L’honneur de souffrir/LXXVIII. J’ai tant souffert, je souffre tant
Librairie Grasset, (p. 123-124).
LXXVIII
J’ai tant souffert, je souffre tant
Que plus rien ne semble important
À mes yeux, qui fixent le vide
Où se défont les morts livides.
Je sais bien qu’il existe encor
Cet animal plaisir du corps
Que le désir prise et dédaigne ;
Mais jamais plus un noble accord
N’emplit, ne pénètre, n’imprègne
Cette âme où le désespoir règne !
Car, ayant la nette stupeur
D’un monde où tout est inutile,
J’éprouve, au centre du malheur,
Qu’il est également futile
De sentir qu’on vit ou qu’on meurt…