La Bible d’une grand’mère/54
LIV
PASSAGE DE LA MER ROUGE
Quand ils furent campés au bord de la mer, ils aperçurent au loin derrière eux une armée qui les poursuivait.
Gaston. Ah, mon Dieu ! qu’est-ce que c’était ?
Grand’mère. C’était encore Pharaon avec une nombreuse armée ; après les premiers moments d’effroi et de chagrin de la mort de leurs premiers-nés, ils s’étaient repentis d’avoir laissé partir les Israélites. Pharaon réfléchit qu’il n’avait plus d’esclaves pour faire exécuter tous ses travaux ; il regretta l’or, l’argent, les habits qu’on les avait laissés emporter, et il rassembla son armée pour les poursuivre et les forcer à revenir en Égypte. Pharaon suivit leurs traces et les rejoignit sans peine près de la mer Rouge. Les Israélites furent saisis de frayeur en les voyant, et ils reprochèrent à Moïse de les avoir emmenés : « À quoi servait-il de nous délivrer de l’esclavage pour nous faire mourir dans le désert ? dirent-ils à Moïse. Ne valait-il pas mieux nous laisser vivre esclaves que de nous faire tuer et laisser nos corps sans sépulture ? »
Valentine. Les Israélites sont bien ingrats. Après tous les miracles
que Moïse avait faits pour les délivrer, ils auraient dû avoir
confiance en lui, et prier le Seigneur de les protéger, au lieu de se
plaindre et de faire des reproches à ce pauvre Moïse.
Grand’mère. Tu as bien raison, chère enfant ; mais les Israélites avaient beaucoup perdu de leur foi à force d’avoir vécu avec des païens. Tu les verras toujours mécontents, prêts à murmurer et à se révolter contre les ordres de Dieu.
Moïse leur répondit : « Ne craignez rien ; souvenez-vous des merveilles qu’a faites le Seigneur pour vous sauver. Marchez vers la mer. Les Égyptiens qui vous poursuivent ne pourront vous atteindre, et ils périront tous. »
Au même moment, la nuée miraculeuse qui précédait les Israélites se trouva transportée derrière leur camp ; elle répandit une profonde obscurité dans l’armée des Égyptiens, qui fut obligée de s’arrêter jusqu’au lendemain. Le camp des Israélites fut, au contraire, éclairé comme en plein jour.
Aussitôt Moïse toucha la mer de sa verge, et les eaux de la mer Rouge s’ouvrirent pour faire un passage au peuple de Dieu. Ils entrèrent dans la mer, et ils la traversèrent sans même se mouiller, les eaux restant à leur droite et à leur gauche comme deux hautes murailles. Toute la multitude des Israélites passa ainsi la mer pendant la nuit, et la nuée se retrouva devant eux.
Le lendemain, quand le jour vint, les Égyptiens furent bien surpris de ne plus trouver d’Israélites et de les voir campés de l’autre côté de la mer.
Pharaon, étant averti, vint près de la mer, et voyant le passage
extraordinaire entre deux murailles d’eau, qui restaient droites
comme des montagnes, il ordonna à sa troupe de suivre ce même
chemin. Ils y entrèrent donc, et Pharaon, voyant qu’ils marchaient
à pied sec, les y suivit aussi avec ses chariots et toute sa cavalerie.
Ils arrivèrent ainsi jusqu’au milieu de la mer ; quand toute l’armée
de Pharaon y fut engagée, Dieu dit à Moïse d’étendre sa verge du
côté de la mer. Moïse le fit, et aussitôt les deux murailles d’eau
se rapprochèrent, avec un fracas épouvantable et engloutirent
Pharaon avec toute son armée : personne n’échappa ; tous périrent
dans la mer. Les Israélites, voyant cette merveille, adorèrent enfin la puissance du Seigneur et crurent à celle que Moïse avait
reçue du Tout-Puissant. Ils chantèrent les louanges du Seigneur.
Marie, sœur de Moïse et d’Aaron, composa un beau cantique que
le peuple chanta avec elle.