L. Hachette et Cie (p. 188-190).

LXVII

RÉVOLTE DES ISRAÉLITES

(Même année, 1359 ans avant J.-C.)



Les Israélites, entendant ce que disaient les envoyés, se mirent à murmurer et à dire qu’ils ne voulaient pas combattre ces hommes si forts ; et ils commençaient à se plaindre de Moïse, qui voulait, disaient-ils, les faire tous tuer par des géants.

Mais Caleb, un des envoyés de la tribu de Juda, et Josué, de la tribu d’Éphraïm, cherchaient à les calmer et à les encourager, disant : « Nous pouvons nous rendre maîtres de ce beau pays ; ne nous effrayons pas d’avance, le Seigneur est avec nous. »

Les autres envoyés se mirent à crier, disant que ce pays était habité par des géants féroces, qu’il était impossible de combattre. Et tous se mirent à murmurer contre Moïse et Aaron. « Nommons des chefs, criaient-ils, et retournons en Égypte. »

Moïse et Aaron, entendant ces cris, se prosternèrent le front contre terre en face de tout le peuple pour demander grâce au Seigneur.

Caleb et Josué se précipitèrent vers le peuple et cherchèrent à le calmer et à ranimer son courage.

« Ne craignez pas, leur criaient-ils. Nous aussi nous avons vu ce peuple ; nous nous en rendrons maîtres avec la grâce de notre Dieu, qui est avec nous et qui nous protège. N’irritez pas le Seigneur, qui veut vous rendre maîtres de ce beau pays ; ne craignez rien, le Seigneur est avec nous. »

Ils continuèrent ainsi à lutter contre le peuple, qui les menaçait et qui voulait les nommer ses chefs pour retourner en Égypte. Mais Caleb et Josué refusant de les conduire, le peuple se mit à jeter de grands cris et à vouloir les lapider.

Au même instant, la gloire du Seigneur apparut sur le Tabernacle aux yeux de tous. Et le peuple fut frappé d’étonnement et de terreur.

Le Seigneur dit à Moïse :

« Jusqu’à quand ce peuple m’insultera-t-il par ses paroles ? Jusqu’à quand ne croira-t-il pas en ma puissance, après tous les miracles que j’ai faits devant ses yeux pour le sauver ? Je vais donc les exterminer, et je te donnerai un autre peuple plus grand et meilleur que n’est celui-ci.

— Seigneur, cria Moïse en le suppliant, vous voulez donc que les Égyptiens et les autres peuples qui adorent les faux dieux, croient que vous n’avez pas eu assez de puissance pour sauver votre peuple d’Israël, et que vous avez dû les laisser mourir de faim et de fatigue dans le désert. Pardonnez je vous prie, à ce peuple, pour qu’il se repente en voyant votre grande bonté et votre infinie miséricorde. »

Le Seigneur répondit à Moïse : « Puisque tu me l’as demandé, je pardonne à ce peuple ingrat ses révoltes et ses désobéissances ; mais je jure qu’aucun d’eux n’entrera dans la Terre promise ; tous seront errants dans ce désert pendant quarante ans, et tous ceux qui sont âgés de plus de vingt ans laisseront leurs ossements pourrir dans le désert. Caleb et Josué, qui m’ont été fidèles et qui ont lutté contre les gens que j’avais envoyés pour voir la Terre promise, entreront seuls dans le pays fertile que j’ai promis à la race d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ; les autres mourront. »

Ces paroles frappèrent tout le monde d’épouvante et calmèrent la révolte.