L’amnistie et situation politique



DE L’AMNISTIE
ET
DE LA SITUATION POLITIQUE.

À quel signe peut-on mieux reconnaître le mérite et la portée des partis et des hommes politiques, si ce n’est à la promptitude judicieuse avec laquelle ils se mettent à servir les intentions et les besoins du pays ? Malheur à qui ne comprend pas vite et à fond la scène mobile dont il est un des acteurs ! La vie sociale, dans ses développemens et ses progrès, ne consulte pas les esprits lents ou les passions entêtées ; elle coule toujours ; ses aspects sont infinis, et s’il est vrai que l’homme est mené vers un but suprême que Dieu seul connaît, il ne peut pas dire comme Mithridate :

Je sais tous les chemins par où je dois passer.

Loin de là : il s’instruit à toute heure, il s’éclaire, il se corrige, il déplace la borne de ses aperçus, il met son esprit de pair avec la grandeur du monde et de front avec la rapidité des évènemens. Et il y va de la vérité et de leur salut, pour les hommes et les partis politiques, à se prêter avec facilité à ces mouvemens de la vie commune ; autrement ils demeurent en arrière, impuissans et vieillis.

Ici on vit plus vite qu’ailleurs, et il est inoui combien nous consommons en peu d’années de passions et de vicissitudes sociales. Cette puissance dans le mouvement a pu seule permettre à la France d’éprouver pendant le court espace de cinquante ans tant d’impressions et de fortunes diverses. Eût-elle été si riche et si grande en actions et en pensées, si elle se fût obstinée dans l’immobilité ? Elle sent avec un tact toujours juste le point précis où doit se terminer une série d’expériences ; et quand elle estime une veine épuisée, elle saisit avec prestesse une autre saillie des choses.

Aujourd’hui la France a l’intention manifeste de sortir irrévocablement des débats qui l’ont occupée depuis six ans. Assez d’irritations et de malentendus, de mécomptes et de colères. Nous sommes aussi loin aujourd’hui des luttes de 1832 et 1833 qu’en 1799 on était loin de 93. Quelques années suffisent toujours, en France, pour changer les esprits et les situations. Cette mobilité est la condition du progrès.

L’amnistie qu’a prononcée le roi, et qu’a eu le singulier bonheur de contresigner le ministère du 15 avril, est non-seulement un acte généreux, mais un jugement porté avec intelligence et grandeur sur l’état du pays. Amnistier ainsi, c’est comprendre la nation mobile et passionnée aux destinées de laquelle on préside ; c’est se montrer, comme la France, noblement oublieux des malheurs et des fautes : un pareil oubli est la meilleure prévoyance de l’avenir.

Déjà l’an dernier la situation nouvelle des choses, qui aujourd’hui est officiellement reconnue, s’était manifestée par d’irrécusables symptômes : si la question espagnole n’eût pas amené la retraite si honorable et si politique du ministère du 22 février, l’administration de M. Thiers eût accompli à propos les belles mesures qui deviennent la date d’une époque nouvelle. Mais l’avènement du ministère du 6 septembre ajourna le bien en ramenant au pouvoir des irritations sans objet et sans à-propos. Toutefois ne nous plaignons pas : la courte apparition de M. Guizot et de ses amis aux affaires ne nous a pas été inutile, elle a complété, pour tous, des démonstrations nécessaires. Nous savions, mais d’autres ne connaissaient pas aussi bien, l’impuissance et l’entêtement de la politique réactionnaire ; comme elle était revenue sans cause, elle s’est montrée sans force ; et les hommes qui aiment vraiment l’ordre, l’ont reconnue pour inquiétante et désastreuse.

Il faut convenir que, depuis le 6 septembre jusqu’au 15 avril, M. Guizot et ses amis ont fait une étrange campagne. M. Guizot a, pendant sa présence au ministère, parlé sur deux sujets importans, sur l’Espagne et sur les généralités de la politique intérieure. Ancien ami des whigs, M. Guizot, à la chambre des pairs, a presque considéré l’alliance anglaise comme un mauvais pas dont il fallait se retirer le plus tôt possible, comme un piége où la France était prise et enchaînée : il a félicité le cabinet du 6 septembre de lui avoir rendu sa liberté. « En acceptant la recommandation très sage que M. le duc de Noailles nous a adressée, a dit M. Guizot, je me dois, je dois à mes collègues, à mes amis, de lui faire remarquer, à mon tour, que nous ne l’avons pas attendue, que nous avons fait preuve constante, preuve éclatante de liberté, et que notre passé est, à cet égard, le meilleur garant de notre avenir. » Ainsi M. Guizot s’est vanté d’avoir exécuté l’alliance anglaise, comme l’entend le côté droit de la chambre des pairs qui la repousse, en donnant son assentiment à M. de Noailles : il est vrai que dans l’autre chambre on a entendu M. Guizot se faire un instant whig et interventionniste pour répondre à M. Berryer, tant il y a, dans l’esprit de cet homme d’état, de consistance et d’unité ! Pour la politique intérieure, M. Guizot a abandonné, sur le champ de bataille, l’administration dont il faisait partie, par le silence qu’il a gardé sur la loi de disjonction. Orateur du ministère, il n’a pas osé suivre dans la mêlée ses collègues et son chef. Le cabinet du 6 septembre dissous, M. Guizot retrouve la parole pour se poser comme une nécessité sociale contre l’envahissement du mauvais esprit de notre siècle. Pressé par une éloquente harangue de M. Odilon Barrot, il sacrifie, pour trouver une réponse, les opinions de son premier discours ; et, de même qu’il s’était fait interventionniste dans la question espagnole, pour répondre à M. Berryer, il s’est fait réformiste, pour répliquer à M. Barrot. Cependant, qui êtes-vous ? Où vous trouver ? Dans la résistance ou dans le progrès ? Avez vous promis, à vous-même et à vos amis, de passer par toutes les opinions et toutes les alliances, pour atteindre la perpétuité du pouvoir ? L’unique réponse à vous faire, quand vous êtes descendu de la tribune d’où vous aviez ému l’assemblée par des concessions soudaines, était qu’on vous présentât à signer la réforme parlementaire.

Si M. Guizot est fidèle à son premier discours sur les fonds secrets, il doit se caserner au côté droit avec quelques amis, la Paix et le Journal de Paris ; s’il se met à pratiquer les principes de sa réplique à M. Barrot, il doit licencier son petit parti, et se perdre dans les rangs du centre gauche. Violent, il est impossible et suranné ; progressif, il n’est plus doctrinaire, il n’est plus homogène.

Le camp doctrinaire ressemble, à vrai dire, à ces forêts enchantées qui s’évanouissent devant vous, quand vous marchez sur elles. Et tout le monde gagnera à faire disparaître le camp, le parti, car nous aurons alors les personnes moins les choses, comme a dit si bien M. Thiers ; et les personnes sont distinguées. Qui pourrait refuser à M. Guizot d’éminentes facultés, de l’esprit à M. de Rémusat, du courage à M. Jaubert, une raison exacte à M. Duchâtel, une ingénieuse activité à M. de Hauranne ? Mais quand ces personnes s’évertuent à former un parti homogène, elles deviennent nuisibles à elles-mêmes, funestes au pouvoir, fâcheuses à tout le monde. C’est que, pour former un parti, il ne suffit pas de cinq à six hommes qui ont pris pour une situation éternelle et normale les nécessités imposées par des luttes passagères. Il faut à un parti véritable une base nationale, le talent des affaires et l’esprit vraiment politique.

L’esprit politique ne se montre pas rancuneux, monotone et déclamatoire : il est calme, net, clair, intelligent et prompt ; il est ferme sur les points essentiels, tolérant dans les formes et dans les détails, apportant dans les affaires difficiles de la patience et de la sérénité. Il nous semble que le principal adversaire de M. Guizot, M. Thiers, n’a pas fait faute à ces conditions de l’esprit politique. Il y a un an, M. Thiers, président du conseil, s’attachait à donner à la quadruple alliance toute sa portée ; il voulait que cette Espagne, qui avait été le pivot des entreprises de Louis XIV, l’écueil de Napoléon, à laquelle avait attenté la restauration, devint le point d’appui de la politique française et constitutionnelle, et que, par nous, le pays de Philippe II entrât dans le mouvement de la liberté européenne. M. Thiers donna sa démission parce qu’il ne put appliquer sa politique, et à la tribune, devant le pays, il rendit raison de sa conduite. Il prononça un discours qui rappelle, par ses dimensions et son éclat, ces grandes harangues du parlement anglais, qui épuisent une question jusque dans ses moindres détails, tant pour l’exposition des faits que pour la déduction des solutions politiques. Il prouva sans réplique que la quadruple alliance engageait la France, qu’il était possible et même facile à la France de secourir l’Espagne, qu’il y avait dans la question espagnole un intérêt français de premier ordre. Ajoutez à cette déduction rigoureuse une foule de détails curieux, de développemens piquans, de traits pleins de finesse, comme celui-ci : ce n’est pas pour la paix, mais pour la guerre qu’on fait la diplomatie, et l’on reconnaîtra que ce discours est marqué parmi les harangues de tribune d’une originalité particulière. C’est le manifeste d’un homme d’état. M. Thiers possède à un haut degré le talent de tout dire ; il triomphe dans les détails ; sa discussion sait tout expliquer ; elle porte la lumière dans les nuances les plus fugitives, et parvient à tout éclaircir par une démonstration irrésistible.

Il n’est pas dans le goût et dans l’esprit de l’historien de la révolution française de se plaire dans les généralités politiques qui n’ont pas une application immédiate. M. Thiers eût pu sans doute faire suivre son beau discours sur l’Espagne d’un programme où il eût expliqué comment il entendait aujourd’hui la politique intérieure ; mais il a mieux aimé attendre une occasion difficile et saillante où sa parole atteignît sur-le-champ par une habile opportunité la valeur d’un fait et d’une action politique. Il s’est placé entre M. Guizot et M. Odilon Barrot ; il a parlé comme ce dernier de la nation, et non pas uniquement de la classe moyenne, puis il a apprécié la situation avec une lumineuse sagacité. Si nous avons été si fortement réunis, a-t-il dit en s’adressant à l’ancienne majorité, la cause en est évidente, c’était le danger qui nous maintenait si bien tous ensemble. Il fallait s’arrêter ; nous avons combattu sur le terrain de Périer, comme nous eussions combattu même sur celui de M. Barrot. Aujourd’hui cette situation est épuisée, et désormais deux routes se présentent : ou bien changer soi-même avec la situation, donner au gouvernement un aspect nouveau, calmer les esprits, appeler les talens aux affaires, chercher à l’activité nationale de nobles applications, ou bien nier le changement, s’entêter à revenir sur des traces effacées, continuer à tendre les ressorts sans raison dans le présent, mais par réminiscence du passé ; c’est, comme l’a dit spirituellement l’orateur, la politique homogène. M. Thiers a fait subir à la fatuité de ses adversaires un douloureux supplice ; il les a convaincus d’impuissance ; il leur a dit : Vous avez échoué, vos lois ont été rejetées ; vous avez cherché l’unité nécessaire à tout gouvernement, dans l’esprit de coterie, dans les destitutions ; vous n’avez réussi ni dans les choses, ni relativement aux hommes ; enfin, il vous est interdit de réunir une masse suffisante d’adhérens pour pouvoir gouverner. Cela est si vrai, que cette politique homogène a eu peur d’elle-même, et a voulu devenir politique de coalition ; on sait les personnes auxquelles elle s’est adressée ; puis elle s’est vue réduite à se produire seule ; mais alors les inquiétudes du pays ont été partagées assez haut pour que les bancs du ministère lui fussent fermés. Ainsi vous ne pouvez gouverner seuls ; vous ne pouvez vous allier, le trône vous craint, et l’opposition vous souhaite.

Que répondre à cette accablante démonstration si calme, si froide, impartiale même dans sa cruauté, et qui ressemble plutôt à l’arrêt d’un juge qu’à l’agression d’un adversaire ? Le discours de M. Thiers a fermé l’entrée du ministère à M. Guizot, il a démontré la nécessité du cabinet du 15 avril, il l’a consolidé en lui donnant pour point d’appui les opinions du centre gauche ; de plus, il a été la préface de l’amnistie.

C’est un fait grave d’entendre un homme d’état, qu’on ne peut accuser ni de chimères, ni de faiblesse, dénoncer au pouvoir et au pays que la situation est changée ; celui qui déclare ce changement était au plus fort de la résistance, quand il pensait qu’il fallait résister. Personne n’a fait plus que lui, comme il l’a dit lui-même ; mais maintenant il faut faire autre chose.

Rien n’accuse plus la coterie homogène, que cette impossibilité de comprendre la France et son génie. Eh ! messieurs, vous croyez encore le pays au même point ; tâchez donc de le rejoindre dans ses progrès ; déplacez-vous avec lui ; ne restez pas cantonnés, dans les mêmes colères et les mêmes formules ; si à côté de l’impuissance vous mettiez l’ennui, vous achèveriez de vous perdre dans l’esprit de la France, qui n’aime pas les redites et les longueurs.

On ne saurait trop appuyer sur ce point : l’amnistie prononcée par le roi, l’attitude prise par le ministère du 15 avril, le discours de M. Thiers, les votes du centre gauche et d’une partie de la gauche ont constitué officiellement une situation nouvelle. Maintenant les faits répondent aux idées, et les résultats que la France poursuivait surtout depuis un an, sont obtenus aujourd’hui. La France désirait qu’il n’y eût plus ni vaincus, ni malheureux pour des causes politiques ; sa voix a été entendue. L’amnistie abolit les vaincus, et met un terme aux malheurs particuliers. On respire enfin ; on peut diriger son œil vers l’avenir, puisqu’on est sûr de ne laisser derrière soi ni gémissemens ni douleurs, et l’esprit n’est jamais plus libre que lorsque le cœur est léger.

Les révolutions demeurent belles dans l’histoire, à la condition de se montrer fécondes. Elles sont à la fois effet et cause. Elles sont produites par un grand mouvement national, et doivent, à leur tour, enfanter de salutaires progrès. Elles doivent se mettre d’accord avec les intérêts même de la civilisation, qui ne saurait s’intéresser à leur triomphe que dans l’espoir légitime d’en recevoir de l’éclat et de la durée dans la grandeur. Les véritables révolutions ne se confondent pas avec les turbulences qui veulent recommencer toujours et qui ne sauraient ni atteindre, ni avouer leur but : elles se proposent de fonder un ordre durable, et tiennent à honneur d’unir à l’impétuosité qui renverse la puissance qui édifie.

La grande cause de la révolution française a toujours poursuivi deux résultats également importans, le progrès dans les formes politiques et le développement du fond même de la société. Quant aux formes mêmes, n’oublions pas que la révolution n’a jamais remporté une victoire plus éclatante qu’en 1830, car elle a fondé un gouvernement nouveau en son propre nom, sous la consécration expresse de ses propres principes ; en 1789, elle s’était associée à la monarchie de Louis XVI, puis, après des crises à la fois héroïques et furieuses, elle fut contrainte d’accepter l’empereur, qui se mit, tout ensemble, à l’enchaîner et à la satisfaire ; en 1814, ses sacrifices furent plus grands encore, elle dut pactiser un moment avec un principe hostile ; en 1830, elle reçut au contraire de glorieuses satisfactions ; elle fut maîtresse, et fit de son principe la base du gouvernement nouveau. Ni la réforme religieuse du xvie siècle, en Allemagne, ni la révolution anglaise de 1688, n’ont obtenu des faits politiques une aussi complète reconnaissance.

Après tout, les formes de constitution et de gouvernement ne sont que des moyens pour obtenir le bonheur social, et, comme le pacte de 1830, loin de faire obstacle aux progrès nécessaires, s’y prête et peut devenir au contraire, quand le pays le voudra, leur titre et leur instrument légal, l’intérêt le plus vrai de la France n’est pas dans une révolution nouvelle, mais dans le développement de la révolution accomplie. Il importe de prouver aux ennemis de la liberté moderne, que non-seulement elle connaît les combats, mais les haltes salutaires, mais l’habileté qui conserve le pouvoir après l’avoir conquis. Il faut que la société française puisse s’enorgueillir un jour de la victoire de 1830, qu’elle puisse offrir de notables résultats pour le commerce, l’industrie, l’art et la pensée. C’est dans le culte des idées, dans la pratique et la réforme légale de nos institutions, dans la dignité de la France vis-à-vis les autres peuples, dans une application légitime, donnée à propos et avec mesure à l’esprit militaire, dans une intelligente mise en œuvre de toutes les qualités nationales, qu’il faut chercher aujourd’hui les moyens de gouverner.

On ne saurait nier que depuis un mois les affaires publiques se sont améliorées ; on peut dire que les opinions du centre gauche sont au pouvoir, si tous les hommes qui le représentent en première ligne n’y sont pas ; mais ces hommes ont sagement pensé que la prise de possession par leurs tendances même, plutôt que par leurs personnes, était aujourd’hui le plus grand intérêt ; ils ont noblement soutenu une administration qui n’est pas encore la leur ; ils ont gouverné en dehors ; et ils n’ont pas été généreux inutilement pour eux-mêmes. Au surplus, dans ce petit ministère qui a pris la plus grande mesure décrétée depuis six ans, est-il hors de propos de louer l’habileté de M. Molé ? Il a su tout à la fois congédier le terrible rival qui s’était vanté de le mener ou de l’expulser à sa fantaisie, et il s’est rapproché du centre gauche, que son avénement au 6 septembre avait un peu éloigné de lui. Du reste, M. Molé a toujours eu la pensée d’accepter la lutte avec M. Guizot ; il avait avisé, dès l’origine, à toutes les précautions nécessaires pour ne pas tomber ; il avait saisi l’occasion à la chambre des pairs, dès le commencement de la session, de déclarer qu’il n’avait pris le pouvoir à personne ; il a toujours cherché à séparer sa fortune des âpretés intolérantes qui s’agitaient autour de lui, et il a eu pour instrument de ses desseins l’élégante tenue d’un caractère qui s’est fait agréer et estimer de tout le monde. Peut-on refuser à M. de Montalivet un sens ferme et droit, du bonheur dans sa présence aux affaires, l’heureux don de rapprocher les hommes et de désarmer les haines ? Que le ministère du 15 avril prenne de plus en plus confiance en lui-même, qu’il s’appuie sur le centre gauche, et il vivra : l’avenir lui apportera les modifications et les forces nécessaires. Qu’il soit calme et résolu au milieu des petites perfidies que ne lui épargneront pas quelques personnes : dans la route qu’il a si heureusement prise, il est certain d’une majorité. Qu’il mette les homogènes en demeure de se constituer eux-mêmes les ultras de notre époque ; il ne faut jamais sauver à des adversaires l’occasion de se compromettre et de se perdre.

La satisfaction publique indique d’ailleurs au centre gauche ses obligations et sa conduite ; il doit travailler à maintenir au moins sa situation officielle, sauf, au moment favorable, à la fortifier et à l’agrandir. L’intérêt de tous est d’empêcher la rentrée aux affaires de quelques hommes dont la présence effacerait le bien accompli et dénaturerait l’avenir. Ces hommes ont quelquefois reproché, avec une dédaigneuse amertume au centre gauche et à la gauche, une irrésolution qui les empêchait de soutenir ceux de leurs amis qui s’approchaient du pouvoir, et de profiter des occasions heureuses. On doit écouter jusqu’aux injures de ses ennemis pour mieux les combattre ; que la nouveauté de la situation inspire donc aux hommes nationaux une habileté nouvelle ; les partis politiques ne doivent pas moins veiller sur eux dans les retours de la fortune que dans les revers.


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