L. Hachette et Cie (p. 538-540).

CCXIV

CRUAUTÉS D’ANTIOCHUS — COURAGE D’ÉLÉAZAR

(165 ans avant J.-C.)



Environ 165 ans avant Jésus-Christ, la Judée fut encore ravagée par Antiochus, qui exerça dans ce malheureux pays les cruautés et les impiétés les plus horribles. Il massacra les prêtres, les hommes et les femmes qui refusaient d’adorer les idoles et de manger de la viande de porc défendue par la loi juive ; il saccagea le Temple, il enleva, c’est-à-dire qu’il vola les ornements, les vases sacrés, les trésors du Temple ; il détruisit l’autel après l’avoir profané et souillé par des abominations. Il poursuivit les Juifs restés fidèles et qui s’étaient sauvés dans les déserts et les montagnes. Quand il réussissait à en saisir quelques-uns, il les faisait mourir dans les supplices les plus atroces.

Marie-Thérèse. Quels supplices ?

Grand’mère. Je vous en détaillerai une partie en vous racontant le martyre des sept frères Machabées.

La terreur régnait parmi les Juifs, et beaucoup d’entre eux, pour éviter les tortures et la mort, consentaient à manger de la viande de porc et à sacrifier aux idoles. D’autres résistaient avec un courage héroïque. Entre autres, on remarque le pieux Éléazar. Ses amis le suppliaient d’obéir aux ordres du roi ou du moins de faire semblant d’y obéir, en feignant de manger de la viande défendue. « Ce ne sera qu’un semblant, lui disaient-ils ; On croira que vous mangez de la viande défendue par notre loi, mais nous la changerons contre d’autre viande permise, de sorte que vous ne pécherez pas. »

Éléazar répondit : « J’aime mieux mourir mille fois que de consentir à cette tromperie ; elle ferait croire à plusieurs de nos Juifs fidèles que le vieux Éléazar, à l’âge de quatre-vingt-dix ans, a renoncé à la foi du Seigneur pour passer à celle des païens ; ils suivraient mon exemple et abandonneraient aussi leur foi. En voulant sauver un petit reste de vie, je laisserais une tache honteuse sur mon nom, je mériterais l’exécration des hommes sur ma vieillesse. En refusant au contraire d’obéir à un ordre impie, en souffrant avec constance, en mourant courageusement, je laisserai aux jeunes gens un exemple de fermeté qui aura sa récompense devant le Seigneur. »

Aussitôt qu’il eut fini de parler, on l’emmena au supplice, en l’injuriant de toutes les manières. On se mit à l’accabler de coups, et, lorsqu’il fut près de mourir sous les coups de fouet et de bâton, il jeta un grand soupir et dit : « Seigneur, vous savez que je souffre de grandes douleurs et que je meurs pour vous rester fidèle. » Et il expira.