 1103, 2532, et au neutre, 1230. ═ c. Se guarder que... « empêcher » : Ne se poet guarder que mals ne li ateignet, 9. Ne s’poet guarder que alques ne l’engignent, 95. ═ d. Au neutre, avec ou sans que : guardez de nos ne turnez le curage, 650. guardez, seignurs, que il n’en algent vif, 2061. Cf. 1013.

GUARENT. V. Guarant.

GUARESIS. Verbe actif, parf. simple, 2e p. s. de guarir, 2386, 3101. V. Guarir.

GUARET. R. s. Guéret (Vervactum, qu’on trouve dans Varron et Columelle) : Mort le tresturnent très en mi un guaret, 1385. Cf. 2266.

GUARIR. Verbe act. Préserver, garantir, sauver (anc. haut allem. werjan) : Asoldrai vos pur vos anmes guarir, 1133. De cent millers n’en poent guarir dous, 1440. Cf. 3828. — Ind. prés., 3e p. s. : guarit, 1316, 3923. — Parf. simpl., 3e p. s. : guaresis, 2386, 3101. — Impér., 2e p. p. : guarisez, 21. — Subj. prés., 3e p.s. : guarisset : 1837. — Part. pass., s. s. m. : guariz, 354, 2036, et guarit, 1241, 3788. S. p. m. : guariz, 2473. ═ Au passif. Fut., 3e p. s., avec un s. s. m. : ert guariz, 354, et iert guarit, 1241. 2e p. p., avec un s. s. m. : serez guarit, 3788. ═ Au neutre, on emploie guarir dans le sens de « se sauver », trouver le salut : Uncore purrat guarir, 156. Cf. 2063.

GUARISUN et GUARISON. R. s. f. Préservation, salut (V. Guarir) : Ki par noz Deus voelt aveir guarison, 3271. Par mon saveir vinc jo à guarisun, 3774.

GUARLAN. R. s. m. Nom de païen (?), 65.

GUARNEMENT. R. s. Équipement, armes (V. le suivant) : N’unt guarnement que tut ne reflambeit, 1003. — S. p., guarnement : Si guarnement sunt tut à or batud, 1552. — R. p. : guarnemenz, 100.

GUARNIST. Verbe act. Parf. simpl., 3e p. s. Munit (anc. haut allem. warnôn, et, comme Littré le fait observer, même radical war... que pour guarder) : De Sarraguce Carles guarnist les turs, 3676. — Part. passé, s. p. m., guarniz : Ben sunt guarniz e de chevals e d’armes, 3040.

GUART. Verbe actif. Subj. prés., 3e p. s. de guarder, 1013. V. Guarder.

GUASCUIGNE. R. s. f. (Wasconiam), 819. Gascuigne, 172. Guascoigne, 1494.

GUASCUINZ. S. s. m. Gascon (compos. de Wasco), 1289. — Guascuinz, 2407.

GUASTE. Adj., s. s. f. Inculte, déserte, vide, et, par extension, veuve (même étym. que le suivant) : La sele en remeint guaste, 3450. E ! France dulce, cun hui remendras guaste de bons vassals..., 1985, 1986. Issent des porz e de la tere guaste, 3127.

GUASTEDE (ad). Verbe act. Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. f. A dévasté (Habet-vastatam) : Carles li magnes ad Espaigne guastede, 703. ═ C’est un de ces anciens participes comme il en est resté deux ou trois dans le Roland. Tous les autres sont en et, ée.

GUENES. Nom du beau-père de Roland. (Trois opinions ont déjà été exprimées sur l’étymologie de ce nom : 1° M. Hugo Meyer a rapproché Guenes du francique Gamalo, et du norois Gamal (vieux), prétendant que le « Vieux » désigne « le Loup » dans la Mythologie scandinave, et que Ganelon joue à Roncevaux le rôle du loup dans le Crépuscule des Dieux, etc. etc. Mais M. G. Paris a démontré, par les vieilles formes romanes du mot Guenes, que cette origine est inadmissible. ═ 2° Restent la prétendue concordance entre Ganelon et l’archevêque Wenilo, que nous nions absolument ; ═ Et 3° l’hypothèse de Guenes, Guenelun venant du verbe gannare, ingannare. L’origine est douteuse.) S. s. m. : Guenes, 178, 3735, 3973, etc. etc. Et Guenelun, 217, 1147, 3762, ou Guenelon, 3757. — Voc. s. m. : Guenes, 280 et 512. — R. s. m : Guenelun, 619, 3704, 3748, etc., ou Guenelon, 1526.

GUERE. R. s. f. Guerre (bas latin guerra, du haut allem. werra.) : Li reis Marsilie est de guere vencud, 235. Ço dit li Reis que sa guere out finée, 705, et guerre, 906. — S. s. f. : guerre, 242 et 2118. V. Guerre.

GUEREDUN. R. s. m. Récompense, compensation, prix (ancien haut allem. widarlon, (?) qui a le même sens, d’après Diez) : Ben le conuis que gueredun vos en dei, 3409.

GUERES. Adverbe. Beaucoup, 3822. V. Guaires.

GUERPIR. Verbe actif. Infin. prés. Abandonner, quitter (en bas latin, werpire, d’origine germ. En scand., verpa.) : Meilz voelt murir que guerpir sun barnet, 536. Et, avec un emploi spécial : De s’espée ne volt mie guerpir, 465. — Indic. prés., 3e p. p., guerpissent : Voelent u nun, si guerpissent le camp, 1626. —  Fut., 3e p. s. : guerpirat, 2618. 3e p. p. : guerpirunt, 1909, 3041. — Subj. prés., 3e p. s. : S’en ma mercit ne se culzt à mes piez, — E ne guerpisset la lei de chrestiens, 2683. — Part. pass., s. s. f. : guerpie, 3071. ═ Passif. Fut., 3e p. s., avec un s. s. f. : ert guerpie, 3071.

GUERRE. S. s. f. (bas lat. guerra ; haut allem. werra), 242, 2118. — R. s. f. : guerre, 906, et guere, 235 et 705.

GUERREIER. Verbe tantôt employé à l’actif (2681), tantôt au neutre (1514). Faire la guerre (V. le précédent) : Cil ne sunt proz jamais pur guerreier, 1514. En France irai pur Carle guerreier, 2681. — Subj. prés., 3e p. s. : guerreit, 579.

GUERREIER, GUERRER. S. s. m. Guerrier, soldat (V. Guerre) : Morz est Turpin, le guerreier Charlun, 2242. ═ On trouve ailleurs la forme guerrer : Li quens Rollanz fut (mult) noble guerrer, 2066 (?).

GUERREIT. Subj. prés., 3e p. s. de guerreier, 579. V. Guerreier.

GUEZ. R. p. m. Gués (Vados) : Il le cunquist es guez desuz Marsune, 2994.

GUIER. Au v. 901, c’est guier et non juer qu’il faut lire : En Rencesvals irai mun cors (guier). V. le suivant.

GUIERAI. Verbe act., fut., 1re p. s. Conduirai, guiderai (Guier vient, d’après Diez, du gothique vitan) : En Rencesvals guierai ma cumpaigne, 912. 3e p. s. : guierat, 2926 et 3022. 2e p. p. : guiereiz. 3282. 3e p. p. : guierunt, 3074. — Impér., 2e p. p. : guiez, 2972, 3059.

GUIGE. S. s. f. La courroie par laquelle l’écu était suspendu au cou du chevalier (?) : Pent à sun col un soen grant escut let... La guige en est d’un bon palie roet, 3149, 3151.

GUINEMANS. S. s. m. Nom d’homme (d’origine germ. comme le suivant. Suivant Pott, de wini, ami, et man, homme), 3022, 3348, et guineman, 3360. — R. s. m. : guineman, 3014.

GUINEMER. S. s. m. Nom d’homme (le suffixe est peut-être d’origine celtique), 348.

GUISE. R. s. f. Manière, façon. (Anc. haut allem. wisa.) Loc. adv. : En guise de... En guise de baron, 1226, 1888. En guise de produme, 3264. ═ Par nule guise, 2002.

GUITSAND. R. s. Nom de lieu. C’est le petit bourg de Wissant entre Boulogne et Calais. V. la Dissertation de Ducange sur le Port Itius (vii, 115). Ducange a relevé, depuis le vie siècle, les formes Witsan, Witsand, Vuitsand, Withsand, Wisan, Guizant, etc. (De withe, blanc, et sand, sable.) De Besençun tresqu’as (porz) de Guitsand, 1429.

GUIUN. R. s. m. Nom d’homme, cas régime de Gui (orig. germ. Bas latin, Guidonem) : E Berenger e Guiun de Seint-Antonie, 1581.

GUIVERES. S. p. f. Serpents, guivres (Viperas) : Serpenz e guiveres, dragun e averser, 2543.

GUNFANUN. R. s. m. Enseigne ; la pièce d’étoffe qui était attachée à l’extrémité de la lance (haut allem. gundja, combat, et fano, bannière), 1228, 1533. — S. p. m. : gunfanun, 1033, 3005. — R. p. m. : gunfanuns, 857, 999, 1800...

GUNFANUNER. S. s. m. Celui qui porte le gunfanun, l’enseigne de l’Empereur (V. le précédent) : Gefreid d’Anjou, le rei gunfanuner, 105. ═ Ce mot étant employé comme assonance dans une laisse en ier, la vraie forme est gunfanunier.

GUVERNENT. Verbe neutre, 3e p. p. de l’ind. prés. Se gouvernent, se dirigent, en parlant des marins (c’était, à l’actif, le sens propre du latin gubernant) : Siglent à fort e nagent e guvernent, 2631.

H

HAÏR. Verbe act. Inf. prés. (anglo-saxon hatian, qui a le même sens ??) : Suz ciel n’a hume que (tant) voeillet haïr, 1244.

HALBERCS. R. p. m. Hauberts (Halsberc en haut allem.), 711, et Halbers, 683. V. Albercs et Osbercs. S. s. : osbercs, 1277, 2051. — R. s. : osberc, 1199, 1265, 1270, 1284, 1293, 1300, etc. — S. p. : osbercs, 1032, 1809. — R. p. : osbercs, 994, 1022, 1798, etc.

HALT, HALTE, HALTES. Adjectif. V. Halz.

HALT. Adverbe. Hautement, à haute voix (Alte) : Mult halt, 891. Si halt, 2111. Li reis de France s’en escriet mult halt, 3334.

HALTECLERE. R. s. f. C’est le nom de l’épée d’Olivier (Altam-claram ?) : U est vostre espée ki halteclere ad num, 1363.

HALTEMENT. Adverbe. À haute voix (Alta-mente), 1974, 2597.

HALTILIE. R. s. f. C’est « sous Haltilie » qu’ont été tués, par ordre de Marsile, les deux ambassadeurs de Charlemagne, Basan et Basile (Altiliam ? fait sur alta.) : Les chefs en prist es puis desuz Haltilie, 209. V. le suivant.

HALTOÏE. R. s. f. C’est un autre nom du même lieu qui est appelé ailleurs Haltilie (Altam-auditam ?) : Dunt prist les chefs as puis de Haltoïe, 491.

HALTUR. Adjectif. R. s. Haut (du comparatif altiorem ?) : Oliver est muntez desur un pui haltur, 1017. (Le manuscrit de Venise donne : Sor un pui alcior.) Cume il est en sun paleis haltur, 3698. (Le manuscrit porte halcur.)

HALZ. Adject., s. s. m. Haut (Altus), 3745. — R. s. f. : halte, 53, 366, 853, 1579, 1654, 2985. — S. p. m. : halt, 814, 1755. — S. p. f. : haltes, 1097, 3310. — R. p. f. : haltes, 2632, 3125, 3566. ═ Le mot halz a plusieurs sens dans le Roland : 1° Le sens propre d’altus, haut, élevé : Halt sunt li pui, 1755. Suz une olive halte, 366. En la plus halte tur, 853. Cf. 1579, 1654, 814, 2632, 3125. ═ 2° Ce mot s’applique particulièrement à la voix et aux instruments, 2985, 3310, 3566. De là l’expression adverbiale : En halt (in alto), à haute voix, 2014. ═ 3° Grand, solennel : A Seint Michel tendrat mult halte feste, 53. Halz est li jurz, mult par est grant la feste, 3745. ═ 4° Haut, au sens figuré, noble, élevé : Bon sunt li cunte e lur paroles haltes, 1097. Cf. Haltur, altaigne.

HAMON. R. s. m. Nom d’homme (orig. germ.) : Entre Rembalt e Hamon de Galice, 3073.

HANSTE. S. s. f. Le bois de la lance (Hasta), 2050, 3153. — R. s. f. : hanste, 442, 720, 1534. — S. p. m. : hanstes, 2537, 3080. — R. p. m. : hanstes, 1043. ═ Rem. l’expression « pleine sa hanste » : Pleine sa hanste l’abat mort des arçuns, 1534, etc.

HARDEMENT. S. s. Courage, hardiesse (V. Hardiz) : Se vos cornez, n’ert mie hardement, 1710.

HARDIZ. S. s. m. Courageux (de l’anc. haut allem. hartjan), 2027, 3352. — S. s. f. : ardie, 1617. — R. s. f. : hardie, 2603.

HASTEIENT. V. le suivant.

HASTET. Verbe actif, 3e p. s. de l’ind. prés. (De l’allemand hast.) E li Paiens de ferir mult le hastet, 3445. Se astet, 2277. Dans un couplet féminin en ei, on trouve à la 3e p. p. la forme hasteient. De plus, le verbe est ici employé au réfléchi : Ki de bataille s’arguent e hasteient, 992. Voyez Astet.

HASTIFS. Adjectif, s. s. m. (Même étymologie que le précédent, avec une terminaison en ivus, ifs.) De sa parole ne fut mie hastifs, 140. ═ Ce mot s’emploie également, dans le sens de « rapide », avec les noms de choses : La bataille est me(rve)illuse e hastive, 1610.

HAÜR. R. s. f. haine (dér. de haïr) : Rollanz... me coillit en haür, 3771. — Rem. la locution « coillir en haür ».

HEINGRE. Adjectif, r. s. m. ou n. Mince, grêle (?) : Heingre out le cors e graisle e eschewid, 3820.

HEIRS. S. s. m. Héritier, hoir (Hœres) : E Jurfalet ki est ses fils e ses heirs, 504. — R. s. m., heir : Jo si nen ai filz ne fille ne heir, 2744.

HELME. R. s. m. Heaume (anc. haut allem. helm), 629, 2989, 3504, et elme, 1326, 1542, 1602, 1995, 2170, 2500, 3603, 3926. — S. p. m. : helmes, 1809, 2540, et elme, 3306. — R. p. m. : helmes, 1798, 2120, 3005, 3079, 3274, 3586, 3865 ; healmes, 683, 712 ; elmes, 996, 1022. L’aspiration était arbitraire dans le mot helmes. D’une part, nous trouvons : D’osbercs e de helmes e d’espées à or, 1798, et de l’autre : Tresqu’à l’nasel tut le elme li fent, 1602. V. Elme.

HELZ. S. s. m. La garde de l’épée (?) : D’or est li helz e de cristal li punz, 1364. ═ Il ne faut pas confondre le helz, la garde, avec le punt, le pommeau. Je crois cependant qu’au vers 621 : Entre les helz, signifie « entre la garde et le pommeau ».

HENISSENT. Verbe neut. Ind. prés., 3e p. p. (Henir vient de hinnire.) Cil d’Ociant i braient e henissent, 3526.

HENRI. S. s. m. Nom d’homme (de l’allem. Heim-rich : heim, maison. et rich, puissant), 2883. — R. s. m. : Henri, 171.

HER. Adverbe. Hier (Heri), her seir, 2745. — Er, 383, 3185, et ier, 2701, 2772, 2791. ═ Loc. proverbiale : Li altr’er, 3185. V. Er et Ier.

HERBE. R. s. f. (Herbam), 1569, 2523, et erbe, 671, 1334, 1614, 2175, 2875. — R. p. f. : herbes, 2871.

HERBERGE. R. s. f. Se dit du campement (anc. haut allem. heriberga.) : Li Emperere ad prise sa herberge, 2488. — R. p. f. : Guenes li quens est venuz as herberges, 668.

HERBERGER. Verbe neutre. Inf. prés. Camper (V. le précédent) : Dist l’Emperere : Tens est de l’herberger, 2482. Lire herbergier. ═ Au réfléchi. Ind. prés., 3e p. p. : se herbergent, 709. — Part. pass., s. p. m., herbergiez : Desur la rive sunt Franceis herbergiez, 2799.

HERBUS. Adjectif, r. s. m. (Herbosum.) Par mi un val herbus, 1018. El’ pred herbus, 3925.

HERITE. S. s. m. Hérétique (Hœreticus) : Cel Sarraz(ins) me semblet mult herite, 1645.

HERMANS. S. s. m. Nom d’homme (du germ. Hermann) : Si’s guierat Hermans, li dux de Trace, 3042.

HOEM. S. s. m. Homme (Homo), 3265 et 3811. V. Hom.

HOESE. R. s. f. Botte. (Anc. haut allem. hosa.) Ganelon reçoit de Bramimunde deux nusches : Il les ad prises, en sa hoese les butet, 641.

HOI. Adverbe. Aujourd’hui (Hodie), 1191, 1936, 1985, 2107, 2147, 2703, 3100, 3629, 3898. Oi, 1210, 2598, 2940. ═ Rem. l’expression hoi matin, 3629.

HOM. S. s. m. Homme. (Homo.) La déclinaison régulière est la suivante : S. s. : hom. R. s. : hume. S. p. : hume. R. p. : humes. Mais on trouve dans notre manuscrit de nombreuses variantes que nous allons relever avec soin. S. s. m. : hom, 39, 86, 223, 293, 620, 1010, 1638, 1683, 2255, 2414, 2438, 2888, 2949, 3009, 3167, 3174, 3322, 3593, 3893, 3974 ; hum (en assonance dans les couplets en un), 223, 423, 2559 ; hoem (également pour l’assonance), 3265, 3811 ; om (dans le sens de notre « pronom indéfini »), 2127, et on, 3323 : hume, 604, 1433, 2254, 2294, 2309, 2526, et home, 1873. Dans ces deux derniers cas, il y a toujours erreur du scribe. Le plus souvent, il s’agit de locutions telles que : Jamais n’iert hume ; et le scribe s’est mépris sur le sujet... parce qu’il était après le verbe. — Vocatif s. m. : hom, 2045 et 2252. — R. s. m. : hume, 1074, 1623, 2023, 2135, 2141, 2723, 3578, 3713, 3908, 3914, 3959, et home, 1442, 2740. Par erreur : hom, 1993. — S. p. m. : hume, 20, 636, 1441, 1758, 2042, 2668, 2911, 2918, 3133, 3515, 3679, et, par erreur : humes, 3642. — R. p. m. : humes, 13, 79, 1849, 2018, 2060, 2256, 2379, 2578, 2997, 3487, 3537, et, par erreur : hume, 2865. ═ Quant aux sens différents du mot hom, nous n’avons lieu de faire ici que deux remarques : hom est parfois employé dans le sens féodal, « l’homme de tel seigneur », et c’est ainsi que Ganelon dit à Roland : Tu n’ ies mis hom ne jo ne sui tis sire, 297. ═ Enfin hom est déjà, dans le Roland, usité avec le sens de notre prétendu « pronom indéfini » on : Cinquante pez i poet hom mesurer, 3167. Plus qu’on ne lancet une verge pelée, 3323, etc. Siet el’cheval qu’om cleimet Veillantif, 2127.

HONOR. S. s. f. (Honor), 2890, et onur, 922. R. s. f. : honur, 39, 2439, 2507, 2774, 3733, et onur, 45, 533, 1223, 2833, 2903. — S. p. f. : honurs, 3181. — R. p. f. : honurs, 315, 820, et honors, 3399. ═ Honor présente deux sens bien distincts dans notre vieux poëme : 1° Le sens actuel, celui d’honneur : La meie honor est turnée en declin, 2890. Serez ses hom par honur e par ben, 39. Par ceste honur e par ceste bontet, 2507. Mult grant honur i ad li Reis dunée, 3733. En plusurs gestes de lui sunt granz honurs, 3181. Cf. 922, 533, 1223, 2430, 2774. ═ 2° Honur signifie « terres ». C’est le sens du bas latin honor qui, après avoir désigné « un bien » dans le Code Théodosien, en vint, au nord de la Loire, à désigner simplement « un fief » : E Sarragues e l’onur qu’i apent, 2833. A lui lais-jo mes honurs e mes fieus, 315. Si vos durai feus e honors e teres, 3399. Cf. 45, 2833, etc.

HOST. Armée. (Hostis.) Au s. s., on trouve ost, 1052. — R. s. : host, 739, 785, 883, 2760, et ost, 18, 49, 211, 700, 1630, 2110, 2149, 3137. — S. p. : oz, 598, 1086, 2630, 3291, 3346. — R. p. : oz, 1169, 2629, 2926, 3994. ═ Le genre de ce substantif prête à une observation. Dans le Roland, on trouve, en effet, quelques exemples du masculin : Parmi cel host, 700 et 739. En cest ost, 2110. Mais ce sont des erreurs du scribe, qu’il est aisé de corriger. En réalité host est du féminin : Sa grant host, 883 et 2149. Vostre ost banie, 211, 1630. Par tute l’ost, 3137. Si remendreient les merveilluses oz, 598. Cf. 1086, 2629, 3346. ═ Une host banie, c’est une armée convoquée per bannum, par proclamation : c’est le Ban.

HOSTAGE. R. s., 3852, et ostage, 3950. — S. p. : hostages, 646. — R. p. : hostages, 147, 572, et ostages, 40, 57 et 87. ═ Le genre du mot ostage peut prêter à la discussion. Il nous paraît évident qu’au singulier hostage est neutre, et, au pluriel, masculin. ═ Et, en effet, au singulier, hostage vient du latin obstaticum, et désigne le « fait même de livrer certaines personnes comme caution ». En d’autres termes, c’est un synonyme de « caution, garantie » : Pur Pinabel en ostage renduz, 3950. Li Emperere li recreit pur hostage, 3852. ═ Mais, au pluriel, il désigne les personnes mêmes qui sont livrées en caution (Obstaticos) : E XX. hostages des plus gentilz suz cel, 646. S’en volt ostages, e vus l’en enveiez, 40. Cf. 147, 57, 87. ═ L’étymologie, avons-nous dit, est obstaticum, qui, suivant Diez (I, 297), vient de obsidaticum. V. Ostage et Ostages.

HOSTELER. Verbe act. Inf. prés. Installer dans une maison (Hospitalare) : Les dis messages ad fait enz hosteler, 160. Cf. Ostel, 342.

HOSTURS. R. p. m. Autours (Asturios), 31, 129 : Des hosturs muez, ce sont des autours « après la mue ».

HU. S. s. m. Cri, huée (c’est une onomatopée) : Dunc recumencent e le hu e le cri, 2064.

HUM. R. s. Gualter de l’hum, 803, 2039 (?). On trouve au vers 2067 : Gualter de hums.

HUMELES. Adj., s. s. m. Humble (Humilis) : Vers Sarrasins reguardet fièrement — E vers Franceis humeles e dulcement, 1162, 1163. On voit qu’humeles est, dans ce vers, employé adverbialement.

HUMILITET. R. s. f. (Humilitatem), 73.

HUMS (Gualter de), 2067. V. Hum.

HUMS. R. p. m. Nom de peuple. (Hunnos. Les Huns sont ? les Hiongnou des historiens chinois.) Dans le Roland, c’est un des peuples païens commandés par Baligant, 3254.

HUNGRE. S. p. m. Nom de peuple (slave Ougri ; all. Ungarn) : E Hungre e Bugre, 2922. — R. p. m. : Hungres, 3254.

HUNIR. Verbe act. Inf. prés. (anc. haut allem. honjan, Diez, I, p. 294), 631, 2337. ═ Au passif. Fut., 3e p. s., avec un s. s. f. : ert hunie, 969 et 1734. — Subj. prés., 3e p. s., avec un s. s. f., seit hunie : Que dulce France par nus ne seit hunie, 1927. — Part. pass. s. s. f. : hunie, 969, 1734, 1927.

HUNTAGE. S. s. Honte (même étymologie que le suiv., avec la terminaison latine aticum) : Melz voeilt murir que huntage me venget, 1091.

HUNTE. S. s. f. (du goth. haunitha ; anc. haut allem. hônida ; vieux sax. hônda ; Diez, I, p. 294), 1701. — R. s. f. : hunte, 21, 382, 929, 1489, 2582. L’h initiale de ce mot est tantôt aspirée : Si me guarisez e de mort e de hunte, 21 ; tantôt non : Mielz voeill murir que hunte nus seit retraite, 1701. Rem. cette dernière locution. ═ Faire honte est déjà usité dans le Roland : E ! malvais Deus ! por quei nus fais tel hunte, 2582. ═ Mettre à hunte, c’est « déshonorer, avilir » : Tere Major, ço dit, metrat a hunte, 1489.

I

I. Adv. de lieu. Y (Ibi) : Soleill n’i luist ne blet n’i poet pas creistre ; — Pluie n’i chet, rusée n’i adeiset, 980, 781. Cf. 4, 5, 606, 1518, 2070, 3729, etc. etc.

ICEL. R. s. m. de icil (Hic-illum), 664, 1845, 1998, 2457, 2645... V. Icil.

ICELS. R. p. m. de icil (Hic-illos), 2094, 3021, 3198, 3977. C’est par erreur que le scribe l’a employé (v. 3796) au s. p. m. V. Icil.

ICEST. R. s. m. de icist (Hic-istum), 1180, 1677, 1884, 3365. V. Icist.

ICESTE. R. s. f. de icist (Hic-istam), 725, 2282. V. Icist.

ICEZ. R. p. m. de icist (Hic-istos), 990. V. Icist.

ICI. Adv. de lieu (Hic-ibi), 401, 1697, 1956, 1996, 2735, 3594, 3835. ═ Rem. la locution : D’ici que. D’ici qu’en Oriente, 3594. D’ici qu’as denz, 1956. D’ici qu’à l’ nasel, 1996. Cf. Près d’ici, 2735.

ICIL. Pronom et adj. démonstratif, s. s. m. (Hic-ille.) Sa déclinaison est la suivante : S. s. m. : Icil, 618, 880, 1892, 3057. — R. s. m. : icel (Hic-illum), 664, 1845, 1998, 2457, 2645. — S. p. m. : icil. (Hic-illi), 2924, et, par erreur, icels, 3796. — R. p. m. : icels (Hic-illos), 2094, 3021, 3198, 3977. ═ Le plus souvent, icil est employé comme pronom, et signifie « celui-ci ». Mais il accompagne aussi un substantif : A icel colp, 1998. A icel mot, 2457. A icel jur, 2645. Puis icel jur, 664. V. Cil.

ICIST. Pronom et adj. démonstratif, s. s. m. (Hic-iste.) Sa déclinaison est la suivante : S. s. m. : icist, 1393, 3343. — R. s. m. : icest (Hic-istum), 1180, 1677, 1884, 3365. — R. s. f. : iceste (Hic-istam), 725, 2282. — S. p. m. : icist (Hic-isti), 1023. — R. p. m. : icez (Hic-istos), 990. ═ Icist, comme icil, est tantôt adjectif, tantôt pronom. On le trouve après des substantifs : icist reis, 3343. A icez moz, 990, etc. Mais, tout aussi souvent, il supplée le substantif au lieu de l’accompagner. V. Cist.

IÇO. Pronom, r. s. neutre. Cela (Hic-hoc) : Iço vus mandet reis Marsilies li bers, 125. Avoec iço, 186. Après iço, 230. Cf. 774, 1082, 1959, 3339. V. Ço.

IDUNC. Adv. Alors (Ibi-tunc) : Idunc agreget le doel e la pitet, 2206. Idunc plurerent, 3870. V. Dunc.

IER. Adv. Hier (Heri), 2701, 2772, 2791. Cf. Er, 383, 3185, et her, 2745. V. Er et Her.

IERENT. Fut., 3e p. p. du verbe estre. Seront (Erunt), 3286. V. Estre et Erent.

IERT. Fut., 3e p. s. du verbe estre. Sera (Erit), 517, 544, 575, 653, 696, 1873, 1984, 2676, 3025, 3673. V. Estre et Ert. ═ Le scribe employait, ad libitum, ert ou iert, comme le prouvent les vers 543, 544, etc. Mais ce mot ne se trouve en assonance que dans les laisses en ier. La forme correcte est donc iert.

IES. Ind. prés., 2e p. s. du verbe estre. Es (Es), 297, 648, 2045, 2286, 2598, 3899, 3900, 3955. On ne trouve, croyons-nous, qu’une seule fois, dans le Roland, la forme es, si fréquente aussi dans les textes romans. (Vers 2030...)

IF. R. s. m. (Anc. haut all. iwa ; Diez, I, p. 239.) En Sarraguce descendent suz un if, 406.

IL. 1° Pronom pers. s. s. m. (Ille.) Il est mes filz, 3716. Il en apelet e ses dux e ses cuntes, 14. Cf. 71, 605, 641, 2784, etc. — 2° Pronom pers., s. p. m. (Illi.) Einz que il moergent, se vendrunt mult cher, 1690. Cf. 44, 58, 603, 688, 978, 2074, 3082, 3624, 3858, etc. — 3° Pron. neutre, s. s. (Illud.) Il est juget que nus les ocirum, 884. Il ne poet estre qu’il seient deseveret, 3913. Cf. 61, etc.

ILOEC. Adverbe de lieu. Là (Illùc) : Li quens Guenes iloec ne volsist estre, 332. Cf. 436, 482, 2186.

IMPHE. R. s. Nom de lieu (?) : Reis Vivien si succuras en imphe, 3996. Sur ce mot, sujet à tant de discussions, voy. notre note du v. 3996.

INNOCENZ. R. p. m. Les saints en général, et non pas seulement les Innocents (Innocentes) : As innocenz vos en serez seant, 1480.

IRAI. Fut. 1re p. s. du verbe aler (Ire habeo) : Jo irai par votre dun, 246. Cf. 901 et 2681. Cf. Jo m’en irai : Ami Rollanz, jo m’en irai en France, 2909. V. Aler, Iras, Irat, Irums, Irez, Irunt.

IRANCE. R. s. f. Colère (Irantiam) : N’i ad icel ne demeint irance, 1845.

IRAS. Fut. 2e p. s. du verbe aler (Ire-habes), 3995. v. Aler.

IRASCUT. Part. pass., s. s. m. Irrité, en colère. (Ce participe n’est pas, comme le prétend Gachet, un mot pris à la langue provençale, mais un participe de seconde formation, formé sur l’infinitif barbare irascere.) Li quens Rollanz il est mult irascut, 777.

IRAT. Fut., 3e p. s. du verbe aler (Ire-habet) : Mar en irat itant, 2734. Cf. 937, 2372. V. Aler.

IRE. R. s. f. Colère (Iram), 304, 971, 1722. ═ Il faut ici noter deux expressions : 1° Fendre de colère, d’ire : Pur poi d’ire ne fent, 304. ═ 2° Porter rancuue, porter ire à quelqu’un : Por quei me portez ire, 1722.

IRÉEMENT. Adv. En colère (Irata-mente), 733, 762, 1834.

IREIZ. Fut., 2e p. p. du verbe aler (Ire-habetis) : Seignurs, vos en ireiz, 79. ═ Il faut remarquer que ireiz se trouve en assonance dans un couplet en ei.

IRET. V. le suivant.

IREZ. Adj., s. s. m. Irrité, furieux (Iratus), 1515, et iret, 2414. — S. p. m. : irez, 2164.

IREZ. Fut., 2e p. p. du verbe aler (Ire-habetis), 70, 250, 944. V. Aler.

IRUM. Fut., 1re p. p. du même verbe (Ire-habemus), 881 et irums, 3779. V. Aler.

IRUNT. Fut., 3e p. p. du même verbe (Ire-habent) : Francs s’en irunt en France la lur tere, 50. V. Aler.

IHUR. R. s. f. Colère (Irorem), 1023, 1224, 1812, 2877. Cf. Ire et Irance. ═ On voit, par ces trois formes, avec quelle facilité nos pères tiraient d’un même radical latin toute une gamme de mots différents dont les flexions étaient également empruntées à la langue latine. On croit trop aisément de nos jours que cette facilité est le propre de la langue italienne. Bien au contraire, elle est commune à toutes les langues romanes.

ISLONDE, pour ISLANDE. R. s. f. (Dan. Iceland, terre de glace.) Jo l’en cunquis Escoce, Guales, Islonde, 2331. J’ignore pourquoi M. F. Michel veut qu’il soit ici question de la Zélande.

ISNEL. V. Isnels.

ISNELEMENT. Adverbe, 2085, 2109, 2453, 2765, 3884. V. le suivant.

ISNELS. Adj. s. s. m. Rapide (anc. haut allem. snel ; Diez, I, p. 385, au mot snello) : Plus est isnels qu’esprever ne arunde, 1492. Cf. 1312, 1387, 1529, 3885 et isnel, 3839.

ISSENT. Ind. prés., 3e p. p. du verbe n. issir (Exeunt), 2640, 2765, 3127.

ISSI. Adv. Ainsi, de même, comme (In-sic, tandis qu’ici vient de hic-ibi) : Issi est neirs cume peiz, 1635. Issi poet-il ben estre, 61. Issi seit cum vos plaist, 606. Tut issi cun il sunt, 2435. ═ Issi, comme on le voit, s’emploie avec cum, et est parfois précédé de l’adverbe tut...

IST. Verbe neutre, 3e p. s. de l’ind. prés. d’issir. Sort (Exit) : Ist de la prese, 1220. Cf. 2575 et 3165. On dit, au réfl., se ist : Par les oreilles fors se ist le cervel, 2260. (Mais c’est sans doute une erreur du scribe.) 3e p. p. : issent, 2640, 2765, 3127. — Parf. comp., 3e p. s., avec un s. s. m., est issut : Li Amiralz est issut de l’calan, 2647. — Part. passé, s. s. m. : issut, 2647.

ITANT. Adverbe. « Sur l’heure » ; ou « ici, là » ; et « tant, autant » (Ibi-tantum ?) : Li melz guariz en unt boüd itant, 2473. Dist Bramimunde : Mar en irat itant, 2734. V. Aïtant, qui signifie « ici » ou « sur l’heure », 1476. Nous n’avons pas traduit avec assez de précision ce mot qui, d’ailleurs, est souvent explétif et vague.

ITELS. Adj., s. s. m. Tel (est-ce ibi-talis ??) : Itels est sis curages, 375. — R. s. f. : itel, 1877, 2824, 3212. — S. p. m. : itels, 1395. — R. p. m. et n. : itels, 991, 1377, 1517, 3415.

IVE. S. s. m. Nom d’un des douze Pairs (bas lat. Ivo, Ivonis, orig. germ. Anc. haut allem. Effo, d’après Pott), 2406. — Au r. s. m. : Ivon, 1895.

IVORIE. S. s. m. Nom d’un des douze Pairs. (? Le nom d’Ivon et celui d’Yvoire vont presque toujours ensemble. Le second n’a-t-il pas été formé sur le premier ? Faut-il supposer Eborius pour Eboreus ??) Vers 2406, et r. s. m. (par erreur) : Yvoeries, 1895.

J

JA. Adv. (Jam.) a deux sens dans notre texte : 1° Celui de « déjà » : Sire cumpainz, ja est morz Engeler, 1503. Cf. 1391 et 1523. ═ 2° Celui de « jamais » : Deus ! se jo l’pert, ja n’en averai escange, 840. Cf. 83, 196, 223, 3206. Dans les vers 83, 196 et 223, le sens de jamais n’est pas très-fortement accentué, et ja y joue plutôt le rôle d’un adverbe explétif.

JACUNCES. R. p. f. Rubis, ou grenats (de hyacinthus, qui, dans Pline et Claudien, signifie déjà une pierre précieuse), 638.

JAIANZ. R. p. m. (Gigantes.) Notre poëte parle des Jaianz de Malpreis, 3253 et 3285. Cf. 3518. Il en fait un nom propre. Mais l’étymologie ne nous semble pas douteuse.

JALNE. R. s. f. Jaune (Galbinam) : Blanche la cue et la crignete jalne, 1655. El’cors li met tute l’enseigne jalne, 3427. Ce manuscrit porte ralue.)

JAMAIS. Adv. Sens actuel (Jammagis) : Jamais n’est hum ki encuntre lui vaille, 376. N’averat talent que jamais vus guerreit, 579. Jamais n’averat el’chef corone d’or, 3236. Cf. 1514, 1984...

JAMELZ. R. p. Câbles, cordes, jougs (de gamela, câbles) : Très ben le batent à fuz e à jamelz, 3739.

JANGLEU. R. s. m. Nom de païen (dérive ?? de joculari) : Si’n apelat Jangleu l’ultre marin, 3507. — Voc. sing. m. : Jangleu, 3508.

JASTORS. S. s. m. Nom d’homme (?), 796. À Jastors, que porte le manuscrit, M. Müller a substitué Sansun.

JAZERENC. R. s. m. De mailles, à mailles. C’est toujours l’épithète du haubert : E l’osberc jazerenc, 1604. L’étymologie, d’après Diez, serait l’arabe Djezaïr, Alger, « parce qu’Alger fabriquait d’excellentes colles de mailles. » (T. I, p. 208, 209, au mot Ghiazzerino.) Raynouard et Gachet préfèrent l’esp. jacerino, dur comme l’acier. Quoi qu’il en soit, il faut remarquer que jazerenc est devenu de bonne heure un substantif qui a servi à désigner le haubert. Encore aujourd’hui jaseran est un terme de bijouterie. Un jaseran ou jaseron, c’est une chaîne formée de petites mailles ou de petits anneaux.

JERICHO. R. s. f. Ville appartenant aux païens. C’est l’antique Jéricho. (En hébr. : lieu odorant : « Ce nom, dit M. Neubauer, peut se traduire par « ville odorante ». On y trouvait, en effet, des baumiers. » Géographie du Talmud, 161.) E la sedme est de cels de Jericho, 3228.

JERREIZ. Fut., 2e p. p. de gesir. (Jacere habetis.) Le manuscrit porte à tort jerreiez, 1721.

JERUSALEM. R. s. f. (Hyerosolimam ; en hébr. Jebus-Salem. : Cf. Géographie du Talmud, p. 134.) Jerusalem prist ja par traïsun, 1523.

JESQU’. Prép. (De-usque), 2638. V. Josque et Jusque.

JETER. Verbe actif. Inf. prés. (Jactare), 2868. — Ind. prés., 3e p. p. : jetent, 3520. — Parf. comp., 3e p. p., avec un r. p. f. : unt jetées, 3318. V. Geter.

JO. Pron. pers. Je (Ego), 18, 75, 191, 635, 1478, 2913, etc. etc. ═ Jo se place avant ou après le verbe : Jo lur dirai, 2913, etc. Mais d’une chose vos soi-jo bien guarant, 1478. ═ Jo se combine avec le : Deus ! se jo l’pert, ja n’en averai escange, 840.

JOCERANS. S. s. m. Nom d’homme (en bas lat. Joceramnus ; l’origin. est germ.) : L’estreu li tindrent Neimes e Jocerans, 3113. Jozerans, 3023, 3067. — R. s. m. : Jozeran, 3007, 3075, 3535.

JOE. R. s. f. Joue (Gautam) : La destre joe en ad tute sanglente, 3921.

JOIE. R. s. f. (de gaudia), 1584, 3944. Repairez sunt à joie, 3682 (c’est-à-dire « avec joie »).

JOIUSE. R. s. f. Nom de l’épée de Charlemagne (Gaudiosam) : Lacet sun helme, si ad ceinte Joiuse, 2989. Cf. 2501.

JOÏMER. R. s. m. Nom d’homme (?) : E Joïmer e Malbien d’ultre mer, 67. M. Müller lit : Joüner.

JOINTES. Adjectif, r. p. f. (Junctas.) Jointes ses mains, 223, 696. V. Juindre.

JONAS. R. s. m. (Hébr. Ionah, colombe.) Ki guaresis Jonas tut veirement, 3101.

JOR. S. s. m. Jour (Diurnus) : Jamais n’ert jor que Carles ne s’en pleignet, 915. Passet la noit, si apert le cler jor, 3675. — R. s. m., Jor : Veire paterne, hoi cest jor me defend, 3100. V. Jurz.

JOSQUE. Tantôt préposition, tantôt conjonction : 1° Prép. Jusques... (De-usque.) Elle s’emploie le plus souvent avec à : Josqu’a l’Rei, 510. Josqu’a la tere, 976. Josqu’as mains, 1158. Josqu’as poinz, 1359. Josqu’a la mort, 3395. Ce dernier exemple montre que josque s’applique ici tout aussi bien au temps qu’à l’espace. Josque, comme préposition, s’emploie également avec par : Josque par sum le ventre, 3922. ═ 2° Conjonction. Jusqu’à ce que... Josque il vengent, 1838. Josque Deus voeile, 2439. Josqu’il seit mort, 2663. Josque li uns sun tort i reconuiset, 3588. V. Jesque et Jusque.

JOÜS. S. s. m. Joyeux (Gaudiosus) : En sun curage en est joüs e liet, 2803.

JOZERANS. S. s. m. Nom d’homme (Joceramnus ; orig. germ.), 3023, 3067, et Jocerans, 3113. — R. s. m. : Jozeran, 3007, 3075, 3535. V. Jocerans.

JUER. Verbe neutre. Inf. prés. Jouer (Jocari) : Unches nuls hom ne l’ vit juer ne rire, 1638. C’est à tort que le scribe a écrit, au vers 901, juer au lieu de guier. — Ind. prés., 3e p. p., juent : As tables juent pur els esbaneier, 111.

JUGAT. Verbe act.. Parf. simpl., 3e p. s. (Judicavit), 353, 1025, 3772. V. Juz.

JUGÉE (est). Verbe pass. Ind. prés., 3e p. s., avec un s. s. f. (Judicata est.) La rere guarde est jugée sur lui, 778. V. Juz.

JUGEMENT. R. s. (Judicamentum), 307, 435, 3836, 3843.

JUGENT. Verbe act. ou neut. Ind. prés., 3e p. p. (Judicant), 321. V. Juz.

JUGET. Subj. prés., 3e p. s. de juger (Judicet), 3789. V. Juz.

JUGEZ, JUGET. Part. passé de juger. As juget. Parf. comp., 3e p. s. de juger (Habes judicatum), 288. 2e p. p. : avez jugiet, 754. ═ Passif. Ind. prés., 3e p. s. neutre : il est juget (Illud est judicatum), 884. 3e p. p., avec un s. p. m. : sunt jugez (Sunt judicati), 1058. — Parf., 3e p. s. : fut juget (Fuit judicatus), 1409. — Fut., 3e p. p., avec un s. p. m. : serunt jugez (Essere habent judicati), 262. — Part. pass., s. s. m. : juget (Judicatus), 1409. S. s. n. : juget (Judicatum), 884. S. s. f. : jugée : (Judicata), 778. R. s. m. : juget (Judicatum), 288, et jugiet, 754. S. p. m. : jugez (Judicati), 262, 1058. ═ Ce mot ne se trouvant comme assonance que dans les laisses en ier, c’est jugiet, jugiez, etc., qu’il faut lire. V. Juz.

JUGEZ. Imp., 2e p. p. de juger (Judicate), 656, 742, 3751.

JUGEÜRS. R. p. m. Juges (Judicatores), 3765, et jugeors : Par ses messages mandet ses jugeors, 3699.

JUGIET (avez). Parf. comp., 2e p. p. de juger, 754. V. Juz.

JUINDRE. Verbe neut. Inf. prés. Se joindre (Jungere) : En Rencesvals à Rollant irai juindre, 923. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. p. f., ad juinz (par erreur) : Amsdous ses mains ad juinz, 2240. — Part. pass., r. p. f., juintes : Ambesdous ses mains juintes, 2015 ; juntes, 2392, et jointes : Jointes ses mains, 223, 696.

JUISE. R. s. Jugement (Judicium) : N’ert mais tel hom desqu’ à Deu juise, 1733. Deus nus ad mis à l’ plus verai juise, 3368.

JULIANE. R. s. f. Julienne (Julianam), 3986.

JUNCHÉE. Part. pass. r. s. f. Jonchée (Juncatam, de juncus, jonc. On couvrait la terre de joncs et de fleurs à certaines fêtes) : Là veïsez la tere si junchée, 3388.

JUNTES. Part. pass., r. p. f. (Junctas.) Juntes ses mains, 2192. V. Juindre.

JUPITER. S. s. m. Par artimal l’i cundoist Jupiter, 1392.

JUR. V. Jurz.

JURENT. Parf. simpl., 3e p. p. de gesir. (Jacuerunt.) Icele noit i jurent, 3653.

JURET. Verbe actif et neut. Indic. prés., 3e p. s. (Jurat.) Li Amiralz en juret quanqu’il poet, 3232. — Parf. simple, 3e p. s., jurat : La traïsun jurat, 608. Ki me jurat cume sa per à prendre, 3710. — Parf. comp., 3e p. s., ad juret : Ço ad juret li Sarrazins Espans, 612. — Fut., 2e p. p., jurrez : La traïsun me jurrez de Rollant, 605.

JURFALET. S. s. m. Nom du fils de Blancandrin (?), 504. — R. s. m. Jurfaleu, 1904, 2702.

JURNÉE (?). R. s. f. (Diurnatam.) iiii. c. milie atendent la jurnée, 715. M. Müller lit : l’ajurnée, et c’est aussi la forme que nous avons adoptée.

JURZ. S. s. m. Jour (Diurnus), 54, 667, 1807, 3345, 3560, 3745, 3991. Jur, 717, 2915. Jor, 915, 3675. Jurn, 971, 2901. — R. s. m. : Jurn, 1477. Jur, 162, 664, 816, 1780, 2107, 2372, et jor, 3100. — R. p. m. : Jurz, 851, 1882. ═ Jurz est partout du masculin, excepté au v. 1780, où il faut supposer une faute du scribe : Pur un sul levre vat tute jur cornant, 1780. ═ Ce mot à deux sens. Il signifie le plus souvent une journée, un « espace de vingt-quatre heures » (54, 664, 717, etc. etc.) ; mais il exprime aussi la « lumière du jour » opposée aux ténèbres de la nuit (162, 667, 3345, 3675). ═ Rem. la locution tuz jurz, 1882, qui devait faire un si beau chemin dans notre langue.

JUS. Adverbe. En bas, à terre (Jusum) : Repairez est des muntaignes jus, 2040. Ça jus, 2296. Jus à ses piez, 2291. Les freins metent jus des testes, 2491. Par les degrez jus del l’paleis descent, 2840. Jus à la tere une pièce en abat, 3437. ═ Cf. Juz, 2296.

JUSQU’... Prép. Jusque. (De-usque.) S’emploie pour le temps (jusqu’a un an, 972), aussi bien que pour l’espace (jusqu’a l’nasel, 3927). Cf. Josque, prép., 510, 976, 1379, 3395, 3922, josque, conj., 1838, 2439, 2663, 3588, et jesqu’..., prép., 1158, 2538, 2638. La meilleure des trois formes est jusqu’...

JUSTE. Prép. Auprès de... (Juxta) : Ad un port juste mer, 2626.

JUSTER. (Juxtare.) 1° Conjugaison. Inf. prés., neutre et act., 2181, 2889, 3169. — Ind. prés., 3e p. s. justet, 2020, 3360. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. p. f. : ad justedes, 3252. — Fut., 2e p. p. : justerez, 1191. 3e p. p. : justerunt, 1191, 3287. — Impér., 2e p. p. : vus justez, 1976. ═ Au passif. Ind. prés., 3e p. s., avec un s. s. f. : est justée, 3874. 3e p. p., avec un s. p. m. : sunt justez, 3858, et avec un s. p. f. : sunt justées, 3347, 3384. — Subj. prés., 3e p. s., avec un s. s. f. : seit justée, 2761. — Part. pass., s. s. f. : justée, 2761 et 3874. S. p. m. : justez, 3858. S. p. f. : justées, 3347, 3384. R. p. f. : justedes, 3252.

Sens divers. a. Le sens primitif de juster est « placer auprès » : De devant vus juster e enrenger, 2181. Granz batailles juster, 2889. Trestut le cors à la tere li justet, 2020. ═ b. De ce premier sens, à l’actif, en dérive un second, au neutre, en passant par le réfléchi. Se juster, c’est « se placer près d’un adversaire pour lutter avec lui. » A mei car vus justez, 1976. De là le neutre juster, dans le sens que nous avons conservé à « joûter » : Feluns Franceis, hoi justerez as noz, 1191. Si justerunt à Charle e as Franceis, 3287. Cf. 3169 et 3360.

JUSTISE. S. s. f. (Justitia.) Justise ert faite, 3904. Quant l’Emperere ad faite sa justise, 3988. — R. s. f., justise : Jo en ferai la justise, 498. Rem. la locution « Faire justice ».

JUSTIN. R. s. m. Nom d’homme (Justinum), 1370.

JUT. Parf. simpl., 3e p. s. de gesir. (Jacuit.) On trouve le neutre : Il jut, 2758 et le réfl. : se jut, 2375.

JUVENTE. Voc. s. f. Jeunesse (Juventa) : Ami Rollanz, prozdoem, juvente bele, 2916. — R. s. f., juvente : Tant bon Franceis i perdent lor juvente, 1401. On remarque que le sens n’est pas exactement le même dans les deux vers précédemment cités...

JUZ. Verbe act., ind. prés., 1re p. s. Je juge, je condamne (Judico) : Pur ço le juz à pendre et à murir, 3831. — Parf. simpl., 3e p. s. : jugat, 353, 1025, 3772. — Parf. comp., 2e p. s., as juget : Si as juget qu’à Marsiliun en alge, 288. 2e p. p., avez jugiet : La rere guarde avez sur mei jugiet, 754. — Impér., 2e p. p. : jugez, 656, 742, 3751. — Subj. prés., 3e p. s : juget, 3789. ═ Passif. Ind. prés., 3e p. s., au neutre, est juget : Il est juget que nus les ocirum, 884, et avec un s. s. f. : est jugée, 778. 3e p. p., avec un s. p. m. : sunt jugez, 1058. — Parf., avec un s. s. m., 3e p. s. : fut juget, 1409. — Fut., 3e p. p., avec un s. p. m. : serunt jugez, 262. — Part. pass., s. s. m. : juget, 1409. S. s. n. : juget, 884. S. s. f. : jugée, 778. R. s. n. : juget, 288 et jugiet, 754. S. p. m. : jugez, 1058, 262. ═ Le verbe « juger » présente plusieurs sens dans le texte de la Bodléienne. 1° « Décider », 288, 321, 353, 742, 884, 3751. 2° À ce sens se rattache celui « d’adjuger », 778. 3° « Condamner » : Si me jugat à mort et à dulur, 3772. N’i ad Franceis ki vos juget à pendre, 3789. Cf. 1055, 1409.

JUZ. Adverbe. À terre, en bas (Jusum), 2296. V. Jus.

K

KAR. Conj. (Quare), 390, 682, 742, 1051, 1131, 1175, 1366, 1676, 1724, 3589. Cf. quar, 470, et car, 358, 1059, 1806, 1840, 2005, 2428, 2686, 3751, 3768, 3902. ═ Kar a deux sens : 1° « En effet », 390, 1131, 1724 ; et 2° « C’est pourquoi, donc, » avec un caractère explétif : Cumpaign Rollanz, kar sunez vostre corn, 1051. Respunt li quens : kar li aluns aider, 1676. Dist l’Amiraill : Carles, kar te purpenses, 3589, etc. V. Quar et Car.

KARLEMAGNE. S. s. m. (Carolus magnus), 2807. — R. s. m., 2458. V. Carlemagne.

KARLES. S. s. m. (Carolus, de Karl. Pott rapporte ce mot à Kerl, mâle, et, par extension, vigoureux), 1714, 1757, 1788, 2525, 3234, et Karlon, 1727. — R. s. m. : Karlun, 2017 et 3328. V. Charles, Carles, Carlun, Charlun.

KARTAGENE. R. s. f. Nom de ville. Carthage (Carthaginem) : Ki tint Kartagene, Alferne, Garmalie, 1915.

KI. Pron. rel., s. s. m. Qui (Qui), 7, 22, 194, 833, 2380, 3959. — S. s. f., 19, 925, 1544. — S. s. n., 4. — S. p. m., 92, 685, 3958. ═ Ki, dans le sens de quis : Kar me jugez ki ert en la rereguarde, 742. ═ « Quel que soit celui qui... » : Ki que l’blasme ne qui l’lot, 1546. Ki qu’en plurt u ki’n riet, 3364. Ki que l’cumpert, venuz en sunt ensemble, 1592. Cf. qui, 18, 116, 1522, 1546, et chi, 596 et 838.

L


L’. Voyez Le, etc.

LA. Article, s. s. f. (Illa.) La Reine i vint, 634. De Pareïs li seit la porte uverte, 2258, etc. — R. s. f. : Tresqu’à la mer conquist la tere altaigne, 3. Cf. 19, 37, etc. etc. V. Li, Le, Les. ═ Combiné avec quel, la quele : Asez orez la quele irat desure, 927. V. Quel.

LA. Pronom, r. s. f. (Illam.) La vos duins, 622. Baptisez la, 3981. Cf. 7, etc. etc. V. Le, Les.

LÀ. Adv. de lieu (Illàc.) ù cist furent, 108. siet li Reis, 116. sunt neiez, 690. ù tu fus, 2046. Cf. 1718, 220. ═ Se combine avec sus, pour former là sus, qui plus tard s’écrira en un seul et même mot : Là sus amunt, 2634. V. Sus.

LACET. Verbe act., 3e. p. s. de l’ind. prés. Lace. (Laqueat.) Ce verbe s’applique particulièrement aux lacs du haubert que l’on attache au moment de la bataille : Lacet sun helme, si ad ceinte Joiuse, 2989. 3e p. p. : lacent, 996. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. m. : (ad) laciet, 2500. — Part. pass. r. s. m. : laciet, 1157, 2500, (?). R. p. m. : lacez, 712, et laciez, 1042, 3079.

LAIDEMENT. Adverbe. (Anc. haut all. leid, odieux. Diez, I, p. 241.) Sur l’erbe verte mult laidement se culcet, 2573. Cf. 2581.

LAISSER. Verbe act. Inf. prés. (Laxare, ou plutôt (?) laxiare. V. Ducange au mot laxiatus), 2069. Laisser, 2178 et 2337. — Ind. prés., 1re p. s. : lais, 315. 3e p. s. : laiset, 1197, 1281. 2e p. p. : lessez, 279. 3e p. p. : laissent, 1000 ; laisent, 2162, 2641 et 3350. — Parf. simple, 2e p. s. : lessas, 2583. 3e p. s. : laissat, 1127, 3677 ; laisat, 1114 ; laisad, 1209. — Parf. comp., 1re p. s.. avec un r. s. m. : ai lesset, 839. 3e p. s., avec un r. s. m. : ad lesset, 824. 3e p. p., avec un r. s. m. : unt laisset, 2162, et avec un r. p. m. : unt laisez, 2961, et unt lesset, 2717 : Noz chevalers i unt lesset ocire. — Plus-que-parf., 1re p. s., avec un r. p. m. : aveie laiset, 2410. — Fut. 1re p. s. : lerrai, 785, 893, 2141. 3e p. s. : laisserat, 1252, 1659 ; lesserat, 859, 1931 ; leserat, 1206 ; lairat, 2666 ; lerrat, 574, 2063 ; — Cond., 1re p. s. : lerreie, 457. — Impér., 2e p. s. : laisses, 3902. 1re p. p. : laissums, 2154 ; laissum, 229 ; laisum, 3799. 2e p. p. : laissez, 2741 ; laisez, 265, 2486, 3811 ; lessez, 2435. ═ Passif. Futur, 3e p. s., avec un s. s. f. : ert lessée, 3030. — Part. pass. s. s. f. : lessée, 3030. R. s. m. : laisset, 3162 ; lesset, 839. R. p. m. : laisez, 2961. ═ Le verbe laisser présente à peu près les mêmes sens qu’aujourd’hui. Not. cependant les deux locutions : Laissez ço ester, 2741, etc., et surtout : « laisser que » dans le sens de « manquer à »... ne laisserat que n’i parolt, 1252. Ne laisserat quAbisme n’en asaillet, 1659. Cf. 1931, 457, etc. ═ Ce mot ne se trouvant en assonance que dans les couplets en ier, il faut lire partout laissier, etc. D’où l’on pourrait supposer que la véritable étymologie est laxiare, et non laxare, puisque la plupart des mots en ier dérivent de mots latins où la tonique est suivie ou précédée d’un i atone.

LAIZ. Adjectif, r. p. m. La premere (eschele) est de Canelius, des laiz, 3238. Le sens est douteux. M. Génin a cru qu’il s’agissait ici de porte-chandelles laïques !!! Il nous paraît que laiz est notre français actuel « laids ». Pour l’étymologie, voyez Laidement.

LANCES. R. p. f. (Lanceas), 541, 713, 2074.

LANCET. Verbe act. Ind. prés., 3e p. s. Lance (Lanceat) : Plus qu’on ne lancet une verge pelée, 3323. 3e p. p. : lancent, 2074. — Impér. 1re p. p., lançuns (employé ici au neutre) : Lançuns à lui ; puis, si l’laissums ester, 2154.

LANTERNES. R. p. f. (Lanternas, pour laternas.) Asez i ad carbuncles e lanternes, 2633. Cf. 2643.

LARGE. Adjectif, s. s. f. (Larga). 3305, 3873. — R. s. m. : large, 1217. — R. s. f. : large, 654, 1653. — R. p. m. : larges, 284, 2852, 3158. — R. p. f. : larges, 2307.

LARIZ. S. p. m. Landes (Larritia ou Larritii. V. Ducange, au mot Larritium) : Cuverz en sunt... li lariz, 1084, 1085. — R. p. m. : lariz, 1851.

LAS. Adjectif, s. s. m. Fatigué, et, par extension, malheureux, misérable (Lassus) : Ki mult est las il se dort contre tere, 2494. Las est li Reis, 2519. — S. p m., las : Noz chevals sunt las, 2484. ═ Las est déjà devenu une exclamation, comme dans notre hélas ! Au sing. f., on trouve : E ! lasse, 2723.

LASCHET. Verbe actif, ind. prés., 3e p. s. (Laxat. On pourrait dire (?) que laxiare a donné laisser, et laxare lascher.) Laschet la resne, 1290. Cf. 1574, 2996. — 3e p. p. : laschent, 1381 ; lascent, 3349, et lasquent, 3877. Cf. Laisser, dont lascher est déjà distinct.

LASSE. Voy. Las.

LASSERAT. Verbe neut. Fut. 3e p. s. Se lassera (Lassare-habet) : Lasserat Carles, si recrerrunt si Franc, 871.

LAVAT. Verbe act. Parf. simpl., 3e p. s. (Lavavit.) Puis, od les ewes lavat les prez de l’sanc, 1778. ═ Passif. Ind. prés., 3e p. p., avec un s. p. : Ben sunt lavez de piment e de vin, 2969. — Part. pass., s. p. : lavez, 2969. (Se rapporte à cors.)

LAZ. R. p. m. Lacs (Laqueos) : A l’brant d’acer l’en tranchet V. des laz, 3434. Il s’agit ici des lanières qui attachent le heaume au capuchon du haubert.

LAZARON. R. s. m. Lazare, qui fut ressuscité par J.-C. (On peut dire de ce mot qu’il a été calqué servilement sur l’accusatif latin Lazarum, ou que c’est un cas oblique par analogie. Comme on disait Gui, Guion ; Otes, Otun, etc., on en vint, par une imitation grossière, à dire : Gauter, Gauteron, etc. Mais la vraie forme pour le sujet et pour le régime était Ladre : car, dans Lazarus et dans Lazarum, l’accent est à la même place. Seint Lazaron de mort resurrexis, 2385.

LE. Article. Le est la forme régulière : 1° du s. s. neutre (Cumencet le cunseill, 179. Falt li le coer, 2019. Dès or cumencet le plait, 3747) ; — 2° du r. s. m., 43, 65, 81, 82, 92, 764, 1626, etc. etc. Dans le premier cas, il vient d’illud, et, dans le second, d’illum. ═ Le est aussi employé, mais par erreur, au s. s. m., au lieu de li : Le seignur d’els est apelez Oedun, 3055. Cf. 106, 717, 3429, etc. V. Li, La, Les, E, Es, Del, Des, Al, Als, etc.

LE. Pronom. 1° R. s. m. (Illum.) Par quel mesure le poüssum hunir, 631. Il s’agit de Roland. — L’e disparaît souvent dans la prononciation et dans l’écriture : Je l’siurai od mil de mes fedeilz, 84. ═ 2° R. s. n. (Illud.) Pur vos le dei ben faire, 807. Guenes le sout, 1024. Mar le demandereiz, 3558. Dans ce cas, comme dans l’autre, l’e disparaît souvent : Li quens Rollanz ne l’ se doüst penser, 355. Cler, en riant, l’ad dit à Guenelun, 619. V. La, Les.

LÉES. Adj., r. p. f. Larges (Latas) : Granz unt les nez et lées les oreilles, 1918. Cf. 3160 et 3570. V. Let.

LEGERIE. S. s. f. Légèreté, frivolité, folie (V. le suivant) : Loèrent vos alques de legerie, 206. Franceis sunt morz par vostre legerie, 1726.

LEGERS. V. Legiers. Ce mot, en effet, se trouve cinq fois sur cinq en assonance dans un couplet en ier. C’est donc partout legiers et legier qu’il faut lire.

LEGIERS. Adj. s. s. m. Léger, rapide (Leviarius), 1312, 3885. — R. s. m. : legier, 2171. — S. p. m. : legier, 113. — R. p. m. : legiers, 3864.

LEI. V. Leis.

LEIALS. Adj., s. s. m. (Legalis.) S’il fust leials, ben resemblat barun, 3764. — S. s. f., leial : Oi nus defalt la leial cumpaignie, 1735. — S. p. m., leial : XXX parenz li plevissent leial, 3847. Dans les deux premiers exemples, le sens est « loyal » ; dans le dernier, « légal. »

LEIS. S. s. f. Loi (Lex), 3338, et lei, 611. — R. s. f. : lei, 38, 85, 126, 752, 887, 2251, 3174. ═ Presque partout leis a le sens de « loi religieuse, religion » : La chrestiene lei, 85. Cf. 38, 126, 611, 3174, 3338. ═ Cependant il importe de noter la locution a lei de..., dans le sens de « à la façon de, en guise de... » : A lei de chevaler, 752. A lei de bon vassal, 887. Cf. le v. 2251 : A la lei de sa tere, 2251 (c’est-à-dire suivant la coutume de son pays).

LEISIR. R. s. Loisir (verbe employé substantivement, de licere) : Jo ne lerreie que jo ne li die, se tant ai de leisir, 459. ═ On trouve déjà l’expression « à loisir » : Sa custume est qu’il parolet a leisir, 141.

LENZ. Adj., s. s. m. Lent, tardif (Lentus) : Dehet ait li plus lenz, 1938.

LEONS. S. s. m. Lion (Leo), 2549 : leon, 1111, et lion, 2436. — S. p. m. : leuns, 1888. — R. p. m. : leuns, 128, 2386, et leons, 30 et 3105.

LEPART. R. s. m. (Leopardum.) Iréement se cumbat à l’lepart, 733. On trouve au s. s. : leupart, 1111 ; au r. s. : leuparz (par erreur), 728, et au s. p. : leuparz, 2542. V. Leupart.

LERRAI. Verbe act. 1re p. s. du fut. de laisser (Laxare-habeo), 785, 893, 2141. V. Laisser.

LERRAT. Verbe act., 3e p. s. du fut.. de laisser (Laxare-habet), 574, 2063. V. Laisser.

LERREIE. Verbe act., 1re p. s. du conditionnel de laisser (Laxare-habebam), 457. V. Laisser.

LES. Article. 1° Sujet pluriel fém. (Illæ.) Les esteiles flambient, 3659. Granz sunt les oz et les escheles beles, 3291. Cf. 91, 598, 724, 815, 2630. Par erreur, en trouve les, s. p. m., aux v. 547, 815, 2011, 2271. — 2° Reg. plur. masc. (Illos.) Entre les helz, 621, etc. Les s’emploie aussi avec les noms venus de neutres latins : Les chef(s) en prist, 209. — 3° Reg. plur. fém. (Illas.) Li Empereres... les turs en abatied, 98. Cf. 388, 1525, 1656, 1934, etc., etc.

LES. Pron. 1° Rég. plur. masculin. (Illos.) Retenez les, 786. L’Arcevesque... les beneïst, 1137. Cf. 3074, etc. etc. — 2° Rég. plur. fém. (Illas.), Il les ad prises (les nusches) : en sa hoese les butet, 641. Et, en parlant des « espées » : Nus les feruns vermeilles, 950, etc. etc. — Il faut observer que les se contracte violemment dans la prononciation et dans l’écriture. Il se contracte : 1° Après ki : C. mil(ie), humes i plurent ki’ s esguardent, 3882. 2° Après ne : Là sunt neiez ; jamais ne’ s reverrez, 690. 3° Après si : Si’ s aquillit e tempeste e ored, 689, etc. (Ki’s est pour ki les, kil’s ; ne’s, pour ne les, ne l’s ; si’s, pour si les, si l’s, etc.) Au v. 1242, la lettre l est restée : Or est le jur que l’s estuverat murir.

LESERAT. Verbe act., 3e p. s. du fut. de laisser (Laxare-habet), 1206. V. Laisser.

LESSAS. Verbe act., 2e p. s. du parf. simpl. de laisser (Laxasti), 2583. V. Laisser.

LESSÉE (ert). Verbe passif, 3e p. s. du fut. de laisser, avec un s. s. f. (Laxata-erit), 3030. V. Laisser.

LESSERAT. Verbe act.. 3e p. s. du fut. de laisser (Laxare-habet), 859, 1931. V. Laisser.

LESSET (ai). Verbe act., 1re p. s. du parf. comp. de laisser (Habeo-laxatum), 839. 3e p. s. : ad lesset, 824. 3e p. p. : unt lesset, 2717. V. Laisser.

LESSEZ. Verbe act., 2e p. p. de l’ind. prés. de laisser (Laxatis), 279. V. Laisser.

LESSEZ. Verbe act.. 2e p. p. de l’impér. de laisser (Laxate), 2435. V. Laisser. ═ Pour toutes les formes de la conjugaison de ce verbe, nous avons indiqué l’étymologie communément adoptée : Laxare. Mais nous avons dit plus haut pourquoi nous préférions laxiare.

LET. Adj., r. s. m. Large (Latum) : Pent à sun col un soen grant escut let, 3149. — R. p. f. : lées, 1918, 3160, 3570.

LEUNS. S. p. m. Lions (Leones), 1888. — R. p. m. : leuns, 128, 2286, et leons, 30 et 3105. — Au s. s. m., on trouve leons, 2549 ; leon, 1111, et lion, 2436. V. ces mots.

LEUPART. S. s. m. Léopard (Leopardus), 1111. — R. s. m. : leuparz, 728, et lepart, 733. — S. p. m. : leuparz, 2542.

LEUS. R. p. m. Nom de peuple barbare (?). La septième échelle du 3e corps d’armée de Baligant, est de Leus e d’Astrimonies, 3258. Dans ce nom, évidemment fantaisiste, faut-il voir un souvenir de lupos ? Mais lupi a, dans notre texte, donné lu (v. 1751).

LEUTICE. R. s. f. Le texte d’Oxford nous donne au v. 3360 : A un rei leutice, que Müller a heureusement corrigé : A l’rei de Leutice.

LEUTIZ. Adj., r. s. m. (On a prétendu à tort qu’il s’agissait ici des Lithuaniens, Littawen, Lithauen.) E Dapamort, un altre rei leutiz, 3205.

LEVANT. Adj. verbal, r. s. m. (V. le suivant.) Vers le soleill levant, 3098. Levant est ici employé au neutre pour « se levant ». De là notre substantif : « le Levant. »

LEVET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. Élève (Levat) : Levet sa main, 2848, et lievet, 2194. Au réfléchi : Si se levet la puldre, 3633. 3e p. p., levent : Mahumet levent en la plus halte tur, 853. — Parf. simpl., 3e p. s., levat : Ambes ses mains en levat contre munt, 419, et, au sens figuré : Celoi levat le rei Marsiliun, 1520. (Il s’agit d’un païen.) ═ Au passif, 3e p. s. de l’ind. prés., avec un s. s. m., est levet : Li Empereres est par matin levet, 163 et 669. Turpins de Reins en est levet de l’ renc, 264. — Part. prés. (devenu un véritable adjectif verbal, et employé au neutre), levant : Vers le soleill levant, 3098. — Part. pass., s. s. m. : levet, 163, 264, 669. R. s. f., levée : Li quens Rollanz ad l’enseigne fermée, — En sum un tertre cuntre le ciel levée, 707, 708. On pourrait, d’après ces deux vers, supposer encore le parf. comp., à la 3e p. du s. : ad levée...

LEVRE. R. s. m. Lièvre (Leporem) : Pur un seul levre vat tute jur cornant, 1780.

LEZ. Préposition. À côté de, du côté de... (Latus) : Lez le costet, 1315. Cf. Delez : Desuz un pin, delez un eglenter, 114.

LI. Article, s. s. m. (Ille.) Charles li reis, 1. Cf. 7, 10, 54, 625, 970, 1651, 2508, 3165, 3435, et, par erreur, au s. s. f., vers 1437. C’est encore par erreur qu’on a employé li au r. s., m. (vers 171, 454, 630). — S. p. m. : Li cheval sunt orgoillus, 3966. Cf. 814, 1084, 1085, 1625, 1678, 3046. — Enfin l’on trouve li au vocatif pluriel masculin : Li nostre Deu, vengez nos de Carlun, 1907. ═ C’est ici l’occasion d’exposer toute la déclinaison de l’article : S. s. m. : li. S. s. f. : la. S. s. n. : le. — Gén. s. m. : del. G. s. f. : de la. — Dat. s. m. : al. Dat. s. f. : a la. — Régime s. m. : le. Rég. s. f. : la. ═ Sujet pluriel m. : li. S. p. f. : les. — Gén. pl. m. et f. : des. — Dat. pl. m. et f. : as. — Reg. plur., m. et f. : les. V. tous ces mots.

LI. Pronom. (Illi.) Il est uniquement employé dans tous les cas où les latins auraient employé illi. C’est un véritable datif. Lui, tout au contraire, se combine aisément avec toutes les prépositions : Vos li durrez urs e leons, 30. Vos li avez tuz ses castels toluz, 236. Cunquerrat li les teres, 401. Cf. 9, 18, 90, 240, 379, 1200, et ss., 1533, 1676, 3738, 3993. Une seule fois peut-être nous le trouvons, pour lui, après une préposition ; mais c’est, suivant nous, une erreur du scribe : Ensembl’od li, 2578. V. Lui.

LIENT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. de lier. (Ligant.) Les mains li lient, 3738. Cf. 3965. ═ Au passif, fut., 2e p. p., avec un s. s. m. : Pris e liez serez par poestet, 434. — Part. pass., s. s. m. : liez, 434.

LIET. Adj., s. s. m. Joyeux (Lætus), 2803. — R. s. m. : liez, 96. — S. p. m. : liez, 1745.

LIEVET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. de lever. (V. Levet.) Lievet sa main, 2194.

LIEZ. Adj., r. s. m. Joyeux (Lætum) : « Se faire liet, » c’est « être ou devenir joyeux » : Li Empereres se fait e balz e liez, 96. — S. p. m. : liez. 1745. V. Liet.

LIEZ. Part. pass., s. s. m. Lié (Ligatus), 434. V. Lient.

LIGE. Adj., r. p. m. Lur lige seignurs, 2421. Le sens n’est pas douteux, mais l’étymologie est incertaine. En bas latin, l’on trouve ligius, qui nous semble devoir être rapporté à la même racine que ligare (?).

LIGN. R. s. m. Lignage, famille. (Ligne vient de linea ; lign est le type masculin dérivé de la même source.) Roland, mourant, se souvient : De dulce France, des humes de sun lign, 2379.

LINÉES. Part. employé adjectivement, r. p. f. Le scribe, sans doute, s’est trompé, et c’est enlinées qu’il faut lire. (Lineatas, de linea, qui signifie : famille, lignage.) Or seit faite par marrenes.. linées dames, 3983.

LION. S. s. m. (Leo), 2436. V. Leon, Leuns.

LIQUELS, ou plutôt, en deux mots, LI QUELS. Pron. rel., s.s. m. (Ille-qualis.) Ne l’oï dire... li quels d’els dous en fut li plus isnels, 1386, 1387. Il ne sevent li quels d’els la veintrat, 735. Ço ne set li quels veint ne quels nun, 2367. Ce dernier vers montre qu’on employait tout aussi bien quel sans li. (Cf. 2553.) V. Quels.

LISTET. Part. employé adjectivement. Bordé (de l’ancien haut allem. lista, bande, bordure. Diez, Lex. Étym., I, 251) : D’or est la bucle e de cristal listet, 3150.

LIUÉES. R. p. f. Lieues. (Leucatas.) Le scribe a écrit, au v. 2759, liwes ; mais l’assonanee exige liuées : Jo ai cunté n’i ad mais que VII liuées.

LIUES. R. p. f. Lieues (Leucas) : Einz qu’il oüssent IIII. liues siglet, 688. ═ On trouve, au v. 817, lius par erreur, au lieu de liues : De XV lius en ot hom la rimur. V. Liwes.

LIUS. R. p. m. Lieux (Locos) : En tanz lius, 1464. Veillantif unt en XXX. lius nafret, 2160. ═ Liu est employé, dans le sens spécial de « place », au v. 3016. Es lius... signifie « au lieu de » : Seiez es lius Oliver e Rollant.

LIVERE. V. Livre.

LIVERENT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. Livrent, abandonnent (Liberant) : Liverent lur prez, asez i ad fresche erbe, 2492. — Parf. simpl., 3e p. s., liverat : Puis li liverat le bastun e le bref, 341. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. m. : ad liveret, 484 ; avec un r. p. f. : ad liverées, 2762. — Fut., 1re p. s. : liverrai, 658. — Impér., 2e p. p. : liverez, 247 et 498. ═ Ind. Passif. prés., 3e p. p., avec un s. p. m. : sunt liverez ou livrez, 1069. — Part. pass., s. p. m. : liverez ou livrez, 1069.

LIVRE. R. s. m. (Librum.) Marsilies fait porter un livre avant, 610. Le manuscrit porte à tort livere.

LIVRES. S. p. f. Livres, monnaie fictive (Libræ) : Melz en valt l’or que ne funt cinc cenz livres, 516.

LIWES. R. p. f. Lieues (Leucas) : Granz XXX liwes l’oïrent il respundre, 1756. Veez avant de dous liwes de nus, 2425. Liues, 688 ; lius, par erreur, 817.

LO. Article, r. s. m. (Illum.) Puroffrid lo guant, 2365. V. Le, qui est la forme correcte.

LOEMENT. R. s. Approbation (Laudamentum) : Mais ne l’ ferez par le men loement, 1709.

LOÉE. Part. pass., employé adjectivement. C’est l’épithète de la France : L’orgoil de France la loée, 3315. V. le suivant.

LOER. Verbe actif. Inf. prés. (Laudare.) Tant ne l’vos sai ne preisez ne loer, 532. — Ind. prés., 3e p. s., lodet : Ki ço vos lodet que cest plait degetuns, 226. 2e p. p., loez : Que me loez de cels qu’ai retenuz, 3948. 3e p. p., loent, lodent (?) : Si hume li loent, si li unt conseillet, 2688. — Parf. simpl., 3e p. s., loat : Loat sun Deu, ne fist altre respuns, 420. 3e p. p., loèrent : Loèrent vos alques de legerie, 200. — Subj. prés., 3e p. s., lot : Ki que l’ blasme ne qui l’ lot, 1546, et, au réfléchi : Nen est dreiz qu’il s’en lot, 1950. — Part. pass., employé adjectivement, r. s. f., loée : L’orgoil de France la loée, 3315. ═ Loer a deux sens qui dérivent visiblement l’un de l’autre. Il signifie « louer » (v. 532 et 1546), « remercier » (v. 420), etc., et, par extension, « approuver » ; puis, enfin, « conseiller » (226, 3948, 206). Rem. au vers 1950, la locution « se louer de », que nous avons précédemment citée et qui est déjà usuelle.

LOEWIS. S. s. m. Nom d’homme. (Ludovicus, du germ. Hludo-wig, « qui est la forme carlovingienne du mérovingien Chlodovech. ») Or, la forme vech vient, suivant Fœrstemann, Graff et Grimm, de wig, wic, « combat » ; suivant Wackernagel, du gothique veiha, « saint. » M. d’Arbois de Jubainville reste indécis entre ces deux explications du thème mérovingien vêcha. (Mémoires de la Société de linguistique de Paris, I, fasc. du 4 octobre 1871.) Ço est Loewis, mes filz, 3715, 3716.

LOHERENGS. R. p. m. Lorrains (Lotharingos), 3077, et loherencs, 3700.

LOI. Pronom, pour lui, 1375, 1522, 3614. V. Lui.

LOIGN. Adverbe. Loin (Longe) : Li quens Rollans ne li est guaires loign, 1897. On trouve la forme luign au v. 250 : Vos n’irez pas uan de mei si luign. Une 3e forme, où le g ne se retrouve plus, est luinz. En parlant des païens, on dit, au v. 2429 : Ja sunt-il si luinz. Mais la forme la plus employée est loinz : Trop nus est loinz Carles, 1100. Tere Major mult est loinz ça devant, 1784. Ne loinz ne près, 1992. Cf. 2622.

LOINZ. V. le précédent.

LOITER. Verbe neutre. Inf. prés. Lutter (Luctari) : Prenant sei à bras ambesdous por loiter, 2552. L’assonance exige loitier.

LOR. Pronom employé, dans le sens du datif pluriel, pour « à eux ». (Illorum.) Il lancent lor e lances e espiez, 2074. Li quint... lor est pesant, 1687. Cf. 1448. (V. Lur, qui est la forme la plus usitée.)

LOR. Adj. ou pronom possessif, r. p. m. Leurs (Illorum) : Lacent lor helmes, 996. On l’emploie sans substantif : Si requerent les lor, 1445, comme nous disons aujourd’hui : « Ils cherchent les leurs. » V. Lur.

LORAIN. R. s. m. Nom d’homme (Venise IV donne la leçon Loterant. Faut-il supposer la forme latine Lothramnum ??), 3469.

LORER. R. s. m. Laurier (Laurarium) : Suz un lorer ki est en mi un camp, 2651. La forme correcte, mal lue par notre scribe, doit être lorier.

LOS. R. s. m. Gloire (type masculin, dérivé de laus) : En dulce France en perdreie mun los, 1054. Enquoi perdrat France dulce sun los, 1194.

LOÜM, LOÜN. R. s. Nom de ville. Laon (Laudunum) : Gilie... fist la chartre el’ muster de Loüm, 2097. Cum jo serai à Loün, 2910.

LU. Article r. s. m., pour le. (Illum.) Devant lu Rei, 3038. Cf. 142, 283, 320, 368. V. Lo et Le.

LU. S. p. m. Loups (Lupi) : N’en mangerunt ne lu, ne por, ne chen, 1751.

LUAT. Verbe act. Parf. simpl., 3e p. s. Souilla (Luer vient de luere, qui signifie « arroser, baigner ») : De l’sanc luat sun cors e sun visage, 2275.

LUER. R. s. Loyer, salaire (Locarium) : Ki mult te sert, malvais luer l’en dunes, 2584.

LUER. Verbe act. Inf. prés. Payer, prendre à gages. (Locare) : Ben en purrat luer ses soldeiers, 34. Cf. 133.

LUI. Pronom. (Illi-huic, d’après Diez.) Tandis que li est un datif très-rigoureux et n’est usité que dans le sens du latin illi, lui s’emploie beaucoup plus largement avec toutes les prépositions : L’anme de lui, 1510. Aiez mercit de lui, 239. Devant lui, 4. Pur lui, 842. Vers lui, 938. Envirun lui, 13. Entur lui, 2090. Encuntre lui, 376. En lui meïsme, 1036. Mielz de lui, 750. (En ce dernier cas, de a le sens de la conjonction que.) ═ Lui s’emploie aussi, avec les verbes, comme complément même direct : Lui e altrui travaillent e cunfundent, 380 ; Se lui lessez, 279, etc. Dans les deux exemples suivants : Pur lui afiancer, 2090 ; E lui aidez, 364, il y a doute, et l’on pourrait soutenir qu’il s’agit d’un régime indirect. ═ Lui se combine avec meïsme : Mais lui meïsme ne volt mettre en ubli. Cf. 1036. Voy. Loi, 1375, 1522, 3614.

LUIGN. Adverbe. Loin (Longe) : Vos n’irez pas... si luign, 250. V. Loign, loinz et le suivant.

LUINZ. Adverbe. Le même que le précédent : Ja sunt il là si luinz, 2429. V. Luign, loign et loinz.

LUISANZ. Adj. verbal, s. s. m. (Lucens.) Clers fut le jurz e li soleilz luisanz, 3345. Luisant : Li soleilz est luisant, 2646. — S. s. f. : luisante (mais c’est une erreur grossière du scribe, et, pour l’assonance, il faut luisanz), 2512. — R. p. m., luisant : Quatre perruns i ad luisant de marbre, 2272. V. Luises.

LUISENT. V. Luises.

LUISERNE. R. s. f. Lumière (de lucernam) : Pargetent tel luiserne, 2634.

LUISES. Verbe neutre. Ind. prés., 2e p. s. Tu luis. (Luces.) Roland mourant dit à Durendal : Cuntre soleill si luises e reflambes, 2317. La forme est mauvaise, et nous préfèrerions lire : Si luis e si reflambes. — 3e p. s., luist : Soleill n’i luist, 980. Cf. 1553. 3e p. p. : luisent, 1031, 1326. — Part. prés., avec le sens d’un adjectif verbal, s. s. m. : luisanz, 3345, et luisant, 2646 ; s. s. f. : luisant, 2512, et r. p. m. : luisant, 2272.

LUMBARDIE. R. s. f. (Longobardiam, le pays des Longobardi), 2326.

LUNC. Préposition. Le long de : Lunc un alter, 3732. (V. le suivant.)

LUNG, LUNGE. Long. (De lungus, a) S. s. f. : lunge, 925, 1755. — R. s. m. ou n. : lung, 2310, 2836, 3374. — R. s. f. : lunge, 1789, 3255. — R. p. m. : lungs, 1654. — R. p. f. : lunges, 2852. ═ Lung-tens se trouve aux vers 2310, 3374.

LUNGEMENT. Adverbe. (Lungamente.) Si lungement tuz tens m’avez servit, 1858.

LUNG TENS. En deux mots, 2310, 3374. V. Lung.

LUR. Pronom, au datif pluriel. (Du gén. illorum.) Or e argent lur met tant en present, 398. Jo lur dirrai, 2913. Cf. lor, dans le même sens, aux v. 1448, 1687, 2074.

LUR. Adjectif ou pronom possessif. Leur. (Illorum.) Lur ou lor est, même comme adjectif, absolument invariable. On trouve lur comme r. s. m. au v. 379 (lur seignur) ; comme r. s. f., au v. 50 (la lur tere) ; comme r. p. m., aux vers 2420 et 2421 (Plurent lur filz, lur freres, lur nevolz e lur amis), 2953, etc. ; et enfin, comme r. p. f., au v. 2604 (N’unt cure de lur vies), 93, 712, 1681, 3002, 3860, etc. Cf. lor, r. p. m. et n., aux v. 996 et 3865. ═ Enfin, lur s’emploie substantivement : Mil chevaler i retienent des lur, 2442. Cf. lor dans ce sens, au v. 1445 : Si requerent les lor. V. Lor.

M

M est tantôt pour me, tantôt pour ma. Il est pour me, dans : Se m’puez, 74, et pour ma, dans Tenez m’espée, 620, etc.

MA. Adj. possessif, s. s. f. (Ne vient pas de mea ; mais (?) d’une forme archaïque et populaire, ma.) Cum decarrat ma force e ma baldur, 2902. Si penuse est ma vie, 4000. — R. s. f., ma : De meie part ma muiller saluez, 361. Cf. 3059, etc.

MACHINER. R. s. m. Nom d’un païen (?), 66.

MAELGUT. R. s. m. Nom d’un païen (?) : Ço est Gualter ki conquist Maelgut, 2047.

MAGNES. Adj., s. s. m. Grand (Magnus), 1195, 1404, 1949, 2321, 3329, 3620, et magne, 1. — Au voc. s. m., magnes, 3611 : Reis magnes, que fais tu. Entre dans la composition de Carlemagnes. Les deux éléments sont parfois séparés : Carles li magnes, 703 et 841.

MAHEU. R. s. m. Nom d’un païen (Matthœum), 66.

MAHUM. S. s. m. Mahomet (Arabe Mohammed, loué), 921. — Voc., s. m. : Mahum, 1906, et Mahum(e), 3641. — R. s. m. : Mahum, 416, 611, 2696, 3267. V. Mahumet.

MAHUMERIES. R. p. f. Mosquées (V. Mahum) : Les sinagoges e les mahumeries, 3662.

MAHUMET. S. s. m. Mahomet (V. Mahum), 868, 2711, et Mahummet, 1616. C’est cette dernière forme qui est la plus conforme à l’étymologie arabe. — R. s. m. : Mahumet, 2590, et Mahummet, 8.

MAI. R. s. m. Le mois de mai (Maium) : Ço est en mai, à l’premer jur d’ested, 2628.

MAILE. S. s. f. Maille du haubert (Macula. V. Diez, Lex. Étym., I, 258, au mot Macchia) : Le blanc osberc dunt la maile est menue, 1329.

MAILZ. R. p. m. Marteaux (Malleos) : A mailz de fer, 3663.

MAIN. R. s. f. (Manum), 2264. — R. p. f. : mains, 72, 1158 et 2015. Dans ce dernier vers, le mot mains est employé comme un véritable ablatif absolu : Cuntre le ciel ambesdous ses mains juintes.

MAIN. Adverbe. Le matin. (Mane.) Dans notre texte, il est employé concurremment avec par : Par main en l’albe, 667. Comparez la locution : Par matin, aux vers 163 et 669. ═ Au v. 383, le scribe a écrit : Er matin ; mais, pour la mesure du vers, il faut restituer : Er main.

MAINE. R. s. f. Nom d’une province de France (elle doit son nom aux Cenomani), 2323.

MAIS. Conj. Ce mot, qui dérive de magis, reçoit dans notre texte plusieurs sens : 1° Il a tout d’abord le sens du latin magis, et signifie « davantage » : N’en parlez mais, 273. Si grant doel out que mais ne pout ester, 2219. Endormiz est, ne pout mais en avant, 2520. De sun tens n’i ad mais, 3840. De vos n’en ai mais cure, 2305. Cf. mès, dans le même sens, au v. 2784. ═ 2° De là, par une légère extension, le sens assez vague de « désormais » : Quant ert-il mais recreanz d’osteier ?, 543, 566. ═ 3° Enfin, nous arrivons au sens actuel du mot mais : Li reis Marsilies... — De sun aveir me voelt duner grant masse... — Mais il me mandet que en France m’ en alge, 187. Cf. les vers 234, 1212, 1478, 1925... ═ Notons une locution importante, dont mais est un élément. Ne mais que, signifie « excepté » : Ne n’unt de blanc ne mais que sul les denz, 1934. Franceis se taisent ne mais que Guenelun, 217. Cf. ne mès que, 1309. ═ On trouve également cette locution sans que : Ne mès Rollant, 382.

MAISNÉE. R. s. f. Famille, maison (Mansionatam) : En Saraguce sa maisnée alat vendre, 1407. Si sucurez vostre maisnée, 1794. Cf. 1820, 2937. ═ Au v. 3391, le sens devient plus étendu, et maisnée est synonyme de « gent » : Li Amiralz recleimet sa maisnée, 3391. (Cinq vers plus bas, on lit : Li Amiralz la sue gent apelet, 3396.)

MAISTRE. Adj. r. s. m. ═ Ce mot n’est employé que comme adjectif dans notre texte, où il a déjà beaucoup dévié de son sens étymologique. (Magister.) Quand l’Empereur confie à ses cuisiniers, à ses cous, la garde de Ganelon : Tut le plus maistre en apelat Begun, 1818. Et nous trouvons, au vers 2939, le mot maistre employé dans une locution encore plus caractéristique : As maistres porz de Sirie. On voit, par là, combien sont anciennes, dans notre langue, ces expressions : Une maîtresse femme, un maître homme, une maîtresse ville, un maître pays, etc.

MAISUN. R. s. m. (Mansionem.) Au v. 3978, maisun est employé dans le sens d’habitation : En ma maisun ad une caitive. Mais, au v. 1817, ce mot a le sens un peu plus marqué de « maison du roi » : Si l’cumandat as cous de sa maisun.

MAJOR, MAJUR. Ce mot, dérivé du comparatif latin de magnus, n’est employé que dans une seule expression : Tere-majur ou major. On trouve majur, comme r. s. f., aux vers 818 et 952 ; major, comme vocatif s. f., au vers 1616, et comme r. s. f., au vers 600. ═ Il est d’ailleurs très-certain, contrairement à l’opinion de quelques érudits, que ce mot : Tere-major, désigne réellement la France, et c’est ce que prouve jusqu’à l’évidence le vers suivant : Tere-major, Mahummet te maldie, 1616. Ainsi parlent les païens au milieu de la bataille...

MAL. Adverbe. (Male.) Mal nos avez baillit, 453. ═ Rem. la locution mal baillir, qui signifie « mettre en un mauvais pas ». ═ Une autre expression, qui était sans doute d’un usage constant, se trouve dans l’imprécation suivante : Mal seit de l’coer ki à l’piz se cuardet, 1107.

MALBIEN. R. s. m. Nom de païen (composé probablement par fantaisie avec les mots mal et bien) : E Joïmer e Malbien d’ultre-mer, 67.

MALCUD. R. s. m. Nom de païen (Male-cogitat ?) : Ço est Malquiant, le filz à l’ rei Malcud, 1551.

MALDIENT. Verbe act. Ind. prés., 3e p. p. (Maledicunt.) Plus de XX mil humes... maldient Carlun, 2579. — Subj. prés., 3e p. s., maldie : Tere-major, Mahummet te maldie, 1616. — Part. pass. r. s. f., maldite : Tint Ethiope, une tere maldite, 1916.

MALDUIZ. R. s. m. Nom de païen (Male-ductum) : Li Reis apelet Malduiz sun tresorer, 642.

MALE. v. Mals, adjectif.

MALEMENT. Adverbe. (Mala-mente.) Seignurs, dist-il, mult malement nos vait, 2106.

MALES. V. Mals, adjectif.

MALEZ (sunt). Verbe pass. Ind. prés., 3e p. p. Sont assignés, ont leur sort judiciaire réglé par le mall germain (Sunt mallati) : Ben sunt malez par jugement des altres, 3855.

MALMIS (s’est). Verbe réfl. Parf. comp., 3e p. s. S’est mis en mauvais cas (Male-missum) : S’est parjurez e malmis, 3830. — Part. pass., r. p. m., malmis : Ki dunc veïst cez escuz si malmis, 3483.

MALPALIN. R. s. m. Nom de païen (?) : Si’ n getat mort Malpalin de Nerbone, 2995.

MALPERSE. V. Malpreis.

MALPRAMIS. S. s. m. Nom du fils de Baligant (pour Malprimes), 3175. — Voc. s. m. : Malpramis, 3184, etc. — R. s. m. : Malpramis, 3498. V. Malprimes.

MALPREIS, MALPRESE, MALPERSE. Nom d’une région païenne. Dans un couplet masc. en ei : La terce est des jaianz de Malpreis, 3285 ; et, par erreur, dans un couplet en un féminin : Malprese ou Malperse, 3253.

MALPRIMES. R. s. Nom d’un païen (?) : Malprimes de Brigals, 889, 1261.

MALQUIANT. R. s. m. Nom d’un païen (Male-cogitantem), 1551.

MALS. S. s. Douleur, souffrance (Malum, ou plutôt malus) : Ne s’poet guarder que mals ne li ateignet, 9. — R. s., mal : Deus tut mal de tramette, 1565. Jo n’ai nient de mal, 2006. (Locution qui s’est conservée comme la suivante.) Ne m’fesis mal, 2029. Ensemble averuns e le bien e le mal, 2140. Cf. 2101. — R. p. : mals, 60 et 1117.

MALS. Adjectif, s. s. m. Méchant, mauvais (Malus), 727. — S. s. f. : male, 1466, 2699, 3276. — R. s. m. : mal, 3953. — R. s. f. : male, 918, 2135. — R. p. m. : mals, 1190. — R. p. f. : males, 886, 1633, 3496.

MAL(SAR)UN. R. s. m. Nom d’un païen (?) : E vait ferir un païen Mal(sar)un, 1353. Les manuscrits de Venise IV et Versailles donnent Falsiron, Falseron ; dans le Karl-Meinet, on lit : Malsaron, etc.

MALTALANT. R. s. Mauvaise disposition, et, par extension, colère (Malum-talentum. Talentum signifie un poids qui fait pencher de tel ou tel côté...) : Li Empereres respunt par maltalant, 271.

MALTALENTIFS. Adjectif, s. s. m. Mal disposé, colère (V. le précédent) : Rollanz ad doel, si fut maltalentifs, 2056. ═ On a, mais à tort, proposé de lire en deux mots : mal talentifs.

MALTET. R. s. Nom de l’espiet de Baligant (? Malitatem) : Tient son espiet, si l’apelet Maltet, 3152.

MALTRAIEN. R. s. m. Nom d’un roi païen (? on peut y retrouver les deux mots mal et traire, indiquant une mauvaise origine ??) : Vos estes filz à l’ rei Maltraien, 2671.

MALVAIS. Voc. s. m. Mauvais. (Le mot malus entre évidemment dans ce mot comme un élément ; mais le reste est d’origine inconnue. Diez, Lex. Étym., I, 260, indique male-levatus, qui s’accorde tout au plus avec le provençal malvatz.) Ahi ! culvert, malvais hom de put aire, 763. E ! malvais Deus, 2582. — R. s. m., malvais : Getet sur un malvais sumer, 481. Ki mult te sert, malvais luer l’en dunes, 2584. malvais sermun cumences, 3600. Cf. 2135. — S. s. f., malvaise, 1014, 1016 : malvaise çançun, malvaise essample. — R. p. f., malvaises : N’en descendrat pur malvaises nuveles, 810.

MALVAISEMENT. Adv. (V. le précédent.) Que nuls prozdom malvaisement n’en chant, 1474.

MALVAISES. V. Malvais.

MANACE. R. s. f. Menace (Minatiam) : N’ai cure de manace, 293. — R. p. f., manaces : De vos manaces jo n’ai essoign, 1232.

MAND. Verbe act., 1re p. s. de l’ind. prés. (Mando.) Par vos li mand, bataille i seit justée, 2761. — 3e p. s., mandet : Iço vus mandet reis Marsilies li bers, 125. Ses baruns mandet, 166, 169. Mandet sa gent, 2623. C’est par erreur, qu’au vers 3679, le scribe a écrit mandet, au lieu de muntet. — Parf. simpl., 3e p. s., mandat : Deus li mandat que, 2319. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. m. : En Babilonie Baligant ad mandet, 2614, et avec un r. p. f., ad mandées : Quatre cuntesses... ad mandées, 3729. — Plus-que-parf., 1re p. s., avec un r. s. m. : aveie mandet, 2770. — Fut., 1re p. p. : manderum, 1699. — Impér., 2e p. p. mandez, 28. — Part. pass., r. s. m. : mandet, 2614, 2770. R. p. f. : mandées, 3729.

MANEVIZ. Adj., r. s. m. Bien disposé, ardent (d’après Diez, du gothique manvus, prêt ; et manvjan, préparer) : Tant se fait fort e fiers e maneviz, 2125.

MANGER. Verbe actif, inf. prés. (Manducare.) Urs e leuparz les voelent puis manger, 2542. Fut., 3e p. p., mangerunt : N’en mangerunt ne lu, ne por, ne chen, 1751. Par les deux exemples précédents, on voit qu’on disait dès lors : Manger quelque chose et manger de quelque chose. ═ Ce mot ne se trouvant comme assonance que dans un couplet en ier, il faut lire mangier.

MANGUNS. R. p. m. Sorte de monnaie. (Ducange rattache mancusa à manca, marca. Manguns est sans doute de la même famille.) Quand Valbrun donne son épée à Ganelon, il dit qu’Entre les helz ad plus de mil manguns, 621. Pour l’explication de ce vers, voy. nos Notes, aux v. 621 et 994, p. 118.

MANTEL. R. s. Manteau (Mantellum ou mantellus. Cette dernière forme, au m., se trouve notamment dans les vers latins de Primat, qu’a publiés M. Paul Meyer dans la Bibl. de l’Éc. des Chartes, XXXI, 310), 462, 830. — R. p. : mantels, 2707. Voy. notre Note du vers 463.

MANUVERER. Verbe actif. Opérer, travailler, placer avec la main. (Manoperari.) Il est dit que Charles, possédant le fer de la lance dunt nostre Sire fut en la cruiz nafrez, le fit mettre dans le pommeau de son épée : En l’oret punt l’ad faite manuverer, 2506. Müller écrit manuvrer.

MAR. Adv. Mal à propos, inopportunément, à tort (Mar, mare, est, suivant Diez, une contraction de mala hora) : Ja mar crerez Marsilie, 196. Il faut traduire : « Vous aurez bien tort de croire Marsilie. » Ja mar crerez bricun, 220. Li duze per mar i serunt jugez, 262. Carles li magnes mar vos laissat as porz, 1949. Sire cumpainz, mar fut vostre barnage, 1983. Tant mar fustes hardiz, 2027. Mar veïstes Rollant, 2475. Cf. 791 et 1057. On peut dire que ces locutions, et notamment tant mar, étaient devenues très-usuelles et presque proverbiales. ═ Mare est exactement employé dans le même sens... quand le poëte a besoin d’une syllabe de plus : Tant mare. Tant mare fustes, ber, 350. Barun, tant mare fus (c’est la formule de l’oraison funèbre), 1561. Li Empereres tant mare vos nurrit, 1860. Si mare fumes nez, 2146. Cf. 2221, 2823.

MARBRE. R. s. m. (Marmor.) Un perrun de marbre bloi, 12. Cf. 2260.

MARBRISE. R. s. f. Nom d’une localité en Espagne. (Le type latin serait Marmoritia. D’autre part, la Marmarique, dans l’antiquité, était une contrée de l’Afrique. Est-ce un souvenir ? non : c’est un mot de fantaisie.) Laisent Marbrose et si laisent Marbrise, 2641.

MARBROSE. R. s. f. (Comme le précédent. Le type latin serait : Marmorosa), 2641.

MARCHE. R. s. f. Un pays frontière, et, par extension, le pays, l’empire tout entier (de l’anc. haut allem. marcha, frontière) : Car m’eslisez un barun de ma marche, 275. Charles... nus requert ça en la nostre marche, 374. Charles dit de Roland qu’il a laissé en Espagne : Jo l’ai lesset en une estrange marche, 839. Cf. 2209 et 3128, où marche a plutôt le sens de pays frontière. Partout ailleurs, son sens est plus étendu. — R. p. f., marches : Ço est Loewis... Si tendrat mes marches, 3716. Chrestiens ert, de mei tendrat ses marches, 190.

MARCHET. R. s. Marché, échange (Mercatum) : Li reis Marsilie de nos ad fait marchet, 1150. ═ Comme le couplet est en ier, il faut lire marchiet. ═ On voit que la locution « faire marché de... » remonte très-haut dans notre langue.

MARCHIS. S. s. m. Celui qui est à la tête d’une marche ou pays frontière. Déjà, dans le Roland, le sens est plus étendu. Et même un païen va jusqu’à dire de Charlemagne : Grant ad le cors, ben resemblet marchis, 3502. Cf. 2971. (À marchensis, je préfère l’étymologie marquisius, marquisus. Ce dernier mot se trouve dans un texte de 965, etc.) ═ Roland est toujours qualifié de « marquis », ce qui s’accorde avec l’histoire, puisqu’il fut en réalité préfet des Marches de Bretagne : A icest mot se pasmet li Marchis, 2031. — R. s. m., marchis : Si nos aidez de Rollant li marchis, 630. Cf. 3058 et 3502. ═ Ce mot entre dans la composition de Val-Marchis, 3208.

MARCULES. S. s. m. Nom de païen (ce ne peut être le même mot que Marculfus, Marcou ?) : L’estreu li tint Marcules d’outre-mer, 3156.

MARE. Adv. (V. Mar.) Tant mare fustes, ber, 2221. Si mare fui, 2823. Cf. 350, 1561, 1860, 2146...

MARGANICES. S. s. m. Ce mot est sans doute une erreur du scribe, pour Algalifes : Li Marganices sist sur un ceval sor, 1943. Cf. 1914.

MARGARIZ. S. s. m. Nom d’un païen. Un margerit, en provençal, est un apostat, un mécréant, et le même mot existe dans le roman du nord. (V. Ducange, aux mots Magarita, Magarites, Magarisare ; en grec, μαγαρίζειν.) Curant i vint Margariz de Sibilie, 955. Cf. 1310, 1311.

MARIE. Voc. s. f. La Vierge-mère (Maria, de l’hébreu Miriam, élévation, et, par extension, reine), 3203. — R. s. f. Ne creit en Deu, le filz seinte Marie, 1634. (Cette épithète de Dieu est constante dans toutes nos Chansons.) De l’vestement i ad seinte Marie, 2348.

MARINE. Adj. r. s. f. (Marinam.) Cil tient la tere entre[s]qu’à Scaz marine, 956 (?).

MARMORIE. R. s. m. Nom d’un cheval (Marmorius, marbré ?) : Siet el’ cheval que il cleimet Marmorie, 1572.

MARRENES. R. p. f. Marraines (Matrinas) : Or seit faite par marrenes, 3982.

MARSILIES. S. s. m. Nom du roi païen de Saragosse (nom de fantaisie. L’étymologie paraît être latine, Marcilius), 89, 2741, etc. Marsilie, 7, 10, 62, 78. Marsiluin, 222. — Voc. s. m. : Marsilie, 1618. — R. s. m. : Marsilie, 196, 860, etc. Marsilies (par erreur), 874, et Marsiliun, 245, 276, 2700.

MARSUNE. R. s. Lieu où Charlemagne conquit son cheval Tencendur (?) : Il le cunquist ès guez desuz Marsune, 2994.

MARTIRIE. S. s. Ce mot signifie, non pas dans un sens restreint, le martyre des saints, mais un massacre, une mort violente quelconque. Même il s’applique trois fois sur quatre aux païens (Martyrium) : Ne l’ di pur ço des voz iert là martirie, 591. — R. s., martirie : Le[s] XII pers sunt remés en martirie, 965. Marsilies veit de sa gent le martirie, 1628. Au vers 1166, on trouve par erreur matirie.

MARTIRS. S. p. m. (Martyres.) Se vos murez, esterez seinz martirs, 1134.

MARTRE. R. s. f. (Martalum.) De sun col getet ses grandes pels de martre, 281. Tert lui le vis od ses granz pels de martre, 3940.

MARUSE. R.s.f. Nom de lieu païen (?), 3257.

MASSE. R. s. f. (Massam.) De sun aveir me voelt duner grant masse, 182.

MAT. Subj. prés. 1re p. s. de matir. Ne lerrai que ne l’mat, 893. V. Matir.

MATICES. R. s. f. Pierres précieuses, améthystes (?) (Amethystos ?) : Ben i ad or, matices e jacunces, 638.

MATIN. Adj. r. s. n. Employé avec par, produit la locution « par matin » (Per matutinum) : Li Empereres est par matin levet, 163 et 669.

MATIN. Adv. Le matin (Matutine) : Oi matin, 2601. Hoi matin, 3629. Au vers 383, on trouve er matin ; mais pour la mesure il faut restituer er main.

MATINES. R. p. f. Une des sept heures canoniales (Matutinas) : Messe e matines ad li Reis escultet, 164 et 670.

MATIR. Verbe actif. Inf. prés. Mâter, abattre. (Locution tirée du jeu d’échecs. Schâch mat signifie en persan : « Le roi est mort ; » d’où échec et mat. Je ne pense pas que ce mot puisse, comme le pense Littré, dériver jamais de mactare. V. Diez, I, 269.) Le grant orgoill se ja puez matir, 3206. — Subj. prés. 1re p. s., mat : Ne lerrai que ne l’ mat, 893.

MAZ. R. p. m. Mâts de navire (de l’ancien haut allemand mast ; nordique, mastr. V. Diez, I, p. 268, au mot Masto) : En sum ces maz e en cez haltes vernes, 2632.

ME. Pron. pers. r. s. m. (Me.) Il faut ici distinguer deux sens très-nets : 1° Me est employé comme régime direct : Si me guarisez e de mort e de hunte, 21, etc. etc. ═ 2° Il est employé comme régime indirect, ou, pour mieux dire, dans le sens du latin mihi : Par la barbe ki à l’ piz me ventelet, 48. Kar me jugez ki ert en la rere-garde, 742. Cf. 656. Soer, cher[e] amie, d’hume mort me demandes, 3713.

MEI. Pron. pers. r. s. m. Moi. (Mihi.) Trois emplois distincts : 1° Régime indirect (mihi) : Mei est vis, 659. Cest mot mei est estrange, 3717, etc. ═ 2° Régime direct : Mei ai perdut e (tres)tute me gent, 2834. Ja mar crerez bricun..., ne mei, ne altre, 221. Cf. 20 et 2858. ═ 3° Régime de toutes les prépositions : De mei, 82, 190, 250. Pur mei, 1863, 2937. Par mei, 461. Sur mei, 754. Devant mei, 748. Encontre mei, 1516...

MEIE. Adj. possessif, s. s. f. Mienne. Forme analogue à tue et sue (fait sur mea), 2198. — Voc. s. f. : meie, 3295. — R. s. f. meie, 47, 301, 361, 988, 1719, 2369. ═ Il faut observer que meie ne s’emploie (sauf une ou deux exceptions faciles à comprendre, comme : Meie culpe) qu’avec un article ou un pronom démonstratif : La meie mort, 2198. Ceste meie grant ire, 301. Od la meie, 988. etc. Bref, c’est le synonyme, non pas de ma, mais de mienne. On ne voit guère comment Burguy trouve dans meie une forme picarde.

MEIGNENT. Verbe neutre, ind. prés. 3e p. p. Demeurent, habitent (Manent) : Dient alquanz que Diables i meignent, 983.

MEILLUR, MEILLOR. Adj. comparatif, r. s. m. Meilleur. (Meliorem.) — Au r. s. m., on trouve meillor, 51 (?), 231, 629, 775, 1674, 2214. — R. s. f. meillur, 620. — S. p. m meillor, 449, 451. — R. p. m. meillors, 1850. Meillors, 344 (?), 502, 1420 (?), 1857, 2121, 3020, 3085. = Au vers 449, meillor est employé substantivement : Einz vos averunt li meillor cumperée. = Il est à peine utile d’ajouter que la forme autorisée par la phonétique de notre texte est meillur.

MEINENT. 3e p. p. de l’ind. prés. de mener, 991, 3668. V. Mener.

MEINET. 3e p. s. de l’ind. prés. de mener, 3680. V. Mener.

MEIS. R. s. m. Mois (Mensem) : D’oi cest jur en un meis, 2751. Cf. 83 et 693.

MEÏSME. Adj. s. s. m. Même (Metipsissimus, metipsimus, meïsme) : L’Emperere meïsme ad tut à sun talent, 400. — R. s. m. meïsme, 1036, 1644, 2315, 2382, 2552 (au n). — R. p. f., meïsme : Nuncerent vos cez paroles meïsme, 204. ═ Il y a lieu ici de faire deux remarques : 1° Meïsme s’emploie concurremment avec lui et sei : En lui meïsme en est mult esguaret, 1036. Cf. 2382 : Mult quiement le dit à sei meïsme, 1644. Cf. 2315. — 2° Meïsme forme avec de cette locution adverbiale qui est restée dans notre langue : « De même » : Altre bataille lur liverez de meïsme, 592.

MEITET. S. s. f. Moitié (Medietas), 1484. — R. s. f. : meitet, 473, et meitiet, 1264, 3433. — R. p. f. : meitiez, 1205. ═ La forme correcte est meitiez, comme le prouvent les assonances. Ce mot, en effet, ne se trouve, comme assonance, que dans les laisses en ier.

MELZ. Adv. comparatif. Mieux (Melius), 44, 516, 1091, 1872. ═ On trouve trois autres formes : 2° Mielz, 536. 3° Mielz, 58, 359, 539, 639, 750, 1475, 1646, 2336, 3715, 3909. 4° Miez, 2473. ═ Mielz est employé adjectivement au vers 1822 : C. cumpaignons... des mielz e des pejurs. — La forme correcte est mielz. Ce mot, en effet, ne se trouve en assonance que dans les laisses en ier.

MEMBRE. s. p. Membres (Membra), 3971. — R. p., Membres : Puis en perdit e sa vie e ses membres, 1408. ═ Cette dernière locution, d’origine féodale (vitam et membra), se retrouve encore aujourd’hui dans la liturgie romaine. L’évêque élu prononce, dans sa formule de serment, la phrase suivante : Non ero in consilio aut consensu vel facto ut vitam perdant aut membrum Dominus Papa suique successores. (Pontifical romain, de Consecratione electi in episcopum.)

MEN. Adj. possessif, r. s. m. Mien. (Il y a quelque chose de plus que meum ; et nous ne saurions admettre, avec M. Brachet, que ce soit une forme adoucie de mon.) Vers 43, 249, 524, 539, 756, 767, 1709, 1791, 2073, 2286, 3591. ═ On trouve au s. s. m. : miens, 743, et au r. s. m. mien, 149, 339, 1936, 2183, 2718. C’est cette dernière forme qui est la meilleure d’après les assonances.

MENÇUNGE. S. s. (De mentiri comme radical, avec une terminaison en onicum ou omnium ?) S’altre le desist, ja semblast grant mençunge, 1760.

MENDEIER. Verbe neutre. Inf. prés. (Mendicare a donné « mendier »). Ne nus seiuns cunduiz à mendeier, 46.

MENDISTED. R. s. f. Mendicité (Mendicitatem), 527. Mendistet entre comme assonance dans un couplet en er, et mendistied, quelques vers plus loin (542), dans un couplet en ier. Ce qui prouve que le même mot (et nous en avons d’autres exemples), pouvait, en certains cas, faire partie, au gré des versificateurs, des laisses en er et de celles en ier.

MENÉE. R. s. f. Certaine sonnerie particulière du graisle ; sans doute la charge ou la poursuite (Minatam ; voy. le suivant) : VII milie graisles i sunent la menée, 1454. ═ Ce même mot est employé, dans un sens plus large, pour le son même des cors ou des « olifans » : S. p. f., Menées : De l’olifan haltes sunt les menées, 3310.

MENER. Verbe act. Conduire (Minare), 906. — Ind. prés., 3e p. s. : meinet, 3680. 3e p. p., meinent, 991 et 3668. — Impér., 2e p. p., menez, 211. — Fut., 2e p. p., merrez, 3204. ═ Passif. Fut., 3e p. s., avec un s. s. f. : Iert menée, 3673. 2e p. p., avec un s. s. m. : serez menet, 478. — Part. pass., s. s. m. : menez, 478 : s. s. f. : menée, 3673. ═ On dit « mener une guerre », 906, etc.

MENTIS. Verbe neutre. Parf. simp. 2e p. s. (Mentir vient de mentiri.) Veire pate[r]ne ki unkes ne mentis, 2384. C’est une des épithètes les plus constantes de Dieu dans nos Chansons de geste. 3e p. s. : mentit, 1865. — Parf. comp. 2e p. p., avez mentit : Vos i avez mentit, 1253.

MENTUNS. R. p. m. (Menton vient du lat. mentum avec une désinence en o, onis.) Es vis e es mentuns, 626. Cf. le v. 3273, où le scribe, au r. p. m., a écrit mentun au lieu de mentuns.

MENU. Adverbe. V. Menut.

MENUE. Adjectif, s. s. f. Petite, fine (Minuta) : Le blanc osberc dunt la maile est menue, 1329. — S. p. m., menues. Il est dit, en parlant des tours de Saragosse, que : Les dis sunt grandes, les cinquante menues, 3656. — R. p., menuz : De mes pecchez, des granz e des menuz, 2370. Cf. 3605. — R. p. f., menuz, par erreur : D’ici qu’as denz menuz, 1956. V. Menut.

MENUR. Adj. comparatif, r. s. f. (Minorem.) Avec la, c’est un superlatif : En la menur (eschele), 3219.

MENUT. Adverbe. (Minute.) La locution « menut e suvent » est fréquemment employée dans notre vieille langue (vers 1426 et 2364). ═ Au v. 739, nous trouvons menu sans le t étymologique : Par mi cel host suvent e menu reguardet.

MER. S. s. f. (De Mare, sous une forme féminine.) La mer en est plus bele, 2635. — R. s. f., mer : Vers Engletere passat il la mer salse, 372. Cf. 3, 67, 1521. Dans ce dernier vers, rem. la locution « par mer » : Sire est par mer de .IIII. C. drodmunz.

MER. Adjectif, r. s. Pur. (Merum.) C’est l’épithète constante du mot or : Or mer, 115, 1314, 1738, et 3887. Mier, qui se trouve aux v. 1506 et 3866, est la forme véritable ; c’est celle qu’il faut lire aux vers 115, 1314, 1738 et 3887. Car ce mot ne se trouve jamais, comme assonance, que dans les couplets en ier.

MERCIET (ad). Verb. act.. 3e p. s. du parf. comp., avec un r. s. m. A remercié. (Mercier est le verbe de mercit, qui vient de mercedem.) Li reis Marsilie mult l’en ad merciet, 908. — Subj. prés., 3e p. s., mercie : Deus... à bien le vos mercie, 519. Il faut remarquer que le sens ici n’est plus le même. (C’est celui de « Dieu vous en récompense ». Cette signification est plus étymologique que la première. V. le suivant.

MERCIT. R. s. f. Pitié, miséricorde (Mercedem) : Il vos mandet qu’aiez mercit de lui, 239. Cf. 82, 1854. Si preiez Deu mercit, 1132. Cf. 2383. Deus ait mercit de l’anme, 3721. On voit, par les vers précédents, l’emploi déjà fréquent des deux locutions « avoir merci de » et « prier ou demander merci ». ═ Une troisième expression populaire est : « En ma mercit » : S’en ma mercit ne se culzt à mes piez, 2682. Cf. le v. 3209 : Sire, vostre mercit, et cette locution adverbiale qui se trouve trois fois dans notre texte : Deu mercit ou mercit Deu, 1259, 2183, 2505 : Cest premer colp est nostre, Deu mercit, 1259. Carles en ad l’amure mercit Deu, 2505. Le sens est celui de : « Grâce à Dieu… »

MERES. R. p. f. (Matres.) Ne reverrunt lor meres ne lor femmes, 1402.

MERREZ. Verb. act., fut. simple, 2e p. p. de mener (Minare habetis, menerez, menrez), 3204. V. Mener.

MERVEILLE. S. s. f. (Mirabilia.) Nen est merveille se Karles ad irur, 2877. Remarq. la locution : « Ce n’est pas merveille si… »

MERVEILLER (me). Verbe réfléchi. Inf. prés. (V. Merveille.) Mult me puis merveiller de Carlemagne, 547. — Ind. prés., 1re p. s., me merveill : Mult me merveill se ja verrum Carlun, 3179. — Subj. prés., 3e p. s., s’en merveilt : N’i ait Franceis ki tot ne s’en merveilt, 571.

MERVEILLUS. Adj. s. s. m. (V. Merveille.) Merveillus hom est Charles, 370. — S. s. f., merveilluse : La bataille est merveilluse, 1412 ; Cf. 1610, et merveillose, 1620. — R. s. m., merveillus : Par merveillus ahan, 2474, 3104, 3218, 3963. — R. s. f. : merveilluse, 843. — S. p. m. : merveillus, 815. — S. p. f. : merveilluses, 598. — R. p. : merveillus, 2534, et merveilus, 1397. — R. p. f. : merveilluses, 2919. ═ Comme on le voit, d’après les deux premiers exemples cités plus haut, ce mot s’applique aux personnes tout aussi bien qu’aux choses. ═ Rem. la locution : Par merveillus ahan.

MERVEILLUSEMENT. Adverbe. (V. Merveille.) E li païen merveillusement fièrent, 3385.

MÉS. S. s. m. Messager (Missus) : Si l’ m’a nunciet mes més li Sulians, 3191.

MES. Pronom ou adjectif possessif, s. s. m. (Meus), 297, 3191, 3593, 3716. — R. p. m. (Meos.) Ociz mes cumpaignuns, 1899. Cf. 84, etc. — R. p. f., mes : Il est mes filz e si tendrat mes marches, 3716. Mes était également le s. p. m. et f. V. Mis : c’est à ce mot que nous avons donné toute la déclinaison de ce pron. possessif.

MÈS. Conjonction. (Magis), 382, 1309, 1689, 2784. Pour les différents sens de ce mot, voy. Mais.

MESLÉE. R. s. r. Querelle (Misculatam) : Dient Paien : « Desfaimes la meslée, » 450.

MESLISEZ (vos vos). Verbe réfl., subj. imparf., 2e p. p. (Vient d’un verbe tel que meslir, dont l’étymologie est analogue à celle de mesler, misculare) : Jo me crendreie que vos vos meslisez, 257. ═ À cause de l’assonance, le scribe aurait dû écrire : meslisiez.

MESPENSANT. Part. prés., s. p. m. du verbe neutre mespenser. Ayant une basse pensée (Minus-pensantes) : Seignors barons, n’en alez mespensant, 1472.

MESSAGE. Ce substantif a deux sens : 1° Celui de « messager » (Missaticus). 2° Celui de « message » (Missaticum). Dans le premier sens, on le trouve, comme s. p. m. (message), aux v. 120, 2704, 2725, 2765, et comme r. p. m. (messages), aux v. 143, 367 et 2742. ═ Dans le sens de « message », on ne le retrouve qu’au r. s. (message), aux v. 92, 276, 418 et 3131.

MESSAGER. S. p. m. (Missaticerii ?) Li messager ambedui l’enclinerent, 2763.

MESSE. R. s. f. (Missam), 164, 670. On dit : « Chanter la messe » : Tel coronet ne chantat unches messe, 1563. Ce même mot s’emploie au pluriel : on dit de Pinabel et de Thierry, avant leur duel, qu’ils oent lur messes, 3860.

MESTER. S. f. Besoin (Ministerium) : Jà li corners ne nos avereit mester, 1742. Le scribe aurait dû écrire mestier ; car ce mot est employé, comme assonance, dans une laisse en ier. ═ On remarquera la locution : Aveir mestier.

MESURE. S. s. f. (Mensura), 1725. — R. s f. : mesure, 146, 1035. ═ Ce mot a deux sens : 1o « Proportion, étendue, nombre » : Tant i en ad que mesure n’en set, 1035. En quel mesure en purrai estre fiz, 146. ═ 2o Au fig. « Modération » : Mielz valt mesure que ne fait estultie, 1725.

MESURER. Verbe act. Inf. prés. (Mensurare.) Cinquante pez i poet hom mesurer, 3167. Cf. 1218.

METAS. Entre dans la composition de Val-Metas (?), 1663.

METTRE. Verb. act. Inf. prés. (Mittere), 2382, et metre, 3692. — Ind. prés., 3e p. s. : met, 394, 398, 1533, 1559, 1821, 3523 ; et au réfl. : sei met, 2277. 3e p. p. : metent, 1826, 3861 ; et au réfl. : se metent, 1139. — Parf. simpl., 1re p. s. : mis, 3457. 3e p. s. : mist, 443, 1248, 1286, 2192, 2238. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. m. : ad mis, 1753. Cf. 3355. Et avec un r. s. f. : ad mise, 3363. 3e p. p., avec un r. s. m. : unt mis, 1828. Au réfl., 3e p. p., avec un s. p. m. : se sunt mis, 1136. — Fut., 1re p. s. : metrai, 149, 926. — 1re p. p. : metrum, 952, 954. — Impér., 2e p. p. : metez, 212. — Subj. prés., 3e p. s. : metet, 2197, 2898. ═ Passif Fut., 3e p. s., avec un s. s. f. : ert mise, 968. — Subj. imparf., 3e p. s., avec un s. s. f. : fust mise, 2941. — Part. passé, s. s. f. : mise, 968 et 2941. R. s. m. : mis, 1753, 1828, 3355. R. s. f. : mise, 3303. S. p. f. : mises, 91. R. p. m. : mis, 1136. ═ Les sens du mot mettre sont déjà tous ceux d’aujourd’hui, et le sens étymologique est lui-même conservé dans ce vers où l’on voit Charles « envoyer » à Ganelon cent de ses cuisiniers pour le torturer : Si met .C. cumpaignuns de la quisine, 1821. ═ Plusieurs locutions sont à noter. Mettre en present signifie « donner », 398 : Or e argent lur met tant en present. ═ Mettre en ubli a le sens « d’oublier » : Mais lui meïsme ne volt mettre en ubli, 2382. ═ Se mettre en piez (2277), ou sur piez (1139), c’est « se relever ». ═ Toutes les autres expressions où se trouve le mot mettre, peuvent s’expliquer par le sens ordinaire de « placer, » etc. : Mist la main à l’espée, 443. L’Arcevesques, que Deus mist en sun num, 2238. A tere se sunt mis, 1136, etc.

MI. Pronom ou adjectif possessif, s. s. m. (De Meus, pour Mis. V. ce mot.) Mult vos priset mi Sire e tuit si hume, 636. Carles mi sire, 1254. Se m’creïsez, venuz i fust mi sire, 1728. Cf. 1928. Mi, pour mis, est probablement le résultat et le signe d’une prononciation rapide. — S. p. m., mi (Mei) : Cunseilez mei cume mi saive hume, 20. Cf. 1063, 1076, 2861, 3136. — Voc., pl. m. : Mi damne Deu, jo vos ai mult servit, 3492. Baligant s’adresse ici à Mahom, Tervagant et Apollin, qui sont les trois divinités païennes…

MI. Adjectif indéclinable. (Medium.) Avec un subst. sing. m. ou n. : Par mi un val, 1018. En mi le dos, 1945. Par mi le pis, 1947. — Avec un subst. sing. f. : En mi ma veie, 986. Tute la teste li ad par mi severée, 1371. — Avec un r. p. m. ou n. : En mi les dos, 3222, etc. On voit, par les exemples précédents, qu’en effet mi est partout indéclinable. Ajoutons qu’il se combine avec en et par, de manière à former deux mots qui ont fait fortune dans notre langue : enmi, parmi

MICENES. Nom de pays ou de peuple païen (?) : La premere (eschele) est de cels de Butentrot, — E l’altre après de Micenes as chefs gros, 3220, 3221.

MICHEL. R. S. m. (De l’hébreu mashal-el, semblable à Dieu.) Vos le siurez à la feste Seint Michel, 37. Cf. 53. A la grant feste seint Michel de l’ Peril, 152. Seint Michel de l’ Peril, 2394. V. notre Introduction, I, p. lxviii, lxix, et nos Notes, II, p. 22 et ss., où nous avons établi qu’il s’agit dans notre Roland du pèlerinage du Mont-Saint-Michel près d’Avranches. (Sanctus Michael in Monte Tumba, Sanctus Michael de Periculo maris.) ═ Ce mot ne se trouve, comme assonance, que dans les couplets en ier : c’est donc Michiel que le scribe eût dû écrire.

MIE. Négation explétive. (Mica, parcelle ; mica panis, mie de pain.) De sa parole ne fut mie hastifs, 140. Li quens Rollanz ki ne l’otriet mie, 194. Carles se dort qu’il ne s’esveillet mie, 724. Cil ki là sunt ne funt mie à blasmer, 1174. Cf. 1186, 1642, 2034, 2554, 3572, 3999. (V. Sweighæuser, De la Négation dans les langues romanes, pp. 101 et ss.)

MIELZ. Adv. comparatif. Mieux. (Melius.) Ce mot se présente sous quatre formes dans le Roland : 1° Mielz. C’est la forme correcte, puisque ce mot ne se trouve, comme assonance, que dans les couplets en ier. On la trouve aux v. 58, 359, 539, 639, 1475, 1646, 2336, 3715, 3909. 2° Melz, 44, 516, 1091, 1872. 3° Mielz, 536. 4° Miez, 2473. ═ Il convient de remarquer que mielz est employé adjectivement. C’est ainsi qu’on le trouve comme r. p. m. au v. 1822 : Des mielz et des pejurs.

MIENS. Adjectif possessif, s. s. m. (V. Men), 743, et mien, 2183. — R. s. m. : mien, 149, 339 (?), 1936 (?), 2718, et men, 43, 249, 524, 539, 756, 767, 1709, 1791, 2073, 2286, 3591. ═ Avec un substantif sous-entendu : A l’ Jhesu e à l’ mien, 339. ═ La seule forme correcte est mien ; et, en effet, ce mot se trouve uniquement employé, comme assonance, dans les couplets en ier.

MIER. Adj., r. s. Pur. (Merum.) Comme nous l’avons dit, c’est l’épithète constante du mot or, 1506, 3866. Cf. la forme mer, aux v. 115, 1314, 1738, 3887. ═ De ces deux formes, la première est seule correcte, puisqu’on ne trouve ce mot employé comme assonance que dans les laisses en ier.

MIEZ. Adverbe. Mieux (Melius) : Li miez guariz, 2473. V. Miels.

MIL. Nom de nombre indéclinable. (Mil vient de mille ; milie, de millia. On dit mil pour un seul millier ; milie, pour plusieurs. V. notre note du v. 13.) Mil hosturs, 31. Od mil de mes fedeilz, 84. Plus de mil manguns, 621. Funt mil grailles suner, 700. Pernez mil humes, 804. Cf. 1004, 1527, 2071, 2442, 3661. ═ Indépendamment de son sens propre, mil, comme nous l’avons dit ailleurs, a un sens indéterminé : En la grant presse mil colps i fiert e plus, 2090, etc.

MILIE. Nom de nombre indéclinable. (V. Mil.) Avum iiii milie calanz, 2728. Vii milie graisles i sunent, 1453. Vint milie humes, 13. Cf. 548, 789, 802, 2578, 3039. Sunt plus de cinquante milie, 1919. Seisante milie cornent, 2110. Cent milie Francs en unt si grant dulur, 2907. Cf. 991, 2932, 3000, 3671. IIII. C. milie atendent l’ajurnée, 715. Cf. 682, 851. ═ Deux remarques : 1° Milie, comme on le voit par les exemples précédents, s’emploie tantôt avec, tantôt sans substantif. 2° Il s’emploie en outre substantivement. : XV milies de Francs, 3019. Dans ce dernier sens (?), il serait déclinable. Voy. Millers.

MILLIERS, MILLERS. Nom de nombre. (Milliaria.) Au sujet (2072, 2416) comme au régime (109, 1685, etc.), ce mot, dans le texte de la Bodléienne, se présente avec un s final (sauf au v. 1417). 1° Milliers : Ço dist la geste, plus de iiii milliers, 1685. De dulce France i ad xv milliers, 109. — 2° Millers : Se pasment xx millers, 2416. Cf. 2794. Plus de trente millers, 2544. Quarante millers, 2072. Cent millers, 1440. ═ Rem. l’expression indéterminée : a millers, 1439. A millers e à cent, 1417. ═ Entre les deux formes : milliers et millers, notre choix n’est pas douteux : la première seule est autorisée par la théorie des assonanees en ier.

MILUN. R. s. m. Nom d’un comte français (Milonem ; le cas sujet serait Mile), 173, 2433, 2971.

MIRRE. R. s. f. Myrrhe, entrant dans la composition de l’encens (Myrrham) : Mirre e timoine i firent alumer ; — Gaillardement tuz les unt encensez, 2958, 2959.

MIS. Pronom ou adjectif possessif. Mon. (Meus.) Voici la déclinaison complète de mis : S. s. m. : mis, 136, 144, 277, 1087, 1515, 2107 ; mi, 636, 1254, 1728, 1928 ; mes, 297, 3191, 3593, 3716, et, par erreur, mun, 2050. — S. s. f. : ma, 2902, 4000. — R. s. m. (et n.) : mun, 188, 276, 362, 629, 651, 785, 867, 892, 2347, 2914, 3072, 3591, 3592, 3907, et, par erreur, mis, 838. — S. p. m. : mi, 20, 1063, 1076, 2861, 3136. — S. p. f. : mes. — Voc., p. m. : mi, 3492. Le voc. p. f. serait mes. — R. p, m. : mes, 84, 1899. — R. p. f. : mes, 3716.

MIS. Verbe act., 1re p. s. du parf. simpl. de metre (Misi), 3457. V. Metre.

MIS, MISE. Part. pass. de metre, s. et r. s. m. et f. (V. les sept articles suivants.) — S. p. f. : mises, 91.

MIS (ad). Verbe act., 3e p. s. du parf. comp. de metre, avec un r. s. m. (Habet missum), 3355. V. Metre.

MIS (unt). Verbe act., 3e p. p. du parf. comp. de metre, avec un r. s. m. (Habent missum), 1828. V. Metre.

MIS (se sunt). Verbe act., employé au réfl., 3e p. p. du parf. comp. de metre, avec un s. p. m. (Se sunt missos), 1136. V. Metre.

MISE (ad). Verbe act., 3e p. s. du parf. comp. de metre, avec un r. s. f. (Habet missam), 3363. V. Metre.

MISE (ert). Verbe pass., 3e p. s. du fut. de metre, avec un s. s. f. (Erit missa), 968. V. Metre.

MISE (fust). Verbe pass., 3e p. s. de l’imparf. du subj. de metre, avec un r. s. f. (Fuisset missa), 2941. V. Metre.

MISES. Part. pass. de metre, au s. p. f. (Missæ.) Li frein sunt d’or, les seles d’argent mises, 91.

MIST. Verbe act., 3e p. s. du part. simple de metre(Misit), 443, 1248, 1286, 2192, 2238.

MOERC. Verbe neutre, 1re p. s. de l’ind. prés. de murir (Moriar). 1122. V. Murir et Moerge.

MOERENT. Verbe neutre. 3e p. p. de l’ind. prés. de murir (Moriunt(ur), 1348, 3477. V. Murir.

MOERGE. Verbe neutre, 1re p. s. du subj. prés. de murir (Moriar), 359, 448. V. Murir.

MOERGENT. Verbe neutre. 3e p. p. du subj. prés. de murir (Moriant(ur), 1090. V. Murir.

MOERGET. Verbe neutre, 3e p. s. du subj. prés. de murir (Moria(tur), 3963. V. Murir.

MOERIUM. Verbe neutre, 1re p. p. du subj. prés. de murir (Moriamur), 1475. V. Murir.

MOLLEZ. Adj. part., s. s. m. Moulé, fait au moule (Modulatus) : Tis cors ben mollez, 3900, et mollet : Belement est mollet, 3159.

MONIE. S. s. m. Moine (Monachus) : Deit monie estre en un de cez mustiers, 1881. — R. p. m., munies : Munies, canonies, proveires coronez, 2956. On peut lire et écrire : monie ou monje. Il n’est pas douteux qu’on ne prononçât monje. V. le v. 3637, où canonie est à la fin d’un vers, dans une laisse féminine en un. ═ C’est monie, d’ailleurs, qui nous paraît la meilleure forme écrite ; c’est celle du moins qui est le mieux en rapport avec la physionomie de notre dialecte et les habitudes de notre scribe.

MORDENT. Verbe act. Ind. prés., 3e p. s. (Mordent.) E porc e chen le mordent, 2591. — Parf. simple, 3e p. s. (?), morst, El’ destre braz li morst uns vers si mals, 727.

MORIANE. R. s. f. Nom d’un pays païen (Mauritaniam ?) : Uns Almacurs i ad de Moriane, 909. V. Mors.

MORIANE. R. s. f. La Maurienne, en Savoie (?) (Maurianam, nom que l’on trouve pour la première fois dans Grégoire de Tours) : Carles esteit es vals de Moriane, 2318.

MORS. R. p. m. Maures (en latin, Mauri ; de l’arabe Maghreb, occident) : La siste (eschele) est d’Ermines, e de Mors, 3227.

MORST. V. Mordent.

MORT. S. s. f. (Mors.) Oliver sent que la mort mult l’angoisset, 2010. La meie mort me rent si anguissus, 2198. Cf. 2232. La mort li est près, 2270. Cf. 3923. — R. s. f. : mort : Si me guarisez e de mort e de hunte, 21. De quel mort nus muriuns, 227. Guenes li fels ad nostre mort jurée, 1457. A mort ferut, 1952. — R. p. f., morz : Si calengez e vos morz e vos vies, 1926.

MORT. Part. pass. employé substantivement. R. s. m. (Mortuum.) Un mort sur altre geter, 1971. — R. p. m., morz : De cels de France i veit tanz morz gesir, 1852. Lessez gesir les morz, 2435.

MORT (as). Verbe act., 2e p. s. du parf. comp. de murir employé activement. As mort mun filz, 3591. ═ Sur ces formes « actives », voy. Murir.

MORT (ad). Verbe act., 3e p. s. du parf. de murir employé « activement ». Mort ad mes humes, 2756. Cf. 2782, 2935.

MORT (unt). Verbe act., 3e p. p. du parf. de murir, employé « activement ». Cels qu’il unt mort, 1683.

MORT (est). 3e p. s. de l’ind. prés. de murir, au « passif ». Est tué. Cette forme n’a nullement le sens du parfait. Or veit Rollanz que mort est son ami, 2023. Cf. 1503, 2024, 3973.

MORT (sunt). 3e p. p. de l’ind. prés. de murir au passif. Mort sunt li cunte, 577. Même observation que précédemment.

MORT (fut). 3e p. s. du parf. de murir au « passif ». (Fuit mortuus.) Pur ço l’at fait que il voelt... que Carles diet... qu’il fut mort cunquerant, 2363.

MORT (seit). 3e p. s. du subj. prés. de murir au passif. Deus ne volt qu’il seit mort ne vencut, 3610. Même observation que pour est mort. Toutes ces formes doivent être plutôt considérées comme le verbe être conjugué avec le participe de murir.

MORT (fust). 3e p. s. de l’imparf. du subj. de murir employé au passif. (Fuisset mortuus.) Chi purreit faire que Rollanz i fust mort, 596. Se veïssum Rollant einz qu’il fust mort, 1804.

MORT, MORTE. Part. passé de murir, s. et r. s. m. et f. V. Morz.

MORTE (est). 3e p. s. de l’ind. prés. de murir, avec un s. s. f. Sempres est morte, 3721. V. Murir.

MORTEL. Adj., s. s. f. (Mortalis.) El’cors vos est entrée mortel rage, 747. — R. s. m., mortel : Sun mortel enemi, 461. Ne poet vedeir si cler — que reconoistre poisset nuls hom mortel, 1993. N’en recrerrai pur nul hume mortel, 3908. — R. s. f., mortel : Une mortel bataille, 658. Mortel rage, 2279. ═ On remarquera ici plusieurs locutions très-importantes. C’est ainsi que : pur nul hume mortel deviendra une cheville dans nos poëmes postérieurs. Mais déjà, comme on le voit, mortel a pris un sens qu’il n’avait pas en latin : Sun mortel enemi. Une mortel bataille ; et, dans ce sens, il s’applique tout aussi bien aux personnes qu’aux choses. Mortales inimicitiæ ne signifiaient, en bonne latinité, qu’une haine passagère...

MORZ. Part. pass. employé substantivement, r. p. m. (Mortuos.) Veit tanz mors gesir, 1852. Lessez gesir les morz, 2435.

MORZ (ad). Verb. act., 3e pers. du parf. de murir employé activement. Tanz riches reis ad morz, 555.

MORZ (es). 2e p. s. de l’ind. prés. de murir au passif. Quant tu es morz, dulur est que jo vif, 2030.

MORZ (est). 3e pers. de l’ind. prés. de murir au passif. Morz est li quens, 1560. Cf. 2021, 2397, 2913, 3646.

MORZ (estes). 2e pers. de l’ind. prés. de murir au passif. Morz estes, Baligant, 3513.

MORZ (sunt). 3e pers. de l’ind. prés. de murir au passif. Païen sunt mort, 1439. Cf. 2038.

MORZ. Part. pass. de murir, s. s. m. (Mortuus.), 2030, 1560, 2021, 2397, 2913, 3646, 3513, et mort (par erreur du scribe), 1503, 2024, 3973, 2363, 3610, 596, 1804. — S. s. f. : morte, 3721. — R. s. m. : mort, 1971, 3591, 2782, 2935, 1204, 2275, 2291, 2733, 3713. Dans ces cinq derniers exemples, le participe est employé isolément. — R. s. f. : morte, 3728. — S. p. m. : mort, 577, et morz, 1439 et 2038. — R. p. m. : morz, 1852, 2435, 555. Pour ce mot, et tous ceux qui précèdent, voy. Murir.

MOT. S. s. m. (Bas latin multum.) Cist mot mei est estrange, 3717. — R. s. m., mot ; N’i ad paien ki un sul mot respundet, 22. Cf. 540. N’i ad celoi ki mot sunt ne mot tint, 411. Mis parastre est : ne voeill que mot en suns, 1027. Il n’en set mot, n’i ad culpe li bers, 1173. A icest mot l’unt Franc recumencet, 1884. Cf. 2457. Si li ad dit un mot, 2285. — R. p. m. : moz : A icez moz, 990. De noz Franceis vait disant si mals moz, 1190. ═ Dans les exemples précédents, nous trouvons déjà plusieurs locutions qui ont fait fortune dans notre langue : « Ne pas savoir mot de quelque chose, » 1173. « Ne pas en sonner un mot, » 1027. « Dire un mot, » 2286. « Répondre un mot, » 22. « À ce mot ; à ces mots, » 990, 1884, 2457. « Dire sur quelqu’un de mauvais mots..., » 1190, etc.

MOÜSTES. 2e p. p. du verbe Muveir dans le sens neutre d’aller (Muveir vient de Movere) : Culvert, mar i moüstes, 1335. Voy. à l’actif, muverai (1re p. s. du fut.), 291.

MUABLES. Adj. r. p. m. Se dit des oiseaux qui ont mué (Mutabiles) : Set cenz cameilz e mil hosturs muables, 184. V. Muez.

MUER. Verb. act., employé neutr. (Mutare.) Ne poet muer que des oïlz ne plurt, 773. Cf. 825. Ne puis muer ne l’pleigne, 834. Ne poet muer ne riet, 959. Ne poet muer qu’il ne s’en espaent, 1599. Ne poet muer n’en plurt e ne suspirt, 2381. Celle locution Ne poet muer que... signifie littéralement : « Ne peut faire autrement que de... » — Ind. prés., 3e p. s. : muet, 2502, 2990. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. f. : Li reis Marsilies ad la culur muée, 441. — Part. passé, r. p. m. avec un sens spécial : muez, 129, et (par erreur) muers, 31. V. Muez.

MUERS. V. Muez.

MUET. Ind. prés., 3e p. s. de muer. Ki cascun jur muet .XXX. clartez, 2502. Ki pur soleilt sa clartet n’en muet, 2990.

MUEZ. Part. empl. adjectivement. Se dit des oiseaux qui ont mué : Mil hosturs muez, 129. Cf. le v. 31, où l’on trouve par erreur muers : Set cenz camelz e mil hosturs muers.

MUILLER, S. s. f. Femme, dans le sens d’épouse (Mulier) : Sa muiller Bramimunde, 2576. — R. s. f., muiller : De meie part ma muiller saluez, 361, muiler, 1960. Dans ce dernier vers seulement muiler a le sens de « femme en général ». — R. p. f., muillers : Enveiu(n)s i les fils de nos muillers, 42.

MUL. R. s. m. Mulet (Mulum), 480, 757. — R. p. m. : muls, 32, 130, 1000, 2811.

MULE. R. s. f. (Mulam), 757. (Munter l’unt) fait en une mule d’Arabe, 3943. Les mules d’Arabie sont célèbres ; mais est-ce uniquement pour la rime ? — S. p. f. : mules, 978. — R. p. f. : mules, 89.

MULEZ. S. s. m. Mulet (c’est un diminutif de mul) : De sul le fer fust uns mulez trussez, 3154. — R. s. m. : mulet, 861. — R. p. m. : mulez, 158.

MULT. Adv. Beaucoup (Multum) : Mult granz amistez, 29. Jo vus aim mult, 635. Mult quiement, 1644. Cf. 53, 1538, 1645, 1646, 2026, 3084... ═ On voit par le premier de ces exemples que mult accompagne et modifie les adjectifs ; le second exemple nous le montre avec un verbe, et le troisième avec un autre adverbe. Ce sont les trois emplois dont il est susceptible.

MULTES. Adj. r. s. f. Nombreuses (Multas) : Escuz unt genz, de multes cunoisances, 3090.

MUN. Adjectif ou pronom possessif, r. s. m. et n. (Meum), 188, 276, 362, 629, 651, 785, 867, 892, 2347, 2914, 3072, 3591, 3592, 3907. Une seule fois on trouve mun, par erreur, au s. s. m., au lieu de mis : Ma hanste est fraite e percet mun escut, 2050.

MUNIES. R. p. m. Moines (Monachos), 2956. Voy. Monie et notre note du v. 1881.

MUNIGRE. R. s. m. Nom d’une localité païenne (Montem-nigrum ? Pour la régularité de l’assonance il faut lire Muneigre) : De l’altre part est Chernubles de Munigre, 975.

MUNJOIE. Cri de guerre des Français. C’est, à proprement parler, le nom de l’enseigne de Charlemagne, ou, pour préciser davantage, de l’Oriflamme : Gefreid d’Anjou portet l’Orie flambe. — Seint Pière fut, si aveit num Romaine ; — Mais de Munjoie iloec out pris eschange, 3093, 3095. Ailleurs on l’appelle : Munjoie, l’enseigne renumée, 3565 ; et, pour plus de clarté, nous lisons plus haut : Munjoie escriet, ço est l’enseigne Carlun, 1234. En résumé, c’est ici le nom de drapeau qui est devenu le cri de guerre. Mais encore, d’où vient le nom du drapeau ? Très-probablement de meum gaudium, « mon joyau, » qui est une allusion à l’épée de Charles, à cette Joiuse qui contenait les reliques de la Passion. À Rome il existe un Mons Gaudii, et la remise de l’enseigne Romaine a pu se faire sur cette colline. (Voy. p. 190.) Cf. Génin. Roland, 422, et Littré, en son Dictionnaire, au mot Montjoie, qu’il explique comme « étant le nom de la colline près Paris où saint Denys subit le martyre ». Mais on remarquera tout au moins l’absence du t étymologique, du t de montem, dans le Munjoie de la Chanson de Roland. ═ S. s. f. : De tutes parz est Munjoie escriée, 1378. — R. s. f. : Ki dunc oïst Munjoie demander, 1181. Granz est la noise de Munjoie escrier, 2151. Cf. 1234, 3095, 3565.

MUNT. S. p. m. Montagnes (Montes) : Sunent li munt e respundent li val, 2112. — R. p. m., munz : Cercet les vals e si cercet les munz, 2185. Cf. 856, 1851, 2134. ═ Munt entre dans la composition d’amunt, 2235, etc., et cuntremunt, 419... V. ces deux mots.

MUNT. Verb. neut., 3e p. s. du subj. prés. de munter : Cunseill d’orguill n’est dreiz que à plus munt, 228. V. Munter.

MUNTAIGNE. R. s. f. Montagne (Montaneam), 6. — S. p. f. : muntaignes, 1084. — R. p. f. : muntaignes, 2040.

MUNTER. Verb. neutre ou intrans. Monter (l’étymologie est munt) : Ceste grant guerre ne deit munter, 242. — Ind. prés., 3e p. s., muntet : Munter un lariz, 1125. El’ paleis muntet sus, 2821. 3e p. p., muntent : Es destrers muntent, 1001, 1801. — Parf. comp. (?), 3e p. s., avec un s. s. m. : est muntez, 1017 ; est muntet, 792, 896, 1028 ; est munted, 347, 660. Avec un s. s. f. : est muntée, 3635. 3e p. p., avec un s. p. m. : sunt muntez, 92 et 3869. — Impér., 2e p. p., muntez : Eissez des nefs, muntez, si chevalciez, 2806. — Part. pass., s. s. m. : muntez, 1017 ; muntet, 792, 896, 1028 ; munted, 347, 660. S. s. f. : muntée, 3635. S. p. m. : muntez, 92, 3869.

MUR. S. s. m. (Murus.) Mur ne citet n’i est remés à fraindre, 5. — R. p. m., murs : Cordres ad prise e les murs peceiez, 97.

MURDRIE. S. s. f. Meurtre. (Murdre vient de mordrum, qui est fait sur le gothique maurth. Murdrie est une forme féminine forgée sur murdre.) Plus aimet il traisun e murdrie : 1636.

MURGLEIS. R. s. f. Nom de l’épée de Ganelon (?) : Sur les reliques de s’espée Murgleis la traïsun jurat, 607.

MURGLIES. R. s. f. Même nom que le précédent (?) : Cein(te) Murglies s’espée à sun costed, 346.

MURIR. Verbe neutre, inf. prés. (Du lat. barb. et popul. moriri. Il est inutile d’ajouter que ce « déponent » a été, dans la formation de notre langue, ramené aux formes des verbes actifs.) Meilz voelt murir que guerpir sun barnet, 536. Cf. 828, 1096, 1701, 3909. ═ Ind. prés. 1re p. s., moerc : Si jo i moerc, 1122. 2e p. p., murez : Se vos murez, esterez seinz martirs, 1134. 3e p. p., moerent : Moerent Paien e alquant en i pasment, 1348. Cf. 3477. — Fut.. 1re p. s., murrai : Sempres murrai, mais cher me sui vendut, 2053. 3e p. s., murrat : Se il poet, murrat i veirement, 615, et murat : Einz i murat que cuardise i facet, 3043. 1re p. p., murrum : Hoi murrum, par le mien escient, 1936. 2e p. p., murrez : murrez vus à hunte e à viltet, 437. Cf. 1734. 3e p. p., murrunt : Franceis murrunt si à nus s’abandunent, 928. Cf. 904 et 938. — Cond. 3e p. s., murreit : Ja ne murreit en estrange regnet, 2864. 1re p. p. : muriuns, 227. Mais je pense qu’il y a ici une erreur du scribe, et qu’il faut, au futur, murruns. — Subj. prés. 1re p. s., moerge : Mielz est que sul moerge que tant bon chevaler, 359. Cf. 448. 3e p. s., moerget : Unt otriet que Guenes moerget, 3963. 1re p. p., moeriuns : Asez est mielz que moeriuns cumbatant, 1475. 3e p. p., moergent : Einz que il moergent, 1690. On remarquera, dans ces formes du subjonctif, la consonification de l’i latin. De là le g. ═ Nous venons d’exposer la conjugaison neutre, c’est-à-dire la véritable conjugaison de murir. Ce mot a encore une conjugaison « active » : Mort as mun filz, 3591 (tu as tué mon fils). Mais encore faut-il s’entendre sur cette conjugaison. On ne la trouve jamais, dans le Roland, que dans un temps composé (As mort, ad mort, unt morz, etc.). Or c’est là la locution latine : Habet mortuum, mortuam, mortuos, dans sa signification étymologique. Je veux bien qu’on trouve ailleurs murir dans le même sens (Gachet, Glossaire du Chevalier au Cygne, 881), mais de tels exemples sont fort rares ; ils s’expliquent aisément par une extension naturelle, et il n’est pas besoin, comme Gachet, d’invoquer le moyen haut allemand ermorden, tuer. ═ Il en est de même de la prétendue conjugaison passive de murir (es morz, est mort, seit mort, etc.) C’est uniquement et simplement le participe avec les différents modes et temps du verbe « être ». ═ Les formes suivantes ont maintenant reçu leur explication : Parf. comp. 2e p. s. avec un r. s. m. : as mort, 3591. 3e p. s. avec un r. s. m. : ad mort, 2782, 2935 ; avec un r. p. m. : ad morz, 555, et ad mort, 2756. 3e p. p. avec un r. p. m. : unt mort, 1683. Voilà pour « l’actif », et maintenant voici pour le « passif » : Ind. prés. 2e p. s. avec un s. s. m. : es morz, 2030. 3e p. s. avec un s. s. m. : est morz, 1560, 2021, 2397, 2913, 3646, et est mort, 1503, 2024, 3973. 2e p. p. avec un s. s. m. : morz estes, 3513. 3e p. p. avec un s. p. m. : sunt mort, 577, et sunt morz, 1439, 2038. — Parf. 3e p. s. avec un s. s. m. : fut mort, 2363. — Subj. prés. 3e p. s. avec un s. s. m. : seit mort, 3609. — Subj. imparf. 3e p. s. avec un s. s. m. : fust mort, 596 et 1804. — Part. passé, s. s. m. : morz, 1560, 2021, 2030, 2397, 2913, 3513, 3646, et mort, 596, 1503, 1804, 2024, 2363, 3610, 3973. S. s. f. : morte, 3721. R. s. m. : mort, 1204, 1971, 2275, 2291, 2735, 2782, 2935, 3713. R. s. f. : morte, 3728. S. p. m. : mort, 577, et morz, 1439, 2038. R. p. m. : morz, 555, 1852, 2435. ═ De tous les mots du Roland, le mot murir est peut-être le plus employé : c’est assez dire que nous avons affaire à une poésie militaire et sanglante...

MUSERAS. R. p. m. Nom d’une sorte de javelots. (Cf. Miseracles, cité par Fr. Michel dans le Moniage Renoart : S’ai miseracles e bons materaz fez.) Il lancent lor e lances e espiez e wigres e darz e museras, 2075. Cf. museraz enpennez, 2156.

MUSTER. R. s. Monastère, moutier (Monasterium), 2097 et 2730. R. p. : musters, 1750 et 3861 ; mustiers, 1881. ═ La forme exacte est mustiers ; car ce mot n’est admis, comme assonance, que dans les couplets en ier.

MUSTRENT. Verbe actif, ind. prés. 3e p. p. Montrent (Monstrant, dont la nasale est tombée) : Cez lor espées tutes nues i mustrent, 3581. — Parf. comp. 3e p. s. avec un r. s. neutre, ad mustret : Li angles Deu ço ad mustret à l’barun, 2568. Avec un r. s. f. : ad mustrée, 1369 et 3325. Avec un r. p. f. : ad mustrées, 3314. — Rem. l’expression : Une raisun lur ad dite e mustrée, 3325.

MUVERAI. Verbe actif, 1re p. s. du fut. de muveir. (Movere-habeo.) Jo t’en muverai un si grant contr(a)ire, 291. V. Moüstes.

N

N’. Pour ne (Non) : N’i ad castel ki devant lui remaigne, 4. Murs ne citet n’i est remés à fraindre, 5. Marsilie... ki Deu n’enaimet, 7, etc. etc.

’N. Pour en (Inde) : Pa[r] num d’ocire i metrai un mien filz — E si ’n averez, ço quid, de plus gentilz, 150. C’est avec raison que M. Müller a placé l’apostrophe avant et non après l’n. Tous les autres éditeurs et traducteurs s’y sont trompés. Ot le Oliver, si’n ad mult grant irur, 1224, etc.

NAFFRET (unt). Verbe act. 3e p. p. du parf. comp. du verbe naffrer, qui signifie blesser (ancien haut allem. nabagêr, nordique nafar. V. Diez, I, 287), 2078, 2080. Dans ces deux cas, ce verbe est accompagné d’un r. s. m. — Au passif, ind. prés. 3e p. s. avec un s. s. m. : est naffret, 1965, 1990, 2771. — Parf. 3e p. s. avec un s. s. m. : fut nasfret, 2504. — Part. passé, s. s. m. : naffret, 1965, 1990, 2771. nasfret, 2504. R. s. m. : naffret, 1623, 2078, 2080, et nafret, 3452. — R. p. m. : nafrez, 2093.

NAGENT. Verbe neutre. Ind. prés. 3e p. p. Naviguent (Navigant) : Les oz de cele gent averse — Siglent à fort e nagent e guvernent, 2631.

NAIMES. S. s. m. Nom du duc de Bavière, du meilleur conseiller de Charlemagne (Pott, p. 137, rapporte ce mot à l’ancien haut allemand namo, nom. Cette origine est fort douteuse), 1767, 2417, 3937, et Neimes, 230, 774, 1790, 3013, etc. R. s. m. : Naimun, 3452, etc., et Naimon, 3008, 3075.

NAMON. Mot sans aucun sens, que le scribe a écrit au lieu « d’Anjou », au vers 2322.

NASEL. R. s. La partie du heaume qui protége le nez (Nasale) : Tresqu’á l’nasel tut le elme li fent, 1602. Cf. 1996 et 3927.

NASFRET (fut). 3ep. s. du parf. passif de naffrer, 2504. V. Naffret.

NAVILIE. R. s. Flotte (Navilium) : Tut sun navilie i ad fait aprester, 2627.

NAVIRIES. R. s. (?) Comme le précédent : Par Sebre amunt tut lur naviries turnent, 2642.

NE. Négation (le latin non s’est atténué en nen, et nen en ne) : Ne vus esmaiez, 27. Ne pois amer les voz, 1548. Ne creit en Deu, 1634. Ne vos lerrai, 2141, etc. ═ Rem. 1° Ne se combine avec les négations explétives : Il ne s’esveillet mie, 724, etc. Ne l’devez pas blasmer, 681. ═ 2° Ne combiné avec le (illum) donne nel : Enceis ne l’vit, 1596. Ne lerrat que ne l’mat, 893. Unches nuls hom ne l’vit juer ne rire, 1638, etc. ═ 3° Nel est aussi pour ne le (non illud) : Deus ! quel dulur que li Franceis ne l’sevent, 716. Cf. 768. ═ 4° Nes est pour ne les (non illos) : E Sarrazins nes unt mie dutez, 1186. Tut par seit fel ki nes vait envaïr, 2062. Jamais nes reverrez, 690. Nes esparignez, 1883. Ne pas confondre avec nes’ pour ne se : Ne s’poet guarder que mals ne li ateignet, 9. Tut seit fel [ki] ne s’vende primes, 1924. ═ 5° Nous avons déjà noté, au mot mais, la locution ne mais ou ne mès, qui signifie « excepté » : Tuz sunt ocis... ne mès seisante, 1689. Ne mais sul la reïne, 3672. On trouve aussi, dans le même sens, ne mais que : Franceis se taisent ne mais que Guenelun, 217. ═ 6° Ne, devant une voyelle, perd son e. Voy. N’. ═ 7° Il entre dans la composition de nepurquant.(V. ce mot.) Etc. etc.

NE. Conj. Ni (Nec) : Mur ne citet n’i est remés à fraindre, 5. N’orrat de nus paroles ne nuveles, 55. Ne nus aiuns les mals ne les suffraites, 60. Ne ben ne mal, 216. A port ne à passage, 657, etc.

NEFS. R. p. f. Vaisseaux (Naves) : Eschiez e barges e galies e nefs, 2625. Eissez des nefs, 2806. Passet Girunde à mult granz nefs qu’i sunt, 3688.

NEIELEZ. Part. employé adjectivement, r. p. m. Niellés (Nigellatos) : Espées as punz d’or neielez, 684.

NEIET (sunt).Verbe passif. Ind. prés. 3e p. p. Sont noyés (Sunt necati) : Li plusur (sunt) neiet, 2477. Cf. sunt neiez : Tuz sunt neiez, 2474. sunt neiez, 690. — Subj. prés. 3e p. s., seit neiet : N’est remés chevaler ne seit ocis o en Sebre neiet, 2798. — Part. passé, s. s. m. : neiet, 2798. S. p. m. : neiet, 2477, et neiez, 690 et 2474.

NEIF. S. s. f. Neige (Nix, nivis) : Lur barbes altresi blanches cume neif sur gelée, 3319.

NEIMES. S. s. m. Nom du duc de Bavière, du meilleur conseiller de Charlemagne (V. Naimes), 230, 774, 1790, 3013, etc., et Naimes, 1767, 2417, 3937. — R. s. m. : Naimun, 3452, etc., et Naimon, 3008, 3075.

NEIRS. S. s. m. Noir. (Niger.) Le poëte dit, en parlant du Sarrasin Abisme : Issi est neirs cume peiz ki est demise, 1635. — S. s. f., neire : Piere n’i ad que tute ne seit neire, 982. — R. p. f., neire : La neire gent en ad en sa baillie, 1917. — R. p. m., neirs : Plus sunt neirs que n’en est arrement, 1933. — R. p. m., neirs : Neirs (ont) les chevels, 3821.

NEN. Négation (Non, par un changement, une extinction d’o en e que nous n’avons point marquée dans notre « Tableau de phonétique ») : Nen unt poür, 828. Plus est isnels que nen est uns falcuns, 1529. Ne laisserat qu’Abisme nen assaillet, 1659. Kar vasselage par sens nen est folie, 1724. Nen est merveille, se Karles ad irur, 2877. Ki traïst altre nen est dreiz qu’il s’en vant, 3914. Cf. 18, 100, 497, 1216, 1697, 2088, etc.

NEPURQUANT. Conj. Cependant, pourtant (Non pro quanto) : Mais nepurquant si est il asez melz, 1743. E nepurquant de vos receif le guant, 2838.

NERBONE. R. s. f. Narbonne (Narbona, qu’on trouve dans Suétone et Isidore de Séville, au lieu de Narbo, qui est l’antique et vraie forme), 2995, 3683.

NÉS. R. s. m. Nez (Nasum) : Trenchet le nés e la buche e les denz, 703. — R. p. m., nés : Granz unt les nés et lées les oreilles, 1918.

NÉS. R. s. m. (par erreur) Neveu : Chi ad juget mis nés à rere guarde, 838. V. Niés.

NE’S. Pour « ne les » (Non illos) : Là sunt neiez, jamais ne’s reverrez, 690, Cf. 1186, 1883, 1924, 2062. V. Ne.

NEVELUN. R. s. m. Nom d’un comte français. L’origine est peut-être germanique. Nevel est un diminutif de neff, qui signifie « neveu » (Nevelonem) : Icil cumandet le cunte Nevelun, 3057.

NEVULD, NEVOLD. R. s. m. de niés. Neveu. (Nepotem nous paraît insuffisant à expliquer nevuld. On comprend nevud et nevoz ; mais pour expliquer l’l, ne faut-il pas avoir recours à nepotulus ? Nous ne faisons qu’exprimer un doute.) On trouve nevuld au v. 216 ; nevold aux v. 824, 1219, 2870, 3182, 3689, 3754 (partout, sauf en ce dernier vers, l’assonance réclame nevuld), et nevod au v. 2885. — R. p. m. : nevolz, 2320. V. Niés.

NEZ (fui). Verbe neutre, 3e p. du part. comp. (Natus fui.) De l’ure que nez fui, 2371. 1re p. p. : Fumes nez : Si mare fumes nez, 2146. — Part. pass., s. s. m. : nez, 2371. S. p. m. : nez (par erreur), 2146. Une main postérieure a ajouté le mot neez au v. 1571 : (Filz Capuel, le rei de Capadoce.)

NIENT. 1° Adv. ou plutôt locution adverbiale. Nullement, aucunement (Nec-entem) : Jo ne vus aim nient, 306. Ne li faldrunt nient, 397. Li .XII. pers ne s’en targent nient, 1415. Turpins i fiert ki nient ne l’esparignet, 1665. ═ 2° Dans les exemples précédents, nient est adverbe ; mais il a été aussi employé substantivement dans le sens rigoureux de notre mot rien, et concurremment. avec ne : Jo n’en ferai nient, 787. Li uns ne volt l’altre nient laisser, 2069. Fuir s’en voel, mais ne li valt nient, 1060. Ce dernier exemple nous offre le sujet ; les deux autres le régime. Cf. 2006.

NIÉS. S. s. m. Neveu (Nepos, neps, nés, niés), 384, 2048, 2107... — Voc. s. m. : niés, 2402. — R. s. m. : nevuld, 216 ; nevold, 824, 1219, 2870, 3182, 3689, 3754 ; nevod, 2885, et, par erreur, pour les besoins de l’assonance : niés, 473. — R. p. m. : nevolz, 2420. V. Nevuld.

NIGRES. R. p. m. Nom d’un peuple païen (Nigros) : L’oitme (eschele) est de Nigres e la noefme de Gros, 3229.

NINIVEN. R. s. f. Ninive (c’est le mot latin Niniven, conservé sans aucun changement) : Esparignas le rei de Niniven, 3103.

NIS. Adv. « Pas même. » (Ne ipsum.) Ne se trouve point seul dans le texte de la Bodléienne ; mais entre dans la composition du mot suivant :

NISUN. Adj. « Pas même un » (de nis et un) : Que l’Emperere nisun des soens n’i perdet, 806.

NOBILE, NOBLE. Adj. s. s. m. (Nobilis. La notation nobile est pour les yeux ; la prononciation était : noble, en deux syllabes.) Li quens Rollanz fut (mult) noble guerrer, 2066. — R. s. m., noble : Ci vos enveiet un sun noble barun, 421. Au v. 1123, il est vrai que nob(i)le paraît former trois syllabes : Que ele fut à nob(i)le vassal ; mais je pense qu’il faut ici, comme peut-être au vers 2066, lire nobilie. V. le suivant.

NOBILIES. Adjectif, s. s. m. Nobles. (Nobilies vient d’un type tel que nobilius, et non de nobilis. Il se prononçait nobile en trois syllabes.) Sempres fust mort li nobilies vassal, 3442. — R. s. m., nobilie : Là veit gesir le nobilie barun, 2237. E Oliver sun nobilie cumpaignum, 3690. — S. p. m., nobilie : Carles l’oïd e si nobilie baron, 3777.

NOEFME. Adj. numéral, s. s. f. Neuvième (Novesima), 3229, 3245, 3259. — R. s. f. : noefme, 3076.

NOISE. S. s. f. Bruit, tumulte. (Diez propose nausea ; (?) Raynouard et Littré, noxia. ??) Granz est la noise, 1105, 2150. Cf. 3842.

NOIT. S. s. f. Nuit (Nox) : Tresvait le jur, la noit est aserie, 717 ; et nuit, 3991. — R. s. f., noit : Icele noit n’unt unkes escalguaite, 2495. Cf. 2498, et nuit, 2451. ═ La noit, loc. adv. la noit la guaitent, 3731. La noit demurent tresque vint à l’ jur cler, 162. ═ Demain noit : Einz demain noit, 507. (Noit vient peut-être ici de nocte.) Cf. Enoit : Enoit m’avint une avisiun d’angele, 839.

NOM. R. s. (Nomen.) De m’espée enquoi saveras le nom, 1901. V. Num.

NOPLES. R. s. f. Ville prise par Roland. (Si. P. Raymond propose le château d’Orthez : Castrum quod dicitur Nobile. Mais Nobles est placé en Espagne par toutes nos Chansons. Étymologie inconnue.) Vers 198, 1775.

NORMAN. S. p. m. Les Normands (Normanni, de l’all. Normannen, hommes du Nord), 3794, 3961. — S. p. m. : Normans, 3470, 3702.

NORMENDIE. R. s. f. (V. le précédent.) Jo l’en cunquis Normendie la franche, 2324. Il s’agit ici de la Normandie postérieure à 912.

NOS. Pron. pers. Nos se trouve 32 fois dans le texte d’Oxford, et nus 55 fois. Vos 139, et vus 33 fois. Mais, quelle que soit cette proportion, c’est nus qui est la forme évidemment indiquée par la phonétique de notre texte. Ajoutons que nus se trouve, comme assonance, dans plusieurs laisses en u (ou), 2560, 3183... Voy. Nus.

NOSTRE. Adjectif ou pronom possessif, s. s. m. (Noster) : Carles li reis, nostre emper(er)e magne, l. L’onur de l’camp est nostre, 922. — R. s. m. : nostre. — R. s. f. : nostre, 189. — S. p. m. : nostre, 1255, 1585, 2600. — Voc., p. m., nostre : Li nostre Deu, vengez nos de Carlun, 1017. — R. p. m. : nostre, 2562. ═ Mais au pluriel la forme la plus usitée est noz, qui d’ailleurs a la même étymologie. Voy. noz, au s. p. f., v. 949 ; au r. p. m., 57, 1191, 2286, 3085 ; au r. p. f., 42, etc. ═ Ajoutons que nostre et noz sont l’un et l’autre employés substantivement : Mult dechéent li nostre, 1585. Tu n’ies mie des noz, 2286.

NOVELES. S. p. f. Nouvelles (Novellæ) : Jesqu’á Marsilie en parvunt les noveles, 2638. Cf. 3747. — R. p. f., noveles : Vus en orrez noveles, 336. Vendrunt li hume, demanderunt noveles, 2918, et nuveles : N’orrat de nus nuveles, 55. De Guenelun atent li Reis nuveles, 665. N’en descendrat pur malvaises nuveles, 810. Nuveles vos di, mort vos estoet suffrir, 1257. (Lire : Vos di nuveles.) Cum feitement li manderum nuveles, 1699. Males nuveles li aportet, 3496. ═ On voit par les exemples précédents combien étaient déjà usitées plusieurs locutions qui nous sont restées : « Demander, attendre, apporter, dire des nouvelles, » etc.

NOVELET. Verb. neutre (?), ind. prés., 3e p. s. Se renouvelle (Novellat) : Se Rollanz vit, nostre guerre novelet, 2118. Il serait moins naturel de faire ici de novelet un verbe actif dont Rollanz serait le sujet. La thèse cependant peut se soutenir.

NOZ. V. Nostre.

NU. Nu ferez certes, dist li quens Oliver, 225. Nu est ici pour nun, et non pour nel, comme nous l’avions cru d’abord.

NUBLES. R. p. m. Nom d’un peuple païen. (Sont-ce les Nubiens ? Nubæ, Nubæi ??) La terce (eschele) est de Nubles, 3224.

NUD. Adj., r. s. m. (Nudum.) Puis fièrent il nud a nud sur lur bronies, 3585. — R. s. f. : Nue, 1324. — R. p. f. : nues, 3581. Dans ces deux exemples ce mot s’applique aux épées. ═ Au v. 3607 on trouve, comme s. s. m. ou n., la forme nut : Iloec endreit remeint li os tut nut.

NUIT. S. s. f. (Nox), 3991, et r. s. f., 2451. V. Noit.

NULS. Adj., S. s. m. Nul (Nullus), 251, 620, 1040, 1168, 1474, 1638, 3322, et nul, 2411, 3344. — S. s. f. : nule, 2511. — R. s. m. : nul, 231, 381, 1074, 1993, 2090, 2905, 3908. — R. s. f : nule, 1657, 2214, 3760. ═ Nul s’emploie avec ou sans substantif, comme le prouvent les deux premiers exemples auxquels nous venons de renvoyer notre lecteur : Quant nuls ne vus sumunt, 251. Meillur n’en at nuls hom, 620, etc. etc.

NUM. V. Nums.

NUMBRENT. Verb. act. Ind. prés., 3e p. p. (Numerant.) Geste Francor .XXX. escheles i numbrent, 3262.

NUMS. S. s. Nom (Nomen) : Li nums Joiuse l’espée fut dunet, 2508. — R. s., num : Li niés Marsilie il ad num Aelroth, 1188. Ço est l’Arcevesque que Deus mist en sun num, 2238. Cf. 3095. Par son orgoill li ad un num truvet, 3144. Cf. 3986, et nom : De m’espée enquoi saveras le nom, 1901. ═ Remarq. plusieurs locutions déjà populaires, telle que celle-ci : « Tu sauras le nom de mon épée, etc. ; » mais surtout une expression qui ne nous est point restée : Par num d’ocire, 43. V. ce vers au milieu du contexte.

NUN. Négation. (Non.) Nun ne s’emploie guère, dans notre vieux texte, que d’une façon absolue et dans deux cas spéciaux : 1° Après les disjonctifs u et ne : Voellet u nun, 2168. Cf. 1626. Qui qu’en peist u qui nun, 1279. Ço ne set li quels veint ne quels nun, 2567. Se averez pais u nun, 423. ═ 2° Avec se (venant du latin si), et nous avons ici affaire à notre expression « sinon ». Mais dans le Roland, se est toujours séparé de nun par un ou plusieurs mots : N’ad talent que li facet se bien nun, 3681. N’i ad eschipre qui s’cleimt se par loi non, 1522. Se de vostre prod non, 221. V. Nen.

NUNCENT. Verb. act., 3e p. p. de l’ind. prés. Annoncent (Nuntiant), 2977. — Parf. simpl., 3e p. p. : nuncerent, 204. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. n. : ad nunciet, 3191. — Impér., 2e p. p. : nunciez, 2674. Il convient de remarquer que cette dernière forme se trouve en assonance dans un couplet en ier : c’est donc nuncier qui était la vraie forme de l’infinitif. — Part. pass., r. s. n. : nuntiet, 3191.

NUNS. R. p. m. Messagers, envoyés (Nuntios) : Francs les cumandent à Deu e à ses nuns, 3694 (??).

NUNEINS. R. p. f. Religieuses (c’est la forme oblique, par analogie, de nune, nonne, venant de nonna) : Un munster de nuneins, 3730.

NURRIT. Verb. act. Parf. simpl., 3e p. s. (Nutrivit.) Li Empereres tant mare vus nurrit, 1860. Roland, sur le point d’expirer, se souvient De Carlemagne, sun seignor, ki l’ nurrit, 2380. — Parf. comp., 1re p. s., avec un r. p. m., ai nurrit : Li mien barun, nurrit vos ai lung tens, 3374. C’est l’expression fort primitive de la protection que le seigneur féodal devait strictement à ses vassaux. — Part. pass., r. s. n. : nurrit, 3374.

NUS. Pron. pers., 1re p. p. Nous. (Nos.) Nus est, comme nous l’avons dit, la forme correcte et conforme à notre phonétique. (V. Nos.) De même que nos auquel il faut tout à fait l’assimiler, nus est le plus souvent sujet. En cette qualité, il précède ou suit le verbe : Nus vos prium, 3808, etc. etc. Cum le purrum-nus faire, 1698. Mais il est aussi régime direct : Oez, seignurs, quel pecchet nus encumbret, 15, etc. etc. Enfin il s’emploie, comme régime indirect, dans le même cas que nobis, en latin : Mielz voeill murir que hunte nus seit retraite, 1701. Cist colp nus est mult fort, 1547.═ Il convient d’ajouter que nos ou nus s’emploie avec les prépositions, telles que de : N’orrat de nos paroles ne nuveles, 55, etc. etc.

NUSCHES. R. p. f. Agrafes, bijoux (V. Ducange, au mot nusca) : A vostre femme enveierai dous nusches, 637.

NUT. Adj. s. s. m. Nu (Nudus) : Iloec endreit remeint li os tut nut, 3607. — R. s. m. : nud, 3585. — R. s. f. : nue, 1324. — R. p. f. : nues, 3581.

NUVELES. R. p. f. (Novellas), 55, 665, 810, 1257, 1699, 3496. Cf. noveles, au s. p. f., 2638 et 3747, et, au r. p. f., 2918.

O

O. Adverbe de lieu. Où (Ubi) : Ad Ais o Carles soelt plaider, 2667. Enz en la fosse des leons o fut enz, 3105. Cf. 2854 et 3616. ═ Sous forme interrogative : O est Rollanz le catanie, 3709. Le type le plus correct est u, vers 108, 1326, 1363, 2402, 2403, 2409, 2691, 2912.

O. Particule disjonctive. Ou (Aut) : O Franceis, o païen, 2401. U mort o recreant, 2733. ═ La meilleure forme, ou tout au moins la plus usitée, est u. (Vers 41, 1279, 1626, 1730, 2733, 3364.) Le scribe, d’ailleurs, choisissait ad libitum entre ces deux formes, comme le prouve le vers cité plus haut : U mort o recreant.

OCCIANT. R. s. Nom d’une région païenne (?) : La disme (eschele) est d’Occiant la desert, 3346. Voy. 3473 et 3517. Cf. Ociant, 3286.

OCIRE. Verbe act. Inf. prés. Tuer (Occidere), 43, 963, 1646, 3670. — Ind. prés., 3e p. s. : ocit, 1546, 1580, 1867, 3959. 3e p. p. : ocient, 2081. — Parf. simple, 2e p. s. : ociz, 1899. 3e p. s. : ocist, 1390, 1525, 1607, 1650. — Parf. comp., 2e p. s., avec un r. s. m. : as ocis, 1566. 3e p. s., avec plusieurs r. m. : ad ocis, 1358, et avec un r. s., 1511 ; 3e p. p., avec un r. s. m. : unt ocis, 2075. — Fut., 1re p. s. : ocirai, 867. — 1re p. p. : ocirum, 884. — Subj., 3e p. s. : ociet, 391, 2608, 2723. 3e p. p. : ocient, 3537. — Au passif, ind. prés., 3e p. s., avec un s. s. m. : est ocis, 3499, et avec un s. s. f. : est ocise, 2937. 3e p. p., avec un s. p. m. : sunt ocis, 1308, 1688. — Parf., 3e p. s., avec un s. s. m. : fut ocis, 2745. — Subj. prés., avec un s. s. m. : seit ocis, 102. — Subj. imparf., 3e p. s., avec un s. s. m. : fust ocis, 404. — Part. prés., s. p. m. : ociant, 2463. — Part. pass., s. s. m. : ocis, 102, 404, 2745, 3499. S. s. f. : ocise, 2937. R. s. m. : ocis, 1511, 1566, 2075. S. p. m. : ocis, 1308, 1688. R. p. m. : ocis (?), 1358.

OCISIUN. S. s. f. Tuerie, massacre (Occisio) : Dès ore cumencet l’ocisiun des altres, 3946.

OD. Préposition. Avec (l’étymologie ab n’est pas suffisamment prouvée) : Je l’siurai od mil de mes fedeilz, 84. Od ses cadables les turs en abatied, 98. Ensemble od els, 175. voy. 800, 808, 988, 1061, 1202, 1630, 3844. Cf. ot : Ot mei, 3286. ═ Rem. l’expression ot tut, qui signifie plus absolument « avec » : od tut VII. C. des lur, 1357.

ODUM. Verbe act., 1re p. p. de l’ind. prés. (Audimus), 2150. V. Oïr.

OEDUN. S. s. m. Nom d’un seigneur français (anc. haut allem. Utto, Hutto) : Le seignur d’els est apeled Oedun, 3056. Cf. Otes et Otun.

OENT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. (Audiunt), 2116, 3660. V. Oïr.

OES. R. s. Besoin, utilité, service (Opus) : Ad oes seint Pere en cunquist le chevage, 373. A oes Carlon si granz païs cunquis, 1859. Cette locution a oes, signifie, en réalité : « Pour, en faveur de, dans l’intérêt de... »

OEZ. Verbe act. Ind. prés., 2e p. p. (Auditis), 1795. V. Oïr.

OEZ. Verbe act. Impér., 2e p, p, (Audite), 15. Cf. Oiez, au v. 2657. V. Oïr.

OFFRENDES. R. p. f. (Offerendas) : Mult granz offrendes metent par cez musters, 3861. Le sens liturgique est ici très-nettement conservé.

OGERS. S. s. m. Nom d’un des plus fameux héros de notre épopée qui, dans notre Chanson, est appelé Oger li Daneis (3544), ou Oger de Danemarche, 3937, et de Denemarche, 3856 (Othgerius, du germ. otger, otker. Pott le rattache à la famille de ger, lance), 3546, et Oger, 746, 3033, 3531, 3544, 3947, 3856. — R. s. m. : Oger, 170. ═ Il faut partout lire Ogiers et Ogier ; car ce mot ne se trouve comme assonance que dans les couplets en ier.

OI. Verbe act., 1re p. s. du parf. simple de aveir. (Habui.) Unkes nen oi poür là ù tu fus, 2046. ═ C’est par erreur que le scribe a écrit oi, au lieu de ai, au vers 1366 : Kar de ferir oi je si grant bosoign.

OI. Verbe act., 1re p. s. de l’ind. prés. de oïr (Audio), 1768, 2109, 2714. V. Oïr.

OÏ. Verbe act., 1re p. s. du parf. simple d’oïr (Audivi), 1386. V. Oïr.

OI. Adv. Aujourd’hui (Hodie), 1210, 2598, 2940. Cf. Hoi, 1191, 1936, 1985, 2107, 2147, 2703, 3100, 3629, 3898.

OÏD. Verbe act., 3e p. p. du parf. simple de oïr (Audivit), 1767, et 3777. Cf. Oït, 499, 751, 1757. V. Oïr.

OIDME. Adj. numéral, s. s. f. Huitième (d’un type tel qu’octima, d’octo) : L’oidme (eschele) est de Bruise, 3245. L’oidme est d’Argoilles, 3259. Et oitme : L’oitme est de Nigres, 3229. — R. s. f., oidme : L’oidme eschele ad Naimes establie, 3068.

OÏE. S. s. f. Ouïe (Audita) : 1° Son entendu : De l’corn qu’il tient l’oïe en est mult grant, 1765, et 2°, au r. s. f. le sens de l’ouïe : L’oïe pert e la veüe tute, 2012.

OIEZ. Verbe act., 2e p. p. de l’impér. de oïr (Audite), 2657. Cf. oez, au v. 15. V. Oïr.

OIL. S. p. m. Yeux (Oculi) : Li oil li sunt trublet, 1991. Cf. 2011, où par erreur, on trouve les oilz. — R. p. m., oilz : Ja ne l’verrai des oilz, 316. Cf. 773, 1217, 1328, 1355, 2290, 2415, 4001. ═ Rem. les expressions : Pluret des oilz, aux v. 773, 2415, 4001, et : A mes oilz, qui signifie : « De mes yeux, de mes propres yeux : » Car à mes oilz vi .IIII. C. milie armez, 682.

OÏL. Adverbe d’affirmation. Oui (Hoc-illud) : « L’aveir Carlun est il apareillez ? » E cil respunt : « Oïl, sire, asez bien, » 644. Cf. 3180.

OÏR. Verbe act. Inf. prés. Entendre (Audire) : Vos le doüssez esculter e oïr, 455. — Ind. prés., 1re p. s., oi : Ço dist le Reis : « Jo oi le corn Rollant, » 1768. Jo oi à l’ corner que gua(i)res ne viverat, 2109. Or oi mult grant folie, 2714. 3e p. s., ot : Quant ot Rollanz qu’il est en rere-guarde, 761. Cf. 302, 601, 745, 817, 1224, 1737. (Ot vient d’audit, et oït, d’audivit.) 1re p. p. : odum, 2150. 2e p. p. : oez, 1795. 3e p. p. : oent, 2116 et 3860. — Parf. simpl., 1re p. s.,  : Ne l’ dire ne jo mie ne l’sai, 1386. 3e p. s. oït : Quant l’oït Guenes, l’espée en ad branlie, 499. Cf. 751, 1757, et oïd, 1767 et 3777. 3e p. p. : oïrent, 1005, 1756, 2693, 3524. — Parf. comp., 3e p. s., au n., ad oït : Ben ad oït que Franceis se dementent, 1587, et avec plusieurs régimes m. et f., 3979. 1re p. p., avec un r. p. : avuns oït, 2132. 2e p. p., avec un rég. n., (le) : avez oït, 321. — Fut., 3e p. s. : orrat, 55, 1052, 1703, 2294. 1re p. p. : orrum, 424. 2e p. p. : orrez, 336, 927, 2023. — Impér., 2e p. p. : oez, 15, et oiez, 2657. — Subj. imparf., 3e p. s., oïst : Ki dunc oïst Munjoie demander, 1181. — Part. pass., au sing. neutr. : oït, 321, 1587, 2132, 3979.

OISEL. S. s. m. Oiseau (Avicellus) : Plus est isnels que n’est oisel ki volet, 1573.

OÏST. Verbe act., 3e p. s. de l’imparf. du subj. de oïr (Audivisset), 1181.

OÏT. Verbe act., parf. simpl., 3e p. s. (Audivit), 499, 751, 1757.

OÏT (ad). Verbe act., parf. comp., 3e p. s. (Habet auditum.) Au neutr., 1587 ; avec plusieurs régimes m. et f., 3979.

OÏT (avuns). Verbe act., parf. comp., 1re p. p., avec un r. p. (Habemus auditum), 2132.

OÏT (avez). Verbe act., parf. comp., 2e p. p., avec un r. s. n. (Habetis auditum), 321.

OITME. Adj. numéral, s. s. f., 3229. V. Oidme.

OIXURS. R. p. f. Épouses (Uxores) : Dunc le remembre... des pulceles e des gentilz oixurs, 821.

OLIFANS. S. s. m. (Elephas, elephantis.) On trouve, au s. s. m., les trois formes suivantes : 1° Olifans, 2295. 2° Olifant, 3119. 3° Olifan, 3302. — Au r. s. m. : 1° Olifant, qui est la forme correcte, 609, 1059, 1702, 3017. 2° Olifan, 1070, 2653. 3° Oliphan, 3686. ═ Ce mot a deux sens : 1° Celui d’ivoire, aux vers 609 et 2653 : Un faldestoed i unt mis d’olifan ; 2° par extension, celui de cor. Et, en réalité, les cors dont parle le Roland étaient d’ivoire : Fenduz en est mis olifans el’gros, 2295.

OLIVE. R. s. Olivier. (Olivam.) On le trouve, au féminin, vers 367 : Suz une olive halte, et au m. (mais par erreur), vers 2705 : Dedesuz un olive. Cf. 80. ═ C’est également par erreur qu’au vers 72 on a écrit, au pluriel : Branches d’olives. La vraie forme nous est fournie par le vers 80.

OLIVER. S. s. m. Nom de l’ami de Roland (Oliverius. Pott rattache ce nom à « olive, » p. 379), 176, 546, 576, 936, 2403, 3186, et Olivert, 104. — Voc. s. m. : Oliver, 1740, 2207. — R. s. m. : Oliver, 1978, etc. etc. ═ Ce mot prête à deux observations importantes : 1° Bien qu’on ne le trouve jamais, au sujet, avec un s final, la forme correcte était Olivers, et c’est ce que prouvent vingt autres mots dérivés de types latins en erius ou arius. (Ogers, Berengers, Engelers, Gerers, Gaifiers, chevalers, legers, destrers, premers, acers.) ═ 2° Ce mot ne se trouve, comme assonance, que dans les couplets en ier. Donc, ce sont les formes Oliviers et Olivier qu’il faut restituer partout dans le Roland.

OLUFERNE. R. s. Nom d’un pays infidèle (?) : L’enseigne portet Amboires d’Oluferne, 3297.

OM. S. s. m. On. (Homo.) Ce mot est déjà employé dans le sens actuel : Einz que om alast, 2230, et surtout : Siet el’cheval qu’om cleimet Veillantif, 2127. Cf. on, au vers 3323 : Plus qu’on ne lancet une verge pelée. V., au mot hom, toute la déclinaison de ce mot, qui est un véritable substantif et n’a jamais été un pronom...

OMER. R. s. m. Homère. (Homerum.) Suivant l’auteur du Roland, l’émir Baligant est plus vieux que Virgile et Omer : Tut susvesquiet e Virgilie e Homer, 2616. D’ailleurs, il ne connaissait Homère que de nom et ne l’avait point lu.

OMNIPOTENTE. Adj., r. s. m. Tout-puissant (Omnipotentem) : Serf e crei le rei omnipotente, 3599. Nous avons dit ailleurs, nous persistons à croire que le mot savant omnipotente est ici une licence poétique, véritablement contraire à l’esprit de la langue et destinée à faire passer cet adjectif mot comme assonance dans les couplets féminins en en.

ON. S. s. m. On (Homo) : Plus qu’on ne lancet une verge pelée, 3323. V. Om et Hom.

ONUR. S. s. (Honor.) L’onur de l’camp ert nostre, 922 ; et honor : La meie honor est turnée en declin, 2890. — R. s., onur : Est melz... que nus perduns l’onur, 45. Plus n’i ad d’onur e de bontet, 533. Enquoi perdrat France dulce s’onur, 1223. E Saraguce e l’onur qu’i apent, 2833. Nen averai ja ki sustienget m’onur, 2903. Et honur, 39, 2430, 2507, 2774, 3733. Cf. au s. p. : honurs, 3181 ; au r. p. : honurs, 315, 820, et honors, 3399. ═ Toutes les fois que le genre de ce substantif est nettement indiqué, c’est le féminin. ═ Le sens de ce mot est double : 1° Honneur, gloire (v. 45, 533, 922, 2903) ; 2° Fief, terre, domaine (2833, etc.). V. Honor, Honur.

OR. S. s. (Aurum), 516, 1540 ; et ors, 2296. — R. s. : or, 32, 75, 185, 1552, 1637, 3758. ═ Les principales épithètes de l’or sont les suivantes : Or d’Arabe, 185. (V. la note de ce vers.) Or de Galice, 1637. Fin or, 1540. Or mier, 115, etc. Or batud, 1552.

OR. Adv. Maintenant. (Horā). On a dit que c’était la forme masculine d’ore : c’est plutôt « une forme d’ore qui a été abrégée dans la prononciation » : Or diet, nus l’orrum, 424. Or est le jur que l’s estuverat murir, 1242. Cum or remeint deserte, 1696. Cf. 3704, 3747, 3982. ═ Or se combine avec dès, ainsi qu’il suit : Dès or cumencet le plait, 3704 et 3747. V. Ore.

ORDRES. R. p. (?) m. Sacrement de l’Ordre. (Ordines.) L’auteur du Roland parle des prêtres de Mahum, et il dit : Ordres n’en unt ne en lor chefs corones, 3639.

ORE. R. s. f. Heure (Horam) : A itel ore, 3212 ; et ure : Dès l’ure que nez fui, 2371.

ORE. Adv. Maintenant (Horâ) : Ore, ne vus esmaiez, 27. Dès ore cumencet le cunseill, 179. Devant ses pers vait-il ore gabant, 1781. Ore en tendrum cunseill, 3761. C’est à tort que M. Müller a, dans son édition, changé, aux v. 27 et 179, ore en or. Il fallait laisser intacte la question de l’écriture et de la prononciation...

ORED. S. s. m. Orage (Auratus) : Si’s aquillit e tempeste e ored, 689. — R. p. m., orez : Orez i ad de tuneire e de vent, 1424. Cf. 2534.

OREILLE. R. p. f. (Auriculam.) La destre oreille à l’ premer ver trenchat, 732. — R. p. f. : oreilles, 1656, 1918.

ORET. R. s. m. Doré (Auratum) : En l’oret punt, 2506. Oriet : En l’oriet punt, 2435 ; et orié : Par l’orié punt, 466. — R. s. f., orée : De suz l’orée bucle, 1283. De l’orée sele les dous alves d’argent, 1605. — S. p. m., oret : Cil oret gunfanun, 1811. — R. p. m., oriez : Le cheval brochet des oriez esperuns, 1225. Cf. orie.

OREZ. R. p. f. Tempêtes (Auratus), 1434 et 2534. V. Ored.

ORGOILLUSEMENT. Adv. (V. Orguilz), 3199.

ORGUILLUS. Adj., s. s. m. Orgueilleux (V. Orguilz) : Mult par ert pesmes e orguillus, 2550. Orgoillus, 3175. — Voc., s. m. : orguillos, 2978. — R. s. m. : orguillus, 28, 3132 ; orguillos, 474, 2135. — S. p. m. : orgoillus, 3966. — R. p. m. : orgoillos, 2211. ═ Aux v. 2211 et 2135 ce mot est employé substantivement.

ORGUILZ. S. s. m. (Orig. germanique. Suivant Diez, de l’ancien haut allemand urguoli, qui exprime seulement l’idée de pétulance. V. le Lex. Étym., pp. 295, 296.) Devers vos est li orguilz e li torz, 1549. Orgoilz : Li soens orgoilz le devereit ben cunfundre, 389. — R. s. m. : orguill, 228, 578. Orgoill, 292, 934, 1773, 2279, 3144, 3206, et orgoil, 1941 et 3315.

ORIE. R. s. f. Dorée, d’or. (Orie est synonyme d’orée ; mais dériverait peut-être d’auritam.) Entre dans la composition d’orie-flambe, 3093.

ORIÉ. V. Oriet.

ORIE-FLAMBE. R. s. f. Oriflamme. (Dans la forme donnée par le Roland, il ya plus qu’auri-flammam. V. Orie.) Gefreid d’Anjou portet l’orie-flambe, 3093.

ORIENT. R. s. m. (Orientem.) Cunquerrat li les teres d’ici qu’en Orient, 401. Cf. la forme Oriente qui est pour l’assonance : Ven mei servir d’ici qu’en Oriente, 3594.

ORIET. V. Oret.

ORIEZ. V. Oret.

ORMALEIS. R. p. m. Nom d’un peuple païen (?), 3284. C’est le même que les Ormaleus, r. p. m. au v. 3243. Cette forme, qui n’est pas pour l’assonance comme Ormaleis, est peut-être la plus exacte (si tant est qu’il existe réellement quelque exactitude pour tous ces noms de fantaisie).

ORMALEUS. V. le précédent.

ORRAT. Verb. act., 3e p. s. du fut. d’oïr (Audire habet), 55, 1052, 1703, 2294. V. Oïr.

ORREZ. Verb. act., 2e p. p. du fut. d’oïr (Audire habetis), 336, 927, 2023. V. Oïr.

ORRUM. Verb. act., 1re p. p. du fut. d’oïr (Audire habemus), 424. V. Oïr.

ORS. S. s. Or (Aurum.) : Çà juz en est li cristals e li ors, 2296. Cf. au s. s. : or, 516, 1540 ; et au r. s. : or, 32, 75, 1552, 1637, 3758. V. Or.

OS. S. s. (Os.) Iloec endreit remeint li os tut nut, 3607. — R. p., os : Li briset les os, 1200. Cf. 2289.

OS. Adj., s. s. m. Osé, audacieux (Ausus) : Cum fus unkes si os, 2292.

OSAST. Verb. act., 3e p. s. de l’imparf. du subj. d’oser (Ausavisset, d’aurare, qui est formé sur le supin ausum, d’audere), 1782.

OSBERCS. S. s. m. Haubert, tunique de mailles (de l’all. halsberc), 1277 et 2051. — R. s. m. : osberc, 1199, 1265, 1270, 1284, 1293, 1300, 1305, 1329, 1343, 1532, 2499. — S. p. m. : osbercs, 1032, 1809. — R. p. m. : osbercs, 994, 1022, 1738, etc. etc. V., pour l’autre forme de ce mot, Halbercs.

OSENT. Verb. act., 3e p. p. de l’ind. prés. (Ausant. V. Osast.) Ne s’osent aproismer, 2073. — Imparf. du subj., 3e p. s., osast : Suz cel n’ad gent ki l’osast requerre en champ, 1782.

OST. S. s. f. Armée (Hostis) : Returnerat l’ost, 1052. — R. s. f. : Jo nen ai ost ki bataille li dunne, 18. En Saraguce menez vostre ost banie, 211. Parmi cel(e) ost, 700. Od sa grant ost banie, 1630. En cest(e) ost, 2110. Sa grant ost, 2149. Par tute l’ost, 3137. Cf. 49, etc., et host, 739, 785, 883, 1760. — S. p. f., oz : Si remeindreient les merveilluses oz, 508. Grant sunt les oz de cele gent estrange, 1086. Les oz sunt beles, 3346. Cf. 598, 2630, 3291. — R. p. f., oz : Tutes ses oz ad empeintes en mer, 2629. Cf. 1169, 2926, 3994. ═ Ce mot prête à plusieurs observations : 1° Malgré deux ou trois erreurs du scribe (v. 700 et 2110), ce mot, comme le prouvent la plupart des exemples cités plus haut, est évidemment du masculin. ═ 2° Le pluriel se termine par un z ; car il vient d’hostes, et z ═ ts. Le pluriel de os (ossa en latin) ne doit, au contraire, offrir qu’un s, et non un z. ═ 3° Une ost banie c’est une armée convoquée par le ban...

OSTAGE. R. s. Neutre ? (Obsidaticum.) Pur Pinabel en ostage renduz, 3950. Et hostage : Li Emperere li recreit par hostage, 3852. Nous pensons qu’il y a ici deux locutions adverbiales : In obsidatico, per obsidaticum. V. le suivant, auquel on pourrait ramener ces deux exemples.

OSTAGES. R. p. m. Otages (Obsidaticos) : S’en volt ostages, e vos l’en enveiez, 40. De noz ostages ferat trancher les testes, 57. Cf. 87. On trouve également hostages comme s. p. m. (v. 646), et comme r. p. m. (147, 572).

OSTEIER. Verbe neutre. Inf. prés. Faire la guerre (verbe formé sur ost) : Quant ert-il mais recreanz d’osteier, 528. Cf. 543. — Parf. comp., 3e p. s., ad osteiet, 35 : En ceste tere ad asez osteiet.

OSTEL. R. s. Maison (Hospitale), 342. Cf. Hosteler, au v. 160.

OT. Verb. act., 3e p. s. du parf. d’aveir (Habuit), 1526. La forme la plus usitée est out. V. ce mot.

OT. Verb. act., 3e p. s. de l’ind. prés. de oïr (Audit), 302, 601, 761, 745, 817, 1224, 1737. Ot vient d’audit, et oït, parf. simple, d’audivit.

OT. Préposition. Avec (voy. Od) : Ot mei, 3286.

OTES. S. s. m. Nom d’un comte français (suivant Fœrstemann, de l’ancien haut allemand Utto ; suivant Pott, de Hutto), 795, 2405. — R. s. m. : otun, 2432, 2971, 3058

OTRIER. Verbe act. Inf. prés. Donner, concéder, octroyer (Auctorare) : Se ceste acorde ne vulez otrier, 433. Cf. 1672. — Ind. prés., 1re p. s., otrei : Mais traïsun nule n’en i otrei, 3760, et otri, 3202. 3e p. s. : otreit, 194 (?). — Parf. comp., 3e p. p., avec un r. s. n. : unt otriet : L’unt otriet, 3962. — Subj. prés., 3e p. s. : otreit, 1008, 1855, 3805. ═ Au passif ; fut. (?), 3e p. s., avec un s. s. f., ert otriée : Josqu’à la mort n’en ert fins otriée, 3395. — Part. passé, s. s. f. : otriée, 3395. R. s. n. : otriet, 3962. ═ Pour le sens, il convient de remarquer le vers 3760, précédemment cité, et que l’on peut traduire ainsi qu’il suit : « Je ne concède pas qu’il y ait là un cas de trahison... »

OTUN. R. s. m. d’Otes, 2432, 2971, 3058. V. Otes.

OU. Conj. (Aut), 3570. La forme la plus usitée est u (qui se prononçait ou), et aussi o. V. o et u.

OÜD (ad). Verb. act., 3e p. s. du parf. comp. d’aveir. (Habet habutum.) Ad oüd granz duns, 845.

OÜD (unt). Verb. act., 3e p. p. du parf. comp. d’aveir : Unt oüd e peines e ahans, 267.

OÜMES. Verb. act., 1re p. p. du parf. simple d’aveir (Habuimus), 2178. V. Aveir.

OURENT. Verb. act., 3e p. p. du parf. simpl. d’aveir (Habuerunt), 1411. V. Aveir.

OÜSSE. Verb. act., 1re p. s. de l’imparf. du subj. d’aveir (Habuissem), 691. V. Aveir.

OÜSSENT. Verb. act., 3e p. p. de l’imparf. du subj. d’aveir (Habuissent), 688. V. Aveir.

OÜSSUM. Verb. act., 1re p. p. de l’imparf. du subj. d’aveir (Habuissemus), 1102. Cf. Oüsum, 1717 et 1729. V. Aveir.

OÜSUM. V. Oüssum.

OÜST. Verb. act., 3e p. s. de l’imparf. du subj. d’aveir. (Habuisset.) Deus ! quel baron, s’oüst chrestientet, 3164. Cf. 899.

OUT. Verb. act., 3e p. s. du parf. simpl. d’aveir (Habuit), 26, 62, 78, 115, 142, 609, 1538. ═ I out, locution fréquemment usitée, dans le sens de : « Il y eut là » : Un faldestoed i out, 115. ═ Out, comme d’autres temps et modes d’aveir, s’emploie avec par, qui donne à l’adjectif suivant la force d’un superlatif : Par out fier lu vis, 142. V. Aveir.

OÜT (ai) Verb. act., 1re p. s. du parf. comp. d’aveir : Si’n ai oüt e peines e ahans, 864. V. Oüd (ad), Oüd (unt) et Aveir.

OZ. S. p. f. de ost. Armée (Hostes), 598, 1086, 2630, 3291, 3346. — R. p. f. : oz, 1169, 2629, 2926, 3994. V. Ost et Host.

P

PA(I)ENIME. Adj., r. s. f. Païenne. (Le ms. porte paenime. Ce mot est généralement un substantif dérivé de paganismus, et c’est paienie que l’on emploie comme adjectif. On peut, ce me semble, supposer ici une erreur du scribe.) Puis (si) escrient l’enseigne pa(i)enime, 1921.

PAIENOR. V. Paienur.

PAIENS. S. s. m. (Paganus.) Atant i vint uns paiens, Valdabruns, 617. Cf. 537, 940, 974, 3445 ; et paien, 627, 1519. — R. s. m. : paien, 22, 101 (?). — S. p. m. : paien, 61, 709, 1015, 3139, 3524, 3561, 3997 ; paiens, 2349, et, par erreur, paient, 1547. — Voc., p. m. : paien, 1535, 3326. — R. p. m. : paiens, 24, 2142. ═ Presque toujours paiens est employé substantivement, mais on le trouve aussi dans le sens d’un véritable adjectif. Ex., au s. s. m., paiens : Li reis paiens parfundement l’enclinet, 974, et, au r. s. f, paiene : Turnat sa teste vers la paiene gent, 2360, etc. ═ Il est à peine utile d’ajouter que ce mot est partout appliqué aux mahométans, que notre moyen âge a regardés comme des idolâtres.

PAIENUR. Des païens ( Paganorum). S. s., paienor : Gent paienor ne voelent cesser unkes, 2639. — R. s. f., paienur : Si veit venir cele gent paienur, 1019. Cf. 2427, 2693. Paienor : E si escriet l’enseigne paienor, 1221.

PAILE. R. s. Étoffe de soie (Pallium) : Tuz les quers en paile recuillir, 2965. V. Palie, dont paile indique la véritable prononciation.

PAIS. R. s. f. Paix (Pacem) : Ço senefiet pais e humilitet, 73. Seit ki l’ociet, tute pais puis averiumes, 391. Pais ne amor ne dei à paien rendre, 3596.

PAIS. S. s. m. Pays (Pagus) : Tut li païs en reluist, 2637. Tere de France mult estes dulz païs, 1861. — R. s. m., païs. En cest païs nos est venuz [cu]nfundre, 17. Cf. 134, 1236, 3207. — R. p. m., païs : Cunquis l’en ai païs e teres tantes, 2333.

PAISMEISUNS. R. f., 2592. V. Pasmeisuns.

PALAIS. R. s. (Palatium.) Quant vus serez el’ palais seignurill, 151. Muntet el’ palais, 3707. Cf. Paleis aux vers 2563, 2708, 3736.

PALE. S. s. m. Pâle (Pallidus) : Teint fut e pers, desculuret e pale, 1979.

PALEFREID. R. s. m. Cheval de voyage, opposé, dans le Roland, au destrier qui est le cheval de guerre (Paraveredum) : Vus n’i averez palefreid ne destrer, 479. N’i perdrat Carles... palefreid ne destrer, 755, 756. — R. p. m., palefreiz : Laissent les muls e tuz les palefreiz ; es destrers muntent, 1000, 1001.

PALEIS. R. s. (Palatium.) Sunt muntez sus el’ paleis altisme, 2708. Cf. 2563 et 3736. Palais, 151, 3707.

PALERNE. R. s. f. Palerme (Panormum ? ) : Romain, Puillain e tuit cil de Palerne, 2923.

PALIE. R. s. Étoffe ou tapis de soie (Pallium) : Alez sedeir desur cel palie blanc, 272. Est remés en sun blialt de palie, 282. Fut cuvert d’un palie alexandrin, 463. Sur l’erbe verte getent un palie blanc, 2652. La guige en est d’un bon palie roet, 3157. Cf. 2974, et paile, 2965. — R. p., palies : Sur palies blancs sièdent cil chevaler, 110. Or e argent, palies e ciclatuns... Cf. 399.

PALME. R. s. f. Paume de la main (Palmam) : Prent de la carn grant pleine palme e plus, 3606.

PALMEIANT. Part. prés. s. s. m. Faire tourner dans la paume de sa main (verbe formé sur palma) : Sun espiet vait li bers palmeiant, 1155.

PAN. R. s. m. Morceau, pièce, portion (Pannum) : Je vos durrai un pan de mun païs, 3207. — S. p. m., pan : Vest une bronie dunt li pan sunt saffret, 3141. — R. p. m., pans : De tute Espaigne aquiterai les pans, 869. Les pans de l’gunfanun, 1228. De sun osberc li ad rumput les pans, 1300. Cf., 1533 et 3571. ═ Ce mot, comme on le voit, s’applique particulièrement aux pans du haubert et aux langues du gonfanon.

PAR. Prép. (Per.) Par a, dans le Roland, plusieurs sens que nous allons successivement énumérer : 1° « À travers ». C’est le sens primitif et principal du latin per : Par tute la cuntrée, 709. Par tuz les prez or se dorment li Franc, 2521. Par le camp vait, 1562. À ce premier sens se rattache celui de « sur » : Sire est par mer de .IIII. C. drodmunz, 1521. Et c’est encore le sens « à travers », qui s’est modifié et atténué dans le vers suivant : Marsilies tint Guen(elun) par l’espalle, 647. ═ 2° « Par l’entremise de... » Deus li mandat par sun a[n]gle, 2319. Ki par noz Deus voelt aveir guarisun, 3271. Cf. 1109. ═ 3° « Au moyen de... » Pris par poested, 434. Par quel mesure le poüssum hunir, 631. Par voz saveirs se m’puez acorder, 74. Jerusalem prist ja par traïsun, 1523. ═ 4° « Au nom de... » Dist l’Arcevesque : « Jo irai par mun chef, » 799. ═ 5° « Avec... » Serez ses hom par honur e par ben, 93. Serai ses hom par amur e par feid, 86. Puis, si chevalchent, Deus, par si grant fiertet, 1183. Plurent... por lor parenz par coer e par amor, 1447. Par grant vertut vait ferir le paien, 1508. Franceis i fièrent par vigur e par ire, 1611. Par vive force les encacerent Franc, 1627. Par tel amur as les vus desevered, 2009. Cf. 977, 2774, 3272, 3995. ═ 6° Par, après un verbe passif, remplace l’ablatif latin : Que dulce France par nus ne seit hunie, 1927. Ben sunt malez par jugement des altres, 2855. Ce par pourrait encore s’expliquer « grâce à... », etc. ═ 7° « À titre de, comme... » : De l’rei paien, sire, par veir creez, 692... ═ Il nous reste à montrer les sens spéciaux que revêt la même préposition, lorsqu’elle est étroitement unie à d’autres mots. 1° Par avec main (Mane) a la même signification que notre mot « le lendemain » : Par main en l’albe, si cum li jurz esclairet, 667. Avec num il forme une locution d’un sens plus difficile à établir. Lorsque Blancandrin propose d’envoyer comme otages à Charlemagne les fils des plus nobles païens, dussent-ils y périr, il ajoute : Par num d’ocire i enveierai le men, 43. Voilà pour les substantifs et les adverbes auxquels par peut être joint : passons aux adjectifs. ═ 2° Avec sum, par signifie « au haut de... » (Per summum) : Par sum les puis, 714. Josque par sum le ventre, 3922. Avec mi (Medium), il forme notre locution par mi : Par mi un val, 1018. Tute la teste li ad par mi severée, 1371. ═ 3° Enfin, par s’unit aux verbes « être » et « avoir », et leur donne la force du superlatif, ou plutôt il communique cette force aux adjectifs qui accompagnent ces deux verbes. a. Par avec « être » : Tant par fut bels, 285. Par est proz, 546. Mult par ies ber, 648. Mult par ert pesmes e fiers, 2550. Tant par ert blancs cume flur en estet, 3162. Mult par est saives hom, 3174. Li Amiralz mult par est riches hom, 3265. Mult par est grant la feste, 3745. Cf. 2062. On remarquera qu’en ce cas par est presque toujours précédé de tant ou de mult. — b. Par avec « avoir » : Mult par out fier la vis, 142. De cels d’Arabe si grant force i par ad, 3331...

PARASTRES. S. s. m. Beau-père. (Cf. le péjoratif paraster.) Ganelon dit à Roland : Ço set hom ben que jo sui tis parastres, 287. Parastre : Ço dist Rollanz : Ço ert Guenes, mis parastre, 277, et parrastre, 1027. — Voc. s. m., parastre : Sire parastre, mult vos dei aveir cher, 753. — R. s. m., parastre : Iréement parlat à sun parastre, 762. On remarquera que, dans tous les exemples précédents, parastre n’est pas employé dans le sens péjoratif...

PARÇUNER. R. s. m. Co-partageant (Partionarium) : Mult orguillos parçuner i averez, 474. L’assonance exige que l’on lise : I averez parçunier.

PARDUINS. Verbe actif, 3e p. s. de l’ind. prés. (Per-dono.) Jo l’ vos parduins ici e devant Deu, 2007. Impér. 2e p. p., pardunez : Ferut vos ai : car le me pardunez, 2005.

PAREÏS. S. s. m. Paradis (Paradisus) : Seint pareïs vos est abandunant, 1479. — R. s. m., pareïs : Sièges averez el’ greignor pareïs, 1135. Cf., 1855 et 2258.

PAREIT. R. s. f. Au moment où Marsile va mourir, le poëte dit : Vers sa pareit se turnet, — Pluret des oilz..., 3644, 3645. Tous les traducteurs ont compris le mot pareit dans le sens de « paroi, muraille ». On a cru sans doute que le poëte avait voulu imiter ce fameux passage d’Isaïe (xxxviii, 2), où le roi Ézéchias, sur le point de mourir, convertit se ad parietem et oravit. Mais, dans ce cas, il faudrait, ce semble : la pareit. D’un autre côté, le manuscrit de Paris traduit ce vers par : Vers la dame se tornet. Pareit serait donc, aux yeux de ce remanieur, un synonyme de per, « épouse ». Or, d’après notre contexte, cette hypothèse est fort acceptable ; car Bramidonie vient de parler à Marsile mourant, qui peut fort naturellement se tourner vers elle. Mais, philologiquement, la chose est beaucoup plus difficile à expliquer. En résumé, si pareit a le sens de paroi, ce mot vient de parietem ; suivant l’autre hypothèse, ce serait un dérivé de parem.

PARENT. S. p. m. (Parentes.) Au milieu de la bataille, Roland s’écrie : Ne placet damne Deu — que mi parent pur mei seient blasmet, 1063. Cf. 1076 et 3933. Parenz, 3847. — R. p. m. : parent, 2562 ; parenz, 1410, 1706, 2905, 3556, 3766. Il faut remarquer qu’au vers 3556, parenz est employé par erreur au lieu de Franceis, et qu’aux vers 3933, 3847, 2562, 1410, 3766, il s’applique aux trente parents de Ganelon qui sont les otages du traître. Ce qui atteste la largeur du sens que ce mot avait depuis longtemps en latin et qu’il a toujours eu dans notre langue.

PARENTED. R. s. m. Lignage, famille (Parentatum) : Estrait estes de mult grant parented, 356. Cf. Parentet : Sustenir voeill trestut mun parentet, 3907.

PARFUNDE. Adj. S. s. f. (Profunda.) L’ewe de Sebre... mult est parfunde, 2466. — S. p. m., parfunt : Li val parfunt, 1831. — R. p. m., parfunz : Passent... cez vals parfunz, 3126.

PARFUNDEMENT. Adv. Profondément (Profunda-mente), 974, 1506, 1545, 1606.

PARGETENT. Verbe actif, 3e p. p. de l’ind. prés. de pargeter. Projettent, répandent (Per-jactant) : Asez i ad carbuncles e lanternes ; — Là sus amunt pargetent tel luiserne, 2634.

PARJUREZ (s’est). Verbe réfléchi, parf. comp. 3e p. s. avec un s. s. m. (De Perjurare.) Vers vos s’en est parjurez e malmis, 3830. — Part. passé, s. s. m., employé adjectivement, parjurez : Guenes i vint li fels, li parjurez, 674.

PARLAT. Verbe neutre, 3e p. s. du parf. simple de parler (Parabolavit), 495, 762, 2656.

PARLED (ad). Verbe neutre, 3e p. s. du parf. comp. de parler (Habet parabolatum), 122. Cf. 752. Ad parlet, 243.

PARLEMENT. R. s. Entretien, causerie (V. Parler) : Ne pois à vos tenir lung parlement, 2836.

PARLER. Verbe neutre. Inf. prés. (Parabolare.) Par grant save(i)r cumencet à parler, 426. Mielz ne sai à parler, 3715. Cf. 2452. — Ind. prés. 3e p. s., parolet : Sa custume est qu’il parolet à leisir, 141. Cf. 2559. — Parf. simple, 3e p. s. : parlat, 495, 762, 2656. — Parf. comp. : ad parlet, 243, et ad parled, 122, 752. — Cond. 3e p. p. : parlereient, 603. — Impér. 2e p. p., parlez : N’en parlez mais, se jo ne l’ vos cumant, 273. Cf. 2724, 2742. — Subj. prés. 3e p. s. : parolt, 1206, 1252, 1803. ═ Passif. Subj. prés. 3e p. s. neutre : Jamais n’ert jur que il n’en seit parlet, 3905. — Part. passé, s. s. n. : parlet, 3905. R. s. n. : parlet, 243 ; parled, 122, 752.

PARMI. C’est cette locution que nous avons déjà signalée au mot par, qui vient de per-medium, est indéclinable et doit s’écrire en deux mots : Par mi cel host, 700, 739, etc. etc. V. Par.

PAROLE. R. s. f. (Parabolam.) De sa parole ne fut mie hastifs, 140. — S. p. f., paroles : Bon sunt li Cunte e lur paroles haltes, 1097. — R. p. f., paroles : N’orrat de nos paroles ne nuveles, 55. Cf., 145.

PAROLET. Verbe neutre, 3e p. s. de l’ind. prés. de parler. (Parabolat.) Sa custume est qu’il parolet à leisir, 141. Cf. 2559. V. Parler.

PAROLT. Verbe neutre, 3e p. s. du subj. prés. de parler. (Parabolet.) Ne leserat... que n’i parolt, 1206. Cf. 1252 et 1803.

PARRASTRE. S. s. m. Beau-père (Cf. le péjoratif Paraster), 1027. V. Parastres.

PART. R. s. f. (Partem, parte.) De meie part ma muiller saluez, 361. D’altre part, 916. Itels. XX. milie en mist à une part, 1115. Quel part qu’il alt, 2034. Hume de male part, 2135. De part Deu le guarde, 2847. Si’s unt asols de part Deu, 2957. Cf., 3993. — R. p. f., parz : De tutes parz, 1378 et 2065. ═ Dans les exemples précédents, nous avons autant de locutions qui nous sont demeurées : « De ma part, » — « d’autre part, » — « mettre à part, » — « quelque part qu’il aille, » etc.

PARVIENT. Verbe neut., 3e p. s. de l’ind. prés. (Pervenit.) Li Emperere en Rence(s)vals parvient, 2398. — Parf. comp., 3e p. s., avec un s. s. m., est parvenuz : De suz dous arbres parvenuz est li Reis, 2874. — Part. pass., s. s. m. : parvenuz, 2874.

PARVUNT. Verbe neut., 3e p. p. de l’ind. prés. (Per-vadunt.) Jusqu’à Marsilie en parvunt les noveles, 2638.

PARZ. R. p. f. (Partes.) De tutes parz, 1378 et 2065. V. Part.

PAS. R. s. m. (Passum.) Sun petit pas s’en turnet, 2227. Le pas tenez, 2856.

PAS. Négation explétive. (Passum.) Ne l’devez pas blasmer, 681. Blet n’i poet pas creistre, 980. Ço est Climborins, ki pas ne fut prudume, 1485. V. Sweighæuser, De la Négation dans les langues romanes, p. 84 et suiv.

PASMÉE (se seit). Verbe pronominal. Subj. prés., 3e p. s., avec un s. s. f., 3724. V. Pasmer.

PASMEISUNS. R. f. Évanouissement, pâmoison (V. le suivant.) : Li quens Rollanz revient de pasmeisuns, 2233. Li Empereres de pasmeisuns revint, 2881. Cf. 2036, 2592, 2892. Ce mot se présente toujours avec un s.

PASMER. Verbe neutre ou pronominal. Se pâmer, s’évanouir (Spasmare) : Li Arcevesques quant vit pasmer Rollant, 2222. — Ind. prés., 3e p. s., se pasmet : A icest mot sur sun cheval se pasmet, 1988 ; 3e p. s., pasment : Moerent paien e alquant en i pasment, 1348, et se pasment, 2416, 2422 ; s’en pasment, 2932. — Parf. comp., 3e p. s., avec un s. s. m. : s’est pasmet, 2270. — Parf. du subj., 3e p. s., avec un s. s. f. : se seit pasmée, 3724. — Part. pass., s. s. m. : pasmet, 2220. R. s. m. : pasmet, 1989 et 2270. R. s. f. : pasmée, 3724.

PASSAGE. R. s. Défilé, passage de montagne (Passaticum, de passare) : Se l’ pois trover à port ne à passage, 657. — R. p., passages : Veez les porz e les destreiz passages, 741.

PASSANT. Part. prés. du verbe Passer, s. s. m. : Si l’orrat Carles ki est as porz passant, 1703. Cf. 1071. — S. p. m. : passant, 944. V. Passer.

PASSAT. Verbe act., 3e p. s. du parf. simpl. de Passer : Vers Engletere passat-il la mer salse, 372. V. Passer.

PASSECERF. R. s. m. Nom d’un cheval (composé avec passer dans le sens de « dépasser » et cerf), 1380.

PASSER. Verbe tantôt actif, tantôt neutre. Inf. prés. (Passare.) Nous allons successivement exposer sa conjugaison et déterminer ses différents sens : 1° Conjugaison. Inf. prés. : passer, 83, 2772. — Ind. prés., 3e p. s. : passet, 1272, 3210, 3560, 3688, 3991. 3e p. p. : passent, 2690, 3125, 3683. — Parf. simpl., 3e p. s. : passat, 372. 3e p. p. : passerent, 816. — Parf. comp., 3e p. s. : ad passet, 524. Dans le même sens : est passet, avec un s. s. m., 1152. — Fut., 3e p. s. : passerat, 54. — Impér., 2e p. p. : passez, 790. — Part. prés., s. s. m. : passant, 1071, 1703. S. p. m. : passant, 944. — Part. pass., s. s. m. : passet, 1152. R. s. m. : passet, 693, et r. s. n. : passet, 524. ═ 2° Sens du verbe passer. a. À l’actif, le sens originel est « traverser ». Passet Girunde, 3688. Passent X. portes, 2690. Passent ces puis, 3125. Passent Nerbone, 3683. Passat-il la mer salse, 372. Passez les porz, 790. D’où le sens de « dépasser » : Dous cenz anz ad passet, 524, et, par extension, « faire passer » : Sun bon espiet par mi le cors li passet, 1272. — b. Au neutre, on dit « passer par tel ou tel endroit ». Passer as porz, 2772. Passer avant, 3210. Le jur passerent Franceis à grant dulur, 816. Si l’orrat Carles ki est as porz passant, 1071 et 1703. Cf. 944. — c. D’où le sens de « s’écouler, s’achever », s’appliquant au temps : Ja einz ne verrat passer cest premer meis, 83. Passet le jurz, 3560 et 3991. Vendrat li jurz, si passerat li termes, 54. C’est premer meis passet, 693.

PATERNE. Voc. s. f. S’applique toujours à Dieu : Veire paterne, 2384 et 3100. Ce mot se retrouve dans d’autres romans, toujours sous la même forme, et F. Michel a cité dans son Glossaire ces deux vers de notre Aliscans, qu’il appelle le Roman de Guillaume d’Orange : Il en jura la paterne veraie, et Jhesu réclame la paterne veraie. V. dans Ducange le mot Paterna dans le sens de représentation, image du Père éternel.

PATRIARCHE. R. s. m. Titre donné à l’évêque de Jérusalem (Patriarcham) : Jerusalem prist ja par traïsun... — Le patriarche ocist devant les funz, 1525.

PECCEZ. V. le suivant.

PECCHET. S. s. Péché, et, par extension, aux vers 15 et 3646, malheur (Peccatum) : Oez, seignurs, quel pecchet nus encumbret, 15. Cf. 3646. — R. s., pecchet : Pecchet fereit ki dunc li fesist plus, 240. — R. p. : pecchez, 1140 et 2365, et peccez, 1882. ═ La forme correcte est pecchiez ; car ce mot ne se trouve, comme assonance, que dans les laisses en ier.

PECIER. Verbe act., inf. prés. Mettre en pièces (verbe formé sur petium ou petia, pièce) : Pur hanste freindre e pur escuz pecier, 2210. La forme la plus usitée semble avoir été peceier. Ind. prés., 3e p. p. : peceient les bucles, 3584. — Parf. comp., 3e p. p., avec un r. p. m. : Cordres ad prise e les murs peceiez, 97. — Part. pass., r. p. m. : peceiez, 97.

PEIL. R. s. m. Poil (Pilum) : Si ’n deit hom perdre e de l’ quir e de l’ peil, 1012. E Blancandrins i vint à l’ canut peil, 503. — S. p. m. : peil, 3954.

PEILENT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. Épilent. (Pilant) : Icil li peilent la barbe, 1823.

PEINE. S. s. f. (Pœna.) La peine est mult grant, 2519. — R. s. f., peine : L’olifan sunet à dulor e à peine, 1787. — S. p. f. : peines, 2925. — R. p. f. : peines, 268 et 864. ═ Rem. la locution : « A peine... »

PEINZ. Part. pass., s. p.m. (D’un ancien participe de pingere, tel que pinctus.) Cil escuz ki ben sunt peinz à flurs, 1810. — R. p. f., peinz, par erreur : Plusurs culurs i ad peinz e escrites, 2594. C’est également par erreur qu’au vers 3055 le scribe a écrit : Peintes lur hanstes, au lieu de dreites lur hanstes...

PEISET. Verbe neutr. Ind. prés., 3e p. s. de peser. (Pensat.) D’Oliver li peiset mult forment, 2514. — Subj. prés., 3e p. s. : peist, 1279. — Part. pass., s. s. m. : pesant, 1687. S. s. f. : pesant, 1412, 3381. S. p. m. : pesant, 2470.

PEIST. Verbe neutr. Subj. prés., 3e p. s. de peser. (Penset.) (Mort) l’abat qui qu’en peist u qui nun, 1279. V. le précédent.

PEITEVIN. S. p. m. (Pictavini), 3794, 3961. — R. p. m. : peitevins, 3062, 3702.

PEITOU. R. s. (Pictavum), 2323.

PEIZ. S. s. f. Poix (Picem) : Issi est neirs cume peiz ki est demise, 1635.

PEJURS. Adject. compar. employé comme superlatif, r. p. m. (Pejores.) C. cumpaignons... des mielz e des pejurs, 1822.

PELÉE. Part. pass., r. s. f. (Pellatam ? de pellis.) Plus qu’on ne lancet une verge pelée, 3323.

PELERIN. S. p. m. (Peregrini.) Li pelerin le veient ki là vunt, 3687.

PELS. R. p. f. Peaux (Pelles) : Faz vos en dreit par cez pels sabelines, 515. De sun col getet ses grandes pels de martre, 281. Tert lui le vis od ses grandes pels de martre, 3940.

PENDRE. Verbe act. Inf. prés. (Pendere, qui est tantôt actif, tantôt neutre.) E l’ plait ad Ais en fut juget à pendre, 1409. N’i ad Frances ki vos juget à pendre, 3789. Cf. le vers 3670, où le manuscrit porte, par erreur, prendre. — Ind. prés., 3e p. s., pent : Pent à sun col un escut, 2991. 3e p. p., pendent : Par les mains le pendent sur une columbe, 2586. En lur cols pendent lur escuz, 3867. Et, au neutre : Cil gunfanun sur les helmes lur pendent, 3005. — Impér., 2e p. s., pent : Sis pent tuz, 3953. ═ Passif. Ind. prés., 3e p. p., avec un s. p. m., sunt pendut : .XXX. en i ad d’icels ki sunt pendut, 3958. — Subj. prés., 3e p. s., avec un s. s. m., seit pendut : Asez est dreiz que Guenes seit pendut, 3932. — Part. pass., s. s. m. : pendut, 3932, et s. p. m. : pendut, 3958. ═ Le verbe pendre présente trois sens : les deux premiers à l’actif, le dernier au neutre. a. Aux vers 2991 et 3867, pendre signifie « suspendre ». — b. Aux vers 1409, 3789, 3932, 3953, 3958, il indique très-nettement le supplice de la pendaison. Et enfin, c, au vers 3005, il a le sens du neutre latin pendent...

PENE. R. s. f. C’est le cuir qui recouvre l’écu (Pennam ??) : Sur sun escut en la pene devant, 1298. De sun escut li freint la pene halte, 3425.

PENITENCE. R. s. f. Dans le sens liturgique et sacramentel. C’est la pénitence infligée par le confesseur (Pœnitentiam) : Par penitence les cumandet à ferir, 1138. Ainsi parle Turpin aux Français, après leur avoir donné l’absolution.

PENSER. Verbe act., employé au sens absolu. (Pensare.) Baisset sun chef, si cumencet à penser, 138. ═ Il est également employé comme verbe pronominal : Li quens Rollanz ne l’se doüst penser, 355. Le sens est : « Rolland n’aurait pas dû avoir cette pensée. »

PENT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. de pendre. Suspend (Pendit), 2991.

PENT. Verbe act., 2e p. s. de l’impér. de pendre. Pends (Pendre), 3953.

PENUSE. Adj., s. s. f. Peineuse, attristée, rude (Pœnosa) : Si penuse est ma vie, 4000. Ce mot, au r. s. f., entre dans la composition de Val-penuse, 3256.

PER. Adjectif pris substantivement. S. s. f. Semblable, pareil, égal. (Par, paris.) On dit de l’épée « Joiuse » : Unches ne fut sa per, 2501. — R. s. m., per : Pinabel mun ami e mun per, 362. Rollant apelet sun ami e sun per, 1975. Cf. 64. — R. s. f., per (dans le sens d’épouse) : Ki me jurat cume sa per à prendre, 3710. — S. p. m. : per. Ce mot, au pluriel, s’applique particulièrement aux douze Pairs : Li duze per, 262 et 3187, et pers, par erreur, 547, 903 et 965. — R. p. m. : pers, 1308, 2215, 2515 et 2865. ═ Le vers 2148 indique bien le sens exact et originel de pers : Perdut avum noz seignurs e noz pers...

PERCET (unt). Verbe actif. Parf. comp., 3e p. p., avec un r. s. m. (?) : Turpin de Reins (unt) tut sun escut percet, 2077. ═ Passif. Ind. prés., 3e p. s., avec un s. s. m. : Percet (est) mun escut, 2050. — Part. pass., s. s. m. : percet, 2050. R. s. m. : percet, 2077. ═ La vraie forme est perciet ; car ce mot se trouve en assonance dans une laisse en ier.

PERDITIUN. R. s. f. Perte (Perditionem) : Guenes est turnet à perditiun grant, 3969.

PERDRE. Verbe act. Inf. prés. (Perdere.) Si ’n deit hom perdre e de ’ quir e de l’ peil, 1012. Cf. 2287. Desur le buc la teste perdre en deit, 3289. Dans l’exemple suivant, l’infinitif actif est employé passivement : Li XII. per tuit sunt jugez à perdre, 937. — Ind. prés., 1re p. s. : pert, 840. 3e p. s. : pert, 3720 et (?) 305. 3e p. p. : perdent, 1401. Au vers 3401, perdent est employé sans régime, absolument : A cols pleners de lor espiez i perdent. — Parf. simpl., 3e p. s., perdit : Puis en perdit e sa vie e ses membres, 1408. Au vers 2795, perdiet : Li reis Marsilie le poign destre i perdiet. — Parf. comp., 2e p. s., avec un r. s. f. : as perdut, 2455 ; 3e p. s., avec un r. s. m. : ad perdut, 2167, et de même, avec un r. p. m. : Morz sunt Franceis, tuz les i ad perdut, 2038. Et avec un r. s. f. : ad perdue, 1323, et a perdue : Ço sent Rollanz la veüe a perdue, 2297. Cf. 2574. 1re p. p., avec un r. s. m. : avum perdut, 2700, et avec un r. s. f. : avuns perdud, 2119 ; 2e p. p., avec un r. s. m. : avez perdut, 3498 ; 3e p. p., avec un r. p. m. ou n. : unt perdut, 2094. — Fut., 3e p. s. : perdrat, dans le sens absolu de notre mot : « Il n’y perdra pas » : N’i perdrat Carles, 755. Et, à l’actif : Enquoi perdrat dulce France sun los, 1194. — Cond., 1re p. s. : perdreie, 1054 ; 3e p. s. : perdreit, 597. — Subj. prés., 3e p. s. : perdet, 806, 1090, 3170, et peut-être : pert, 305 ; 1re p. p. : perduns, 45, 59 ; 3e p. p. : perdent, 44, 58. — Parf. du subj., au sens absolu, 3e p. s. : ait perdut : Iço ne di que Karles n’i ait perdut, 1959. — Part. pass., r. s. m. : perdut, 2167, 2700, 3498. R. s. n. : perdut, 2455, 2038, 2119, 2094, 1959. R. s. f. : perdue, 1323, 2297, 2574. ═ Entre en composition dans Salt-perdut, nom de cheval, 1554. ═ On remarquera les loc. suivantes qui sont restées dans notre langue : « Perdre la vie, la tête, les couleurs, la vue. » — « J’y perds. » — etc.

PERE. Voc. s. m. (Pater.) Damnes Deus pere, n’en laiser hunir France, 2337. — R. p. m., peres : Ne reverrunt lor peres ne lor parenz, 1421.

PERE. S. s. m. Pierre (Petrus) : Plus valt Mahum que seint Pere de Rume, 921. — R. s. m., Pere : Ad oes seint Pere en cunquist le chevage, 373. ? Cf. Perre, par erreur, 2346, et Pière, 3094.

PERES. R. p. m. (Patres), 1421. V. Pere, de Pater.

PERIL. R. s. (Periculum.) A la grant feste seint Michel de l’peril, 152. Cf. 2394. — R. p., perilz : Gua(ri)s de mei l’amne de tuz perilz, 2387. ═ Seint Michel de l’Peril, c’est saint Michel honoré sur le mont de ce nom, près d’Avranches. Dans la légende latine, ce pèlerinage est appelé in monte Tumba ou de Periculo maris. V. notre note du v. 37.

PERNEZ. Verbe act. Impér., 2e p. p. (Prehendite.) Pernez mil Francs, 804. Pernez m’as braz, 2829.

PERRE. R. s. m. (Petrum.) Par erreur ? au lieu de Pere, 2346.

PERRE. R. s. f. Pierre (Petra) : Rollanz ferit en une perre bise, 2338. Cf. 2300, et pierre, 982. — R. p. f., perres : As perres d’or gemmées, 1452. Cf. 3306, et pierres, 1661. Dans ces derniers exemples, il s’agit de pierres fines, ou, comme nous dirions aujourd’hui, de pierreries...

PERRUN. R. s. m. Pierre, rocher, roc. (Sur petra, on a fait petro, petronis.) 12, 2312, 2556. — R. p. m. : perruns, 2268.

PERS. S. s. m. Violet, violacé, et, par extension, pâle, livide (Persicus, persus, de persicum, pêche, à cause de la couleur de ce fruit) : Teint fut e pers, desculuret e pale, 1979. Il s’agit d’Olivier mourant.

PERS. R. p. m. (Pares.) 1308, 2148, 2215, 2515, 2865. Ce mot s’applique particulièrement aux douze Pairs. V. Per.

PERS. R. p. m. Persans (Persas), 3240, 3241.

PERT. Verbe neutre, 3e p. s. de l’ind. prés. (Paret.) Al’ matin(et), quant primes pert li albe, 2846.

PERT. Verbe actif. Ind. prés., 1re p. s. Je perds (Perdo) : Deus ! se jo l’pert, ja n’en averai escange, 840. V. Perdre.

PERT. Verbe act. Ind. prés., 3e p. s. Perd (Perdit) : Pert la culor, 3720. V. Perdre.

PERT. Verbe act. Subj. prés., 3e p. s. Perde (?) (Perdat) : A ben petit que il ne pert le sens, 305. V. Perdre. On peut encore expliquer ce vers par l’indicatif.

PERSIS. Adj. r. s. m. De Perse (Persitium) : Si i merrez Torleu le rei persis, 3204.

PERTE. R. s. f. (C’est un de ces substantifs formés sur les anciens participes latins, comme rente, depense, retraite, etc. Perditam.) De voz paiens mult grant perte i avereiz, 568. Li quens Rollanz des soens i veit grant perte, 1691.

PESANCE. R. s. f. Douleur, chagrin, préoccupation triste (Pensantiam) : Dit à l’Rei : « De quei avez pesance, » 832. Pur ceste espée ai dolor e pesance, 2335. Carles en ad e dulor e pesance, 3711.

PESANT. Part. prés., employé adjectivement, s. s. m. Dur, rude (de pensare) : Li quint (estur) après lor est pesant e gref, 1687. — S. s. f., pesant : La bataille est merveilluse et pesant, 1412 et 3381. — S. s. m. : Li adubez en sunt li plus pesant, 2470. Dans ce dernier exemple, le sens est primitif et matériel : il s’agit d’hommes qui se noient, et pesant signifie « lourd ». (V. Peiset.)

PESMES. Adj. S. s. m. Mauvais, terrible (Pessimus) : Li Reis est fiers e sis curages pesmes, 56. Vostre curages est mult pesmes, 256. Cf. 2550 : Uns granz leons... mult par ert pesmes, et 3403 : Ais vos le caple e dulurus e pesmes. — R. s. m., pesme : A Rollant rendent un estur fort e pesme, 2122. — R. s. f., pesme : Une bataille lur livrat le jur pesme, 813. — R. p. f., pesmes : Vendrunt li hume, demanderunt noveles : — Je ’s lur dirai merveilluses e pesmes, 2918, 2919.

PETIT. Adj. neutre, employé adverbialement, 305, 1239. V. le suivant.

PETIZ. Adj., s. s. m. (?) : N’est gueres granz ne trop nen est petiz, 3822. — R. s. m., petit : Sun petit pas s’en turnet, 2227. Cf. 3357. — R. s. f., petite : Nus i avum mult petite campaigne, 1087. — R. p. f., petites : Petites (ad) les oreilles, 1656. ═ Petit est employé au neutre, dans le sens de « peu » : Kar de Franceis i ad asez petit, 1239. A ben petit que il ne pert le sens, 305. ═ Rem. la locution A ben petit que.

PEZ. R. s. p. Pour piez (Pedes.) Cinquante pez i poet hom mesurer, 3167.

PIÈCE. R. s. f. Morceau (Petiam) : Trenchet la coife..., une pièce en abat, 3437.

PIED. R. s. m. Sauf au v. 2240, où il s’agit du pied-mesure, ce mot est partout employé dans le sens primitif. (Pedem.) Li message descendirent à pied, 120. A pied estes, 2138. Il nen i ad ne veie ne senter, — Ne voide tere ne alne ne plein pied, 2400. Piet : Descent à piet, 2013. Cf. 2071. Remés est à piet, 2168. — R. p. m., piez : En piez se drecet, 195. Ne vos ne il n’i porterez les piez, 260. Franceis se drecent, si se metent en piez, 1139. Piez ad copiez e les gambes ad plates, 1652. Met sei sur piez, 2298. Cf. pez, 3167. ═ On rem. ici un grand nombre de locutions qui nous sont restées : « Être à pied. — Porter les pieds quelque part. — Se remettre sur pieds, » etc. etc.

PIERE. R. s. f. (Petram.) Piere n’i ad que tute ne seit neire, 982, et perre, 2300, 2338. — R. p., pierres : Pierres i ad, ametistes e topazes, 1661. Cf. perres, 1452, 3306. V. Perre.

PIERE. R. s. m. Saint Pierre (Petrum) : Seint Piere fut, si aveit num Romaine, 3094.

PIEZ. V. Pied.

PIMENT. R. s. Épices, mélange de miel, de vin et d’épices. (Pigmentum.) En parlant des héros morts à Roncevaux, on dit que leurs corps ben sunt lavez de piment e de vin, 2969.

PIN. R. s. m. (Pinum.) Desuz un pin, 114 et 2375.

PINABELS. S. s. m. Nom du champion de Ganelon (?), 3885, et Pinabel, 3783, 3788, 3838, 3915. — Voc., s. m. : Pinabel, 3899. — R. s. m. : Pinabel, 362, 3926.

PINCENEIS. R. p. m. Nom de peuple païen, 3241. C’est, suivant nous, un nom de fantaisie.

PINE. R. s. Nom d’une terre conquise par Roland. M. P. Raymond propose le « Château Pignon ou Pinon, près de Roncevaux ? », 199.

PITET. S. s. f. Pitié (Pietatem) : Pitet l’en prend, ne poet muer n’en plurt, 825. Idunc agreget la pitet, 2206. — R. s. f., pitet : Cel n’en i ad ki de pitet ne plurt, 822. Cf. 1749. Naimes li Dux en ad mult grant pitet, 2417. Cf. pitiet, 3871. — C’est cette dernière forme qui est la bonne, car ce mot ne se trouve en assonance que dans les couplets en ier. On remarquera les locutions : « La pitié le prend... — Avoir pitié, » etc.

PIZ. R. s. Poitrine (Pectus) : Par la barbe ki à l’piz me ventelet, 48. Mal seit de l’coer ki el’piz se cuardet, 1107. Par mi le piz sun espiet le mist fors, 1947. Cuntre sun piz puis si l’ad embracet, 2174.

PLACE. R. s. f. (Plateam.) Quias le guant me caïst en la place, 764. En estal en la place, 1108. Mort l’abat en une voide place, 1668. Fait porter. IIII. bancs en la place, 3853. Cf. 3549. — Rem. la locution « en la place » : c’est la seule où ce mot soit employé.

PLACE. (Placeat.) V. le suivant.

PLACET. Verbe neut. Subj. prés., 3e p. s. Plaise (Placeat) : Ne placet Deu, 358, 1062, 1073, 3538, 3906. place : Ne place Deu, 3718. V. Plaist.

PLAIDER. Verbe neut. Inf. prés. 1° « Tenir le plaid » (Placitare, de placitum) : Ad Ais, o Carles soelt plaider, 2667. ═ 2° « Être garant au plaid ». En parlant des trente otages de Ganelon, l’auteur dit : Si parent ki plaidet unt pur lui, 3933. (Parf. comp., 3e p. p.) ═ La vraie forme est plaidier ; car ce mot ne se trouve, comme assonance, que dans un couplet en ier.

PLAIES. R. p. f. (Plagas.) En ses granz plaies les pans li ad butet, 2173.

PLAIGNE. R. s. f. Plaine (Planam) : Grant est la plaigne, 3305. — R. p. f. : E li lariz e trestutes les plaignes, 1085.

PLAISIR. R. s. Gré (Placere ?) : A tun plaisir te durrai mun aveir, 3894. ═ At un plaisir, signifie : « À ton gré ».

PLAIST. Verbe neutre, 3e p. s. de l’ind. prés. Plaît (Placet) : Deus, se lui plaist, 519. Issi seit cum vos plaist, 606. Se tei plaist, 3108. — Subj. prés., 3e p. s., placet, Ne placet Deu, 358, 1062, 1073, 3538, 3906, et place, 3718.

PLAIZ. S. s. m. Plaid, cour du roi, l’ancien placitum palatii (Placitum) : Quant Guenes veit que ses granz plaiz cumencet, 3780. Cf. 3841, et plait : Dès or cumencet le plait e les noveles, 3747. Cf. 3704 : Dès or cumencet le plait de Guenelun. — R. s., plait : El’ plait ad Ais en fut juget à pendre, 1409. Cf. 3741, 3799. ═ Aux v. 88 et 226, plait a un sens différent. Il signifie : « Arrangement, accord, pacte. » (Voy. également ce sens, dans Ducange, au mot placitum.) Dist Blancandrins, Mult bon plait en avereiz, 88. Ki ço vos lodet que cest plait degetuns, 226.

PLATES. Adj., r. p. f. (Allem. platt, ancien haut allem. flaz, etc. V. Diez, I, p. 318.) Piez ad copiez e les gambes ad plates, 1652.

PLEGES. R. p. m. Pleiges, cautions. (En latin prœs, prœdis, avait le sens de caution ; mais, comme Diez et Littré l’établissent, prœs n’a pu donner des types tels que plevi, en prov., et plegium, plevium, en bas lat. Diez propose prœbium, de prœbere : c’est, suivant nous, encore moins acceptable. Chevalet cite l’anc. allem. pflegen, etc. Mais encore est-ce plege qui est venu de pflegen, ou pflegen de plegium ?) Dist li Empereres : « Bons pleges en demant, » 3846.

PLEIET. Part. pass., r. s. m. Plié (Plicatum) : Cest guant ad or pleiet, 2677.

PLEIGNE. Verbe act., 1re p. s. du subj. prés. de pleindre (Plangam), 834. Au sens neutre, 2915.

PLEIGNENT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. de pleindre. (Plangunt.) Franceis en plurent, e si la pleignent, 3722.

PLEIGNET (se). Verbe réfl. Subj. prés., 3e p. s. (Se plangat), 915.

PLEIN. R. s. m. ? Plaine (Planum) : En mi un plein unt prise lur estage, 3129.

PLEIN. Adj., r. s. m. (Plenum.) Oliphan plein d’or, 3686. Il nen i ad ne veie ne senter — Ne voide tere ne alne (ne) plein pied, 2400. — R. s. f., pleine : Pleine sa hanste l’abat mort des arçuns, 1534. Cf. 1204, etc. Enmi la pleine tere, 3294. Grant pleine palme e plus, 3606. — R. p. m., pleins : Carles... set anz tuz pleins ad ested en Espaigne, 2. — R. p. f. : pleines : Trait ses crignels pleines ses mains amsdous, 2906. ═ Ce mot a deux sens : 1° rempli, et 2° (par extension) entier. ═ Rem. la locution : « Pleines ses mains », que nous avons gardée, en la modifiant légèrement.

PLEINDRE. Verbe act. Inf. présent. (Plangere.) Pleindre poüms France dulce, la bele, 1695. Cf. 2315. — Ind. prés., 3e p. s., pleingnet, 2251 : Forment le pleingnet. 3e p. pleignent, 3722. — Parf. simpl. (?), 3e p. s., pleinst : Mult dulcement la pleinst à sei meïsme, 2343. — Subj. prés., 1re p. s. : pleigne, 834, 2915. 3e p. s. : se pleignet, 915.

PLENERS. Adj., r. p. m. Accomplis, parfaits (Plenarios) : A cols pleners, 2463, 2862, 3401. ═ Ce mot est employé comme assonance dans un couplet en er.

PLEVIS. Verbe actif (403, etc.) ou neutre (3847, etc.). Ind. prés., 1re p. s. Garantir, assurer (V. Pleges) : Jo vos plevis qu’en vermeill sanc ert mise, 968. Jo vos plevis ja returnerunt Franc, 1704. Cf. 1058, 1069, 1072. 3e p. p., plevissent ? : .XXX. parenz li plevissent, leial, 3847. Ici le sens est primitif : « Être pleige, être caution légale. » ═ Parf. simpl., 3e p. s., plevit : L’un à l’altre la sue feit plevit, 403. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. f., ad plevie : M’ad plevie si feid, 507. — Part. pass., r. s. f. : plevie, 507.

PLORER, 349. V. Plurer.

PLUIE. S. s. f. (Pluvia.) Pluie n’i chet, 981. — R. p. f., pluies : Orez i ad... pluies e gresilz, 1425.

PLURER. Verbe le plus souvent neutre, et quelquefois actif, v. 1853, 2022... Pleurer (Plorare), 2217, 2856, 3629, et plorer, 349. — Ind. prés., 3e p. s., pluret : Karles li magnes en plur(et), 1404. Pluret des oilz, 2943. Cf. 4001. Rollanz le pluret, 2022. E il les pluret, 1853. 3e p. p. : plurent : Plurent des oilz, 1446, 2415. Cf. 2695, 3722. — Part. simpl., 3e p. p. : plurerent, 3870. — Fut., 3e p. p. : plurrunt, 1749. — Subj. prés., 1re p. s., plur : Jamais n’ert jur que ne plur ne m’en pleigne, 2915. 3e p. s. : plurt, 773, 822, 1814, 1835. Ki qu’en plurt u k’en riet, 3364. Ne poet muer n’ en plurt, 2381. — Part. prés., s. s. m., plurant : A l’ doel qu’il ad s’en est turnet plurant, 2838.

PLUS. Adv. (Plus.) 1° Plus, employé seul, signifie « davantage » : Ki dunc li fesist plus, 240. En la grant presse mil colps i fiert e plus, 2090. Que fereient-il plus ? 2812. Cf. 603, 890 et 1560. ═ 2° Plus, avec « de », reçoit la même signification : Plus de vint milie humes, 13. Plus de mil manguns, 621, etc. ═ 3e Avec une négation, plus désigne la cessation d’une action, un changement d’état : Ultre cest jurn ne serum plus vivant, 1477. Morz est li quens que plus ne se demuret, 2021.

PLUSUR. S. p. m. « Plusieurs, beaucoup, » et, avec l’article, « le plus grand nombre » (Pluriores). Ce mot s’emploie : 1° Substantivement : Tuit li plusur en sunt dublez en treis, 995. Se pasment li plusur, 2422. Alquanz (sunt) ocis e li plusur neiet, 2477. Cf. plusor : Dient plusor : C’est le definement, 1434. ═ 2° Adjectivement. R. p. m. ou n., plusurs : De plusurs regnes vendrunt, 2911. — R. p. f., plusurs : De plusurs choses à remembrer li prist, 2377. Plusurs culurs i ad, 2594. En plusurs gestes, 3181.

POEDENT. Verb. neut., 3e p. p. de l’ind. prés. de podeir, 1841. (V. Puis.) L’étymologie n’est pas possunt, mais un type populaire et bas lat., tel que potent, de potere.

POEENT. Verb. neut., 3e p. p. de l’ind. prés. (bas lat. potent, et non possunt), 3063. V. Puis, poedent, poent.

POEIT. Verb. neutr., 3e p. s. de l’impératif de l’ind. (bas lat. potebat), 2216. V. Puis.

POENT. Verb. neut., 3e p. p. de l’ind. prés. (bas lat. potent, et non possunt), 1440, 1625, 2493. V. Puis, poedent, poeent.

POESTE. R. p. f. Puissance (Poeste vient d’un type tel que potesta, potestœ ?) : Ki guierat mes oz à tel poeste, 2926.

POESTEÏFS. S. s. m. Puissant, qui a le pouvoir (Tertullien emploie déjà potestativus en ce sens) : Charles... li reis poesteïfs, 460 et 2133.

POESTET. R. s. f. Puissance, force (Potestatem), 477, 2609, 3653, et poested, 434.

POET. Verb. neutr. 3e p. s. de l’ind. prés. (bas lat. potet, et non potest), 9, 61, 95, 278, 615, 783, 825, 959, 980, 1034, 1683, 1992, 2203, 2381, 3913. V. Puis.

POEZ. Verb. neut., 2e p. s. de l’ind. prés. (Pour poes, de potes.) Venger te poez, 2456.

POEZ. Verb. neut., 2e p. p. de l’ind. prés. (Potetis), 1104, 1538.

POI. Verb. neut., 1re p. s. de l’ind. prés. (Possum.) Ne la poi traire, dit Olivier en parlant de son épée, 1365.

POI. Adj., s. p. m. Peu (Pauci) : Poi s’en estoerstrent, 3632. — R. p. m., poi : Quant paien virent que Franceis i out poi, 1940.

POI. Adv. Peu (bas lat. paucum) : De noz Fanceis m’i semblet aveir mult poi, 1050. Mais ce mot se trouve presque exclusivement employé dans la locution pur poi ou pur poi que..., laquelle signifie : « Il s’en faut de bien peu que... » : Pur poi d’ire ne fent, 304. Por poi qu’il n’est desvet, 2784. Carles cancelet, pur poi qu’il n’est caüt, 3608.

POIGN. R. s. m. (Pugnum), 767, 874, 1903, 2678, 2701, 3845. V. Puign, poinz, puing.

POIGNANT. Part. prés., s. s. m. Piquant de l’éperon (Pungens) : Le cheval brochet, si vient poignant vers lui, 2055. — R. s. m., poignant : As vos poignant Malprimis, 889. V. Puignant.

POIGNEOR. R. s. m. Combattant guerrier (Pugnatorem), 3775. Cf. puinneres au v. 3033, qui est le cas sujet, et puigneürs, r. p. m, au v. 3677.

POINZ. R. p. m. Poings (Pugnos), 720, 1359, 1612. V. Puign.

POIS. Verb. neut., 1re p. s. de l’ind. prés. (Possum), 657, 1548, 2412. V. Puis.

POIS. Adv. Ensuite (Post) : Pois, me jugez Rollant à rere garde, 656. Pois est munted, entret en sun veiage, 660. Cf. 1358, etc. Voy. Puis.

POISANT. Part. prés. employé adjectivement. (Possentem.) Seignat sun chef de la vertut poisant, 3111. Cf. puisant, au r. s. f., 2731.

POISSENT. Verb. neut., 3e p. p. du subj. prés. (Possint), 3049.

POISSET. Verb. neut., 3e p. s. du subj. prés. (Possit), 1555, 3049. V. Puisset.

POR. S. p. m. Porcs (Porci), 1751, et porc, 2591, 3223.

POR. Préposition (Pro), 68, 687, 1437, 1640, 1722, 2102, 2582, 2789, 3785. V. Pur, qui est la forme correcte (pour les mêmes raisons développées plus haut au mot nos). C’est à ce mot que nous exposerons les différents sens de cette préposition, et aussi ceux de por quei, 1722, 2582 ; por ce que, 2102 ; por poi que, 2789, etc.

PORRUM. Verb. neut., 1re pers. du futur (Potere habemus), 1973. V. Puis, purrum, purum, purruns.

PORT. R. s. m. Défilé dans les montagnes, et, par extension, les montagnes elles-mêmes (Portum) : Se l’pois trover à port ne à passage, 657. — S. p. m., port : Brochent ad ait tant cum durent li port, 1802. — R. p. m., porz : Li reis serat as meillors porz de Sizer, 583. Cf. 719, 741, 790, 944, 1057, 1071, 2939... ═ Deux fois ce mot a le sens de « port de mer ». Au r. s. : Suz Alixandre ad un port juste mer, 2626 ; et au r. p. : Dès Besençun tresqu’as (porz) de Guitsand, 1429. Le mot n’est pas dans le manuscrit, mais a été restitué par tous les éditeurs d’après les manuscrits de Paris et de Versailles.

PORT. Verb. act., 3e p. s. du subj. prés. de porter (Portet), 2687, 2949, 3017.

PORTE. S. s. f. (Porta.) Du Pareïs li seit la porte uverte, 2258. — R. p. f. : portes, 2690.

PORTER. Verb. act. Inf. prés. (Portare), 610, 897, 3266. — Ind. prés., 3e p. s. : portet, 977, 1154, 1576, 1641. 2e p. p. : portez, 1722. 3e p. p. : portent, 93, 2396. — Imparf. de l’ind., 3e p. s. : portout, 203 (?). — Parf. comp., 3e p. p., avec un r. p. f. : avum portées, 1464. 3e p. p., avec un r. p. m. : unt portet, 2954. — Fut., 1re p. s. : porterai, 2282. 3e p. p. : porterat, 930. 2e p. p. : porterez, 72, 260 ; et dans les laisses en eir, portereiz, 80, 2752. — Fut. passé, 1re p. s., avec un r. s. f. : averai portée, 446. — Impér., 2e p. p. : portez, 2679. — Subj. prés., 3e p. s. : port, 2687, 2949, 3017. — Imparf. du subj., 3e p. s. : portast, 276. ═ Passif. Ind. prés., 3e p. s., avec un s. s. f. : est portée, 3730. — Part. pass., s. s. f. : portée, 3730. R. s. f. : portée, 446. R. s. n. : portet, 2954. R. p. f. : portées, 1464. ═ Il n’y a rien d’important à noter sur les différentes acceptions de ce mot dans le Roland, si ce n’est peut-être la locution : « Porter les pieds », qui nous est restée : Ne vos ne il n’i porterez les piez, 260 ; et surtout l’expression porter ire, dans le sens de notre mot « porter rancune » : Pur quei me portez ire, 1722.

POÜMS. Verb. neut., 1re p. p. de l’ind. prés., 1695. V. Puis.

POÜR. R. s. f. Peur (Pavorem), 828, 843, 1815, 2046, 3613. On disait « être en peur », dans le sens « d’avoir peur », v. 1815.

POÜSSUM. Verb. neut., 1e p. p. de l’imparf. du subj. (Potuissemus), 631. V. Puis.

POÜSUM. Même temps, même mode du même verbe, 624. V. Puis.

POÜST. Verb. neutr., 3e p. s. de l’imparf. du subj. ou, plutôt, du conditionnel (Potuisset), 1182. V. Puis.

POUT. Verb. neutr., 3e p. s. du parfait de l’ind. (Potuit), 344, 1037, 1218, 1541, 2219, 2314. V. Puis.

PRAMETENT. Verb. act., 3e p. p. de l’ind. prés. de prametre. Promettent (Promittunt) : Cumunement l’en prametent lor feiz, 3416. ═ Passif, 3e p. s. de l’ind. prés., avec un sujet neutre sous-entendu : Pramis nus est, fin prendrum aïtant, 1476.

PRECIUSE. S. s. f. Précieuse, nom de l’épée de Baligant (Pretiosa), 3471. — R. s. f. : preciuse, 3298 et 3564. Cette épée est ainsi appelée par opposition à l’épée de Charlemagne, Joyeuse...

PRED. R. s. Pré (Pratum), 1334, 2448, 3925, et pret, 2496. — R. p. : prez, 1778 et 2486.

PRÉE. S. s. f. Prairie (Prata) : De desuz Ais la prée est mult large, 3873. — R. s. f. : prée, 1375.

PREIÈRENT. Verb. neut., 3e p. p. du parf. simpl. de preier. (Preier vient de precari.) Tuit li preièrent li meillor Sarrazin, 451.

PREIET (ad). Verbe neutre. Parf. comp., 3e p. s. de preier. (Habet precatum.) Mult dulcement li ad Rollanz preiet, 2176.

PRE[I]ET (out). Verb. neut., 3e p. s. du parf. comp. de preier. Preier vient ici de prœdari et signifie « piller, faire du butin ». Nous avons donné de nombreux exemples de ce verbe à notre note du v. 385 : Rollant... ont pre[i]et dejuste Carcasonie, 385. — Part. pass., r. n. : preiet, 385.

PREIEZ. Verbe actif. Impér. 2e p. p. de preier. Priez, 1132.

PREISER. Verb. act. Inf. prés. (Pretiare.) Tant ne l’vos sai ne preiser ne loer, 532. Fait asez à preiser, 1516. Cels qu’il unt mort, ben les poet hom preiser, 1683. — Ind. prés., 1re p. s., pris : Trestuz les altres ne pris-jo mie un guant, 3189. 3e p. s., priset : Mult vos priset mi sire, 636. — Part. simp., 3e p. p., preiserent : A .XX. (milie) chevalers la preiserent, 3029. — Subj. prés., 3e p. s., prist : Suz ciel n’ad rei qu’il prist à un enfant, 2739. — Part. pass., r. p. m., preisez : XXIIII. de tuz les melz preisez, 1872. ═ Le mot preiser a deux sens : 1° « Supputer », 1683, 3629, etc. 2° « Apprécier, faire cas de... », 532, 1516, 1872, etc. ═ Preiser à... signifie « estimer à la valeur de... », 2739. ═ Rem., au v. 1516, la locution fait à preiser, qui a eu une si belle fortune dans notre langue. ═ Ce mot ne se trouvant comme assonance que dans les couplets en ier, il faut lire : preisier.

PREIUM. Verbe act. Impér., 1re p. p. de preier. Prions : Laisum le pleit e si preium le Rei, 3799.

PREMER. V. Premers.

PREMEREINS. Adj. Premier (Cf. dans Ducange Primayranus, et dans le Lex. Roman de Raynouard, Primeiran) : Blancandrins ad tut premereins parled, 122. Tut premereins chevalchet devant l’ost, 1189. Cf. 2424 ; et premerein : Tut premerein l’en respunt Falsaron, 879.

PREMERS. Adj., s. s. m. Premier (Primarius) : Nostre est li premers colps, 1211. Cf. 2842. Premer, 2656 ; et premier, 1259. — S. s. f. : premere, 3220, 3238, 3253. — R. s. m. : premer, 83, 693, 732, 2613, et (?) 3018. — S. p. f. : premeres, 3026. — R. p. m. : premers, 2076. La forme correcte, d’après les mots de la même famille, est premier.

PRENDRE. Verbe act. Inf. prés. (Prehendere.) 1° Conjugaison. Inf. prés. : prendre, 333, 1816, 3696. — Inf. prés., 3e p. s. : prent, 1904, 2523, 3622, et se prent, 343. 3e p. p. : prenent, 2552, 2764, 2884. — Parf. simpl., 1re p. s. : pris, 491. 3e p. s. : prist, 209, 1523, 1775, 2026, 2263, 2377, 2886. 2e p. p. : presistes, 205. 3e p. p. : pristrent, 2706. — Parf. comp., 1re p. s., avec plus. r. s. f. : ai pris, 199. 3e p. s., avec un r. s. m. : ad pris, 509, 2224, 2390, 2830. Avec plus. r. m. et n. : ad pris, 1148. Avec un r. s. f. : ad prise, 97, 663, 2488. Avec un r. p. f. : ad prises, 641. 2e p. p., avec un r. s. m. : avez pris, 1948. — Fut., 1re p. s. : prendrai, 2139. 3e p. s. : prendrat, 1459. 1re p. p. : prendrum, 1476. — Impér., 2e p. p. : pernez, 804, 2829. — Plus-que-parf. du subj., 1re p. p., accomp. d’un r. s. f., et avec le sens d’un conditionnel passé : oüsum prise, 1729. — Fut. passif, 2e p. p., avec un s. s. m. : serez pris, 434. — Part. pass., s. s. m. : pris, 434. R. s. m. : pris, 509, 1948, 2224, 2390, 2830. R. s. n. : pris, 1148. R. s. f. : prise, 97, 663, 2488. R. p. f. : prises, 641. ═ 2° Sens. a. La signification primitive de prendre est celle de « saisir, appréhender », et ce mot, dans ce sens, se dit surtout des choses : Prist l’olifan, 2263. Cf. 209, 333, 491, 509, 641, 1904, 2224, 2390, 2523, 2706, 2820, 2884, 3622. ═ b. Prendre s’applique également aux personnes, et se dit aussi de quelqu’un « qu’on fait prisonnier » : Li Reis fait prendre le cunte Guenelun, 1816. Cf. le v. 434, et, dans le sens de « prendre quelqu’un dans ses bras », le v. 2829. Se prendre à braz, 2552, est « se saisir à bras le corps pour lutter ». ═ c. « Prendre une ville, la conquérir » : Jerusalem prist ja par traïsun, 1523. Ja prist-il Noples, 1775. Cf. 97, 199, 663. ═ d. « Recevoir » : Pris en ad or e aveir, 1148. Cf. 1948. ═ e. Loc. diverses : Prendre sujurn, 3696 ; prendre sa herberge, 2488, et prendre estat, 2139 ; prendre cunget, 2764 ; prendre cunseill, 205 ; prendre venjance, 1459 ; prendre fin, 1476 ; prendre bataille, 1729. La plupart de ces locutions nous sont restées. ═ f. « Se prendre » a le sens de : « Se mettre à... » Se prent de cunréer, 343. Dans un sens analogue, prendre s’emploie avec le ou li : Mult dulcement à regreter le prist, 2026. De plusurs choses à remembrer li prist, 2377. Dulcement à regreter le prist, 2886. Nous dirions aujourd’hui : « Il se prit à le regretter, » etc.

PRÈS. Adv. (De pressus.) Cist nus sunt près, mais trop nus est loinz Carles, 1100. Ne loinz ne près, 1992. Ço sent Rollanz que la mort li est près, 2259. Cf. 2270. Plus près d’ici, 2735.

PRESE. R. s. f. Foule (Pressam. C’est un de ces substantifs dérivés d’anciens participes latins) : Ist de la prese, 1220. Cf. Presse, qui est la forme correcte, aux v. 933, 1499, 1967, 2090, 3370.

PRESENT (en). Loc. adverbiale. (In præsenti.) Le propre sens, le sens étymologique, est celui de « en présence de... » C’est ainsi que Ganelon dit à Charlemagne qui l’envoie à Saragosse : Dreiz emperere, veiz me ci en present, — Ademplir voeill vostre comandement, 308, 309. Le même sens nous est offert par les deux vers suivants : La fin de l’secle ki nus est en present, 1435. La tue amurs me seit hoi en present, 3107. De là les deux expressions « mettre ou laisser quelque chose en présence, sous les yeux, en present de quelqu’un » ; en d’autres termes, « lui en faire présent. » Tere Majur vos metrum en present, 952. Or e argent lur met tant en present, 398. Demi mun host vos lerrai en present, 787. Cf. 954.

PRESENT. Verbe act., 1re p. s. de l’ind. prés. Je présente (Præsento) : De trestuz reis vos present les curunes, 388. 3e p. s., comme verbe réfl. : Guenes li quens à ses piez se presentet, 3792. 3e p. p., presentent : De Sarra(gu)ce li presentent les clés, 2768. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. m., ad presentet : Sun destre guant en ad presentet Carle, 3851. — Impér., 2e p. p., presentez : Le grant aveir en presentez à l’rei Carles, 655.

PRESISTES. Verbe act., 2e p. p. du parf. simple de prendre (Prehendistis), 205.

PRESSE. R. s. f. Foule (Pressam) : Cunduit sun cors en la presse des Francs, 3370. Cf. 933, 1500, 1967, 2090. Cf. Prese, 1220.

PRET. R. s. Pré (Pratum), 2496, et pred, 1334, 2448, 3925. — R. p. : prez, 1778 et 2486.

PREZ. S. s. m. Prêt (Prœstus, qui se trouve en de vieilles inscriptions, dans la Loi salique et dans la Loi des Wisigoths) : Se li Reis voelt, prez sui por vus le face, 295.

PRI. Verbe act. ou neutre, 1re p. s. de l’ind. prés. Je prie (Precor) : Pur Deu vos pri, en seiez purpensez, 1177. 3e p. s., priet : Si priet Deu que Pareïs li dunget, 2016. 1re p. p., prium : Sire, nus vos prium que clamez quite le cunte Guenelun, 3808, 3809. 3e p. p., prient : Prient Deu que guarisset Rollant, 1837. — Parf. simpl., 3e p. p., preièrent : Tuit li preièrent li meillor Sarrazin, 451. — Parf. simple, 3e p. s., ad preiet : Mult dulcement li ad Rollanz preiet, 2176. — Fut. 3e p. s., prierat : Si prierat tuz jurs por noz peccez, 1882. — Impér., 1re p. p., preium : Preium le Rei que Guenelun cleimt quite, 3799. 2e p. p., preiez : Si preiez Deu mercit, 1132. — Subj. prés., 3e p. s., prit : N’i ad païen ne l’prit, 854. Cf. 3272. — Part. r. s. n. : preiet, 2176. — Ce verbe est actif aux v. 854, 1132, 1177, 1837, 2016, 3272, 3799, 3808. Il est employé sans régime au v. 1882.

PRIAMUN. R. s. m. Nom d’un païen (formé (?) sur Priamus, avec un cas oblique par imitation), 65.

PRIMES. R. s. Nom de lieu païen (?) : Li Amiralz de Primes, 967.

PRIMES. Adverbe. D’abord (Primo. L’s n’est pas étymologique : on le retrouve dans alques, sempres, etc.) : Une bataille lur i rendent cil primes, 589. Seit fel (ki) cher ne se vende primes, 1924. Al’matin(et), quant primes pert li albe, 2845.

PRINCIPAL. Adj., r. s. m. (Principalem.) Si fiert Naimun en l’elme principal, 3432.

PRIS. Verbe act., 1re p. s. de l’ind. prés. de preiser. (Pretio.) Trestuz les altres ne pris-jo mie un guant, 3189.

PRIS. Verbe act., 1re p. s. du parf. simpl. de prendre (Prehendi), 491.

PRIS (ai). Verbe act., 1re p. s. du parf. comp. de prendre (Habeo prehensum), 199.

PRIS (ad). Verbe act., 3e p. s. du part. comp. de prendre (Habet prehensum), 509, 1148, 2224, 2390, 2830.

PRIS (avez). Verbe act., 2e p. p. du parf. comp. de prendre (Habetis prehensum), 1948.

PRIS (serez). Verbe passif, 2e p. p. du fut. passif de prendre, avec un s. s. m. (Essere habetis prehensus), 434.

PRISE (ad). Verbe act., 3e p. s. du parf. comp. de prendre, avec un r. s. f. (Habet prehensam), 97. Cf. 663, 2488.

PRISE (oüsum). Verbe act., 1re p. p. du plus-que-parfait du subj. de prendre, accompagné d’un r. s. f., et avec le sens du conditionnel passé (Habuissemus prehensum), 1729.

PRISES (ad). Verbe act., 3e p. s. du parf. comp. de prendre, avec un r. p. f. (Habet prehensas), 641. ═ Pour les huit mots précédents, voyez Prendre.

PRISET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. de preiser (Pretiat), 636. V. Preisir.

PRIST. Verbe act., 3e p. s. du subj. prés. de preiser (Pretiet), 2739.

PRIST. Verbe act., 3e p. s. du parf. simpl. de prendre (Prehendit), 209, 1523, 1775, 2026, 2263, 2377, 2886. V. Prendre.

PRISTRENT. Verbe act., 3e p. p. du parf. simpl. de prendre (Prehenderunt ? ), 2706. V. Prendre.

PRISUN. R. s. f. Prisun n’a, dans le Roland, que le sens actuel. Ailleurs, il signifie aussi prisonnier (Prensionem) : Hom ki ço set que ja n’averat prisun, 1886. Bramidonie qu’il meinet en sa prisun, 3680.

PRIT. Verbe act., 3e p. s. du subj. prés. de prier (Precet, pour precetur), 854, 3272. V. Pri.

PRIUM. Verbe act., 1re p. p. de l’ind. prés. de prier (Precamus, pour precamur), 3808. V. Pri.

PRODUME. S. s. m. Homme courageux, homme d’honneur (étymologie très-douteuse. Prudens homo n’est pas admissible. Probus est, de toutes les hypothèses, la plus raisonnable pour expliquer proz ; mais il reste encore bien des difficultés) : Ço est Climborins qui pas ne fut produme, 1485. On trouve encore, au s. s. m., trois autres formes : 1° prozdom, 1474, 2608 ; 2° prozdoem, 314 ; et 3° prozdome, 1593. — Voc., s. m. : prozdoem, 2916. — R. s. m. : 1° prozdom, 26 ; 2° produme, 1288 ; 3e prodome, 1501. — S. p. m. : produme, 3875. — R. p. m. : 1° prozdomes, 2212, 3076, et 2° produme(s), 3204. V. Proz.

PROECCE. R. s. f. Courage, action d’éclat (Probitiam ?) : Vostre proecce, Rollanz, mar la veïsmes, 1731. — R. p. f., proecces : Ki de sun cors feïst tantes proecces, 1564.

PROD. R. s. Avantage, profit ; (je ne puis croire à l’étymologie de Diez, pro ; mais on peut admettre, avec Burguy, une influence de prodesse) : Ja mar crerez bricun... Se de vostre prod nun, 220, 221. Mult grant prod i averez, 699 et 3459. Cf. 507, 2305.

PROD. Adverbe. Suffisamment. (on ne saurait admettre probe) : Ne li est guarant prod, 1277, et Ki tant ne set ne l’ad prod entendut, 2098.

PROPHETE. S. s. m. (Propheta.) Dès les Apostles ne fut hom tel prophete, 2255.

PROVEIRES. R. p. m. Prêtres (Presbyteros. Prestre est le cas sujet ; proveire, le cas régime) : Asez i ad... proveires coronez, 2956.

PROVENCE. R. s. f. (Provinciam), 2325, 3007, 3916.

PROZ. Adj., s. s. m. Courageux, bon (Probus, et non prudens) : Oliver li proz e li gentilz, 176. Cf. 576, 3186. Vint i Gerins e li proz quens Gerers, 794. Rollanz est proz e Oliver est sage, 1093. Les deux adjectifs proz et sage sont ici très-nettement opposés. E l’Arcevesque ki fut sages e proz, 3691. Neimes ad fait que proz, 2423. ═ En ce dernier vers, comme aussi au v. 604 (Cunseill n’est proz), le sens de « sage » est plus fortement accentué. Mais probus explique fort naturellement les deux acceptions. — R. s. m., proz : Nen i ad nul si proz, 2905. Cf. 172. — S. p. m., proz : Cil ne sunt proz jamais pur guerreier, 1514. Ce vers précieux nous montre le sens assez vague où restait le mot proz, qu’il a fallu ici commenter par les deux mots : pur guerreier. Cf. 1441.

PROZDOEM. V. le suivant.

PROZDOM. S. s. m. Homme courageux, homme d’honneur (Probus homo ?), 1474, 2068. On trouve encore au s. s. m. : 2° prozdoem, 314 ; 3° prozdome, 1593, et 4° produme, 1485. — Voc. s. m. : prozdoem, 2916. — R. s. m. : 1° prozdom, 26 ; 2° produme, 1288 ; 3° prodome, 1501. — S. p. m. : produme, 3875. — R. p. m. : 1° prozdomes, 2212, 3076, et 2° produme(s), 3264. V. Proz.

PUEZ. Verbe neut. et act., 2e p. p. de l’ind. prés. du verbe « pouvoir ». Vous pouvez (bas lat. Potetis ?), 74, 1175, 3206.

PUI. R. s. m. Montagne (Podium) : Oliver est muntez desur un pui haltur, 1017. Entr’els nen at ne pui ne val ne tertre, 3292. — S. p. m., pui : Halt sunt li pui (e) li val tenebrus, 814. Cf. 1755. — R. p. m., puis : Les chef(s) en prist es puis desuz Haltilie, 209. Cf. 714.

PUI. R. s. m. Nom propre (? Podium, podio) : Li quens Rollanz... Faldrun de Pui i ad par mi trenchet, 1871.

PUIGN. R. s. m. Poing (Pugnum), 466 ; pui(n)g, 415 (?) ; poing, 767, 874, 1903, 2678, 2701, 3845. — R. p. m. : puinz, 3868 ; poinz, 720, 1359, 1612.

PUIGNANT. Part. prés., s. s. m. de puindre. Éperonnant (Pungens) : Muntet el’cheval, vient à sa gent puignant, 2841. Cf. poignant, au v. 2055. — R. s. m. : poignant, 889. V. Puint.

PUIGNENT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. de puindre. (Pungunt.) Puignent ad ait tuit li barun de France, 1844.

PUIGNEÜRS. V. le suivant.

PUINNERES. S. s. m. Combattant (Pugnator) : Li quens Oger li Daneis, li puinneres, 3033. — R. s. m. poigneor, 3775. — R. p. m., puigneürs : Mil chevalers i laissat puigneürs, 3677.

PUILLAIN. S. p. m. (Sont-ce les Polonais ? Les Polanes ou Slaves de la plaine envahirent, au vie siècle, les vallées de la Vistule, et leur nom fut donné à tout le pays. Mais il est plutôt question, dans le vers suivant, des hommes de la Pouille, comme nous l’avons dit en notre note du v. 2923. Or Pouille vient d’Apulia.) Romain, Puillain e tuit cil de Palerne, 2923.

PUILLANIE. R. s. f. Un des pays conquis par Roland. On peut supposer qu’il s’agit ici de la Pologne ; mais c’est encore une hypothèse. (V. le mot précédent.) Jo l’en cunquis... Burguigne e trestute Puillanie, 2328.

PUILLE. R. s. f. Pouille (Apuliam) : Cunquist Puille e trestute Calabre, 371.

PUINT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. de puindre. Éperonne (Pungit) : Puint le ceval, 3547. 3e p. p. : puignent, 3547. — Part. prés., s. s. m. : puignant, 2841, et poignant, 2055. — R. s. m. : poignant, 889.

PUINZ. R. p. m. Poings (Pugnos), 3868. V. Puign.

PUIS. R. p. m. Montagnes (Podios), 209, 714.

PUIS. (Possum.) 1° Conjugaison : Ind. prés. 1re p. s. : puis, 254 ; pois, 657, 1548, 2412 ; poi, 1365. 2e p. s. : poez (pour poes), 2456. 3e p. s. : poet, 9, 61, 95, 278, 615, 773, 825, 959, 980, 1034, 1683, 1992, 2203, 2381, 3913. 1re p. p. : puum, 1238, et poüms, 1695. 2e p. p. : puez, 74, 1175, 3206, et poez, 1104, 1538. 3e p. p. : poedent, 1841 ; poéent, 3063, et poent, 1440, 1625, 2493. — Imparf. de l’ind. 3e p. s. : poeit, 2216. — Parf. simple, 3e p. s. : pout, 344, 1037, 1218, 1541, 2219, 2314. — Fut. 1re p. s. : purrai, 146, 581. 3e p. s. : purrat, 34, 156, 334, 1744. 1re p. p. : purrum, 1007, 1698 ; porrum, 973 ; purum, 1007, et purruns, 252. 2e p. p. : purrez, 133. — Cond. 3e p. s. : purreit, 534, 596. — Subj. prés. 3e p. s. : puisset, 2522 ; poisset, 1555, 1993. 2e p. p. : puissez, 480. 3e p. p. : poissent, 3049. — Imparf. du subj. 3e p. s. : poüst, 1182 (sens du conditionnel). 1re p. p. : poüssum, 631, et poüsum, 624. — Part. prés. employé adjectivement, s. s. m. : puisant, 2731, et r. s. f. : poisant, 3111. ═ 2° Sens. a. L’emploi le plus fréquent de ce verbe est avec l’infinitif d’un autre verbe : Jo i puis aler, 254. Ne pois amer les voz, 1548. Cf. 9, 95, 2456, etc. etc. Et avec un neutre tel que il venant d’illud : Il ne poet estre qu’il seient deseverez, 3913. Cf. 61. — b. Il s’emploie absolument, dans le sens de nos locutions : « Comme je puis, autant que je puis » : Si cum il poet, à l’Arcevesque en vint, 2203. Kar chevalchez à quanque vos puez, 1175. Cum il einz pout, de l’ pui est avalet, 1037. Vait le ferir li bers quanque il pout, 1541. Cf. 615. — c. Un sens plus net et plus fort nous est offert par le vers 3049. Poissent y a la valeur de « soient puissants » : Suz ciel n’ad gent ki plus poissent en camp. C’est le même sens que reçoit le participe présent, employé adjectivement : Li Amiralz est riches e puisant, 2731. Seignat sun chef de la vertut poisant, 3111.

PUIS. Est tantôt adverbe, tantôt préposition, tantôt conjonction (avec que). Dans les trois cas, il dérive de post : 1° Adverbe. Seit ki l’ociet, tute pais puis averiumes, 391. Cf. 225, 626. Unc einz ne puis ne fut si fort ajustée, 3394. Cf. Pois, 656, 660, 1358, etc. ═ 2° Préposition. Puis icel jur, 664. Enceis ne puis cel tens, 3382. ═ 3° Conjonction. Puis que (Postquam), a d’abord le sens de « après que » : Puis que il est sur son cheval muntet, 896. Puis que il sunt à bataille justez, 3858. Mais il arrive graduellement au sens actuel de « puisque » : Puis que l’ cumant, aler vos en estoet, 318.

PUISSET. Verbe actif et neutre. 3e p. s. du subj. prés. Puisse (Possit), 2522, et poisset, 1555, 1993, 2522.

PUISSEZ. Verbe actif et neutre. 2e p. p. du subj. prés. Puissiez (Possitis), 480.

PULCELE(S). R. p. f. Jeunes filles (Pullicellas) : Le remembre... des pulcele(s) e des gentilz oixurs.

PULDRE. S. s. f. Poussière (du r. Pulverem) : Si se levet la puldre, 3633.

PULDRUS. R. p. m. Poudreux (Pulverosos) : Veeir puez les granz chemins puldrus, 2426.

PULMUN. R. s. m. Poumon (Pulmonem) : Trenchet li le cuer... e le pulmun, 1278.

PUME. R. s. f. Pomme (forme féminine de pomum) : En sa main tint une vermeille pume, 386.

PUMER. R. s. m. Pommier (Pomarium) : Ardent cez hanstes de fraisne e de pumer, 2537. Ce mot se trouvant en assonance dans un couplet en ier, la forme correcte est pumier.

PUNZ. S. s. m. Le pommeau de l’épée, et non pas la poignée, comme l’ont cru D. Carpentier, F. Michel et Bartsch. (V. dans Ducange le mot pontus, dans un document de 1425. Mais pontus a été fait sur punz. L’étymologie pugnus est donnée par Gachet, mais elle n’explique pas le t de punt. Faut-il supposer un mot fait sur pomum ?) D’or est li helz e de cristal li punz, 1364. — R. s. m., punt : En sun puign destre par l’orié punt la tint, 466. En l’oriet punt asez i ad reliques, 2345. Cf. 2506. — R. p. m., punz : Ceintes espées as punz d’or neielez, 684.

PUNZ. R. p. m. Ponts (Pontes) : Passent .X. portes, traversent .IIII. punz, 2690.

PUR et POR. Préposition. (La forme correcte est pur. Pro.) 1° Avec un substantif. a. « En faveur de... » : Pur vos le dei ben faire, 807. — b. « Au nom de... » : Direz à Charlemagne pur le soen Deu qu’il ait mercit de mei, 81, 82. Pur Deu vos pri, 1473. Cf. 1693. — c. « À cause de... » : De Marsilie s’en fuient por la chrestientet — Que il ne voelent ne tenir ne guarder, 686. N’en descendrat pur malvaises nuveles, 810. De mort n’averat guarantisun pur hume, 924. Pur sa beltet, dames li sunt amies, 957. Que mi parent pur mei seient blasmet, 1063. Ço est li granz dulors por la mort de Rollant, 1437. Plurent... pur lor parenz, 1447. Por ço est drud à l’ felun rei Marsilie, 1646. Cf. 1517 et 3908. — d. Avec quei ou que, pur a le sens de notre « pourquoi » : Pur quei t’esrages, 286. Por quei me portez ire, 1722. E ! Malvais Deus, por quei nus fais tel hunte, 2582. Pur qu’alez arestant, 1783. Il faut observer que por quei signifie aussi « c’est pourquoi » : Rollanz me forfist... Por que(i) jo quis sa mort, 3759. — e. Avec poi ou poi que, pur a un sens spécial : Pur poi d’ire ne fent, 304. Por poi que n’est desvet, 2789. (Peu s’en faut qu’il n’en devienne fou.) ═ 2° Avec un verbe. a. « Afin de... » : Prozdom i out pur sun seignur aider, 26. S’en volt ostages, e vos lui enveiez — U dis u vint pur lui afiancer, 41. Por la raisun cunter, 68. Cf. 3785. — b. « Pour ce qui est de... S’il s’agit de... » : Ja pur murir ne vus en faldrat uns, 1048. Ja pur murir n’eschiverunt bataille, 1096. ═ Pur uni à ço que forme une véritable conjonction qui se présente dans le Roland avec deux sens bien distincts. 1° « Afin de... » : Pur ço que plus bel seit, 1004. On trouve dans le même sens pur quei : Baptisez- la pur quei Deus en ait l’anme, 3981. C’est une erreur du scribe ; il faut pur que. — 2° « Parce que... » : En la teste ad dulor por ço que il cornat, 2101, 2102.

PURCACET (se). Verbe réfl. 3e p. s. de l’ind. prés. de purcacier. Se préoccupe, a souci (Se pro-captiat) : Li reis Marsilie sen purcacet asez, 2612.

PUROFFRIT. Verbe act. 3e p. s. du parf. simple de puroffrir. (De pro-offerire.) Sun destre guant à Deu en Puroffrit, 2389. Cf. Puroffrid au vers 2365.

PURPAROLENT. Verbe act. 3e p. p. de l’ind. prés. de purparler. Arranger, disposer, combiner (Pro parabolant) : purparolent la traïsun seinz dreit, 511. — Parf. simple, 3e p. s., purparlat : Si’l purparlat Oger de Denemarche, 3856.

PURPENSET (se fut). Verbe réfl. 3e p. f. du parf. comp. de purpenser. Eut réfléchi (Se fuit propensatum) : Mais li quens Guenes se fut ben purpenset, 425. — Impér. 2e p. s., te purpenses : Dist l’Amiraill ; « Carles, kar te purpenses, » 3589. — Part. passé, r. s. m. : purpenset, 425. S. p. m., purpensez : Pur Deu vos pri, en seiez purpensez, 1177.

PURPERNEZ. V. le suivant.

PURPRISES (unt). Verbe actif, 3e p. p. du parf. comp. de purprendre, avec un r. p. f. Ont environné, couvert (Pro-prehensas habent) : De la contrée unt purprises les parz, 3332. ═ Le sens est un peu différent dans le vers suivant, où ce verbe nous est offert à la 2e p. p. de l’impératif : Si purpernez les deserz e les tertres, 805. Purpernez : peut ici se traduire par « occupez ».

PURQUEI. V. Pur.

PURRAI. Verbe actif et neutre, 1re p. s. du futur (Potere-habeo), 146, 581.

PURRAT. Même temps, à la 3e p. s. (Potere-habet), 34, 156, 334, 1744.

PURREIT. Cond. du même verbe, 3e p. s. (Potere-habebat), 534, 596.

PURREZ. Futur du même verbe, 2e p. p. (Potere-habetis), 133, 2735.

PURRUM. Même temps, 1re p. p. (Potere habemus), 1698.

PURRUNS. Autre forme du précédent, 252.

PURUM. Troisième forme du même, 1007. Pour les sept mots précédents, voy. Puis.

PUT. Adj. r. s. m. Mauvais, puant (Putidum) : De put aire, 763.V. Aire.

PUUM. Verbe actif et neutre, 1re p. p. de l’ind. prés. (bas latin potemus), 1238. V. Puis.

Q

QUAN. Conj. Lorsque (Quando) : Quan t’ot Marsilie, 601. V. Quant, qui est la forme correcte.

QUANQUE. Conj. « Autant que... » (Quanque ne vient pas de quantumcunque, comme l’ont pensé Chevallet et Génin, mais de quantum quod) : Vait le ferir li Quens quanque il pout, 1198 et 1541. Quanqu’il poet s’esvertuet, 2298. Et il s’unit, dans le même sens, à la prép. à (Ab quanto quod...) : Kar chevalchez à quanque vos puez, 1175. ═ Quanque est un véritable adjectif r. s. au vers 3202 : Jo vos otri quanque m’avez ci quis.

QUANT. Conj. Lorsque (Quando) : Quant se redrecet, mult par out fier lu vis, 142. Cf. 51, 251, 2082, 3934, etc. Cf. Quan au vers 601.

QUANZ. Adj., r. p. m. Combien (Quantos. Ducange cite des exemples où quantus est employé pour quot) : Cuntes e Dux i ad ben ne sai quanz, 2650. Drodmunz i ad ne vos sai dire quanz, 2730.

QUAR. Conj. « En effet... » (Quare) : A tort vos curuciez ; quar ço vos mandet Carles, 469, 470. Cf. Kar, 390, 682, 742, 1051, 1131, 1175, 1366, 1676, 1724, 3589... et car, 358, 1059, 1806, 1840, 2005, 2428, 2686, 3751, 3768 et 3902. ═ Nous avons, notamment au premier de ces mots, exposé les différents sens de cette conjonction. Quar, plus étymologique, était déjà abandonné.

QUARANTE. Nom de nombre (Quadraginta) : Ensembl’ od lui de ses baruns quarante, 3936.

QUARREL. R. s. m. Carreau d’arbalète (Quadrellum, et non quadratellum) : D’un arcbaleste ne poet traire un quarrel, 2265.

QUARTE. Adject. numéral, s. s. f. Quatrième (Quarta), 3225, 3241, 3255. — R. s. f. : quarte, 3036.

QUARTERS. R. m. p. Quartiers de l’écu, divisions matérielles produites sans doute par les bandes de fer qui assujettissaient le cuir sur le bois ou qui consolidaient le fût (Quartarios) : En lur cols pendent lur escuz de quarters, 3867. ═ Ce mot se trouvant en assonance dans une laisse en ier, la forme correcte quartiers.

QUASSET. Verbe act., 3e p. s., de l’ind. prés. de quasser. Brise, rompt, casse (Quassat) : L’escut li freint, cuntre le coer li quasset, 3448. — Parf. comp., 3e p. p., avec un r. p. m., unt quasset : (Unt) quasset sun elme, si l’unt n’affret el’ chef, 2078. — Part. passé, r. s. m. : quasset, 2078.

QUAT. R. s. m. : Li païens chet cuntreval à un quat, 1267. M. Fr. Michel dérive quat de casus ; mais cette hypothèse ne permet pas notamment d’expliquer le t final. Étymologie douteuse. N’y aurait-il point là une mauvaise lecture du scribe, et ne pourrait-on pas admettre gualt ? ?? Nous avons traduit néanmoins d’après la première supposition, à laquelle se sont, d’ailleurs, rattachés tous les traducteurs.

QUATRE. Nom de nombre (Quatuor), 185, 1686, 2268, 2272, 3729, 3964, 3967.

QUE. Pron. relatif, R. s. m. (Quem.) Dunez mei l’arc que vos tenez el’ poign, 767. Cf. 780, 2859, etc. — R. s. f. (Quam.) Ma bone espée que ai ceint à l’costet, 1067. Ci falt la geste que Turoldus declinet, 4002, etc. — R. p. m. (Quos.) Li .XII. per que jo aveie laiset, 2410. Cf. 154, etc. — R. p. f. (Quas.) Cez paroles que vos avez ci dit, 145. Cf. 90, etc. etc. — Le r. n. latin, tant singulier (Quod) que pluriel (Quæ), donne également que

QUE interrogatif. (Quid.) S. s. n. : Deus ! que purrat ço estre, 334. Caitifs, que devendrum, 2698. — R. s. n. : Cumpainz, que faites vos, 1360. Que fereient il el, 1185. Cf. 2812. Que me loez de cels qu’ai retenuz, 3948, etc. Et, sans interrogation directe : Or ne sai-je que face, 1982. ═ De même que quid, pris adverbialement, signifie « pourquoi » dans la meilleure latinité ; de même notre que a ce sens dans la langue du Roland : E ! reis amis, que vos ici nen estes, 1697. E ! lasse ! que nen ai un hume qui m’ociet, 2723, etc. Cf. en latin quid ni.

QUE. Conjonction. 1° Venant de quàm. a. Après un comparatif : Melz en valt l’or que ne funt cinc cenz livres, 516. Plus curt à pied que ne fait un cheval, 890. Cf. 516, 978, 1091, 1111, etc. (De s’emploie pour que, après un comparatif, devant un nom ou un pronom : Meillor vassal n’out en la curt de lui, 775, etc.) — b. Dans les locutions puis que, 818, 1095, 896, einz que, 1690, et enceis que, il faut admettre les étymologies postquam et antequam. ═ 2° Venant de quod, que a les sens les plus nombreux et les plus divers : a. Tous les sens de notre que actuel pour exprimer la relation entre deux actions, entre deux verbes : Ne s’poet guarder que mals ne li ateignet, 9. Il est juget que nus ocirum, 884. Dient alquanz que diables i meignent, 983. Cf. 769, etc. etc. — b. « Afin que… » : Par amistiez… la vos duins, que nos aidez de Rollant, 623. Or guart chascuns que granz colps i empleit, — Que malvaise cançun de nus chantet ne seit, 1013, 1014. El’ camp estez que ne seiez vencuz, 1046. — c. « Si bien que… De telle sorte que… » : Carles se dort qu’il ne s’esveillet mie, 721. Si purpernez les deserz… Que l’Emperere nisun des soens n’i perdet, 806. Empeint le bien… que mort l’abat, 1273, 1279, 1580. Cf. 2021, 3183. — d. « Pour que… ›› : Cum fus si os que me saisis, 2293… — e. « En ce que… » : Carles fist que proz qu’il nus laisad as porz, 1209. — f. « Comme » (ici quod a le sens de sicut, à moins toutefois qu’on ne le veuille regarder comme un pronom neutre, et non comme une conjonction) : Jo fereie que fols, 1035. (Carles) fist que proz, 1209, etc. — g. Locutions diverses qui ne nous sont point restées, et où « que » vient également de quod : Ne lerrai que ne l’ mat, 893. Ne poet muer que des oilz ne plurt, 773. Se ne l’asaill, dunc ne faz jo que creire, 987. ═ 3° Que employé pour qui… : Il n’en i ad chevaler ne barun — Que de pitet ne plurt, 2418, 2419. Piere n’i ad que tute ne seit neire, 982. N’unt garnement que tut ne reflambeit, 1003. Cf. 757 (?) et 1693... Telles sont les trois origines de la conjonction que dans le Roland : il importait de les distinguer nettement l’une de l’autre. ═ Il est inutile d’ajouter que la même conjonction s’unit avec certaines prépositions pour former des locutions conjonctives : Einz que ; enceis que, 811, 1690 ; puis que, 818, 896, 1095 ; por ço que, 1004, etc. Dans les trois premières de ces locutions, que vient de quàm. ═ Que se combine avec le pronom. C’est ainsi que quels est pour quod illos : Or est le jur quel’s estuverat murir, 1242. ═ Une dernière observation : Nos pères négligeaient ou supprimaient la conjonction que en beaucoup de cas où nous n’oserions point ne pas nous en servir : Ço sent Rollanz la veüe ad perdue, 2297. Ne lesserat bataille ne lur dunt, 859. Carles li magnes ne poet muer n’en plurt, 841. Le subjonctif suffisait alors, et la phrase y gagnait en vivacité. C’est une de ces libertés, ou, plutôt, un de ces usages que nous aurions dû garder.

QUE QUE. « Quoi que, quelle que soit la chose que... » (Quidquid) : Que que Rollanz à Guenelun forsfesist, 3827.

QUEI. Adj. s. p. m. Tranquilles, « qui se tiennent coi » (Quieti) : Icels d’Alverne... se cuntienent plus quei, 3797.

QUEI. Quoi (Quid) : De quei avez pesance, 832. ═ Pur quei a trois sens, 1° « C’est pourquoi » : Rollanz me forsfist... Por que(i) jo quis sa mort, 3759. ═ 2° « Pourquoi » : Pur quei t’esrages, 286. Por quei me portez ire, 1722. E ! malvais Deus, por quei nus fais tel hunte, 2582. ═ 3° « Afin que... » : Baptisez la pur quei Deus en ait l’anme, 3981. Dans ce dernier sens, pur quei est au lieu de « pur que ».

QUELS. Adj., s. s. m. (Qualis.) Mais jo ne sai quels en est sis curages, 191. Li quels d’els la veintrat, 735. Li quels d’els dous en fut li plus isnels, 1387. Ne set li quels abat ne quels chiet, 2553. Mais ço ne set li quels veint ne quels nun, 2567. Ces deux exemples montrent très-clairement qu’on employait quels tantôt avec et tantôt sans l’article li. — S. s. n. (?) : Oez, seignurs, quel pecchet nus encumbret, 15. Deus ! quel doel de baron, 1536. On peut dans ce dernier exemple voir un régime plutôt qu’un sujet. Il y a doute. — R. s. f., quel : En quel mesure, 146. Ne li chalt, sire, de quel mort nus muriuns, 227. Cf. 593, 631. Quel part qu’il alt, 2034. On trouve deux fois quele. Au vers 927 (Asez orrez la quele irat desure), on peut supposer une erreur du scribe ; mais au vers 395 (Par quele gent), la mesure exige bien quele. C’est déjà le commencement de la décadence ; c’est la violation de cette belle règle qui peut ainsi se formuler : « Les adjectifs latins n’ayant qu’une terminaison pour le masculin et le féminin, ont donné naissance à des adjectifs français qui n’ont également qu’une seule forme pour les deux genres... »

QUENS. S. s. m. Comte (Comes), 194, 625, etc. — Voc. s. m. : quens, 2045. — R. s. m. : quens, par erreur, et cunte (Comitem), qui est la forme correcte. V. ce mot.

QUER. R. s. n. Cœur (Cor) : La mort... sur le quer li descent, 2356. R. p. n., quers : E tuz les quers en paile recuillir, 2965. Cf. au s. s. n. : coer, 2019 ; au r. s. n. : coer, 1107, 1278, 1438, 1447, 1556, et au r. p. n. : coers, 3628.

QUERANT. V. le suivant.

QUERRE. Verbe act. Inf. prés. Chercher, demander, dans tous les sens actuels de ce mot au propre et au figuré (Quœrere) : Quant l’Empereres vait querre sun nevold, 2870. Cf. 1782 (avec le sens d’attaquer), 2180, 2947, et quere, 1700, 3296. — Parf. simpl., quis : Jo quis sa mort, 3759. — Parf. comp., 2e p. p., avec un r. s. n., avez quis : Je vos otri quanque m’avez ci quis, 3202. — Parf. antérieur, 3e p. s., avec un r. s. f., out quis : Unc n’ i out quis juinture, 1333. — Cond., 3e p. p. : querreient, 404. — Part. prés., s. s. m. : En France dulce le [voeill] aler querant, 2661. Cf. 3375. S. p. m. : querant, 1166. — Part.. pass., r. n. : quis, 1333, 3202.

QUI. Pron. relatif, s. s. m. (Qui.) La siet li Reis qui dulce France tient, 116. N’i ad eschipre qui s’ cleimt se par lui nun, 1522. — S. s. f. : Jo n’en ai ost qui bataille li dunne, 18. — S. p. m. : Idunc plurerent C. milie chevalers — Qui pur Rollant de Tierri unt pitiet, 3870, 3871, etc. ═ Qui, dévié de son sens étymologique, s’emploie déjà avec une préposition à un autre cas qu’au cas sujet : En qui il se fiet, 586. Ce qui n’empêche pas le vers suivant d’être au moins douteux : Salvez seiez... d’Apollin qui saintes leis tenuns, 417. ═ Mais il est un grand nombre de cas où qui dérive évidemment du datif latin cui, et non du nominatif qui. C’est un fait qui n’a point été suffisamment mis en lumière. Tels sont les exemples suivants : Qui qu’en peist u qui nun, 1279. Mult ben espleitet qui Damnes Deus aiuet, 3657. De ço qui calt, 1405, 1840, 1913, 3339. ═ Qui est également interrogatif, et l’on peut dire, sans témérité, qu’en ce cas il dérive de quis : Qui i purrum enveier, 244, 252. Quis, d’ailleurs, s’était, dans l’usage vulgaire, confondu avec qui. ═ Une dernière remarque. Nous trouvons dans notre vieux texte la locution Ki que ou plutôt qui, dans le sens de « quelque soit celui qui » : Ki que l’blasme ne qui l’ lot, 1546. Cf. Ki que’s rapelt, 1912, et ki quel’ cumpert, 1592. ═ Qui, combiné avec se, donne quis : N’i ad eschipre qui s’ cleimt, 1522. Cf., pour une autre combinaison, ki l’ aux v. 833 et 2380. ═ La forme qui, dans le Roland, est de beaucoup le plus usitée, est ki. (V. 617, 194, etc. etc.) Le scribe, d’ailleurs, n’avait aucune préférence marquée pour l’une ou l’autre de ces formes. Il les employait au hasard, quelquefois dans le même vers (1546) ou d’un vers à l’autre (18). C’est un cas assez fréquent.

QUID. Verbe actif, 1re p. s. de l’ind. prés. de quider. Je pense (Cogito) : Si’n averez, ço quid, de plus gentilz, 150. Cf. 1590, 1666. 3e p. s., quidet : Rendre le quidet u mort o recreant, 2733. Cf. 3724. C’est ce mot que la Fontaine cite encore : « Tel, comme dit Merlin, cuide engeigner autrui. » Quiet : Par quele gent quiet-il espleiter tant, 395. Cf. 1588 ; 3e p. p. : quident, 2121, 3004. — Parf. simpl., 2e p. s. : quias, 764 ; 3e p. s. : quiad, 3506.

QUIEMENT. Adverbe. Tranquillement (Quieta-mente) : Mult quiement le dit à sei meïsme, 1644.

QUINT. Adjectif numéral, s. s. m. (Quintus.) Li quint (estur)... lur est pesant e gref, 1687. — S. s. f., quinte : La quinte (eschele) est de Solteras e d’Avers, 3242. Cf. 3226, 3256. — R. s. f. : quinte, 3045.

QUINZE. Nom de nombre (Quindecim), 109.

QUIR. R. s. Cuir (Corium) : Si’n deit hom perdre e de l’ quir e de l’ peil, 1012. — R. p., quirs : En quirs de cerf les baruns unt mis, 2968. Cf. 3249, 3583.

QUIS. Verbe actif, 1re p. s. du parf. simpl. de Querre. Je recherchai, je poursuivis (Quæsivi) : Jo quis sa mort, 3759.

QUIS (out). Verbe actif, 3e p. s. du parf. antérieur de Querre, avec un r. s. f. (Habuit quæsitum.), 1333.

QUIS (avez). Verbe actif, 2e p. p. du parf. comp. de Querre, avec un r. n. Vous avez demandé (Habetis quæsitum), 3202.

QUISINE. H. s. f. (Coquinam.) C. cumpaignuns de la quisine, 1822.

QUISSE. R. s. f. Cuisse (Coxam), 1653. V. Cuisse.

QUITE. Adjectif, r. s. m. Acquitté, libre de toute servitude, quitte. (Quietum, quitum.) Clamer quite quelque chose à quelqu’un, c’est la lui donner sans aucune réserve : Quite vus cleimet d’Espaigne le regnet, 2787. C’est encore acquitter un accusé : Que Guenelun cleimt quite ceste feiz, 3800. — R. s. f., quite : (Espaigne) quite li cleim, 2748. — S. p. m., quites : Ben sunt asols e quites de lur pecchez, 1140.

QUITEDET. R. s. f. Liberté, tranquillité (Quietatem) : Si nus remeindrat Espaigne en quitedet, 907.

QUITES. Adjectif, s. p. m. (Quieti), 1140. V. Quite.

R

RABE. R. s. m. Nom d’un comte français (par erreur, pour Rabel), 3014. V. le suivant.

RABELS. S. s. m. Nom d’un comte français (?) : Li quens Rabels est chevaler hardiz, 3348, 3352. — R. s. m., Rabe (au lieu de Rabel) : Carles apelet Rabe e Guineman, 3014.

RACATET. Verbe actif. Ind. prés., 3e p. s. (Re-accaptat.) Le sens est celui de « réunir, rassembler » : D’un graisle cler racatet ses cumpaignz, 3194. 3e p. p., au sens neutre, rachatent : E tuit rachatent encuntre l’olifant, 1833. Ce vers, sur lequel on a beaucoup discuté, nous paraît signifier : « Tous se réunissent pour lutter contre le son du seul olifant de Roland. »

RAGE. S. s. f. (Rabies par la consonification de l’i.) El’ cors vos est entrée mortel rage, 747. R. s. f., rage : Par sun orgoill cumencet mortel rage, 2279.

RAIET. Verbe neutre, 3e p. s. de l’ind. prés. (Radiat.) Li sancs tuz clers par mi le cors li raiet, 1980.

RAISUN. R. s. f. Discours, parole (Rationem) : Li reis Marsilie... apelat... Blancandrin, por la raisun cunter, 68. Li Empereres ont sa raisun fenie, 193. D’une raisun oï Rollant parler, 2863 ; et raison : Si li ad dit par mult fière raison. ═ Rem. les locutions « finir sa raison, conter sa raison », etc.

RALIER. Verbe actif. Inf. prés. (Realligare.) Sunet sun gresle pur les soens ralier, 1319. — Ind. prés., 3e p. p. : Par tut le camp ses cumpaignes ralient, 3525. Je pense qu’ici le sens est neutre, et que ralient signifie : « Se rallient... »

RANCUNE. R. s. f. (Rancuriam, rancuniam, fait sur rancor, rancoris.) X. colps i fiert par doel e par rancune, 2301.

RAPELT. Verbe actif, 3e p. s. du subj. prés. de rapeler. (Re-appelet). Ki que’s rapelt, ja n’en returnerunt, 1912.

RECEIF. Verbe actif, 1re p. s. de l’ind. prés. du verbe receivere. (Recipio.) De vos receif jo le guant, 1376, et, dans un sens plus spécial : Vos receif-jo frere, 1376. V. Receivere.

RECEIF. Verbe actif. Impér., 2e p. s. de receivere. (Recipe.) Receif la lei que Deus nos apresentet, 3597. V. Receivere.

RECEIT. Verbe neutre, 3e p. s. de l’ind. prés. de receivere (Recipit), 464. V. Receivere.

RECEIVERE. Verbe actif. 1° Conjugaison. Inf. prés. : receivere, 1178. — Ind. prés., 1re p. s. : receif, 1376, 2838 ; 3e p. s. : receit, 464. — Parf. simpl., 3e p. s. : reçut, 770, 2825. — Parf. comp., avec un r. s. m. : ad reçut, 782. — Fut., 1re p. s. : receverai, 85 ; 3e p. s. : receverat, 189, 225, 695, et (?) recevrat, 2620. 1re p. p. : recevrums, 1922 (?) ; 2e p. p. : receverez, 38. — Impér., 2e p. s. : receif, 3597 ; 2e p. p. : recevez, 320. — Subj. prés., 2e p. p. : recevez, 431. Part. pass., r. s. n. : reçut, 782. ═ 2° Sens. a. Receivere a tout d’abord le sens primitif de « recueillir, prendre dans ses mains » : De vos receif le guant, 2838. Getet le [mantel] à tere, si l’ receit Blancandrin, 464. Cf. 320. (Au vers 2825 : « Recevoir dans ses bras quelqu’un qui s’évanouit et tombe. ») — b. « Subir le martyre, recevoir des coups » : De colps ferir, de receivere e duner, 1922. Ci recevrums martirie, 1922. — c. Accueillir, accepter (dans le sens de notre expression : « recevoir bachelier ») : Ço dist Rollanz : (Or) vos receif jo frere, 1376. — d. « Recevoir la chrétienté, la foi chrétienne, » c’est se convertir à la foi catholique : Si receverez la lei de chrestiens, 38. Si receverai la chrestiene lei, 85. Si receverat la nostre lei plus salve, 189. Si recevrat seinte chrestientet, 2620. Cf. 225, 431, 695, 3597.

RECERCELET. Part. passé, r. s. du verbe recerceler. Des cheveux recercelez sont des cheveux qui font des boucles, qui « frisent » (Re-circillatum. V. Ducange au mot circillatus) : Le chef recercelet, 3161.

RECERCER. Verbe actif. Inf. prés. Fouiller, scruter (Re-circare) : Le camp vait recercer, 2200.

RECET. R. s. Maison (Receptum) : Nen ad recet dunt li mur ne cravent, 1430.

RECLAIMET. V. le suivant.

RECLEIMET. Verbe actif, 3e p. s. de l’ind. prés. de reclamer (Reclamat), 8, 2014, 2998, 3391 ; reclaimet, 2044 ; recleimed (par erreur), 2365. 3e p. p. recleiment, 3998. — Impér. 2e p. p. : reclamez, 3517. ═ Le sens le plus naturel et le plus fréquent est celui « d’appeler à son aide », 2044, 3391, 3517 et 3998. ═ D’où le sens de « prier » : Recleimet Deu e l’apostle de Rome, 2998. Cf. 8. ═ Enfin « réclamer sa coulpe » c’est « dire son mea culpa », 2014.

RECOEVEREMENT. R. s. Action de recouvrer ce qu’on a perdu (Recuperamentum) : Ambure ocist seinz nul recoeverement, 1607. ═ Le sens est « sans nulle espérance de revenir à la vie ».

RECONOISABLE. Adj. s. p. m. Reconnaissables (d’un type barbare, tel que Re-cognoscabiles) : Cent milie Francs en sunt reconoisable, 3124.

RECONUISANCE. R. s. f. Action de se faire reconnaître (Recognoscentiam) : Munjoie escriet pur la reconuisance, 3619.

RECONOISTRE. Verbe actif. Inf. prés. (Recognoscere.) Ne luinz ne près ne poet vedeir si cler — Que reco[no]istre poisset nuls hom mortel, 1992, 1993. A mei venget pur reco[no]istre sun feu, 2680. — Parf. simple, 3e p. s. : Enmi sa veie ad encuntret Rollant, — Enceis ne l’vit, si l’ recunut veirement, 1596. — Subj. prés. 3e p. s., reconuisset : Josque li uns sun tort i reconuisset, 3588. ═ Le sens le plus ordinaire est celui de « distinguer quelqu’un qu’on a déjà vu » (1596, 1993). Mais on remarquera les deux locutions « reconnaître son tort » et « reconnaître son fief ». La première nous est restée.

RECREANTISE. R. s. f. Lâcheté, faiblesse, impuissance (V. Recreanz) : Cist nostre Deu sunt en recreantise, — En Rencesvals m(alvais)es vertuz firent, 2714, 2715.

RECREANZ. Part. prés. de Recreire, s. s. m. (Recredens), 528, 543, 906. Recreant, 556, 2063, 2663, 3973. — R. s. m. : recreant, 2733. — R. s. f. : recreant, 393. — S. p. m. : recreanz, 2048. ═ Le premier sens, le plus ancien de recreanz, est celui de se recredens. C’est le champion qui, dans le duel, se déclare vaincu et se rend, se recredit, à son adversaire. Par le seul fait de cette humiliation, il est réputé avouer son crime. Et tel est le sens des vers suivants : Josqu’il seit mort u tut vif recreant, 2663. Cf. 2733. Ja pur murir cil n’erent recreanz, 3048. Ki tute gent voelt faire recreant, 393. Mais déjà le sens est singulièrement élargi dans les deux derniers vers. ═ Ce mot, d’ailleurs, n’a pas tardé à signifier « lâche, misérable » : Guenes est mort cume fel recreant, 3973. ═ Il s’emploie, enfin, avec un verbe, dans le sens de « fatigué de... », et ce nouveau sens dérive encore du premier : Recreant ert de sa guerre mener, 906. Recreanz d’osteier, 528, 543. Cf. 556.

RECREIT. 1° Conjugaison de ce verbe. Ind. prés., 3e p. s. : recreit, 3852. — Fut., 1re p. s. : recrerrai, 3908 ; recr[e]rai, 3848 ; 3e p. p. : recrerrunt, 871. — Impér. : te recreiz, 3892. ═ Au passif. Fut., 3e p. s., avec un s. s. m. : ert recreüt, 2088. — Part. prés., s. s. m. : recreanz, 528, 543, 906 ; recreant, 556, 2063, 2663, 3973. R. s. m. : recreant, 2733. R. s. f. : recreant, 393. S. p. m. : recreanz, 3048. — Part. passé, s. s. m. : recreüt, 2088. ═ 2° Sens. a. Le premier est celui de se recredere, se rendre, s’avouer vaincu... : Tierri, car te recreiz, 3892. N’en recrerrai pur nul hume mortel, 3908. b.═ De là au sens « d’être fatigué » il n’y a pas loin : Lasserat Carles, si recrerrunt si Franc, 871. — c. Une signification plus difficile est celle que nous offrent les deux vers suivants : Ço dist li Reis : « E jo l’en recr[e]rai », 3848. Li Emperere l’en recreit par hostage, 3852. Le sens est ici celui de « S’engager, en donnant caution, à restituer telle ou telle chose », et, par exemple, comme le dit Ducange : Spondere, vade dato, se redditurun pignora. Or, de quoi s’agit-il ? Charles a recu trente otages de Pinabel : il s’engage à les lui rendre si le duel prononce en faveur de Ganelon. Et l’Empereur lui donne lui-même caution. Et cette caution consiste également en otages : Li Empereres l’en recreit par hostage...

RECUILLIR. Verbe actif. Inf. prés. a. « Rassembler, mettre ensemble, recueillir » (Recolligere) : Li Emperere ad fait... tuz les quers en paile recuillir, 2965. ═ b. « Recevoir ». Parf. simple, 3e p. s. (Recollegit) : Passet avant, le dun en requeillit, 3210. On dit encore aujourd’hui : « Recueillir un héritage. »

RECUMENZ. Verbe actif, 1re p. s. de l’ind. prés. de recumander. (Recommendo.) Ferez, Franceis ; car jo l’ vos recumenz, 1937.

RECUMENCENT. Verbe neutre ou actif. l° Neutre (?). Ind. prés., 3e p. p., recumencent : Dunc recumencent e le hu e le cri, 2064. ═ 2° Actif. Parf. simple, 3e p. p. avec un r. s. n., unt recumencet : A icest mot l’unt Francs recumencet, 1677 et 1884.

RECUNUT. Verbe actif, 3e p. s. du parf. simple de reconoistre (Recognovit), 1596. V. Reconoistre.

REÇUT. Verbe actif, 3e p. s. du parf. simple de receivere (Recepit), 770, 2825. V. Receivere.

REÇUT (ad). Verbe actif, 3e p. s. du parf. comp. de receivere, avec un r. s. m., 782. V. Receivere.

RECUVERER. Verbe neutre ou actif. Inf. prés. (Recuperare), 344. — Fut., 1re p. p. : recuver(r)um, 3813. Imparf. du subj., 3e p. s. : recuverast, 3441. ═ Passif. Futur, 3e p. s. avec un s. s. m. : ert recuveret, 3803. — Part. passé, s. s. m. : recuveret, 3803. ═ Aux vers 344, 3803 et 3813, ce verbe est actif et a le sens de notre mot « recouvrer ». Mais au vers 3141 il est neutre, et offre le sens de « faire une seconde fois », iterare, repetere, que Ducange attribue aussi au latin recuperare. Il est question de Naimes, qui reçoit un très-rude coup du païen Malprime ; et le poëte ajoute : Se li païens une feiz recuverast, — Sempres fust mort li nobilies vassal.

RECUVRANCE. R. s. f. (Même sens que recuverement. L’étymologie est recuperantiam.) Mort l’abat senz nule recuvrance, 3619.

REDOTEZ. Part. passé employé adjectivement. Radotant (Re, et un mot d’origine germanique, dote, doten, qui a le sens de « radoter ») : Carles li magnes est velz e redotez, 905.

REDRECET (se). Verbe réfl. 3e p. s. de l’ind. prés. (Se re-directiat.) Quant se redrecet, mult par out fier lu vis, 142. On disait : Se redrecer en piez, pour « se lever, quand on était assis ». De l’ faldestod se redrecet en piez, 2804.

REFERIR. Verbe neutre. Inf. prés. Donner de nouveaux coups (Re et ferire) : Sire cumpainz, alum i referir, 1868.

REFLAMBEIT. V. le suivant.

REFLAMBES. Verbe neutre, 2e p. s. de l’ind. prés. Reluis, brilles (Re et flammare) : Cuntre soleill si luises e reflambes (dit Roland à Durendal), 2317. 3e p. p. : reflambent, 3616. — Subj. prés., 3e p. s. (?) : N’unt guarnement que tut ne reflambeit, 1003. ═ Ce dernier mot se trouve dans une laisse en ei. Il est difficile de l’expliquer en le rapportant à reflamber, à moins que ce ne soit un imparfait de l’ind. (?). Si c’est vraiment un subjonctif prés., comme je le pense, il faut supposer le verbe reflambeier.

REFREIDER. Verbe neutre. Inf. prés. Se rafraîchir (Re-frigidare) : Noz chevals sunt las... Par ces prez les laisez refreider, 2486.

REGNE. R. s. Royaume (Regnum) : Reis Almaris de l’ regne de Belferne, 812. El’ regne dunt tu fus, 1961. — R. p., regnes : Cels de France ki les regnes cunquerent, 3032. Cf. 2911.

REGNET. R. s. m. Royaume (Regnatum) : En France le regnet, 694. De vos tendrat Espaigne le regnet, 697. Cf. 2787. Ja ne murreit en estrange regnet, 2864. — R. p. m., regnez : Mandet sa gent de .XL. regnez, 2623.

REGRETER. Verbe actif. Inf. prés. (Re et germ. gretan, plaindre.) Tant dulcement à regreter le prist, 2886. — Ind. prés., 3e p. p. : regretent, 1469. ═ Verbe réfl. 1re p. s. de l’ind. prés., me regrette : Tel as ocis dunt à l’ coer me regrette, 1566.

REGUARDET. Verbe actif et neutre (V. Guarder.) 1° Actif. Ind. prés., 3e p. s., reguardet : Quant l’ot li Reis, fièrement le reguardet, 745, 2984. Rollanz reguardet Oliver à l’ visage, 1978. Cf. 2984. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. m., ad reguardet : A icel colp l’ad Rollanz reguardet, 1998. ═ 2° Neutre. Ind. prés., 3e p. s., reguardet : Si reguardet amunt, 2239. Cf. 1162, 1851, et reguarded, 739.

REGUART. R. s. m. (V. Guarder.) Si l’recunut... à l’ reguart, 1598. Baligant le reguart en ad fier, 2802.

REI. S. s. m., par erreur, au lieu de reis (Rex), 106. — Voc. s. m. : rei, 1619. — R. s. m. : rei, 27, 81, 618, 1520, 3799, etc. V. Reis.

REIALME. R. s. (Regalimen.) A grant dulur tendrai puis nun reialme, 2914.

REÏNE. S. s. f. (Regina), 2595. — R. s. f. : reïne, 634, 2713, 3672, 3985.

REINS. R. m. Nom de ville (Remos), 173, 264, 2077, 2083, 2433.

REIS. S. s. m. Roi (Rex), 1, 7, 10, 56, 974, 1650, 2133, 2321, 2741, 3992, etc. — Voc. s. m. : reis, 863, 876, 953, 1697, 2831, 3611, et rei, 1619. — R. s. m. : rei, 27, 81, 106, 618, 1520, 3799, etc., et, par erreur, reis, 3996. — S. p. m. : reis, 2649. — R.p. m. : reis, 388... ═ Il convient de remarquer que le mot reis est pris, dans notre texte, avec une acception plus large que de nos jours. Sous l’émir Baligant marche une foule de rois païens, et il en a jusqu’à dix-sept autour de lui (2649). Il en est un peu de même parmi les chrétiens, et notre poëte n’hésite point, par exemple, à donner le nom de rei à Geoffroi d’Anjou : Gefreid d’Anjou, le rei Gunfanuner, 106.

REISNES. R. p. f. Rênes (Retinas. Mais cette étymologie n’explique pas l’s intérieur qui se trouve dans tous les exemples du Roland), 1381. V. Resnes.

RELEVERENT. 1° Verbe neutre, 3e p. p. du parf. simple de relever. (Re-levare.) Isnelement sur lor piez releverent, 3574 (pr « se relevèrent »). ═ 2° Verbe actif. 3e p. s. du parf. comp., avec un r. s. f. : ad relevée. En parlant de la belle Aude qui vient de tomber roide morte, le poëte dit que Charlemagne prent la as mains, si l’en ad relevée, 3726. — Part. pass., r. s. f. : relevée, 3726.

RELIQUES. R. p. f. (Reliquias.) Ce mot a le sens actuel. Sur les reliques de s’espée Murgleis, — La traïsun jurat, 607, 608. Et Roland, parlant de Durendal, s’écrie : En l’ oret punt asez i ad reliques, 2345.

RELUIST. Verbe neutre, 3e p. s. de l’ind. prés. de reluire. (Relucet.) Tut li païs en reluist, 2637. 3e p. p., reluisent : Cuntre le soleil reluisent cil adub, 1808.

REMANEIR. Verbe neutre. Rester, demeurer. (Remanere.) 1° Conjugaison. Inf. prés. : remaneir, 3552, 3587, 3798. — Ind. prés., 3e p. s. : remeint, 1696, 3450 ; 2e p. p. : remeinés (erreur du scribe pour remeins, 2e p. s.), 2928. — Parf. simpl., 3e p. p. : remestrent, 714. — Parf. comp., 3e p. s. : est remés, 5, 282, 1914, 2459 ; fut remés, 2775 ; ad remés, 101, 1309 ; 3e p. p., avec un s. p. m. : sunt remés, 826, 965, 2655 ; furent remés, 2779. — Fut., 2e p. s. : remendras, 1985 ; 3e p. s. remeindrat : 907, 3665 ; 1re p. p. : remeindrum, 1108. — Cond., 3e p. s. : remeindreit, 600 ; 3e p. p. : remeindreient, 598. — Subj. prés., 1re p. s. : remaigne, 3719 ; 3e p. s. : remaigne, 4, 1848, 2336 ; 3e p. p. : remainent, 3623. — Part. pass., s. s. m. : remés, 5, 282, 1914, 2459, 2775. R. s. m. : remés, 101, 1309. S. p. m. : remés, 826, 965, 2655, 2779. ═ 2° Sens. a. « Demeurer, rester » : La sele en remeint guaste, 3450. De tels barons... or remeint deserte (France), 1696. Cf. 2928 : Si nus remeindrat Espaigne en quitedet, 907. N’i remeindrat sorz ne falserie, 3665. Cf. 598, 600. — b. Sans complément : « Rester en tel ou tel lieu... » Roland dit de Durendal : Mielz voeill murir qu’entre païens remaigne, 2336. En un bruill par sum les puis remestrent, 714. Remés i est sis uncles l’Algalifes, 1914. Cf. 101, 826, 2775, 2779, et, avec un sens plus étendu, 282, 965. — c. « Rester, résister » : N’i ad castel ki devant lui remaigne, 4. Nus remeindrum en estal en la place, 1108. Païen s’en turnent, ne volt Deus qu’il i remainent, 3623. — d. « En rester là » : Ceste bataille ne poet remaneir unkes, 3587. Bien fait à remaneir ; — Laisum le plait, 3798, 3799. Cf. 3552 (?). — e. « Subsister », et, par extension, « survivre » : Si est blecet, ne quit que anme i remaigne, 1848. Cf. 1309, 2719. Ce mot, dans ce sens, s’applique aux choses : Mur ne citet n’i est remés à fraindre, 5. — f. Remaneir en estant signifie « s’arrêter » : Li soleilz est remés en estant, 2459, ou « rester debout » : Tuit li altre sunt remés en estant, 2655.

REMBALT. R. s. m. Nom de celui qui commande, avec Hamon de Galice, la huitième eschele française (Rambaldum ; anc. haut allem. Raginpald, Pott, 233), 3073.

REMEINDRAT. Verbe neutre, 3e p. s. du fut. de remaneir (Remanere-habet), 907, 3665.

REMEINDREIENT. Verbe neutre, 2e p. p. du cond. de remaneir (Remanere-habebant), 598.

REMEINDREIT. Verbe neutre, 3e p. s. du cond. de remaneir (Remanere-habebat), 600.

REMEINDRUM. Verbe neutre, 1re p. p. du fut. de remaneir (Remanere-habemus), 1108.

REMEINT. Verbe neutre, 3e p. s. de l’ind. prés. de remaneir (Remanet), 1696, 3450.

REMEINS. Verbe neutre, 2e p. s. de l’ind. prés. de remaneir (Remanes), 2928. Le scribe, par erreur, a écrit remeinés. Pour les six mots précédents, voyez Remaneir.

REMEMBRANCE. S. s. f. Mémoire, souvenance (Rememorantia) : Repairet loi vigur e remembrance, 3614.

REMEMBRER. Verbe neutre. Inf. prés. Se souvenir (Rememorare) : De vasselage li poüst remembrer, 1182. De plusurs choses à remembrer li prist, 2377. Cf. 1970. — Ind. prés., 3e p. s., remembret : Dunc le remembret des fius e des honurs, 820. Si li remembret de l’ doel, 2983. ═ Verbe réfl. Subj. prés., 1re p. s. : Carles me mandet... que me remembre de la dolur, 489.

REMENDRAS. Verbe neutre, 2e p. s. du fut. de remaneir (Remanere habes), 1985. Voy. Remaneir.

REMUT. Verbe neutre, 3e p. s. du subj. imparf. du verbe remuveir, qui vient de removere : N’avez baron, ki jamais là remut, 779. Le sens est « y aille, y allât ». Cf., dans le manuscrit de Versailles, le vers suivant : Ne vos ait home qui por autre remue, qui traduit le vers 2309 d’Oxford : Ne vos ait hume ki pur altre (s’en) fuiet.

RENC. R. s. m. Rang (haut allem. Hring) : Turpins de Reins en est levet de l’ renc, 264. — Reng, 2192.

RENCESVALS. R. m. Roncevaux, 892, 901, 912, 2225, 2483, 2516. Cf. Rencesval, 2716, et Renceval, 2398. Cette dernière forme est une erreur du scribe. ═ L’étymologie latine est plus que douteuse. À côté de Roscida vallis (vallée humide), il faut étudier Runciœvallis, qui est la forme adoptée par la Chronique de Turpin. M. Hugo Meyer, l’ultrascandinave, voit dans Roncesval la « vallée des épines » dont il est question dans la mythologie du Nord. (V. notre Introduction.) Mais, sans nous arrêter à ces derniers textes, ni au Runcivallis du Roland en vers latins, ni même au Rainchevaux de la Chronique de Tournai, il faut remarquer que, dans les textes les plus autorisés, on trouve un s à l’intérieur de ce mot. Cet s éclate dans notre Rences vals, dans le Runtseval de la Kaiser Karl Magnus’s Kronike, dans le Runzival de la Karlamagnus Saga (z ═ ts), dans le Roncisvalle des poëmes italiens, dans le Roncesvalles des romances espagnoles, jusque dans le Ronscevax du Remaniement de Paris et le Rainscevaus de Philippe Mouskes, etc. etc. ═ Mais personne, jusqu’à ce jour, n’a tenu compte de l’étymologie basque, et nous nous empressons de publier à ce sujet les lignes suivantes de notre ami, M. P. Raymond, archiviste des Basses-Pyrénées. « Dans le pays basque, beaucoup de noms de lieu se terminent par le mot çabal, écrit aussi zabal. Il a pour signification : plat, étendu, déployé. C’est l’adjectif que l’on retrouve dans les noms de Larceveau, Larzabal (Larre ou Lar, lande ou pâturage), de Çabaléta, que je traduirais village de la plaine, et de Çabalce, qui a la même signification. Les exemples peuvent être très-multipliés, car le mot çabal se place soit avant, soit après les noms. ═ Çabal, d’ailleurs, convient parfaitement à la localité qui porte le nom de Roncevaux. En effet, dès qu’on a descendu la montagne d’Ibagnéta, et que la porte voûtée de l’abbaye est franchie, on trouve devant soi un assez large vallon. ═ Quant au mot Ros qui forme la première partie du nom, il est fréquent dans la région, sous la forme arros, parce qu’il n’y a pas en basque de mot commençant par R, et que l’on dit, par exemple, Erroma pour Roma. (Voy. Arros, section de Larceveau ; — Arros, canton de Nay ; — Arros, canton d’Oloron-Ouest.) ═ Le sens de ce dernier mot m’est inconnu et je le regrette ; car j’aurais eu à cœur de compléter cette courte note sur Rosçabal. Il ne me reste plus qu’à vous affirmer que toutes les formes du moyen âge Roscida-Vallis, Roncesvalles, etc., sont des noms forgés ; car, au courant du xiie siècle, on disait Rosçabal pour Roncevaux, tout comme Larçabal pour Larceveau. Je ne saurais trop insister sur ce point. »

RENDRE. Verbe actif. (Reddere, rendere.) 1° Conjugaison. Inf. prés. : rendre, 2733, 3004, 3593. — Ind. prés., 3e p. s. : rent, 2198, 2572 ; 3e p. p. : rendent, 1397, 1829, 2122. — Parf. simpl., 3e p. s. : rendit, 1406. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. p. f. : ad rendut, 2849 ; ad rendues, 3655. — Fut., 1re p. s. : rendruns, 2144. — Impér., 2e p. p. : rendez. ═ Pass. Fut., 3e p. p., avec un s. p. m. : erent renduz, 3950. Part. pass., r. s. n. : rendut, 2849. S. p. m. : renduz, 3950. R. p. f. : rendues, 3655. ═ 2° Sens. a. « Faire restitution d’un dépôt confié, etc. ; restituer, remettre. » Tant le guarde(re)nt que l’ rendent à Charlun, 1829. Diseient li : Sire, rendez le nus, 2560. Bramidonie les turs li ad rendues, 3655. Cf. le vers 3593, et, au vers 3950, la locution « être rendu en otage », c’est-à-dire « être livré à titre d’otage » : Erent... pur Pinabel en ostage renduz. — b. « Quitter, laisser. » Ce sens dérive fort naturellement du précédent. Charlemagne, sur le point d’aller chercher le corps de son neveu à Roncevaux, ad rendut ses armes (2849), c’est-à-dire, « s’est désarmé. » S’espée rent e sun helme, 2572. — c. De là aussi les locutions « rendre une bataille », « rendre des coups », etc. : Encui rendruns à païens cest asalt, 2142. A Rollant rendent un estur fort e pesme, 2122. Franc e païen merveilus colps i rendent, 1397. Bataille quident rendre, 3004. — d. « Rendre un service » : Malvais servis(e) le jur li rendit Guenes, 1406. — e. « Faire, faire devenir » : La meie mort me rent si anguissus, 2198. Rendre le quidet u mort o recreant, 2733.

RENG. R. s. m. (Ancien haut allem. Hring.) Si’ s mist en reng, 2192. et renc : Turpins de Reins en est levet de l’ renc, 264.

RENGES. S. p. f. Les franges, les extrémités du gonfanon (V. Ducange aux mots rinca, ringa, ringia, auxquels il donne pour sens unique celui de « baudrier ») : Les renges (d’or) li batent josqu’as mains, 1158.

RENIER, et non pas reiner, qui ne convient pas comme assonance dans une laisse en ier (Reginharium ; anc. haut allem. Reginheri. Pott, 240 ; même rad. germ. que Reinhard) : Vos fustes filz à l’ bon cunte Renier, 2208.

RENT. Verbe actif, 3e p. s. de l’ind. prés. (Reddit, rendit), 2198, 2572. V. Rendre.

RENUMÉE. Adj. r. s. f. Célèbre, illustre, nommée souvent (Re-nominatam) : Munjoie, l’enseigne renumée, 3565.

RENUVELENT. Verbe actif, 3e p. p. de l’ind. prés. de renuveler. (Renovellant.) Mult haltement Munjoie renuvelent, 3300.

REPAIRE. V. Repaires.

REPAIRER. Verbe neutre et quelquefois pronominal. Revenir en son pays, et, par extension, revenir (Repatriare) : En France ad Ais s’en deit ben repairer, 36. En France ad Ais devez bien repairer, 135. Ces deux exemples, que nous rapprochons à dessein, montrent qu’on employait fort indistinctement le verbe repairer avec ou sans le pronom se : En Rencesvals est tart de l’ repairer, 2483. — Ind. prés., 3e p. s., repairet : Carles repairet, li reis poesteïfs, 2133. Cf. 2115 et 3190. S’en repairet, 828, 3944 ; repeiret, 2149. 3e p. p., repairent : A Charlemagne repairent si barun, 3807. — Parf. comp., 3e p. s. avec un s. s. m. : est repairez, 2040 ; est repairet, 1869, 3610, 3705. 3e p. p. : sunt repairet, 3682. — Fut., 3e p. s. : repairerat (? repairrat), 573. — Impér., 2e p. p. : repairez, 2182. — Subj. prés., 1re p. s. : repaire, 289. — Part. passé, s. s. m. : repairez, 2040 ; repairet, 1869, 3610, 3705. S. p. m. : repairet, 3882. ═ Dans tous les exemples précédents, le sens est à peu près le même ; dans le vers suivant, ce mot prend une acception plus générale et digne d’attention : repairet loi vigur e remembrance, 3614. ═ La vraie forme de ce mot est repairier, etc. ; car on ne le trouve en assonance que dans les laisses en ier.

REPAIRES. S. s. m. (Subst. verbal du précédent.) Se vos volez, li repaires ert grefs, 2801. — R. s. m., repaire : Quant cascuns ert à sun meillor repaire, 51. Li Empereres aproismet sun repaire, 661. ═ Le sens le plus ordinaire est celui de « pays » (51, 661) ; mais repaires signifie aussi « retour au pays », et, d’une manière plus générale, « retour » (2801).

REPENTENT (se). Verbe pronominal, 3e p. p. de l’ind. prés. (Se re-pœnitent.) Si Arrabiz de venir ne se repentent, 3011. — Subj. prés., 2e p. s., te repentes : Si pren cunseill que vers mei te repentes, 3590.

REPOS. R. s. (Repositum.) Tere Major remeindreit en repos, 600. ═ On remarquera que l’expression « rester en repos » est déjà en vigueur.

REPROCE. R. s. Reproche (Repropium, subst. verbal de repropiare) : Prist l’olifan que reproce n’en ait, 2263. Reproece : Ja n’en averunt reproece mi parent, 1076. Rem. la locution : Aveir reproce.

REPROECE. R. s. 1076. V. le précédent.

REPROVER. Verbe actif. Inf. prés. employé substantivement. Reproche, honte (Reprobare ?) : Vergoigne sereit e reprover à trestuz voz parenz, 1705, 1706. ═ On trouve au futur, 3e p. p. : reproverunt, 768, et au passif, subj. prés. 3e p. s. avec un s. s. n., seit reprovet : Mielz voeill murir qu’il me seit reprovet, 3909. ═ Ce dernier mot se trouve dans un couplet assonancé en er. Il n’est pas inutile de le remarquer, à cause de la forme reprovier, qui se rencontre tant de fois dans les textes postérieurs du moyen âge.

REPROVERUNT. Verbe actif, 3e p. p. du futur de reprover (Reprobare-habent), 768. V. Reprover.

REPROVET (seit). Verbe passif, subj. prés., 3e p. s., avec un s. s. n. (Sit reprobatum), 3909. V. Reprover.

REQUEILLIT. Verbe actif. Parfait simple, 3e p. s. de recuillir. (Recollegit.) Passet avant, le dun en requillit, 3210. V. Recuillir, 2965.

REQUERT. Verbe actif, 3e p. s. de l’ind. prés. de requerre. Attaque (Requirit) : Nus requert çà en la nostre marche, 374. Sun cors meïsme i asalt e requert, 2551. 3e p. p. : requerent, 3528.

REREGUARDE. R. s. f. Arrière-garde (Retro-wardiam. V. Guarder), 574, 613.

REREGUARDER. Verbe actif. Inf. prés. Un général, par nécessité ou pour se faire honneur, se fait rereguarder, c’est-à-dire garder sur les derrières de son armée (Retrowardiare. Voyez Guarder) : Par grant honur se fist rereguarder, 2774.

RESAILIT. Verbe neutre. 3e p. s. du parf. simple de resailir. (Re-salire.) Isnelement li ber resailit sus, 2085.

RESENBLET. Verbe neutre. 3e p. s. de l’ind. prés. Ressemble (Re et simulat) : Ben resenblet marchis, 3502, et mieux, resemblet : Li amirals ben resemblet barun, 3172. 2e p. p., resemblez : Par tels paroles vus resemblez enfant, 1772. — Imparf. du subj., dans le sens du conditionnel, 3e p. s., resemblast : S’il fust leials, ben resemblast barun, 3764.

RESNE. R. s. f. Rêne (? Retinam) : Laschet la resne, 1290, 1574, 2996. — R. p. f., resnes : Dui Sarrazin par les resnes le pristrent, 2706. Tutes les resnes lasquent, 3777, et reisnes, 1381. On voit là les exemples peut-être les plus anciens de ces deux locutions : « Lâcher les rênes » et « Prendre par les rênes ».

RESORTIE (est). Verbe passif. Ind. prés., 3e p. s., avec un s. s. f. Rebondit (de Re et sortiri) : L’espée... cuntre le ciel amunt est resortie, 2341. — Part. s. s. f. : resortie, 2341.

RESPUNDRE. Verbe actif et neutre. Inf. prés. (Respondere), 1756. — Ind. prés., 3e p. s. : respunt, 156, 216 ; respont, 1062, 1505, 1548. 3e p. p. : respundent, 946, 2440, 2754, 3982 ; respondent, 2112, 3414. — Parf. simple, 3e p. s. : respundit, 632, 1759, et respundiet (en assonance, dans un couplet en ier), 2411. — Parf. comp. avec un r. s. n., 3e p. s. : ad respondud, 233. — Subj. prés., 3e p. s. : respundet, 22 et 3540. — Part. passé, r. s. n. : respondud, 233. ═ Dans la plupart des exemples qui précèdent, respundre s’emploie absolument et sans régime ; il est, au contraire, très-évidemment actif dans le vers suivant : Guenes li quens ço vus ad respondud, 233. ═ Le sens est presque partout le sens actuel. Néanmoins il faut noter les vers 1756 et 2112. où respundre signifie « faire écho » : Sunent li munt e respundent li val, 2112. Et en parlant du cor de Roland : Granz .XXX. liwes l’oïrent il respundre, 1756.

RESPUNS. R. s. Réponse (Responsum) : Loat sun Deu, ne fist altre respuns, 420.

RESURREXIS. Verbe actif. 3e p. s. du parf. simple. (Resurrexisti.) Seint Lazaron de mort resurrexis, 2385.

RETENIR. Verbe actif. Inf. prés. (Retinere.) Munjoie escriet por le camp retenir, 1260. Des meillors voeill jo retenir treis, 3283. — Ind. prés., 3e p. p. : retienent, 2442. — Parf. comp., 1re p. s., avec un r. p. m. : ai retenuz, 3948. — Futur, 1re p. s. : retendrai, 789. — Impér. 2e p. p. : retenez, 786. — Part. passé, r. p. m. : retenuz, 3948. ═ Au réfl. Impér., 2e p. p., vos retenez : Seignors barons, el’ camp vos retenez, 1176. ═ Le sens le plus usuel est celui de : « Garder près de soi, pour soi », etc. (Vers 3283, cité plus haut, et aussi 789, 2442, 3948.) ═ Mais retenir signifie aussi « tenir fortement ». « Retenir le camp, » c’est « tenir bon sur le champ de bataille et en rester maître » (vers 1260). Se retenir a un sens analogue, et, au vers 1176, El’ camp vos retenez signifie « tenez bon ».

RETRAITE (seit). Verbe passif, subj. prés., 3e p. s., avec un s. s. f. (Sit retracta.) Mielz voeill murir que hunte nus seit retraite, 1701. ═ On disait « retraire hunte à quelqu’un » comme aujourd’hui nous disons « lui faire honte ».

RETURNER. Verbe neutre. Inf. prés. S’en retourner (Re et tornare) : Si l’orrat Carles, ferat l’ost returner, 1060. — Futur, 3e p. s., returnerat : Si returnerat l’ost, 1052. 3e p. p., returnerunt : Ki que’s rapelt, ja n’en returnerunt, 1912. Cf. 1072 et 1704.

REVELERUNT. Verbe neutre. 3e p. p. du futur. Se révolteront (Rebellare-habent. Rebellare avait ce même sens dans la meilleure latinité) : Encuntre mei revelerunt li Seisne, 2921.

REVIENT. Verbe neutre. 3e p. s. de l’ind. prés. (Re et venit.) Li quens Rollanz revient de pasmeisuns, 2233. — Parf. simple, 3e p. s. : revint, 2881, 2892. — Subj. prés., 1re p. p., revengum : Josque Deus voeil[l]e que en cest camp revengum, 2439. — Part. passé, s. ou r. s. m., revenuz : Ainz que Rollanz se seit aperceüt, — De pasmeisuns guariz ne revenuz, 2036. Comme on le voit, il y a doute sur le véritable cas de revenuz. Se rapporte-t-il, oui ou non, au mot seit ?

REVERRUNT. Verbe actif, 3e p. p. du futur de reveeir ou revedeir (Re-videre-habent), 1402. 2e p. p. : revereiz, 3802 (en assonance dans un couplet en ei).

REVUNT. Verbe neutre, 3e p. p. de l’ind. prés. (Re-vadunt.) De tutes parz les revunt envaïr, 2065.

RIANT. Part. prés. employé adjectivement. R. s. m. (Ridentem.) Cors ad mult gent, le vis aler e riant, 1159. Avec en, riant forme un véritable gérondif : Cler, en riant, l’ad dit à Guenelun, 619.

RICHARD. S. s. m. Nom du « sire des Normans », Richard de Normandie (Richardus, nom d’origine germanique, anc. haut allem. Rihhart, Reichardt, Pott, 128), 3050. — R. s. m. : Richard, 171 et 3470. ═ Notre poëte l’appelle « Richard le Vieux », 171, 3070, 3470...

RICHES. Adj. s. s. m. Puissant, plutôt que riche (all. reich) : Carles se dort, li empereres riches, 718. Cf. 422, 2354, 3265. — R. s. m. : riche, 1531, 2199. — R. p. m., riches : Tanz riches reis cunduit à mendisted, 527, 542.

RIRE. Verbe neutre et quelquefois pronominal. Inf. prés. (Ridere), 302, 1638. — Ind. prés., 3e p. s. : s’en rit, 303. — Subj. prés., 3e p. s., riet : Ne poet muer ne riet, 959. Ki qu’en plurt u ki ’n riet, 3364. — Part. prés., r. s. m. : riant, 1159. Et avec en, véritable gérondif : en riant, 619.

RIMUR. R. s. f. Bruit (Rumorem. Rimur est une erreur du scribe, et Mü. a restitué rumur) : De XV liues en ot hom la rimur, 817.

RIVE. R. s. f. (Ripam.) Desur la rive sunt Franceis herbergiez, 2799.

ROCHE. R. s. f. (Rupeam, rupiam, par la consonification de l’i), 1579. — S. p. f. : roches, 815. — R. p. f. : roches, 3125.

ROET. Part. passé employé adjectivement, r. s. m. Se dit notamment d’une étoile brochée, qui est ornée de rosaces, etc. (? Rotatum) : La guige en est d’un bon palie roet, 3151. — R. p. f., roées : Granz colps s’entre dunèrent — De lor espiez en lor targes roées, 3569. (Ducange définit ce mot : Figuris rotularum ornatus.)

ROEVET. Verbe actif, 3e p. s. de l’ind. prés. Demande, désire, veut (?) (Rogat) : Cil l’at traït ki vos en roevet feindre, 1792.

ROLLANZ. S. s. m. (Hruodlandus, dans le texte célèbre d’Éginhard. Nom d’origine germanique. Anc. haut allem. Ruodland. V. Pott, p. 223), 194, etc. etc. etc., et Rollant, 175. — R. s. m. : Rollant, 286, 902, 3775, etc. etc.

ROMAIN. S. p. m. (Romani.) Romain, Puillain e tuit cil de Palerne, 2923.

ROMAIN (seint). Nom de l’église de Blaye, où Charles fait enterrer les trois corps d’Olivier, de Turpin et de Roland (Sanctum-Romanum) : A Seint-Romain, là gisent li baron, 3693. Cette église était célèbre. On y avait enterré, dit-on, le roi Caribert, mort en 567.

ROMAINE. R. s. f. On pourrait lire Romanie, qui se prononçait Romaine. La Romagne (Romaniam.) : Si l’en cunquis... Lumbardie e trestute Romaine, 2326.

ROMAINE. R. s. f. (Romanam.) C’est le nom primitif de l’Oriflamme : Gefreid d’Anjou portet l’orie flambe ; — Seint Piere fut, si aveit num Romaine, — Mais de Munjoie iloec out pris eschange, 3093, 3095. Quelle que soit la valeur rigoureusement historique de ce texte, il est précieux pour les historiens de notre drapeau. On en peut conclure qu’avant l’oriflamme de Saint-Denis, portée devant les rois de France en leur qualité de comtes du Vexin et d’avoués de la célèbre abbaye, il y eut une autre oriflamme portée devant nos empereurs et rois en leur qualité d’avoués de l’Église romaine. (Dans l’Entrée en Espagne, Roland se rappelle le temps où il commandait vint mil chevalier por la glesie romaine, f° 223.) ═ Depuis que nous avons écrit ces lignes, M. Marius Sépet a fait paraître dans la Revue des questions historiques (n° 19) un travail dont les conclusions sont à peu près les mêmes.

ROME. R. s. f. (Romam), 2998. Cf. Rume, 639, 921.

ROSNE. R. s. m. Le Rhône (Rhodanum), 1583.

ROSSILLON. R. s. m. Roussillon, 797. V. Russillun.

RUBESTE. V. le suivant.

RUBOSLL. Adj. r. s. (?) Tere de France, mult estes dulz païs, — Oi desertet à tant rubosll exill, 1862. Il y a là une faute évidente du scribe, et Mü. propose rubeste au lieu de rubosll. L’étymologie est douteuse.

RUES. R. p. f. (Rugas.) Passent X. portes, traversent IIII. punz, — Tutes les rues ù li burgeis estunt, 2691.

RUME. R. s. f. Rome (Romam), 639, 921..., et Rome, 2998.

RUMPRE. Verbe actif. Inf. prés. (Rumpere.) — Quant de Franceis les escheles vit rumpre, 3533. — Ind. prés., 3e p. s., rumpt : L’osberc li rumpt, 1265. 3e p. p., rumpent : El’ plus espès se’s rumpent, 3529. Rumpent cez cengles, 3573. Cf. 3886. — Parf. comp., avec un r. p. m., ad rumput : De sun osberc li ad rumput les pans, 1300, 1558. 3e p. p., avec un r. s. m. : unt rumput, 2079, 2158. — Part. prés. s. s. (avec le sens du part. passé ?) : De sun cervel le temple en est rumpant, 1764. Cet emploi du participe présent est, d’ailleurs, fréquent dans notre ancienne langue, et se retrouve encore dans celle de nos jours. ═ Au passif. Ind. prés., 3e p. s. avec un s. s. m. : est rumput, 1786, 2051, 2102. — Part. passé, s. s. m. : rumput, 1786, 2051, 2102. R. s. m. (?) : rumput, 2079, 2158, et rumpu, 1400. R. s. n. : rumput, 1300, 1558.

RUMUR. R. s. f. Bruit (Rumorem), 758. Le manuscrit porte rimur.

RUNCIN. R. s. m. Cheval de charge (fait sur l’allem. ross) : N’i perdrat ne runcin, ne sumer, 758.

RUNERS. R. s. Ki tint la marche de l’ val de Runers, 2209. Ce vers se trouve dans une laisse assonancée en ier : c’est donc à tort que Mü. en a remplacé les derniers mots par ceux-ci : De Genes de sur mer. Il faut Runiers ou plutôt Riviers. Origine incertaine.

RUSÉE. S. s. f. Rosée (d’un subst. formé sur ros, roris : rosata) : Pluie n’i chet, rusée n’i adeiset, 981.

RUSSILLUN. R. s. m. Roussillon. ═ Il ne s’agit pas ici du pays de Roussillon, au pied des Pyrénées, qui doit son nom à Ruscino, ville de la Narbonnaise, ni de cette petite ville de Dauphiné qui correspond peut-être à la localité appelée Figlinœ ou à Urseolis ; mais de Roussillon, près de Châtillon-sur-Seine. Ce mot ne s’applique, en effet, dans notre Chanson, qu’à Girart de Roussillon, lequel fut duc de Bourgogne, 1896, 2189, 2409 (?).

S

S’ pour SE. Pron. pers. Ne s’ poet guarder que mals ne li ateignet, 9. Là vunt sedeir cil ki s’ deivent cumbatre, 3854. V. Se.

S’ pour SA. Pronom ou adjectif possessif, s. f. S’espée, 346, 607, 1527... V. Sis, sa.

SA. Pron. ou adj. possessif, s. s. f. (Ne peut venir de sua, qui a donné sue, mais de sa latin. On a fait observer avec raison qu’on trouve sam dans Plaute, pour suam.) Sa custume est qu’il parolet à leisir, 141... — R. s. f., sa : Carles serat ad Ais, à sa capele, 52. Cleimet sa culpe, 2239. Cf. 140, 365, 574, 614, 1407, 1630, 1632, 2593, 3975, etc. etc. V. Ses.

SABELIN. Adj., r. s. m. De martre zibeline (du russe sobol, ou du polonais sobal, martre zibeline. V. Ducange, au mot sabelum, qui a le même sens et a donné l’adj. sabelinus. Cf. Diez, Lex. Étym. au mot zibellino, I, p. 450) : Afublez est d’un mantel sabelin, 462. — R. s. f., sabelines : Cez pels sabelines, 515.

SACENT. Verbe actif, 3e p. p. du subj. prés. de saveir. (Sapiant.) Sunez voz graisles que mi païen le sace[n]t, 3136. V. Saveir.

SACEZ. Verbe actif, 2e p. p. de l’impér. de saveir. (Sapiatis.) Ço dist Marsilies : « Guenes, par veir sacez », 520. V. Saveir.

SAFRÉE. Part. pass. employé adjectivement, r. s. f. Bordée ou brodée d’orfroi (de la même famille que « safran », qui vient de l’arabe za’faran ; Diez, I, 448, au mot zafferano) : Tranchet (sa) bronie safrée, 1372. Le haubert était, en effet, bordé d’une bande de fils d’or probablement insérés dans les mailles. — R. s. m., sasfret : Si ad vestut sun blanc osberc sasfret (pour saffret), 2499. — S. p. m., safrez : Cil osbercs safrez, 1032. Cf. sasfret, au vers 3141. — S. p. f. : safrées, 3307, et saffrées, 1453.

SAGES. Adj. s. s. m. (Sapius par la consonification de l’i.) L’Arcevesque ki fut sages e proz, 3691, et sage : Mult par ies ber e sage, 648. Rollant est proz e Oliver est sage, 1093. — R. p. m., sages : Laissum les fols, as sages nus tenuns, 229. ═ Dans ce dernier vers, sages est employé substantivement. ═ Partout, comme on le voit, il est opposé à proz et à fols. C’est bien le sens actuel. Cf. Saives.

SAI. Verbe actif, 1re p. s. de l’ind. prés. de saveir. (Sapio.) Jo ne sai quels en est sis curages, 191. En Sarraguce sai ben qu’ aler m’estoet, 310. Cf. 530. Veir dites, jo l’ sai bien, 760. D’iço ne sai jo blasme, 1082. Jo mie ne l’ sai, 1386. Jo ne l’ sai cument quere, 1700. Jo sai asez que Carles ne m’atent, 2837. ═ On voit que ce mot s’emploie soit avec des substantifs pour complément, soit avec que et cument. Il faut encore noter la locution suivante dans le sens de notre expression : « Je ne peux pas mieux te dire » : Ço est Loewis, mielz ne sai a parler, 3715. V. Saveir.

SAILLENT. Verbe neutre, 3e p. p. de l’ind. prés. de saillir. (Salire.) Puis, saillent enz, 2469. V. Salt.

SAINTE. Adj. r. s. f. (Sanctam.) Quant Carles oït la sainte voiz de l’angle, 3612. V. Seint.

SAIROU. Mauvaise lecture du scribe, au vers 2966. C’est Sarcous qu’il faut lire.

SAISIT. Verbe actif, 3e p. s. de l’ind. prés. (Anc. haut all. Sazjan, et, en bas latin, Sacire, comme l’établit Diez, Lex. Étym., I, pp. 362, 363. C’est de Sacire que vient immédiatement saisir.) Rollant saisit e sun cors e ses armes, 2280. 2e p. s., saisis : Culvert païen, cum fus unkes si os — Que me saisis, 2293. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. f. : ad saisie, 721. — Fut. ant., 1re p. p., avec un r. s. f., avrum saisie : Jusqu’à un an avrum France saisie, 973. ═ Passif. Parf., 3e p. s., avec un s. s. m. : fut saisit, 3213. — Part. passé, s. s. m. : saisit, 3213. R. s. f. : saisie, 721 et 973.

SAISNES. S. p. m. Les Saxons (Saxones), 3793, et Seisne, 2921. — R. p. m. : Saisnes, 3700.

SAISONIE. R. s. f. La Saxe (Saxoniam), 2330.

SAIVES. Adj., s. s. m. Sage (Sapius. C’est le même mot que sage. Ce dernier a été formé par la consonification de l’i latin, et saive s’explique sans cette consonification) : Vos estes saives hom, 248. Cf. 294, 3174. — R. s. m. : saive, 279. — S. p. m., saive : Cunseilez mei cume mi saive hume, 20. Cf. Li plus saive, au v. 112. — R. p. m., saives : Blancandrins fut des plus saives païens, 24. Cf. Les plus saives, au vers 3703. Cf. Sages.

SALE. R. s. f. Salle (anc. haut allem. Sala) : D’enz de (la) sale uns veltres avalat, 730. Muntet el’ palais, est venut en la sale, 3707.

SALEIENT, 1641. Lire s’aleient.

SALIENT, 990. Lire s’alient. Pour ces deux mots, voy. Alient.

SALOMON. R. s. m. Le fils de David (Solomonem. De l’hébreu schalom, paix) : Si violat le temple Salomon, 1524.

SALSE. Part. pass. employé adjectivement. Salée (Salsam) : Vers Engletere passat il la mer salse, 372.

SALT. R. s. m. Saut. (Saltum.) Entre dans la composition de Salt-perdut, nom de cheval, 1554. — R. p. m., salz : Les galops e les salz, 731. E Tencendor li ad fait .IIII. salz, 3342.

SALT. Verbe neutre, 3e p. s. de l’ind. prés. de saillir. Saute, jaillit (Salit) : Par mi la buche en salt fors li cler sancs, 1763. Salt en li fous que l’erbe en fait esprendre, 3917 ; 3e p. p., saillent : Puis, saillent enz, 2469.

SALT-PERDUT. R. s. m. Nom de cheval (V. Salt et Perdre), 1554.

SALUÈRENT. Verbe act., 3e p. p. du parf. simpl. de saluer. (Salutârunt.) Si l’ saluèrent par amur, 121. — Impér., r. p. p., saluez : De meie part ma muiller saluez, 361.

SALUZ. R. s. (?) m. Salutation (Salutem) : Par bel amur malvais saluz li firent, 2710.

SALVE. Adj., s. s. f. (Salva.) En l’Arcevesque est ben la croce salve, 1670. — R. s. f. Si receverat la nostre lei plus salve, 189. Par ceste lei que vos tenez plus salve, 649. ═ Dans le premier des trois vers cités plus haut, salve a le sens du mot latin et signifie : « sauve-gardée ». Dans les deux autres, le sens est actif, au lieu d’être passif. Salve ici signifie : « Qui sauve », et non « qui est sauvé ».

SALVEMENT. S. s. Salut, sauvegarde (Salvamentum) : Retenez les, ço est vostre salvement, 786.

SALVENT. Verbe act., 3e p. s. du subj. prés. de salver. (Salvent.) Cil Mahumet... Tervagan e Apollin... Salvent le rei, 2713. — Part. passé, s. s. m., salvez : Salvez seiez de Mahum, 416, et salvet : Salvet seiez de Deu, 123.

SALVETEZ. R. s. f. Salut (Salvitatem) : La lei de salvetez, 126. (Au lieu de salvetet.)

SALZ. R. p. m. Sauts (Saltus), 731 et 3342. V. Salt.

SAMUEL. R. s. m. (Samuelem, de l’hébreu Schamah, qui écoute, qui obéit, et El, Dieu), 3244.

SANCS. S. s. m. Sang (Sanguis), 1614, 1763, 1980, 3165, 3925, et sanc, 3972. — R. s. m. : sanc, 950, 968, 1119, 1778, 2229, 2346, 3453.

SANCTE. Adj., r. s. f. Mauvaise lecture des éditeurs. Le manuscrit porte sce, par imitation inconsciente d’une abréviation latine ; mais partout ailleurs notre texte nous offre explicitement la forme seint. C’est donc seinte qu’il faut lire, et non pas sancte, aux vers 1634, 2303, 2938...

SANGLENT. Adj., s. s. m. (Sanguilentus), 1507, et sanglant, 1056. — S. s. f. : sanglente, 1399. — R. s. m. : sanglent, 1079, 1623. — R. s. f. : sanglente, 1586, 1785, 3921. — R. p. m. : sanglanz, 1711. ═ La forme étymologique, la forme correcte est sanglent.

SANSUN. S. s. m. Nom d’un duc français (Samson indéclinable, nom d’origine hébraïque), 105, 1275, 2408. On ne trouve jamais dans notre texte la forme sanse. Mais rien n’est plus facile à expliquer. Le mot Sansun, dans notre texte, est formé sur le type indéclinable Samson. C’est plus tard seulement qu’on a soumis ce vocable à la déclinaison en o, onis, et qu’on a dit en français Sanse pour le cas sujet et Sansun pour le cas régime. — R. s. m. : sansun, 1531, 1537, 2187.

SAPIDE. R. s. f. Erreur du scribe, au lieu de sapeie. Ce mot, en effet, entre comme assonance dans une laisse féminine en ei : Vunt s’aduber desuz une sapeie, 994. Sapin se dit en bas lat. (?) sappus, d’où sapetum et sapeta. C’est ce dernier mot qui est l’origine immédiate de sapeie.

SARCOUS. R. p. m. Cercueils (Sarcophàgos) : En blancs sarcous fait metre les seignurs, 3692. Au vers 2966, le scribe a écrit à tort un blanc sairou : il faut lire en blancs sarcous.

SARDONIE. R. s. f. Sardoine, pierre précieuse (l’assonance exige Sardenie, qui se prononçait Sardeinne, et dérive de Sardonicha, pour Sardonyx) : Rollanz ferit el’ perrun de sardonie, 2312.

SARRAGUCE. S. s. f. (d’une corruption de Cæsar-Augusta), 6. — Voc. s. f. : Sarraguce, 2598. — R. s. f. : Sarraguce, 10, 211, 1407, 2462.

SARRAGUZEIS. Adj., r. p. m. De Saragosse (V. le précédent, auquel on a ajouté la terminaison ensis) : Lacent lor elmes mult bons sarraguzeis, 996.

SARAZINEIS. Adj., r. p. m. De Sarrazins, fait au pays des Sarrazins (Saracenenses) : Païen s’adubent de osbercs sarazineis, 994.

SARRAZINS. S. s. m. (Saracenus, de l’arabe scharaka, « s’est levé ». Les gens du pays où se lève le soleil), 147, 612, 932, 1509, 2071, 2274, et Sarrazin, 1631. — R. s. m. : Sarrazins, 253 ; Sarazin, 269. — S. p. m. : Sarrazin, 1625, et Sarrazins, 410. — R. p. m. : Sarrazins, 367. ═ Ce mot est presque partout employé substantivement ; mais il faut noter le vers 367, où il est véritablement adjectif : Asemblet s’est as sarrazins messag(es)...

SASFRET. Part. pass. employé adjectivement, r. s. m., 2499. — S. p. m. : sasfret, 3141. Ce sont là deux erreurs évidentes de notre scribe, et il faut partout lire safret ou saffret. V. ce mot.

SATHANAS. S. s. m. (Du latin Satanas, qui est calqué sur l’hébreu, lequel signifie « ennemi ».) L’anme de lui enportet Sathanas, 1268.

SAVEIR. Verbe employé substantivement, s. s. Habileté (Sapere) : Vostre saveir est grant, 3509. — R. s. : Li Amiralz est mult de grant saveir, 3279. Par mun saveir vinc jo à guarisun, 3774. Cf. 234. — R. p., saveirs : Par voz saveirs se m’ puez acorder, 74.

SAVEIR. Verbe act., inf. prés. Savoir (Sapere) : Poez saveir que mult grant doel en out, 1538. — Ind. prés., 1re p. s. : sai, 191, 310, 530, 760, 1082, 1386, 1700, 2837, 3715 ; 3e p. s. : set, 427, 530, 1035, 1173, 1675, 1886, 2098, 2553 ; 1re p. p. : savum, 2503 ; 2e p. p. : savez, 363, 1773, 3413 ; 3e p. p. : sevent, 716, 1436. — Parf. simpl., 3e p. s., sout : Guenes le sout, li fel, le traïtur, 1024. — Fut., 2e p. s., saveras : De m’ espée enquoi saveras le nom, 1901. — Impér., 2e p. p. : sacez... — Subj. prés., 3e p. p., sace[n]t : Sunez vos graisles, que mi paien le sace[n]t, 3136. ═ Ce verbe est employé dans toutes ses acceptions actuelles. Rem. la locution « n’en savoir mot » : Il n’en set mot n’i ad culpe li bers, 1174.

SCAZ. R. s. f. (Il est bien difficile d’admettre que ce soit Cadix, Gades.) Cil tient la tere en tre(s)qu’à scaz marine, 956.

SCEPTRE. R. s. (Sceptrum.) Puis, si li tolent (à Apollin) ses sceptre e sa curune, 2585.

SCIENCE. R. s. f. Savoir. (Scientiam.) En parlant des Français qui montent à cheval pour la bataille, notre poëte dit : Puis, sunt muntez, e unt grant science, 3003.

SE. Pronom personnel, régime. Il s’emploie : 1°, au singulier : Li reis Marsilie... se culchet, 12, etc., et 2°, au pluriel : Einz que il moergent, se vendrunt mult cher, 1690, etc. ═ L’e de se est souvent supprimé, non-seulement dans la prononciation, mais même dans l’écriture ; — non-seulement devant une voyelle, mais devant une consonne : Ne s’ poet guarder que mals ne li ateignet, 9, etc. etc.

SE. Conjonction, exprimant l’idée de conditionnalité, et venant toujours de la conjonction latine si. (Dans tous les textes romans du moyen âge, se vient de si, et si vient de sic.) Par voz saveirs, se m’ puez acorder, — Jo vus durrai or e argent, 74, 75. Se en rere guarde troevet le cors Rollant, — Cumbatrat sei, 613. Se Carles vient, de nus i averat perte ; — Se Rollanz vit, nostre guerre novelet, 2117, 2118. Fol seie, se jo l’ ceil, 3757. Cf. 986, 987, etc. ═ Se reçoit, par une extension toute naturelle, le sens de « à moins que » : N’en parlez mais, se jo ne l’ vos cumant, 273. ═ Une locution très-usitée est « se nun » dans le sens de notre « sinon ». Mais, dans le Roland comme dans les autres textes du moyen âge, se est séparé de nun par un ou plusieurs mots : Ja mar crerez bricun... — Se de vostre prod nun, 221. N’i ad eschipre qui s’ cleimt se par loi nun, 1522. N’ad talent que li facet se bien nun, 3681. ═ « Se n’est, se ne fust », équivaut à se nun : Unc ne l’ sunast se ne fust en cumbatant, 1769. ═ Cf. si que l’on trouve deux fois, par erreur, aux vers 475 et 928.

SEANT. Part. prés. s. m. de sedeir. (Sedentes.) As Innocenz vos en serez seant, 1480. ═ « Dresser quelqu’un en seant », c’est, quand il est couché, « le soutenir assis ». Marsile, apercevant Baligant, dit à ses Sarrazins : Pernez m’as braz, si m’ drecez en seant, 2829. — Au fig. R. s., seant : Gent ad le cors e ben seant, 3115. Voy., pour ce dernier sens, le mot sedere, dans Ducange. On y trouvera une citation curieuse d’un vieil Ordo romain : Primicerius et Secundicerius componunt vestimenta (Pontificis) ut bene sedeant. Ainsi, bene sedere, « se bien tenir », et, par extension, « être en bon état », a donné lieu à sedere tout court, dans le même sens. V. Sedeir.

SEBRE. R. s. m. L’Èbre, fleuve (Iberum) : Par Sebre amunt tut lur naviries turnent, 2642. L’ewe de Sebre, 2465. Il faut considérer l’s initial du mot roman comme une corruption euphonique du mot latin.

SECLE. R. s. Siècle, dans le sens chrétien. La « fin du siècle », c’est « la fin du monde » (Sæculum) : Dient plusor : Ço est li definement, — La fin de l’ secle..., 1435.

SEDEIR. Verbe neut., inf. prés. S’asseoir, être assis (Sedere) : Alez sedeir quant nuls ne vos sumunt, 251. Cf. 272. Là vunt sedeir cil ki s’ deivent cumbatre, 3854. — Ind. prés., 3e p. s., set : Li quens Gerins set el’ ceval Sorel, 1379. Itel valor deit aveir chevaler — Ki armes portet e en bon cheval set, 1877, 1878, et siet : siet li Reis qui dulce France tient, 116. Cf. 1491 et 1528. C’est siet qui est la forme correcte ; car ce mot ne se trouve, comme assonance, que dans une laisse en ier. 3e p. p. : sièdent, 110. — Imparf., 3e p. s., sedeit : Er matin sedeit li Emperere suz l’umbre, 383. — Parf. simple, 3e p. s. : sist, 1943. — Part. prés., s. p. m. : seant, 1943. Cf. en seant, 2829, et l’adj. verb. seant, au r. s., 3115. V. Seant.

SEDME. Adj. numéral, s. s. f. Septième (Septima), 3228, 3244, 3258. — R. s. f. : sedme, 3061.

SEGE. R. s. m. Siége (Sedium, par la consonification de l’i) : Metez le sege à tute vostre vie, 212. Cf. les formes siège, aux v. 71, 435, et sièges, au v. 1135. En dernière analyse, je préfèrerais cette dernière forme, à cause des substantifs siet et de l’ind. prés. siet (sedet), qui sont employés comme assonances en des laisses en ier.

SEI. Pron. pers. Soi. (Sibi.) 1° Sei s’emploie avec toutes les propositions : Sa rere guarde lerrat derrere sei, 574. Ses meillors humes enmeinet ensembl’od sei, 502. Endreit sei, 2123, etc. ═ 2° Cependant sei tient aussi la place d’un véritable complément direct, là où l’on pourrait tout aussi bien employer se : Met sei en piez, 2277. Ki hume traïst sei ocist e altroi, 3959, etc. ═ 3° Sei est souvent usité avec meïsme, 1614. Mult quiement le dit à sei meïsme, 1614. A sei meïsme la cumencet à pleindre, 2315. C’est notre expression : « En soi-même », etc., etc.

SEIELER. Verbe act., inf. prés. Sceller (Sigillare) : A l’ premer an fist ses brefs seieler, 2613.

SEIENT. Verbe estre, 3e p. p. du subj. prés., 811, 3913. V. Estre.

SEIET. Adj., s. p. m. Couvert de soies, comme les sangliers (Setati) : Cil sunt seiet ensement cume porc, 3223.

SEIEZ. Verbe estre, 2e p. p. de l’impér., 416, 3016. V. Estre.

SEIGNAT. Verbe act., 3e p. s. du parf. simpl. Fit le signe de la croix (Signavit) : Seignat sun chef de la vertut poisant, 3111. Il s’agit ici de Charlemagne, qui s’arme de ce signe au moment de la grande et décisive bataille contre Baligant. Mais partout ailleurs, dans notre poëme, ce mot s’applique à la bénédiction qui accompagne l’absolution sacramentelle, lorsque le prêtre dit : Ego te absolvo a peccatis tuis in nomine Patris , et Filii, et Spiritus sancti. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. m., ad seignet : De sa main destre l’ad asols e seignet, 340. E l’Arcevesques l’ad asols e seignet, 2205, et avec un r. p. m. : Ben sunt asols e quites de lur pecchez, — E l’Arcevesque de Deu les ad seignez, 1140, 1141. 3e p. p., unt seignez : Si’ s unt asols e seignez de part Deu, 2957. — Part. pass., r. s. m. : seignet, 340, 2205. S. p. m., seignez : Ben sunt cunfès e asols e seignez, 3859. R. p. m. : seignez, 1141, 2957.

SEIGNUR. S. s. m. (par erreur) Seigneur. (Seignur, qui est essentiellement un cas-régime, vient de seniorem. Senior, c’est l’aîné des enfants, auquel le droit féodal attribue tant d’avantages. Et ce n’est pas ici, comme on l’a cru, l’idée de la vieillesse qui a entraîné celle du commandement, de l’autorité.) Le seignur d’els est apelet Oedun, 3056. Le véritable sujet est sire, 297, 1521, 2504, 2656, etc., que l’on trouve également au voc. s. m., 227, 753, 2138, 2441, 3209, etc. — R. s. m. : seignur, 26, 364, 379... ; seignor, 1010, 2380, et sire, par erreur, 3470. — Voc. p. m. : seignurs, 15, 70, 79, 1127, 2106, 3627, et seignors, 1854... — R. p. m. : seignurs, 2432. ═ On disait un « seigneur lige » : Plurent lur filz... e lur lige(s) seignurs, 2421, 2422.

SEIGNURILL. Adj., r. s. Seigneurial (Senioritem) : Quant vus serez el’ palais seignurill, 151.

SEINET (ad). Verbe neutre, 3e p. s. du parf. comp. A saigné (Sanguinatum habet) : Tant ad seinet li oil li sunt trublet, 1991.

SEINTISME. Adj. superlatif, s. s. f. (Sanctissima.) E ! Durendal ! cum es bele e seintisme, 2344. V. le suivant.

SEINT. Adj., s. s. m. Saint (Sanctus), 921, 1479, 2390, 2395, 3610, 3993, etc. La forme correcte serait seinz. — Voc., s. f. : seinte, 2303. C’est ainsi, suivant nous, qu’il faut lire l’abréviation sce, et non pas sancte. — R. s. m. : seint, 53, 973, 1581, 2346, 2526, 3685, 3693, 3746. — R. s. f. : seinte, 2245, 2348, et sainte, 3612. Il faut lire seinte aux v. 1634, 2938, etc., et non pas sancte, qui est tout à fait contraire à la phonétique de notre manuscrit. — S. p. m. : seinz (au lieu de seint), 1134. — R. p. m. : seinz, 3718. Dans ce dernier vers : Ne place Deu ne ses seinz, ce mot est employé substantivement. Cf. peut-être le v. 1428. — R. p. f., seintes : En seintes flurs il les facet gesir, 1856. Cf. sentes, au v. 2197. Les « saintes fleurs », c’est l’image par laquelle notre poëte désigne le Paradis. — Au superlatif, s. s. f. : seintisme, 2344. V. le précédent.

SEINZ. Prép. Sans (Sine. Le z, qui peut-être est appelé et justifié par la nasale, remplace (?) l’s, que nous avons constaté dans alques, sempres, etc. C’est du moins l’hypothèse que nous proposons ??) : Là purparolent la traïsun seinz dreit, 511. Ambure ocist seinz nul recoeverement, 1607. Ja prist-il Noples seinz le vostre comant, 1775. Seinz hume mort (ceste bataille) ne poet estre achevée, 3579. Cf. 3914, et senz, aux v. 2039 et 3619.

SEIR. R. s. Soir (Serum) : En Rencesvals furent mort l’altre seir, 3412. ═ Rem. la loc. her seir : Fut ocis her seir, 2745.

SEISANTE. Nom de nombre indéclinable (Sexaginta), 1689, 1849. Et, avec un autre nombre qu’il multiplie : seisante milie, 2111.

SEISNE. S. p. m. Saxons (Saxones), 2921, et Saisnes, 3793. — R. p. m. : Saisnes, 3700.

SEIT. Verbe estre, 3e p. s. du subj. prés., 102, 234, 391, 458, 606, 1701, 2258...

SEIUM. Verbe estre, 1re p. p. du subj. prés., 1046. — Seiuns, 46.

SEIUNS. Verbe estre, 1re p. p. du subj. prés., 46, et seium, 1046.

SELE. S. s. f. Selle de cheval (Sella) : Mort l’abat ; la sele en remeint guaste, 3450. — R. s. f., sele : Trenchet la bone sele ki gemmet fut ad or, 1544. Cf. 1295. — S. p. f., seles : Li frein sunt d’or, les seles d’argent mises, 91. Les alves turnent, les seles chéent à tere, 3881. — R. p. f. : selles, 1969. (Müller restitue espalles, au lieu de e selles.)

SELVE. R. s. f. Forêt. (Silvam) : Nen at... selve ne bois, asconse n’i poet estre, 3292, 3293.

SEMBLANT. R. s. n. ? « Quelque chose qui ressemble à quelqu’un : son visage, son air » (du participe présent de simulare) : Jo irai à l’ Sarazin en Espaigne, — Si’ n vois vedeir alques de sun semblant, 269, 270. ═ Le sens s’est notablement étendu dans le vers suivant : L’Arcevesques lur dist de sun semblant, 1471. Sun semblant ne peut ici mieux se traduire que par : sa façon. Ces deux mots : façon et semblant, ont eu à peu près la même histoire dans notre langue...

SEMBLET. Verbe neutre, ind. prés., 3e p. s. (Simulat. Simulare signifie « peindre, reproduire ». Hoc mihi simulat, pour simulatur, pourrait se traduire : « Cela se peint, se reproduit à mes yeux, de telle ou telle façon. » D’où le sens actuel de Sembler.) De noz Franceis m’i semblet aveir mult poi, 1050. Et, avec un sujet bien déterminé s. m. : Cil Sarraz(ins) me semblet mult herite, 1645. — Cond., 3e p. s. (Simulâsset.) S’altre le desist, ja semblast grant mençunge, 1760.

SEMPRES. Adv. (Semper.) Ce mot a deux sens très-distincts : 1° « De suite, sur-le-champ, soudain. » Ce sens est dérivé, par extension, du sens latin. Semper signifiait « sans discontinuer » : L’ost des Franceis verrez sempres desfere, 49. Sempres murrai, mais cher me sui vendut, 2053. Ad un carner sempres les unt portet, 2954. Adubez vos ; sempres averez bataille, 3134. Sempres caïst, se Deus ne li aidast, 3439. Sempres est morte, 3721. ═ 2° Toujours. C’est le sens primordial de semper : Receif chrestientet, e pui(s) t’amerai sempres, 3598. Le vers suivant peut s’entendre aussi bien dans l’un que dans l’autre sens : Sempres ferrai de Durendal granz colps, 1255. ═ L’s de sempres n’a rien d’étymologique. On le rencontre dans tout un groupe d’adverbes : Unches, Alques, Primes. V. ces mots.

SEMUN. Verbe act., 2e p. s. de l’impér. Avertis, convoque (Submone) : Semun les oz de tun empire, 3994. V. Sumunt.

SENEFIANCE. R. s. f. Signification, d’un songe, par exemple (Significantiam) : Par avisiun li ad anunciet d’une bataille... Senefiance l’en demustrat mult gref, 2531.

SENEFIET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. de senefier. (Significat.) Branches d’olives en voz mains porterez. — Ço senefiet pais e humilitet, 73. ═ Ces deux mots : Senefiance et Senefiet, ont bien gardé leur sens primitif : ils expriment le signe, le symbole.

SENESTRE. R. s. m. Gauche (Sinistrum) : A l’ puign senestre, 2830.

SENS. R. s. m. Raison, bon sens, dans toute la force de ce mot très- français (Sensum) : Kar vasselage par sens nen est folie, 1724. ═ « Perdre le sens » est déjà une locution usitée pour signifier « devenir fou » : A ben petit que il ne pert le sens, 305.

SENT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. (Sentit.) Oliver sent que à mort est ferut, 1952. Cf. 1965.

SENTER. R. s. m. Petite route, sentier (Semitarium) : Il n’en i ad ne veie ne senter, 2399. ═ Ce mot se trouvant dans une assonance en ier, il faut lire : Sentier.

SENTES. Adj. r. p. f. Saintes. (Sanctas.) Erreur du scribe, pour seintes, 2197. V. Seint.

SENUN. Sinon. Senun s’écrit en deux mots séparés par un ou plusieurs autres : Se par loi nun, 1522, etc. V. Se.

SENZ. Prép. Sans (Sine) : Senz l’Arcevesque e senz Gualter de l’Hum, 2039. Senz nule recuvrance, 3619. La forme la plus usitée est seinz. V. ce mot.

SERAI. Verbe estre, 1re p. s. du fut. (Essere-habet), 86, 1076, 2910, 2917...

SERAT. Verbe estre, 3e p. s. du fut. (Essere-habet), 52, 625, 1110, 2126, 3849...

SEREIT. Verbe estre, 3e p. s. du condit. (Essere-habebat), 1705, 3804.

SEREZ. Verbe estre, 2e p. p. du fut. (Essere-habetis), 39, 434, 436, 1480. Pour les quatre mots précédents, voyez Estre.

SERF. S. s. m. (Servi.) A une estache l’unt atachet cil serf, 3737. Il faut observer que ces deux derniers mots ont été écrits par une main postérieure.

SERF. Verbe act., impér., 2e p. s. Sers, adore (Servi) : Serf e crei le Rei omnipotente, 3599.

SERJANZ. S. p. m. Sergents (Servientes), 161, 3967. — R. p. m. : serjanz, 3957. ═ Ce mot, dans les trois exemples précédents, désigne des personnes d’une condition très-inférieure, des serfs attachés à la maison, des domestici.

SERMUN. R. s. m. Discours, parole (Sermonem) : Franceis apelet, un sermun lur ad dit, 1126. Mult haltement escrient un sermun : — Ki par noz Deus voelt aveir guarisun, — Si s’ prit e servet..., 3270-3272. Dist Baligant : « Malvais sermun cumences, » 3600. — R. p. m. : sermuns, 3979, et sermons, 2243. ═ Au pluriel, nous trouvons le sens moderne de « sermons ». On dit de Bramidonie, qui est instruite dans la foi chrétienne : Tant ad oït e sermuns e essamples, 3979. Et l’oraison funèbre de Turpin se résume en ces mots : Par granz batailles e par mult bels sermons — Cuntre païens fut tuz tens campiuns, 2243, 2244.

SERPENZ. S. p. m. (Serpentes), 2543.

SERT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. (Servit.) Mahumet sert, 8. E ! malvais Deus..., ki mult te sert, malvais luer l’en dunes, 2582 et 2584. Ço est une gent ki Damne Deu ne sert, 3247. 2e p. p., servez : Plus valt Mahum que seint Pere de Rume. — Se lui servez, l’onur de l’ camp ert nostre, 921, 922. — Imparf., 1re p. s., serveie : Serveie (l’Empereür) par feid e par amur, 3770. — Parf. comp., 1re p. s., avec un r. s. m., ai servit : Bel sire Reis, jo vos ai servit tant, 863. Cf. 3825. Avec un r. p. m., ai servit : Mi damne Deu, je vos ai mult servit, 3492. 2e p. p., avec un r. s. m. : avez servit, 1858. — Impér., 2e p. s., serf : Serf e crei le Rei omnipotente, 3599. — Subj. prés., 3e p. s., servet : Prit e servet noz Deus, 3272. Que Guenelun... li servet par amur, 3801. Cf. 3810. Serve, 2254. ═ Inf. passif, avec un s. s. f. Roland dit à son épée : De chrestiens devez estre servie, 2350. — Part. pass., s. s. f. : servie, 2350. R. s. m. : servit, 863, 3825, 1858. R. s. n. : servit, 3492. ═ Le mot servir, comme on le voit par les exemples précédents que nous avons multipliés à dessein, s’entend surtout du culte que nous devons à Dieu ; puis, du service que l’on rend au roi. Tous les vers que nous avons cités se rapportent, sauf le v. 2350, à ces deux sens, à ces deux cultes...

SERUM. Verbe estre, 1re p. p. du futur (Essere-habemus), 1477.

SERUNT. Verbe estre, 3e p. p. du fut. (Essere-habent), 262.

SERVE. Verbe act., 3e p. s. du subj. prés. de servir (Serviat), 2254.

SERVEIE. Verbe act., 1re p. s. de l’imparf. de l’ind. de servir (Serviebam), 3770.

SERVET. Verbe act., 3e p. s. du subj. prés. de servir (Serviat), 3272, 3801.

SERVEZ. Verbe act., 2e p. p. de l’ind. prés. de servir (Servitis), 922. Pour les quatre mots précédents, voyez Servir.

SERVIE. Part. pass., s. s. f. de servir (Servita), 2350. — Inf. passif du même verbe, avec un s. s. f. : estre servie, 2350.

SERVISE. S. s. Service (Servitium) : Vostre servise l’en doüst bien guarir, 3828. — R. s., servise : Carles comandet que face sun servise, 298. Cf. 1727, 3072, 3666, et servis, 1406. — R. p. : servises, 29. ═ Le sens est à peu près celui du vocable actuel : c’est d’abord le « service de l’Empereur » dans la même acception où hier encore nous employions ces mots : Cist ferunt mun servise, 3072. Cf. 298 et 3828. ═ Mais service prend, dès le Roland, une acception plus élevée : « Service de Dieu », dans un sens liturgique. Lorsque Saragosse est pris, Charles transforme les mosquées en églises : Li Reis creit Deu, faire voelt sun servise, — E si evesque les eves beneïssent, 3666, 3667. Et déjà ce même mot est employé dans le sens très-général « de service rendu à quelqu’un » : Malvais servise le jur li rendit Guenes, 1406. Au pluriel, cette acception est encore plus frappante : Mandez Carlun [fe]deilz servises e mult granz amistez, 29. Tous ces sens nous sont restés, et ils n’étaient aucunement dans le latin. Ils sont d’origine féodale. Il en est de même de ces locutions : « Faire le service de quelqu’un, rendre service », etc.

SERVIT (ai). Verbe act., 1re p. s. du parf. comp. de servir, avec un r. s. m. (Habes servitum), 863, 3825, et avec un r. p. m., 3492.

SERVIT (avez). Verbe act., 2e p. p. du parf. de servir, avec un r. s. m. (Habetis servitum), 1858.

SERVIT. Part. pass., r. s. m. de servir (Servitum), 863, 1858, 3825, et r. s. n., 3492.

SES. Pronom ou adj. possessif de la 3e personne. (Suus.) En voici toute la déclinaison : S. s. m. : ses, 39, 86, 384, 495, 504, 544, 1368, etc., sis, 56, 191, 375, 473, 505, 546, 793, 1269, 1914, 2404, 3215, etc. Le scribe employait ad libitum tantôt l’une, tantôt l’autre de ces formes, et quelquefois l’une et l’autre, à un ou deux vers de distance (504 et 505, 544 et 556). Si, par erreur, 324, et sun, 348, 1160, 1495, 2024. — S. s. f. : sa (de sa, pour sua), 141, etc. — R. s. m. : sun (Suum), 26, 51, 62, 64, 66, 173, 642, 762, 1641, 2497, 3929, et son, 2870. — R.s.n. : (?) sun (Suum), 138, 182, 660. — R. s. f. : sa (Sam, pour suam), 52, 140, 365, 574, 614, 1407, 1630, 1632, 2239, 2593, 3975, etc. — S. p. m. : si (Sui), 99, 285, 636, 976, 1552, 2478, 2668, 2788. — R. p. m. : ses (Suos), 14, 34, 98, 166, 235, 602, 720, 852, 2215, 2596, 2619, 3718. — R. p. n. : (?) ses, 1629. — R. p. f. : ses (Suas), 137, 190, 897, 1619, 2280, 2629, 3324.

SES. Pronom ou adj. possessif de la 3e personne, r. p. m. (Suos.) V. le précédent.

SES. Pron. ou adj. possessif de la 3e personne, r. p. f. (Suas.) Voyez plus haut ses.

SET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. de saveir. Sait (Sapit), 427, 530, 1035, 1173, 1379, 1675, 1878, 1886, 2098, 2553. V. Saveir.

SET. Nom de nombre indéclinable (Septem), 2, 31...

SEVENT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. de saveir (Sapiunt), 716, 1436.

SEVERET (ad). Verbe act., 3e p. s. du parf. comp. de severer, avec un r. s. m. (Habet separatum.) Le destre poign li ad de l’ cors severet, 2781. — Avec un r. s. f. : Tute la teste li ad par mi severée, 1371. — Part. pass., r. s. m. : severet, 2781. R. s. f. : severée, 1371, et sevrée : Cil tint la tere entresqu’en Val-Sevrée, 3313. ═ On prononçait partout sevret, sevrée ; car le premier a de separatus est bref et doit tomber.

SEVERIN. R. s. m. Nom de saint (Severinum) : De sur l’alter seint Severin le baron — Met l’oliphan, 3685. Il est ici fait allusion à l’église Saint-Severin de Bordeaux.

SEVRET, SEVRÉE. v. Severet.

SEZ. Adv. Assez (Satis) : De lui venger jamais ne li ert sez, 1960.

SEZILIE. R. s. f. Il ne saurait être question de la Sicile (Siciliam) dans le passage de notre poëme où se trouve ce mot. Il s’agit, en effet, de Roland, et il énumère, parmi ses conquêtes, Balasguet e Tuele et Sezilie (v. 200). Est-ce Séville ? Puisque notre héros énumère uniquement ses conquêtes en Espagne, c’est possible et même probable. V. Sibilie.

SI. Adj. ou pron. possessif de la 3e personne, s. p. m. (Sui), 99, 285, 636, 976, 1552, 2478, 2668, 2788... V. Ses.

SI. Adv. (Sic.) 1° Le premier sens de si est celui de sic, en latin, « ainsi ». Dans ce sens, il précède un verbe. E il si firent, 2155. Si ferum, 24. ═ 2° Avec cum, il signifie « de même que... » : Si cum li cerfs s’en vait devant les chiens, 1874. ═ 3° Devant un adjectif ou un autre adverbe, « tellement ». a. Devant un adjectif : La meie mort me rent si anguissus, 2198. Quant l’ot Rollanz, Deus ! si grant doel en out, 1196. b. Devant un adverbe : Si lungement tuz tens m’avez servit, 1858. Cornent si halt sunent li munt, 2111. En ce dernier vers, que est sous-entendu devant sunent. Cf. 2146. ═ 4° Si, avec que, signifie : « De telle sorte que, assez pour... » : Ne poet vedeir si cler — Que reco[no]istre poisset nul hom, 1993. Cum fus si os que me saisis, 2292, 2293. ═ 5° Si en est venu de bonne heure, dans les textes romans, à n’être plus qu’une particule explétive, donnant plus de force à l’affirmation. En vers, c’est souvent une cheville : Si me guarisez e de mort e de hunte, 21. Il est mes filz e si tendrat mes marches, 3716. Cf. 38, 1999... ═ Si se combine avec le, et forme si l’ : Enceis ne l’ vit, si l’ recunut, 1596. Si l’ verrez, 953, 1294. Il se combine également avec les, et nous avons si’ s, qu’il faut, comme le précédent, écrire en deux mots : Si’ s aquillit e tempeste e ored, 689. Si’ s prist à castier, 1739, etc.

SI. Conjonction exprimant la conditionnalité. (Si.) Si ceste acorde ne volez otrier, 475. Franceis murrunt si à nus s’abandunent, 928. La forme correcte est se. V. ce mot.

SIBILIE. R. s. f. Nom de ville (est-ce Séville ?) : Curant i vint Margariz de Sibilie, 955.

SIED. R. s. Ville ; plus généralement, lieu où l’on séjourne ; plus spécialement, lieu où séjourne le roi. C’est à peu près la même idée qui nous fait dire aujourd’hui : « le siége de l’Empire » (Sedium, de sedere) : Vient à Ais, à l’ meillor sied de France, 3706. Siet : Menez serez dreit à Ais le siet, 478.

SIÈDENT. Verbe neutre, 3e p. p. de l’ind. prés. de sedeir (Sedent), 110.

SIÉGE. R. s. (Sedium), 71, 435, et sege, 212. — R. p. : siéges, 1135. ═ Trois sens bien distincts : 1° Siége « où l’on s’assoit » : Siéges averez el’ greignor Pareïs, 1135. ═ 2° Siége de l’Empire ; ne se dit que d’Aix-la-Chapelle : A l’ siége ad Ais en serez amenet, 435. Metez le sege à tute vostre vie, 212. ═ 3° Siége d’une ville : Il est à l’ siége à Cordres la citet, 71. Je pense que siége est préférable à sege. En effet le mot siet, qui a la même étymologie et le même sens, se trouve au v. 478, dans une laisse en ier.

SIET. R. s. Siége de l’Empire, Aix (Sedium), 478. V. Sied. ═ Siége et Sied, Siet viennent, suivant nous, du même mot latin. Dans le premier, a eu lieu la consonification de l’i latin ; dans le second, elle ne s’est pas produite.

SIET. Verbe neutre, 3e p. s. de l’ind. prés. de sedeir (Sedet), 116, 1491, 1528.

SIGLENT. Verbe neutre, 3e p. p. de l’ind. prés. de sigler. « Cinglent, se dirigent vers... », en parlant des vaisseaux (de sigla, voile, qui lui-même dérive de l’anc. haut allem. sëgelén, et du nordique sigla. Diez, I, 383) : Siglent à fort e nagent e guvernent, 2631. — Plus-que-parf. du subj., oüssent siglet : Einz qu’il oüssent .IIII. liues siglet, 688. — Part. pass., s. n. : siglet, 688.

SIGLOREL. R. s. m. Nom d’un enchanteur païen, qui avait été dans l’enfer, sous la conduite de Jupiter (?), 1390.

SIGNACLE. R. s. Bénédiction avec le signe de la croix (Signaculum) : Sein[z] Gabriel, ki de part Deu la guarde, — Levet sa main, sur lui fait sun signacle, 2848.

SILVESTRE. R. s. m. Nom de saint (Silvestrem) : Mult par est grant la feste : — Dient alquant de l’ baron seint Silvestre, 3745, 3746. C’est donc le 31 décembre qu’aurait commencé le plaid de Ganelon.

SINAGOGE. R. p. f. (Nom d’origine grecque, συναγωγή, qui était de bonne heure passé en latin.) Les sinagoge e les mahumenes, 3662. Je ne pense pas que notre poëte se rendît exactement compte de ce mot, et il confond les synagogues et les mosquées.

SIRE. S. m. (Senior, par une série de transformations, Sendre, Senre, etc.), 297, 1521, 2504, 2656, et, par erreur, seignur, 3056. — Voc. s. m. : sire, 227, 753, 2138, 2441, 3209, etc. etc. — R. s. m. : seignur, 26, 364, 379... ; seignor, 1010, 238..., et sire, par erreur, 3470. — Voc., p. m. : seignurs, 15, 70, 79, 1127, 2106, 3627, et seignors, 1854. — R. p. m. : seignurs, 2432... V. Seignur.

SIRIE. R. s., 2939. Grossière erreur du scribe au lieu de Sizer. V. ce mot.

SIS. Adj. ou pron. possessif de la 3e pers. (Suus), 56, 191, 375, 473, 505, 546, 793, 1269, 1914, 2404, 3215, etc. ═ Se reporter au mot ses, où l’on trouvera la déclinaison complète de cet adjectif.

SIST. Verbe neutre, 3e p. s. du parf. simple de sedeir (Sedit), 1943.

SISTE. Adj. numéral. S. s. f. Sixième (Sexta), 3227, 3243, 3257. — R. s. f. : siste, 3052.

SIUT. Verbe act. 3e p. s. de l’ind. prés. (Siure vient de sequere, c’est-à-dire de sequi ramené à l’actif.) Li Amiraill chevalchet : ses filz le siut, 3215. — Futur, 1re p. s. : siurai, 84. 3e p. s. : siurat, 188, 694. 2e p. p. : siurez, 37. — Part prés. s. s. m., sivant : Sun cumpaignun après le vait sivant, 1160. S. p. m., siwant : XVII. reis après le vunt siwant, 2649. On a lu, on a pu lire siuvant. Nous préférons siwant.

SIZER. R. s. Nom des défilés de la Navarre dont nous avons précisé la position et indiqué tous les noms dans notre note du vers 706. Comme le prouvent les assonances, on prononçait Sizre. (V. Paul Raymond, Revue de Gascogne, n° de septembre 1869.) Sunjat qu’il eret as greignurs porz de Sizer, 719. Li Reis serat as meillors porz de Sizer, 583. Ces deux vers sont tirés de deux couplets féminins en ie, ire, ise, etc. Cf. Sirie, mis à tort pour Sizer au vers 2939, dans une laisse de même nature.

SOEFRET. Verbe actif, 3e p. s. de l’ind. prés. de suffrir (Suffert, ou bas latin sufferit.) Ço est merveille que Deus le soefret tant, 1774. V. Suffrir.

SOELT. Verbe neutre, 3e p. s. de l’ind. prés. de suleir. (Solet.) Ja est ço Rollanz ki tant vos soelt amer, 2001. Ais li un angle ki od lui soelt parler, 2452. Cf. 2619, 2667, et solt, 352. — Imparf. 1re p. s., suleie : Par vasselage suleie estre tun drut, 2049. 3e p. s., suleit : Sun filz ad mort qu’il tant suleit amer, 2782, et soleit : (Mes) messages soleit faire volenters, 2672.

SOENS. Adj. possessif, s. s. m. Sien. (Fait sur le radical de suus, auquel on aurait ajouté une terminaison en anus ?) S’emploie toujours avec l’article : Li soens orgoilz le devereit ben cunfundre, 389. Estramariz i est, un soens cumpainz, 941. — R. s. m., soen : Par le soen Deu, 82. Pent à sun col un soen grant escut let, 3149. As li devant un soen drut, 3495. Cf. 3952. — R. p. m., soens : Que l’Emperere nisun des soens n’i perdet, 806. Sunet sun gresle pur les soens ralier, 1319. Rollanz des soens i veit grant perte, 1691. ═ Ce mot, comme on le voit, s’emploie substantivement. ═ Il convient de remarquer que sun est plusieurs fois usité dans le même cas : Un sun noble barun, 421. Gemalfin, un sun drut, 2814. Je pense qu’il y a là une erreur du scribe, et qu’il faut partout lire « soen ».

SOER. Voc. s. f. Sœur (Soror) : Soer, cher(e) amie, de hume mort me demandes, 3713. — R. s. f., sorur : Se puis veeir ma gente sorur Alde, 1720. Soer : Ensurquetut si ai jo vostre soer, 312.

SOI. Verbe estre, lre p. s. de l’ind. prés. (Sum), 1478. Il convient ici d’ajouter, contrairement à ce que nous avons dit au mot estre, que la seconde personne est le plus souvent ies, mais que l’on trouve au moins deux fois la forme es, 2030, 2344.

SOIGN. R. s. m. Besoin. (rad. germ. Syn, nordique ; sunja, gothique. V. Bosuign) : Pur ço n’unt soign de elme ne d’osberc, 3250.

SOLDEIERS. R. p. m. « Soldats », hommes recevant une « solde ». (Solidarios) : Bien en purrat luer ses soldeiers, 34. Cf. 133.

SOLEILZ. S. s. m. Soleil (Solienlus) : Bels fut li vespres e li soleilz fut cler, 157. Cf. 1002. Li soleilz est culchet, 2481. Li soleilz (est) luisant, 2458, 2646. Cf. 2459, 3345. soleill : Soleill n’i luist, 980. — R. s. m., soleill : Turnet su[n] vis vers le soleill levant. Cf. 3098. Soleil : Cuntre le soleil reluisent cil adub, 1808, et, par erreur, soleilz, 2450. ═ Nous avons à dessein choisi ici, comme partout, les exemples qui nous montrent en usage, dès le xie siècle, des locutions encore vivantes aujourd’hui dans notre langue...

SOLEIT. Verbe neutre, 3e p. s. de l’imparf. de l’ind. de suleir (Solebat), 2672.

SOLT. Verbe neutre, 3e p. s. de l’ind. prés. de suleir (Solet), 352.

SOLTERAS. R. p. m. Nom de peuple païen (?), 3242.

SOLUE. Part. passé employé adjectivement. Libre. C’est la belle épithète du mot « France » (Solutam) : En France la solue, 2311.

SON. Adj. ou pronom possessif de la 3e pers. (Suum.) Quant l’Empereres vait querre son nevold, 2870. La vraie forme est sun. V. Ses.

SOR. Adj. Saur (Saurum. Un faucon saur, c’est un faucon d’un an et qui a encore son premier plumage. À la couleur de ce premier plumage on a, par une extension naturelle, donné le nom de saur, qui fut particulièrement appliqué aux chevaux) : Li (algalifes) sist sur un cheval sor, 1943. V. Sorel.

SOR. Prép. « Sur, au-dessus de... » (Super), 47. Sor tuz les altres, 3962. V. Sur, qui est la forme autorisée par la phonétique de notre manuscrit.

SORBRES. R. p. m. Nom d’un peuple païen (?). La quinte (eschele) est de Sorbres e de Sorz, 3226.

SOREL. R. s. m. Li quens Gerins set el’ ceval Sorel, 1379. C’est ainsi que je lis. Müller écrit sorel. Que ce soit là l’épithète ou le nom du cheval, l’étymologie est évidemment un diminutif de Saurus, Saurellus.

SORENCE. R. s. f. Nom de lieu (?). Pinabel de Sorence, 3783, 3915.

SORUR. R. s. f. Sœur (Sororem), 1720. Soer, 312. — Au voc. s. f. : soer, 3713. V. Soer.

SORZ. R. s. Sorcellerie, sort magique (Sors) : N’i remeindrat ne sorz ne falserie, 3665. Il s’agit du roi Charles, qui fait briser toutes les idoles dans les mosquées de Saragosse.

SORZ. R. s. p. Nom d’un peuple païen (?), 3226. V. Sorbres.

SOÜREMENT. Adv. En sûreté (Secura-mente) : Passez les porz trestut soürement, 790.

SOÜRS. Adj. s. s. m. Tranquille, en sécurité, sans inquiétude (Securus) : Soürs est Carles que nul hom ne crent, 549. — R. s. m., soürs (par erreur) : Par ostage vos en voelt faire soürs, 241. Dans ce dernier cas, on s’adresse au seul Charlemagne...

SUATILIE. R. s. f. Nom d’un royaume païen (Est-ce un nom de fantaisie ? ), 90.

SUAVET. Adjectif employé adverbialement. Doucement (d’un diminutif de suave) : Mult suavet le chevaler desarment, 3942. V. Suef.

SUCCURAS. Verbe act. 3e p. s. du futur de succurre. (Succurrere-habes.) Reis Vivien si succuras en Imphe, 3996. 3e p. s. : succurrat, 1061, 3443. — Impér. 2e p. p. : sucurez, 1794, et succurez, 3378. — Subj. prés. 2e p. p., sucurez : Li Reis vos mandet que vos le sucurez, 2786.

SUCURANCE. R. s. f. Secours, aide (Succurrentiam) : De ço qui calt ? N’en averunt sucurance, 1405.

SUCURS. R. s. m. Secours (Succursum) : Nostre parent devum estre à sucurs, 2562.

SUDUIANT. S. p. m. Suduiant est un part. prés. employé comme part. passé. L’étymologie serait soldeiant, même racine que soldeiers, et le sens celui de « mercenaire », et, par extension, « misérable » : Cil sunt felun traïtur suduiant, 942 (?).

SUE. S. s. f. Sienne (Sue vient de sua et s’emploie toujours avec l’article ; sa vient de l’anc. latin sa) : La sue mort, 2232. Si est la citet sue, 917. Cf. 932 et 1484. — R. s. f., sue : La sue feit plevit, 403. Cf. 3123.

SUEF. Adj. r. s. m. Doux (Suavem) : Seignurs barons, soef pas alez tenant, 1165.

SUEF. Adj. employé adverbialement. Doucement (Suave) : Sur l’erbe verte puis l’at suef culchet, 2175. Si li demandet dulcement e suef, 1999.

SUFFRAITE. R. s. f. Souffrance (Suffertam. V. Ducange au mot Sufferta) : De bons vassals averat Carles suffraite, 939. Sufraite, 2257. — S. p. f., sufraites : Puis, encrerrunt mes peines e mes suffraites, 2925. — R. p. f., suffraites : Ne nus aiuns les mals ne les suffraites, 60.

SUFFRIR. Verbe actif. Inf. prés. (Ne vient pas de sufferre, mais du bas latin sufferire.) ═ 1° Conjugaison. Inf. prés. : suffrir, 456, 1010, 3489, et susfrir, 1117, 1625. — Fut., 1re p. p. : suffrirum, 1615. — Subj. prés., 3e p.s. : soefret : 1774. ═ 2° Sens. a. « Supporter, subir, permettre, tolérer » : Dient paiën : « Nus ne l’ suffrirum mie, » 1615. Li Sarrazin ne l’ poent susfrir tant, 1625. Ceste bataille est mult fort à suffrir, 3489. Ço est merveille que Deus le soefret tant, 1774. Cf. 456. — b. « Souffrir une douleur » : Pur sun seignor deit hom suffrir destreiz, 1010. Cf. 1117.

SUI. Verbe estre, 1re p. s. de l’ind. prés. (Sum), 295, 297, 801, 2053... Il faut observer que sui remplace ai pour former le parfait composé de certains verbes. Exemple : Cher me sui vendut, 2053...

SUJURN. R. s. m. Séjour (? Subst. verbal de subdiurnare, « passer le jour ». V. Ducange, au mot Sejornum, qui a été fait sur le vocable roman) : Entresqu’à Ais ne volt prendre sujurn, 3690. La locution « prendre séjour » nous est restée.

SUL. Adj. s. s. m. Seul (Solus) : Mielz est que sul moerge, 359. Cf. 1034, 1241, et suls (forme correcte), 448, 2184. — R. s. m. N’i ad païen ki un sul mot respunde, 22. Cf. 1780, 1951, 2230, 2904, 3154, 3540. V. Suls.

SUL. Adverbe. Seulement. (Solum.) Ne s’emploie pas seul, mais concurremment avec ne mais, ne mais que, fors. Ne mais sul la Reïne, 3672. Ne n’unt de blanc ne mais que sul les denz, 1934. Fors sul Tierri, 3806.

SUL’ pour SUR LE, 1341. V. Sur.

SULEIE. Verbe neutre, 1re p. s. de l’imparf. de l’ind. de suleir (Solebam), 2049.

SULEIT. Verbe actif, 3e p. s. de l’imparf. de l’ind. de suleir (Solebat), 2782. V. Soleit, et, pour les deux mots qui précèdent, Soelt.

SULIANS. S. s. m. Syrien (? Syrianus) : Uns Sulians... ad dit sun message, 3131. Si l’ m’a nunciet mis més li Sulians, 3191.

SULS. Adj. s. m. Seul (Solus) : Rollanz s’en turnet, par le camp vait tut suls, 2184. Cf. 448. Sul, 359, 1034, 1241. — R. s. m., sul : Suz ciel ne quid aveir ami un sul, 2904. Cf. 22, 1780, 2230, 3154, 3540.

SUM. Adj. neutre, employé avec par et en... « En haut de ». (In summo, per summum.) 1° En sum : En sum un tertre, 708. (Le manuscrit porte en sur.) Laciet en sum un gunfanun tut blanc, 1157. En sum ces maz, 2632. En sum sa tur, 3635. — 2° Par sum : Josque par sum le ventre, 3922. ═ Dans ces deux locutions adverbiales, sum est indéclinable.

SUMEIENT. Verbe neutre, 3e p. p. de l’ind. prés. de sumier, sumeier. (Summeare.) Portent une charge. Se dit des bêtes de somme (Summeant) : Greignor fais portet... que .IIII. muls... quant il sumeient, 978.

SUMER. R. s. m. Cheval de somme (Summarium) : Getet serez sur un malvais sumer, 481. N’i perdrat ne runcin, ne sumer, 758. — R. p. m., sumers : Franc desherbergent, funt lur sumers trusser, 701. Leverunt nus en bières sur sumers, 1748. ═ Ce mot ne se trouvant, comme assonance, que dans les laisses en ier, c’est sumier, sumiers qu’il faut lire.

SUMET (en). Loc. adverbiale, qui a été ajoutée, fort inutilement, par notre scribe à la suite du vers 2359 : Desuz lui met s’espée e l’olifan. V. Sum.

SUMUNT. Verbe actif, 3e p. s. de l’ind. prés. du verbe sumundre ou semundre. Inviter, convoquer (Submonet) : Alez sedeir quant nuls ne vos sumunt, 251. — Impér., 2e p. s., semun : Semun les oz de tun empire, 3994.

SUN. Adj. ou pron. possessif de la 3e p. s. R. s. m. (Suum), 26, 51, 62, 64, 66, 173, 642, 762, 1641, 2497, 3929 ; son, 2870. On trouve par erreur sun au s. s. m., 348, 1160, 1495, 2024. ═ Sun est plusieurs fois employé là où il faudrait soen : Un sun noble barun, 421. Gemalfin, un sun drut, 2814. V. Ses, où l’on trouvera toute la déclinaison de cet adjectif ou pronom.

SUNER. Verbe tantôt actif, tantôt neutre. (Sonare.) 1° Conjugaison. Inf. prés. : suner, 700, 1101, 1629, 2116. — Ind. prés., 3e p. s. : sunet, 1319, 1754 ; 3e p. p. : sunent, 1004, 1832, 2112, 3263, 3309. — Parf. simpl., 3e p. s. : sunat, 2104. — Parf. comp., avec un r. s. m. : ad sunet, 2951. — Impér., 2e p. p. : sunez, 1051, 2950, 3136. — Cond., 3e p. s. : sunast, 1769. — Subj. prés., 2e p. s. : suns, 1027 ; 3e p. s. : sunt, 421. — Part. pass., r. s. m. : sunet, 2951. ═ 2° a. Sens. Le verbe suner est actif aux vers 1027, 1051, 1100, 1319, 1754, 1769, 2104, 2110, 2950, 2951, 3136. On dit : « Sonner le cor », etc. : Trait l’olifan, fieblement le sunat, 2104. Une locution qui nous est restée est la suivante : Ne voeill que mot en suns, 1027. Cf. 411. — b. Mais ce même verbe est employé au neutre, dans le sens de « résonner, retentir » : Granz sunt les oz ù cez buisines sunent, 3263. Sunent cil graisle, 1832. Cf. 2112, 2116 et 3309. ═ Rem. les expressions « faire sonner », 700 et « ouïr sonner », 2116. Il y a quelque doute pour le vers 1004 : Sunent mil grailles por ço que plus bel seit ? Notre verbe y est-il actif ou neutre ? Je penche pour l’actif.

SUNJAT. Verbe actif, 3e p. s. du parf. simp., de sunjer (Somniavit par la consonification du premier i) : Sunjat qu’il eret as greignurs porz de Sizer, 719. Après iceste, altre avisiun sunjat, 725. « Songer » s’employait, soit avec un complément direct, soit avec que...

SUNS. Verbe actif, 2e p. s., du subj. prés. de suner (Sones), 1027.

SUNT. Verbe actif, 3e p. s. du subj. prés. de suner (Sonet), 411.

SUNT. Verbe estre, 3e p. p. de l’ind. prés. (Sunt), 91, 690, 942, 1552, 2072, etc.

SUR. Prép. (Super.) 1° « Sur » : Sur un perrun de marbre bloi se culchet, 12. Sur palies blancs sièdent cil cevalers, 110. Met sei sur piez, 2298. ═ 2° « Au-dessus de, par-dessus... » : Sur tute gent est la tue hardie, 1617. Sur les altres s’escriet, 961. Sur tuz les altres, 823, 1553, 3962. ═ 2° « Contre » (comme dans notre expression : « Le sort est tombé sur lui ») : La rere guarde est jugée sur lui, 778. ═ Avec le, sur forme sul’ : Ki lui veïst l’un geter mort sul’ altre. V. Desur.

SURT. Verbe neutre, 3e p. s. de l’ind. prés. de surdre. Se dresse (Surgit) : Li reis Marsilie od sa grant ost lur surt, 1448 ; 3e p. p., surdent : Quant de païens li surdent les enguardes, 2975.

SURVESQUIET. Verbe neutre, 3e p. s. du parf. simpl. de survivre. A survécu... (il y a plus que Supervixit) : Tut sur-vesquiet e Virgilie e Omer, 2616. Pour ces parfaits en iet, voy. Perdiet, Abatiet.

SUS. Adv. En haut (Susum) : Sunt muntez sus el’ palais, 2708. Li ber resailit sus, 2085. sus amunt pargetent tel luiserne, 2634. Là sus est plus tard devenu un seul mot, lassus, qui a eu une assez heureuse fortune dans notre langue. ═ Ne pas confondre sus, « en haut », qui vient de susum, avec suz, « dessous », qui vient de subtus. D’après une des règles les plus générales fournies par notre manuscrit, z égale presque toujours ts, qui se trouve dans subtus et non dans susum.

SUSFRIR. Verbe actif, inf. prés. pour suffrir (bas lat. Sufferire), 117, 1625. V. Suffrir.

SUSPIRT. Verbe neutre, 3e p. s. du subj. prés. de suspirer. (Suspiret.) Ne poet muer ne plurt e ne suspirt, 2380.

SUSTENIR. Verbe actif, inf. prés. Soutenir, défendre (Sustinere) : Chrestientet aidez à sustenir, 1129. Sustenir voeill trestut mon parentet, 3907. — Subj. prés., 3e p. s., sustienget : Nen averai jà ki sustienget m’ onur, 2903.

SUVENIR. Verbe neutre, inf. prés. Souvenir (Subvenire, s. e. in mentem, in memoriam) : De grant dulor li poüst suvenir, 3488.

SUVENT. Adv. (Subinde) : Par mi cel host suvent e menu reguardet, 739. E menut e suvent, 1426 et 2364.

SUZ. Prép. « Sous, au-dessous de... » (Subtus) : En un verger suz l’umbre, 11. Guenes chevalchet suz une olive halte, 366. .XX. hostages des plus gentil suz cel, 646. Cf. 1674. ═ Suz revêt un sens plus étendu au vers 1018 : Guardet suz destre. — V. Desuz, 209, 993, etc.

SUZCLINENT. Verbe actif, 3e p. s. de l’ind. prés. Inclinent, abaissent (Subtus-inclinant) : Païen i bassent lur chefs e lur mentun(s) ; — Lor helmes clers i suzclinent enbrunc, 3274.

T

TABLES. R. p. f. (Tabulas.) Jeu de tric-trac. Aujourd’hui encore, on le joue sur un « tablier » de bois, et l’on appelle « table » chacune des quatre divisions de ce tablier. Enfin ce jeu se nomme encore tablas reales en espagnol ; en portugais, jogo de tabolas ; en italien, tavoliere, et, en allemand, bretspiel (jeu de tables) : As tables juent pur els esbaneier, — E as eschecs li plus saive e li veill, 111, 112.

TABURS. R. p. m. (Persan tambûr.) En Sarraguce fait suner ses taburs, 852. Cf. 3137.

TACHEBRUN. R. s. m. Nom du cheval de Ganelon (Ce mot se compose de deux éléments. Brun ne fait pas difficulté. Tache est douteux) : En Tachebrun, sun destrer, est munted, 346.

TAILLET. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. de tailler. (Taleat, taliat. On trouve, observe Diez, les mots taleas et intertaleare (rustica voce), pour exscindere ramos, dans Nonins Marcellus.) Tient Durendal ki ben trenchet e taillet, 1339.

TAISENT (se). Verbe neutre ou pronominal, 3e p. s. de l’ind. prés. (Se tacent.) 1° Pronomin. : Franceis se taisent ne mais que Guenelun, 217. Cf. 263. — Impér., 2e p. p., vos taisez : Respunt li Reis : « Ambdui vos en taisez », 1026. ═ 2° Neutre. Impér., 2e p. s., tais : Tais, Oliver, li quens Rollanz respunt, 1026.

TALANT. V. le suivant.

TALENZ. S. s. Désir (V. dans Ducange Talentum, qui, en bas latin, a le même sens) : Mis talenz en est graigne, 1088. — R. s. L’Emperere ad fut à sun talent, 400. N’averat talent que jamais vus guerreit, 579. Franceis n’unt talent de fuir, 1255. Cf. 3133, 3476, 3681. Talant : En talant ai que mult vos voeill amer, 521. Trop avez mal talant, 327. — R. p., talenz : Esclargiez vos talenz, 3628. ═ Il faut remarquer les locutions « avoir talent. », signifiant « désirer » et s’employant tantôt avec l’infinitif, (1255), tantôt avec que et un subjonctif. (N’unt talent qu’il li faillent, 3133, etc.) On dit également : « Avoir en talent que »... (521) ═ Enfin talent, combiné avec l’adjectif mal, forme un mot mal talent, qui a eu une heureuse fortune dans notre langue.

TANT. Adj., s. p. m. « Autant de, tant de... » (Tanti) : Mielz est que sul moerge que tant bon chevaler, 359. E Sarrazin ki tant sunt asemblez, 1030. (Tant ici pourrait être adverbe : il y a doute.) — R. p. m. (Tantos), tanz : Tanz colps ad pris, 526, 541, 554. Tanz riches reis (ad) cunduit à mendisted, 527, 542, 555. Vei venir... tanz blancs osbercs, tanz elmes flambius, 1022. En tanz lius les avum nos portées, 1464. Tanz bons vassals veez gesir par tere, 1694. Cf. 1852. — R. p. f., tantes : Par tantes teres ad sun cors traveillet, 540. Cf. 525. Tantes batailles en avum afinées, 1465. Tantes batailles avez faites en camp, 3336. Cf. 1564, 2306, 3386. ═ Ce mot est surtout employé au pluriel, et c’est la raison qui nous a décidé à donner d’abord des exemples du pluriel. Cependant, on le trouve aussi au singulier (r. m.) : La veïsez tant chevaler plorer, 349. La veïssez... tant hume mort e naffret e sanglent, 1623...

TANT. Adv. (Tantum.) 1° « Autant, aussi longtemps » : Li Sarrazin ne l’ poent susfrir tant, 1625. Ço est merveille que Deus le soefret tant, 1774. Dame, ne parlez tant, 2724. Cf. 2098. ═ 2° « Autant, tellement » devant un verbe : Par quele gent quiet il espleiter tant, 395. L’espée que ses cumpainz li ad tant demandée, 1368. Tant ne l’ vos sai ne preiser, ne loer, 532. ═ 3° « Tellement, si... » devant un adjectif : Noz cumpaignuns que oümes tanz chers, 2178. (Tanz est une erreur pour tant.) ═ 4° « Tellement, si... » devant un adverbe : Tant vertuusement, 1601. Tant mar fustes hardiz, 2027. Cf. 1561 et 1860. Tant dulcement, 2888. Ceste dolor ne demenez tant fort, 2946. ═ 5° Avec cum : a. « Aussi longtemps que... » : Tant cum durent li port, 1802. Et b. « Autant que... » : Teres e fiez tant cum vos en vuldrez, 76. (On pourrait également considérer ici tant comme un adjectif.) ═ 6° « Tellement que » : Il l’aiment tant ne li faldrunt nient, 397. (Que est sous-entendu.) ═ Dans les deux exemples suivants, tant peut tout aussi bien être adjectif qu’adverbe : Sunez voz grasles tant que en cest ost ad, 2110. Tant en i ad que mesure n’en set, 1635.

TARGE. R. s. f. Écu, bouclier. Dans notre texte, targe est synonyme d’escut (Targam) : Tute li freint la targe ki est flurie, 3361. — R. p. m., targes : En lor targes roées, 3569.

TARGER. Verbe neutre et pronomin., inf. prés. Tarder (Tardare) : Quant aler dei, n’i ai plus que targer, 338. Si priet Deu... que le soleil facet... arester, la nuit targer, 2451. — Ind. prés., 1re p. s., targe : Guenes respunt : « Mei est vis que trop targe », 659 ; 3e p. s., se target : Oliver de ferir ne se target, 1345 ; 3e p. p., se targent : Li .XII. Pers ne s’en targent nient, 1415. — Impér., 2e p. p., vos targez : Baruns, ne vos targez, 2805. Ferez..., ne vos targez mie, 3366.

TART. Adj. neutre, s. s. (Tardum.) En Rencesvals est tart de l’ repairer, 2483.

TE (et devant une voyelle T’). Pron. pers. (Te.) 1° Régime direct : Hoi te cumant à l’ glorius celeste, 2253. Ne l’ orrat hume ne t’en tienget por fol, 2294. Deus li mandat... qu’il te dunast à un conte cataignie, 2320. Il n’en est dreit que païens te baillisent, 2349... ═ 2° Régime indirect : Ne m’ fesis mal ne jo ne l’ te forsfis, 2029. Jo t’en muvera[i] un si grant contr(a)ire, 311. Jo t’en dur(r)ai mult esforcet eschange, 3714. De, par erreur : Deus tut mal de tramette, 1565. ═ Si te n’est pas plus souvent employé dans le texte du Roland, c’est que la plupart des personnages de ce poëme ne se tutoient point.

TEDBALD. R. s. m. Nom d’un comte français (Theobaldum ; mais l’origine est germanique), 173, 3058, et Tedbalt, 2433, 2970. Il est appelé « T. de Reims », 173, 2433, 3058.

TEI. Pron. pers. Toi. (Tibi.) 1° « À toi, » avec un verbe : Se tei plaist, 3108. Tei ne faudrat clartet, 2454... ═ 2° Avec des prépositions. a.« De » : De tei ait Deus mercit, 2933. L’anme de tei seit mise en Pareïs, 2934. — b. « À » : Quias le guant me caïst... cume... a tei. — c. « Après » : Veiz Baligant ki après tei chevalchet, 2979... ═ 3° Régime direct : Ki tei ad mort France ad mis en exill, 2935. ═ Même observation que pour te.

TEINDRAI. Verbe actif, 1re p. s. du futur. (Tingere-habeo.) Ma bone espée ai ceinte : — En Rencesvals jo la teindrai vermeille, 985. — Part. passé, s. s. m., teint : Teint fut e pers, desculuret e pers, 1979. ═ Ce dernier sens est fréquent dans les textes du moyen âge, et teindre, au neutre, c’est « changer de couleur ».

TELS. Adj. s. s. m. Tel (Talis) : Carles n’est mie tels, 529, et tel, 1563. Cf. 2255, 2311. — S. s. f., tel : Bataille averez : unches mais tel ne fut, 1044. Cf. 3842, 3904. — R. s. m., tel : De tel barnage l’ad Deus enluminet, 535. Tel as ocis dunt à l’ coer me regrette, 1566. Cf. 1819 et (?) 304, tés : N’at tés vassal suz la cape de l’ ciel, 545. — R. s. f., tel : Ne n’ai tel gent ki la sue deru[m]pet, 19. Cf. 960, 1021, 2634. — S. p. m., tels : De ses parenz ensembl’ od lui tels trente, 1410. — R. p. m., tels : De tels barons... remeint deserte, 1696. Cf. 1908 et 3009.

TEMPESTE. S. s. f. Tempête (Tempesta) : Si ’s acuillit e tempeste e ored, 689. — Une forme masculine du même mot se lit, comme r. p., au vers 2534 : Carles veit les merveillus tempez.

TEMPLE. R. s. Temple (Templum) : Si violat le temple Salomon, 1524.

TEMPLES. S. s. m. Tempe (fait sur le pluriel Tempora ?) : De sun cervel rumput en est li temples, 1786. Rumput est li temples, 2102. Temple, 1764.

TEMPEZ. V. Tempeste.

TENCENDOR. S. s. m. Nom du cheval de Charlemagne (?) : Tencendor li ad fait .IIII. salz, 3342. — R. s. m., Tencendur : En Tencendur sun bon cheval puis muntet, 2993. Cf. 3622.

TENCENT. Verbe neutre, 3e p. s. de l’ind. prés. « Disputent, adressent des injures » (Tentiant. Tencer, « disputer », vient de tentiare ; tenser, « défendre, garantir », de tensare) : Ad Apolin curent..., tencent à lui, laidement le despersunent, 2581.

TENDRE. Adj. r. s. (Tenerum.) Tro[p] avez tendre coer, 317.

TENDRE. Verbe act., inf. prés. (Tendere.) 1° Conjugaison. Inf. prés. : tendre, 159. — Ind. prés., 3e p. s. : tent, 137 ; 3e p. p. : tendent, 2165. — Parf. simple, 3e p. s. : tendit, 2224. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. m. : ad tendut, 2373 ; 2e p. p., avec un r. s. m. : avez tendut, 780. — Part. passé. r. s. m. : tendut, 780 et 2373. ═ 2° Sens. a. Le sens primitif est celui « d’étendre » : El’ grant verger fait li Reis tendre un tref, 159. Dunez li l’arc que vos avez tendut, 780. ═ b. « Diriger vers, élever... » : Li Empereres (en) tent ses mains vers Deu, 137. Tendit sa main, si ad pris l’olifan, 2224. Sun destre guant en ad vers Deu tendut, 2373. ═ c. Au neutre et suivi d’un verbe, « avoir hâte de... » : Envers Espaigne tendent de l’espleiter, 2165.

TENDRUR. R. s. f. Émotion vive, douleur affectueuse (substantif formé sur tendre, de tener) : C. milie Francs pur lui unt grant tendrur, 842. Plurent des oilz de doel e de tendrur, 1446. Tendrur en out, cumencet à plurer, 2217.

TENEBRES. R. p. f. (Tenebras.) Cuntre midi tenebres i ad granz, 1431. ═ Au lieu de : En Val Tenebrus, 2461, qui rompt la mesure du vers, il faut restituer tenebres, d’après les manuscrits de Venise IV et de Versailles (En Val Tenebres).

TENEBRUS. Adj., s. p. m. (Tenebrosi.) Halt sunt li pui, (e) li val tenebrus, 814. Cf. 1830. Tenebros : Turnez ses oilz, mult li sunt tenebros, 2896.

TENIR. Verbe actif, inf. prés. (Tenere.) 1° Conjugaison. Inf. prés. : tenir, 687, 1238, 2212, 2256, 2836, 3826. — Ind. prés., 3e p. s. : tient, 7, 116, 253, 470, 755, 874, 956, 2287, et tent, 2353. De ces deux formes, c’est la première qui est la plus correcte ; car ce mot ne se trouve en assonance que dans une laisse en ier. 1re p. p. : tenum, 225 ; 2e p. p. : tenez, 649 ; 3e p. p. : tenent, 2446. — Imparf. de l’ind. : teneit, 720, 2332, 2391, 3545. — Parf. simple, 3e p. s. : tint, 139, 647 ; 3e p. p. : tindrent, 2113, 2707, 3113, 3663. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. f. : ad tenue, 2310 ; 3e p. p., avec un r. s. m. : unt tenut, 2821. — Futur, 1re p. s. : tendrai, 2914, 3896 ; 3e p. s. : tendrat, 53, 190, 224, 697, 3716 ; 1re p. p. : tendrum, 3761. — Impér., 1re p. p. : nus tenuns, 229 ; 2e p. p. : tenez, 364, 387, 620, 629, 2856. — Subj. prés., 3e p. s. : tienget, 2294, 3183. — Part. prés. : tenant, 1165. Part. passé, r. s. m. : tenut, 2821. R. s. f. : tenue, 2310. — 2° Sens divers. a. « Avoir ou prendre en main » : Li niés Marsilies tient le guant en sun poign, 874. Tient l’olifan que unkes perdre ne volt, 2287. L’estreu li tindrent, 3113. A cuignées qu’il tindrent, 3663. Cf. 620, 629, 647, 720, 2821, 3545, et au réfléchi : Li message par les mantels se tindrent, 2707. — b. « Garder, maintenir dans telle ou telle position » : Li Empereres en tint sun chef enclin, 139. Cf. 2391. — c. « Ne pas lâcher, ne pas abandonner » : Tenent l’enchalz, 2446. — d. « Posséder », comme un roi, par exemple, possède son royaume : Là siet li Reis ki dulce France tient, 116. Cf. 7, 253, 470, 755, 956, 2353, 2914. — e. « Tenir », dans le sens strictement féodal : De mei tendrat ses marches, 190. Cf. 224, 697 et 3716. — f. « Observer une loi, suivre une religion » : Receverat la lei que nus tenum, 225. Pur lei tenir, 2256. Tenir chrestientet (e) guarder, 687. — g. « Regarder comme... » : Lui aidez e pur seignur le tenez, 364. Ne l’orrat hume ne t’en tienget por fol, 2294. E Engletere que il teneit sa cambre, 2332. D’où la locution « tenir en... » : Païen ne l’ tindrent mie en gab, 2113. — h. « Tenir conseil » : Respundent Franc : Ore en tendrum cunseill, 3761. Et au figuré : Respont Tierri, ja n’en tendrai cunseill, 3896. — i. « Tenir une conversation » : Ne pois à vos tenir lung parlement, 2836. — j. « Donner une fête » : A seint Michel tendrat mult halte feste, 53. — k. « Retenir » : Tenez le pas, 2857. Suef pas alez tenant, 1165. — l. « Soutenir » : Ceste bataille ben la purrum tenir, 1238. « Se tenir contre quelqu’un, c’est lui résister » : N’averat vertut que s’ tienget cuntre nus, 3183. — m. « Aider quelqu’un, le défendre (?) » : Pur prozdomes tenir e cunseiller, 2212. — n. Sens spécial. « Tenir le plait », c’est-à-dire « avoir le droit d’en faire partie » (?) : Par anceisurs dei-jo tel plait tenir, 3826. — o. « S’en tenir à... » : Laissum les fols, as sages nus tenuns, 229. — p. Tenez en est venu enfin à avoir un sens à peu près explétif : Tenez, bel sire, dist Rollanz à sun uncle : — « De trestuz reis vos present les curunes, » 387.

TENS. S. s. (Tempus, dont le p est tombé, et a été seulement rétabli à la Renaissance.) Tens est de l’herberger, 2482. — R. s., tens : Morz est li Quens, de sun tens n’i ad plus, 1560. Cf. 3840. Il est mult vielz, si ad sun tens uset, 523. Vo(e)illet o non, tut i laisset sun tens, 1419. N’i poedent estre à tens, 1841. Cf. 1858. ═ Lungtens : Mult bon vassal vos ad lung tens tenue, 2310. Nurrit vos ai lung tens, 3374. ═ On remarquera encore les locutions suivantes : « Être à temps » ; « user son temps ; » « laisser son temps » ; « il n’y a plus de son temps » ; pour « mourir », etc. La première seule nous est restée.

TENSER. Verbe actif, inf. prés. Détendre, soutenir (Tensare. V. ce mot dans Ducange) : Jo ne vos pois tenser ne guarantir, 1864. Cist deit marches tenser, 3168. — Passif. Futur, 3e p. s., avec un s. s. m., ert tensez : Ki ço jugat... par Charlemagne m’ert guariz ne tensez, 354. — Part. passé, s. s. m. : tensez, 354.

TERCE. Adj. numéral, s. s. f. Troisième (Tertia) : La terce (eschele) est de Nubles e de Blos, 3224. Cf. 3240, 3254. — R. s. f. : terce, 3027.

TERE. S. s. f. (Terra), 600, 1784. — Voc., s. f., tere : Tere de France, mult estes dulz païs, 1861. Cf. 1616. — R. s. f, tere : En ceste tere ad asez osteiet, 35. Cf. 3, 3995. Terre, 199, 819, 1908. — R. p. f. : teres, 76, 394. ═ Nulle part, dans notre texte, ce mot ne signifie « la Terre » en général ; mais toujours « une terre », et il revêt plusieurs fois le sens féodal : Teres e fiez, 76. Virent Guascuigne, la terre lur seignur, 819. ═ Tere Major, c’est la France. La preuve en est dans ce vers Tere Major mult est loinz çà devant (1784), qui s’applique aux Français retournant dans leur pays, et dans cet autre vers, encore plus concluant, que notre poëte met sur les lèvres des Sarrazins : Tere-Major, Mahumet te maldie, 1616. Cf. 600.

TERE-MAJOR. S. s. f. La Grande Terre, la France (Terra-Major), 600, 1784. — Voc. s. f., 1616. V. le précédent.

TERREMOETE. R. s. f. Tremblement de terre (Terra-mota) : E terremoete ço i ad veirement, 1427.

TERMES. S. s. m. (Terminus.) Vendrat li jurz, si passerat li termes, 54.

TERT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. Essuie (Tergit) : Tert lui le vis od ses granz pels de martre, 3940.

TERTRE. R. s. m. (?) En sum un tertre, 708. Muntet sur un tertre, 2267. Cf. 3065, 3292. — R. p. m. : tertres, 805.

TÉS. R. s. m. Tel (Talem) : N’at tés vassal suz la cape de l’ ciel, 545. V. Tel. (Tes est une erreur du scribe.)

TESTE. R. s. f. Tête (Testam. Brachet cite avec raison un passage d’Ausone où l’on trouve testa) : Se trois Rollant, n’enporterat la teste, 935. Desur le buc la teste perdre deit, 3289. Cf. 1543, 3617, 3727. — R. p. f. : testes, 57, 2491. ═ Rem. le v. 3289, précédemment cité. Cette locution, « ôter la tête du bû, » est devenue populaire dans nos Chansons de geste..

TETCHES (pour teches). R. s. f. Males teches signifie « choses déshonorantes, vices, crimes. » (Ducange dérive teche de tasca, qui est un des noms du « champart ». La raison qu’il en donne est par trop ingénieuse : Galli nostri usurpant vocem tasche pro quavis macula aut labe, quod agri, qui hujusmodi præstationibus gravantur, inquinati et commaculati quodammodo sint. Et, deux lignes plus bas, Ducange est forcé d’avouer que teche se prend en bonne comme en mauvaise part, et qu’on trouve bone teche, à côté de male teche. Il vaut mieux avouer que l’étymologie de ce mot est inconnue. Cf. dans Diez, I, 406, l’article tacco.) Tetches ad males e mult granz felonies, 1633.

TERVAGANT. R. s. m. Nom d’un des trois dieux des Sarrazins, d’après nos Chansons de Geste. Le premier est Mahum ; le second, Apollin. (On a donné l’étymologie ter et vagantem ; mais il la faudrait plus solidement justifier.) Tervagan, 611, 2589, 2696, 3267.

TI. Adj. ou pron. possessif de la 2e p., s. p. m. (Tui, ou plutôt une forme populaire analogue à sam, pour suam.) De vasselage te conoissent ti per, 3901.

TIEDEIS. R. p. m. Thiois, Allemand (sur la rac. Deutsch) : Asez i ad Alemans e Tiedeis, 3796.

TIERRIS. S. s. m. (Theodericus ; origin. germ. Dieterich. V. Pott, 115.) Il y a deux personnages de ce nom dans le Roland : 1° Thierry, duc d’Argone, dont il est question aux vers 3083 et 3534. 2° Thierri, frère de Geoffroi d’Anjou, et champion de Roland contre Pinabel (v. 3899, 3924, 3934, 3892, 3806, 3843). ═ Au s. s. m. : Tierris, 3083, 3924, 3934, et Tierri, 3899. — V. s. m. : Tierri, 3892. — R. s. m. : Tierri, 3534 3806, 3843.

TIGE. R. s. f. (Tige vient de tibia, par la consonification du second i. Cf. l’étymologie germanique twig ?). Vait s’apuier suz le pin à la tige, 500.

TIMOINE. R. s. Encens. (Ducange avoue n’avoir rencontré pour la première fois le mot antimonium que dans Constantin l’Africain, vers 1100. Nous avons donc eu tort, ainsi que Michel, de traduire ce mot par « antimoine ». Je le crois dérivé de thymiamen, thymyaminis, qui existait probablement à côté de thymiama. Or thymiama signifie l’encens liturgique, composé de plusieurs parfums, et notamment de myrrhe.) Timoine e mirre i firent alumer, — Gaillardement tuz les unt encensez, 2958.

TIMOZEL. R. s. m. Nom d’un païen (?) : Vunt ferir un païen, Timozel, 1382.

TINDRENT. Verbe act., 3e p. p. du parf. simple de tenir (Tenuerunt), 2113, 2707, 3113, 3663. V. Tenir.

TINEL. S. s. m. Massue (V., dans Ducange, Tinellus) : Tient sun espiet... La hanste (fut) grosse cume uns tinel, 3153.

TINT. Verbe act., 3e p. s. du parf. simple de tenir (Tenuit), 139, 647, V. Tenir.

TINT. Verbe act., 3e p. s. du subjonctif présent de tinter. (Tinnitet.) N’i ad celoi ki mot sunt ne mot tint, 411.

TIRER. Verbe act., inf. prés., employé substantivement. (Néerlandais téren (?). Cf. l’article tirare dans Ducange.) Lorsqu’un païen s’approche de Roland mourant, et veut lui arracher son épée : En cel tirer li quens s’aperçut alques, 2283. (Le Ms. porte tireres.) — Ind. prés., 3e p. s., tiret : Tiret sa barbe, 2414 et 4001.

TIS. Adj. ou pron. possessif de la 2e p. (Tuus), 223, 287, 297, 3900. — R. s. : tun, 291, 1984, 3994. — S. p. m. : ti, 3901. ═ Pour la rareté de ces exemples, voyez Te.

TOLT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. de toldre, « enlever ». Le sens est partout le même (Tollit) : Ço sent Rollanz que s’espée li tolt, 2284. 3e p. p., tolent : Tolent lur veies e les chemins plus granz, 2464. Puis, si li tolent ses sceptre e sa curune, 2585. — Parf. simpl., 3e p. s., tolit : Siet el’ cheval qu’il tolit à Grossaille, 1649. Cf. 2171, 3753. — Parf. comp., 2e p. p., avec un r. p. m., avez toluz : Vos li avez tuz ses castels toluz, 236. 3e p. p., avec un r. s. f. : Unt tolud la flur de France, 2431, et avec un r. p. f., unt toleites : A lur chevals unt toleites les seles, 2490. — Fut., 1re p. s., toldrai : Jo li toldrai la corune de l’ chef, 2684. 3e p. s. : toldrat, 1490. — Impér., 2e p. p., tolez : Tolez les seles, 2485. — Part. pass., r. s. n. : tolud, 2431. R. p. m. : toluz, 236. R. p. f. : toleites, 2490.

TOPAZES. R. p. (Topazos.) Pierres i ad, ametistes e topazes, 1661.

TORLEUS. S. s. m. Nom d’un roi païen (?) : Li reis Torleus, 3216. — R. s. m., Torleu : Si vait ferir Torleu, le rei persis, 3354. Cf. 3204.

TORZ. S. s. m. Tort, injustice (Tortus, opposé à directus) : Devers vos est li torz, 1549. — R. s. : Païen unt tort e chrestiens unt dreit, 1015. Josque li uns sun tort i reconuisset, 3588. Cf. 833, 1212, 1950, 3554. ═ A tort, loc. adverbiale : Ne à dreit ne a tort, 2293. A tort vos curuciez, 469. A si grant tort ocis mes campaignuns, 1899. ═ Rem., au v. 3588, l’expression « reconnaître son tort », qui nous est restée.

TOST. Adv. Rapidement (Tostum, de torrere) : Mult tost, 3217. Pur le plus tost aler, 1184.

TRABECHERENT (se). Verbe réfléchi, 3e p. p. du parf. simple de trabecher. Se renversèrent, furent renversés (?? de trans, et d’un verbe formé sur la rac. germ. buc, torse. V. Brachet, au mot Trebucher) : Chéent li Rei, à tere se trabecherent, 3574. (Mü propose : A tere se truverent.)

TRACE. R. s. f. Thrace (Thraciam), 3042.

TRAIRE. Verbe actif, inf. prés. Tirer (Trahere) : Ne la poi traire, dit Olivier, en parlant de son épée, 1365. Plus qu’arcbaleste ne poet traire un quarrel, 2265. Et, en parlant des personnes : Li Emperere devant sei l’ad fait traire, 3749. (Il s’agit de Ganelon.) — Ind. prés., 3e p. s., trait : Trait Durendal, 1324. Il trait Almace, s’espée, 2089. Trait l’olifan, fieblement le sunat, 2104. Trait ses chevels, 2596. Et, au neutre, avec un sens spécial (Ressembler à...) : Granz est e forz, e trait as anceisurs, 3177. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. f., ad trait : Trait ad sa bone espée, 1367 ; 3e p. p., avec un r. p. f. : unt traites, 3402. — Impér., 2e p. p. (au réfléchi et dans le sens de « s’en venir, se retirer... ») : Çà vus traiez ami, 2131. ═ Passif. Subj. prés., 3e p. p., avec un s. p. f. : seient traites, 811. — Part. pass., r. s. n. : trait, 1367. S. p. f. : traites, 811. R. p. f. : traites, 3402. ═ On voit, en résumé, que traire a trois sens principaux dans notre poëme : 1° À l’actif : « tirer ». 2° Au neutre : « ressembler ». 3° Au réfléchi : « se retirer, s’enfuir ».

TRAÏST. Verbe actif, 3e p. s. du parf. simple, traïr. (Traïr vient de tradere.) Ki hume traïst sei ocit e altroi, 3959. Cf. 3974. Traït : Guenes est fels d’iço qu’il le traït, 3829. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. p. m., ad traït : Traït vos ad, 1192, 3756, et avec un r. s. m., at traït : Cil l’at traït ki vos en roevet feindre, 1792. — Part. pass., r. s. m. : traït, 1792. — R. s. n. : traït, 1190, 3756.

TRAÏSUN. R. s. f. Trahison (Traditionem), 178, 605, 844, 1208, 1523, 1636, 3748.

TRAÏTRE. S. s. m. Traître (Traditor), 201, et, pour l’assonance, traïtur (Traditorem), 1024. — S. p. m. : traïtur (Traditores), 942.

TRAMIST. Verbe act., 3e p. s. du parf. simple. « Transmettre, donner », en parlant des choses ; « envoyer », en parlant des personnes (Transmisit), 90, 967, 1664, 2393. 2e p. p., tramesistes : Dous de voz cuntes à l’ païen tramesistes, 207. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. p. m. : ad tramis, 181. — Fut., 2e p. p. : trametrez, 279. — Subj. prés., 3e p. s., tramette : Deus tut mal de tramette, 1565. — Part. pass., r. p. m. : tramis, 181.

TRAVAILLENT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. « Faire tort, faire du mal » : A lur seignur ki tel cunseill... dunent — Lui e altrui travaillent e cunfundent, 380. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s., ad traveillet : Par tantes teres ad sun cors traveillet, 540. — Part. pass., s. s. m., traveillet : Karles se dort cum hume traveillet. R. s. : traveillet, 540. ═ Dans ces derniers vers, le sens, comme on le voit, s’est un peu étendu. ═ L’étymologie est très-incertaine : Ferrari et Chevallet proposent Tribulum, Tribulare ; Dochez, Arbaidjan, anc. allem., dont les Espagnols auraient fait trabajar ; Dubois, Transvigilia, Transvigiliare ; Wachter, le kymrique trafod. Et, enfin, l’on a parlé de l’anglais travel. Brachet propose trabaculum, venant de trabes, et signifiant cette machine à quatre piliers entre lesquels les maréchaux attachent les chevaux vicieux pour les ferrer ; d’où « travailler », trabaculare. Au point de vue philologique, cette opinion est la plus probable. Les autres ne supportent pas l’examen.

TRAVER(S) (en). Loc. adverbiale (In trans-verso.) De Val- fuit sunt venuz en traver(s), 3239.

TRAVERSENT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. (Sur transversus, on a fait tranversare, par un procédé fort usuel.) Traversent .IIII. punz, 2590.

TREF. R. s. m. Tente, pavillon (Trabes, au pluriel, a signifié, en bonne latinité, « maison, habitation » ; mais il faut supposer une forme m. ou n. ?) : El’ grant verger fait li Reis tendre un tref, 159. Cf. 671.

TREIS. Nom de nombre indéclinable (Tres), 2875, 3035, 3283. — Sans substantif : Tuit li plusur en sunt dublez en treis, 995...

TRENCHANT. Part. prés., employé adverbialement (?). Jo l’ ocirai à mun espiet trenchant, 867. Cf. 1301. — S. p. : trenchant, 949. — R. p. m. : trenchanz, 554, 2539, et trenchant, 3378. V. le suivant.

TRE[N]CHER. Verbe act., inf. prés. (étymologie inconnue), 57. — Ind. prés., 3e p. s. : trenchet, 1200, 1299, 1327, 3434 ; 3e p. p. : trenchent, 3568. — Parf. simpl., 3e p. s. : trenchat, 732, 1328, 1557, 2701. — Parf. comp., avec un r. s. m. : ad trenchet, 1871, 1903. Avec un r. s. f. : a trenchée, 1374. — Part. pass., r. s. m. ou n. : trenchet, 1512, 1871, 1903. R. s. f. : trenchée, 1374.

TRENTE. Nom de nombre indéclinable (Triginta), 1410, 2544, 3781.

TRÈS. Adv. (Trans.) 1° Devant un autre adverbe, auquel il donne la force d’un superlatif : Si li truvez ki très bien les aiut, 781. Ferez, païen, car très ben les veintrum, 1535. Très ben le batent à fuz e à jamelz, 3739. ═ 2° Le sens du latin est mieux conservé, mais adverbialement, dans le vers suivant : Mort le tresturnet, très en mi un guaret, 1385. ═ 3° Très avec que, signifie « jusqu’à... » a. Avec un substantif : Tresqu’en la mer cunquist la tere altaigne, 2. Tresqu’en la mer, 685. Dès Besançun tresqu’ as porz de Guitsand, 1429. Tres qu’à l’ nasel, 1602. Les exemples précédents se rapportent à l’espace, aux lieux ; mais tresque s’emploie aussi pour limiter le temps : Dès l’ure que nez fus tresqu’ à cest jur, 2371, 2372. Il faut remarquer enfin que les deux éléments de tresque sont quelquefois séparés par un ou plusieurs mots : Très l’un costet qu’ à l’altre, 1667. — b. Tresque avec un verbe : La noit demurent tresque vint à l’ jur cler, 162.

TRESORER. R. s. m. Trésorier (Thesaurarium) : Li Reis apelet Malduiz sun tresorer, 642. ═ Ce mot se trouvant dans une laisse en ier, c’est tresorier qu’il faut lire.

TRESORS. R. p. m. (Thesauros), 602.

TRESPASSÉES (ad). Verbe actif, parf. comp., 3e p. s., avec un r. p. f. A dépassé (Trans avec un verbe en are formé sur passus) : Baligant ad ses cumpaignes trespassées, 3324. — Imparf. du subj., 3e p. s. Roland a juré qu’il ne mourrait pas En estrange regnet, — Ne trespassast ses hume(s) e ses pers, 2864, 2865.

TRESPRENT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. Entreprend, saisit (Trans et prehendit) : Ço sent Rollanz que la mort le tresprent, 2355.

TRESQUE. V. le 3e sens de très.

TRESTUT. Adjectif, r. s. m. Tout (Totum avec trans qui lui donne plus de force) : Ne l’amerai à trestut mun vivant, 323. Cf. 291 ; avec cors, 1604, 2020, et avec or, 1637. — R. s. f. : trestute, 371, 614, 2326. — S. p. m. : trestuit, 3970 ; trestuz, 3679. — S. p. f. : trestutes, 1085. — R. p. m. : trestuz, 388, 1706, 2813, 3302.

TRESTUT. Adverbe. (V. le précédent.) Trestut soürement, 790. Trestut seit fiz, n’i averat altre dreit, 3290. Trestut seit fel ki n’i fierget à espleit, 3559.

TRESTURNET. Verbe actif, 3e p. s. de l’ind. prés. « Tourne, retourne » au sens actif (Trans et tornare) : Pleine sa hanste el’ camp mort le tresturnet, 1287. 3e p. p., tresturnent : Mort le tresturnent, 1385. Cf. 2587. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. m. : ad tresturnet, 2291. — Part. pass., r. s. m. : tresturnet, 2291.

TRESSALT. Verbe actif, 3e p. s. de l’inf. prés. (Trans et saltare.) Tressalt un fosset, 3166.

TRESSUET. Part. pass. employé adjectivement, r. s. (Trans-sudatum.) Le cors ad tressuet e mult chalt, 2100.

TRESVAIT. Verbe neutre, 3e p. s. de l’ind. prés. (Trans et vadit ; va au delà, s’en va.) Tresvait le jur, la noit est aserie, 717. Tresvait la noit e apert la clere albe, 737.

TREÜD. R. s. Tribut (Tributum) : Le treüd d’Espaigne la grant tere, 666.

TROEVET. Verbe actif, 3e p. s. de l’ind. prés. de truver. Trouve (Diez, dans un long article de son Lex. Étym., dernière édition, I, pp. 430, 431, en vient à proposer ?? Turbare), 613, 2092, 2856.

TROEVENT. Verbe actif, 3e p. p. de l’ind. prés. de truver. Trouvent, 3025.

TROIS. Verbe actif, 1re p. s. de l’ind. prés. Je trouve, 914, 935, 986. ═ Pour les mots précédents, voyez Truver.

TROP. Adverbe. (Diez, Lex. Étym., I, 429, le rapporte soit au latin troppus, troupe, foule ; soit à des vocables celtiques, ayant le même sens, tels que le gaëlique drobh ?? Origine douteuse.) Tro[p] avez tendre coer, 317. Mei est vis que trop targe, 659. De ço qui calt ? Demuret i unt trop, 1806. N’est gueres granz ne trop nen est petiz, 3822. Cf. 1841, 2229.

TROSSER. Verbe actif, inf. prés. Charger (Tortiare) : Franc desherbergent, funt lur sumers trosser, 701. — Part. pass., s. s. m., trusset : De sul le fer fust uns mulez trusset, 3154. R. p. m., trussez : D’or e d’argent .IIII. cenz muls trussez, 130.

TROVENT. Verbe actif, 3e p. p. de l’ind. prés. de truver, 3004. V. Truver.

TROVER. Verbe actif, inf. prés., 624. V. Truver.

TRUBLET. Part. pass., s. p. m. Troublés (Turbulati) : Li oil li sunt trublet, 1991.

TRUNÇUN. R. s. m. Tronçon (Truncionem, sur truncum) : Sa hanste est fraite, nen ad que un trunçun, 1352.

TRUSSET. Part. pass., s. s. m. Chargé (Tortiatus), 3154. R. p. m. : trussez, 130.

TRUVER. Verbe actif, inf. prés. Ce verbe a partout le sens du latin invenire. C’est ce qui rend si difficile à admettre l’étymologie de Diez, turbare. (Cf. l’étymologie germanique, treffen ?, « atteindre », qui n’est pas plus probable.) Truver se trouve aux vers 2735, 2859, et trover au vers 624. — Ind. prés., 1re p. s. : truis, 893, 902, 986 ; trois, 914, 935 ; 3e p. s. : troevet, 613, 2092, 2856 ; 3e p. p. : troevent, 3025 ; trovent, 3004. — Parf. simpl., 3e p. s. : truvat, 2186, 2187, 2188, 2189, 2871. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. m. : ad truvet, 2201. Avec un r. s. f. : ad truvée, 3728 ; 2e p. p., avec un r. s. n. : avez truvet, 2769 ; 3e p. p., avec un r. p. m. : unt truvet, 2953, et, avec un r. s. m. ou n. (par erreur) : unt truvée, 3986. — Fut., 3e p. s. : truverat, 1930 ; 3e p. p. : truverunt, 1747. — Impér., 2e p. p. : truvez, 781. — Part. pass., r. s. m. : truvet, 2201, 2953. R. s. f. : truvée, 3728. R. s. n. : truvet, 2769.

TUCHET (ad). Verbe actif, 3e p. s. du parf. comp., avec un r. s. m. A touché (Diez, Lex. Étym., I, 416, au mot toccare, dérive « toucher » de l’ancien haut allemand zuchôn ?) : Deus le guarit, qu’el’ cors ne l’ ad tuchet, 1315. — Part. prés., s. s. m. (?), tuchant : Li niés Marsilie il est venuz avant, — Sur un mulet od un bastun tuchant, 861. — Part. pass., r. s. m. : tuchet, 1315.

TUE. Adj. possessif, s. s. f. (Tua.) Sur tute gent est la tue hardie, 1617. La tue amurs me seit hoi en present, 3107. — R. p. f., tues : Vers les tues vertuz, 2369.

TUELE. R. s. f. Nom de ville. Tudela en Navarre (Tutelam), 200.

TUIT. Adj., s. p. m. Tous (Toti), 285, 636, 702, 937, 995, 1144, 1608, 1801, 1844, 2446, 2476, 3046. ═ On trouve une fois tuit, au r. p. : Sor tuit li altres, 3962. Mais c’est une erreur évidente.

TULETE. R. s. f. Nom de ville en Espagne, Tolède (Toletum) : Si l’ ad ferut sur l’escut de Tulete, 1568.

TUN. Pron. ou adj. possessif de la 2e p. s. Ton. (Tuum.) On le trouve une fois par erreur au cas sujet : Par vasselage suleie estre tun drut, 2049. Mais partout ailleurs il est régime, 291, 1984, 3994. V. à Tis, la déclinaison complète.

TUNEIRE. R. s. Tonnerre (Tonitru) : Orez i ad de tuneire e de vent, 1424. — R. p., tuneires : Veit les tuneires e les venz e les giels, 2533.

TUR. R. s. f. Tour (Turrim) : Mahumet levent en la plus halte tur, 853. En sum sa tur, 3635. — R. p. f. : turs, 98, 3655. De Sarraguce Carles guarnist les turs, 3676.

TURCS. R. p. m. (Turcos), 3240, 3284, 3518. Ils forment la seconde « échelle » du second corps d’armée de Baligant, et l’émir les attache à la garde de sa personne, comme troupes d’élite.

TURGIS. S. s. m. Nom d’un païen (ce nom de fantaisie viendrait-il de turgidus, gras, enflé, et, par extension, laid) : D’altre part est Turgis de Turleluse, 916. — R. s. m. : Turgis, 1292.

TURGIS. R. s. m. Nom d’un païen que tue Olivier, 1358. (V. le précédent.) Ce n’est pas le même que « Turgis de Turteluse », puisque la mort de ce dernier est racontée aux vers 1281-1288.

TURMENT. R. s. (Tormentum.) En France en ad mult merveillus turment, 1422. Veire paterne..., esparignas... Daniel de l’ merveillus turment, — Enz en la fosse des leons, 3100-3105. ═ Dans le premier de ces vers, turment a le sens de notre mot « tourmente » ; dans le second, de « torture, supplice ».

TURNER (se). V. le suivant.

TURNET. Verbe actif, 3e p. s. de l’ind. prés. (Tornat.) A. Conjugaison. 1° À l’actif. Ind. prés., 3e p. s. : turnet, 1264 ; 3e p. p. : turnent, 2642. — Parf. simpl., 3e p. s. : turnat, 2360. — Parf comp., 3e p. s., avec un r. s. m. : ad turnet, 2376 ; avec un r. s. f. : ad turnée, 3328 ; 2e p. p., avec un r. s. n. (?) : avez turnet, 307. — Cond. pass., 3e p. s., avec un r. s. m. ou n. : avereit turnet, 2866. — Subj. prés., 2e p. p. : turnez, 650. — Part. prés., s. s. m. : turnant, 1156. ═ 2° Au passif. Ind. prés., 3e p. s., avec un s. s. m. : est turnet, 3969. Avec un s. s. f. (par erreur) : est turnet, 2890 ; 2e p. p., avec un s. p. m. : estes turnet, 1296 ; 3e p. p., avec un s. p. m. : sunt turnet, 3960. — Part. pass., s. s. m. : turnet, 3969. R. s. m. : turnet, 2376 et 2839. R. s. f. : turnée, 3328. R. s. n. : turnet (?), 307. S. p. m. : 1296, 3960. R. p. m. : turnez, 2890. ═ 3° Au réfléchi. Inf. prés. : s’en turner, 1745. — Ind. prés., 3e p. s. : se turnet, 3644 ; s’en turnet, 2184 ; 3e p. p. : s’en turnent, 3623. — Part. simpl., 3e p. p. : s’en turnerent, 2471, 2764. — Parf. comp., 3e p. s., avec un s. s. m. : s’en est turnet, 2839. ═ 4° Au neutre. Ind. prés., 3e p. s., turnet : Passet li jurs, si turnet à la vesprée, 3560 ; 3e p. p., turnent : Ansdous les oilz en la teste li turnent, 2011. Les alves turnent, 3881. ═ B. Sens divers. 1° À l’actif. a. « Diriger, tourner vers... » : Turnet sa teste vers la païene gent, 2360. Envers Espaigne en ad turnet sun vis, 2376. Par Sebre amunt tut lur naviries turnent, 2642. Cf. 1156, 2866, 3328. — b. « Renverser, retourner » : L’une meitiet (de l’escut) li turnet cuntreval, 1264. — c. « Détourner » : Guardez de nos ne turnez le curage, 650. ═ 2° Au passif. a. « Être tourné à... » c’est « être sur la voie de..., être entraîné à... » : Guenes est turnet à perditiun grant, 3969. Estes turnet à perdre, 1296. Et, en parlant des choses : La meie honor est turnet à declin, 2890. (De même qu’aujourd’hui encore, nous disons au neutre : « Ma vie tourne au malheur. ») — b. « S’en aller, se retirer » : Puis sunt turnet Baiver e Aleman, 3960. ═ 3° Au réfléchi. a. « S’en turner », signifie toujours : « S’en aller » : Païen s’en turnent : ne volt Deus qu’il i remainent, 3623. Cf. 1745, 2184, 2764, 2839. On va jusqu’à dire des Sarrazins qui se noient dans les eaux de l’Èbre : Envers les funz s’en turnerent alquanz, 2471. — b. « Se turner » n’a pas le même sens que « s’en turner » ; il signifie : « Tourner son visage vers... » : Quant l’ot Marsilie, vers sa pareit se turnet, 3644. ═ 4° Au neutre. a. « S’incliner vers... » : Li jurz turnet à la vesprée, 3560. — b. « Tourner » à peu près dans le sens de notre expression : « La tête me tourne » : Ansdous les oilz en la teste li turnent, 2011. Cf. le vers 2896, où l’on trouve : « Ses oilz turnez. » — c. « Tourner », comme nous dirions : « Sa ceinture a

tourné » : Les alves turnent, les seles chéent à tere, 3881.

TURPINS. S. s. m. Nom du fameux archevêque qui meurt à Roncevaux (Turpinus, Tilpinus), 264, 1665, 2083. Turpin, 1124, 1562. — R. s. m. : Turpin, 470, etc. etc.

TUROLDUS. S. s. m. (Origine germanique, ancien haut allemand, Turhold, Pott, p. 233 ; en français Théroulde, Touroude, etc.) Le dernier vers de notre Chanson parle de ce personnage en ces termes : Ci falt la geste que Turoldus declinet, 4002. Est-ce le scribe ? Est-ce le jongleur ? Est-ce l’auteur d’une Chronique poétique à laquelle serait remonté notre poëte ? Est-ce le poëte lui-même ? V. notre Introduction, p. lxv et suiv.

TURS. R. p. f. Tours (Turres), 98, 3655, et 3676. Cf. Tur, au r. s. f., 853, 3635.

TURTELUSE. R. s. f. Nom d’une ville païenne probablement en Espagne ; Tortose sans doute (Dertosam), 916, 1282.

TUT. Adj., s. s. m. Tout (Totus) : Tut li païs en reluist, 2637. La vraie forme serait tuz. On trouve bien deux fois : Li sancs tuz clers, 1980 et 3925. Mais il est évident qu’il faut ici lire tut, et que nous avons affaire à un adverbe. — S. s. m. ou (?), tut : N’unt garnement que tut ne reflambeit, 1003. — S. s. f. : tute, 982, 3338... — R. s. m. et n. : tut, 1565... — R. s. f. : tute, 212, 709, 1201, 1578, 1617, 1656, 1780, 2012, 2274, 2327, 3363... — S. p. m. : tuit, 285, 636, 702, 937, 995, 1146, 1608, 1801, 1844, 2446, 2476, 3046, et tuz (par erreur), 903, 1058, 1069, 1688, 2474, 3815... — S. p. f. : tutes, 1757. — R. p. m. et n. ? : tuz, 2, 823, 1000, 1147, 1553, 1858, 1882, 2387, 2927. — R. p. f. : tutes, 394, 1378, 2196, 3493. ═ Rem. les expressions tuz jurs, 1882, 2927 (Cf. tute jur, 1780), et tute veie : Uns Sarrazins tute veie l’esguardet, 2274.

TUT. Adj. employé substantivement, r. s. n. Tout (Totum) : Tut lur ad acuntet, 1038.

TUT. Adverbe. (Totum.) 1° Devant un adjectif : Tut suls, 2184. Un gunfanun tut blanc, 1157. Tut premereins, 122. Cf. 117, 1189. ═ 2° Devant un autre adverbe : Tut veirement, 3101. Lessez gesir les morz tut issi cun il sunt, 2435. ═ 3° Devant une préposition : Tut entur lui, 410. ═ On trouve, par erreur, tuz pour tut, aux v. 1980 et 3925 : Li sancs tuz clers. ═ Il y a doute au sujet des vers 115 et 1552. Y a-t-il là un adjectif, ou un adverbe ?

U

Ù. Adverbe de lieu. Où. (Ubi.) 1°Au sens affirmatif : ù cist furent, des altres i out bien, 108. L’elme li freint ù li carbuncle luisent, 1326. Tutes les rues ù li burgeis estunt, 2691. ═ 2° Interrogatif : Ù est vostre espée, 1363. Ù estes vos, bels niés, 2402. Cf. 2403, 2404, 2405, 2409. Demanderent ù est li Quens cataignes, 2912. ═ On trouve la forme ò à côté de ù, qui est beaucoup plus conforme à l’étymologie et surtout à la phonétique de notre texte. Voy. ò, aux vers 2667, 2854, 3105, 3616, 3709.

U. Conjonction. Ou (Aut) : Quiqu’en peist u qui nun, 1279. Voelent u nun, 1626. U pris u mort, 1730. Ki qu’en plurt u ki’ n riet, 3364. Cf. 41, 2733, et la forme o, aux vers 2401, 2733. Le scribe attachait tellement peu d’importance à l’une ou à l’autre de ces deux formes, qu’il écrit dans le même vers : U mort o recreant, 2733.

UAN. Adverbe. En provençal, ogan, en roman, oan, owan ou ouan. « Cette année », et, par extension, « maintenant ». (Hoc anno) : Vos n’irez pas uan de mei si luign, 250.

UBLI. R. s. m. Oubli (subst. verbal d’oublier, oblitare, obliare, fait sur oblitus) : Mais lui meïsme ne volt metre en ubli, 2384.

UBLIER. Verbe act., inf. prés. (Obliare.) L’enseigne Carle n’i devum ublier, 1179. Cf. 2509. — Parf. comp., 3e p. p., avec un r. p. f., unt ubliées : Lor enseignes n’i unt mie ubliées, 3563. — Subj. prés., 3e p. s., au réfléch., s’ublit : Ferez, Franceis : nul de vus ne s’ublit, 1259. — Part. pass., r. p. f. : ubliées, 3563.

ULTRAGE. R. s. m. Ce n’est pas tout à fait le sens actuel « d’outrage », mais celui de « chose qui dépasse la mesure », etc. (Ultraticum.) Comme on dit à Roland que l’arrière-garde tout entière est condamnée à périr, il répond : Ne dites tel ultrage, 1106.

ULTRE. Prép. (Ultra). 1° Au delà, plus loin que..., en parlant de l’espace : Ultre mer, 67, 3156. Ultre ses cumpaignuns, 2236. ═ 2° Au delà, en parlant du temps : Ultre cest jurn, 1477. ═ Ultre est encore employé sans régime, adverbialement : Empeinst le bien, tut le fer li mist ultre, 1286. ═ Enfin, il sert en quelque manière d’interjection, comme dans le vers suivant : Ultre, culvert, Carles n’est mie fol, 1207.

ULTREMARIN. Adj., r. s. m. D’outremer (Ultramarinum) : Si’n apelat Jangleu l’ultremarin, 3507.

ULTREMER. Composé d’ultre et mer. (Ultra-mare.) Malbien d’ultremer, 67. L’estreu li tint Marcules d’ultre-mer, 3156. Cf. Ultre.

UMBRE. R. s. f. Ombre (Umbram) : Alez en est en un verger suz l’umbre, 11. Cf. 383. Suz un olive est descenduz en l’umbre, 2571.

UN. S. s. m. Par erreur, au lieu d’uns (Unus), 627, 890, 941, 1241, 1519, 1631. La forme correcte est uns, 369, 617, 940, 1048, 1235, 1529, 1650, 2274, 3153, 3154, 3818, 3951. — S. s. f. : une... — R. s. m. : un, 11, etc. etc. etc., et uns, par erreur, 728. — R. s. f. : une, 6, 203, 658. ═ Li uns est opposé à l’altre : li uns ne volt l’altre nient laisser, 2069. L’un, par erreur est employé dans le même cas : L’un gist sur l’altre, 1624. Cf. 208. ═ L’altre, d’ailleurs, peut être sous-entendu : A dous Franceis belement en avint : — Li Empereres en est l’uns, 3500, 3501. ═ Par uns e uns, 2190, signifie « un à un ».

UNC. Adv. Jamais (Unquam), 1040, 1333, 1769, 3394, 3516. Cf. 1° Unches ; 2° unkes ; 3° unques. V. Unkes.

UNCHES. Adv. Jamais (Unquam), 629, 640, 920, 1044, 1461, 1563, 1638, 1647, 2501, 3212, 3231. Cf. 1° unc ; 2° unkes ; 3° unques. V. Unkes.

UNCLES. S. s. m. Oncle (Avunculus), 1914, et, par erreur, uncle, 348. — R. s. m. : uncle, 66.

UNCORE. Adv. Encore, dans le sens actuel (Hanc-horam) : Uncore purrat guarir, 156. Cf. 1550. Ne mès Rollant ki uncore en averat hunte, 382. Dans ce dernier vers, le sens est plus étendu...

UNE. Adj., s. et r. s. f. (Una, Unam.) Au r. s. f., 6, 203, 658. V. Un, Uns.

UNKES. Adv. Jamais (Unquam), 1168, 1208, 1857, 1865, 2046, 2134, 2223, 2384, 2495, 2639, 3261, 3322, 3531, 3587, 3638. Cf. 1° unques, 2888 ; 2° unc, 1040, 1333, 1769, 3394, 3516 ; 3° unches, 629, 640, 920, 1044, 1461, 1563, 1638, 1647, 2501, 3212, 3231. ═ De la comparaison de ces quatre formes, il nous paraît impossible de tirer un argument solide en faveur de la doctrine qui attribue le Roland à deux auteurs ou à deux scribes.

UNQUES. Adv. Jamais (Unquam), 2888. Cf. 1° unkes ; 2° unc ; 3e unches. V. Unkes.

UNS. Adj., s. s. m. (Unus), 369, 617, 940, 1048, 1235, 1529, 1650, 2274, 3153, 3154, 3818, 3951, et un, 627, 890, 941, 1241, 1519, 1631. — S. s. f. : une. — R. s. m. : un, 11, etc.etc., et uns, par erreur, 728. — R. s. f. : une, 6, 203, 658. ═ Li uns est opposé à l’altre, 2069, et l’un, de même, 208, 1624. ═ L’altre est quelquefois sous-entendu : Li Empereres est l’uns (des dous), 3501. ═ Par uns e uns, 2190, signifie « un à un ». ═ Aux vers 3371 et 2843, notre manuscrit porte de uns ad altres. Mü. a substitué d’ures en altres, d’après Venise IV et Versailles.

UNT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. d’aveir (Habent), 99, 161, 842, 998, 1180, 1584, 1683, 3222, etc. V. Aveir.

URE. R. s. f. Heure (Horam) : Dès l’ure que nez fui, 2371, et ore : A itel ore, 3212. V. Ore.

URS. S. p. m. Ours (Ursi) : Urs e leuparz les voelent puis manger, 2582. — R. p. m., urs : Vus li durrez urs e leuns e chens, 30. Cf. 128 et 2558.

USET (ad). Verbe act., 3e p. s. du parf. comp. d’user. (User est un verbe formé sur un type latin tiré du supin d’uti : usum, usare.) Si ad sun tens uset, 523. — Part. pass., r. s. m. ou n. : uset, 523. ═ « Avoir usé son temps », c’est « avoir fini sa vie, être voisin de la mort ».

UVERIR. Verbe act., inf. prés. Ouvrir. (Aperire ?) En parlant des cadavres de Roland, d’Olivier et de Turpin, notre poëte dit que Charlemagne : (De)devant sei les ad fait tuz uverir, 2964. — Parf. simpl., 3e p. s., uverit : Uverit les oilz, 228. — Part. pass., s. s. f., uverte : De Pareïs li seit la porte uverte, 2258.

V

VAILLANZ. Part. prés., employé adjectivement, s. s. m. (Valens, valentem.) Li altr’er fut ocis... Oliver li proz e li vaillanz, 3186. Vaillant : Margariz est mult vaillant chevaler, 1311. Cf. 1593. — S. s. f., vaillant : Païen escrient : « Preciuse est vaillant, » 3471. — Voc., s. m., vaillanz : E ! gentilz quens, vaillanz hom, ù ies tu, 2045. — R. s. m., vaillant : Nus n’avum plus vaillant chevaler, 1504. — S. p. m. : vaillant, 3515. — Voc., p. m., vaillant : Ore, oiez, franc chevaler vaillant, 2657. — R. p. m., vaillanz : XX milie Francs retendrai ben vaillanz, 789. Cf. 3020. ═ Il faut observer que, dans ce dernier vers, vaillanz est employé substantivement : XV milies de bachelers, de nos meillors vaillanz. ═ Le sens le plus ordinaire est notre sens actuel, celui de « brave ». Mais valere signifiait, en latin, « avoir de la valeur, valoir tel ou tel prix ». Ce sens se retrouve dans notre Roland, au v. 1168. En parlant du butin que les Français se promettent, Roland leur dit : Nuls reis de France n’out unkes si vaillant. C’est ce sens, véritablement étymologique, que nous retrouvons dans le neutre vaillant, qui a la force d’un adverbe dans le vers suivant : Vaillant à un dener, 1962.

VAILLET. Verbe neutre, 3e p. s. du subj. prés. de valeir. (Valeat.) Enprès sun colp ne quid que un dener vaillet, 1666. Vaille : Jamais n’ert hume ki encuntre lui vaille, 376. V. Valt.

VAIRS. Adj., r. p m. (Varios.) Vairs out les (oilz) e mult fier lu visage, 283. ═ Le vair était une fourrure « composée » (blanche et grise). De là le nom de varium. Je pense que les yeux vairs sont des yeux gris-bleu.

VAIT. Verbe neutre ou pronominal, 3e p. s. de l’ind. prés. Va. (Vadit.) 1° Neutre. Par le camp vait Turpin li Arcevesque, 1562. Avec un inf. : Vait s’apuier suz le pin à la tige, 500. Et avec un participe présent : Sun espiet vait li bers palmeiant, 1155. Cf. En vait (?), au vers 618. Vait est encore employé au neutre, dans le sens de notre « cela va mal », mais avec un sujet sous-entendu et un adverbe : Mult malement nus vait, 2106. Cf. vat, 1780. 3e p. p., vunt, 1169, 2461, 2462 ; vont, 1166. Cf. à la 1re p. s. : vois, 270, qui est pour vais. — 2° Pronominal, ind. prés., 3e p. s., s’en vait : Li Empereres s’en vait desuz un pin, 168. Si cum li cerfs s’en vait devant les chiens, 1874. Dans ce dernier vers, s’en vait a le sens de « s’enfuir ». 3e p. p. ; s’en vunt, 1911.

VAL. R. s. m. (Vallem.) Guardet suz destre par mi un val herbus, 1018. Cf. 1449, 2209, 3065, 3292. — S. p. m., val. : Halt sunt li pui (e) li val tenebrus, 814. Cf. 2112. — R. p. m., vals, 856, 2043, 2185, 2318, 2434, 3126. ═ En composition dans aval (2235, etc.), cuntreval (2472), dans Val-Ferrée (1370), Val-Fuit (3239), Val-Funde (23) et Val-Fronde (3260), Val-Marchis (3208), Val-Metas (1663), Val-Penuse (3256), Val-Severée (3313), Val-Tenebres (2461). Voyez chacun de ces mots. ═ On remarquera que, dans ces mots composés, val est surtout féminin...

VALDABRUNS. R. s. m. Nom du païen qui prit Jérusalem et massacra le patriarche (on ne peut admettre : Wald, forêt (??), et brun ? Étymologie inconnue), 617. Valdabrun, 1519.

VALÉES. R. p. f. (Vallatas.) Païen chevalchent par cez greignurs valées, 710. Ce mot a été ajouté en interligne au vers 3126 : Cez vals parfunz, cez destreiz anguisables.

VALENT. Verbe neutre, 3e p. p. de l’ind. prés. (Valent.) Eles valent mielz que tut l’aveir de Rume, 639.

VALERI. R. s. Erreur évidente du scribe, pour Valence : Ki tint Valeri e envers sur le Rosne, 1583. Mü. a restitué excellemment, d’après Venise IV, Paris et Versailles : Ki tint Valence e l’unur sur le Rosne.

VAL-FERRÉE. R. s. f. Nom de lieu (Vallem-Ferratam) : Fiert un païen, Justin de Val-Ferrée, 1370.

VALENTINEIS. Adj. r. p. m. De Valence (Valentia a donné Valentinus, sur lequel on a formé un second adjectif en ensis) : Escuz unt genz, espiez Valentineis, 998.

(VAL)-FRONDE. R. s. f. Nom d’un pays païen : La disme est des barbez de (Val)-Fronde, 3260. V. Val-Funde.

VAL-FUIT. R. s. Nom d’un pays païen (Val et fuir ?) : De Val-Fuit sun(t) venuz en traver(s), 3239.

VAL-FUNDE. R. s. f. Nom d’un pays païen : Fors Blancandrin de castel de Val-Funde, 23. (Y a-t-il là un composé de val avec fundus ou avec funda ?) V. Val-Fronde. ═ F. Michel, à ce mot de son Glossaire, a cité avec raison plusieurs textes d’autres Chansons qui parlent d’une localité du même nom. C’est assez dire que ce nom est fantaisiste.

VAL-MARCHIS. R. s. (Val avec marchis.) Dès Cheriant entresqu’en Val-Marchis, 3208.

VAL-METAS. R. s. (?) : En Val-Metas li dunat uns diables, 1663.

VALOR. R. s. f. (Valorem), 534, 1362, 1877. Cf. Valur, au vers 1090.

VAL-PENUSE. R. s. f. Nom d’un pays païen (Vallem-Pœnosam) : La quinte (eschele) est de cels de Val-Penuse, 3256.

VAL-SEVRÉE. R. s. f. Nom d’un pays païen (Vallem-Separatam) : Canabeus... tint la tere entresqu’en Val-Sevrée, 3313. On peut lire Val-Severée.

VALT. Verbe neutre, 3e p. s. de l’ind. prés. de valeir (Valet), 516, 921, 1262, 1540, 1600, 1840, 3338. — 3e p. p. : valent, 639. — Subj. prés. 3e p. s. : vaillet, 1666, et vaille, 376. — Part. prés. : vaillanz. (V. ce mot.) ═ Valt est employé souvent avec un comparatif : Tient Durendal ki plus valt que fin or, 1540. Mielz en valt l’or que ne funt cinc cenz livres, 516. Plus valt Mahum que seint Pere, 921. Cf. 639. ═ On le trouve souvent accompagné d’une négation explétive : Sis bons escuz un dener ne li valt, 1262. Cf. 1666 et 3338. ═ Enfin, il se joint à la négation nient : Fuir s’en voel, mais ne li valt nient, 1600. Cf. 1840. Nous disons encore aujourd’hui : « Cela ne lui vaut rien. » Au moyen âge, on supprimait volontiers le sujet.

VAL-TENEBRUS. R. s. Lieu d’Espagne, près de l’Èbre et de Saragosse : El’ Val-Tenebrus là les vunt ateignant, 2461. Mü. a eu raison de restituer Val-Tenebres, qui ne rompt pas la mesure du vers et se trouve dans les textes de Venise IV et de Versailles.

VALTERNE. R. s. f. Nom de ville en Espagne (Valtierra ; mais l’n de Valterne n’est pas expliqué), 199, 931, 1291.

VALUR. R. s. f. Prix (Valorem) : Ne placet Deu... que ja pur mei perdet sa valur France, 1090. Valor, 534, 1362, 1877. ═ Au vers 1877, le sens de valor se rapproche, par une extension naturelle, de celui de « vaillance, bravoure, valeur » : Itel valor deit aveir chevaler — Ki armes portet e en bon cheval set, 1877, 1778.

VANTANCE. R. s. f. Vanterie (Vanitantiam) : Devant Marsilie ad faite sa vantance, 911.

VANTEIENT (se). Verbe réfléchi ou neutre, 3e p. p. de l’imparfait de l’ind. (Se vanitabant, de vanitare, fait sur vanitas.) 1° Réfléchi. Si se vante[i]ent mi vaillant chevaler, 2861. — Subj. prés., 3e p. s., s’en vant : Ki traïst altre nen est dreiz qu’il s’en vant, 3974. ═ 2° Neutre. Futur, 2e p. s., avec en, en vanteras : N’en vanteras el’ regne dunt tu fus, 1961.

VASSALMENT. Adv. Courageusement (V. le suivant) : Franceis sunt bon, si ferrunt vassalment, 1080. Mult vassalment unt traites les espées, 3576.

VASSALS. Ce mot est tantôt substantif, tantôt adjectif. Il dérive de vassalis, fait sur vassus, lequel dérive lui-même du celtique gwas. Dès l’époque mérovingienne, certains individus nommés vassi se viennent recommander à d’autres plus puissants et plus riches, appelés seniores. L’engagement du vassus s’appelle commendatio. Dès le temps de Charlemagne, le vassus suit le senior à la guerre. Il lui doit fidélité et assistance, et, à partir de la révolution féodale, le service militaire régulièrement constitué, lequel est l’essence du fief. Tout individu qui est appelé à remplir ces devoirs est un « vassal ». S’il les remplit bien, c’est un « bon vassal », un « vrai vassal ». Et vassal en est venu, sans autre épithète, à signifier toutes les vertus de la vassalité, surtout le courage. Telle est l’histoire de ce mot, qui tient tant de place dans le Roland et dans toutes nos Chansons. 1° Substantif. S. s. m., vassals : Vassals est bons por ses armes defendre, 3785. Vassal : L’altrer fut ocis le bon vassal Rollanz, 3185. Sempres fust mort li nobilies vassal, 3442. Cf. 2088. — R. s. m., vassal : Meillor vassal n’aveit en la curt nul, 231. N’at te(l) vassal suz la cape de l’ ciel, 545. — S. p. m., vassals, 3335, et vassal : En cele (eschele) sunt li vassal de Bavière, 3028. — R. p. m., vassals : Il est escrit en la geste Francor — Que vassals ad li nostre Empereür, 1443, 1444. En tels vassals deit hom aveir fiance, 3009. Cf. 939 et 1694. ═ 2° Adjectif, s. s. m., vassals : Icist reis est vassals, 3343. Granz est e forz e vassals e isnel, 3839. Vassal : Mult est vassal Carles de France dulce, 3579. Cf. 1594.

VASSELAGE. R. s. m. Courage, qualités du bon vassal (Vassalaticum) : Rollanz est proz e Oliver est sage ; — Ambedui unt me(r)veillus vasselage, 1094. N’avez baron de si grant vasselage, 744. Cf. 25 et 1639.

VAT. Verbe neutre, 3e p. s. de l’ind. prés. Va (Vadit) : Pur un sul levre vat tute jur cornant, 1780. Cf. Vait, 500, 618, 1155, 1562, 2106, et s’en vait, 168, 1874.

VEANT. Part. prés. employé adverbialement, ou plutôt faisant office d’un véritable ablatif absolu (Vidente) : Fait sun eslais veant cent mil(ie) humes, 2997. Cf. Veiant : Desfi les en, sire, vostre veiant, 326. Mais ici veiant est devenu un véritable substantif. V. le suivant.

VEDEIR. Verbe actif, inf. prés. Voir (Videre), 270, 1992, et veeir, 1104, 1720. — Ind. prés., 1re p. s. : vei, 1021, 3843. 2e p. s. (peut-être est-ce l’impér. 2e p. s.) : veiz, 2979. 3e p. s. : veit, 303, 530, 958, 959, 1019, 1110, 1628, 2124, 2446. 2e p. p. : veez, 1131, 1694 (p.-e. l’impér.) et 2743. 3e p. p. : veient, 1467, 3687. — Imparf. de l’ind., 3e p. s. : veeit, 2558. — Parf. simple, 1re p. s. : vi, 682. 3e p. s. : vit, 443, 1040, 1596, 1638, 1643, 3212, 3322. 2e p. p. : veïstes, 2475. 3e p. p. : virent, 819. — Parf. comp., 1re p. s. avec un r. s. m. : ai veüt, 1083. Avec un r. p. m. : ai veüz, 1039. 2e p. p. avec un r. s. m. : avum veüd, 3132. — Fut., 1re p. s. : verrai, 316, 2199. 3e p. s. : verrat, 83, 578. lre p. p. : verrum, 3179. 2e p. p. : verrez, 49, 690, 953, 1079, et, comme assonance dans deux couplets assonancés en ei : verreiz, 564, 3754. — Impér., 2e p. p. : veez, 925, 1099, 2425 et 3315. — Imparf. du subj. (dans le sens du conditionnel), 3e p. s. : veïst, 1341, 1680, 1970, 3473. lre p. p. : veïssum, 1804. 2e p. p. : veïssez, 1622 ; veïsez, 349, 3388. — Parf. du subj., 2e p. s. avec un r. s. f. : aies veüd, 1960. — Part. présent, neutre, en ablatif absolu : veant, 2997, et devenu un vrai substantif neutre : veiant, 326. ═ Passif. Futur, 3e p. s., avec un s. s. m. : ert veüd, 3812. — Part. passé, s. s. m. : veüd, 3812. R. s. m. : veüt, 1083, et veüd, 3132. R. p. m. : veüz, 1039. ═ Ce verbe a partout le sens actuel. Rem. seulement la locution là veïssez, si vive, et que nous avons à peu près perdue : veïssez si grant dulor, 1622. La veïsez tant chevaler plurer, 349, etc.

VEIAGE. R. s. m. Chemin (Viaticum) : Guenes est munted, entret en sun veiage, 660.

VEIANT. Part. prés., r. s. n, employé substantivement. (Vidente, videntem.) Desfi les en, sire, vostre veiant, 326.

VEIE. R. s. f. Voie, chemin (Viam) : En mi sa veie ad encuntret Rollant, 1595. Cf. 365, 986, 2399. — R. p. f. : veies, 405, 2464, et, par erreur, veiez, 2852. ═ Rem. la locution Tute veie : Uns Sarrazins tute veie l’esguardet, 2774.

VEIED. Verbe actif, 3e p. s. du subj. prés. (Viare, viet.) Jo ne vos vei : veied vus damne Deu, 2004. Ainsi parle Olivier à Roland, qui, aveuglé par son propre sang, ne voit pas son ami et le frappe d’un coup terrible, le prenant pour un païen. Notre traduction n’est, d’ailleurs, qu’une hypothèse, et nous avouons que le passage est douteux. F. Michel traduit par « voie » et dérive ainsi veied de videat.

VEIENT. Verbe act., 3e p. p. de l’ind. prés. de vedeir (Vident), 1467, 3687. V. Vedeir.

VEIER. R. s. m. Voyer (Viarium) : Li Reis cumandet un soen veier Basbrun, 3952. C’est ce Basbrun qui est chargé de pendre les trente parents de Ganelon : il s’agit donc d’un personnage de très-petite condition. Dans Berte aux grands pieds, la Reine trouve un refuge chez Simon le Voyer.

VEIES. R. p. f. (Vias), 405, 2464.

VEIEZ. R. p. f. Le scribe a écrit, par erreur, veiez, au lieu de veies, 2852. V. le précédent.

VEILL. Adj., r. s. m. Vieux (Vetulum) : Truvat Gerard le veill de Russillun, 2189. Cf. 3470. — S. p. p., veill : As eschecs [juent] li plus saive e li veill, 112. ═ Ce mot s’emploie substantivement. ═ Il se trouve en assonance dans un couplet en ier : c’est donc vieill ou viel que le scribe eût dû écrire. V. Velz, Veillz, Veilz, et surtout Vielz.

VEILLANTIF. R. s. m. Nom du cheval de Roland (il faut supposer un type barbare tel que Vigilantivus, fait sur Vigilans) : Est passez Rollanz sur Veillantif, sun bon cheval curant, 1153. Cf. 2032.

VEILLZ. S. s. m. Vieux (Vetulus) : Vint... Anseïs li veillz, 769. V. le suivant, Veill, Veilz, etc.

VEILZ. S. s. m. Vieux (Vetulus) : Ja estes vus veilz e fluriz e blancs, 1771. Cf. 2409, 2807. ═ Même observation qu’au mot veill, relativement à la forme correcte de ce vocable. Lire vielz, ce mot ne se trouvant que dans les assonances en ier.

VEINTRE. Verbe act., inf. prés. Vaincre (Vincere), 2211. — Ind. prés., 3e p. s. : veint, 2567. — Parf. comp., 1re p. s., avec un r. p. f., ai vaincues : Tantes batailles ai vaincues, 2306. Cf. 865. 3e p. s., avec un r. s. f., ad vaincue : Carles ad sa bataille vencue, 3649. Cf. 3934. Et avec un r. p. m. : ad vencuz, 555. 2e p. p., avec un r. p. m. : avez vencuz, 238. 3e p. p., avec un r. s. m. : unt vencut, 2042. — Fut., 3e p. s. : veintrat, 735. 1re p. p. : veintrum, 1233, 1535. ═ Au passif. Ind. prés., 1re p. s., avec un s. s. m. : sui vencut, 2087. 3e p. s., avec un s. s. m. : est vencut, 1394, 2271, 3930 (Vencut est li esturs), et est vencud, 235. 3e p. p., avec un s. p. m. : sunt vencuz, 3642. — Fut., 3e p. s., avec un s. s. m. : ert vencut, 2153. — Subj. prés., 3e p. s., avec un s. s. m. : seit vencut, 3609. 1re p. p., avec un s. p. m. : seium vencuz, 1046. — Part. pass., s. s. m. : vencut, 1394, 2087, 2153, 2271, 3609, 3930 ; vencud, 235. S. p. m., vencuz, 1046. R. s. m. : vencut, 2042. R. s. f. : vencue, 3649, 3934. R. p. m., vencuz, 238, 555. — R. p. f. : vencues, 865, 2306. ═ Rien à remarquer sur ce verbe, sinon que l’on disait « vaincre une bataille », et « la bataille est vaincue... »

VEIR. Adj. (Verus, vera.) Voc., s. f., veire : Veire paterne, 2384, 3100. — R. s. f., veire : Chrestiene est par veire conoisance, 3987. — S. p. m., veir : Baptiset sunt... veir chrestien, 3672, Veir pourrait bien ici être adverbe. ═ L’emploi le plus fréquent de ce mot est au neutre : Sire, vos dites veir, 2754, 3414. Veir dites, 760. Ne dient veir, 1436. Dans ces quatre exemples, veir dérive évidemment de verum. Il en est de même de la locution adverbiale : par veir, qui vient de per verum, 87, 520, 692.

VEIREMENT. Adv. Vraiment (Veramente), 615, 882, 953, 1427, 1596, 3190.

VEIRS. Adj. Vraiment (Vere) : Guenes respunt : « Jo ne sai veirs nul hume, » 381. Je pense que l’s a été ici ajouté par analogie ; on ne peut l’expliquer comme celui de volontiers.

VEISDIE. R. s. f. Trahison (anc. haut allem. bausi) : Guenes... par grant veisdie cumencet à parler, 675.

VEÏSEZ. Verbe act., 2e p. p. de l’imp. du subj. de vedeir, employé comme conditionnel (Vidissetis), 349.

VEÏSSEZ. Même mot que le précédent, mais plus étymologique, 1622. V. Vedeir.

VEÏSSUM. Verbe actif, 1re p. p. de l’imp. du subj. de vedeir. (Vidissemus.) Se veïssum Rollant, einz qu’il fust mort, 2804.

VEÏST. Verbe act., 3e p. s. de l’imp. du subj. de vedeir, employé comme conditionnel. (Vidisset). Ki lui veïst Sarrazins desmembrer... — De bon vassal li poüst remembrer, 1970, 1972. Cf. 1341, 1680, 3473.

VEIT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. de vedeir (Videt), 303, 530, 958, 959, 1019, 1110, 1628, 2124, 2446.

VEÏSTES. Verbe act., 2e p. p. du parf. simpl. de vedeir (Vidistis), 2475.

VEIZ. Verbe act., 2e p. s. de l’ind. prés. (?) ou de l’impér. de vedeir (Vides ou vide), 2979. Pour les sept mots qui précèdent, voyez Vedeir.

VELTRES. S. s. m. Chien de chasse. (Vertragus dans Martial ; dans la loi salique, Veltrum, Veltrem, au r. s. Voyez Diez, dern. édit., I, 440) : D’enz de (la) sale uns veltres avalat, 730. — R. p. m. : veltres, 128.

VELZ. Adj., s. s. m. Vieux (Vetulus), 905, 929, 970, 3050. Cf. 1° Vielz, 523, 538 ; 2° viel (par erreur), 2615 ; 3° veilz, 1771, 2409, 2807, et 4° veillz, 796. — R. s. m. : 1° veill, 2189, 3470 ; 2° viell, 2048, et par erreur, velz, 171. — S. p. m. : veill, 112. Même observation qu’au mot veill, relativement aux assonances en ier.

VEN. Verbe neut., impér., 2e p. s. Viens (Veni), 3594.

VENDRAT. Verbe neut., 3e p. s. du fut. de venir. (Venire habet.) Vendrat le jurz, 54. Quant Carles vendrat, 1928. Cf. 2103. V. Venir.

VENDRE. Verbe act. et réfléchi, inf. prés. (Vendere.) En Sarraguce sa maisnée alat vendre, 1407. Tel as ocis que mult cher te quid vendre, 1590. Cf. 3012. — Parf. comp. au réfléchi, 1re p. s., me sui vendut : Sempres murrai, mais cher me sui vendut, 2053. — Fut., 3e p. p., au réfl. : se vendrunt : Einz que il moergent, se vendrunt mult cher, 1690. — Subj. prés., 3e p. s., au réfl., se vende, 1924. ═ Rem. l’expression : « Se vendre cher... »

VENDRUNT. Verbe neut., 3e p. p. du fut. de venir. (Venire habent.) De plusurs regnes vendrunt li hume estrange, 2911. V. Venir.

VENENT. Verbe neutre, 3e p. p. de l’ind. prés. de venir (Veniunt), 818, 2640, 2645. V. Venir et Vienent.

VENEZ. Verbe neutre, 2e p. p. de l’impér. de venir (Venite), 953, 2844, 3326, 3508. ═ Rem., à ce dernier vers, la locution : venez avant, qui signifie « approchez ».

VENGER. Verbe act. et réfléchi, inf. prés. (Vindicare.) 1° Actif. Inf. prés. : venger, 1149, 1505, 1744, 2539. — Parf. comp., 1re p. s., avec un r. p. m. : ai venget, 1951. — Fut., 3e p. s. : vengerat, 2145. — Impér., 2e p. : vengez, 213, 2428, 3411, 3627. ═ 2° Passif. Fut., 3e p. s., avec un s. s. m. : serat venget, 2808. ═ 3° Réfléchi. Inf. prés. : se venger, 1873, et, à la 2e p. : se venger, 2456. — Parf. comp., 1re p. s. : m’en sui venget, 3778. ═ Le sens est le même partout. Notons seulement qu’on dit : 1° « Venger quelqu’un » : Vengez cels que li fels fist ocire, 213. Vengez vos fi(l)z, vos freres e voz heirs, 3411. Li Emperere nos devreit ben venger, 1149. Cf. 1505, 1744, 1951, 2145. — 2° « Venger quelque chose » : Pur venger nostre hunte, 3539. Cf. 2428, 3627, et 3° « Se venger de » : Venger te poez de la gent criminel, 2456. ═ D’après les assonances, il faut lire vengier, etc.

VENIR. Verbe neutre, inf. prés. (Venire), 1019, 1021, 2124, 3081, et au pronominal : s’en venir, 2974. (Dans le sens de s’en aller : Venir s’en volt li emperere Carles.) — Ind. prés., 3e p. s. : vient, 793, 2955, 2117 ; vent, 2203. 3e p. p. : vienent, 2636, 3945 ; venent, 818, 2640, 2645. — Parf. simpl., 1re p. s. : vinc, 3774. 3e p. s. : vint, 162, 627, 955 ; s’en vint, 2784. 1re p. p. : venimes, 197. 3e p. p. : vindrent, 94, 1058, 2976. — Parf. comp., 1re p. s. : sui venut, 2675. 3e p. s., avec un s. s. m. : est venuz, 17, 662, 860, 3838, 3935 ; est venut, 3707, et est venud, 230, 774. Avec un s. s. f. : est venue, 2699, 3652. 2e p. p., avec un s. p. m. : estes venud, 3397. 3e p. p., avec un s. p. m. : sunt venut, 2826, 3239, et sunt venuz, 1592. — Plus-que-parf., 3e p. p., avec un s. p. m. : erent venuz, 3949. — Fut., 3e p. s. : vendrat, 54, 1928, 2103. 3e p. p. : vendrunt, 2911. — Impér., 2e p. s. : ven, 3594. 2e p. p. : venez, 953, 2844, 3326, 3508. — Subj. prés., 1re p. s. : vienge, 2939. 3e p. s. : vienge, 2746 ; venget, 1091, 1744, 2680. 3e p. p. vengent, 1838. — Part. pass., s. s. m. : venuz, 17, 662, 860, 3838, 3935 ; venut, 2675, 3707 ; venud, 230, 774. S. s. f. : venue, 2699, 3652 et (?) 3708. R. s. m. : venut, 1550. R. s. f. (?) : venue, 3708. — S. p. m. : venut, 2826, 3239 ; venud, 3397 ; venuz, 1592, 3949.

VENJANCE. R. s. f. (Vindicantiam.) Mult grant venjance en prendrat l’Emperere, 1459. Quant li Emperere ad faite sa venjance, 3975. On disait donc « prendre » ou « faire sa vengeance ».

VENT. R. s. m. (Ventum.) Orez i ad de tuneire e de vent, 1424. — R. s. m., venz : Veit les tuneires e les venz e les giels, 2533.

VENT. Verbe neutr., 3e p. s. de l’ind. prés. de venir (Venit), 2203.

VENTAILLE. R. s. f. La partie du haubert qui s’attachait sur le menton, sous le souffle même ou le vent de la respiration : De sun osberc li desrumpt la ventaille, 3449.

VENTELET. Verbe neut., 3e p. s. de l’ind. prés. Flotte (Ventellat, et non ventilat) : Par la barbe ki à l’ piz me ventelet, 48.

VER. R. s. m. Sanglier (Verrem) : La destre oreille à l’ premer ver trenchat, 732. Mü. a restitué urs. — S. s. m. : vers, 727. (Même restitution.)

VERAI. R. s. Vrai (Veracum) : Deus nus ad mis à l’ plus verai juise, 3368.

VERGE. R. s. f. Bâton (Virgam) : Plus qu’on ne lancet une verge pelée, 3323.

VERGER. R. s. m. (Viridarium), 11, 103, 159, 501. ═ Lire vergier.

VERGOIGNE. S. s. f. (Verecundia.) Dist Oliver : « Vergoigne sereit grant, » 1705.

VERMEILL. Adj., r. s. m. (De Vermiculum.) Jo vos plevis qu’en vermeill sanc (m’ espée) ert mise, 968. Cf. 1576. — R. s. f. : vermeille, 386, 985. — S. p. f. : vermeilz (sic, par erreur), 2872. — R. p. m. : vermeilz, 999, 3800. — R. p. f. : vermeilles, 950. ═ Il faut observer que cet adjectif s’emploie au neutre, sans substantif : Tut li trenchat le vermeill e le blanc, 1299. Tut li trenchat le vermeill e l’azur, 1557. Il s’agit des émaux ou des couleurs de l’écu. D’ailleurs le substantif vermeil (venant de vermiculus, qui, dans saint Jérôme, signifie déjà écarlate, à cause de la cochenille, du petit ver qui donne cette teinture), ce substantif, disons-nous, a pu précéder l’adjectif.

VERNES. R. p. f. Vergues (il est difficile d’admettre l’étymologie virga. À moins que le scribe n’ait écrit vernes, au lieu de verges, ce qui est fort possible) : En sum ces maz e en cez haltes vernes, 2632.

VERRAI. Verbe act., 1re p. s. du fut. de vedeir (Videre-habeo), 316, 2199.

VERRAT. Verbe act., 3e p. s. du fut. de vedeir (Videre-habet), 83, 578.

VERREIZ. Verbe act., 2e p. p. du fut. de vedeir (dans deux laisses en ei), 564, 3754.

VERREZ. Verbe act. Même temps, même personne que le précédent (Videre-habetis), 49, 953, 1079.

VERRUM. Verbe act., 1re p. p. du fut. de vedeir (Videre-habemus), 3179.

VERS. S. s. m. Sanglier (Verres), 727. — R. s. m. : ver, 732. Mü. a, dans les deux cas, restitué urs.

VERS. Prép. 1° « Vers, du côté de, dans la direction de... » (Versus) : Li Empereres tent ses mains vers Deu, 137. Vers Engletere passat la mer, 372. Cf. 702, 706, 2055, 2373, 2693. ═ 2° « Envers, en faveur de... » Cele ne l’veit vers lui ne s’esclargisset, 958. Ce sens est aisément dérivé du premier.

VERSERENT. Verbe neutre ou act., 3e p. p. du parf. simpl. (D’un verbe en are, formé sur versus, part. de vertere, retourner. Versârunt.) Rumpent cez cengles, e cez seles verserent, 3573. Même en se reportant au texte, il est bien difficile de préciser si nous avons ici affaire au neutre ou à l’actif.

VERTE. Adj., s. s. f. (Viridis), 3389. — R. s. f. : verte, 671, 1569, 1614, 2175.

VERTUDABLE. Adj., s. s. m. Fort, vigoureux (d’un mot en abilis, formé sur virtutem) : Vait le ferir cum hume vertudable, 3425.

VERTUT. R. s. f. (Virtutem), 1045, 1246, 1508, 2229, 3111, 3602. — R. p. f. : vertuz, 2096, 2458, 2716. ═ Le sens varie. 1° C’est d’abord celui de « force, puissance physique » : Par grant vertut, si l’est alet ferir, 1246. Cf. 1508, 2229, 3602. ═ 2° « Puissance, force morale » : Seignurs franceis, de Deu aiez vertut, 1045. Et, en parlant du signe de la croix : Seignat sun chef de la vertut poisant, 3111. ═ 3° Au pluriel, vertuz signifie « miracles » : Li ber Gilie por qui Deus fait vertuz, 2096. Cf. le v. 2458, où peut-être le scribe aurait dû employer le singulier. Par extension, les païens y disent de leurs dieux : En Rencesval (malvaises) vertuz firent, 2716.

VERTUUS. Adj., s. s. m. Fort, courageux (Virtuosus) : Grandonie fut... vertuus e vassal cumbatant, 1593, 1594.

VERTUUSEMENT. Adv. Fortement, vigoureusement (Virtuosamente) : Li quens le fiert tant vertuusement — Tresqu’ à l’ nasel tut le helme li fent, 1601, 1602.

VESPRÉE. R. s. f. Soir (Vesperatam) : Passet li jurz, si turnet à la vesprée, 3560.

VESPRES. S. s. m. Soir (Vesperus, et non pas vesper, qui n’expliquerait point l’s final) : Bels fut li vespres e li soleilz fut cler, 157. Esclargiz est li vespres, 1807. — R. s. m. : vespre, 3478 ; vespres, 2447, et vespere : Einz le vespere ert mult gref la departie, 1736. ═ Malgré ce dernier exemple, je pense que vespere se prononçait vespre. Comme écriture, d’ailleurs, vespere semble plus en harmonie avec la physionomie générale de notre texte.

VEST. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. (Vestit.) Vest une bronie, 3141. — Parf. simpl., 3e p. s. : vestit, 3532. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. m., ad vestut : Si ad vestut sun blanc osberc saffret, 2499. Avec un r. s. f. : ad vestue, 2988, et out vestue, 384. ═ Au passif. Parf., 3e p. s., avec un s. s. m. : fut vestut, 3213. — Part. pass., s. s. m. : vestut, 3213. R. s. m. : vestut, 2499. R. s. f. : vestue, 384, 2988. R. p. m., vestuz : Halbers vestuz (véritable incise, ou ablatif absolu), 683. Cf. 611, 1042. R. p. f. : vestues, 3079.

VESTEMENT. R. s. (Vestimentum.) De l’ vestement i ad seinte Marie, 2348. — R. p. : vestemenz, 1613.

VEÜD (avum). Verbe act., 1re p. p. du parf. comp. de vedeir, avec un r. s. m., 3132.

VEÜD (aies). Verbe act., 2e p. s. du parf. du subj. de vedeir, avec un r. s. f., 1960.

VEÜD (ert). Verbe passif, 3e p. s. du fut. de vedeir, avec un s. s. m., 3812.

VEÜD. Part. passé de vedeir, au s. s. m., 3812, et au r. s. m., 3132.

VEÜE. R. s. f. La vue, le sens de la vue (sur un participe de seconde formation en utus, de videre) : L’oïe pert e la veüe tute, 2012.

VEÜT (ai). Verbe act., 1re p. s. du parf. comp. de vedeir, avec un r. s. m., 1083.

VEÜT. Part. pass. de vedeir, r. s. m., 1083.

VEÜZ (ai). Verbe act., 1re p. s. du parf. comp. de vedeir, avec un r. p. m., 1039.

VEÜZ. Part. pass. de vedeir, r. p. m., 1039. Pour les neuf mots qui précèdent, voyez Vedeir.

VEZCUNTES. R. p. m. Vicomtes (Vicecomites) : Cuntes, vezcuntes e dux e almacurs, 849. Cette énumération se rapporte aux Sarrasins.

VI. Verbe act., 1re p. s. du parf. simpl. de vedeir (Vidi), 682.

VIANEIS. Adj., r. s. m. De Vienne (Viennensem) : Ceignent espées de l’acer vianeis, 997. Il ne faut pas se fier à ces attributions d’origine, elles sont trop souvent motivées par l’assonance.

VICTORIE. R. s. f. Victoire (Victoriam) : Nos averum la victorie de l’ champ, 3513.

VIE. S. s. f. (Vita.) Deus ! dist le Reis, si penuse est ma vie, 4000. — R. s. f., vie : Metez le sege à tute vostre vie, 212. Se de mun cors voeill aquiter la vie, 492. Oliver n’enporterat la vie, 964. Puis en perdit e sa vie e ses membres, 1408. Cf. 2388. — R. p. f. : vies, 1926, 2604. ═ Autant de vers cités plus haut, autant de locutions à noter : « La vie de son corps... Emporter la vie... Acquitter la vie... Perdre la vie et les membres. » Il faut remarquer que cette dernière phrase se retrouve, depuis une très-haute antiquité, dans les formules liturgiques du serment des évêques et dans les premiers hommages féodaux.

VIELZ. Adj., s. s. m. (Vetulus.) Il est mult vielz, si ad sun tens uset, 523. Est canuz e vielz, 538. 2° Viel. (par erreur) : Ço est l’Amiraill, le viel d’antiquitet, 2615 ; 3° velz, 905, 929, 970, 3050 ; 4° veilz, 1771, 2409, 2807 ; 5° veillz, 796. — R. s. m. 1° Viell, 2048 ; 2° veill, 2189, 3470 ; 3° velz (par erreur), 171. — S. p. m. : veill, 112. ═ La forme correcte est vielz, etc., ce mot ne se trouvant comme assonance que dans les laisses en ier.

VIENENT. Verbe neutre, 3e p. p. de l’ind. prés. de venir (Veniunt), 2636, 3945.

VIENGE. Verbe neutre, 1re p. s. du subj. prés. de venir (Veniam), 2939.

VIENGE. Même verbe, même temps, 3e p. s. (Veniat), 2746.

VIENT. Verbe neutre, 3e p. s. de l’ind. prés. de venir (Venit), 793, 2055, 2117.

VIES. R. p. f. (Vitas), 1926, 2604. V. Vie.

VIFS. Adj., s. s. f. Vivant (Vivus) : Si li a dit : Vos estes vifs diables, 746. Vif : Se il fust vif, jo l’oüsse amenet, 691. Cf. 2126. Josqu’il seit mort o tut vif recreant, 2663. Cf. 2088. — S. p. m., vif : Guardez, seignurs, que il n’en algent vif, 2061. — R. p. m. : vifs, 1309 (?) et 3047. — S. s. f. : vive, 3719. — R. s. f. : Par vive force, 1627. — R. p. f., vives : Entresque as chars vives, 1613. Partout, excepté dans le premier vers, « un vif diable », ce mot est pris au propre.

VIF. Verbe neut., 1re p. s. de l’ind. prés. de vivre. (Vivo.) Se jo vif alques, 3459. Dulur est que jo vif, 2030.

VIGUR. S. s. f. (Vigor), 3614. — R. s. f. : vigur, 1438, 1611, 3683. ═ Rem. les loc. : de vigur, 1438, et par vigur, 3683, qui, toutes deux, signifient « vigoureusement ».

VIL. R. p. m. (Viles.) Cels ki ci sunt devum aveir mult vil(s), 1240.

VILE. R. s. f. Ville (Villam), 3661.

VILTET. S. s. f. Humiliation, chose vile (Vilitas, vilitatem) : Mult grant viltet me sembl[et], 3595. — R. s. f., viltet : Là murrez vus à hunte e à viltet, 437. Cf. 1064, et viltiet : Franceis murrunt à doel e à viltiet, 904. Ce mot ne se trouve, comme assonance, que dans les laisses en er.

VIN. R. s. (Vinum.) En parlant des derniers honneurs que l’on rend aux corps d’Olivier, de Turpin et de Roland, le poëte dit : Ben sunt lavez de piment e de vin, 2969.

VINC. Verbe neutre, 1re p. s. du parf. simpl. de venir (Veni), 3774.

VINDRENT. Verbe neutre, 3e p. p. du parf. simpl. de venir (Venerunt), 94, 1058, 2976. Pour les deux mots qui précèdent, voy. Venir.

VINT. Nom de nombre, indéclinable (Viginti) : U dis u vint, 41. Vint milie, 13, 3039...

VINT. Verbe neutre, 3e p. s. du parf. simpl. de venir (Venit), 627, 955. S’en vint, 2784. ═ Remarquer l’emploi de ce mot au vers suivant, où le sujet est un neutre sous-entendu, et où le verbe venir devient en quelque sorte un unipersonnel : La noit demurent tresque vint à l’ jur cler, 162.

VIOLAT. Verbe act., 3e p. s. du parf. simpl. (Violavit.) Si violat le temple Salomon, 1524. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. p. f., ad violées : Carles li magnes ad... les citez violées, 704. Cf. 2757.

VIRENT. Verbe act., 3e p. p. du parf. simpl. de vedeir (Viderunt), 2616.

VIS. R. s. m. Visage (Visum, de visus) : Cors ad mult gent e le vis fier e cler, 895. Cf. 142. A la tere sun vis, 2025. Cf. 3505. — R. p. m., vis : Es vis e es mentuns, 626.

VIS. S. s. n. Avis (Visum, du part. de videre) : Mei est vis, 659. Ço m’est vis, 3501.

VISAGE. R. s. m. (Visaticum), 1597, 1978.

VIT. 3e p. s. du parf. simple de vedeir (Vidit), 443, 1040, 1596, 1638, 1643, 3212, 3322.

VIVANT. Part. prés. de vivre, r. s., employé dans le sens d’un véritable substantif : A trestut mun vivant, 323, 791, 872, 2662.

VIVANT. Part. prés. de vivre, r. s. m. (Viventem.) Ne crent hume vivant, 562. Cf. 1074 et 2740. — S. p. m., vivant : Ultre cest jurn ne serum plus vivant, 1477.

VIVE. Adj., s. s. f. (Vivam.) Après Rollant, que jo vive remaigne, 3719. — R. s. f., vive : Par vive force, 1627. — R. p. f., vives : Entresque as chars vives, 1613. V. Vifs.

VIVERE. V. Vivre.

VIVIEN. R. s. m. (Vivianum. Origine latine. Est dans Tacite), 3996.

VIVRE. Verbe neutre, inf. prés. (Videre), 2936 et 3811. Cf. vivere, 1923, qui n’indique d’ailleurs qu’une variante d’orthographe, et non de prononciation. — Ind. prés., 1re p. s. : vif, 2030, 3459. 3e p. s. : vit, 2118. — Fut., 3e p. s. : viverat, 2108 et 3951. — Subj. prés., 3e p. s. : vivet, 497 et 544.

VODE. R. s. f. Destruction ?? (étymologie inconnue, à moins qu’on ne suppose viduus ??) : De chrestiens voelt faire male vode, 918. Il est douteux que le scribe ait bien écrit ce mot.

VOEILL. Verbe act., ind. prés., 1re p. s. (Volo), 309, 522, 651, 1027, 1091, 1701, 3283, 3593, 3907, 3909 ; 2° voeil, 492 ; 3° voell, 2180 ; 4° voel, 3836. (Par erreur, on trouve aussi voelt, 536.) — 3e p. s. : 1° voelt, 127, 167, 868, 918, 2109, 2361, 2523, 2748, 3140, 3271, 3340, 3522, 3625, 3666, 3674, 3980 ; 2° voel, 1600, 2738 ; 3° voet, 147 ; 4° volt, 40, 440, 465, 888, 1208, 1973, 2103, 2226, 2382, 2498, 2548, 2974, 3231, 3404, 3609, 3623, 3696. 2e p. p. : 1° vulez, 433 ; 2° volez, 1672, 2801. 3e p. p. : voelent, 687, 2542. — Imparf. de l’ind., 3e p. s. : vuleit, 2773. Le Ms. porte vuolt, par une erreur manifeste. — Fut., 3e p. s. : vuldrat, 155, 2621 (? vulderat). 3e p. p. : vulderez, 76. — Cond., 1re p. s. : 1° voldereie, 2936 ; 2° vuldreie, 2859, 2929. 3e p. p. : vuldreient (? vuldereient), 426. — Subj. prés., 3e p. s. : 1° voeillet, 1244, 2043 ; 2° voeille, 3834 ; 3° voeile, 2439 ; 4° voellet, 2168 ; 5° voillet, 1419. 3e p. p. : voelent, 1626. — Imparf. du subj., dans le sens du conditionnel : volsist, 332, 3999. ═ Ce verbe n’a pas, dans le Roland, de sens particulier qu’il soit utile de noter...

VOEIZ. R. s. f. Voix (Vocem), 3767. C’est une erreur manifeste du Scribe. V. Voiz.

VOIDE. R. s.. Vide, désert (Viduam) : En une voide place, 1668. Cf. 2400 et le mot vode ?

VOIS (au lieu de vais). Verbe neutre, ind. prés., 1re p. s. (Vado), 270.

VOIZ. S. s. f. Voix, son. (Vox.) En parlant du cor de Roland, le poëte dit : Halt sunt li pui e la voiz est mult lunge, 1755. — R. s. f., voiz : A voiz escriet, 1518. — S. p. f., voiz : Sunent cez gresles, les voiz en sunt mult cleres, 3309.

VOLENT. Verbe neutre, 3e p. p. de l’ind. prés. de voler (Volant), 723. V. Volet.

VOLENTERS. Adj., s. s. m. Volontiers (Voluntarius) : Jamais n’ert hume plus volenters li serve, 2254. Cf. 2672. La forme correcte serait volentiers.

VOLET. Verbe neutre, ind. prés., 3e p. s. (Volat) : Plus est isnels que n’est oisel ki volet, 1573. Et, au figuré : Cuntre le ciel en volet li fous, 3912. 3e p. p., volent : Envers le cel en volent les esclices, 723.

VOLEZ. Verbe act., 2e p. p. de l’ind. prés. de vuleir, 1672, 2801.

VOLSIST. Verbe act., 3e p. s. de l’imparf. du subj. de vuleir, employé dans le sens du conditionnel. (Voluisset.) Mais li quens Guenes iloec ne volsist estre, 332. Cf. 3999.

VOLT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. pres. de vuleir (Vult), 40, 440, 465, 888, 1208, 1973, 2103, 2226, 2382, 2498, 2548, 2974, 3231, 3404, 3609, 3623, 3696. Cf. trois autres formes de ce mot, au mot voeill.

VOLTICE. R. s. f. À voûte, voûtée (Volutitiam.) : En sa cambre voltice, 2593, 2709, 3992. Ce mot n’est appliqué qu’à camera, qui garde ainsi son sens antique.

VONT. Verbe neutre, 3e p. p. de l’ind. prés. (Vadunt), 1166. Cf. vunt, 1169, 2461, 2463, et s’en vunt, 1911.

VOS. Pronom pl. de la 2e personne. 1° Venant de vos, au cas sujet : Vos li durrez, 30, etc. etc. — 2° Venant de vos, au cas régime : vos siurat, 136. Ne vos esmaiez, 320. — 3° Venant de vobis : Jo vos durrai or e argent, 75. ═ Comme emploi spécial, ou peut signaler la loc. as vos : As vos poignant Malprimes de Brigant, 889. ═ Cf. vus, qui est la forme correcte et justifiée par toute la phonétique de notre manuscrit, bien que vos s’y rencontre 189 fois, et vus, 33 fois seulement. Mais, alors même que le scribe écrivait vos, il prononçait vus (vous), comme l’atteste le mot vos qui figure comme assonance dans un couplet en u (v. 2561). Et nus de même (2425, 2560, 3183).

VOS au lieu de voz (Vestros, vestras), 1926. Erreur du scribe. V. le suivant.

VOSTRE. Adj. ou pr. possessif, s. s. m. (Vester) : Jointes ses mains iert vostre comandet, 696. Mar fut vostre barnage, 1983. Canabeus, vostre frere, est ocis, 3499. Cf. 3841. — S. s. f. : vostre. — R. s. m., vostre : Perdut avez Malpramis vostre filz, 3498. — R. s. f., vostre : Pur venger vostre hunte, 3539. Cf. 1726. — R. p. m., voz : A voz Franceis un cunseill en presistes, 205. Dunt bien purrez voz soldeiers luer, 133. Cf. 74, 154, 207, 1548, et vos (par erreur), 1926. — R. p. f., voz : Branches d’olive en voz mains porterez, 72. Clamez voz culpes, 1132, et vos (par erreur), 1926.

VOZ. V. le précédent.

VULDEREZ. Verbe act., 2e p. p. du fut. de vuleir (Volere habetis), 76.

VULDREIE (ou vuldereie). Verbe act., 1re p. s. du cond. de vuleir (Volere habebam), 2589, 2929.

VULDREIENT (ou vuldereient). Verbe act., 3e p. p. du cond. de vuleir (Volere habebant), 412.

VULDRAT (ou vulderat). Verbe act., 3e p. s. du fut. de vuleir (Volere habet), 155, 2621.

VULEIT. V. Vuolt.

VULEZ. Verbe act., 2e p. p. de l’ind. prés. de vuleir, 433.

VUNT. Verbe neutre, 3e p. p. de l’ind. prés. (Vadunt), 1169, 2461, 2463 ; vont, 1166, et s’en vunt, 1911.

VUOLT. Verbe act., 3e p. s. de l’ind. prés. de vuleir, 2773. Mais il y a ici une erreur manifeste du scribe.

VUS. Pron. pl. de la 2e p., 27, etc. etc. Cf. vos. ═ Ajoutons seulement ici que le scribe employait ad libitum l’une et l’autre de ces deux formes : vos et vus. C’est ce que prouve le vers suivant : Nus vos preium, 3808. ═ Müller préfère, comme nous l’avons fait, vus à vos. (V. le vers 1721 de son édition.)

W

WIGRES. R. p. m. Dards, flèches ou javelots (?) : Il lancent lor e lances e espiez, — E wigres e darz, 2074, 2075. Cf. 2155.

WILLALME. S. s. m. Nom d’un baron français (Willelmus ; mot d’origine germanique, Will et helm. V. Pott, p. 161) : Geifrei d’Anjou e Willalme de Blaive, 3938.

Y


YDELES. R. p. Idoles (Idola) : E tuz ses ydeles que il soelt adorer, 2619. On prononçait ydles, comme le prouve encore le vers suivant, où nous trouvons ce même mot au féminin : Fruissent les ymagenes e trestutes les ydeles, 3664.

YMAGENE. R. s. f. Image des faux dieux (Imaginem) : E un(e) ymagene Apolin le felun, 3268. — R. p. f. : ymagenes. Baligant, dans la prière qu’il adresse à Apollin, Mahumet et Tervagant, leur dit : Tutes voz ymagenes (vos re)ferai d’or fin, 3493. Et la première chose que fait Charles, entré dans Saragosse, c’est d’y détruire les « images » des dieux païens : Fruissent les ymagenes e trestutes les ydeles, 3664. On prononçait Ymages.

YVORIES. R. s. m. Nom d’un des douze Pairs. (Ivorie est inséparable d’Ivon : tous deux combattent et meurent ensemble, et je pense qu’on a accouplé à dessein ces deux noms, en forgeant le second sur le premier, comme peut-être on l’a fait ainsi pour Gerer et Gerin.) 1895. V. Ivorie.

Nous préparons, d’après le présent Glossaire, un Mémoire sur la langue de la Chanson de Roland (texte d’Oxford).