La Bouquetière de Tivoli/Chapitre 38

L. de Potter (Tome Vp. 173-229).


CHAPITRE TRENTE-HUITIÈME


Nous savons maintenant vaguement, par la lettre de Curtius, ce qui s’était passé au château des Soulayes.

Publicola, galopant jusqu’à Auxerre, était allé chercher du secours.

Une compagnie d’infanterie l’avait suivi.

Le château avait été occupé sans résistance.

Cela avait tenu à une circonstance tout à fait extraordinaire.

L’absence du père Brulé et de son fils le Bouquin.

Qu’étaient-ils devenus ?

C’est ce que nul ne savait aux Soulayes, d’où ils étaient partis la veille au soir, et où ils n’étaient pas rentrés.

Pour le savoir, il faut se reporter à cet instant où, dans la cave du colombier en ruines, Brulé, après avoir fait feu par deux fois inutilement sur son fils, s’était trouvé en présence du pistolet chargé que le Bouquin braquait sur lui.

— Ah ! papa, lui avait dit le Bouquin, vous vouliez donc tuer votre fils ? Eh bien, c’est lui qui va vous tuer.

Brulé se vit perdu, car l’accent du Bouquin était froid et résolu.

Il tomba sur ses genoux et s’écria :

— Malheureux ! oseras-tu donc tuer ton père ?

— Vous vouliez bien tuer votre fils… vous… Mais je suis meilleur, moi…

Brulé respira.

— Je vas vous donner le temps de faire une prière, ajouta l’enfant avec un calme féroce. Allons ! papa, si vous croyez à Dieu, voilà le moment de vous en servir…

— Ah ! brigand ! ah ! misérable ! hurla Brulé, qui voulut s’élancer sur son fils.

Mais le Bouquin avança le bras :

— Un pas de plus, dit-il, et vous êtes mort !

— Je suis vaincu… murmura Brulé avec rage… Oh !… être le père d’un pareil monstre !

— Nous nous valons, papa, ricana le Bouquin. C’est moi qui vous le dis. Mais, faites donc votre prière.

Brulé écumait de rage.

— Ah ! tu vas me tuer, dit-il, mais je mourrai sans parler. Tu ne sauras rien.

— Bon ! fit le Bouquin, c’est une manière de gagner du temps que vous avez là, papa.

— Tu ne sauras pas où est mon argent.

— Mais si, je le sais… dans le trou à renards…

Brulé secoua la tête.

— Tout n’est pas là, dit-il.

— Allons ! papa, dit le Bouquin, convenez-en tout de suite, vous voudriez causer un brin, avant de vous en aller dans l’autre monde…

« Eh bien, causons ; je suis bon enfant, moi ; j’ai de la patience…

« Mais asseyez-vous là-bas, sur cette pierre, à une bonne distance. C’est dans votre intérêt, ce que je vous en dis… un malheur est si vite arrivé…

Brulé se sentait livré et poings liés à son fils.

Il s’assit.

— Pauvre papa, ricana le Bouquin, faut-il que l’amour de l’argent vous ait fait perdre la tête… Vous ne m’auriez pas plutôt vu mort que vous en auriez eu un fier regret.

— C’est possible ! dit Brulé.

— Nous vivions si bien ensemble du temps des flambées !

— C’est vrai !

— Nous nous entendions comme la tête et le chapeau… tandis que maintenant, je vais être tout seul, moi…

Brulé fut repris d’une crainte vague.

— Car enfin, murmura le Bouquin, vous sentez bien qu’il faut que je me débarrasse de vous ; sans ça, vous vous débarrasseriez de moi.

— Oh ! non, dit Brulé, et si tu veux faire la paix.

— La paix ! allons donc !

— Tiens, nous partagerons tout, l’argent, le linge, tout.

— Je n’ai pas confiance, dit Bouquin. Si je vous laisse sortir d’ici, vous rechargerez votre fusil et vous me tuerez comme un poulet.

— Je te jure que non.

— Il me faut des garanties…

— Eh bien, parle je t’en donnerai.

— D’abord, dit le Bouquin, vous allez remettre le coffre dans ce trou-là.

— Pourquoi donc ?

— Mais parce que nous le retrouverons toujours quand nous le voudrons.

— Il vaudrait mieux l’emporter.

— Non, j’ai mon idée…

— Mais cependant…

— Ah ! papa, dit le Bouquin, je n’ai pas le temps de flâner, moi. Je veux bien vous pardonner, mais à une condition : c’est que vous m’obéirez.

Brulé courba la tête, et toujours sous la menace de ce pistolet braqué vers lui, il remit le coffre dans le trou et l’enterra de nouveau.

Alors le Bouquin retira une corde de sa poche.

— Qu’est-ce que tu vas faire ? demanda Brulé.

— Je prends mes sûretés, papa.

Et sans lâcher son pistolet, le Bouquin fit un nœud coulant à la corde, en garda une extrémité et jeta l’autre aux pieds de son père.

— Passez vos mains là-dedans, papa.

Brulé n’avait pas le choix, il obéit.

Le Bouquin tira la corde à lui, et Brulé se trouva les mains liées et hors d’état de prendre son fils à la gorge.

— Mon bonhomme de père, dit alors le Bouquin, faut sauver les apparences. Entortillez vos mains sous votre blouse, on croira que vous avez froid.

— Mais où veux-tu me conduire ?

— C’est mon secret.

Le Bouquin prit le fusil paternel, le jeta sur son épaule et garda le pistolet à la main.

Puis, ouvrant la porte de la cave.

— Venez, dit-il.

Le Bouquin monta lestement l’escalier encombré de pierres et de plantes grimpantes.

Puis, quand il fut hors des ruines, il fit signe à son père de s’arrêter.

— Un moment, dit-il. Voyager avec un fusil déchargé porte malheur.

Et il rechargea le fusil, et passa alors seulement le pistolet à sa ceinture.

— Mais où me conduis-tu ? répéta Brulé.

— Nous allons d’abord au moulin de Jacques le Borgne.

— Et puis ? Ah ! dame ! nous verrons.

— Pourquoi ne retournons-nous pas aux Soulayes ?

— Ouais ! fit le Bouquin, aux Soulayes on vous délivrerait, tandis que Jacques le Borgne…

— Mais tu te défies donc encore de moi ?

— Toujours, papa.

— Je t’ai pourtant déjà dit que la paix était faite.

— C’est possible, mais ce qui me le prouve surtout, c’est la petite corde qui vous attache les mains. Et tenez, pour que le temps vous dure moins en route, je vais vous dire une histoire.

— Ah ! fit Brulé, qui cherchait à contenir une violente colère.

— Allons, papa, continua le Bouquin, marchons un peu plus vite que ça, nous avons du chemin à faire. Eh bien, voulez-vous savoir mon histoire ?

— Ça m’est égal, murmura Brulé.

— Je vas toujours vous la dire. Mon grand-père était un bien brave homme : mais il s’était querellé avec le préposé de la taxe et le receveur des gabelles.

— Que me chantes-tu là ? fit le fermier en haussant les épaules.

— Mon histoire donc ; l’histoire de mon grand-père… votre père conséquemment.

— Ah ! ah ! ricana Brulé, tu connais ça, toi…

— Oui. Donc, il avait manqué de respect à l’homme des taxes, et celui-ci avait porté plainte au bailliage.

Le bailliage envoya la maréchaussée qui, dans la personne d’un brigadier et de trois soldats arrêta mon grand-père.

— Et puis ?

— Mais mon grand-père était un bien brave homme, et il était ami avec tout le monde, comme vous, papa.

Et le Bouquin se mit à rire, puis continua d’un ton moqueur :

— Le brigadier de la maréchaussée avait souvent bu un coup en passant à la ferme.

« Mon grand-père, toutes les fois que la maréchaussée était en tournée par chez lui, ne manquait pas de lui faire politesse, il aurait mis en perce une feuillette de six à sept ans.

« La maréchaussée était reconnaissante, aussi le cœur lui saigna, quand elle vint pour arrêter mon grand-père.

— Après ? après ? fit Brulé avec impatience.

— D’autant plus, poursuivit Bouquin, que c’était un dimanche, qu’elle alla justement l’arrêter dans un cabaret de Fouronne.

— Mais, qu’est-ce que tout cela me fait ? s’écria Brulé, qui, les mains sous la blouse, cherchait, sans y parvenir, à se débarrasser de la corde qui lui meurtrissait les poignets.

— Attendez, vous allez voir… comme c’est drôle… Mon grand-père était donc dans le cabaret, et il jouait un jeu de cartes que l’on appelle le piquet.

« Connaissez-vous ça, le piquet ?

— Oui, dit Brulé ; mais ton histoire m’ennuie.

— Elle vous amusera tout à l’heure.

— Et puis, elle n’est pas vraie.

— C’est ce qui vous trompe.

— Défunt mon père ne me l’a jamais racontée.

— À vous, c’est possible… mais à moi. J’étais très-bien avec le grand-père… il me faisait sauter sur ses genoux, et disait que j’étais son Benjamin, vu que je suis le culot.

En Bourgogne, les paysans appellent culot le dernier né, grommela-t-il.

Cette expression arracha une grimace à Brulé.

— Il aurait mieux valu que je ne finisse pas ma pipe.

Le Bouquin continua :

— Conséquemment le grand-père jouait au piquet.

« Le brigadier de la maréchaussée entra.

« — Tiens ! dit le grand-père, voilà le brigadier. Bonjour, brigadier, voulez-vous boire un coup ?

« — Pardine ! dit un des soldats.

« — Merci, répondit le brigadier, j’ai mal à la gorge ; et le barbier de Châtel-Censoir, qui me soigne, m’a défendu de boire du vin. Mais, ajouta-t-il, je ferais bien un cent de piquet ; veux-tu jouer au piquet, Jean ?

« — Qu’est-ce que nous jouerons ?

« — Une bouteille pour toi, si je perds.

« — Et si vous gagnez ?

« — Si je gagne, j’aurai gagné mon pari.

« — Quel pari ?

« — Ah ! dit le brigadier, c’est une drôle d’histoire, va, mon pauvre Jean. J’ai parié avec des amis que je t’emmènerais à Mailly-la-Ville.

« — Pourquoi faire ?

« — Tu verras ça, voyons, ça y est-il, un cent de piquet.

« — Ça y est, dit mon grand-père en riant.

« Et il se mit à jouer.

— Et qui gagna ? demanda Brulé qui oubliait par moment qu’il était prisonnier de son fils.

— Ce fut le brigadier.

— Et il emmena le père à Mailly-la-Ville ?

— Naturellement. Seulement, en route il lui dit :

« — Tu vois, mon pauvre Jean, nous avons fait la chose proprement, et personne n’en saura rien.

« — De quoi donc ? demanda le grand-père.

« — Ce n’est pas à Mailly-la-Ville que nous te conduisons, mon pauvre Jean.

« — Où donc ?

« — À Auxerre, où tu t’expliqueras avec les gens des gabelles.

« Et comme ils étaient, en ce moment dans un chemin creux et que personne ne les voyait, le brigadier lui mit les menottes.

— Comme tu m’as fait, misérable ! fils dénaturé ! grommela le fermier.

— Justement, père sensible ! N’est-ce pas que c’est drôle ?

— Très-drôle, murmura Brulé avec rage.

— Eh bien ! voilà que je fais une réflexion, papa.

— Tu vas me détacher les mains ?

— Au contraire, je vais serrer un peu le nœud. Tournez-vous, papa.

— Ah ! brigand…

Mais le Bouquin reprit son pistolet, et Brulé se laissa faire.

Avec une adresse merveilleuse, le gamin fit passer les deux mains de son père derrière le dos, et les attacha si solidement, que, désormais, il n’eut plus aucune crainte.

En ce moment, du reste, ils arrivaient au moulin.

Le Bouquin héla Jacques le Borgne.

Celui-ci, qui ne dormait jamais que d’un œil, descendit ouvrir sa porte.

— Dis donc, Jacques, lui dit le Bouquin, j’ai rudement besoin de toi.

— Pourquoi ?

— Pour tenir papa en respect.

Le meunier s’aperçut alors seulement que le père Brulé avait les mains liées derrière le dos.

— Hein ! dit-il, qu’est-il donc arrivé ?

— C’est papa qui a fait des bêtises.

— Comment ça ?

— Il s’est repris d’un bel amour pour la République.

— C’est-à-dire qu’il a voulu nous trahir ?

— Justement.

— Tu mens ! s’écria Brulé.

— Bah ! fit le Bouquin, vous savez bien que non, papa, à preuve que vous avez voulu délivrer le citoyen Curtius.

— Tu mens ! tu mens ! hurla Brulé.

— Farceur ! répondit le Bouquin.

Jacques le Borgne crut le Bouquin sur parole et lui dit :

— Eh bien, si c’est comme ça, nous allons mettre ton père à l’ombre.

Brulé était un homme sanguin et d’une violence inouïe. Sa colère prit des proportions telles qu’il se trouva désormais dans l’impossibilité de prononcer un mot.

Le meunier le poussa par les épaules et le fit entrer dans le moulin.

Puis il lui donna un croc-en-jambes et le renversa sur un monceau de sacs à farine qui se trouvaient dans un coin.

— Je te le confie, dit Bouquin. Moi, j’ai affaire jusqu’au petit jour.

— Sois tranquille, répondit Jacques, je le garderai à vue.

Le Bouquin s’en alla.

Il était armé jusqu’aux dents et ne craignait pas les mauvaises rencontres.

Il reprit donc le chemin des Soulayes à travers champs et y arriva aux premières lueurs de l’aube.

Mais au lieu d’entrer dans le château, il se glissa dans le parc par une brèche que les braconniers avaient faite, et il se dirigea en toute hâte vers le colombier en ruines.

— On ne sait pas ce qui peut arriver, se dit-il, papa est homme à se sauver du moulin, et il ne faut pas qu’il retrouve les jaunets.

Sur ces mots plein de sagesse, le Bouquin descendit dans la cave et y déterra le coffret.

Puis il le plaça dans son carnier, et bien qu’il fût très-lourd, il se mit bravement en route, laissant le château sur la droite et se dirigeant vers ce fameux Trou-à-renards où les incendiaires avaient caché leurs trésors.

Au bout d’un quart d’heure de marche, il atteignit les broussailles qui entouraient la mystérieuse caverne.

Mais, avant de les écarter pour se glisser dans le Trou-à-Renards, il laissa le coffret sous une touffe de chêne et le recouvrit d’un reste de neige que le soleil n’avait pu fondre.

Tandis qu’il accomplissait cette besogne, le Bouquin philosophait.

— Je vais effaroucher l’argent de papa et les huit mille livres de la petite dame, se dit-il. Avec les trente mille livres du coffre ça sera un joli magot… Seulement…

Sur ce mot, il s’arrêta et se prit à réfléchir.

— Il ne faut plus compter sur l’amitié du père Brulé, se dit-il, c’est entre lui et moi, maintenant, une haine à mort… Si je lâchais tous ces gens-là, et si je m’en allais à Paris.

Ce nom, qui lui vint sur les lèvres, lui procura un éblouissement.

Pendant son séjour aux Soulayes, l’enfant avait beaucoup entendu parler de Paris.

Et le Bouquin, qui était vicieux, s’était dit plus d’une fois :

— Ah ! si j’avais de l’argent, comme j’irais à Paris !

Et cette idée lui revenant, il se prit à songer au moyen de la mettre à exécution.

Il avait de l’argent, mais comment l’emporter ?

Il rencontrerait certainement des gendarmes, on l’arrêterait et on lui prendrait son argent.

Cependant il était dangereux de perdre du temps.

D’un moment à l’autre, Brulé pouvait se sauver, et si sa première visite était pour le colombier en ruine, la seconde serait certainement pour le Trou-à-renards.

Mais le Bouquin était un homme de ressources. Il lui vint une idée, et au lieu de se glisser dans le repaire des incendiaires, il reprit sa course sous bois, laissant le coffret sous la touffe.

Du Trou à-Renards à la Ravaudière, il y avait un quart d’heure de marche.

Le Bouquin courut à la ferme qui, depuis l’incendie, n’était plus habitée que par la mère Brulé et son fils Sulpice.

Le gamin frappa.

— Qui est là ? demanda Sulpice, qui vint ouvrir en chemise.

— C’est moi, répondit l’enfant.

— Que veux-tu ? fit Sulpice avec défiance.

— Je viens de la part de M. Henri.

Sulpice ouvrit, le Bouquin entra.

— Vite, dit-il, c’est pressé.

— Tu viens de la part de M. Henri, dis-tu ? demanda le fils Brulé avec hésitation.

— Oui.

— Tu ne mens pas ?

— Comment ! dit le Bouquin, mais tu ne sais donc rien ?

— Ma foi, non.

— Eh bien, papa et moi, nous ne sommes plus aux Soulayes.

— Ah !

— Nous avons fait retour à la bonne cause. Nous servons les royalistes.

— Est-ce bien vrai, ça, dit Sulpice toujours défiant.

— Je te le jure.

— Eh bien ! que veux-tu ?

— Un cheval et un bât à vendange.

— Où vas-tu ?

— Porter des effets aux royalistes. Allons, dépêche-toi, dit le Bouquin, je n’ai pas le temps.

— Mais où sont ces effets ?

— Aux Soulayes.

— Le chef de brigade n’y est donc plus ?

— Non.

— Qu’est-il devenu ?

— Les royalistes l’ont enlevé.

Le Bouquin parlait si nettement que Sulpice le crut.

Il n’y avait plus qu’un cheval à la ferme.

C’était cette grosse jument blanche qui trottait d’un joli train.

Sulpice alluma une lanterne et le Bouquin le suivit à l’écurie.

Le bât à vendange est une sorte de large selle des deux côtés de laquelle pendent des paniers où l’on entasse le raisin.

En hiver, les bûcherons s’en servent pour transporter du bois mort et des fagots.

Sulpice sella lui-même la Blanche, comme on appelait la jument.

— Quand me la ramèneras-tu ? demanda-t-il au Bouquin.

— Demain soir.

Sulpice eut la naïveté de laisser partir son frère avec la jument.

Celui-ci monta sur la jument, s’y assit et lança la bête au galop à travers les terres, puis sous bois, et n’arrêta qu’aux broussails du Trou-à Renards.

Le coffret était toujours sous la touffe.

Le Bouquin se glissa dans le Trou-à-Renards, et, une fois arrivé dans la cavité qui servait autrefois de salle du conseil aux incendiaires, il alluma sa mèche soufrée.

Mais là une déception l’attendait.

Il vit un trou béant, le trou où il avait enfoui ses huit mille livres.

Le père Brulé avait volé l’argent de son fils et enlevé le sien.

— Ah ! canaille !… murmura le Bouquin. Si j’avais su, comme je l’aurais tué !

Mais l’idée de Paris le tenait :

— Après tout, se dit-il, avec trente mille livres, on peut s’amuser un brin de temps dans la capitale.

Et il quitta le Trou-à-Renards, reprit le coffret, l’entortilla dans sa blouse, et le plaça dans l’un des paniers du bât.

Puis il sauta sur la Blanche et prit au grand trot la route d’Auxerre.

— Dans cinq jours, se dit-il, je serai à Paris… Après tout, je ne suis pas royaliste, et ils n’ont pas besoin de moi.

Papa leur reste. Il a besoin de gagner de l’argent, le pauvre homme !