Librairie de Firmin-Didot et Cie (p. 508-512).


XL.


Des deuils aussi cruels laissent une longue trace dans les cœurs qu’ils ont éprouvés ; mais la douleur a des manifestations bien diverses. Chez M. de Capmont, elle prit le caractère du remords. Il fit condamner la chambre où la pauvre Amine était morte, ferma les Effraies et partit pour un long voyage. Mon père, oublieux de ses affaires, passa six mois aux Tillières, errant par le parc, ne parlant à personne et supportant à peine notre vue. Mme Desbray se soulageait par une abondance de larmes et ne repoussait pas nos consolations. J’avais quitté Montserrou pour les Tillières, afin de ne pas abandonner mon père dans une si pénible épreuve. Reginald venait chaque soir, sans se plaindre de la fatigue ni de la privation de notre vie d’intimité. Dans cette maison désolée, le seul être heureux était notre petit James. Il commençait à bégayer, il souriait, et je me disais que Page:Blandy - La Benjamine.djvu/523 Page:Blandy - La Benjamine.djvu/524 Page:Blandy - La Benjamine.djvu/525 guise quand vous avez trouvé mes vœux conformes à la saine raison. Ah ! mon père, je ne veux pas pousser plus loin la comparaison ; elle nous serait cruelle à tous deux, dans un sens inattendu pour vous. Mais sachez que je n’ai jamais passé un seul jour sans vous révérer, sans vous aimer, et ce n’est pas à justement parler ma pauvre sœur, c’est moi qui ai été votre Benjamine ! »

FIN.