La Bhagavad Gîtâ/Chapitre 9

Chapitre 8 La Bhagavad Gita Chapitre 10




Anonyme

Chapitre 9
Raja-Vidya-Guhya Yoga - Connaissance intime de la Vérité Ultime



Verset : 9.1

Le Seigneur Bienheureux dit : « Parce que jamais tu ne Me jalouses, Mon cher Arjuna, Je vais te révéler la sagesse la plus secrète, par quoi tu seras affranchi des souffrances de l’existence matérielle.

Verset : 9.2

« Ce savoir est roi entre toutes les sciences ; il est le secret d’entre les secrets, la connaissance la plus pure, et parce qu’il nous fait directement réaliser notre identité véritable, représente la perfection de la vie spirituelle. Il est impérissable, et d’application joyeuse.

Verset : 9.3

« Les hommes qui, sur la voie du service de dévotion, sont privés de foi, ô vainqueur des ennemis, ne peuvent M’atteindre, ils reviennent naître et mourir en ce monde.

Verset : 9.4

« Cet univers est tout entier pénétré de Moi, dans Ma forme non manifestée. Tous les êtres sont en Moi, mais je ne suis pas en eux.

Verset : 9.5

« Dans le même temps, rien de ce qui est créé n’est en Moi. Vois Ma puissance surnaturelle ! Je soutiens tous les êtres, Je suis partout présent, et pourtant, Je demeure la source même de toute création.

Verset : 9.6

« De même que dans l’espace éthéré se tient le vent puissant, soufflant partout, ainsi, sache-le, en Moi se tiennent tous les êtres.

Verset : 9.7

« À la fin d’un âge, ô fils de Kuntî, toutes créations matérielles rentrent en Moi, et au début de l’âge suivant, par Ma puissance, Je crée de nouveau.

Verset : 9.8

« L’univers matériel tout entier est sous Mon ordre. Par Ma volonté, il est à chaque fois de nouveau manifesté, et c’est toujours par elle qu’à la fin il est anéanti.

Verset : 9.9

« Mais ces actes ne sauraient Me lier, ô Dhananjaya. À jamais détaché d’eux, J’y demeure comme neutre.

Verset : 9.10

« La nature matérielle agit sous Ma direction, ô fils de Kuntî, sous Ma direction elle engendre tous les êtres, mobiles et immobiles. Par Mon ordre encore, elle est créée puis anéantie, dans un cycle sans fin.

Verset : 9.11

« Les sots Me dénigrent lorsque sous la forme humaine Je descends en ce monde. Ils ne savent rien de Ma nature spirituelle et absolue, ni de ma suprématie totale.

Verset : 9.12

« Ainsi égarés, ils chérissent des vues démoniaques et athées. Vains sont leurs espoirs de libération, vains leurs actes intéressés, vaine leur aspiration au savoir.

Verset : 9.13

« Mais ceux qui ignorent l’égarement, ô fils de Prithâ, les mahâtmâs, se trouvent sous la protection de la nature divine. Me sachant Dieu, la Personne Suprême, originelle et intarissable, ils s’absorbent dans le service de dévotion.

Verset : 9.14

« Chantant toujours Mes gloires, se prosternant devant Moi, grandement déterminés dans leur effort spirituel, ces âmes magnanimes M’adorent éternellement avec amour et dévotion.

Verset : 9.15

« D’autres, qui cultivent le savoir, M’adorent soit comme l’existence unique, soit dans la diversité des êtres et des choses, soit dans Ma forme universelle.

Verset : 9.16

« Mais c’est Moi qui suis le rite et le sacrifice, l’oblation aux ancêtres, l’herbe médicinale et le mantra. Je suis et le beurre, et le feu, et l’offrande.

Verset : 9.17

« De cet univers, Je suis le père, la mère, le soutien et l’aïeul, Je suis l’objet du savoir, le purificateur et la syllabe OM. Je suis également le Rig, le Sâma et le Yajur.

Verset : 9.18

« Je suis le but, le soutien, le maître, le témoin, la demeure, le refuge et l’ami le plus cher, Je suis la création et l’annihilation, la base de toutes choses, le lieu de repos et l’éternelle semence.

Verset : 9.19

« Je contrôle la chaleur, la pluie et la sécheresse, Je suis l’immortalité, de même que la mort personnifiée, L’être et non-être, tous deux sont en Moi, ô Arjuna.

Verset : 9.20

« C’est indirectement qu’ils M’adorent, les hommes qui étudient les Védas et boivent le soma, cherchant ainsi à gagner les planètes de délices. Ils renaissent sur la planète d’Indra, où ils jouissent des plaisirs des dévas.

Verset : 9.21

« Quand ils ont joui de ces plaisirs célestes, quand leurs mérites se sont épuisés, ils reviennent sur cette Terre mortelle. Un bonheur fragile, tel est donc, après avoir suivi les principes des Védas, le seul fruit qu’ils récoltent.

Verset : 9.22

« Mais ceux qui M’adorent avec dévotion, méditant sur Ma Forme absolue, Je comble leurs manques et préserve ce qu’ils possèdent.

Verset : 9.23

« Toute oblation qu’avec foi l’homme sacrifie aux dévas est en fait destinée à Moi seul, ô fils de Kuntî, mais offerte sans la connaissance.

Verset : 9.24

« Car Je suis l’unique bénéficiaire et l’unique objet du sacrifice. Or, ceux qui ignorent Ma nature véritable, absolue, retombent.

Verset : 9.25

« Ceux qui vouent leur culte aux dévas renaîtront parmi les dévas, parmi les spectres et autres esprits ceux qui vivent dans leur culte, parmi les ancêtres les adorateurs des ancêtres : de même, c’est auprès de Moi que vivront Mes dévots.

Verset : 9.26

« Que l’on M’offre, avec amour et dévotion, une feuille, une fleur, un fruit, de l’eau, et cette offrande, Je l’accepterai.

Verset : 9.27

« Quoi que tu fasses, que tu manges, que tu sacrifies et prodigues, quelque austérité que tu pratiques, que ce soit pour Me l’offrir, ô fils de Kuntî.

Verset : 9.28

« Ainsi, tu t’affranchiras des suites de tes actes, tous, vertueux et coupables ; par ce principe du renoncement, tu seras libéré et viendras à Moi.

Verset : 9.29

« Je n’envie, Je ne favorise personne, envers tous Je suis impartial. Mais quiconque Me sert avec dévotion vit en Moi, comme Je suis son ami.

Verset : 9.30

« Commettrait-il les pires actes, il faut voir quiconque est engagé dans le service de dévotion comme un saint homme, car il est sur la voie parfaite.

Verset : 9.31

« Rapidement, il devient sans reproche et trouve la paix éternelle. Tu peux le proclamer avec force, ô fils de Kuntî, jamais Mon dévot ne périra.

Verset : 9.32

« Quiconque en Moi prend refuge, ô fils de Prithâ, fût-il de basse naissance, une femme, un vaisya, ou même un shûdra, peut atteindre le but suprême.

Verset : 9.33

« Que dire alors des brâhmanas, des justes, des bhaktas et des saints rois qui, en ce monde éphémère, en ce monde de souffrances, Me servent avec amour et dévotion.

Verset : 9.34

« Emplis toujours de Moi ton mental, deviens Mon dévot, offre-Moi ton hommage et voue-Moi ton adoration. Parfaitement absorbé en Moi, certes tu viendras à Moi. »