L’Origine des Cons sauvages (éd. 1797)/Texte entier

Chez Jean de la Montagne (A Lyon) (p. 5-70).

AVERTISSEMENT

AU LECTEUR.



Ami lecteur, je te veux advertir touchant ces cons, qu’il y en a de trois sortes plus fréquens. Les ungs sont élevés et ont une entrée plus adroicte que les autres ; ceux-ci sont volontiers cons nobles, qui sentent leur gentillesse, frottés de civette et de musque. Les autres sont au milieu du chemin de Morvent, lesquels sont fort hantés, qui est la cause que les mesures ne se rapportent pas. Tels cons sont volontiers rustiques ou villageois, cogneux de longue main, et sont puans, à cause de leur fréquentation ès escurie, cuisine, et garniers à foin, prompts à vuider leurs différends au premier poinct d’honneur. Les autres sont à un doigt près du cul, et n’ont point esté hantés ; car quand ce vient à approcher le bidault, il glisse en bas, et fait son pertuis à la longue. Ces cons sont de pucelles nouvelles percées, lesquels sont volontiers sucrés et amiellés, et ne sentent point.


LE
PROLOGUE


DE L’AUTEUR.


Moi, considérant les profits et domages de se marier ou non, et par une studieuse et ingénieuse curiosité, longuement ambigneuz et douteuz, lequel on devoit faire ou laisser, je m’alai adviser d’une aspre et difficile demande, autrefois menée entre aucuns gentilhommes, étudians trop douteux, et faisant difficulté si, en se mariant, seroit convenable de prendre une vefve, dont en sourdit une grosse question non accoutumée.

Et pour satisfaire à ceux qui étoient en cette forest des cons, estimant et pensant qu’en multitude de nopces, est requis grand nombre de cons ; et d’autant que les mariages des uns, ni les espoux, ni les espouses, ne ressemblent jamais les uns aux autres, pour cette cause et raison je veux dire et conclure, selon les différentes nopces et espouses, les cons aussi différens. Et pour avoir cognoissance de la distinction et différence d’iceux, de leurs fâcheries et délectations ; et pour enseigner à tous hommes l’eslection ou reprobation d’iceux, afin qu’ils puissent fuir et éviter tant de misérables maladies et inconvéniens qui s’ensuivent. Et pour ce qu’en lisant ce petit traité, aucuns se pourroient ébayr comment j’ai tant voulu peiner à magnifier les mariages des vefves, qui s’appellent secondes nopces, et les légistes en ce cas usent d’un terme qui s’appelle con voler. C’est une chose bien sauvage que de voir un con voler : toute fois pour ces convolemens, les secondes nopces sont reprouvées de droit civil ; et semble proprement que les loix impériales tiennent pour profanes et excommuniées les femmes qui se marient deux fois. Car, quand elles sont mariées premiérement, et que l’on vient au dépucelage, que nos anciens appellent défloration, leurs maris ne peuvent avoir avec elles parfaite délectation voluptueuse conjugale, pour ce que ces tendres fillettes, et qui jamais n’avallerent pillules incarnatives quand ce vient à les incorporer, ne savent qu’elles font, et est un labeur inestimable, que de les frotter et estriller, jusqu’à ce qu’elles soient domestiquement apprivoisées, à hardiment exercer l’acte de génération ; mais la gaillarde vefve, qui a gousté et souventes fois savouré le suppositoire barbarique, puis a demeuré quelque temps sans en user, quand ce vient aux secondes nopces à recommencer, pour gratifier son second mari, aussi pour en prendre un bon repas sans péché, dont elle en a longuement jeûné, outre ce, a appris en ses premières nopces, elle fait quelques gestes d’avantage de souplesse de corps, plus allegre qu’elle n’avoit accoutumé.

Or le titre de la question sur laquelle ce présent traité se fonde, est tel ; car une jeune femme vefve, qui, en ses premières nopces, aura porté un enfant aussi grand qu’un homme, et puis des petits en après, perdant son mari, elle demeurera cinq ou six ans en vefvage, sans besogner du métier de nature, à savoir mon, s’il est possible que le con lui puisse bonnement tourner en si louable disposition, qu’elle sente douleur, et ledit con lui cuise, quand l’on recommencera à labourer. Pour la décision de cette question tant ardente, et pour satisfaire aux desirs des dames et demoiselles, et honorables vefves, j’ai eu conférence avec beaucoup de vénérables et anciennes prélates et pudiques matrones, expertes en tels secrets, avec lesquelles la disputation a plusieurs fois duré assez longuement, pour mieux investiguer le fonds de la matrice subtile ; enfin, la résolution fut telle, comme ci-après entendrez vers la fin de ce présent traité, lequel a l’honneur du dévot sexe féminin. Dont nous prions affectueusement, et afin que tous nobles esprits, hommes et femmes, et autres des états desquels il appartiendra, entendent plus distinctement et facilement le contenu d’icelui, séparé et divisé par chapitres, comme ci-dessous est ordonné ; vous suppliant, mes très-honorés lecteurs, prendre en gré mon petit labeur.

Cons de dames et damoiselle,
Cons de bourgeoise, et de pucelle
Cons de servante, et de couvent,
Sont tous tournés d’un même sent.



CHAPITRE PREMIER.

De quelle maniere sont les
cons, et leur différence.



Il est premier à noter que tous cons généralement sont composés, emparés et conformés d’une carnalité spongieuse et obédiente sans rebellion, laquelle, de sa propre nature, se dilate, et lui fait place selon l’opportunité de son indigence. Si est à savoir qu’il est des cons de plusieurs sortes ; les uns sont thisics, les autres hydropics, puis d’autres médiocres. Entre les cieux cons thisics, les uns sont comme une petite esclatte fendue, enveloppée d’un peu de peau sans motte ne relevure. D’autres y a de cette sorte, qui ont un peu de promotoire, et au donjon il se treuve un os barré qui empêche et efface la volonté et puissance que l’on y cuide treuver ; pour cet effet, c’est un pauvre et malheureux métier. Des cons médiocres, selon qu’ils s’éloignent du thisic, et approchent l’hidropic, ils s’emmeliorent et en sont plus magifiques. Néanmoins, tout ainsi que le thisic est contagieux, ceux qui s’en approchent semblablement sont tous infectés. Cons hydropics sont contagieux, et inficient les membres dont ils sont visités. Et pour cette cause, quand feu missire Ollivier de la Marche, chevalier, jadis tant renommé en armes et en allégance, comme un autre César, et déjà tant âgé, se voulut remarier à une ancienne damoiselle de la maison de Bourgogne, laquelle damoiselle estoit haute, et montée sur eschas, maigre et pleine d’arrestes, avec un long con thisic et contagieux, Il vied un sien ami, bon compagnon de Picardie, lequel tâchant lui dissuader ce mariage, en se gaudissant, lui en envoya tout au long le rondeau ci-après.

RONDEAU.

Un con basti de deux esclattes,
Et puis bordé de noire matte,
Et teint d’un tissu cramoisi,
A pris un chevalier moysi,
Qui ressembloit un roi de cartes ;
Il avoit les baleures plattes,
Et d’une blancheur toute matte,
Quand ce chevalier l’eut choisi.

CE CON.

Au garnier où l’on prend des rattes,
Il a reçu des coups de pattes,
De langues d’ouï et de si,
Plus qu’un couvreur de Boisgency
N’a rabattu de cloux à lattes.

Touchant les cons hydropiques, les uns ressemblent à une grosse boignette fendue ; les autres un gros cœur de mouton, mi parti par le bas, et de ceux-ci, le fruit est beaucoup plus plaisant et beaucoup voluptueux. Et pour tant un grand commissaire des guerres, en son temps grand perscruteur des secrets muliebres, à la requeste de monsieur des Cordes, lors gouverneur de Picardie, fit deux élégantes ballades ; l’une de la perfection et beauté d’un cheval, et l’autre, de l’excellence de sa femme : et quand il vient à décrire la région de basse frise, il dit que la belle femme doit être comme il suit. Savoir :

Parmi les reins bien fournie encharnée,
Grosses cuisses, devant haute enconnée,
Et en beauté parfaite à l’advenant,
De doux racueil, et de rebelle entrée

Le ventre épois, motte de frais rasée,
Le cropion tenir directement,
Et son bourdon serrer estroitement,
Je ne m’enquiers de trop ou peu profonde.
Le compagnon porter joyeusement,
Parfaite en biens, seroit la plus du monde.





CHAPITRE II.

De la dimension des cons,
et de leurs diverses ouvertures,
et comme se font
les cons camus.



Nous avons bonifié les cons ; maintenant, pour la plus ample déclaration de ces cons tant solemnels, pour autant qu’il en est de plusieurs volumes, c’est assavoir que les uns, ont l’ouverture longue, les autres de moyenne longueur, et les autres par l’entrée quasi ronde, en la plus haute région. Et de cette derniere sorte, la plus commune opinion des docteurs est, que ce sont de celles qui, de leur jeunesse, se sont laissées courtoisement parforcer debout, et ont longuement continué ces douces allarmes en cette sorte, dont est advenu par succession de temps, que par icelle agréable continuation, et quelque longueur qu’il y eût en leur fendasse, cette assiduité de combattre debout, à réduit la longueur en rotondité. Puis quand c’est venu que loisir leur a esté donné de militer couchées, cette rotondité bien commencée s’est premier réduite en lozange, et puis après finalement en longueur compétente. Et si telles créatures sont de bonne et grassette complexion, et continuent longuement cette copulation d’être, comme il advient souvent ès cours de ces grandes dames, où il se faut occultement dérober derriere les tapisseries. En la fin pour l’assiduité de tant souvent les agiter contre mont, on remonte leurs carnosités connalles, en sorte qu’on fait les cons camus, ressemblant au groing d’un mullet engendré d’un taureau, reservé qu’ils n’ont point d’oreilles, et leurs a-t-on coupées, pour ce que ce sont larrons, qui ont tout plein crocheté et attiré de boudins ; et tels cons bien garnis de leurs mottes, sont cons admirables, jurisdicques, selon les docteurs in Brayeta Juris. D’autres y en a qui sont faits par despit, et se peuvent nommer cons despiteux, oubliés de nature, pour lors bien courroucés ; et n’ont ces cons qu’un méchant petit pertuis, pour, par voye de distillation, purger les reliques de l’impotence féminine : et de ceux-là ne se peut-on aider sans précédente incision, qui est une chose forcée et mal plaisante. Et quoique l’on en dise, si celles qui l’on tel, demeurent longuement sans besogner du mestier de nature ; c’est toujours à recommencer, pour ce que cons artificiels ne sont jamais de telle perfection que les naturels ; d’autant que nature passe l’artifice. Touchant les cons et les moyens, je les remets au chapitre ensuivant.


CHAPITRE III.

Diverses opinions de la diversité
des cons, selon aucuns
docteurs.



De la diversité de ces cons longs, moyens, ronds, et autrement figurés, les docteurs en sont de diverses opinions : les uns disent que cela procede de la diversité des complexions, alléguant Avicenne et Hypocrate, disant que femmes colériques sont volontiers longues et grêles, et ont le con maigre, thisic, et de longue ouverture. Les mélancoliques, seiches et édustes comme un bâton de four, l’ont communément si très-mal basti que l’on ne sait ce que c’est, sinon qu’en le tâtant, on juge, par conjecture, qu’il y a quelque ouverture entre deux malostrues pièces d’os, ou de bois mal ordonnés, comme un chevron rompu. Et de ces deux sortes de cons, ainsi mal esquipés, parent deux martiallement se trouvent des cons engraissés, cons barrés, cons chevronnés, cons girondés, cons empalés, cons grenelés, dont les deschifremens sont d’inutile déclaration, parquoi je m’en tais, et si telles créatures deviennent fort vieilles, vous leur trouverez les cons ridés, vermoulus ; et de tels cons, je les ai effacés, et du tout adnichilés, je n’en ai point fait d’estime. Les pures flegmatiques sont volontiers courtes et trapes, et ont le con gros et enflé ; il semble communément qu’il soit embouré d’étoupes, et ne rebondist point. Les pures sanguines sont de médiocre stature, et l’ont d’un volume agréable et plaisant, en fendeure et en motte, et sont volontiers allaigres, et toutes appareilles, avec une plaisante et amiable promptitude, d’endurer l’assaut, s’il est expédient. Mais celles qui sont sanguines flegmatiques, compactées en deue proportion et amiable concordance d’humeurs, sont de compétente stature, ne trop grandes, ne trop petites, et ont le con au devoir enflé, gros mouflu, respondant très-bien à son homme : et tels cons se peuvent méritoirement appeller cons domestiques, tous propres au mesnage, à les employer, et aussi Lien aux champs qu’à la ville, et aux festes comme aux jours ouvriers : et sont lesdits cons instralement enclins et préparés, s’il est besoing, comme souventes fois il advient, à comparoître entre deux portes, et telles femmes prennent grand plaisir et délectation, quanti on les fait hermofrodites. Et pour les garder de tomber en suffocation ou descendue martialle, c’est le secret de souvent les flebothomer de la veine du milieu, car elles le méritent. Je me tais des cons des boyteuses, qui sont faits en §, et qui font la gargouille : car selon les complexions qu’elles tiennent, ils peuvent participer des bontés ou malheurs des cons ci-dessus déchiffrés.



CHAPITRE IV.

Quels cons l’on doit élire,
et lesquels on doit éviter.



Or maintenant, toutes choses bien considérées et advisées, il faut autrement procéder à l’élection de ces cons, pour la conservation de l’humaine santé, pour éviter aussi dangers intolérables ; partant je vous exhorte qu’ayez à éviter, comme le foudre, ces cons thisics et contagieux, et ceux qui sont trop hantés, et qui ont tenu les rangs à tous venans, se doivent fuir comme la tempeste, car volontiers ce sont des cons esgarés, cons enchancrés, cons fistulés, cons ulcérés, cons hercipillés, cons barbouillés, cons morphés, cons saphvetés, cons encracés et merphigues, et peut-être istiomenés et en plusieurs lieux ordement cicatrisés, et encore piconsolidés, et par conséquent cons criminels, et pour leurs crimes, cons passés par les picques ; fuyr les faulx expressément, comme le beau feu Gréjois, car en tels cons les délectations sont hasardeuses, et de si pernicieuse conséquence, qu’il vaudroit mieux se châtrer un bon coup, que d’en guere user. Mais élisez de ces cons bien disposés et bien illustres, triomphans et bien proportionnés en motte et en ouverture, et en mobilité gros et mouflux, dont dessus est parlé, principalement des femmes blondes et crespelées, qui sont filles du soleil, et très-aspres et convenables aux conceptions, et telles ont volontiers le con doré, et quand on les peut treuver jeunettes à l’âge de quatorze ans ou environ, peu plus que moins, et qu’ils n’ont encore que peu ou point de laine sur peau, telles, oultre la dorure, ont hardiment le con sacré, et de semblables se fait bon accointer. Mais pour ce que les déchiffremens de ces secrets intérieurs en si profonde région, ne peuvent porter grande récréation, et moins de décoration à notre forest, et que, je m’en suis pu passer au bon contentement de notre question, je m’en suis déporté. Qui en voudra savoir davantage, recoure aux livres de Avicenne et Hypocrate, et traictés d’anatomie. Dieu, qui a tout fait, vous doint à tous et toutes qui le lisez, le comble de vos gentils desirs. Et de prendre plaisir et contentement de lire ce petit livret, qui a été fait pour vous récréer :

Qui voudra belle femme querre,
Prenne visage d’Angleterre,
Qui aie le corps d’une Flamande,
Et les reins d’une Normande.
Entée sur ung cul de Paris,
Il aura femme à ses desirs.

AUTRES.

Celle qui a les bras charnus,
Grosse mamelle, nez camus,

Longue raison et courtes mains,
Elle est subjette au bas des reins.

AUTRES.

Fille qui fait tettins parroir,
Son corps par estroite vesture,
On se peut bien appercevoir,
Que son con demande pasture.



BAIL

DES CONS.


Excellent pour ceux qui ont vouloir de bailler et livrer semblable chose (y contenue) sens et rentes d’une jeune dame aux beaux yeux, de son devant, qu’elle constitue aux sens et rentes, devoirs, propriétés convenables, ci-après mentionnées et déclarées audit présent bail à ferme, qui s’ensuit ci après :


Fut présente en sa personne, dame de jeunesse aux beaux yeux, grande maîtresse de son con, et grande dame de la Saussaye-qui-Pissote ; laquelle confesse avoir baillé, et s’offre en laisser jouir à toute heure, à tiltre de croist et de sens, à Symphorien de la Fesse, maistre apprenti de remuer trippes, demeurant à Sainct-Sanxon, à ce présent preneur audit tiltre de sens, pour lui et pour tous ceux qui voudront habiter audit lieu seigneurial, ci-après déclaré :

C’est assavoir, un con, en tous sens, duement borné, et bordé par voyes et sentier, ainsi qu’il se poursuit de toutes ses superfluités, à présent exempt de toutes parts, assis au lieu de la Motte, soubs le Ventre ; qui se consiste en la grande salle, cuisine, plusieurs chambres, et garde-mangers, tant d’hyver que de l’esté, court, jardin fumé et en toutes saisons, cloisonnés de plusieurs et riches tapisseries d’or jaune et changeant. Esquelles dites chambres sont les meubles et immeubles qui s’ensuivent :

ET PREMIER,

Assavoir, à l’entrée une barre d’or glissant, un entrepet ridé, legimbandant pelé, le grand caquenard, le trou remmanché tout à neuf et la ballole rabattue forte, et puissante, et ès environ dudict lieu, taillis à tondre quatre fois l’an, pour le moins, sans les balliveaux pendans par les raciens, et l’aisance au puis profond qui ne tayrist jamais, ains fournist à boire aux voisins ordinairement. Le tout contenant deux quartiers en montaigne, et deux arpens en vallées obscures et ténébreuses, tendant d’une part à la rue de Mordelle, et d’autre part aux deux Cuisses, aboutissant d’un bout par le bas à la fente et corne du Cul, près la rue des Fesses, d’autre bout au petit Ventre, le grand sentier entre deux. Et en la censive de M. Culton, et chargé envers lui de sens et rentes qu’il doit, sans autres charges que celles ci-après : Lequel sens ledict seigneur de Culton, et du Grand-Cul, sera tenu souffrir et endurer passer les eaues et immondices dudict Con, sans pour ce faire aucune diminution dudict sens, à la charge aussi que ledict preneur sera tenu labourer, cultiver autres substances, et entretenir de fonds en rive ledict Con, en si bon estat, labeur et valeur, que ledict sens s’y puisse prendre, engaiger, bailler à autres sens, ni autrement aliéner ne transporter partie ne portion dudict Con, sans le tout. Mais de tout icelui con eslargir, croistre, augmenter et non diminuer, le ramoner, fourbissant et substantant souvent, de jour en jour, et d’heure à autre, ainsi qu’il est bien requis et très-nécessaire. Et où le preneur voudroit laisser ledict lieu, et s’en trouve trop chargé et lassé, sera tenu le rendre en substance, bon estat et deu, avec les ustenciles et meubles ci-après déclarés, autres menues drogueries qui se pourront trouver. Et pour seureté dudict sens et entretenement et restitution, ledict preneur alié et obligé un lieu appellé Couillard, garny de deux bonnes pieces fortement encloses, avec sa forte et ronde lance, dont il a accoustumé combattre. Et, si accordé par ce faisant, qu’il sera tenu souffrir en l’une des chambres dudict Con, et lieu baillé à sens, loger les pauvres aveugles qui y voudront habiter, en y faisant par eux à l’entrée amende honorable à deux genoux, teste déchapperonnée, la torche au point, en baisant ledict Con, aussi le plus dignement que faire se pourra, selon la dignité dudict lieu ; lesquels aveugles seront tenus, avant que de sortir, pleurer, et laisser la bourse vuide, pour récompence et bon sentiment qu’ils auront receu en icelui lieu, flustes et joyeux instrumens qui les ont fait danser : car ainsi a esté accordé ; autrement ne se fut le marché fait entre les dictes parties, qui à l’entretenir se sont submis, à peine de trois fois le jour, amasser les gringuenaudes tombant des taillis estant des dépendances de la seigneurie du Cul, et lieu baillé à sens, par celui qui contreviendra à autre substance dudict bail ; qui fut passé en présence du seigneur de la Vessieres, Colin Mordant, Grosjean le Morfondu, Guillemin Croquefolle, Antoine Cassemotte, et un vénérable docteur (en cornardise) duquel je ne sai le nom, je m’en enquerrai en dormant. Le mardi-Gras après souper, l’an mil dict jamais. Aussi signé, Baise-mon-Cul, et Garde-bien-le-Trou.


Fin sans fin, attendez la
farce.


AUX LECTEURS ;

SALUT.


PROGNOSTICATION.

DES CONS SAUVAGES.



Reprenant les sots astrologues,
Elle est si vraye que c’est rage,
Et si vaut mieux pour un village,
Le tiers, qu’une poche de drogues.

Or faictes paix, taisez-vous là,
Et croyez ce que m’oyrez dire :
Autant deçà comme delà,
Pas ne suis venu pour vous nuire,

Mais afin de vous instroduire
Suis ci venu en grand instant ;
Faux astrologues contredire,
Desquels le monde est mal-content.

Ces méchans pronostiqueurs couchent
En escrit du temps advenir,
Et semble qu’aux planettes touchent
Du bout des doigts, à les ouyr,
On les deust tous vifs enfouyr,
Ou les jetter dans la riviere :
Hors du pays les ferai fuyr,
Si je puis, avant qu’il soit guere.

Savez-vous de quelle matiere
Je veux ici en droit parler ?
Je vous veux monstrer la maniere
De savoir quand devra gresler,

Plouvoir, tonner, et esclairer,
Dont souvent estes en esmoy ;
J’espere, avant que m’en aller,
Qu’en saurez autant comme moi.

Qui veut ma science comprendre,
Achepte des cons, s’il n’en a ;
Il en est qui ne font qu’attendre
Qu’on les embesogne à cela,
Mais acheptez-en de ceux-là,
Qui ont sens et entendement,
Et n’en prenez point de plus là ;
Ou vous perdriez votre argent.

Tout ce que nous prognostiquons,
Le comprenons en un vieil livre,
Nommé kalendrier des cons,
Et contenant cent et un livre ;

Et si, s’il qui aura le livre,
Veult feuilleter la librairie,
Lui fault ung cierge d’une livre,
Pour le droit de la confrairie.

Le premier du kalendrier,
Est souvent si froid que merveilles,
Aussi est-il comme Janvier,
Son bonnet a grandes oreilles.
Si les cons ont les joues vermeilles,
Coygner leur fault très-bien les aynes
Aux fillettes, non pas aux vieilles,
Nous aurons pour bled des avoynes.

En Febvrier, qu’on nomme court,
Si vous voyez les cons farouches,
C’est adventure s’il ne court,
Le mois d’après, force de mouches,

On mènera grand’guerre aux souches
Ce mois-là, s’il fait encor froid ;
De peur que vos enfans soient louches,
Il faut percer les trous à droict.

Chacun sait que le mois de Mars
Ne faudrait jamais en karême,
Si les cons sifflent comme iars,
Il ne faut point que l’on se chesme
D’avoir fromage, laict et creisme,
Autant que jamais on en vit :
Si vous n’avez un con de mesme,
Par despit coupez-vous le vit.

Le mois d’Avril regarderas
Si les cons ont vertes oorées :
S’il est ainsi, dire pourras
Qu’il sera force de porées,

Et que les Jeunes épousées
Desireront de leurs maris
Estre hochées à reposée,
Et sera force de sousris.

S’il advient qu’au mois de Mai,
Il ne fasse pluie ou rosée,
Vous savez aussi bien que moi
Que la toison sera tonsée,
Jamais ne feust tant de marée
Qu’il sera, mais nous en taison
Maquereaux, ou telle denrée,
N’empêchez point votre maison.

Le mois de Juin, donnez-vous garde
Si con ont une lippe jaulne,
Il sera force de moutarde
A digeon, et du vin de Beaulne.

On n’excommuniera au prosne
Ceux qui hocheront sans argent,
S’ils n’ont le vit plus long qu’une aulne,
A la mesure de Nogent.

Quant vient au mois de Juillet
Les cons ont souvent la consue ;
Qui voudra ouvrir le feuillet
Fasse premierement revue.
Il voirra, s’il n’a la berlue,
S’il y a boutons aux rosiers ;
Car puisqu’il faut que l’homme sue,
D’aller aux lymbes, a dangier.

En Aoust les cons ont de coustume
A estres pals et dégoûtez,
Et ont une grosse apostume,
Regardez bien où vous boutez ;

Piquez tout beau, et vous hastez,
Chevauchant par vaulx et par plains,
Car vous serez bien mal montez
Quand vous n’aurez que des poulains.

Je vous advertis, bonnes dames,
Tous les ans au mois de Septembre,
D’avoir de bonnes sages-femmes
Avecque vous en votre chambre,
Car on vous tirera un membre
Au corps, dont changerez couleur,
Chacune de vous se remembre,
De prendre en gré cette douleur.

Le mois d’Octobre vient après,
Que l’on séme les bleds en terre,
Si les cons sont pressés trop près,
Et qu’on leur veuille faire guerre,

Fault le vit aussi dur que pierre,
Si faudra-t-il qu’il amollisse ;
Et s’il cuide gagner Sanxerre,
Non sera, mais bien la police.

Pour certain, le mois de Novembre,
Si les cons font laide grimace,
Par cela donnent à entendre,
Que c’est afin qu’on les rebrace.
Si le con d’une jeune garce
Se met à muer ce moys-là
Pourroit-on le suivre à la trace,
Jusques à Sens, et bien pus-là.

S’ils ont la motte grosse et dure,
En Décembre, il est fort à craindre,
Qu’il en sortira de l’ordure,
Si peu ne les sauroit-on poindre,

Et ne pourra, la playe rejoindre,
Pour oingture que l’on lui baille,
L’on oira maint bon homme plaindre,
Qu’on lui baille trop de la taille.

Messieurs, voilà les influences,
Qui peuvent advenir sous les cieux,
De ces cons l’on dict par sentence,
L’ung sent le jeune, l’autre le vieulx ;
Vous en voyez devant vos yeux,
La bulle vraye et authentique ;
Acheptez-là, pour la voir mieulx,
Si sentez y avoir pratique.

Prince, nous aimons les flâcons
Remplis, afin que y croquons
Et les perdrix prins aux faulcons,
La moitié plus que ces gros cons.



CI-APRÈS ENSUIT
LA CHANSON,

CHANTÉE DE TRÈS-MÉCHANT SON.



Vous qui tenez escolle
Du bas esbattement,
Gardez en chaulde colle
De gâter l’instrument,
Car la grosse vérole
Se prend soudainement,
Puis on est mis au roole
D’amoureux en tourment.


Le trou de la femelle
Mord cauteleusement,
Bien souvent la plus belle,
En a couvertement :
Portez de la chandelle,
Regardez bassement,
Qui d’en porter se mêle,
Il faict très-sagement,

C’est grosse seigneurie,
D’estre perlifié,
Pour aller en suerie,
Estre vivifié :
N’en ayez point d’envie,
J’en suis certifié,
Autant vault sur ma vie,
Estre crucifié,


Le joyaux de la brague,
N’a esté mal courtoys,
Car pour un coup de bague,
J’en ai sué un moys,
Plus aspre que Lignague,
M’ont fait toucher le boys ;
Au diable soit la dague,
Et le jeu du biscoys.

Lyez et goustez le pourpoint,
Non sans avoir quelque remord :
Le compositeur en est mort,
Qui tout avoit d’un seul coup point.

Ce livre-ci fut composé
A Naple au pays de Suerie,
Auquel lieu a esté porté
A un maistre d’imprimerie ;

Lequel soudain, je vous affie,
Pour l’imprimer cessa toute œuvre ;
On le vend à la bourgeoisie
De Rouen, rue de la Chieuve.



La source du gros fessier des
nourices, et la raison pourquoi
elles sont si fendues
entre les jambes.




Considérant que temps perdu entr’autres choses est bien difficile à recouvrer, et voyant que la debille, languissante et malheureuse oysiveté vouloit tendre ses lacz et filetz de pigricité, pour ainsi que grues me prendre à l’englux ou pipée, affin de plus seurement m’en esloigne, j’ai entreprins estendre, mon vol jusqu’aux théastres philosophaux, et d’iceulx extraire une des plus naturalistes raisons que toutes les autres que je sache, et en laquelle moins d’utilité que récréation vous verrés. Et si est autant loing de mensonge que est un chien de sa queue. Je double que faciez difficulté de la croire, et n’eust esté que vous m’avez trouvé crédible, et que vous me portez cette grande foy, ne me l’eusse ingéré vous en mettre aucune chose en lumière.

Or après avoir attentifvement, et avec pénétrance, contemplé les astres du ciel, et joinct à ma raison les grans argumens et autorités de l’infiny nombre de mes prédécesseurs souverains philosophes, je me suis mis à rememorer comme Prometheus donna charge à Pandora de faire à sa compaigne une ouverture entre ses jambes, par laquelle il peust passer aussi gros que le noyau d’une pesche ; et lui dist outre plus, quant tu auras fait ce pertuys si tu voys que la playe s’eschauffe, et que le feu s’y mette, tu prendras d’une huylle de reins, et lui en frotteras la playe par le dedans. Et si tost que Pandora eust ouy ce commandement alla à sa femme pour l’exécuter, et en allant s’esbayssoit en lui-mesme et pensoit en quelle occasion Prometheus lui commandoit faire telle incision. Pour ce que le dict Pandora estoit un peu sourd, il pensoit que Prometheus lui eust commandé faire ung trou à mettre un hoyau ou une besche, au lieu d’ung noyau de pesche. Toutes fois sans s’enquérir, ne pourquoy, exécute son commandement ; car entre les jambes de sa femme, au bout des cuisses, au plus bas du ventre lui feist la cicatrice aussi grande comme un hoyau, ou une besche, pour le noyau d’une pesche. Je ne vous sçaurois dire si justement lequel se fust des deux : car en grandeur ou longueur ils ne sont guères différens. Je ne m’y suis pas amusé ne arrêté, pour ce qu’on en voit assez tous les jours pour le sçavoir et bien cognoistre. Mais de malheur et de malle fortune le povre homme regardoit de près s’il faisoit bien, et ladicte femme lascha une grosse vesse orde, puante et infecte, qu’il en feust tant estourdy qu’il ne sçavoit ce qu’il faisoit, et en tressaillant de paour son instrument vacillant en sa main feist le trou si très-profond, que de la fente ne sçeust trouver le bout, qui est pourquoy il est incurable : et aussi par sa sourdité l’avoir fait aussi grand que une besche, au lieu de le faire comme pour mettre le noyau d’une pesche. Et le pire que j’y voye, c’est que les femmes qui en sont yssues ont telle playe comme celle que feist ce dict Pandora, et nous povres hommes en sommes détenus en un très-grand servage. Parquoi après que le dict Pandora lui connoissant et sçachant avoir failly et erré grandement envers ladite femme, pour la contenter s’efforçoit du tout de luy donner de son huylle de reins, par quoy nous aultres hommes héritans de ce malheur sommes subjects leur en faire au cas pareil.


FIN.