L. Hachette et Cie (p. 238-239).

LXXXVIII

SAMSON

(1172 ans avant J.-C.)



Trente ans après la mort de Jephté, l’Écriture sainte raconte l’histoire très-intéressante d’un homme nommé Samson, qui était de la tribu de Dan. Sa mère n’avait pas d’enfants et s’en affligeait, lorsqu’un ange lui apparut et lui annonça qu’elle aurait bientôt un fils, qui serait d’une force extraordinaire, à la condition qu’il ne boirait jamais de vin et qu’on ne lui couperait jamais les cheveux.

Manué, père de Samson, immola immédiatement un chevreau en sacrifice au Seigneur ; l’Ange accepta le sacrifice, et, s’enveloppant dans la fumée de l’holocauste, il monta au ciel et disparut avec elle.

Samson vint au monde près d’un an après la promesse de l’Ange ; ses parents obéirent exactement aux paroles de l’envoyé du Seigneur : on ne lui coupa jamais les cheveux, et il ne but jamais de vin.

Henriette. Mais comment ne demandait-il pas de vin, puisque tout le monde en buvait près de lui ? Et comment ne coupait-il pas ses cheveux qui devaient le gêner horriblement et lui donner l’air d’un sauvage ?

Grand’mère. Ses parents lui avaient certainement raconté la visite de l’Ange du Seigneur, et lui avaient fait savoir que sa force prodigieuse tiendrait à la longueur de ses cheveux et à ce qu’il ne boirait pas de vin. Et quant à avoir l’air d’un sauvage, il ne le craignait pas, car tous les Israélites, d’après la loi de Moïse dictée par le Seigneur, pouvaient faire le vœu de Nazaréen…

Petit-Louis. Qu’est-ce que c’est, le vœu de Nazaréen ?

Grand’mère. J’allais tout juste vous l’expliquer. Quand un Israélite désirait vivement obtenir quelque chose du Seigneur, il faisait le vœu de Nazaréen, c’est-à-dire, il promettait au Seigneur que pendant six mois, un an, ou même plus, il ne couperait pas ses cheveux et ne boirait pas de vin.

Paul. Qu’est-ce que cela pouvait faire au Seigneur ?

Grand’mère. C’était un sacrifice, une privation qu’on s’imposait pour obtenir une grâce. Ainsi, pour nous autres, il nous arrive souvent de promettre une chose qui nous coûte à faire, pour en obtenir une qui nous est agréable. Vous vous rappelez que Jacob proposa à Laban de le servir pendant sept ans, s’il lui donnait en mariage sa fille Rachel. Un vœu est la même chose ; on promet une chose qui ennuie, qui coûte à faire, pour en obtenir une qui fait grand plaisir.