L. Hachette et Cie (p. 280-282).

CV

LE GÉANT GOLIATH

(966 ans avant J.-C.)



Saül faisait toujours la guerre aux Philistins ; les deux armées avaient leurs camps en face l’un de l’autre. Dans celui des Philistins, il y avait un géant d’une grandeur prodigieuse, devant lequel tout le monde tremblait ; il vint pendant quarante jours dire des injures aux Israélites, et il offrait toujours de combattre contre celui qui aurait le courage de se présenter. Ce géant s’appelait Goliath.

Armand. Comment était-il grand, ce Goliath ?

Grand’mère. Il avait quatorze pieds de haut ; il était grand David et Goliath.
comme deux hommes de très-haute taille au bout l’un de l’autre. Aussi tous les Juifs avaient une frayeur épouvantable.

Il leur disait des choses si méprisantes, que tous étaient hors d’eux, mais pourtant chacun tremblait, et n’osait accepter le défi de Goliath.

David, qui s’était retiré à Bethléem, fut envoyé un jour, par Isaï, son père, pour porter des vivres à ses frères, qui étaient au camp des Israélites, et il apprit ainsi ce qui s’y passait, et on lui dit que Saül avait promis sa fille en mariage et beaucoup de riches à celui qui parviendrait à tuer ce géant. David, malgré les remontrances et les moqueries de ses frères, dit qu’il ne le craignait pas, et qu’il se battrait volontiers contre lui.

Quand Saül apprit cette audacieuse parole de David, il lui défendit de songer à un combat aussi inégal. Mais David lui répondit : « En gardant mes brebis, j’ai eu occasion de tuer des ours et des lions qui venaient dévorer mes brebis, et je les tuais en les étranglant. » Saül finit par se laisser persuader, et donna même ses propres armes à David pour le combat ; mais David, se sentant gêné par la cuirasse, le casque, le bouclier et les armes du roi, ne voulut pas s’en servir. Il alla ramasser cinq pierres rondes et polies, les mit à son cou dans une sacoche, prit sa fronde et son bâton, et s’avança tout seul entre les deux armées rangées en bataille en face l’une de l’autre ; Goliath criait ses injures aux Israélites ; il disait :

« Que l’un de vous vienne me combattre ; nous représenterons chacun notre peuple ; le vainqueur aura pour esclave le peuple ennemi. Je parle au nom des miens ; personne n’ose-t-il se mesurer contre moi ? »

David s’avança ; Goliath, le voyant, se moqua de lui : « Suis-je un chien, pour que tu viennes à moi armé d’un bâton ? » Et, se mettant à blasphémer et à jurer par ses faux dieux, il ajouta : « Viens à moi, et je donnerai ta chair à manger aux oiseaux du ciel et aux bêtes de la terre. »

David lui répondit : « Tu viens à moi avec ton épée, ta lance et ton bouclier ; moi, je viens à toi au nom du Seigneur des armées, du Dieu d’Israël que tu insultes. Le Seigneur le livrera entre mes mains ; je te tuerai, je te couperai la tête, et je donnerai aux oiseaux du ciel et aux bêtes de la terre, ton corps à manger, et ceux des Philistins tes frères. »

Goliath, furieux, s’avança vers David, qui courut à lui, et quand il fut à une bonne distance, il lui lança une de ses pierres avec sa fronde, et en frappa Goliath au milieu du front. Le géant tomba le visage contre terre. David s’élança sur lui avant qu’il fût revenu de son étourdissement, et, n’ayant pas d’épée, il prit celle de Goliath et lui trancha la tête.

Les Philistins poussèrent des cris d’effroi et s’enfuirent. Le camp d’Israël retentit de cris de triomphe et de joie, et on se mit à poursuivre les Philistins. On en tua un nombre considérable. Les Israélites revinrent pour piller le camp des ennemis, qui contenait de grandes richesses.

Après le combat, David porta la tête de Goliath à Jérusalem, qui était tout près de là, et mit les armes du géant dans son logement. David avait alors vingt-trois ans ; sa vie avait toujours été sainte et innocente ; il était aussi bon que beau et brave.