L’Orbe pâle/Tout à l’heure, j’ai pris dans le nid de la poule


TOUT à l’heure, j’ai pris dans le nid de la poule, les œufs tous chauds qu’elle venait de pondre ; je les ai mangés. Et pour la première fois, ma gorge s’est serrée, j’ai senti le heurt d’angoisse qui m’assaille lorsque je mange la vie agissante des coquillages de la mer.

La chaleur des œufs, révélatrice d’une vie plus intense ou plus semblable à la nôtre, intensifia mon malaise.

Je ne prendrai plus dans le nid de la poule les œufs tout chauds, j’attendrai qu’ils soient froids, froids comme la lune pour qu’au moins ils semblent morts. J’attendrai.