L. Hachette et Cie (p. 210-212).

LXXVI

PASSAGE DU JOURDAIN

(1356 ans avant J.-C., 41e année de la sortie d’Égypte)



Josué, ayant consulté le Seigneur, fit faire les préparatifs du départ. Ils arrivèrent au bord du Jourdain et ils y restèrent trois jours. Josué envoya alors les hérauts…

Paul. Qu’est-ce que c’est, les hérauts ?

Grand’mère. Les hérauts étaient les hommes chargés de crier dans tout le camp les ordres de leur chef. Josué envoya donc les hérauts crier dans tout le camp :

« Quand vous verrez l’Arche d’alliance, qui est renfermée dans le Tabernacle, et les prêtres qui la porteront, levez-vous et suivez-la. N’approchez pas de l’arche du Seigneur plus près que de deux mille coudées (c’est-à-dire 1,000 mètres ou bien un quart de lieue), et suivez-la pour connaître le chemin que vous devez prendre. »

Et le Seigneur dit à Josué : « Je commencerai aujourd’hui à te glorifier devant tout le peuple, pour qu’il sache que je suis avec toi comme j’ai été avec Moïse. »

Josué dit aux prêtres : « Prenez l’Arche d’alliance et marchez devant le peuple. Quand vous serez au milieu du fleuve, arrêtez-vous là. »

Armand. Mais comment pourront-ils arriver au milieu du Jourdain sans se noyer ? Est-ce qu’il n’y avait pas beaucoup d’eau ?

Grand’mère. Au contraire, le Jourdain était plein jusqu’aux bords, et très-profond dans cet endroit, que l’on montre encore aujourd’hui. Vous allez voir ce que fit le Seigneur pour que les Israélites pussent le passer sans se noyer.

Les prêtres se mirent en marche, suivis de tout le peuple, qui les suivait à la distance qu’avait ordonnée Josué. Quand ils furent près du Jourdain, Josué leur dit :

« Le Seigneur va vous faire voir sa puissance, afin que vous reconnaissiez qu’il est le Dieu vivant, et qu’il est au milieu de vous. L’Arche d’alliance marchera devant vous à travers le Jourdain. Dès que les prêtres qui portent l’arche du Seigneur auront mis les pieds dans l’eau du fleuve, les eaux d’en bas s’écouleront et laisseront le fleuve à sec, et les eaux d’en haut s’arrêteront et demeureront suspendues comme une muraille. »

Les prêtres avancèrent vers les eaux, et aussitôt que leurs pieds les eurent touchées, les eaux d’en haut s’arrêtèrent et les eaux d’en bas s’écoulèrent. Le peuple suivait l’arche et voyait avec admiration les eaux d’en haut s’élever comme une montagne ; pendant le passage, elles s’élevèrent si haut qu’on les vit à plusieurs lieues de distance, et les eaux d’en bas s’écoulèrent dans le désert, de manière qu’il n’en resta plus dans le lit du Jourdain.

Ce miracle eut pour témoin le peuple entier, afin qu’on ne pût pas en douter, non plus que des miracles faits par Moïse.

Josué, d’après l’ordre du Seigneur, fit enlever du milieu du fleuve douze grosses pierres qui représentaient les douze tribus d’Israël ; il les fit porter à l’endroit où l’on campa pour la nuit, et Josué éleva un autel avec ces douze pierres, et il y offrit un sacrifice au Seigneur, en mémoire du passage miraculeux du Jourdain, à pied sec, par tout le peuple d’Israël.

Pendant que le peuple traversait le Jourdain, Josué avait fait poser douze autres grandes pierres au milieu du lit du fleuve desséché ; il en fit un autel à la place même où l’Arche d’alliance s’était arrêtée ; et elles y sont encore.

Gaston. Grand’mère, pourquoi dites-vous le lit du fleuve ? Une rivière n’a pas de lit.

Grand’mère. On appelle lit du fleuve le fond de sable ou de terre sur lequel coule l’eau.

Henriette. Comment sait-on que les pierres y sont encore ?

Grand’mère. Parce que plusieurs voyageurs les ont vues au fond du fleuve ; mais on ne les voit pas toujours, parce que souvent les eaux sont troubles et toutes jaunes ; elles roulent du sable, et on ne voit rien au travers.

Gaston. Comment savez-vous cela, grand’mère ? Est-ce que vous y avez été ?

Grand’mère. Non, cher enfant, je n’y ai pas été, mais quelques personnes qui ont vu les pierres me l’ont dit ; entre autres, un homme célèbre, M. de Chateaubriand, qui a fait un livre sur son voyage à Jérusalem.