L’Orbe pâle/Ma maison est seule, dans un pays perdu

Eugène Figuière et Cie (p. 113).


MA maison est seule, dans un pays perdu, que nul n’habite. Mais entre ma terrasse et la mer, surgit un poteau télégraphique, entre mon autre terrasse et la colline serpente la voie du chemin de fer.

Et tandis que les canons des vaisseaux de guerre tonnent, toute l’humanité visible et invisible, corps et âme, passe devant et derrière ma maison.

Ainsi je n’oublie pas la vie, mais j’ai l’orgueilleuse joie de savoir qu’elle est là toute proche, qu’elle s’offre et que je la refuse.