II

Visite mystérieuse


Raoul renonça. Aucune explication n’aboutirait avec Félicien. Aucune menace de danger n’entamerait une insouciance, peut-être apparente, mais qui avait la valeur d’une résistance inflexible. Les paroles ne lui arracheraient pas son secret.

Il fallait donc agir.

Les événements ne s’y prêtèrent pas, au début. Faustine était retournée à son service de la clinique. Félicien, qui déjeunait en même temps qu’elle au pavillon, déjeuna dorénavant à la villa des Clématites et y passa l’après-midi.

Au cinquième jour, Raoul, pour se rendre compte, y alla également.

La cuisinière ouvrit et lui dit :

— Je crois que mademoiselle est sur la pelouse. Si monsieur veut bien la rejoindre par la salle à manger.

Dans le hall, deux portes se présentaient. Raoul entra dans la salle. Mais, au lieu de descendre au jardin, il jeta un coup d’œil à travers les rideaux de tulle tendus sur les portes vitrées du studio. Un spectacle imprévu l’y attendait.

Sur la gauche de la pièce, en pleine lumière, face à Félicien qui était assis devant son chevalet de peintre, Faustine posait, les épaules largement découvertes, les bras nus.

Raoul fut mordu par un sentiment d’irritation auquel il mêlait — il ne s’en défendit pas vis-à-vis de lui-même — une mauvaise humeur jalouse.

« La gueuse ! pensa-t-il, qu’est-ce qu’elle fait là ? Et que lui veut ce galopin ? »

Il la voyait bien en face, mais les yeux de la jeune femme regardaient un peu de côté vers la large baie ouverte sur la pelouse et l’étang. Les épaules inondées de clarté étaient pleines, harmonieuses, d’une blancheur un peu dorée. Une fois de plus, et c’était là un souvenir qui le hantait souvent, il évoqua la radieuse Phryné du sculpteur.

Sans bruit, il entre-bâilla la porte, curieux de les entendre parler et il s’avisa que les deux fiancés, Rolande et Jérôme Helmas, étaient assis sur le rebord de la fenêtre, les jambes en dehors.

Ils causaient à voix basse. De temps à autre, Félicien Charles tournait la tête vers eux.

Et Raoul eut la conviction profonde que tout le drame des Clématites et de l’Orangerie, le premier des deux drames, était là, dans le studio, et se jouait entre les quatre personnages qui s’y trouvaient. Inutile de chercher en dehors de ces quatre acteurs. Tragédie d’amour, ou de haine, ou d’ambition, ou de jalousie, tout bouillonnait en ce cadre restreint, Tous quatre semblaient calmes et attentifs à leurs occupations actuelles. Mais le passé et l’avenir, le crime et la punition, la mort et la vie, s’affrontaient comme des adversaires effrénés.

Quelle était la part de chacun dans ce conflit ? Quel rôle Félicien, qui aimait, à n’en point douter, Rolande, jouait-il entre les deux fiancés ?

Comment Faustine, l’infirmière, s’était-elle introduite dans ce milieu ? Et pour quelles raisons, Rolande, d’une classe si différente, l’y avait-elle admise ? Autant de questions insolubles.

Cependant, les deux fiancés ayant disparu dans le jardin, Raoul entra doucement, et, lorsque Faustine ramena les yeux vers le chevalet, elle le vit, au-dessus du chevalet et de Félicien.

Tout de suite, confuse et rouge, elle se couvrit d’un châle.

— Ne vous dérangez pas, Félicien, dit-il. Mais, mon Dieu, que vous avez là un beau modèle !

— Admirable, et dont je suis tout à fait indigne, avoua le jeune homme.

— Vous n’avez donc pas de prétentions ?

— Aucune, devant tant de beauté.

Raoul ricana :

— Et vous, Faustine ? Ça vous amuse plus de poser dans cette tenue que de soigner vos malades de la clinique ?

— Il y a peu de malades en ce moment, dit-elle, et mes heures d’après-midi sont libres.

— Et vos soirées aussi, et vos nuits également. Profitez-en, Faustine. Profitez de votre jeunesse.

Il rejoignit les deux fiancés dans le jardin et les félicita de leur mariage, tout en observant Rolande. Il la trouva moins éblouissante, certes, que Faustine, d’une beauté moins théâtrale, mais elle était plus émouvante, et, comme Faustine, offrait ce charme sensuel du visage et des formes qui trouble plus que la beauté même. Jérôme Helmas la contemplait avec une admiration passionnée.

Jérôme devant finir la journée à Paris, Rolande et Raoul le conduisirent vers le potager de l’Orangerie, par où il sortirait. Ainsi passèrent-ils devant l’emplacement des marches sinistres dont la rupture avait causé la chute, puis la mort d’Élisabeth. Les deux jeunes gens n’y parurent point faire attention. Chaque jour, ils se promenaient de ce côté. Ils s’arrêtèrent même, insouciants et flâneurs, et regardèrent à l’autre bout de l’étang, près de l’impasse, la barque du riverain qui se balançait, montée par trois hommes, Goussot et deux de ses inspecteurs, dont l’un raclait le fond de l’eau.

— L’instruction continue, dit Jérôme. On cherche l’arme avec laquelle nous avons été frappés, Simon Lorient et moi.

Rolande eut un frisson et chuchota :

— Cela ne finira donc jamais, ce cauchemar ?

Jérôme prit congé d’elle, Rolande et Raoul s’en retournèrent lentement aux Clématites, et Raoul dit à sa compagne, d’un ton qui soulignait sa pensée secrète :

— Est-ce que vous continuerez d’habiter cette villa après votre mariage ?

Elle répliqua :

— Oui, je, crois… nous ferons les aménagements nécessaires…

— Mais, sans doute, après un voyage ?… un long voyage ?

— Rien n’est encore fixé.

Il lui posa d’autres questions. Rolande, qui répondait par petites phrases vagues, coupa court à cet interrogatoire en disant :

— Quelqu’un a sonné à la porte d’entrée. Je n’attends cependant aucune visite.

Au moment où ils atteignaient le perron, le bruit d’une dispute leur parvint, qui, tout de suite, s’enfla en querelle bruyante. Ils perçurent la voix du domestique Édouard qui s’exclamait furieusement :

— Vous n’entrerez pas ! Moi vivant, vous ne mettrez pas les pieds dans cette maison.

Rolande traversa en courant la salle à manger. Félicien et Faustine étaient déjà dans le vestibule.

Près de l’entrée, le vieux domestique essayait de barrer le passage à un monsieur âgé qui disait doucement :

— Je vous en prie, modérez-vous. Je désire parler à Mlle Rolande… Veuillez l’avertir de ma visite.

Rolande, arrêtée sur le seuil, examina le nouveau venu et prononça :

— Je ne crois pas avoir l’honneur, monsieur…

Sans mot dire, il lui tendit sa carte. Elle y jeta : un coup d’œil et fut troublée.

Il insista comme s’il craignait une rebuffade.

— Je désire vous parler, Rolande… Cette entrevue est indispensable… Vous ne pouvez la refuser… dans votre intérêt même…

Il était voûté, tout blanc de cheveux, avec des traits fins et distingués, et d’une pâleur excessive qui indiquait la maladie et l’épuisement.

Après une hésitation, elle ordonna au domestique :

— Laissez-nous, Édouard… Si, laissez-nous, je le veux.

Édouard sortit, furieux. Alors, s’adressant au monsieur, elle lui dit :

— Je regrette que mon fiancé ne soit pas là. Je vous l’aurais présenté.

— Je sais en effet que vous êtes fiancée, Rolande…

— Oui, à Jérôme Helmas.

— Je sais… Il devait épouser votre sœur, n’est-ce pas ?

— Il devait l’épouser.

Il reprit :

— J’ai bien connu sa mère autrefois. Il était tout enfant.

Mais Rolande parut se refuser à poursuivre la conversation devant témoins, et elle lui dit :

— Montons dans mon boudoir, monsieur, nous serons mieux pour causer. Je vous conduis.

Elle le conduisit. Il montait lentement, avec effort.

Raoul n’eut besoin que d’un coup d’œil pour être persuadé que Félicien et Faustine étaient aussi intrigués que lui, et que rien, pour eux, n’expliquait cette visite.

Ils attendirent tous les trois, chacun d’eux s’occupant à sa manière, et silencieusement.

Ce n’est qu’au bout de deux heures que le monsieur redescendit, soutenu par Rolande. Elle avait les yeux rouges et la figure bouleversée.

— Alors, Rolande, votre mariage… à quel date ?

Elle riposta nettement, comme si elle prenait une décision soudaine.

— Douze jours. Le temps de publier les bans.

— Soyez heureuse, Rolande.

Il l’embrassa sur le front, tandis qu’elle pleurait, puis elle se dégagea doucement et le mena jusqu’à la porte.

— J’aurais pu vous accompagner ? dit-elle.

— Non, la gare n’est pas loin. Je préfère y aller seul. À bientôt, Rolande. Je serais si heureux de vous voir chez moi ! Vous me l’avez promis. Mais ne tardez pas trop, Rolande.

Il ne se retourna point. Rolande le suivit du regard, referma la porte et rentra pensivement au studio. Sans attendre, Raoul était sorti par la salle à manger et quittait la villa des Clématites avec l’intention de suivre l’inconnu et de recueillir quelque renseignement. Mais il l’aperçut aussitôt dans l’avenue, qui s’appuyait au bras d’un domestique en tenue de chauffeur. Près de la route Nationale, une auto de maître stationnait. Le chauffeur l’y fit monter et ils partirent. Raoul ne put que constater que l’auto était fort poussiéreuse, comme si elle avait déjà fait, pour venir, un long trajet.

Vers 7 heures, il accostait Faustine, alors qu’elle quittait la clinique.

— On ne sait rien sur ce bonhomme ? Rolande n’a rien dit ?

— Non.

— Parbleu ! fit-il, on vous en aurait parlé que vous n’en souffleriez pas mot ! Soit, je me débrouillerai tout seul. Ce n’est pas bien difficile, en l’occurrence, et c’est encore un peu de vérité qui va s’ajouter à tout ce que j’ai découvert. Nous avançons, Faustine.

Il lui dit, d’une voix plus âpre, agressive :

— Autre chose. Quel jeu jouez-vous aux Clématites ? Vous voici l’amie de la maison. À quel titre ? Qu’y a-t-il de commun entre vous quatre ? Est-ce pour tourner la tête à Félicien que vous déployez vos grâces ? Halte-là, ma petite ! Sans quoi, j’escamote le jeune homme et vous en seriez pour vos frais.

Elle ne se fâcha pas et sourit :

— Ai-je fait des frais pour vous plaire ?

— Ma foi non !

— Et cependant, je vous plais.

— Et rudement, même ! dit-il radouci et riant à son tour. Et c’est peut-être pourquoi je perds un peu la tête…

Le soir et le lendemain matin, Raoul effectua une enquête qui le conduisit en vingt minutes d’auto devant un asile de vieillards situé près de Garches. Sur sa demande, on fit venir dans le parloir, le père Stanislas, brave homme tout branlant et cassé en deux, auquel il exposa le but de sa visite.

— Vous êtes originaire de la commune du Vésinet, et vous y avez séjourné comme domestique plus de quarante ans, dont trente années chez le même patron, qui était le père de M. Philippe Gaverel, propriétaire actuel de la villa l’Orangerie. Je ne me trompe pas, n’est-ce pas ? Or, la municipalité du Vésinet vous a compris dans une distribution de secours, et je suis chargé par elle de vous remettre un billet de cent francs.

Après cinq minutes d’effusions et une heure de bavardage sur le Vésinet, sur les habitants du Vésinet, sur les personnes qui fréquentaient l’Orangerie, sur les personnes qui occupaient les villas voisines de ces personnes, Raoul savait exactement ce qu’il voulait.

En particulier, il savait que le père d’Élisabeth et de Rolande, M. Alexandre Gaverel, frère de l’oncle Philippe, s’entendait mal avec sa femme. C’était un coureur, qui la rendait malheureuse. C’était aussi un jaloux qui, à la fin, avait eu sans doute quelque motif d’être jaloux, vu l’assiduité que montrait auprès du ménage un parent éloigné de Mme Alexandre Gaverel.

— Bref, raconta Stanislas, il y eut des discussions, qu’on entendait du jardin de l’Orangerie, et, un jour — tenez Mlle Élisabeth venait de prendre ses trois ans — un jour, M. Alexandre mit à la porte le cousin de madame, même qu’ils se battaient dans le vestibule, et que le domestique Édouard, un copain à moi, dut donner un coup de main à son patron. Ce qu’ils criaient ! Chez nous, à la Cuisine, on disait que le vrai père de Mlle Élisabeth c’était le cousin Georges Dugrival.

— Mais le ménage Gaverel se raccommoda ? dit Raoul.

— Tant bien que mal. Même qu’ils eurent une fille trois ou quatre ans plus tard, Mlle Rolande. Seulement, lui se remit à faire la noce, même qu’il finit par mourir, d’un coup de sang après une bombe à Paris avec des camarades.

— Et on ne revit pas le cousin ?

— Jamais. Seulement, tous les ans, jusqu’à sa mort, Mme Alexandre passait l’été avec ses filles au bord de la mer, à Cabourg. Et Cabourg, c’est à vingt kilomètres de Caen, où habite maintenant M. Georges Dugrival, le cousin de Mme Alexandre. Même que chez nous, à la cuisine, on disait qu’on l’avait rencontré plusieurs fois sur la plage de Cabourg avec Mme Alexandre, en dehors des deux petites, bien entendu. Et la cuisinière, à l’Orangerie, a dit une fois : « Vous verrez qu’il laissera toute sa fortune à Mlle Élisabeth. C’est couru d’avance. La chose est convenue entre lui et Mme Alexandre. Ah ! elle aura une grosse dot, Mlle Élisabeth !… »

Raoul fut enchanté de son expédition. Plus il y réfléchissait, et plus il comprenait l’importance des résultats acquis. Tout un noyau de lumière se formait autour de ce confit de famille, dans lequel il pressentait l’origine de tant d’actes ténébreux qui commençaient à prendre pour lui une certaine signification.

L’après-midi et le jour suivant, il passa aux Clématites, où il retrouva, malgré l’accueil cordial qu’on lui réservait, cette même impression d’isolement que la première fois, et cette même atmosphère pathétique. Chacun vivait en soi, avec ses pensées propres et son but particulier. À quoi songeaient tous ces gens-là ? De temps à autre, Rolande et Jérôme échangeaient un regard affectueux. Et de temps à autre, les yeux de Félicien quittaient Faustine et le portrait qu’il peignait pour regarder Rolande et Jérôme.

Dans le silence, Rolande dit à son fiancé :

— Vos papiers sont prêts, Jérôme ?

— Certes.

— Les miens aussi. Nous sommes le mardi 7. Fixons notre mariage au samedi 18, voulez-vous ?

Jérôme lui prit la main et la baisa avec une exaltation où se révéla toute l’ardeur de son amour. Elle sourit et ferma les yeux.

Félicien travaillait avec application.

Raoul se dit :

« Le 18 septembre, c’est dans onze jours. Il faut que d’ici là tout se déclenche et que leurs passions fassent éclater la vérité, encore si lointaine et si complexe. »

Il n’avait plus été question de la visite mystérieuse reçue par Rolande. Quelle en avait été la cause ? Pourquoi Rolande, si hostile au début, semblait-elle si douce et si émue au départ ? Et Jérôme Helmas avait-il été mis au courant ?

Le samedi 11 septembre, Raoul fut mandé par Rolande aux Clématites où l’inspecteur Goussot devait venir à 3 heures pour communication importante. Rolande désirait que M. d’Averny et Félicien Charles en fussent témoins.

Raoul fut exact au rendez-vous, Félicien également. Faustine ne parut pas.

La communication que fit l’inspecteur Goussot fut brève. Affectant de ne pas remarquer la présence de Raoul et de Félicien, il ne s’adressa qu’à Rolande et à Jérôme.

— Voilà plusieurs lettres anonymes que nous recevons. Toutes sont dactylographiées, d’une façon d’ailleurs assez maladroite, et toutes sont mises à la poste, la nuit, au Vésinet. Mon enquête, qui a porté sur les personnes ayant une machine à écrire, a dû être connue, car ce matin on a trouvé une machine, de fabrication ancienne, sur un tas de détritus, à trois kilomètres d’ici. Mais, une dernière fois, on s’en était servi hier, et le soir, arrivait à la Préfecture, cette lettre dont je vous prie d’écouter la lecture :

« Le long de l’avenue où Simon Lorient a été frappé, au cours de la fameuse nuit, s’étend une propriété inhabitée depuis des mois, et dont le mur bas est surmonté d’une grille. À travers les barreaux de cette grille, on aperçoit un mouchoir sous les feuilles des arbustes. Peut-être serait-il bon de vérifier la provenance de ce mouchoir. »

J’ai suivi le conseil donné, continua l’inspecteur principal. Ce mouchoir, que voici, est évidemment sali et mouillé par la pluie et la rosée. Mais il est facile de distinguer la marque longue, anguleuse et rousse que laisse un couteau rougi de sang que l’on essuie avec un linge. Comme initiales, il n’y en a qu’une, ainsi que sur la plupart des mouchoirs achetés dans les magasins : la lettre F. Puisque vous êtes là, monsieur Félicien Charles, voulez-vous ?

Félicien obéit. Goussot fit la comparaison :

— Pas d’initiale sur celui-ci. Mais, on peut s’en rendre compte, même toile fine, et rigoureusement les mêmes dimensions. Je vous remercie. Ces pièces seront versées à l’instruction et le service du laboratoire examinera si les taches brunes sont des taches de sang. En ce cas, il y aurait là une charge des plus graves contre celui qui a frappé Simon Lorient et qui avait d’abord frappé M. Helmas.

L’inspecteur n’en dit pas davantage, salua les deux fiancés et sortit.

— Mon cher Félicien, observa Raoul en se levant, les événements se précipitent. La police n’a plus le moindre doute à votre égard. D’ici quelques jours, M. Rousselain sera obligé de vous rappeler dans son cabinet, et alors…

Félicien ne répondit pas, Il semblait penser à bien autre chose. Raoul le détestait.



Le soir, après son dîner, comme il passait dans l’ombre du jardin, il y eut, sur l’avenue, un léger coup de sifflet et il vit une silhouette de femme qui cheminait le long du grand lac, et s’en allait, vers la gauche, dans une direction opposée à la villa des Clématites.

Raoul pensa que le sifflement devait être un signal. Et, de fait, Félicien ne tarda pas à surgir du pavillon. Il ouvrit doucement la barrière et tourna, lui aussi, vers la gauche.

Raoul eut soin de prendre par l’intérieur du Clair-Logis et par l’issue du garage.

Il discerna sur le sentier qui borne le lac deux silhouettes qui s’éloignaient. La nuit n’était pas encore bien épaisse. Il reconnut Félicien et Faustine qui parlaient avec animation.

Il les suivit de très loin.

Ils franchirent le pont et s’assirent sur le même banc où il avait vu Rolande et Jérôme Helmas.

Comme ils lui tournaient le dos, il put, sans crainte, s’approcher d’eux à un intervalle de vingt-cinq ou trente mètres.

Très nettement, il se rendit compte que Félicien était dans les bras de Faustine et que sa tête reposait sur l’épaule de la jeune femme.