L’entrée d’Espagne/Laisse I

Anonyme
Texte établi par Antoine Thomas (1p. 1-2).
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Laisse I

L’ENTRÉE D’ESPAGNE

1 aEn honor et en bien et en gran remembrançe
Et offerant mercé, honor et celebrançe
De Celui che par nos fu feruç de la lançe
Par trer nos e nos armes de la enfernal poissançe,
5Et de son saint apostre, qi tant oit penetançe
Por feir qe cescuns fust en veraie creançe
Que Per e Filz e Spirt sunt in une sustançe
— C’est li barons saint Jaqes de qi faç ramentanze
Vos voil canter e dir por rime e por sentençe
10Tot ensi come Carles el bernage de Françe

Entrerent en Espagne, et por ponte de lançe
Conquistrent de saint Jaqes la plus mestre habitançe.
Ne laserent por storme ne por autre pesanze :
S’il n’aüsent leisié par une difirnanze
15Que lor fist Gaenelonz, le sire de Maganze,
Coronez eüsent, n’en soiez en dotançe,
Roland, par chi l’estorie et lo canter comanze,
Li melors chevalers que legist en sianze.
Ben le vos dirai jé, s’un poi fetes sillanze.

  1. 1 Les manuscrits 56 et 57 de la collection Gonzague, aujourd’hui perdus, avaient pour début : En onor en bien in gran reverenza (Romania, IX, 513). Dans le seul ms. que nous possédions, Marciana, gall. XXI, un réviseur a souvent modifié la leçon primitive ; le cas échéant, nous indiquons la première main par A et la seconde par B ; le sigle V désigne le texte italien en prose publié par M. Ceruti, en 1871, sous ce titre : Il Viaggio di Carlo Magno in Ispagna — 2 Du mot merce on ne voit nettement que la syllabe finale ce et le sigle abréviatif de r au-dessus de la première syllabe ; Léon Gautier a lu grace — 4 Au lieu de armes, il y avait primitivement animes — 5. Les deux premiers mots sont entièrement effacés — 8 façō lamentanze. — 12 inmestre — 15 caenelonz — 16 ensent, les trois dernières lettres très effacées ; cf. V, p. 2 : averebbeno incoronato — 19 je manque ; sillanze, le second l traversé par un signe abbréviatif