L’Idylle vénitienne/Petit Jour

Georges Crès et Cie, Éditeurs (p. 43-44).


PETIT JOUR


Le canal et la Riva s’éveillent.

Avec le flot qui descend, des barques de pêcheurs s’en vont, nonchalantes, vers la mer voisine. Un peu de vent, dans leur voile peinte, palpite comme une gorge sous une blouse légère.

Devant l’hôtel, un gondolier matinal jette du maïs aux pigeons. Le marchand d’eau fraîche rince sa cruche et prépare son orangeade. Sur les dalles du pont del Vino, des pas de femme, cristallins et pressés, jouent un air d’harmonica.

L’aurore est un pastel rose et vert, accroché à la dernière étoile.