La Chanson d’Ève/Et je vis à l’entrée

Société du Mercure de France (p. 78).

*

Et je vis à l’entrée
De mes bosquets, ce soir,
Étrange et merveilleux,
Sa main blanche appuyée
À cet arbre aux fruits d’or,
Dont l’approche est fatale et l’atteinte
Mortelle, un jeune dieu.

Des roses couronnaient ses cheveux d’hyacinthe,
Et son visage ressemblait à l’amour.

Ni mes pas assoupis dans les fleurs de la terre,
Ni le son de mon cœur ne pouvaient le distraire
De ses songes. Il regardait dans le ciel bleu
Une étoile pâle,
Comme lui-même, et solitaire,
D’un long regard d’adieu.