L’amour saphique à travers les âges et les êtres/28

(auteur prétendu)
Chez les marchands de nouveautés (Paris) (p. 227-230).

L’Amour saphique, Bandeau de début de chapitre
L’Amour saphique, Bandeau de début de chapitre

XXVIII

LE MASOCHISME — LA SODOMIE


Si le sadisme suppose la joie de faire souffrir, le masochisme exprime la volupté de souffrir soi-même.

Nous empruntons ce terme au savant docteur Von Krafft-Ebing, qui appliqua à cette sorte de perversité le mot de masochisme d’après le nom de l’écrivain Sacher-Masoch dont les romans décrivent cette névrose spéciale.

Le masochisme est exactement le contraire du sadisme. Le sadiste se plaît à humilier, à torturer ; le masochiste tire toutes ses joies du fait d’être humilié et torturé. Sa volupté s’exacerbe sous les injures, les coups, dans la douleur. Le fouet le jette dans l’extase.

Le masochisme ébauché ou accentué se rencontre fréquemment chez les femmes essentiellement femmes.

Combien d’entre elles, dans la jouissance, gémissent-elles, supplient-elles, comme si elles subissaient la terreur la plus intense, la souffrance la plus aiguë. Tout réside dans leur imagination, pourtant c’est du masochisme à l’état de rêve, sinon de réalité.

Bien que moins nombreuses que les hommes, les femmes aimant à être flagellées ne sont pas rares. On les rencontre plus particulièrement parmi les hermaphrodites, et la flagellation qu’elles sollicitent avec leurs sens féminins, les incite à se précipiter dans le désir masculin, et leur possession de leur compagne devient d’autant plus ardente que la flagellation a été plus rude et plus prolongée.

La tendance au masochisme moral est extrêmement répandue chez les femmes. Leur faculté de s’éprendre d’un être égoïste et cruel, homme ou femme, de l’adorer, de lui être fidèle, de lui conserver un dévouement absolu et de tous les instants, n’est pas autre chose que du masochisme intellectuel, c’est-à-dire un besoin maladif d’être tourmentées, par l’objet de leur amour.

En effet, la tendresse pour un autre individu ne peut subsister chez l’être normal que s’il y a réciprocité de sentiment. Du moment où l’on reconnaît l’indifférence de son partenaire, continuer à l’aimer c’est prouver que l’on ressent une obscure jouissance à souffrir.

Les cas de masochisme intellectuel chez les femmes vis-à-vis de leurs époux ou de leurs amants sont des plus fréquents ; nous les laisserons de côté, pour ne nous occuper que de ceux qui regardent l’amour lesbien. Nous en avons eu sous les yeux des exemples frappants.

Nous citerons le cas de Germaine J…, une petite chanteuse de music-hall, follement éprise d’une ballerine, qui se laissait gruger, tromper, tourner en dérision par son amante et lui réservait malgré tout une tendresse de chien battu, éternellement dévoué, quelque coup de pied et mauvais traitement il reçoive de son maître.

On sait que Sodome fut incendiée par l’Éternel parce que les habitants de cette ville avaient coutume de s’accoupler avec des animaux. De là vient que ce vice spécial porte le nom de sodomie.

La sodomie n’est pas rare chez les femmes, qui trouvent dans leurs animaux domestiques des complices ordinairement complaisants et relativement discrets.

Nous disons « relativement », parce que souvent l’attitude d’un chien avec sa maîtresse révèle assez clairement les répugnantes habitudes passionnelles qu’on lui a laissé prendre ou auxquelles on l’a dressé.

Si l’accouplement d’une femme et d’un chien ne laisse pas d’offrir quelque difficulté, par contre tous ces animaux sont disposés à lécher avidement les parties sexuelles d’une femme. Leur langue est douce et pleine d’habileté naturelle.

Certaines sensuelles exaspérées leur préfèrent la langue des chats, dure comme une râpe et dont le frottement peut provoquer une irritation sexuelle intense.


L’Amour saphique, Vignette de fin de chapitre
L’Amour saphique, Vignette de fin de chapitre