La Cathédrale de Lyon/II/8

Henri Laurens (p. 39-41).

Transept et clochers. — Les croisillons surmontés aux deux extrémités par les deux grands clochers, furent élevés en même temps que la nef

sur de puissantes assises en matériaux romains, mais seulement jusqu’à la naissance des ogives qui portent les voûtes. Celles-ci ont été construites peu après, au XIIIe siècle.

La construction accuse cependant des indécisions et des modifications, principalement dans les arcatures du triforium qui suivent immédiatement la partie élevée au-dessus des deux chapelles. Les crochets des chapiteaux ne s’épanouissent pas encore en feuillages, mais se terminent par de simples boules. Des colonnettes semblent avoir subi comme une sorte de torsion qui rappelle les ondulations de certains pilastres de l’abside. Ces différences s’expliquent soit par les essais timides des constructeurs qui expérimentaient une architecture nouvelle, soit par des interruptions provoquées par l’insuffisance des ressources. Seules les arcades de la travée, à l’angle de la nef, ont été montées en même temps qu’elle et accusent les caractères du XIIIe siècle dans tout son épanouissement.

Les parties hautes des murs de fond du transept sont ajourées de magnifiques roses rayonnantes qui l’illuminent des feux multicolores de leurs vitraux. Au-dessus s’élèvent deux tours massives et carrées. Celle du nord appartient tout entière au XIIe siècle, mais celle du midi, connue sous le nom de la Madeleine, à cause des deux chapelles dédiées à sainte Madeleine, situées au-dessous de la tour, ne fut élevée qu’au XVe siècle.

Quel devait être le couronnement de ces tours restées inachevées faute de ressources et couvertes d’un toit provisoire ? Cette question, qui a souvent été agitée, est difficile à résoudre, la maçonnerie de la tour septentrionale n’étant pas terminée. Quant à celle du midi, couronnée par une balustrade ajourée qui attend encore ses clochetons d’angle et de milieu, on ne constate pas la présence de trompes dans les angles supérieurs, ce qui, a priori, pourrait exclure la probabilité de flèches élancées. Le constructeur avait peut-être, simplement, prévu une flèche, en forme de pyramide carrée et peu élevée, rappelant celles qui devaient surmonter les tours de la façade, dont les amorces sont encore très visibles ?

Avant 1562, onze cloches constituaient la sonnerie de la cathédrale. Deux d’entre elles seulement échappèrent aux ravages des calvinistes. Elles se trouvent dans la tour du nord. La « grosse cloche », fondue en 1568 aux frais des chanoines-comtes, eut pour marraine Anne de Bretagne, femme de Louis XII et fut baptisée sous le nom de Marie. Elle fut refondue en 1622 avec le même métal. C’est le fameux « bourdon » de Saint-Jean, si populaire à Lyon par la puissance et la gravité de ses sons : il pèse 8.300 kilogrammes, mesure 2m,19 de diamètre et donne le la bémol. Une seconde cloche date de 1671 et porte encore le vieux nom de Quart-Sing.