CLXXIV

JÉRUSALEM EST DÉTRUITE
SÉDÉCIAS EMMENÉ CAPTIF À BABYLONE AVEC TOUT LE PEUPLE JUIF

(620 ans avant J.-C.)



Les Chaldéens et les Babyloniens étant entrés dans Jérusalem, qui n’avait plus personne pour défendre les portes de la ville, s’aperçurent de la fuite du roi et de ses guerriers ; ils les poursuivirent, les atteignirent près de Jéricho, et les emmenèrent prisonniers.

Ayant donc pris le roi, ils le menèrent avec sa famille au roi Nabuchodonosor, qui était à Réblatha. Il fit mourir les fils de Sédécias sous les yeux de leur père. Il creva les yeux du malheureux Sédécias, le chargea de chaînes, et l’emmena à Babylone. Quelque temps après, il envoya une année pour achever de détruire Jérusalem et abattre ses murailles ; il fit ravager tout le pays, et fit emmener en captivité tout ce qui restait d’Israélites, hommes, femmes et enfants. On les amena à Nabuchodonosor, qui fit mourir tous les principaux des Juifs, et garda le reste en esclavage ; c’est ainsi que se vérifia la terrible menace du Seigneur, et que s’accomplit la captivité du peuple juif ; elle était le juste châtiment de tant de crimes accumulés les uns sur les autres, et devait durer soixante-dix ans.

Joachim, roi de Juda, qui avait été emmené avant le règne de Sédécias, resta trente-sept ans en prison. Après la mort de Nabuchodonosor, Évilmérodach, qui lui avait succédé, tira de prison ce malheureux Joachim, le traita avec bonté, lui fit donner des vêtements magnifiques, le fit manger à sa table et le traita en roi jusqu’à sa mort.

Le peuple juif resta en captivité dans le royaume de Babylone pendant soixante-dix ans ; ce fut Cyrus, roi de Perse, qui, ayant conquis le royaume de Babylone, rendit aux Juifs leur liberté, et leur donna Jérusalem avec toute la Judée ; il ajouta même de l’argent pour rebâtir les murs de Jérusalem.

Il me reste maintenant à vous raconter plusieurs histoires intéressantes, qui se sont passées soit pendant la captivité de Babylone, soit avant, soit après les derniers siècles des royaumes d’Israël et de Juda, et qu’il faut connaître.

Marie-Thérèse. Pourquoi, Grand’mère, faut-il les connaître, puisqu’ils ne sont pas dans l’Histoire Sainte ?

Grand’mère. Chère petite, elles sont dans l’Histoire Sainte, et je ne vous raconte rien que je ne prenne dans l’Écriture. Il faut les connaître, parce que tout le monde les connaît. Si on parle devant toi de Job, de Tobie, de Judith, d’Esther, de Daniel, de Jonas, des Machabées, et que tu ne saches pas ce qu’ont fait tous ces personnages remarquables, on dira que tu es une ignorante, et on pourra croire que tu es une paresseuse qui n’as pas voulu étudier.

Marie-Thérèse. Ah ! mais, Grand’mère, je sais très-bien qui ils sont ; je l’ai appris.

Grand’mère. Toi, tu l’as appris ; mais tous ne le savent peut-être pas ; et, puisque je vous ai raconté l’Histoire Sainte, il faut que je la finisse tout entière. Je vais donc vous raconter la belle histoire de Tobie.