L. Hachette et Cie (p. 37-39).

IX

NOÉ SORT DE L’ARCHE

(2347 ans avant J.-C.)



Alors Dieu fit souffler un grand vent, et les eaux commencèrent à diminuer. Vingt-sept jours après, le dixième mois depuis le commencement du déluge, l’Arche, qui flottait sur les eaux, se reposa sur le sommet du mont Ararat, une des plus hautes montagnes de l’Arménie.

Petit-Louis. Où est l’Arménie ?

Grand’mère. Dans la partie de l’Asie située au-dessous de la Géorgie, au midi de la Russie.

Les eaux commencèrent à diminuer, les sommets des montagnes commencèrent à paraître.

Quarante jours après que l’Arche se fut posée sur le mont Ararat, Noé ouvrit une fenêtre de l’Arche, et il laissa envoler un corbeau.

Gaston. Pourquoi cela ?

Grand’mère. Pour savoir si la terre était assez séchée pour pouvoir y vivre, la bêcher, y semer du blé et d’autres graines.

Mais le corbeau ne revint pas, ayant trouvé pour se nourrir des cadavres d’hommes et d’animaux.

Sept jours plus tard, Noé ouvrit encore la fenêtre et laissa envoler une colombe, pour voir si elle pourrait se poser sur la terre et trouver de quoi se nourrir.

Mais la colombe, n’ayant pu se poser nulle part, parce que la terre était encore comme de la boue, revint à Noé, qui étendit la main, la prit et la remit dans l’Arche.

Sept jours plus tard, Noé lâcha la colombe une seconde fois ; elle revint vers le soir, apportant dans son bec une petite branche d’olivier dont les feuilles étaient toutes vertes.

Noé comprit que la terre était séchée, que les arbres et les herbes commençaient à pousser. — Pourtant il attendit encore sept jours pour plus de sûreté, et il fit sortir la colombe qui, cette fois, ne revint pas. — Alors Noé ouvrit le toit de l’Arche, et il vit, en regardant par-dessus, que la terre était séchée.

Et le vingt-septième jour du mois suivant, la terre étant redevenue ferme, les arbres ayant poussé des feuilles et les herbes de toute espèce ayant couvert la terre de verdure, Dieu dit à Noé :

« Sors de l’Arche, toi, ta femme, tes fils et les femmes de les fils. Fais sortir tous les animaux qui y sont renfermés, les bêtes de la terre et les oiseaux du ciel, et retourne sur la terre pour l’habiter, pour y croître et multiplier. »

Noé sortit donc de l’Arche avec toute sa famille, et il fit sortir toutes les bêtes qui vivent dans la terre, qui rampent et marchent sur la terre, et qui volent dans les airs.

Petit-Louis. Quel bruit cela devait faire ! Toutes ces bêtes devaient hurler, rugir, crier, beugler, pour exprimer leur joie de ne plus être renfermées.

Armand. Mais il me semble que c’était un peu dangereux pour Noé, et pour les autres hommes et femmes, de se trouver au milieu de tous ces animaux qui se poussaient, qui s’écrasaient et qui auraient pu les dévorer.

Grand’mère. Non, car le bon Dieu veillait sur eux, et de même qu’il n’a permis à aucun de ces animaux de faire du mal à Noé pendant les dix ou onze mois qu’ils ont été enfermés dans l’Arche, de même il n’a pas permis qu’il arrivât, à la sortie de l’Arche un Sortie de l’arche
seul accident aux hommes et aux bêtes qu’il avait conservés pour peupler la terre.

Il ne faut pas nous en étonner ; car Dieu est le maître du monde, il commande aux animaux comme aux hommes.

Aussitôt que Noé fut sorti de l’Arche, sa première pensée fut d’offrir un sacrifice au Seigneur, en action de grâce pour l’avoir sauvé avec sa famille, de ce terrible déluge qui avait fait périr tous les autres hommes.

Louis. C’est très-bien à Noé ; mais quel sacrifice a-t-il pu offrir, puisqu’il n’y avait d’autres animaux que ceux que Dieu avait conservés pour repeupler la terre ?

Grand’mère. Tu te rappelles que Dieu, après avoir ordonné à Noé de faire entrer dans l’Arche deux paires de chacune des bêtes qui vivaient sur la terre, pour la repeupler après le déluge, lui ordonna d’y faire entrer sept paires de tous les animaux purs. C’est parmi ceux-ci que Noé choisit les animaux qu’il voulait offrir en sacrifice. Et puis il est probable que pendant l’année qu’ils passèrent dans l’Arche, toutes ces bêtes avaient eu des petits, et s’étaient, par conséquent, assez multipliées pour que Noé n’eût pas à craindre d’en détruire l’espèce.

Le Seigneur reçut favorablement ce sacrifice ; il fit connaître qu’il lui était agréable, car il dit à Noé : « Je ne répandrai plus ma malédiction sur la terre à cause des péchés des hommes. Je ne frapperai plus de mort, comme j’ai fait, tout ce qui est vivant sur la terre. Tant que la terre durera, la semence et la moisson, le froid et le chaud, l’été et l’hiver, la nuit et le jour, ne cesseront pas de se suivre. » Dieu promit tout cela à Noé pour le récompenser de sa fidélité à le servir.