L’Orbe pâle/De temps à autre, les canons tonnent

Eugène Figuière et Cie (p. 66).


DE temps à autre, les canons tonnent, comme à mon réveil subit, des ombres glissent sur la mer paisible, jetant une fumée obscure que ne disperse pas le vent, et qui, droite, s’élève dans les cieux.

Tout dit la paix, de la mer au ciel et aux hommes ; pourtant, ce rappel brutal de la haine dominante ajoute à la grâce de toutes les choses en affirmant la pérennité de la paix.

Chaque coup de canon affirme la paix, c’est-à-dire : l’amour est éphémère, la haine règne et elle est d’autant plus redoutable qu’elle ne se manifeste pas et qu’insidieuse elle se cache sous les apparences. Elle attend.