La Chanson d’un gas qu’a mal tourné/L’Enseigne


L’Enseigne


        Su’ la rout’ d’Orléans à Bloués
                C’est un rouleux qu’est pris d’froued,
        Et v’là qu’i’ s’laiss’ prend’, par la nuit,
        À c’tte heure, en avant d’Beaugency !
        L’aubargiste a mal à ses nerfs,
                Qu’il en fout tout à l’envers !

                                  Refrain

                Ah ? queu cochon d’vent !
        Su’ la rout’ i’ vous coupe en deux !
Au bourg, i’farraill’ l’enseign’ du « Ch’val Blanc » !
                Ah ! queu cochon d’vent !
        Pauv’er rouleux ! Pauv’er logeux !

        « Môssieu, s’ou plaît !… ça vient du nord
                À pas fout’e un chien dehors.

        Lôgez-moué sous la r’mise aux ch’vaux ?
        — Non ! L’aut’ jour, j’ai r’çu deux ch’minots :
        (Les gâs coumm’ vous, ça n’a pas d’soin)
                I’s ont mis l’feu dans mon foin ! »

        Là-dessus, l’bon logeux s’fourre au lit.
                Mais queu nuit ! Coumment dormi ?
        C’tte garc’ d’enseign’ qui gueul’ tout l’temps !
        Quant au rouleux, s’couch’ en plein vent…
        Les grains d’sable d’la Mort sont lourds,
                Et v’là qu’i’ dort coumme un sourd.

                        Dernier refrain

                Ah ! queu cochon d’vent !
        Su’ la route i’ vous coupe en deux !…
Au bourg, i’ farraill’ l’enseign’ du « Ch’val Blanc » !
                Ah ! queu cochon d’vent !…
        Chanceux d’rouleux… pauv’er logeux !…