L’Ombre des jours/Vous que jamais rien ne délie
Calmann-Lévy, éditeurs, s.d. (1902) (p. 177-178).
VOUS QUE JAMAIS RIEN NE DÉLIE
Vous que jamais rien ne délie,
Ô ma pauvre âme dans mon corps,
Pourrez-vous, ma mélancolie,
Ayant bu le vin et la lie,
Connaître la bonne folie
De l’éternel repos des morts,
— Vous si vivace et si profonde,
Âme de rêve et de transport,
Qui, pareille à la terre ronde
Portez tous les désirs du monde,
Buveuse de l’air et de l’onde
Pourrez-vous entrer dans ce port…
Dans le port de calme sagesse,
De ténèbres et de sommeil,
Où ni l’amour ni la détresse
N’étirent la tiède paresse,
Et ne font, — mon âme faunesse,
Siffler les flèches du soleil…