L’honneur de souffrir/LXXII. Un arbre est sous mes yeux, épais, brutal, splendide

LXXII


Un arbre est sous mes yeux, épais, brutal, splendide,
Sa colonne puissante a pour achèvement
Le feuillage d’un vert accumulé, liquide,
Sur qui de blanches fleurs s’élèvent mollement.
Et je vois rayonner cette insensible force.
La Nature a repris dans son distrait amour
La racine assoupie et la rugueuse écorce,
Cependant que tes yeux où palpitait le jour
Sont à jamais défaits dans le terrestre somme,
Et n’ont plus que mon vain et pantelant secours !

— La Nature s’épargne, et n’offense que l’homme…