L’obscure souffrance/Aux Canadiennes

L'Action sociale Limitée (p. 79-115).

Aux Canadiennes


Le peuple canadien sera sobre si vous le voulez.


Mesdames,



Voici des années déjà que la lutte contre l’alcool est, chez nous, vigoureusement menée.

Devant les ravages de ce mal, qui nous avilit, qui ruine notre sang, l’Église et l’État se sont émus, se sont unis et, à travers le pays, il y a eu un grand mouvement de tempérance.

Par les prédications, les conférences, les tableaux, les brochures, les journaux, on a tâché d’éclairer les Canadiens sur les terribles dangers de l’alcool.

Pour enrayer le mal on a fait des lois, on a formé des sociétés de tempérance, on a tenu un grand congrès.

Les résultats bien qu’appréciables ont-ils répondu aux efforts ?… Hélas ! non. Loin de là. L’alcool règne encore. Et avec quel dommage pour le bonheur de tous !

Que de foyers ruinés, désolés, déshonorés ! que de talents perdus ! quelle consommation de vies, de jeunesse et de forces !

Personne n’y saurait songer sans alarmes. Il faut donc continuer la lutte et il faut que tout le monde s’y jette.

L’on me charge, Mesdames, de vous dire ce que la patrie attend de vous en ce grave péril. Daignez m’accorder une attention sérieuse. Il s’agit de tout notre avenir. Intérêts physiques, intérêts moraux, intérêts nationaux, intérêts éternels, tout est en jeu.

L’avez-vous compris ? dans le mouvement de tempérance, avez-vous mis votre influence — cette influence si puissante ? Êtes-vous bien sûres, Mesdames, d’être innocentes de nos maux ?

Je vous entends vous récrier : « Mais qui désire plus que nous voir l’ivrognerie disparaître ? qui en a plus souffert ?… »

Ah ! oui, je le sais, de ce vice hideux qui prive l’homme de son intelligence, de sa raison, de son cœur humain, la femme a souffert !

Vous avez, Mesdames, le besoin d’admirer et d’aimer. Votre sensibilité est délicate, vive, profonde. Si la vue d’un homme ivre dégoûte tout être raisonnable, qu’est-ce pour vous de voir un père, un frère, un époux, un ami, changé en énergumène grotesque, féroce, ou gisant ignoble, sans vie, comme si son âme immortelle l’avait abandonné.

Sur notre pauvre terre, bien des larmes ont coulé, mais aucunes plus amères que les larmes versées sur la dégradation, l’infamie, le déshonneur d’un être aimé.

Et à cette souffrance intime, secrète, tant d’autres infiniment plus cruelles s’ajoutent.

L’intempérance a inondé la terre de malheurs et de crimes. C’est l’horrible pourvoyeuse des cimetières, des hôpitaux, des cabanons de fous, des prisons, du bagne et de l’échafaud.

Oh, la sinistre éloquence des statistiques !

Mesdames, en songeant aux calamités qui désolent le monde, bien des fois votre cœur s’est ému ; que ne feriez-vous pas pour prévenir, pour empêcher tant de maux ?

Soyez-en sûres, l’intempérance a fait plus de victimes, plus de ravages que la peste, la famine, la guerre et tous les fléaux réunis.

Qui nous fera l’histoire de l’alcool chez tous les peuples ?

« Esprit de vin, a dit Shakespeare, il n’est pas d’autre nom par lequel je puisse te nommer, je t’appellerai un démon. »

Un démon cruel et redoutable entre tous. Il fait d’une créature divine un être abject et maudit et il a la puissance de tout détruire. La terre ne serait pas assez vaste pour contenir ces ruines. Et il n’y aurait plus un endroit où poser le pied à sec, si les larmes pouvaient égaler les douleurs.


* * *


L’alcoolisme est le crime de tous les peuples, l’opprobre universel de la race humaine.

Les ravages de ce mal épouvantable n’alarment pas seulement l’Église. Le péril alcoolique préoccupe aussi fortement les économistes, les législateurs, tous les esprits sérieux.

Il est maintenant prouvé, avéré que l’alcool est un poison qui fait lentement mais infailliblement son œuvre de mort dans l’organisme humain. Six cent soixante-dix-sept médecins de la province de Québec — viennent de l’attester solennellement ; au grand congrès anti-alcoolique international tenu en Hollande l’an dernier, tous les médecins l’ont affirmé, et à l’appui de cette vérité ils ont fourni d’abondantes et irréfutables preuves. La science contemporaine a, sur ce point, fait la lumière. Même chez les buveurs qui ne sont pas des ivrognes, l’intelligence s’altère, s’affaiblit, la volonté s’affaisse, les forces diminuent. Et les effets de l’intempérance ne s’arrêtent pas à l’individu qui s’en rend coupable. Ils ont une portée incalculable, car l’alcool empoisonne les sources de la vie.

Le buveur lègue à ses enfants un sang vicié, corrompu ; et du peuple le plus sain, le plus viril, l’alcoolisme fera fatalement un peuple de dégénérés, de rachitiques, de détraqués.

Bien des pays sont plus profondément atteints que le nôtre. C’est prouvé. Mais, d’après les statistiques, notre horizon est pourtant bien sombre.

Le Canada n’a pas une population de huit millions et il s’y consomme annuellement pour $125,000,000 de liqueurs enivrantes. La seule province de Québec dépense pour les spiritueux $25,000,000, somme cinq fois supérieure à son revenu annuel.

C’est vous dire, Mesdames, que nous allons à l’empoisonnement national, à la déchéance de la race.

On l’a compris et la ligue anti-alcoolique a été organisée. « La ligue anti-alcoolique, disent les directeurs, c’est l’effort de tous les vrais patriotes, de tous les véritables chrétiens ; la lutte et la guerre vigoureuse, sans merci, par tous les moyens légitimes et possibles contre l’alcoolisme : c’est la croisade sainte et nationale contre ce fléau destructeur du bonheur spirituel et temporel des individus, des familles et des peuples. »

Oh ! Mesdames, comme vous devez bénir ceux qui ont pris l’initiative de ce mouvement ! de leur succès dépend tout ce que vous pouvez espérer ici-bas de bonheur.

Les autorités religieuses et d’éminents laïques déploient un zèle admirable. Mais, soyez-en sûres, on ne gagnera pas la bataille sans vous.

Les sociétés de tempérance n’ont chance de durer que si vous vous en mêlez. Si vous n’usez de votre influence, les engagements seront bientôt violés ; les sociétés s’affaibliront, se désuniront ; et oublieux de leurs promesses, les associés retourneront à leurs égoïstes habitudes, sans songer aux faibles qu’il faut aider, à la jeunesse qu’il faut protéger, qu’il faut préserver.

L’Église n’a point d’auxiliaires qui puissent vous être comparés. C’est l’amour qui nourrit l’esprit de lutte et de vaillance ; c’est l’amour qui rend l’espoir invincible.

Dans le combat contre l’alcoolisme il faut une ardeur, une patience que rien ne rebute, que rien ne décourage. L’homme est pauvre en espérances, en compassion, en sympathie, en dévouement. Mais dans le cœur de la femme, il y a des richesses inépuisables.

Mesdames, ne les laissez pas se perdre. Aidez-nous à fortifier, à élever les cœurs. Aidez-nous à mettre un frein au vice hideux qui menace de causer notre ruine. Aidez-nous à le faire disparaître.

Par son influence sur l’enfance, sur la jeunesse, sur la famille et sur la société, la femme peut nous arracher à ce vil et terrible danger.

Mais il ne faut pas que le désir de ranimer la vie morale soit un sentiment vague et lâche, comme en ont les natures molles, incapables d’efforts.

Le monde appartient à l’énergie. Cette énergie si nécessaire, la femme l’aurait si elle réfléchissait sérieusement aux effets désastreux de l’alcoolisme.

Que ne peut-on bien mettre sous ses yeux les ravages produits dans l’organisme humain… les malheureux innombrables couchés avant l’heure dans la tombe[1] ; et cette population des prisons, des bagnes, des asiles d’aliénés si largement recrutée parmi les alcooliques !… L’intensité de l’affection qu’elle a pour les siens fournirait à la femme la dose de haine qu’il faut avoir de l’alcool. Et contre le grand fléau social de l’alcoolisme, les habitudes domestiques ne tarderaient point à élever un rempart sacré.

Vous le savez, Mesdames, qui désire d’un désir vrai, passionné, d’un désir qui émeut l’âme et le sang, travaille de toutes ses forces. Et c’est la femme qui fait les coutumes, les usages, les modes et les mœurs.

Canadienne, il faut que tu veuilles vouloir ce que tu dois vouloir.

Autrement nous verrons l’intempérance déborder, tout couvrir de larmes et de ruines. Et notre héritage séculaire d’honneur s’abîmera dans la boue.


LES PRÉJUGÉS.



Un funeste préjugé nous a fait et nous fait encore un mal infini.

On croit chez nous aux vertus nutritives, fortifiantes, réchauffantes, rafraîchissantes et médicinales de l’alcool.

Dans la vie sociale et dans la vie domestique ce préjugé a tout pénétré.

Vous le savez, Mesdames, dans la plupart des familles, on boit à propos de tout : quand on a froid pour se réchauffer, quand on a chaud pour se rafraîchir et pour éviter un refroidissement ; on boit parce que l’appétit fait défaut, parce que la digestion est laborieuse ; on boit parce qu’on va travailler, parce qu’on est fatigué, parce qu’on est triste, parce qu’on est malade.

On croirait mal accueillir un ami si l’on ne lui faisait prendre un petit verre ; et quand on reçoit il faut offrir des spiritueux à ses hôtes.

Je vous le demande, y a-t-il chez nous bien des fêtes, bien des réunions où les liqueurs enivrantes ne circulent pas ?

On boit aux noces, aux baptêmes, aux funérailles — dans toutes les circonstances importantes, joyeuses ou douloureuses de la vie.

Ces pernicieuses habitudes ont des racines profondes et sont chères au peuple.

Je ne parle pas contre mon pays — Dieu m’en garde ! — je parle pour mon pays. Ayons le courage de le reconnaître, dans nos mœurs familiales comme dans nos mœurs sociales, il y a une éducation d’intempérance, et à ce mal si grand c’est à vous, Mesdames, de porter remède.

N’allez pas dire : « Les hommes sont les maîtres… qu’y pouvons-nous ? »

Ce que vous pouvez, Mesdames… mais vous pouvez tout… Si vous n’avez pas l’autorité, vous avez le charme, — l’influence souveraine, irrésistible, et vos devoirs sont le fondement de la vie sociale comme de la vie humaine.

À vous sont dévolus les soins de santé, d’hospitalité, tout le détail des choses domestiques.

Vous êtes les gardiennes, les reines du foyer.

Au nom de ceux que vous devez préserver, que vous devez défendre, que ce foyer — source de la vie nationale — ne soit pas une école d’intempérance, mais que la sobriété y soit en honneur… que les enfants y fassent le glorieux apprentissage des vertus chrétiennes, que la jeunesse n’y puise pas le goût des spiritueux… que les buveurs n’y trouvent jamais l’occasion de satisfaire leur passion.

Ne dites pas que la politesse a ses exigences — qu’il faut bien se conformer aux usages du monde. C’est la femme qui fait les usages. Si vous le vouliez, bientôt il serait de bon ton, de bon goût de ne pas offrir de liqueurs enivrantes.

Ah ! Mesdames, quel service vous rendriez à la patrie, quelles bénédictions vous feriez descendre sur vos familles en reléguant parmi les vieilleries surannées, des coutumes nées de l’ignorance et qui nous ont fait tant de mal !

L’ivrogne le plus abruti n’a été d’abord qu’un imprudent buveur. D’ordinaire on s’alcoolise sans le savoir, sans le vouloir, par l’entraînement, par l’influence du milieu. On boit parce qu’on voit boire… pour faire comme les autres… parce qu’on croit que cela fera du bien… et insensiblement le poison pénètre et ravage l’organisme et y crée ce besoin morbide qui fait tant de malheureux, tant de criminels.

La femme de l’un de nos gouverneurs ne voulait pas de liqueurs enivrantes à ses réceptions. À quelqu’un qui s’en étonnait, elle répondit : « Je ne sers pas de poison à mes hôtes ».

Plût à Dieu que les Canadiennes fussent aussi éclairées. Malheureusement le préjugé les domine, les aveugle encore. Y en a-t-il beaucoup parmi nous qui croient vraiment aux effets délétères des spiritueux ?


* * *


C’est à la faveur des préjugés que l’alcool a conquis son épouvantable empire ; rien n’est plus à craindre qu’une passion qui s’abrite sous l’erreur.

Le péril alcoolique le prouve, et sur ce péril si grand il faut s’instruire. Les sources de renseignements en tous genres maintenant abondent. Permettez-moi d’effleurer quelques points.

D’après la science, celui qui consomme habituellement une boisson distillée deviendra fatalement un alcoolique. Celui qui consomme copieusement une boisson fermentée arrivera au même résultat.

L’alcoolisme engendre les maladies les plus variées, les plus meurtrières, et aggrave et complique étrangement les maladies aiguës.

Plusieurs se demandent, peut-être, ce qu’il faut entendre exactement par l’alcoolisme.

L’alcoolisme est l’empoisonnement produit par l’usage habituel — même modéré — des spiritueux, c’est la passion sourde, cachée, plus traîtresse que l’ivrognerie.

Il y a des alcooliques décents. Un alcoolique peut ne s’être jamais enivré. Il n’en transmettra pas moins à sa postérité une tare maudite, et sans les combats acharnés qui lui sont livrés, l’alcoolisme tuerait l’humanité.

Dans la lutte engagée, il faut le concours de toutes les bonnes volontés, de toutes les énergies.

Tous nous pouvons quelque chose, et soyez-en sûres, Mesdames, vous pouvez bien plus que les hommes.

L’homme a l’autorité, l’action bruyante, éclatante, mais votre action intime et profonde est plus efficace, plus bienfaisante. Dans l’océan les trombes n’ont pas la force des courants cachés, et dans l’humanité l’influence occulte de la femme est la plus puissante.

L’homme organise les assemblées, les associations ; il peut faire de sages règlements, d’éloquents, de retentissants discours, mais on ne rend un peuple sobre ni avec des lois, ni avec des discours. Il y faut l’influence de la mère, de la sœur, de l’épouse, de l’amie.

Si en Norvège la lutte anti-alcoolique a eu de si magnifiques résultats, on l’attribue à l’ardeur avec laquelle les femmes s’y sont jetées.

Pour enrayer le mal de l’alcoolisme, l’homme peut bien fournir la machine, si l’on ose ainsi parler, mais non la vie qui doit l’animer — non la vapeur.

C’est la femme qui est l’âme du foyer, c’est elle qui communique et ranime les sentiments mobiles éternels des actions — c’est elle qui entretient au foyer le feu céleste.

La femme a le devoir de sanctifier la vie de famille, elle a le devoir d’ennoblir les rapports sociaux.

Ah ! Mesdames, si l’on pouvait vous débarrasser des idées fausses qui se respirent partout, qui nous ont valu tant de lignées d’ivrognes !…

Certes, les Canadiennes ne sont pas contre la tempérance, mais la plupart croient qu’il n’y a pas de mal à boire avec modération. Pour celles-là l’alcool est encore un aliment, un apéritif, un digestif, un fortifiant.

L’esprit rempli de préjugés et le cœur de bonnes intentions, beaucoup recourent aux boissons alcooliques pour se fortifier, pour donner plus de vitalité à leurs enfants, pour mieux remplir leurs devoirs de mères.

Au bébé qui souffre et qui pleure on administre tendrement l’un de ces calmants, de ces narcotiques si répandus chez nous et qui sont tous, hélas ! à base d’alcool.

Plus un être est faible, plus le poison agit sur l’organisme ; beaucoup d’enfants sont alcoolisés dès le berceau. « L’enfant pleure, il veut son Castoria », lit-on dans les réclames affichées partout.

Hélas ! oui, quand vient l’heure on voit des bébés réclamer à grands cris leur dose de Castoria, de sirop calmant. En les voyant s’apaiser, s’endormir, la mère s’applaudit de l’effet du remède. Pauvre femme, sa tendresse est bien en défaut. L’enfant dort parce qu’il est ivre…

C’est un crime de donner de l’alcool aux enfants, et ce crime inconscient est bien fréquent — si fréquent qu’il faut le mettre immédiatement après l’hérédité, et bien avant le cabaret, dans les causes de l’ivrognerie.

« Si les femmes savaient la vérité sur les causes qui font les ivrognes, que de maux et de misères horribles seraient évités », s’écriait un médecin de l’Hôtel-Dieu de Montréal.

Funeste ignorance ! Oh ! de grâce, Mesdames, apprenez. L’ignorance n’est plus permise. Les conséquences en sont trop désastreuses.

Il faut que l’exécrable pratique de droguer les bébés disparaisse. Est-ce qu’on peut sans frémir tout entier songer à ces pauvres petits qui s’endorment chaque soir, du sommeil de l’ivresse ?

L’alcool rend les enfants chétifs, souffreteux, sujets aux convulsions, il creuse bien des petites tombes. Chose plus horrible encore, en alcoolisant les enfants on leur met dans les moëlles l’appétit alcoolique. L’enfant alcoolisé deviendra un ivrogne ou il aura à soutenir contre la passion de boire une lutte terrible.

Songez-y, Mesdames, et n’ajoutez pas aux tristes effets du péché originel. Que jamais l’un de vos fils ne puisse vous dire : « C’est vous, ma mère, qui m’avez rendu ivrogne… c’est vous qui m’avez mis dans le sang et dans les os ces ardeurs maudites qui m’emportent… qui me font sacrifier toutes les joies, tous les biens de la vie. »

Comme la morphine — qui est aussi un calmant — l’alcool ne doit être administré que sur l’ordre du médecin.

D’après la science il n’y a pas de liqueurs alcooliques hygiéniques, et des toniques fort préconisés alcoolisent souvent la mère et l’enfant. Soyez donc en défiance contre les fortifiants ; et aux petits — si fort qu’ils crient — jamais de « ponces », jamais de castoria, ni d’autres sirops calmants. Ces drogues brevetées ne sont que de l’alcool déguisé.

Ah ! je sais qu’il en résultera pour vous bien des fatigues et bien des veilles. Mais on est terriblement fort quand on aime. L’amour suffit à tout. Ne craignez pas plus la peine et la fatigue que les grandes douleurs.

La mère est vouée au sacrifice. C’est son honneur, c’est sa gloire, c’est ce qui la rend si auguste et si vénérable.

Le bienheureux curé d’Ars disait qu’un homme ne devrait pas pouvoir penser à sa mère sans pleurer.


CE QUE PEUVENT LES MÈRES.



La régénération d’un peuple s’opère surtout par la formation de l’enfance. Qui est maître de l’éducation peut changer la face du monde.

Vos enfants seront ce que vous les ferez, ce que vous voudrez qu’ils soient.

Vous le savez, on exagère bien des choses, mais jamais on ne pourra exagérer l’influence de la mère sur l’enfant. Aussi quelqu’un a-t-il dit avec beaucoup de justesse : « Donnez à un peuple des mères fortes, courageuses, et je réponds de l’avenir de ce peuple. »

À l’âge où l’avenir des autres âges se prépare, l’enfant est tout à sa mère. C’est elle qui fait l’éducation de son cœur, de sa volonté ; c’est elle qui forme sa conscience. Former une conscience ! Aucun acte n’est supérieur à celui-là, et cet acte a une portée illimitée, des conséquences qui échappent à tout regard humain.

Mesdames, vous de qui nous attendons le salut de la patrie, songez-y, et faites en sorte que les enfants ne grandissent pas avec l’idée que s’enivrer est une faiblesse bien excusable, une petite faute quasi inévitable.

Il importe qu’ils comprennent que l’ivrognerie est un attentat hideux, monstrueux contre la souveraine dignité de la nature humaine et la divine noblesse du chrétien.

Que vos enseignements, que vos exemples déposent comme un levain sacré d’honneur et de vertu au fond du cœur de vos enfants. Si vous le voulez, vous pouvez former chez nous une mentalité nouvelle qui sera l’esprit des générations futures. Sans vous, les plus doctes, les plus éloquents y travailleront en vain.

« Je vois à la tribune du Luxembourg, écrivait un publiciste français, d’éloquents sénateurs vieillis dans la politique, renommés dans la littérature ; ils sont écoutés avec attention, la foule se presse pour les entendre ou seulement pour les voir, et leurs paroles, à peine tombées de leurs lèvres sont portées, par les journaux, aux quatre coins de la France. Ce sont bien là, des hommes influents. Dans le jardin, sous leurs fenêtres, d’obscures mères de famille, de pauvres bonnes d’enfants, en ravaudant des bas, adressent aussi des discours aux bambins qui autour d’elles jouent à la balle. L’histoire n’en a cure, et cependant, avec toute la révérence due à nos hommes d’État, ces femmes, par leur vulgaire parole, exercent plus d’influence, plus de persuasion qu’eux. On les aime et on les croit. Nos grands orateurs peuvent-ils porter sur eux un tel jugement ? Aussi contribuent-ils bien moins à former les idées en France que ces obscures personnes. »

Ce publiciste a raison. La masse inconnue de femmes vertueuses attachées à leurs devoirs fera toujours plus de bien que les meilleurs orateurs. Si l’on pouvait donc vous apprendre ce que vous valez, ce que vous pouvez !


* * *


Dans l’âme toute blanche de l’enfant, c’est la mère qui sème les premières notions de la foi.

Mesdames, toute semaille est chose pleine de mystère. Le grain de blé jeté en terre devient un épi et, à la semence divine, la grâce du baptême devrait faire produire d’admirables fruits. Dieu nous préserve de ce demi-christianisme qu’un illustre libre-penseur appelle l’une des bonnes farces de notre temps. Il nous faut des croyances puissantes, efficaces ; ces croyances pour lesquelles les martyrs sont morts. Saint Augustin disait que sa mère lui avait mis l’amour de Jésus-Christ dans les entrailles. Faites comme elle, mères chrétiennes.

Votre cœur se fond de tendresse quand vous regardez vos enfants. À vos yeux toutes les beautés de la terre s’effacent devant la grâce de leurs têtes blondes. Pour ces petits vous rêvez la fortune, le succès, tous les bonheurs de la terre. Et leurs destinées éternelles ?… Y songez-vous ?… Pourtant, cet enfant qui vous est si cher, qui est votre chair et votre sang, vous croyez qu’il sera un jour déifié ou damné. La vie est une épreuve, la terre un lieu de passage ; ne désirez pas de faire de vos enfants des jouisseurs ; c’est pour tout autre chose que Dieu vous les a donnés.

Dans l’œuvre si pénible, si laborieuse de l’éducation, une froide religion ne suffit pas. Il faut à la mère cette piété qui n’est ni une routine, ni une parure, mais l’âme même de la vie. La mère qui ne sait pas inspirer à ses enfants l’esprit de prière est incapable de remplir sa mission.

« L’homme est quelque chose qui doit être surmonté » ; il lui faut cette énergie divine qui s’appelle la grâce. Ne l’oubliez point. Que votre prière protège vos enfants ; que votre cher souvenir, que l’arôme si persistant des douces et saintes choses du foyer leur soit, le long du chemin, un préservatif contre les vils dangers.

L’amour maternel, la plus grande force parmi les forces vives qui sillonnent le monde, a dit un penseur. Pourquoi faut-il que cet amour soit souvent si aveugle ! La force de volonté s’acquiert et nous en avons grand besoin.

Pauvres mères ! qui avez tant de souffrances et si peu de bonheur, vous le savez bien. Préparez donc vos enfants à la vie, à ce combat contre soi-même auquel nul n’échappe.

Soyez-en sûres, ce n’est pas en cultivant la gourmandise d’un enfant qu’on le forme à la tempérance, à la sobriété. Ô la noble et forte éducation chrétienne ! C’est cette éducation qui donne à l’âme l’empire sur le corps. D’avance, on doit donner des forces à la jeunesse. Elle en aura si grand besoin. Ne faites pas des mous, des viveurs, des égoïstes de ceux que Dieu vous a confiés. Doucement mais fermement, il faut plier l’enfant au devoir : il faut lui faire remarquer ses défauts, lui inspirer le désir de se travailler, de se maîtriser, de se renoncer. Rien n’est plus nécessaire. C’est la vraie culture d’énergie.

Les années s’envolent rapides. L’enfant frêle et charmant sera bientôt un homme. Contre lui-même il devra lutter jusqu’à la mort. Ô femme, si ton fils ne sait pas se combattre et se vaincre, tu n’as pas su l’aimer !


CE QUE PEUVENT LES JEUNES FILLES.



Nous avons tous nos devoirs, nos responsabilités. Jeunes filles, qui croyez n’avoir rien à faire qu’à plaire, qu’à vous amuser, vous vous trompez fort.

Dieu ne crée pas d’êtres de luxe et de fête et, dans la grande œuvre que nous poursuivons, vous devez nous aider. Ne vous excusez pas sur votre manque d’influence. Pas d’influence, les jeunes filles !… Autant vaudrait dire que les violettes et les roses n’ont pas de parfum, que le printemps n’a pas d’action, que le cœur de l’homme ne bat plus.

Ah, plût à Dieu qu’elles ne craignissent pas de laisser voir le dégoût que l’ivrognerie leur inspire ! Plût à Dieu qu’elles voulussent à l’occasion faire entendre aux jeunes buveurs les sévères paroles, leur montrer sur quelle pente horrible ils glissent, leur prêcher l’énergie, la dignité, l’honneur ! Hélas ! parmi ceux qu’on saluait comme les gloires futures de la patrie, il y a en qui sont couchés sur le lit de boue.

L’éloquent P. Mathieu, premier apôtre de la tempérance, disait aux jeunes filles :

« Si vous saviez quelle heureuse influence vous pouvez exercer sur les jeunes gens !… quel bien vous pourriez leur faire… Préserver quelqu’un du mal, c’est rendre gloire à Dieu ! »

Faire du bien, glorifier Dieu, voilà la tâche auguste qui nous est assignée, qu’il faut à tout prix remplir. Vous demandez comment ?… Le rayonnement moral n’est pas un mot. Rien qu’en étant tout simplement ce que vous devez être, vous pourriez faire du bien à vos parents, à vos amis, à vos connaissances. Et, faire du bien, c’est si doux, c’est si grand ! Les choses de l’âme immortelle n’ont pas de prix ! Une âme fortifiée, c’est plus qu’un royaume conquis.

Si le Souverain Maître vous a donné la grâce, le charme, le dévouement, les avantages de la fortune et de la position, ce n’est pas pour que vous soyez vaines, égoïstes. Au lieu de faire parade de votre empire, d’imposer vos caprices à ceux qui vous recherchent, de les ramener sans cesse aux douces protestations qui vous plaisent, pourquoi ne pas les encourager à travailler, à se cultiver, à se développer, à lutter contre les obstacles, les difficultés.

Bénies soient celles qui sauront réveiller les énergies dormantes, les nobles et généreuses ambitions : sur les hauteurs de la science, du dévouement et de la gloire, l’histoire nous montre bien des hommes de condition obscure qui semblaient condamnés à toujours végéter dans l’ombre.


* * *

Vous trouvez tout simple et fort nécessaire que les jeunes gens travaillent et peinent des années durant, pour se préparer à la vie. Mais croyez-vous avoir moins qu’eux besoin de formation ? Tâchez donc de vous instruire si vous le pouvez. Mais n’oubliez pas que sans la science du ménage, la femme la mieux intentionnée, la mieux douée, ne peut rendre la vie agréable à ceux qui l’entourent.

Toute femme doit savoir faire la cuisine et rendre une maison attrayante. L’art de dépenser et d’économiser à propos, avec intelligence n’est pas moins difficile que l’art de gagner de l’argent. Une maîtresse de maison ne se forme pas du jour au lendemain. Pour bien diriger un ménage, il faut la connaissance, l’entente de beaucoup de choses. L’incapacité et l’incurie de bien des femmes ont souvent des conséquences désastreuses : le dégoût d’un intérieur en désordre et d’une nourriture mal apprêtée conduit bien des hommes aux hôtels, aux clubs et… à l’alcoolisme.

Si vous voulez rendre une famille heureuse, devenez donc d’habiles, d’intelligentes ménagères. C’est vous dire qu’il nous faut des êtres d’action plus que d’émotion.

Mais il y a cette sensibilité éperdue, frémissante.


* * *


Madame de Maintenon disait qu’il faut apprendre aux jeunes filles à aimer raisonnablement.

Enseignement toujours bien nécessaire, mais aussi bien difficile, bien ingrat ! qui nous dira tout ce que les juvéniles imaginations rêvent de bonheur et d’ardentes tendresses ?

Je ne voudrais pas, jeunes filles, vous enlever vos illusions. On ne doit pas obscurcir les clairs matins. Il est bon que l’avenir ait des mirages ; il est bon qu’à certaines heures des musiques de vie s’élèvent de la terre, que l’horizon se colore de teintes charmeresses.

La poésie du cœur est immortelle. La virginale puissance d’amour s’enchantera toujours de ses rêves. Mais, ici-bas, il n’y a point d’affection à la mesure de notre cœur. » Ni nous ne sommes aimés des autres, ni nous ne pouvons les aimer comme nous le voudrions. Pourquoi ? Parce que nous ne pouvons et ne devons aimer, selon l’ardeur de ces immenses désirs, que Dieu seul. »[2]

Malgré tout ce qui lui manque, tout ce qui lui manquera toujours, l’amour vrai projette pourtant sur la vie la plus humble, un rayonnement. Honte à ceux qui rabaissent et déshonorent l’amour ! Quel dommage qu’il n’y ait pas plus d’idéal dans bien des cœurs !

« J’avais passé vingt ans, dit Louis Veuillot, et je croyais que l’amour était une vertu, je ne sais quelle flamme purifiante qui montait en haut, dévorant tout ce qui l’empêchait d’atteindre à l’azur. »

Pour la femme il y a, dans le mariage, bien de l’abnégation de soi, bien de l’immolation. Celui que vous acceptez pour mari, c’est-à-dire pour maître, tâchez de le rendre meilleur, autant pour l’aimer plus que pour en être plus et mieux aimée. Tout faire pour mériter l’estime, la confiance, l’affection de son mari, c’est beaucoup ; mais ce n’est pas assez. Il faut faire tout pour les lui accorder.

Dans le cœur qui se donne, heureuses celles qui savent attiser les nobles et saintes flammes. Admirer son mari, ce doit être si doux !

Par vos prières, cultivez la créature divine. Il faudrait prier comme on aime, en mêlant la prière à toutes ses pensées. Un serment d’amour inviolable est chose si grave.


* * *


L’homme voit dans la femme un être plus pur destiné à l’améliorer, à l’ennoblir. Il croit que sa compagne lui rendra le bien plus facile et la vie plus douce. Lui rendre la vie douce ; cela exigera bien de l’attention aux prosaïques réalités, bien de l’oubli de vous-même. Un mari veut trouver à son foyer une détente à ses fatigues, à ses préoccupations, à ses ennuis. Il faudra lui dissimuler les vôtres, taire vos souffrances. La femme doit répandre la joie autour d’elle… Donc, cultivez la gaieté ; la bonne humeur remplit de soleil le plus humble logis.


PAS D’IVROGNE INGUÉRISSABLE.



« Dans un mariage malheureux, a dit une femme de génie, il y a une force de douleur qui dépasse toutes les peines de ce monde. »

Pauvres infortunées liées à des ivrognes, vous le savez et aucune imagination n’atteint à l’horrible réalité de votre malheur. Mais n’en jugez point comme d’une fatalité devant laquelle vous êtes désarmées. Ne restez pas sans énergie comme des épaves de la vie. Une femme chrétienne a des ressources profondes pour tirer un homme de l’abîme.

Ne désespérez pas de son âme. Dites : Je prierai plus, je prierai mieux, je prierai du fond de mon cœur.

Qui prescrira des bornes à l’action de Dieu ? La souffrance va loin, elle va haut. La pluie trouve à féconder jusque dans les rocs et les sables. Et les larmes qui coulent silencieuses, résignées, devant l’Éternelle Pitié, que ne peuvent elles ?

« Il n’y a point d’ivrogne inguérissable », disait le plus grand des apôtres de la tempérance.

Gardez-vous de la noire tristesse qui envahit votre âme. Ne vivez pas comme dans une tombe anticipée et scellée. « Il faut toujours chercher la fente par où pénètre le rayon céleste. »


SI L’ALCOOLISME DISPARAISSAIT.



«Si l’alcoolisme disparaissait de la terre, disent les économistes, il n’y aurait plus guère de pauvreté : la prospérité serait générale. »

Et comment ne pas les croire quand on sait quelles sommes fantastiques l’intempérance prélève sur les hautes et sur les basses classes du monde civilisé ?

Notre pays est l’un des moins alcoolisés, et il est prouvé qu’on y dépense beaucoup plus pour les liqueurs que pour le pain et la viande réunis. D’après les statistiques, la consommation des spiritueux nous coûte annuellement $125,000,000.

$125,000,000 de dépense directe ! Et si l’on pouvait évaluer le tort que l’alcool fait à la richesse publique !

Il y a les millions honteusement dévorés par les vices où l’alcoolisme conduit fatalement ; il y a les forces vives et le travail perdus, les pertes immenses résultant des accidents, des désastres dont l’intempérance est la cause ; il y a les frais de l’assistance publique accordée aux alcooliques, les frais de l’administration de la justice, etc., etc.[3]

Ne faudrait-il pas doubler, peut-être tripler les $125,000,000 ?

Tout cela sacrifié à une passion ignoble qui rend grotesque, qui abrutit, qui crétinise, qui couche au tombeau… Fut-il jamais un gaspillage plus insensé, plus épouvantable ?

Avec ce colossal amas de millions comme on développerait rapidement le pays ! quel essor on donnerait à l’éducation, à la colonisation, à l’agriculture, au commerce, à l’industrie, à toutes les activités.

Il y a chez nous une infinité de femmes aux prises avec les cruelles difficultés de la vie. Sondez un peu aux heureux changements qu’apporterait le règne de la tempérance.

Dans les foyers aujourd’hui sordides, misérables, il y aurait du bien-être. L’aisance remplacerait la gêne. Les noirs soucis, les dévorantes inquiétudes ne rongeraient plus le cœur des pauvres mères. Leur labeur écrasant, serait allégé.

Cette jeune et généreuse terre canadienne où nous avons eu le bonheur de naître — que nous n’aimerons jamais assez — on en ferait une terre non seulement de richesse mais de noblesse, de beauté, et nous sentirions ce que la bonté divine peut répandre de bénédictions sur un peuple.


* * *


Mesdames, ne dites pas : Les hommes ont toujours bu, ils boiront toujours.

L’alcoolisme n’est pas un mal fatal, sans remède. L’effort de chacun, c’est le salut de tous. L’intensité toujours croissante de la lutte nous donne grand espoir. Quand nous aurons fait tout ce que nous pouvons, Dieu fera le reste.

Autour de la divine Croix, notre drapeau de tempérance, travaillez à réunir toutes les bonnes volontés.

Il n’y a point de force conquérante comparable à la force du dévouement. Personne ne saura jamais tout ce que peut la volonté enflammée par l’amour.

Savez-vous qu’en Norvège, la consommation des spiritueux a diminué de neuf-dixièmes. Et les vaillants apôtres de la ligue anti-alcoolique attribuent ce prodigieux succès aux femmes.

Si vous vouliez vous unir, vous entendre, user de vos moyens de persuasion, d’influence, que d’occasions de boire vous feriez promptement disparaître.

Quel besoin avons-nous de robinets de poisons ? Les débits de boissons ne sont pas autre chose ![4].

Qu’on ne parle pas des intérêts de commerce, de l’embarras où se trouveraient les distillateurs, leurs employés et tous les marchands de boissons. Au lieu de fabriquer et de vendre l’alcool qui se déverse sur le pays en fleuve de hontes, de larmes et de crimes, les distillateurs, leurs employés et les marchands de boissons feraient quelque chose d’utile.

Qu’il périsse cet infâme commerce qui sème partout la ruine et la désolation.

M. le premier-ministre de notre Province a déclaré qu’il veut la tempérance.

Il faut créer une opinion publique, une mentalité nouvelle. Les parlements font les lois, mais les femmes font les mœurs qui précèdent les lois et les rendent possibles.

On n’améliore rien sans avoir à multiplier les efforts et les labeurs. Mais s’user, se dépenser, c’est le beau de la vie. Dieu nous a tous envoyé en ce monde pour servir, pour aider. Que chacune réfléchisse, qu’elle détermine ce qu’elle peut faire pour la cause sacrée de la tempérance, dans le milieu où elle vit et avec les forces les plus profondes de son âme, qu’elle se mette à sa tâche. Il faut de la prudence, de l’indulgence, du tact, mais par dessus tout, il faut la conviction ardente, la flamme intérieure.

« De l’eau autant qu’il en pourrait entrer dans le dé d’une petite fille, si elle est réduite en vapeur, fait crever une bombe », a dit Joseph de Maistre. Le même phénomène arrive dans l’ordre spirituel. Une pensée, une opinion, un assentiment simple de l’esprit ne sont que ce qu’ils sont, mais un degré de chaleur suffisant les fait passer à l’état de vapeur. Alors, ces principes tranquilles deviennent enthousiasme, fanatisme, passion et, sous cette nouvelle forme, peuvent soulever les montagnes. Le monde physique n’est qu’une image du monde spirituel. »

  1. Un grand médecin européen disait :
    « Si le secret professionnel et l’honneur des familles le permettaient, sur plus de la moitié des tombes, on devrait graver : TUÉ PAR L’ALCOOL. »
  2. Louis Veuillot.
  3. « On a compulsé avec patience, dit l’un de nos archevêques dans un mandement, les registres des asiles d’aliénés, des prisons et des pénitenciers ; on a étudié avec probité les dossiers des cours civiles et criminelles… Eh bien ! la proportion des condamnations et des séquestrations juridiques occasionnées par l’abus des boissons est telle, qu’advenant la disparition de cet abus, des calculs très précis en ont fourni la démonstration, les deux-tiers des tribunaux ne fonctionneraient plus, faute de clients, et la plupart des maisons de détention et de réforme seraient totalement dépouillées. »
  4. « Mieux vaut une mauvaise eau qu’une liqueur alcoolique quelconque », affirmait récemment un illustre explorateur français, le général Galliéni. C’est peut-être une exagération, mais il est sûr, il est prouvé qu’il n’y a pas de liqueurs alcooliques hygiéniques. Pourquoi en offririez-vous ?