La Belgique et le Congo (Vandervelde)/1/05

F. Alcan (p. 94-113).


CHAPITRE V

LES RÉSULTATS DU RÉGIME LÉOPOLDIEN


Auferre, trucidare, rapere falsis nominibus imperium ;
atque ubi solitudinem faciunt, pacem appellant
.
Tacite.


On n’essaie plus de défendre, aujourd’hui, le système d’exploitation créé au Congo par le roi Léopold II.

Ceux même qui, jadis, furent les plus opiniâtres soutiens de la politique royale, se bornent à plaider les circonstances atténuantes. M. Jules Van den Heuvel, par exemple, au lendemain de la mort du Souverain, dont il fut le ministre, consacrait ces lignes significatives aux procédés de l’État Indépendant :

Après avoir épuisé les stocks d’ivoire, on eut recours à l’impôt, et à l’impôt en travail, obligeant le nègre à recueillir une certaine quantité de caoutchouc. Le principe de cet impôt pouvait se justifier : n’avons-nous pas vu les corvées admises par la plupart des législations des États européens, lorsque ceux-ci étaient dans une période moins avancée qu’aujourd’hui ? Mais le Roi commit la faute grave de ne pas assurer suffisamment une organisation prudente et une perception modérée de cet impôt[1].

On passa donc condamnation, quitte à soutenir que si l’œuvre royale, trop hâtivement poursuivie, devait inévitablement offrir des lacunes, des défauts et des abus, elle n’en fut pas moins, en fin de compte, bienfaisante et digne d’admiration.

La Commission d’enquête dit encore M. Van den Heuvel semble avoir porté un jugement très équitable lorsque, après avoir détaillé ses reproches, et signalé les réformes nécessaires, elle a rendu hommage à l’œuvre accomplie — œuvre magnifique — qui avait délivré le noir de la traite, qui le sauvait du cannibalisme et du fléau de l’alcool, qui aidait à lutter contre la terrible maladie du sommeil et qui le mettait en communication avec une civilisation plus élevée.

Il y a beaucoup de choses très discutables dans cette série d’affirmations.

Certes, quand l’histoire jugera le Souverain de l’État du Congo avec le recul nécessaire, elle fera la part du bien et du mal : et le jour où la Belgique aura fait table rase du travail forcé et du système de servage établi en 1892, il restera, en définitive, cette très grande chose que, roi constitutionnel d’un petit pays, qui lui marchanda longtemps son concours, Léopold II sut, par son initiative, sa volonté tenace, sa diplomatie sagace, créer ex nihilo, l’un des plus vastes empires coloniaux des temps modernes.

Mais que, tout bien pesé, et malgré l’évidence des fautes commises, les indigènes du Congo aient eu à se féliciter de la création de l’État Indépendant, c’est, pour le moins, une question, et une question très complexe, à laquelle on ne peut se contenter de répondre par quelques phrases grandiloquentes sur l’abolition de la traite, le refoulement du cannibalisme, la prohibition de l’alcool ou les bienfaits de la civilisation.

La traite a été abolie : c’est en grande partie vrai, bien que des marchands d’hommes, venant de l’Angola, la pratiquent encore dans le Haut Kasaï ; mais, si les Congolais ne connaissent plus les horreurs de la traite, ils ont subi pendant quinze ans les atrocités du « caoutchouc rouge », et nous n’oserions pas jurer qu’à certains moments, les Belges ne leur aient pas fait regretter les Arabes.

Le cannibalisme a été refoulé et ne se pratique plus ouvertement ; le fléau de l’alcool a reculé dans le Bas Congo, et l’État Indépendant a appliqué, plus rigoureusement qu’on ne l’a fait dans d’autres colonies, les actes internationaux qui défendent d’importer des boissons alcooliques dans le bassin du haut fleuve[2] ; nul plus que nous ne s’en félicite ; mais, en revanche, les indigènes ont appris à connaître la prostitution, la syphilis — introduite par les Européens, d’un côté, par les Arabes, de l’autre — et, surtout, cette effrayante maladie du sommeil, localisée jadis dans quelques parties du Bas Congo, et dont la propagation dans tout le pays, le long des routes et des rivières, a été le résultat de l’occupation européenne et du développement des transports.

M. Van den Heuvel, il est vrai, fait un mérite à l’État d’avoir aidé les populations à se défendre contre le mal. Que n’a-t-il pu voir les installations misérables des lazarets ou, brutalement et presque toujours inutilement, on interne les infortunés qui en sont atteints ?

Quant au fait d’« avoir été mis en communication avec une civilisation plus élevée », c’est précisément un des problèmes les plus angoissants de la colonisation moderne, même quand elle adopte les méthodes les plus libérales et les plus humaines que de savoir si c’est un bien ou un mal pour des indigènes que d’être mis en contact avec une civilisation plus élevée.

Si on les consultait à ce sujet, nul doute que la plupart d’entre eux ne répondent négativement.

Lorsque Harry Johnston visitait le Haut Congo, en 1883, les noirs lui disaient :

« Laissez-nous tranquilles. Nos coutumes peuvent vous paraître mauvaises, mais laissez-nous tranquilles. Restez dans votre pays, comme nous restons dans le nôtre[3]. »

Ce n’est certes pas le régime Léopoldien qui les a fait changer d’avis.

J’entends encore, dans la Mongala, les chefs Budjas qui nous disaient, avec une sympathique franchise :

« Le caoutchouc est fini. Vous n’avez donc plus rien à faire ici. N’allez-vous pas vous en aller, maintenant ? »

Dans le Mouvement des Missions catholiques an Congo, de septembre 1909, le P. Pollé, missionnaire de Scheut, rapporte en ces termes une conversation qu’il avait eue, récemment, avec un vieux chef, celui de Sabuka, près de Nsona Mbata, dans le district des Cataractes :

— Chef Gamala, je viens vous parler des choses de Dieu.

— Je les connais vos choses de Dieu.

— Jadis vos hommes priaient, vos enfants suivaient le catéchisme ; vous avez tout abandonné. N’allez-vous pas recommencer votre bonne vie d’autrefois ?

— J’ai fui, avec mon village, votre catéchiste. Je ne veux plus de vous.

— Pourquoi donc ?

— Parce que vous êtes mauvais, mauvais !

— C’est la première fois que vous me voyez. Comment savez-vous que je suis mauvais !

— Vous êtes blanc et tous les blancs sont mauvais. Je ne veux pas entendre leurs paroles. Mes hommes non plus ne veulent pas d’eux. »

Et, comme je demandais la raison de ces dispositions hostiles, le vieux chef se leva du tronc d’arbre qui lui servait de chaise et déclama à peu près ceci :

« Voyez, blanc, jadis j’étais puissant. J’avais beaucoup de villages, beaucoup d’hommes. Les blancs sont venus. Ils ont apporté la maladie du sommeil ; mes hommes sont morts, mes villages sont morts. Vous demandez des enfants pour les faire prier, et il n’y a plus d’enfants. Les voici ! Les voici ! »

Et Gamala circulait, en indiquant des tombes, comme semées dans son village.

Le P. Pollé ajoute, il est vrai, que Gamala mentait, car plusieurs enfants venaient de s’enfuir dans la brousse.

Mais le témoignage d’hostilité reste, et il ne serait que trop facile de citer bien d’autres exemples du même sentiment.

D’autre part, une chose est malheureusement certaine, c’est que, sous le régime Léopoldien, la civilisation même, avec ses chemins de fer, ses bateaux à vapeur, ses armes perfectionnées, n’a le plus souvent servi qu’à pratiquer, d’une manière plus intensive, le pillage des richesses naturelles et l’exploitation du matériel humain.

Ce fut le cas dans l’Abir, la Mongala, le Domaine de la Couronne et, d’une manière générale, dans toute la forêt caoutchoutière ; mais ce serait une erreur de croire que dans d’autres régions, où l’on ne faisait pas de caoutchouc, l’occupation européenne, appuyée sur la force des armes, ait été autre chose qu’un brigandage, une mangerie à la turque, plus dévastatrice qu’une nuée de sauterelles.

On en jugera, notamment, par ces notes, prises au jour le jour, que nous copions, telles quelles, dans le journal de route du commandant Lemmaire, lors de sa mission au Nil, en 1903.

Il s’agit d’une reconnaissance par la rive droite de la rivière Je-Ji, au nord des rapides Brialmont (Enclave de Lado). Les voyageurs, partis de la zone tributaire du poste de Taffari, aboutissent à ce poste après avoir traversé une région où l’influence des blancs ne s’est pas fait sentir. Rien n’est plus saisissant que le contraste entre la pénurie aux environs du poste et l’abondance dans les villages situés hors de sa sphère d’action.

Mais laissons parler le commandant Lemaire :

1er septembre 1903.

Sur la rive droite du Je-Ji, il n’y a plus que quelques occupants, très disséminés dans des cultures. Comme je demande si on peut me procurer une poule et quelques œufs, on me répond : Nous avons du tout fournir au blanc de la Taffari. — Mais je ne demande qu’une seule poule et deux ou trois œufs. Ce n’est pas trop pour les trois blancs que nous sommes. — Les œufs, dit Maguira, impossible de vous en apporter même un. Mais j’ai un coq, dont la poule couve maintenant. Je vais l’envoyer chercher. C’est tout ce que je puis faire. — Et il envoie son fils, en arrière, à deux heures de distance, pour chercher le fameux coq, que l’on m’apporte à la nuit tombante.

Il paraît qu’en aval nous trouverons poules et chèvres.

4 septembre.

Outre les vivres apportés par le chef, M. Vallo a pu acheter 55 œufs contre du sel. De sorte que je suis envahi de petit bétail et de volaille. Bonne affaire, d’ailleurs. Tout cela va partir de suite vers les rapides Lambermont, sous la conduite de six malades, savoir trois soldats et trois porteurs, qui rentrent à petites étapes, et emmèneront 7 moutons et 12 poules. Vrai ! il y a plutôt une différence avec les villages qui sont en contact immédiat des postes !

10 septembre.

On va toujours bon train, le long des sentiers que le passage des troupeaux entretient larges et suffisamment dégagés ; mais toujours pas une bête à voir, sauf des chèvres et des moutons. On dirait que les gens tiennent beaucoup moins à ce petit bétail qu’à leurs grosses bêtes qui, toutes, sont aux cachettes ; seules, les empreintes de sabots, les bouses nombreuses, les enclos entourés d’abattis épineux, disent l’existence de grands troupeaux dans tout le pays. C’est la première fois que je vois pareille richesse indigène.

17 septembre.

La route que nous prenons a été jadis désherbée par un blanc, appelé du nom indigène de Koloni. Il s’agit d’un certain X…, qui fut d’abord dans une colonie scolaire avant d’être chef de poste de la Taffari. Cet agent a laissé les plus tristes souvenirs. On raconte qu’à son départ du poste de la Taffari, il organisa, des fêtes, au cours desquelles il fit égorger tout le troupeau de petit bétail de son poste, soit 200 chèvres et moutons.

18 septembre.

Au poste de la Taffari.
xxxxQuelle porcherie, où blancs et noirs, poules et chèvres vivent pêle-mêle. Une étroite zériba enclôt tout cela… Le jardin légumier est surtout riche en salades ; on y voit aussi une poignée de cresson alénois ; 6 ou 7 radis poussent en graines, et de la moutarde feuille de chou. C’est tout, absolument tout. Il n’y a ici aucun arbre fruitier introduit, ni grand, ni petit, sauf une soixantaine de petits papayers ; ni bananiers, ni maracoudjas, ni ananas, ni citrons ; rien !
xxxxLa maison du chef de poste est un taudis infect, vermineux et bas, où il pleut à gogo.

Il paraît qu’au Nil on trouve encore des gens se vantant des temps héroïques où l’on faisait des razzias mettant ce malheureux pays à bout. Mais s’occuper des cultures, planter des arbres pour l’avenir, avoir un beau poste, bon pour des pékins, cela. On est soldat, c’est pour faire la guerre, n’est-ce pas ? La guerre, ces abominables actes de bandits ! Tout ce que l’esprit militaire moderne a de beau et de grand n’a jamais, ou bien peu, été connu au Congo ; on n’a étalé que les vices du soudard : paillardise, fainéantise, ivrognerie et parfois couardise.

Bien entendu tous les postes du Congo ne ressemblent pas à celui de la Taffari, non plus que tous les guerriers de Bula Matadi ne répondent au signalement qu’en donne le commandant Lenmaire.

En règle générale, même, les stations de l’État — du moins celles que j’ai vues sont bien aménagées, mieux aménagées, parait-il, que dans les colonies voisines ; mais en général, aussi, elles n’ont que de maigres cultures vivrières, ne possèdent guère d’arbres fruitiers, et vivent sur le pays, d’autant plus insupportables aux indigènes qu’elles ont plus de bouches à nourrir.

Est-ce à dire que partout il en soit ainsi ; que partout le voisinage des blancs soit une malédiction pour les noirs, et que tout soit à condamner dans ce qui a été fait, pendant un quart de siècle, au Congo, par l’État Indépendant ou par les Européens établis dans l’État Indépendant ?

Ce n’est pas ce que nous voulons dire.

Le Congo est un monde. Dans ce cinquième de continent, des milliers d’hommes ont exercé leur action : missionnaires, commerçants, planteurs, médecins, officiers, agents d’administration. Les uns étaient excellents, d’autres bons, médiocres, mauvais ou détestables ; les uns étaient possédés du désir d’être utiles à leurs semblables, d’autres, au contraire, étaient venus en Afrique pour se faire une position, ou pour amasser, hâtivement, et par tous les moyens, une fortune.

Comment serait-il possible, dans ces conditions, de porter, sur ces actes complexes, un jugement unique, valable pour toutes les parties d’un territoire immense, qui soit une apologie ou une condamnation ?

Des voyageurs qui n’avaient pas quitté le chemin de fer ou le bateau à vapeur et qui n’ont vu du Congo que les plantations du Mayombe, l’œuvre, vraiment admirable, du chemin de fer des cataractes, le beau port fluvial de Léopoldville, les stations ou les camps, si bien ordonnés, de Lisala, d’Irebu ou de Coquilhatville, les missions des Jésuites de Kisantu, des Scheutistes de Nouvelle-Anvers, des Baptistes ou des Presbytériens de Bolobo, d’Upoto, de Luebo[4], ont pu, de très bonne foi, se figurer que tout était pour le mieux dans la meilleure des colonies.

Mais, n’ayant pas mis les pieds dans la forêt ou dans la brousse, ils se sont fait du Congo une opinion aussi unilatérale, et, par conséquent, aussi fausse que celle d’un sociologue qui ferait l’éloge d’un grand magasin, après avoir vu ses installations centrales, sans tenir compte de la misère des ouvriers à domicile qui ne reçoivent de ce grand magasin que des salaires de famine.

D’autre part, il faut également se méfier des jugements pessimistes que portent sur le Congo des philanthropes, des négrophiles, qui n’y ont jamais été, et qui se sont fait une opinion en lisant les récits des missionnaires protestants, les rapports des consuls anglais ou américains, les comptes rendus des procès qui ont été faits à des blancs ou à des noirs coupables d’ « atrocités ».

Non pas, bien entendu, qu’il faille mettre en doute la véracité de la plupart de ces témoignages.

Si des erreurs ont pu être commises, ou des exagérations, les accusations portées contre le régime Léopoldien ont été, en gros, reconnues exactes par la Commission d’enquête de 1905.

Mais que l’on suppose un étranger se faisant une opinion sur un pays d’Europe, sans l’avoir vu, et en se fondant uniquement sur les constatations d’enquêtes ouvrières, de rapports sur le sweating system ou sur la question des logements dans les grandes villes, de statistiques criminelles ou de comptes rendus de procès d’assises : n’arrivera-t-il pas fatalement qu’il ait de ce pays une idée fausse, parce qu’incomplète ?

Or, c’est ce qui est arrivé, non pas à des publicistes avertis comme Fox Bourne ou Edm. Morel, mais à beaucoup de personnes qui n’ont appris à connaître le Congo que par les pamphlets de Mark Twain ou de Conan Doyle.

Lors de mon second voyage au Congo, j’eus le grand plaisir de passer quelque temps avec deux jeunes Anglais, tenant de près au monde des missions, qui arrivaient en Afrique persuadés que tous les fonctionnaires congolais étaient des espèces de négriers et que, même sous le nouveau régime belge, les plus graves abus, les plus terribles cruautés continuaient à se commettre sur toute l’étendue du territoire.

Leur étonnement, à ne rien voir de pareil, commença dès les premiers jours. Il ne fit que s’accentuer par la suite, et quelques mois après leur arrivée en Afrique, je recevais du Haut Kasaï, où mes amis venaient de faire un long séjour, une lettre si intéressante que je ne résiste pas à la tentation d’en citer quelques lignes :

« Tout le monde ici m’écrivait Mrs X… se méfie d’abord de moi, parce que je suis anglaise, mais ils ne tardent pas à ne voir en moi que la femme, et ils me racontent leur vie, leurs affaires, leurs croyances ; ils me montrent toutes leurs lettres, m’ouvrent tous leurs livres, et n’essaient pas de me cacher la vérité. Pour la plupart, ce ne sont pas des natures très nobles, mais ils ne sont pas mauvais. D’autre part, j’ai une conception tout autre du nègre, après quelques mois de contact avec lui. Vous êtes socialiste et moi je suis philanthrope, mais c’est moi qui vous dis qu’il y a un monde entre le noir et l’homme civilisé. D’abord, je n’en ai pas jugé ainsi ; j’ai été très gentille pour nos boys ; et, maintenant, je pense que cette gentillesse est beaucoup plus cruelle pour eux que la sévérité des commerçants. J’ai gâté tous les boys que nous avons eus. Quelquefois, au contraire, les commerçants en ont fait des hommes. »

Je me suis permis de publier ce témoignage, d’une sincérité si primesautière, parce que la personnalité dont il émane lui donne une valeur spéciale.

Mais il ne faut pas oublier que ma correspondante a résidé dans une partie du Congo où la contrainte légale n’a jamais existé ; que depuis la reprise, et aussi depuis le rapport du consul Thesiger et le procès Sheppard, la situation s’y est beaucoup améliorée, et que ce serait tomber d’un excès dans l’autre que de sous-évaluer les faits, trop réels, d’oppression brutale et avide, qui ont, à juste titre, révolté l’opinion du monde entier.

Un fait, d’ailleurs, plus que tout autre, suffit à montrer que le régime Léopoldien a eu pour les indigènes des conséquences funestes : c’est la décroissance de population que l’on constate dans la plupart des régions du Congo.

M. A. Delcommune, qui a visité le Mayombe vers 1880, nous disait que, trente ans plus tard, il avait été douloureusement frappé de voir combien le nombre des villages avait diminué.

Lorsque Stanley remonta le Congo en 1883, il signala des agglomérations énormes du côté d’Iboko (Ban’gala) et d’Irebu[5],

Voici, par exemple, ce qu’il dit d’Irebu :

Cette grande ville ou agglomération de villages construits si près les uns des autres que l’étranger ne peut les distinguer, occupe la rive gauche du Congo et la rive gauche du Loukanga, couvrant une distance de huit kilomètres sur le bord de l’eau et de trois kilomètres et demi à l’intérieur. La population peut être évaluée à 15.000 âmes, et même à 30.000, si l’on additionne les habitants de la ville proprement dite et ceux des villages suburbains, car Irebu a des faubourgs.

Aujourd’hui, il n’existe plus dans cette région que des villages clairsemés loin de la rive, et jusqu’à Nouvelle-Anvers, on remonte le fleuve, pendant cinq jours, sans rencontrer, pour ainsi dire, âme qui vive, en dehors des missions ou des postes de l’État.

Les anciens habitants ont émigré, ou se sont enfuis dans l’intérieur pour se soustraire à l’impôt. D’autres ont été victimes de répressions et d’ « expéditions punitives ». D’autres, en grand nombre, ont été fauchés par la maladie du sommeil.

Mais la maladie du sommeil, elle-même, fait vraisemblablement le plus de ravages, lorsqu’elle s’attaque à des populations surmenées, débilitées, démoralisées, et il ne semble pas douteux que le système du travail forcé, avec les excès qui devaient fatalement en résulter, ait supprimé beaucoup plus de vies humaines que, jadis, le cannibalisme, les sacrifices funéraires, les ordalies, et même les guerres entre tribus.

Dans ces conditions, il est impossible de ne pas conclure qu’au point de vue humanitaire, le régime inauguré dans le Centre-Afrique par Léopold II ne saurait être assez sévèrement condamné.

Mais ce n’est pas à ce point de vue que beaucoup de gens se placent. Ils invoquent l’argument de la nécessité. Ils affirment que si le Roi Souverain avait procédé autrement, son échec eut été inévitable. Ils vantent le rendement économique du système et soutiennent que nul autre n’eût donné des résultats aussi rapides et aussi brillants.

Toutes réserves faites quant à la légitimité de ce critère, voyons ce qu’il faut en penser.

Un fait, assurément, n’est pas contestable, c’est que la politique inaugurée en 1892, pour couvrir les dépenses énormes nécessitées par l’exploration hâtive du Congo, l’occupation militaire de son immense territoire, la guerre contre les Arabes, les chimériques expéditions vers le Haut Nil, l’exécution de vastes travaux en Belgique, a donné les résultats financiers immédiats que l’on en attendait.

Il suffit, pour s’en convaincre, de jeter un coup d’œil sur le tableau suivant, emprunté à la statistique générale des exportations (commerce spécial), de 1886 à 1909.

1886 (2e semestre) 
  
00 886.090 fr.  
1898 
  
22 163.000 fr.
1887 
  
01 980.000 —
1899 
  
36 067.000 –
1888 
  
02 609.000 –
1900 
  
47 377.000 –
1889 
  
04 297.000 –
1901 
  
50 488.000 –
1890 
  
08 242.000 –
1902 
  
59 070.000 –
1891 
  
05 353.000 –
1903 
  
54 598.000 –
1892 
  
05 487.000 –
1904 
  
51 891.000 –
1893 
  
06 206.000 –
1905 
  
53 032.000 –
1894 
  
08 761.000 –
1906 
  
58 278.000 –
1895 
  
10 943.000 –
1907 
  
58 895.000 –
1896 
  
12 389.000 –
1908 
  
43 372.000 –
1897 
  
15 146.000 –
1909 
  

On voit que, dès les premières années du nouveau régime, la progression s’accentue, par bonds énormes, pour atteindre, du reste, un état presque stationnaire, à partir de 1900, et fléchir, au lendemain de la reprise du Congo par la Belgique.

D’autre part, si l’on établit un parallèle entre le développement du commerce général, au Congo et dans d’autres colonies qui passent pour être prospères, — la Guinée française, notamment, — la comparaison, à première vue, est plutôt en faveur de l’État Indépendant.

En 1895, par exemple, le commerce général du Congo s’élève à 23.961.000 francs ; il est en 1905, de 89.138.000 francs et en 1907, de 110.977.000 francs, soit plus du quadruple[6].

En 1895, le commerce général de la Guinée française est de 10 millions ; il atteint en 1908, 29.762.000 francs, soit à peu près le triple[7].

Il semble donc que le régime de la liberté ait été moins favorable à un développement rapide que le régime de contrainte qui a, jusqu’à présent, existé au Congo, et que, si l’on se place à un point de vue exclusivement économique, les résultats obtenus par l’administration congolaise aient été très brillants.

Mais cette impression première se modifie, lorsqu’on y regarde de plus près.

Le seul examen, en effet, du tableau des exportations montre déjà que la prospérité économique du Congo dépendant à peu près exclusivement des recettes provenant de l’ivoire, du copal et, en première ligne, du caoutchouc, repose, ou plutôt reposait — car n’étaient les prix exceptionnels du caoutchouc, on serait en pleine crise —, sur des bases précaires et fragiles.

En 1905, déjà, M. Cattier montrait que, pendant les cinq années précédentes, les trois produits que nous venons de citer entraient pour plus de 90 p. 100 dans le total des exportations.

Depuis lors cette situation ne s’est pas sensiblement modifiée.

En 1908, par exemple, la proportion était encore, pour les trois mêmes produits, de 90,9 p. 100.

Or, les réserves de copal qui se trouvent dans les forêts congolaises ne sont pas inépuisables, et, du reste, le copal n’est qu’un produit d’appoint. Les exportations d’ivoire paraissent devoir se maintenir, et même augmenter, pendant assez longtemps encore, mais, elles aussi, ne représentent qu’une part relativement faible — 9 millions sur 56 — du chiffre total des exportations. Quant au caoutchouc, qui, pendant vingt ans, a été la principale source de recettes pour l’État, il était inévitable que, le jour où les forêts les plus rapprochées des villages seraient épuisées, où les indigènes opposeraient plus de résistance à la contrainte, où l’opinion publique ne tolérerait plus l’application rigoureuse des lois sur le travail forcé, les produits et les bénéfices de cette monoculture, ou plutôt, de cette monorécolte, se réduisent dans des proportions inquiétantes pour les finances coloniales.

Dès la reprise par la Belgique, en effet, les quantités de caoutchouc importées du Congo à Anvers diminuèrent sensiblement. On en jugera par le tableau suivant, qui donne les chiffres de l’exportation du caoutchouc congolais depuis 1887 :

  kilogrammes

valeur

par kilog.

1887 0.030.050 00.116.768 francs. 03,70 francs.
1888 0.074.294 00.260.029 frcs. 03.50 frcs.
1889 0.131.113 00.458.895 frcs. 03,50 frcs.
1890 0.123.666 00.556.497 frcs. 04,50 frcs.
1891 0.081.680 00.326.720 frcs. 04,00 frcs.
1892 0.156.339 00.625.356 frcs. 04,00 frcs.
1893 0.241.153 00.964.612 frcs. 04.00 frcs.
1894 0.338.194 01.472.944 frcs. 04,35 frcs.
1895 0.576.517 02.882.585 frcs. 05,00 frcs.
1896 1.317.346 06.586.730 frcs. 05.00 frcs.
1897 1.662.380 08.311.900 frcs. 05.00 frcs.
1898 2.113.465 015.850.987 frcs. 07,50 frcs.
1899 3.746.789 28.100.917 frcs. 07,50 frcs.
1900 5.316.534 39.874.005 frcs. 07,50 frcs.
1901 6.022.733 43.965.950 frcs. 07,30 frcs.
1902 5.350.452 41.733.525 frcs. 07,80 frcs.
1903 5.917.983 47.343.864 frcs. 08,00 frcs.
1904 4.830.939 43.478.451 frcs. 09,00 frcs.
1905 4.861.767 43.755.903 frcs. 09,00 frcs.
1906 4.848.930 48.489.310 frcs. 10.00 frcs.
1907 4.529.461 43.982.748 frcs. 09,20 frcs.
1908 4.262.531 30.770.550 frcs. 05,80 frcs.
1909 3.492.392 38.416.312 frcs. 11,00 frcs.

On voit que l’exportation, qui était de 338 tonnes en 1894, atteignit 576 tonnes en 1895, bondit à 1.317 tonnes en 1896, pour s’élever progressivement au chiffre énorme de 6.022 tonnes en 1901. Mais, à partir de cette date, l’opinion publique commence à s’émouvoir, les forêts à s’épuiser, et un fléchissement se produit, suivi d’une chute brusque, au moment de la reprise.

Les conséquences financières de cette diminution des récoltes eussent été beaucoup plus graves qu’elles ne l’ont été, si, à partir de 1909, les prix du caoutchouc ne s’étaient relevés, pour atteindre, en 1910, des chiffres qui n’avaient jamais été atteints auparavant.

Mais, pour les années prochaines, on doit prévoir de nouvelles diminutions de récoltes, sans que l’on puisse espérer des compensations suffisantes par suite de nouvelles augmentations de prix.

Il faudra donc compter sur d’autres ressources — l’exploitation des mines ou le développement de l’agriculture, par exemple — pour suppléer au déficit de la cueillette du caoutchouc ; mais si, en définitive, le système inauguré en 1892 a fait faillite, au point de vue du rendement, aussi bien qu’au point de vue humanitaire, il n’en reste pas moins que, pendant des années, il a fourni des recettes énormes à l’État, au Souverain et aux Compagnies concessionnaires.

I. Les recettes de l’État — L’État Indépendant n’a jamais, après 1900, publié ses comptes de recettes et dépenses, mais seulement des prévisions budgétaires, qui sont restées, toujours, fort au dessous de la réalité.

À l’époque de la reprise, cependant, les Chambres belges se virent communiquer le compte général du budget pour 1906, d’où il résulte qu’à ce moment, où le système était en pleine vigueur, le produit du Domaine Privé de l’État, des tributs et impôts en nature payés par les indigènes, s’élevait à 12.879.094 francs. De plus, le portefeuille, composé pour la plus grande partie d’actions de sociétés concessionnaires, rapportait, pour la même année, 4.085.736 francs.

D’autre part, dans une interview du Temps (12 novembre 1909), M. Renkin, ministre des Colonies, déclarait que, défalcation faite des frais considérables de perception de l’impôt en nature, le produit du Domaine Privé, bon an mal an, ne dépassait pas 10 millions.

Quoi qu’il faille penser de cette évaluation, il reste certain que, pendant la période des débuts, les recettes du D. P. furent un élément essentiel des finances de l’État. Ce sont elles qui lui permirent de vivre et de se développer hâtivement — colonie sans métropole — avec, pour toutes ressources extérieures, une trentaine de millions avancés par la Belgique ; et peut-être, l’opinion publique internationale eût-elle tenu compte de ce fait, et eût-elle jugé moins sévèrement les procédés et les méthodes de l’État Indépendant, si tous les revenus de la colonie avaient été consacrés au développement de la colonie, au lieu d’être, dans une large mesure, détournés au profit du Souverain et de ses associés.

II. Les revenus du domaine de la couronne. — On n’a jamais su exactement ce qu’a rapporté au Souverain de l’État du Congo, le vaste latifundium qu’il s’était attribué dans la partie la plus riche en caoutchouc de la zone forestière.

En 1906, M. Cattier, mettant en rapport les ventes faites par l’État, pour le compte à la fois du D. P. et du Domaine de la Couronne, avec l’étendue proportionnelle de celui-ci, arrivait à cette conclusion que, de 1896 à 1905, le Domaine de la Couronne devait avoir donné un produit net de 70 millions[8]. À la séance de la Chambre des représentants du 28 février 1906, le chef du cabinet belge, M. de Smet de Naeyer, opposait à cette évaluation d’autres calculs[9], également hypothétiques, ramenant ce produit net à 18 millions seulement.

Deux ans plus tard, répondant à une question de M. Schollaert, président de la Commission des XVII, saisie du traité de reprise, le gouvernement se décidait à donner, pour la seule année 1906, un chiffre précis : « En 1906, il a été vendu, pour le compte de la Fondation de la Couronne, pour 6.374.900 francs de caoutchouc et 152.948 francs d’ivoire[10]. »

Soit plus de 6 millions et demi en une année, et autant, sans doute, l’année suivante. Quant aux années antérieures, les quantités totales de caoutchouc exportées par l’État et vendues à Anvers, ayant été plus fortes pendant la période 1900-1906 qu’en 1906 et 1907, on peut admettre, pour ces six années, une recette au moins égale, et, pour les quatre années précédentes, une recette inférieure de moitié ; soit, pour l’ensemble, et au bas mot, une cinquantaine de millions.

Une chose est certaine, en tout cas, c’est qu’en 1908, lorsqu’elle fut supprimée et que la Belgique reprit le Congo, la Fondation de la Couronne possédait, à Bruxelles et à Ostende, des immeubles pour une valeur globale de 30 millions de francs[11], et que, d’autre part, elle avait exécuté, ou commencé, des travaux somptuaires, tels que la construction d’une Arcade monumentale, l’embellissement de la résidence royale de Laeken, la création d’un Hippodrome à Ostende, qui avaient déjà coûté de nombreux millions, et devaient encore entraîner une dépense totale de 45.000.000 de francs.

Il n’est donc pas contestable que le Souverain de l’État du Congo, après être rentré dans ses avances, avait tiré et comptait tirer longtemps encore, du travail des indigènes, d’énormes bénéfices dont l’emploi fait songer à l’érection des pyramides d’Égypte par les sujets des Pharaons.

Si cette exploitation des corvéables congolais ne put continuer, c’est parce que la résistance du Parlement belge au maintien de la Fondation royale, contraignit Léopold II à la supprimer.

III. Les bénéfices des sociétés commerciales. — Rien n’est plus suggestif que le tableau des bénéfices réalisés par certaines sociétés congolaises, et, notamment, par les deux sociétés qui ont plus fait que toutes les autres pour la sinistre réputation du Congo : l’Abir et la Société Anversoise.

Les actionnaires de la Société Anversoise versèrent, en 1898, 1.700.000 francs. rapporta 3.896.832 francs en 1898 ; 3.083.976 francs en 1899 ; 29.160 francs en 1900 ; 28.447 francs en 1901 ; 967.466 francs en 1902 ; 2.021.824 francs en 1903. Par contre, en 1909, sous le régime de la convention avec l’État, exploitant pour le compte de la société, les bénéfices ne s’élèvent plus qu’à 194.230 francs[12].

Quant aux actionnaires de l’Abir, fondé en 1892, au capital de un million, ils ne versèrent que 232.000 francs. La société fut dissoute en 1898, et reconstituée sous le régime de la loi congolaise, avec un capital représenté par deux mille parts, sans valeur nominale. L’État obtint mille de ces parts, pour prix de la concession.

De 1898 à 1904, les bénéfices et les dividendes suivants furent distribués :

    00bénéfices   dividendes  
1898 2.482.697 francs. 1.100
1899 2.766.717 frcs. 1225
1900 5.869.020 frcs. 2.100
1901 2.492.842 frcs. 0.900
1902 1.492.308 frcs. 0.850
1903 2.975.910 frcs. 1.200
1904 1.224.944 frcs. 0.400

Mais, en 1905, une crise se produit. Les indigènes, effroyablement pressurés, se révoltent. Le rapport présenté à l’assemblée générale du 5 juin 1906 annonce qu’aucun dividende ne sera distribué, et fait appel à l’aide de l’État. Les révélations du rapport de la Commission d’enquête obligent celui-ci à prendre des mesures ; il décide d’exploiter lui-même les concessions de l’Abir et de l’Anversoise, sauf à leur remettre le caoutchouc récolté, rendu sur quai à Anvers, au prix de 4 fr. 50 le kilogramme.

Depuis ce moment, les bénéfices des deux sociétés concessionnaires se réduisent à peu de chose. Les actions de l’Abir, qui avaient valu 25.250 francs en 1900, tombent à 7.600 francs au retour de la Commission d’enquête, puis à 4.700 francs ; celles de l’Anversoise fléchissent en proportion, et la situation des sociétés devient tout à fait misérable, lorsqu’en 1909 l’État décide de suspendre la contrainte au travail dans les territoires qu’il exploite pour leur compte, en se bornant àleur remettre le caoutchouc que les indigènes lui apportent volontairement.

Reste à savoir si les actionnaires, qui se déclarent frustrés par ces mesures, ne parviendront pas à arracher au ministre des Colonies de nouveaux avantages.

Toutes les sociétés congolaises, au surplus, n’ont pas eu l’existence mouvementée de l’Abir et de l’Anversoise. Beaucoup ont échoué. D’autres végètent. D’autres, encore, comme la Compagnie du Lomami et la S. A. B. ont eu un développement normal. Quant à la Société du Kasaï, elle a connu, depuis sa constitution, une prospérité presque continuelle.

On en jugera par les bénéfices qu’elle a réalisés et par les quantités de caoutchouc et d’ivoire qu’elle a mises en vente, de 1902 à 1909:

    ventes de caoutchouc
francs.
ventes d’ivoire
francs.
bénéfices
francs.
1902 » 0004.775.430 0001.210.706
1903 » 0005.512.692 000084.780 0003.497.393
1904 » 0006.478.962 000099.760 0005.334.797
1905 1414 tonnes 0008.024.005 000087.555 0007.543.084
1906 1473es es 0008.038.506 000084.085 0008.033.657
1907 1127es es 0006.346.593 000238.222 0002 018.979
1908 1410es es 0007.904.082 000403.168 0004.337.128
1909

Au point de vue des actionnaires, ces résultats sont on ne peut plus satisfaisants. Mais, dans l’ensemble, il ne paraît pas douteux que si l’État Indépendant, au lieu de partager le tiers du Congo entre quelques puissantes sociétés, possédant un monopole de droit ou de fait, avait maintenu le régime du commerce libre, les bénéfices de quelques-uns eussent été moins exorbitants, mais les bénéfices globaux du commerce européen eussent été bien plus considérables.

En résumé, qu’il s’agisse des Sociétés, du Domaine Privé ou du Domaine de la Couronne, l’exploitation du Congo, de 1892 à 1900, a présenté, presque partout, les mêmes caractères : on y a fait, tout juste, ce qui était indispensable pour occuper le territoire, créer des moyens de transport et des voies de communication, empêcher que les travailleurs noirs ne soient décimés par les maladies, donner l’impression que l’on ne négligeait pas, tout à fait, les intérêts de la civilisation ; mais, si l’on fait abstraction des œuvres fondées par les missions, par la Compagnie du chemin de fer et par quelques hommes qui valaient mieux que le régime, on peut dire que l’occupation européenne, au Congo, n’a guère eu d’autres fins, pendant cette période, que de vivre sur le pays et d’en écrémer les richesses naturelles.



  1. Van den Heuvel. Le Correspondant, 1910, p. 25 : Léopold II.
  2. On me signale que, notamment dans le Kasaï, beaucoup d’Européens introduisent, en contrebande, de l’absinthe.
  3. Sir Harry Johnston. Grenfell, I. p. 174.
  4. Voir E. Vandervelde. Les derniers jours de l’État du Congo.
  5. Cinq années au Congo, pp. 391 et 415.
  6. Annexe au Bulletin officiel du Congo belge (4 septembre 1909), p. 46.
  7. Rapport de M. Messimy sur le Budget général (Ministère des Colonies). Paris, 1909, p. 204.
  8. Cattier. Étude sur la situation de l’État Indépendant du Congo, pp. 211 et suiv.
  9. Annales parlementaires. Chambre des Représentants. Session de 1905-1906 Séance du 28 février.
  10. Documents parlementaires. Chambre des Représentants, 1907-1908. p. 565.
  11. Pendant les années grasses qui précédèrent la venue de la Commission d’enquête, ce capital modeste leur Documents parlementaires. Chambre des représentants, 1907-1908, p. 565.
  12. Cattier. Étude sur la situation de l’État Indépendant, pp. 191 et suiv. — Le Boursier, 6 juin 1910.