L’astronomie, poème en six chants/Chant deuxième

F. Didot frères (p. 48-86).

CHANT DEUXIÈME.



Orphée décrit aux Argonautes la Sphère céleste. — Le Zodiaque. — Les Constellations connues des anciens.


Les premiers pas que l’homme imprima sur la terre
Lui firent rencontrer la famine et la guerre.
Il fallut disputer et fouiller de sa main
Le champ que du reptile infectait le venin,
Et long-temps au travail sa misère enchaînée(1)
Lutta péniblement contre la destinée.
Aux importuns besoins renaissant tous les jours
En vain des arts grossiers offrirent leurs secours.
Il fallut sur les mers poursuivre la fortune,
Invoquer l’art savant qui subjugue Neptune :
Pour demander un guide aux astres radieux,
Le pilote éleva ses regards vers les cieux :

Il apprit à compter, à nommer les Hyades,
Les Ourses, Orion, les humides Pléiades(2),
Et, grâce aux vils besoins, grâce à la soif de l’or,
Vers de nobles pensers l’homme prit son essor.
      Ainsi la Renommée aux Grecs encor barbares
Vint dire que l’Euxin sur ses rives avares
Recélait des trésors à l’Europe inconnus :
Un dragon y gardait le bélier de Phryxus.
De cinquante héros une élite intrépide
S’élance sur les mers où l’audace les guide ;
Et ce lointain voyage aux vainqueurs de l’Euxin,
Pour prix de leurs travaux, révèle un art divin :
Ils conquièrent l’Olympe, et la savante Asie
Leur livre pour trésors les secrets d’Uranie.
      Le dieu du jour, quittant le céleste Bélier,
Surmontait le Dragon et le Taureau guerrier,
Alors que triomphant d’Amphitrite étonnée,
Montrant à l’Hellespont sa poupe couronnée,
Leur vaisseau de Colchos emportait la toison
Qu’osa livrer Médée au trop heureux Jason.

Le héros, pour ravir son illustre conquête,
De l’hydre venimeuse avait foulé la tête,
Et les taureaux ardents, monstres aux pieds d’airain,
Avaient courbé leurs fronts sous sa puissante main.
Les vents favorisaient la nef impatiente,
Ouvrage de Minerve et comme elle éloquente.
Déjà dans le lointain fuyait avec le jour
Dindyme, qui d’Argo saluait le retour :
Le pilote assuré franchit, d’un vol rapide,
Le rivage où Sestos se rapproche d’Abyde ;
La nuit tombe des cieux, et le chef des héros
Promet enfin la Grèce aux vainqueurs de Colchos.
Sous un dôme d’azur, la carène écumante
Sillonne sans effort une onde obéissante ;
Et, tel que l’alcyon balancé dans les airs,
Qui d’une aile d’argent rase le sein des mers,
Le navire animé porte aux natales rives
Les matelots penchés sur leurs rames oisives.
      L’interprète des dieux, Orphée, était assis
Entre le fils d’Éson et Pelée et Tiphys ;

La main sur le timon, les yeux vers les étoiles,
Le sage Canopus s’abandonnait aux voiles ;
Et, du haut de la poupe, aux enfants de Léda
Lyncée à l’œil perçant montrait les feux d’Ida.
Il voyait dans ce vide où s’égare la vue
D’astres pour lui brillants une foule inconnue :
Tous les yeux les cherchaient aux célestes lambris.
« Toi que l’Égypte admit aux mystères d’Isis,
Parle, divin Orphée, héritier de la lyre
Qui t’ouvrit de Pluton le redoutable empire.
Dis-nous, non ces secrets que le culte des dieux
Défend de dévoiler à de profanes yeux,
Mais des cieux mieux connus chante-nous les merveilles.
Dis-nous l’heureux mortel qui, dans ses doctes veilles,
Sut imposer des noms aux astres étonnés ;
Dis-nous quels mouvements leur furent ordonnés.
Ouvre le vaste Olympe à nos regards avides ;
Et tes chants, immortels comme les Piérides,
Instruiront l’avenir, si tu peux pardonner
Qu’une bouche vulgaire ose les profaner. »

Ainsi dit Amphion ; et de la troupe entière
lie fils de Calliope exauçant la prière,
Prélude sur sa lyre et commence en ces mots(3),
Que semble respecter le silence des flots :
      « Dieux qui nous ramenez vers ces heureux rivages,
Des Grecs reconnaissants acceptez les hommages.
Salut, terre d’Hellen, bois sacrés de Lemnos,
Naxe, fertile Eubée, inconstante Délos :
Quand pourront tes enfants, Athènes si chérie,
Baiser victorieux le sol de la patrie ?
Père brillant du jour, dont le premier rayon
Va rendre à nos regards Athos et Pélion ;
Compagnes de ma mère, augustes bienfaitrices,
Chastes divinités, mes premières délices,
Pour prix d’un long amour et d’un culte pieux,
Ouvrez-moi l’empyrée, et montrez-moi les cieux.
Chantez, Muses, chantez sur vos lyres savantes,
Le cours harmonieux des sphères éclatantes,
Et proclamez le nom des sages dont la voix
À ces mondes errants sut imposer des lois.

Et vous, nos protecteurs au milieu des tempêtes,
Astres qui m’écoutez, suspendus sur nos têtes,
Et par qui notre nef, triomphant de l’Euxin,
Sut atteindre Sinope et le Phase lointain ;
Vainqueurs du noir chaos et de la nuit profonde,
Feux divins, dites-moi quel bienfaiteur du monde,
Dégageant vos rayons dans l’Érèbe émoussés,
Sut lire au firmament que vous embellissez.
Ce fut toi, sage Hermès, père de l’harmonie,
Législateur du ciel conquis par ton génie,
À qui tant de bienfaits ont valu tant de noms ;
Ta lyre dans mes mains va célébrer tes dons.
      « Mais lorsque tu traçais les sacrés caractères,
Qui du vaste univers renferment les mystères,
Les dieux n’ont pas permis qu’à nos faibles regards
La lumière en torrents jaillît de toutes parts.
Ils nous ont accordé la lente expérience,
Le désir de connaître, et non pas la science :
La science est assise au pied de leurs autels ;
Et le temps, le travail, instruisent les mortels.

      « Avant de s’élancer dans la voûte azurée,
Avant que sur leurs lois, leur marche, leur durée,
Son audace savante interrogeât les cieux,
L’homme admira long-temps leur cours silencieux.
Les pasteurs chaldéens, sur leurs paisibles rives(4),
Consumaient de la nuit les heures fugitives
À voir, sous un ciel pur, ces feux étincelants,
D’un mouvement égal sur leurs têtes roulants,
Et l’Euphrate charmé répétait dans son onde
Ces flambeaux suspendus à la voûte du monde,
Qui tous, vers l’occident avec elle emportés,
Allaient au sein des mers éteindre leurs clartés.
À ces peuples errants, observateurs rustiques,
Les astres de l’Olympe ont dû leurs noms antiques.
Leur piété plaça dans les sacrés lambris
Le bélier conducteur de leurs troupeaux chéris,
Le chien qui les gardait, et le taureau superbe,
Et le front virginal que couronne une gerbe,
La chèvre aux cornes d’or, le sauvage coursier,
La vendangeuse active, et le char du bouvier.

Des objets de leurs soins la sphère était remplie,
Tout le ciel leur parlait des travaux de leur vie.
Ils surent, attentifs à l’ordre des saisons,
Sous quels astres amis jaunissent les moissons.
      « Voyez-vous, disaient-ils, le dieu de la lumière
« Fournir seul, sans rivaux, sa brillante carrière ?
« Le soir Hesper le suit dans l’humide séjour ;
« L’astre ami des bergers annonce son retour(5).
« Mais, sitôt que la nuit nous couvre de ses voiles,
« L’azur du firmament brille de mille étoiles ;
« Toutes, gardant leur place à la voûte des cieux,
« Y décrivent ensemble un cercle harmonieux.
« Des bords de l’orient les unes qui s’élèvent,
« Vont commencer leur cours quand les autres l’achèvent.
« Sur son trône de flamme ardent à s’élancer,
« Le dieu le lendemain revient les effacer ;
« Mais il s’éloigne, il tombe, et le soir fait renaître
« Celles qu’à l’occident nous vîmes disparaître.
« D’où viennent tous ces feux qui se lèvent sur nous ?
« Où vont ceux qu’en ses flots reçoit un dieu jaloux ?

« Comment, par quel chemin se trouvent-ils encore
« Des rives du couchant aux portes de l’aurore ?
« Quelques astres pourtant dans leur déclinaison
« Tournent sans effleurer les bords de l’horizon ;
« Une étoile surtout, immobile à la vue,
« Toujours au même point demeure suspendue
« Sur les climats glacés qu’habitent les hivers,
« Et semble le pivot de tant d’orbes divers.
« Jamais l’astre du jour ne s’est approché d’elle ;
« À sa zone de feu le dieu toujours fidèle
« Visite tour à tour les signes radieux
« Qui montent au sommet de la voûte des cieux.
« Sur l’ardent équateur sa route est inclinée,
« Et son disque deux fois le franchit dans l’année.
« Les nuits dans cet instant sont égales aux jours,
« Et, selon qu’il s’approche ou s’éloigne en son cours,
« L’été brille sur nous, ou l’orageux Borée
« Des tristes nuits d’hiver allonge la durée.(6) »
      « Tels furent les objets qui, dans l’ordre des cieux,
De ces simples bergers durent frapper les yeux.

L’apparence à leurs sens en imposait sans doute,
La terre était un plan, et le ciel une voûte,
Les astres des flambeaux ; mais de ces vastes corps
Ils ignoraient les lois, les masses, les rapports.
Hélas ! malgré l’orgueil de nos brillants systèmes,
Combien de ces secrets nous ignorons nous-mêmes !
L’antiquité du moins, dans ses illusions,
Sut partager du ciel les vastes régions.
Les prêtres de Memphis, ceux de l’Inde, et les sages
Qui de l’extrême Asie occupent les rivages,
Élevant dans le ciel d’immuables signaux,
Ouvrirent au soleil douze palais égaux.
Leur main déjà savante y traça l’écliptique,
Et divisa dès-lors dans cette route oblique
Le mois en trente jours, l’année en douze mois,
Qu’un jour capricieux vint allonger cinq fois.
Oh ! combien il fallut de jours, de mois, d’années,
De siècles consumés en veilles obstinées,
Pour observer des cieux les divers mouvements
Et fixer pour jamais ces premiers éléments !

Que de siècles encore avant que ces merveilles
Allassent du Brachmane étonner les oreilles,
Et qu’aux rives du Nil le porphyre sculpté
Aux yeux initiés montrât la vérité.
      « Justement étonné de ces travaux sublimes,
Que n’ont point des vieux temps engloutis les abîmes,
Un voyageur disait au prêtre d’Osiris :
« Quoi ! l’Olympe est tracé sur vos doctes lambris !
« Les cieux vous sont ouverts ! Quel peuple heureux et sage
« Vous transmit autrefois ce brillant héritage ?
« A qui doit notre encens payer de tels travaux ? »
Et le prêtre des dieux répondait en ces mots :
« Tu demandes quel peuple a conquis cet empire :
« Lève les yeux, mortel, les cieux vont te le dire.
« Ces signes qu’y sema la main de nos aïeux,
« Des rustiques travaux symbole ingénieux,
« Dans quels autres climats seraient-ils explicables ?
« La nature en ces lieux en dit plus que vos fables.
« Remonte dans les temps à ces antiques jours
« Où le char du soleil au plus haut de son cours

« Traversait d’Égipan le domaine céleste(7) :
« La Chèvre suspendue à la colline agreste
« Est l’emblème animé du char étincelant
« Tout prêt à s’élancer du solstice brûlant.
« Le Verseau, les Poissons à l’Égypte altérée
« Annoncent l’heureux temps, où de l’urne sacrée
« Son fleuve protecteur épanchera les eaux.
« Le Bélier dans les champs ramène nos troupeaux.
« Le Taureau nous rappelle aux travaux de l’année.
« Des Gémeaux d’Osiris l’enfance fortunée
« Invite la nature à la fécondité.
« Au solstice d’hiver le soleil arrêté,
« Revenant sur ses pas, imite en sa carrière
« De l’oblique Cancer la marche irrégulière(8).
« Le Lion reparaît, et son cœur belliqueux
« Rend la force à la terre en nous dardant ses feux.
« Et toi, brillante Isis, qu’un épi d’or couronne,
« Protège ces moissons que ton astre nous donne.
« La Balance te suit, par qui l’ombre et le jour(9)
« Se partagent l’empire au céleste séjour.

« Le sinistre Antarès d’une haleine empestée
« Verse ses noirs poisons sur la terre infectée ;
« L’Égypte, qui languit sous cet astre oppresseur,
« Attend le Sagittaire, implore un défenseur ;
« Il vient ; le monstre fuit, le trait part, l’air s’épure,
« Et les vents ont rendu la joie à la nature.
« Parle, étranger : qui sut dévoiler à tes yeux
« De ce livre sacré le sens mystérieux ?
« Si le ciel fut conquis, l’Égypte en a la gloire,
« Et depuis dix mille ans la pierre en sait l’histoire (10). »
      « Sage, tu disais vrai : dans ce cercle des jours,
Où l’ordre de l’Olympe est écrit pour toujours,
Les peuples ont reçu de l’Égypte féconde
Le plus grand monument des annales du monde.
Les noms, les attributs des signes éclatants,
Peuvent changer au gré du caprice des temps ;
Mais l’orbe restera dans la céleste voûte,
Autant que ce soleil dont il trace la route.
      « La piété de l’homme aux plus puissants des dieux
Osa distribuer les signes radieux(11) :

Minerve dans le ciel guida l’Agneau timide ;
Au superbe Taureau c’est Vénus qui préside ;
Phébus eut les Gémeaux, Mercure le Cancer ;
Le Lion rugissant trembla sous Jupiter ;
Cérès avec l’Épi nous porta l’espérance ;
De sa robuste main Vulcain tint la Balance ;
Le Scorpion brûlant de Mars suivit les lois ;
Diane au Sagittaire a prêté son carquois.
Chastes feux de Vesta, vous ranimez à peine
Le douteux Égipan que l’hiver nous ramène.
Junon, reine des airs, que ton urne à longs flots
Épanche les trésors de ses fertiles eaux ;
Et toi, Neptune, admis au partage du monde,
Protège tes poissons au ciel comme sur l’onde.
      « En peuplant de leurs noms le céleste palais,
La gloire a des héros consacré les hauts faits :
En Égypte Osiris, Bacchus dans l’Arabie (12),
Mythra cher à la Perse, Ammon à la Libye,
Bélus qui vit couler l’Euphrate sous ses lois,
Ont mérité le ciel pour prix de leurs exploits ;

L’Hercule qui du Nil dompta le cours rapide,
Cet Hercule thébain que nous rend notre Alcide,
De ses douze travaux a rempli tous les cieux(13) ;
Chaque pas du soleil les rappelle à nos yeux :
Là brillent le lion, le monstre d’Érymanthe,
Les serpents étouffés d’une main innocente,
L’hydre cent fois frappée et renaissant encor,
Achéloüs vaincu, la biche aux cornes d’or,
L’immense Géryon tombant sous la massue,
Les oiseaux de Stymphale expirant dans la nue,
Le taureau des Crétois par Dédale enfermé,
Rendant le sang impur dont il était formé,
De l’arbre d’Hespérus les pommes enlevées,
Les juments de Typhon dans son sang abreuvées,
Et le triple Cerbère arraché des enfers,
Épouvantant les cieux quoique chargé de fers.
      « Mais entre chaque pôle et la zone inclinée,
Que parent de leurs feux les signes de l’année,
Dans ces champs azurés combien d’astres épars,
Se défiant l’un l’autre, appellent les regards !

Pour parcourir ce ciel que notre vue embrasse,
L’homme, par la pensée, a divisé l’espace.
Le compas d’Uranie a tracé dans les airs
Sept invisibles points et huit cercles divers.
Tandis que tous les cieux roulent d’un pas tranquille,
À leur centre commun la terre est immobile :
Aux deux bouts de leur axe, en des climats glacés,
De Borée et d’Auster les pôles sont placés :
Apollon tour à tour rencontre dans sa lice
L’un et l’autre équinoxe et le double solstice.
L’horizon fuit en cercle autour du spectateur :
La sphère sur ses flancs arrondit l’équateur,
Qui des pôles entre eux divisant l’intervalle,
Garde de l’un à l’autre une distance égale :
Ces grands méridiens qui se courbent sur nous,
Coupent deux fois leur axe et s’y rencontrent tous :
La zone qu’en deux parts divise l’écliptique,
Voit ses bords limités par le double tropique ;
Et les astres du pôle, en leur course bornés,
Dans deux cercles étroits semblent emprisonnés.

      « Voyez-vous cette étoile à sa place arrêtée,
De la commune loi par le sort exceptée ?
Cynosure est son nom. Quand la mère des dieux
Redoutait pour son fils Saturne furieux,
La nymphe de la Crète, avec ses six compagnes,
Emporta Jupiter au sein de ses montagnes ;
Et l’Ida protégea, dans ses antres déserts,
L’enfance de ce dieu qui lance les éclairs.
Cynosure et ses sœurs, de la céleste voûte,
Propices au nocher, le guident dans sa route ;
Et leurs astres, amis du souverain des dieux,
Pour l’Érèbe jamais ne quitteront les cieux.
      « Non loin de Cynosure, et plus brillante encore,
S’élève Calisto vers le dieu qui l’adore.
Elle servait Diane : épris de tant d’attraits,
De la sœur d’Apollon Jupiter prend les traits ;
Et la Nymphe abusée à ses vives tendresses
Rendait avec transport d’enfantines caresses.
La sévère Junon, dans son orgueil jaloux,
Couvrit d’un poil grossier ce visage si doux ;

Calisto devint ourse, et sur les monts errante,
Elle pleura quinze ans sa faiblesse innocente.
Hélas ! elle était mère. Un jour, au fond des bois,
S’offre un jeune chasseur armé de son carquois.
C’est son fils. Ô tendresse ! ô douleur ! à sa vue,
Ne pouvant lui parler, Calisto méconnue
Tâche en vain d’adoucir son farouche regard.
Arrête, malheureux ! il la voit, le coup part…
Mais Jupiter veillait sur la nymphe timide ;
Un prodige a trompé la flèche parricide.
      « Brillez, astres du pôle, embellissez la nuit ;
Le Dragon vous enlace, et le Bouvier vous suit.
Là sourit Ganymède ; ici c’est la Couronne
Offerte à la beauté que Thésée abandonne ;
Et plus loin c’est Hercule, Hercule glorieux,
Fléchissant le genou pour rendre grâce aux dieux (14).
Le Dauphin dans le ciel levant sa tête humide,
La Flèche au vol léger, l’Aigle encor plus rapide,
Le Cygne harmonieux, à qui, brûlant d’amour,
Un dieu dut le bonheur, et deux héros le jour ;

Le Vautour las enfin de déchirer l’impie,
Et le coursier vainqueur dans les champs d’Olympie,
Des étoiles du nord compagnons immortels,
Les entourent de feux comme elles éternels.
Voyez-vous, orgueilleux d’une plus belle gloire,
L’autre coursier si cher aux Filles de Mémoire,
S’élever sur son aile et conquérir les cieux ?
Il frappe de son pied le Verseau pluvieux,
Comme il frappa jadis cette montagne aride
D’où jaillit à longs flots la source Aganippide.
Dirai-je le Delta, les sœurs de Phaéton,
Le serpent d’Esculape et le char d’Érichthon ?
Érichthon, l’inventeur du rapide quadrige(15),
Mais de qui la naissance, ineffable prodige,
A fait rougir le front de la chaste Pallas,
Quand l’amour de Vulcain outrageait ses appas.
      « Au-dessus de Pégase, à l’éclat dont il brille,
L’œil reconnaît Céphée, et sa femme, et sa fille.
Andromède expiait, sur un roc odieux,
Le crime de sa mère et le courroux des dieux.

 
Cette reine trop belle, ivre de sa fortune,
Méprisa les attraits des filles de Neptune ;
Un monstre que la mer vomit près de l’Atlas,
Vint du prince Numide infester les états :
Et l’oracle ordonnait qu’offerte en sacrifice
Andromède du ciel désarmât la justice.
Enchaînée au rocher qui domine les mers,
Elle entend à ses pieds mugir les flots amers ;
Et le monstre déjà, du fond du noir abîme,
S’apprête à dévorer sa dernière victime.
Nul espoir de secours, tout a fui de ces lieux :
Et quel bras s’armerait pour l’arracher aux dieux ?
Les dieux ont condamné, l’heure vient, la mer gronde,
Et la victime est seule entre le ciel et l’onde.
Tout-à-coup, ô prodige ! est-ce un dieu qui fend l’air ?
C’est un jeune héros, le sang de Jupiter,
Emportant dans les cieux son terrible trophée,
La tête de Méduse. Ô fille de Céphée,
Lève tes yeux mourants, dissipe ton effroi ;
Persée aux pieds ailés est déjà près de toi.

Il apprend son malheur, il combattra pour elle.
Le péril est si beau, la victime est si belle.
Seule avec son vengeur, Andromède rougit.
Et cependant la mer s’enfle, écume, mugit ;
C’est le monstre. Persée, élancé du rivage,
Du dragon sur lui seul veut attirer la rage.
L’un vole dans la nue, et l’autre, sur les flots
Se dressant, de son dard menace le héros ;
Dans ses replis affreux il brûle de l’étreindre.
Le héros fond sur lui sans se laisser atteindre,
S’élève, redescend, frappe encor, mais en vain,
L’écaille impénétrable a repoussé l’airain.
Le monstre est en fureur ; Andromède éperdue
De cet affreux combat veut détourner la vue,
Pousse un cri lamentable, et, levant ses beaux yeux,
Retrouve son vengeur qui plane dans les cieux.
Vingt fois il eût péri moins prompt et moins agile ;
Vingt fois le fer trompé tombe sur le reptile.
Le terrible ennemi, bondissant sur la mer,
Poursuit de ses élans le fils de Jupiter.

La fille de Céphée, en sa douleur mortelle,
Pleure, frémit de crainte, et ce n’est plus pour elle.
Mais enfin le héros vers le monstre abhorré
Précipite son vol, et, d’un bras assuré,
Dans sa gueule béante enfonce cette épée
Du sang de la Gorgone encor toute trempée.
C’en est fait : à ses pieds revoyant son vengeur,
Andromède a senti redoubler sa rougeur ;
Les dieux sont satisfaits ; et, près de lui placée,
Jusqu’au brillant Olympe elle a suivi Persée.
Par quels plus beaux exploits monte-t-on dans les cieux ?
      « D’autres astres encor s’élèvent à nos yeux
Par-delà l’équateur et la ligne écliptique :
La coupe de Bacchus, et l’Hydre du tropique ;
L’Éridan, qui reçut dans son lit embrasé
Le char de Phaéton par la foudre brisé ;
Le Loup cruel atteint par le fils de Philyre,
Qui, le premier des Grecs, dans l’Olympe sut lire ;
Et l’immense Baleine ; et, plus brillant encor,
L’autre Poisson si fier de ses écailles d’or ;

Le Corbeau, qui trahit un amoureux mystère ;
Et l’Autel, des serments sacré dépositaire ;
Le Lièvre aux pieds légers, l’agile Procyon,
Le brûlant Sirius ; toi surtout Orion,
Toi, dont le bras soulève ou chasse les tempêtes,
Le plus beau de ces feux qui roulent sur nos têtes :
Ta ceinture éclatante atteste à l’univers
Que tu dois la naissance au souverain des mers.
Ô vous, que sur les flots emporte votre audace,
Conjurez ce géant qu’Hélion seul efface !
Ô Grecs, sur ces flambeaux brillants de toutes parts,
Pieux navigateurs, attachez vos regards ;
Ils vous parlent des dieux : vers de lointains rivages
Ils ont guidé vos pas à travers les orages :
Consacrez-leur un culte, et des bienfaits nouveaux
Deviendront chaque jour le prix de vos travaux.
Que de secrets encor nous réserve Uranie !
Mais ce ciel qui m’écoute est ouvert au génie.
      « Regardez cette zone où se perdent nos yeux,
Qui du nord au midi ceint la voûte des cieux,

Et qui, tout à-la-fois brillante et nébuleuse,
Laisse tomber sur nous une clarté douteuse.
      « Dites-moi si du sein de l’auguste Junon
Une goutte échappée a tracé ce sillon ;
Si le char égaré par le fils de Clymène
Des cieux qu’il embrasait a dévasté la plaine ;
Ou bien faut-il en croire un récit des vieux jours ?
Le soleil autrefois suivait un autre cours(16) ;
Cette zone, dit-on, en a gardé la trace,
Et le pôle lui-même avait une autre place.
Mais plutôt n’est-ce point le concours radieux (17)
D’innombrables flambeaux qui confondant leurs feux,
Forment ce blanc tissu de lumière incertaine
Dont la reine des nuits pare son front d’ébène ?
      « Si les dieux dans l’Olympe ont établi leur cour,
Des héros cette zone est le brillant séjour.
C’est là que de mortels une race choisie(18)
Est admise aux festins qu’embaume l’ambroisie.
Ceux à qui la patrie a dû ses saintes lois,
Et ceux qui de leur sang ont cimenté ses droits,

Les inventeurs des arts à leur culte fidèles,
Et les chantres aimés des doctes Immortelles,
Au céleste banquet sont dignes de s’asseoir.
Amis, et vous aussi concevez cet espoir :
La gloire vous appelle ; heureux ceux qui l’entendent :
La carrière est ouverte, et les dieux vous attendent.
Un jour, reconnaissants de vos nobles travaux,
Et pleins du souvenir des vainqueurs de Colchos,
Les mortels placeront dans ce ciel qui m’inspire,
Le vaisseau qui nous porte, et vos noms, et ma lyre. »
      Ainsi disait Orphée, et ses accords savants
Allaient mourir au loin sur les ailes des vents.
Amphitrite prètait une oreille attentive ;
Et déjà, retirant leur clarté fugitive,
Ces astres que chantait son luth harmonieux
Achevaient lentement leur route dans les cieux.



NOTES

DU DEUXIÈME CHANT.




(1). PAGE 49, VERS 5.


Et long-temps au travail sa misère enchaînée.

« Et duris urgens in rebus egestas. »
(Géorgiques. I. ier.)

(2). PAGE 50, VERS I.


Il apprit à compter, à nommer les Hyades…

« Navita tum stellis numeros et nomina fecit,
Pleiadas, Hyadas, claramque Lycaonis Aseton. »
(Ibid.)

(3). PAGE 53, VERS 4.


Prélude sur sa lyre, et commence en ces mots…

« Dans le même temps, le divin Orphée prit en main sa lyre, et, mêlant à ses accords les doux accents de sa voix, il chanta comment la terre, le ciel et la mer, autrefois confondus ensemble, avaient été tirés de cet état funeste de chaos et de discorde ; la route constante que suivent dans les airs le soleil, la lune et les autres astres ; la formation des montagnes, celle des fleuves, des nymphes et des animaux. Il chantait encore comment Ophion et Eurynome, fille de l’Océan, régnèrent sur l’Olympe, etc. Orphée avait fini de chanter, et chacun restait immobile. La tête avancée, l’oreille attentive, on l’écoutait encore, tant était vive l’impression que ces chants laissaient dans les âmes.

« Le repas fut terminé par des libations, etc. »

(Les Argonautes d’Apollonius de Rhodes, ch. ier.)

(4). PAGE 55, VERS 5.


Les pasteurs Chaldéens, sur leurs paisibles rives, etc.

« Principio Assyrii, propter planitiem magnitudinemque regionum quas incolebant, cùm cælum ex omni parte patens et apertum intuerentur, trajectiones, motusque stellarum observârunt. »

(Cicero, de Divinatione, I. i, n. i. )

(5). PAGE 56, VERS 8.


L’astre, ami des bergers, annonce son retour.

« L’éclat dont brille Vénus avait frappé les Grecs ; mais ses mouvements avaient jeté ce peuple dans une erreur bien grossière. On sait que Vénus se montre alternativement avant le lever du soleil et après le coucher de cet astre, selon qu’elle est plus occidentale ou plus orientale que le soleil. Les Grecs n’imaginèrent pas qu’une même étoile pût se montrer sous deux aspects si opposés. Ils crurent devoir les attribuer à deux astres différents. Conséquemment à cette idée, Vénus reçut chez ces peuples deux noms, qui, caractérisant ses deux situations opposées, montrent que réellement les Grecs, d’une seule planète, en avaient fait deux. Ainsi, lorsque Vénus paraissait avant le lever du soleil, ils la nommaient Esophoros, c’est-à-dire, l’astre précurseur de l’aurore. Ils l’appelaient au contraire Esperos, l’astre du soir, lorsqu’elle ne se montrait qu’après le coucher du soleil. »

(Goguet, Origine des Lois, t. iii, I. iii.)

(6). PAGE 57, VERS 18.


L’été brille sur nous, ou l’orageux Borée
Des tristes nuits d’hiver allonge la durée.

Nous savons aujourd’hui que le soleil n’est pas plus près de la terre en été qu’en hiver : il en est au contraire plus loin : mais ici, c’est Orphée qui parle.


(7). PAGE 60, VERS I.


Ou le char du soleil au plus haut de son cours
Traversait d’Égypan le domaine céleste :
La Chèvre….

Égypan ou le Capricorne.

Nota. Voyez à la suite des notes, les noms des autres constellations décrites par Orphée.

« Ideo autem his duobus signis, quæ portæ solis vocantur, Cancro et Capricorno, hæc nomina contigerunt, quod cancer animal retrò atque oblique cedit, eâdemque ratione sol, in eo signo, obliquum ( ut solet) incipit agere retrogressum. Capræ vero consuetudo hæc in pastu videtur, ut semper altum pascendo petat ; sic et sol in Capricorno incipit ab imis in alta remeare. »

(Saturnales de Macrobe, I. i, ch. xvii.)

(8). PAGE 60, VERS 19.


De l’oblique Cancer la marche irrégulière… « Les noms des constellations du zodiaque ne leur ont pas été donnés au hasard ; ils ont exprimé des rapports qui ont été l’objet d’un grand nombre de recherches et de systèmes. Quelques-uns de ces noms paraissent être relatifs au mouvement du soleil. L’Écrevisse, par exemple, et le Capricorne indiquent la rétrogradation de cet astre aux solstices, et la Balance désigne l’égalité des jours et des nuits à l’équinoxe. Les autres noms semblent se rapporter à l’agriculture et au climat du peuple, chez lequel le zodiaque a pris naissance. Le Capricorne, ou la constellation de la Chèvre, paraît mieux placé au point le plus élevé de la course du soleil qu’à son point le plus bas. Dans cette position, qui remonte à 15 000 ans, la Balance était à l’équinoxe du printemps, et les constellations du zodiaque avaient des rapports frappants avec le climat de l’Égypte et avec son agriculture. »

(Exposition du système du Monde, I. v, ch. ier.)

Nota. Voir sur le même sujet l’Astronomie du 18e siècle, par M. Delambre, I. viii, et le mémoire de Dupuis sur les constellations.


(9). PAGE 60, VERS 19.


La Balance te suit, par qui l’ombre et le jour, etc.

Quelques personnes ont cru que la figure de la Balance était une invention moderne, ou du moins postérieure à Orphée. On trouvera dans le discours préliminaire de l’Histoire de l’astronomie du moyen âge, par M. Delambre, et dans le Mémoire de Dupuis, sur l’origine des constellations, l’exposé des motifs qui autorisent à croire que cette figure était connue des Égyptiens, dont Orphée reproduit ici les traditions.


(10). PAGE 61, VERS 10.


Si le ciel fut conquis, l’Égypte en a la gloire,
Et depuis dix mille ans, la pierre en sait l’histoire. Le prêtre que je fais parler ici est bien modeste, comparativement à ses compatriotes. Les Égyptiens avaient de bien autres prétentions : ils assuraient, au rapport de Syncelle, que le soleil avait gouverné l’Égypte pendant 30 000 ans. Ils comptaient, suivant le même auteur, 36 525 ans d’existence ; suivant saint Augustin (Cité de Dieu, I. 18, ch. 40), 48 863, et même 100 000 ans. Diogène Laërce rapporte qu’ils prétendaient avoir observé 373 éclipses de soleil et 832 de lune. Diodore de Sicile parle (liv. i) de deux traditions, qui se seraient bornées à 33 000 ans, et même à 23 000. Platon dit que, du temps de Solon, les prêtres qui passaient pour les mieux instruits, ne faisaient pas remonter les origines égyptiennes au-delà de 9 000 ans. Hérodote, qui voyagea en Égypte 100 ans après Solon, nous donne sur cet objet (I. 2, n. 142) une notion encore plus précise. Les prêtres de Thèbes assuraient, dit-il, que leur monarchie existait depuis 11 340 ans. Ils comptaient 341 rois, selon les uns ; 475, suivant les autres. C’était bien pis chez les Babyloniens : ceux-ci prétendaient avoir observé le cours des astres pendant 473 000 ans ; aussi Cicéron ne veut-il en rien croire. « Contemnamus etiam Babylonios… condemnemus, inquam, hos, aut stultitiæ, aut vanitatis, aut imprudentiæ, qui CCCCLXX millia annorum, ut ipsi dicunt, monumentis comprehensa continent, et mentiri judicemus, nec sæculorum reliquorum judicium, quod de ipsis futurum sit pertimescere. « ( De Divinatione, 1. i, n. 109.) En effet de pareilles traditions paraîtront exagérées ; mais il n’en est pas moins vrai que les monuments astronomiques des Égyptiens attestent une longue suite d’observations.


(11). PAGE 61, VERS 20.


La piété de l’homme aux plus puissants des dieux
Osa distribuer ces signes radieux.

… … Restat, quæ proxima cura,

Noscere tutelas, adjectaque numina signis, Et quæ cuique deo rerum natura dicavit, Cùm divina dedit magnis virtutibus ora, Condidit et varias sacro sub numine vires, Pondus uti rebus persona imponere possit. Lanigerum Pallas, Taurum Cytherea tuetur, Formosos Phœbus Geminos ; Cyllenie, Cancrum ; Tuque pater, cum matre deùm, régis ipse Leonem ; Spicifera est Virgo Cereris, fabricataque Libra Vulcani ; pugnax Mavorti Scorpius hæret ; Venantem Diana virum, sed partis equinæ ; Atque augusta fovet Capricorni sidera Vesta ; E. Jovis adverso Junonis Aquarius astrum est ; Agnoscitque suos Neptunus in æthere Pisces.

(Manilius, Astronomiques, I. 2.)

« Les Japonais ont douze dieux, partagés en deux classes ; sept primitifs et cinq qui ont été ajoutés depuis. Le nombre de douze dieux est évidemment relatif aux signes du zodiaque, aux mois de l’année, aux années de la période de douze ans, dont l’usage a été et est encore universel dans l’Asie. Les Égyptiens avaient également douze dieux, ce qui est encore une conformité singulière. Mais ce n’est pas tout, les douze dieux des Égyptiens ne furent primitivement qu’au nombre de sept : c’étaient les sept planètes. Les cinq autres furent ajoutés pour suffire aux douze signes du zodiaque. « Il y a donc le même nombre de dieux et le même partage de ces dieux, en sept et en cinq, au Japon et en Égypte. »

(Bailly, 3e Lettre sur l’origine des sciences.)

(12). PAGE 62, VERS 17.


En Égypte Osiris, Bacchus dans l’Arabie, etc.

Te Serapim Nilus, Memphis veneratur Osirim, Dissona sacra Mithram, ditemque, ferumque Typhonem.
Atys pulcher item, curvi et puer almus aratri,
Ammon, et arentis Libyes et Biblus Adonis
Sie vario cunctus te nomine convocat orbis.
(Hymne au soleil de Marcien Capella.)

(13). PAGE 63, VERS I-3.


L’Hercule, qui du Nil dompta le cours rapide…
De ses douze travaux a rempli tous les cieux.

« On verra dans la fable d’Osiris ou du soleil, qui voyage dans toutes les contrées de l’univers, pourquoi, tandis que ce héros s’avance vers les contrées brûlantes de l’Ethiopie, le Nil se déborde, et inonde principalement la partie de l’Égypte où régnait Prométhée, qui pensa en mourir, et pourquoi il donna à ce fleuve le nom d’Aigle ou de Vautour de Prométhée, c’est-à-dire de la constellation qui suit l’Hercule céleste dans son coucher, durant le débordement, et qui reparaît le matin avec lui, au bout d’environ trois mois, lorsque le Nil rentre dans son lit. C’est sans doute ce qui donna lieu de dire que ce fut cet Hercule qui vint repousser le fleuve, et le fit rentrer dans ses limites. »

(Dupuis, Orig. des Cultes, t. iii, p. 161.)

Voici le passage de Diodore de Sicile, qui est le fondement de cette allégorie.

« Au lever de la canicule, le Nil rompit ses digues et se déborda d’une manière si furieuse, qu’il submergea presque toute l’Égypte, et surtout cette partie dont Prométhée était gouverneur, de sorte que peu d’hommes échappèrent à ce déluge. L’impétuosité de ce fleuve lui fit donner le nom d’Aigle. Prométhée voulut se tuer de désespoir, mais Hercule, se surpassant lui-même, entreprit de réparer ces brèches et de faire rentrer le fleuve dans son lit. »

Voyez l’explication des douze travaux d’Hercule par l’Astronomie,

dans le Mémoire de Dupuis sur l’origine des constellations, t. iv de l’Astronomie de Lalande, p. 474 et suivantes.

(14). PAGE 66, VERS 17.


Hercule glorieux
Fléchissant le genou pour rendre grâce aux dieux.

L’Agenouillé est le nom ancien de cette constellation. On dit que cet homme qui fléchit le genou était Hercule. Pingré croit que l’on n’a donné à l’Agenouillé le nom d’Hercule qu’à une époque postérieure à Orphée. On peut voir la réfutation de cette opinion dans le Mémoire de Dupuis sur l’origine des constellations, Astronomie de Lalande, t. 4, p. 496.


(15). PAGE 67, VERS 13.


Érichton… sa naissance, ineffable prodige
A fait rougir le front de la chaste Pallas…

« De cujus progenie (Erichtonii) Euripides ita dicit ; Vulcanum Minervæ pulchritudine corporis inductum petiisse ab eâ ut sibi nuberet, neque impetrâsse ; et cœpisse Minervam sese occultare in eodem loco qui propter Vulcani amorem Ephestius est appellatus ; quo persecutum Vulcanum ferunt cœpisse ei vim afferre ; et cum plenus cupiditatis ad eam, ut complexui se applicaret, ferretur, repulsus effudit in terram voluptatem, quo Minerva, pudore permota, pede pulverem injecit. Ex hoc autem nascitur Erichtonius anguis, qui ex terrâ et eorum dissentione nomen possedit. »

(Hygin, Astronomiques, I.2.)

On lit à-peu-près la même chose dans les Mythologiques de Fulgentius, évêque de Carthage, I. ii.


(16). PAGE 72, VERS 8.


Le soleil autrefois suivait un autre cours.
An meliùs manet illa fides, per saecula prisca
Illàc solis equos diversis cursibus isse,
Atque aliam trivisse viam longumque per ævum
Exustas sedes, incoctaque sidera, flammis
Caeruleam verso speciem mutasse colore,
Infusumque loco cinerem, mundumque sepultum.
(Manilius, Astronomiques, I. i.)

Les Pythagoriciens flottaient entre ces diverses opinions. « Ils pensaient, dit Bailly (Hist. de l’Astronomie ancienne, Éclaircissements, liv. 7, § i), que la voie lactée était la trace d’une étoile enflammée au temps de l’incendie de Phaéton, laquelle avait tout brûlé sur son passage : selon quelques-uns, ce cercle fut autrefois la route du soleil ; enfin selon d’autres, la voie lactée est produite par une réflexion des rayons du soleil, à peu près pareille à celle qui produit l’arc-en-ciel ou les couleurs des nuées. »


(17) PAGE 72, VERS II.


Mais plutôt n’est-ce pas le concours radieux…

« An major densâ stellarum turba coronâ

Contex it flammas et crasso lumine candet Et fulgore nitet collato clarior orbis ! »

(Manilius, l. ier.)

(18) PAGE 72, VERS 17.


C’est là que de mortels une race choisie…

« An fortes animæ dignataque numina cœlo
Hue migrant ex orbe. »
(Manilius, l. ier.)
« Hic manus ob patriam puguando vulnera passi,
Quique pii vates et Phœbo digna locuti,
Inventas aut qui vitam excoluere per artes. »
(Virgile, I vi.)
NOMS DES CONSTELLATIONS DÉCRITES PAR ORPHÉE

Le Lion reparaît, et son cœur.

Le sinistre Antarès.
Le douteux Égypan.

Cynosure est son nom.
Cynosure et ses sœurs.
S’élève Calisto.
Là sourit Ganymède.
… Ici c’est la Couronne.
… Hercule glorieux.
Le coursier vainqueur.
L’autre coursier si cher.
Dirai-je le Delta.
… Les sœurs de Phaéton.
… Et sa femme et sa fille (de Céphée)
… Et l’Hydre du tropique.
… Le fils de Phillyre.
L’autre poisson si fier.

… L’agile Procyou.
Le brûlant Sirius.
Le vaisseau qui nous porte.
… Et vos noms.

… Et ma lyre
Régulus, ou le cœur du Lion.
La principale étoile du Scorpion.
Le Capricorne, moitié chèvre moitié
poisson.
L’étoile Polaire.
La petite Ourse.
La grande Ourse.
Antinous.
La couronne d’Ariane.
L’Agenouillé.
Le petit cheval.
Pégase.
Le Triangle.
Les Hyades.
Cassiopée, Andromède.
L’Hydre femelle.
Le Centaure ( ou Chiron).
Le poisson austral, l’étoile de
Fomalhaut.
Le petit chien.
Le grand chien.
L’Argo.
Jason, Hercule, les Dioscures,
Canopus.
La lyre.