L. Hachette et Cie (p. 268-270).

C

SAÜL SACRÉ ROI D’ISRAËL

(1000 ans avant J.-C.)



Ce fut vingt et un ans après la défaite des Philistins que le peuple d’Israël demanda un roi. Le Seigneur dit à Samuel qu’il lui désignerait celui qui devait être choisi pour régner sur Israël.

Il y avait un homme de la tribu de Benjamin, nommé Cis. Cet homme avait un fils nommé Saül, qui était beau, grand et bien fait. Un jour Cis perdit son troupeau d’ânesses. Après les avoir bien cherchées, il dit à Saül de prendre un de ses serviteurs et d’aller à leur recherche Saül courut pendant trois jours sans pouvoir les trouver, et il voulait s’en retourner, de peur que son père ne fût inquiet de lui, mais le serviteur lui dit : « Allons trouver Samuel le Prophète, le Voyant. »

Gaston. Qu’est-ce que cela veut dire, le Voyant ?

Grand’mère. Le peuple appelait les Prophètes des Voyants, parce que Dieu leur faisait voir des choses que personne autre ne pouvait voir, et même les choses à venir.

« Il nous dira où sont les ânesses, car il a l’Esprit de Dieu, il devine tout et voit tout. — Allons, dit Saül. » Et entrant dans la ville de Suph, où était Samuel, ils arrivèrent chez lui.

Samuel venait d’offrir un sacrifice au Seigneur, et il attendait Saül, parce que le Seigneur l’avait prévenu de son arrivée, et lui avait dit : « C’est cet homme que j’ai choisi. Tu le sacreras pour qu’il règne sur mon peuple. »

Armand. Comment, sacreras ?

Grand’mère. Sacrer veut dire offrir, consacrer solennellement au Seigneur. On sacre encore à présent les évêques et les rois chrétiens.

Samuel était au milieu de la place. Saül, s’approchant, lui demanda : « Où trouverai-je Samuel le Voyant ?

— C’est moi qui suis le Voyant, répondit Samuel. Monte chez moi, afin que tu manges avec moi, et que tu dormes chez moi. Je sais ce que tu veux dire. Ne t’inquiète pas des ânesses que ton père a perdues il y a trois jours ; elles sont retrouvées. »

Samuel prit Saül et son serviteur, il les fit entrer et asseoir dans la salle où étaient réunis trente convives, il commanda aux serviteurs d’apporter les bons morceaux qu’il avait fait mettre à part et de les servir à Saül. Saül mangea et but, ainsi que son serviteur ; et il passa le reste du jour et de la nuit chez Samuel.

Le lendemain, avant que Saül partit. Samuel lui parla de la volonté du Seigneur, puis il prit une fiole d’huile bénite, et la répandit sur la tête de Saül en disant : « Le Seigneur, par cette onction, te sacre prince de son royaume. Tu délivreras ton peuple de la main de ses ennemis. Pour preuve de ce que je te dis, tu rencontreras près un sépulcre de Rachel deux hommes qui te diront : « Votre père a retrouvé ses ânesses, mais il est en peine de vous. » Et plus loin, auprès du chêne de Thabor, tu rencontreras trois hommes qui porteront trois chevreaux et trois tourtereaux pour être offerts en sacrifice ; ils te salueront et t’offriront deux pains que tu prendras. Puis tu rencontreras une troupe de prophètes qui joueront de divers instruments. Et l’Esprit du Seigneur s’emparera de toi ; tu prophétiseras, et tu te sentiras changé en un autre homme. »

Paul. En quel homme sera-t-il changé ?

Grand’mère. Il ne sera pas changé à l’extérieur ; c’est l’intérieur, c’est-à-dire l’esprit, le cœur, l’intelligence qui devront être changés.

« Alors, ajouta Samuel, tu feras ce que le Seigneur t’inspirera ; je te ferai reconnaître roi par le peuple, tu iras m’attendre à Galgala ; tu m’y attendras pendant sept jours, et tu immoleras, avec moi, des holocaustes au Seigneur. »

Tout cela arriva comme l’avait dit Samuel ; et, quand Saül arriva chez lui, il se sentit tout autre en son cœur et en son esprit ; et chacun s’étonnait en l’entendant parler et prophétiser.

Samuel, ayant fait partir des envoyés pour rassembler le peuple ou les anciens de toutes les tribus, leur présenta Saül pour régner sur eux par l’ordre du Seigneur. Et le peuple s’écria tout d’une voix : « Vive le roi ! »

Samuel leur lut les nouvelles lois du royaume, qui étaient écrites dans un livre qu’il mit en dépôt devant le Seigneur.

Françoise. Comment, devant le Seigneur ? Où était le Seigneur ?

Grand’mère. Probablement dans le sanctuaire du Tabernacle, devant le voile du Saint des Saints, là où brûlaient les cierges du chandelier à sept branches, là où étaient l’encens et les pains de proposition.