L’honneur de souffrir/XXXIX. Tu sais si je suis seule, ô toi qui m’as aimée

Librairie Grasset (p. 71-72).

XXXIX


Tu sais si je suis seule, ô toi qui m’as aimée !
Si je le fus toujours ! Vous le sauriez, mon Dieu,
Si, dans le vain éther d’azur ou de fumée,
Vous n’étiez pas qu’un nom obscur et radieux !

Pour solitude j’eus l’amour envers les choses,
La logique sans peur, l’ennui des vanités,
L’effort contre le temps et ce qu’il décompose,
Le plaisir du néant, unique éternité ;


Et ce cœur excessif que fait rêver l’espace,
Ce sinueux désir glissant vers les humains,
Cet esprit débordant, et cependant rapace,
Et mon songe distrait quand je tenais tes mains…